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Année Cinquième.
31 Octobre 1879
N,
LE TÉMOIN
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous me serez témoins. Actes 1, 8, Suivant la vérité avec la charité. Ep. 1, 15,
PRIX D'ABBONNËMBNT P AR AW Italie . . . L. 3 Tous les pays de rUûion de poste , . .10 Amérique ... >9 On s'abonne : I Pour ['Intérieur chez MM. les ! pasteurs et les libraires de Torre Pellice. Pour l’Eieiériewt* an Bureau d’Ad * ministration. yn ou plusieurs numéros sépa* réâ, demandés avant le ti- trage 10 cent, chacun. Ané.onaés i ^5 centimes par 11 gbe. Les envois d'argént.se font par Îetiré recommandée ou par mandats sur le Bureau de Pe~ rosa Argentina.
Pour la RÉDACTION adresser ainsi! A la Direction du Témoin ^ Poinaretto (Pineroîo) Italie, Pour ¡’ADMINISTRATION adresser ainsi : Al'Administraijon du Téwot«, Poinaretto l Pinerolo; Italie.
Sommaire*
31 Octobre. — Des conditions matérielles
du eult0i — Artigianelli Valdesi, — L’Asile Evangélique d'Aix-les-bains en Savoie,
— Un cheveu, — Reme polilique.
3f OCTOBRE
En abordant aujourd’hui le sujet
que nous nous sonatnes réservé de
traiter avec quelques détails , la
préparation proprement dite de la
prédication (v. le dernier n" ) nous
voulons tout d’abord prévenir un
malentendu. Que nos lecteurs et
tout particulièrement nos collègues
dans le ministère, ne s’imaginent
pas qiie nous avons la prétention
d’éxposèr une sorte de théorie de
la prédication, ou de donner à ces
derniers des règles à suivre pour
obtenir un succès assuré ; nous
ne visons pas de beaucoup aussi
haut; ce. but serait hors de notre
portée et nous nous en propésons
un bien plus modeste. Quarante et
un ans d'expérience pratique nous
ont appris quelque chose et il nous
semble que nous n’avons pas le
droit de le garder entièrement pour
nous ; qui sait si nous ne serons
pçis de quoique utilité à quelqu’un
de nos jeuhestanais entrés depuis
peu d'ans^'^lai carrière, et même de
ceux qui en ont déj,à parcouru
une bonne ^j»^lie, mais en gémissant peut-être sur la stérilité de
leur travail. > »
. Il s’agit donc de la préparation
prinoijiale d«,la prédication ; nous
avoQs^itiiMi mot de celle qui
doit ^foessairendent la précéder.
S’étàlliblen rendu compte des conditioHs.intellectuelles et religieuses
de ceux auxquels le Seigneur l’appelle à adresser Sa parole, le prédicateur, surtout s’il est un pasteur, parlant à son troupeau, se
demandera ensuite ce qu’il doit
dire et comment il doit parler.
S’il avait le grand privilège de
posséder quelqu’un de ces amis
chrétiens intelligents , mais si
rares, qui se sont donné, ou plutôt qui ont reçu la mission d’aider
le pasteur de leurs conseils et qui
connaissent souvent, mieux que lui
les hommes |au milieu desquels
ils vivent, il pourrait quelquefois
2
»~\»i,rt/ww'340
recoïirir à eux avec fruit et en
recevoir d’utiles directions. Malheureusement, les membres de nos
paroisses étant ce qu’ils sont,
il ne serait pas prudent de leur
confier le choix des sujets à traiter.
Les plus habiles, ou se croyant
tels, voudraient entendre traiter
les questions les plus difficiles. —
D’autres qui ne demandent pas
mieux que d’oublier le soin de
leur salut, et pour qui le sermon
est un divertissement un peu meilleur qu’un autre, choisiraient surtout les questions curieuses, —
Pas un peut-être ne serait de'sireux d’entendre parler de conversion , de nouvelle naissance , de
sanctification progressive , de .jugement dernier. Les pères et mères
qui ont été lâches et infidèles dans
l’accomplissement de leur tâche
si belle mais si difficile:, demanderaient: que l’on prêchât sur Je
devoir des enfants ; les maîtres
qui ont à se plaindre de leurs
domestiques ¡auxquels ils n'ont jamais témoigné ni intérêt'^rétien
ni affection, réclameraient à leur
tour des sermons très fort» sur
les devoirs des .serviteurs, — et
ainsi de tous les états et de toutes
les conditions. Non, non^ ne vous
adressez à aucun homme pour
savoir de lui ce que vous aurez
à lui dire de la part du Seigneur;
c’est du Souverain qui l’envoie
que l’ambasqadeur reçoit ses instructions; c’est à lui qu’il recourt
pour s’en faire clairement expliquer la portée et le sens précis,
dans certaines circontances graves
il accourt auprès de lui pour recevoir des directions nouvelles
pour des cas inattendus et que ,
lui du moins, n’avait pas prévu.
C’est ainsi que, dans ce moment
même, plus d’un ambassadeur du
roi d'Italie a quitté sa résidence
afin de connaître plus sûrement
et mieux que par dépêches , le
sentiment intime et les vues du
gouvernement qu’il représenle au
loin.
C’est par l’adoration, l’action de
grâce, la prière et la supplication
que l’ambassadeur de Christ se
met en communion intime avec
son Roi et son Maître, qu’il en
réclame les instructions. Si les
apôtres et les premiers disciples
ont pu s’appuyer avec confiance
sur cette promesse du Maître « ne
vous mettez pas en peine: de ce
que vous aurez à dire et n’y méditez point, mais tout ce qui vous
sera donné à dire en ce moment-là
dites-le, car ce n’est pas Vous qui
parlez, mais Esprit. Marc
XIII, 11, une Vonflance semblable
serait en temps ordinaire, et même
■pour les hommes les mieux doués
une coupable présomption. C’est
dans la prière: et auprès du Sei*
gneur lui-même , que le (prédicateur cherchera chaque fois le sujet
spécial sur lequel îl parlera aux
âmes qui lui ont été confiées, ou
à celles auprès desquelles il s’acquitte occasionnellement de son
message. Rien ne doit le dispenser de cette préparation dont l’efficace est si merveilleuse que, dans
des cas urgents, elle a été pleinement suffisante.
Quand on l’a faite avec sérieux
l’on ne court plus le risque de
feuilleter longtemps et vainement
sa Bible pour y chercher un texte ;
pour peu qu’on soit familier avec
le saint volume , il sera bientôt
trouvé, — Pour le dire en pas-
3
sant, lorsque : l’on feuillette trop
longtemps pour chercher dans la
Bible le sujet d’une méditation ,
de deux choses Tune, ou que l’on
vise à l’elFet et que l’on voudrait
frapper l’auditoire au moins par
l’originaUté du texte, si ce n’est
par celle des idées qu’on y rattachera, ou que l’on cède à la
paresse et que l’on est à la découverte d’un sujet facile dont
les diflPérents côtés S’offrent pour
ainsi .dire tous à‘lafois, ensorte
qu’il n’y ait pas le moindre effort
à faire pour les présenter successivement. Il y a, dans un latin qui
n’est pas des meilleurs, mais que
l’on comprend sans avoir étudié
celte langue, une sentence qui est
d’une application générale et de
la teneur suivante: Qualis labo^
ratio, talû pagaiio. Le salaire du
travail fidèle d’un serviteur de
Christ, c’est sans doute le témoignage d’une bonne conscience devant Dieu V quelquefois, encore le
fruit' de ' ce ‘ travail quhl lui-est
donné de contempler , mais c'est
aussi le profit qu’il en retire pour
lui-mêrao, le progrès que par un
travail énergique il a fait dans
l’intelligence de la vérité. Or celui
qui ne sonde pas avec persévérance et avec ardeur cette parole
de vie, celui qui s’arrête à la surface et ne se soucie ni pour lui
ni pour les autres , de regarder
jusqu’au fond, en viendra, sans
s’en douter, à se répéter sans cesse,
à construire de nombreux discours
avec quelques idées disposées dans
un ordre qui pourra varier un peu,
mais qui ne cachera jamais entièrement la pauvreté du fonds même.
Méditer jour et nuit sur la Parole de Dieu , soni manuel et son
còde , s’arrêter pour chaque cas
spécial aux articles de ce code
qui règlent la matière à traiter,
les graver soigneusement dans son
cœur (le Saint Esprit aidant) telle
doit être la grande affaire du serviteur de Dieu auprès de ses frères ;
c’est â cela qu’il doit tout faire
tendre, tout faire concourir.
Nous connaissons un homme qui
depuis fort longtemps s’occupe
d’enseignement, A moins d’y avoir
une vocation bien décidée etcomme
une véritable passion , c’est une
rude tâche que celle de l’In.stituteur et du professeur; heureux
ceux qui savent trouver de douces
jouissances dans l’accomplissement
de si! pénibles devoirs. L’homme
dont nous parlons sait s’en procurer et voici comment; son exemple mérite d’être imité. 11 aime
la lecture, même celle des journaux politiques ; mais on dirait
qu’il lit non pour lui mais pour
ses élèves, car aussitôt qu’il rencontre quelque chose qui peut les
intéresser ou les instruire , il en
prend soigneusement note et tôt
ou tard une bonne occasion s’offrira pour distribuer dans sa classe
le miel que, diligente abeille, il
a su puiser daris un grand nombre
de fleurs. — Voilà ce que doit
faire le pasteur chrétien. Si rien
de ce qui est humain ne doit lui
demeurer étranger, c’est vers un
point unique, l’édification des âmes
qu’il doit tout diriger, c’est là que
tout doit aboutir. Si jamais il ne
perd de vue ce glorieux but, s’il
n’épargne ni prières, ni travail
pour l'atteindre, — il lui sera
donné aussi selon le besoin, tout
ce qu’il aura à dire de la part de
son Seigneur soit en public soit
en particulier.
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Des conditions matérielles du culte.
M. Moody, donl la prédicaiion a
obtenu de si beaux succès en Amérique
et en Angleterre fut un Jour interrogé
par quelques pasteurs sur les conditions
nécessaires à la prière, il leur répondit:
Ouvrez les fenêtres de votre cabinet,
et laissez y entrer l'air pur et frais du
matin. Cette réponse qui ne semble
pas correspondre parfaitement à la demande, a cependant, un fort grand à
propos et elle nous semble de plus procéder d'une inspiration tout à fait biblique. job se levait de bon malin pour
offrir des holocaustes. David disait :
Eternel ! le matin lu entends ma voix.
Le malin je me tourne vers loi et
je regarde. (Ps. v. voir aussi Ps, 55,
59, ¿2, Jér. 7 25). Et dans l’Ev. de
Marc. I. 35, nous lisons : le lendemain
malin, comme il faisait encore fort
obscur, s’étant levé, il sortit, et s’en
alla dans un lieu écarté et il priait.
Les conditions dans lesquelles se trouve
notre corps, ont certainement de l’influence sur les dispositions de notre
esprit, un article du Témoin, le Corps
el l’espril, le faisait tout dernièrement
ressortir.
Si l’air pur est nécessaire pour un
individu tout seul, lorsqu’il veut prier
dans son cabinet, combien plus le
sera-t-il pour une assemblée toute entière, enfermée dans un temple, dans
une école ou dans tel autre local de
réunion. Nos temples pèchent trop
souvent il cet égard, el ceùx qui doivent diriger le culte n’y apportent pas
toujours assez d’allenlion.
L’air vicié se conserve, dirait-on,
précieusement d’un Dimanche à l’autre
el si parfois certains auditeurs n’entendent plus r“ien, parcequ’ils s’endorment très agréablement, el si le prédicateur se fatigue plus que de nécessité, n’est ce pas, en quelque mesure
la faute de l'air qui n’a pas été changé?
Plusieurs de nos temples' il est vrai, sont
construits de telle manière qu’on ne
peut pas facilement les aérer , mais
la chose n’est pourtant pas impossible
el il vaut la peine qu’on s’en occupe.
Une autre condition qui n’est point
k dédaigner, mais qui conlribue au
bien-être et par conséquent à l’édification, c’est la propreté. Plusieurs de
nos temples et de nos écoles laissent
beauconp trop à désirer sousjce rap
Eort. Les pasteurs devraient se montrer
eaucoup plus exigeants à cet égard, el
s’il le faut, imiter un pasteur évangéliste, homme très instruit qui balayait
chaque semaine sa chapelle parce que,
disait-il, si je ne le fais pas moi-même
je n’en suis pas satisfait. Les réparations devraient être faites en temps et
lien, et les abords eux mêmes du temple devraient être propres el décents,
'roui doit-être calculé pour rendre le
lieu de culte respectable. C’est ce que
les catholiques romains savent faire
beaucoup mieux que nous, même dans
les villages pauvres el misérables.
Une troisième condition à la bonne
marche du culte, c’est le silence. Un
trop grand nombre de personnes semble
n’en apprécier aucunement la valeur.
Les unes entrent dans le temple, en
le faisant resonner de toute la pesanteur de leur marche, et cela alors
même que le culte est déjà commencé;
d’autres ne veulent pas comprendre
que les chiens n’ont rien à fairei dans
l’église, de sorte qu’il faut très souvent
être aux prises avec eux; d’autres enfin ne savent point se taire, mais ont
toujours besoin de chuchoter à droite
el a gauche. Il h'y a que des mesuies
énergiques qui puissent apporter un
changement. De plus il y a certaines
habitudes qu’il faudrait ou abolir ou
modifier. Ainsi le baptême pourrait
trouver sa place au commencement ou
à la (in du culte , plutôt qu’au milieu.
Les processions d’époux qui attendent
que l’assemblée soit formée pour entrer, devraient absolument cesser. Aux
consistoires d’y mettre ordre là où il
n’esl pas encore établi.
Une autre chose enfin, bien utile,
mais qui coûte plus que les précédentes
c’est un peu de chaleur dans la saison
d’hiver. Lorsque le pasteur entend
tousser de tous côtés, lorsqu’il voit
ses auditeurs impatients à cause du
froid, et qu’il sait que la plupart
d’enlr’eux ont les pieds fort peu au
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sec, commenl peiit-il procéder Iranquilleinent à lous les actes liturgiques
alors même qu’il souffrirail un peu
moins que les autres, puisqu’il aoil
déployer une certaine activité? Mais
il y a ici une difficulté, il faut de l’argent, et il en faut môme beaucoup
pour avoir des calorifères, qui ne portent pas toujours la chaleur voulue.
Pour les pauvres et les petits qui voudraient avoir de la chaleur, je ne vois
qu’un remède, c’est de se procurer
des poêles qui chauffent vile et h peu
de frais, au risque de ne pas toujours
être tout à fait favorables à l’ornamentation du temple.
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ArtigiiinelH Vaitiesi
Nous avons sous les yeux le dixneuvième rapport que le Comité directeur présente aux amis et aux bienfaiteurs de rétablissement des Arligianelli.
Les Vaudois, au profil des quels
cet établissement est essentiellement
destiné, devraient savoir bon gré à
ceux qui viennent périodiquement les
renseigner sur la marche d’une institution si éminemment utile. La nécessité de cette institution est démontrée
par le fait que le nombre des lits qui
était d’abord de 5 et puis de 40, et
puis de 44. et puis de 20, s’est élevé
ces derniers temps à 28, tous occupés
sans qu’on ait pu donner satisfaction
à toutes les demandes d’admission qui
ont été faites.
Le but primitif de cette institution
était l’iniroduclion et le développement
dans nos Vallées Vaudoises des différentes industries privées. Si la plupart
des élèves ne sont venus jusqu’ici s’établir au milieu de nous après leur
sortie de l’élablissemenl, ils le feront
peut être à l’avenir lorsqu’ils auront
acquis im peu d’argent à l’étranger,
où ils se seront en même temps perfectionnés dans leur étal.
Quant à la marche de l’élablissemenl
pendant le dernier exercice, le Comité
est heureux de pouvoir relever que la
conduite des élèves a été satisfaisante,
qu’il y a eu progrès dans la vie spirituelle de quelques uns, qu’un prix et
deux mentions honorables ont été gagné par trois arligianelli, fréquentant
les écoles de dessin ouvertes par la
Municipalité au profit des ouvriers et
qu’enfin pour la première lois trois
élèves maçons ont pu être admis.
Voilà un bon nombre d’enfants qui
sans rétablissement des Arligianelli
auraient été complètement abandonnés
à eux-mêmes, sans direction, sans
conseils, sans personne qui prît soin
d’eux et s’intéressât à leur avenir. Là,
au contraire, ils sont convenablement
nourris, logés et vêtus, ils apprennent
une profession, ils sont instruits dans
les choses nécessaires pour la vie présente et dans la voie du salut ce qui
est bien plus précieux encore.
Les dépenses ordinaires ( fr. 7848,41)
ainsi que les extraordinaires { francs
2330,35 ) ont été couvertes , et il restait en caisse au 34 décembre dernier
fr. 443,92.
A deux ou trois exceptions près, la
santé des élèvesjs’esl maintenue excellente , et la part du produit de leur
travail revenant à l’élablissemenl a
dépassé de plus de 800 fr. celui de
l’année précédente.
Les dons et souscriptions recueillis
à l’intérieur se sont élevés à fr, 2846
et ceux qui sont venus de l’étranger
à fr. 482,75 en tout fr. 3328,75. Nous
remarquons avec joie que les dons
recueillis à l’inlérieur ont dépassé de
beaucoup les autres. Quand sera*ce
que nous pourrons en dire autant pour
ce qui concerne les dons et souscriptions en faveur des autres œuvres de
notre église? Quoique nos pas soient
lents, nous sommes cependant sur la
bonne voie et c’est à nous de persévérer. Nous voyons parmi les donateurs
bon nombre de noms vaudois, et cela
nous réjouit ; mais que n’y en a-t-il
davantage ? N’oublions pas que c’est
essentiellement au proüt des vaudois
que l’établissement des Arligianelli
Valdesi existe, et qu’en aidant sa
marche nous nous en ressentirons favorablement sous plus d’un rapport.
Les dons peuvent être remis chez
les pasteurs de chaque paroisse, et
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nous rappelons que ceux qui ne pourraienl donner de l’argenl seraient également les bienvenus s’ils faisaient'des
dons en nature, comme pommes de
! terre , châtaignes, pommes, haricots,
ri?., maïs, froniage etc., même de la
toile pour chemises, des. cliernises
laites, des draps, 4es mouchoirs de
poche, et tel autre article utile pour
iine nombreuse maisonnée.
I/Asilê Kvatigéliquc tl'Aix-Ies-biiitis
en Savoie.
Bon nombre de lecteurs: du Témoin
auront sans donle déjà calendu parler
de cet établissement si précieux pour
les personnes qui, atteintes d’affections
rluimatismales, ne seraient pas à-même
de supporter les frais d’un séjour
dans tes hôtels d’une petite ville do
bains.
Ce n’est pas d’aujourd’hui que date
la réputation des eâux d’Aix, puisque
les romains déjà les connaissaient et
les appréciaient; mais l’établissement
qui actuellement offre de bien plus
puissants et plus commods moyens de
guérison, a fait affluer de toutes parts
«né foule de baigneurs qui viennent
y chercher le soulagement de leurs
maux.
Les riches seuls, loulerois, pouvaient
proliler d’un si grand bienfait et cependant presque toujours la classe trop
pauvre pour proliter des eaux en aurait eu un plus grand besoin que d’autres. Car ces maux-qui font souffrir
le riche aussi bien que l’ouvrier et le
cultivateur paralysent souvent les forces
au point d’obliger ces derniers à renoncei'à tout Iravaü. Les conséquences
de ce repos jbrcé, on le sait, sont la
misère, la faim, la ruine dans la famille.
11 est vrai que depuis longtemps il
existe à Aix un Hospice, mais commele
dit fort bien le premier rapport (1875j
de l'œuvre Evangélique, la vie des
grands hôpitaux et surtout les obsessions religieuses que l’on s’y permet
quelquefois, ne sont pas du goût de
tout le monde et moins que de personne de celui de nos coréligionaires.
Pénéirés de ces senlimcnis, quelques
chrétiens dévoués se sont mis en campagne et dès 187.b une petite maison
fut louée, pour recevoir les malades
pi’oleslants et indigents auxquels les
eaux d’Aix étaient recommandées.
L’on pensa dès l’abord aussi à ouvrir une porte aux serviteurs de l’église
pasteurs ou instiliUeiirs et à leurs familles qui sans pouvoir être mis sur
le même rang que les indigents (ils
le sont quelquefois! ne sont cependant
pas précisément dans l’opulence.
Cette première année d’essai réussit
au delà de toute espérance; dix-neuf
malades furent reçus dans la maison
hospitalière et plusieurs reconnurent
devoir à celte inslitution d’avoir pu
SC rendre à Aix et y obtenir des effets
salutaires vraiment surprenants.
Quoique l’admission n’ait pu être
gratuite, la pension journalière de
deux francs doit être considérée comme
bien peu de chose si l’on réfléchit au
coût d’un séjour fait à Aix dans tout
autre condition: l’adminislralion des
bains, en effet, avec une louable impartialité, accorda à l’Asile proleslant
ce qu’elle avait accordé déjà à l’hospice catholique, la gratuité des eaux;
ensuite M" le docteur Brachel, excellent praticien et excellent cœur, offrit
ses services, sans rémunérât ion aucune ;
et puisque je l’ai nommé, je puis ajouter que, quoique fi-ançais, en verlii de
l’annexion de la Savoie, il n’a pas cessé
de nourrir de profonds sentiments d'affection pour son ancienne patrie, qui
est la nôtre.
Au moment où l’on cherchait les
moyens d’assurer l’avenir de l’instilntion 130111' l’érection d’un bâtiment appi'oprié à cet usage, les presbytériens
d’Ecosse décidèrent d’avoir un culte
à Aix et l'Eglise Libre de ce pays,
par le moyen d’un Comité , mil Îirimédiatemenl la main à l’œuvre pour
pouvoir partager, avec le Comité français , les charges tant de l’Asile que
de la chapelle future ; une dame irlandaise, M““ M“ Vickars, prit la chose
à cœur et entreprit en Ecosse une vigoureuse campagne de collectes, qui
7
marcha si bien que la constnicUon
des nouveaux bâtiments put être considérée comme assurée.
L’architecte qu’il fallait au nouvel
édifice fui heureusement trouvé Jdans
la personne de M. Goiiy de Genève,
que quelques lecteurs du journal auront connu peut-être , lorsqu’il vint
aux Vallées, il y a peu d'années. C’est
avec pleine justice que le rapport de
1877 a pu dire que le résultat de son
travail fut ce que le talent, doublé
d’un cœur généreux , pointait inspirer.*
L’édifice s’élève au haut du magnifique parc de la ville d’Aix , à quelques pas seulement de l’établissement
thermal. Sur la gauche, et faisant
corps avec le bâtiment entier, est un
fort joli petit temple , à l’usage des
cultes français et anglais, indiquant,
par sa présence, le caractère, francheiiienl évangélique et religieux de finslitulion ;,.tous cetifc tquiiyiont séjourné
peuvent témoigner, di’a.ulre part, que
ce caractère s’allie à beaucoup de largeur d’esprit et îi une,complète liberté
à cel égard; l’inscription, gravée sur
lu façade et portant ces mots: «aimez
vous les. uns ,les autres, » rappelle
aux passanilSî q.uel ■ fut le principe en
vertu du quel la maisonoful fondée
et l’œuvre en vertu dedaquelle encore
est poursuivie.
Deux fois par jour une cloche, dont
on apprend vite à apprécier le son
mélodieux, appelle les pensionnaires à
s’asseoir à la table de famille, où,une
nourriturë'bonne, saine et loul-li-rail
suifisanle est reçtie et à laquelle président l’amitié, la simplicité et l’affabilité qui savent mettre chacun à son
aise et faire oublier que l’on n’est pas
chez-soi.
De l’Asile d’Aix l’on peut encore
profiler des excellentes cures qu’olfre
un second établissement de bains, celui
de Marlioz, situé à vingt minutes de
distance et plus particulièremenLutile
aux personnes qui souffrent des maladies de la gorge.
Voici maintenant quelques renseignemenls|pour ceux d’entre les lecteurs
du Témoin qui désireraient à l’avenir
profiter de l'Asile Evangélique.
La maison s’ouvre le 15 mai et la
saison des bains se divise en six séries
de i5 jours chacune , c’est dire qu’elle
reste ouverte jusqu’au 15 octobre.
Il faut adresser une demande d’admission, pour une série ù indiquer,
au Directeur, M. le pasteur And, Fournier, en raccompagnant d’un bon de
poste de dix^ francs, comme droit
d’entrée; eh ' àfrivant à l’Asile l’on
paye la pension du séjour |présumé
en raison de 2 à francs par jour,
suivant la chambre' qué l’on aura
choisie.
J1 faut en ,oiUi'é’, èire recommandé
par une personne connue ; et comm.e
plusieurs pasteurs et insliUileurs de
notre église ont d^ù séjourné à l’Asile,
il ne sera pas diificile à ceux de nos
concitoyens qui le voudront, de savoir
à qui demander celle recoqimândâtion.
Le but principal de ces lignes .est
d’exprimer la reconnaissance colleetjve
de plusieurs Vaudois qui ont passé à
l’Asile, un temps plus pu moins long,
envers le Directeur et la Directrice de
rélablissemeul qui les reçoivent de si
bon. cœur et voyenl avec plaisir: que
nous commençons a en connaître le
chemin,. envers les rieuxi excellents
docteurs qui se sont occupés d’eux et
envers M™ M“ Vickars, qui, après
avoir tant travaillé pour que celle
maison hospitalière pût s’élever, a mariifeslé le désir que les portes en soient
toujours ouvertes aux ouvriers de l’église Vaudoise.
A. s. M.
..--I —
Lu dmm
Une jeune fille de douze ans entre
chez un perruquier et lui offre d’acheter sa belle chevelure. Le perruquier
admirant ces beaux cheveux chaiains
clair, voit qu'il va faire une bonne
acquisition, mais ne voulant pas débourser beaucoup d’argent, I! fait
semblant de se soucier fort peu de la
chevelure de la jeune fille,
“ Je n’ai pas besoin de vosltresses,
la petite, vous voyez que mavètrinè est
8
352.
garnie. Je ne pourrais vous offrir qu’une
dizaine de francs.
La pauvre fille hésite un peu, puis
se jette dans un faiHeuil en disant :
— Eh bien! prenez-les pour dix
francs.
— Comment., jeune fille, vous cedez
votre magnifique chevelure pour dix
francs? fil un monsieur aux bonnes
manières qui se Irouxait là. Pourquoi
les vendez-vous ?
— Nous n’avons plus rien à manger,
ma mère est malade, mon père est
mort, je n’ai point de frères, nous
avons tout vendu , et je n’ai rien pour
soigner ma pauvre nière que j’aime
tant.
— Chère enfant, reprit le monsieur,
voulez-vous vendre à moi vos cheveux,
je vous en donnerai cént francs au
lieu de dix.
Tout en disant cela il compta l’argent à la jeune fille, après avoir obtenu l’assentiment du perruquier. Puis
il passa ses doigts au milieu de la
chevelure abondante et soyeuse de la
jeune fille et en choisit un des plus
longs cheveux , qu’il'coupa et plaça
sûignôusement dans un médaillon.
L’enfant courut tout joyeux vers la
maison pendant que son bienfaiteur
notait soigneusement son adresse, —
peiil-êlre dans l’inienlion d’aller lui
alflheter un autre cheveu quand la
pauvre famille se trouverait de nouveau dans le besoin.
iKeüuc
MiaHe. — La ville de Turin a de
nouveau été, mais pour peu de jours
seulement, la capitale politique de
rUalie. Le roî Humbert, le président
du ministère, Cairoli, le ministre de
l’intérieur et celui des travaux publies,
le président du Sénat, celui de la
Chambre des députés et plusieurs autres
hommes politiques se sont rendus, dimanche dernier, à Turin pour l’inauguration du monument du Fréius, élevé
sur la place du Slaluto. Plusieurs discours ont été prononcés à celte occa
sion , le plus remarquable est celui du
syndic de Turin , Thon. Ferraris. —
Le roi Humbert s’est arrêté quelques
jours au milieu des Turinais, mais la
reine Marguerite retenue à Monza par
une indisposition, n’a pas encore pu
le rejoindre.
Le ministère fait des efforts pour
réunir et unir les membres épars de
la gauche, surtout le parti Zanardetli,
le parti Deprelis et la fraction de Crispí.
Il semble que le parti Nicolera n’existe
plus à gauche, tellement on en parle
peu. — Le grand fractionnement paralyse l’activité du ministère. Cependant quand il s’agira de sauver, non
pas l’Italie, mais le partie on saura se
mettre d’accord , quitte à se désunir
bientôt après.
La grande question du jour est toujours la suppression totale de l’impôt
de moûlure, voulue par la gauche et
surtout maintenant par les siciliens et
par les napolitains grands rnangeiirs
de pain et de maccaroni, .jaloux du
léger avantage déjà accorde à leurs
frères du Nord, mangeurs de polenta.
Goûte que coûte ; l'odieux impôt doit
être aboli, car il en va de l’unité de
riialie, a-i-on laissé entendre dans un
discours prononcé en présence de plusieurs centaines d’auditeurs.
Nous nous sommes hâtés d’annoncer
que la démission de Cialdini était acceptée ; elle ne l’est peiil-ôlre pas encore aujourd’hui.
Fraitee. — On continue à Lyon
et à Paris à introduire dans la municipalité des amnistiés fraicheraent débarqués.
BBpntfnc. ■— Il ne cesse de pleuvoir dans la province de Murcie. Un
millier d’hommes ont péri et les perles
s’élèvent à plus de 50 millions de
francs.
Altemagne. — Bismark, que les
journaux ont fait passer à Cannes se
rendant à San Remo, n’a pas quitté
Varzin dans la Poméranie.
Ernbst Robert, Gérant et Administrateur.
Pigaerol, Impr. et Chiaatore Mascarelll,