1
<• année
Novembre 1866.
¿V.“ 11.
L’ECHO DES VALLEES
—(NOUVELLE SÉRIE)—
Que toutes les choses qui sont véritables. occupent
vos pansées — ( Philippien^., IV. 8. )
SOMMAIRE — La campagne des moines en 1866. — Un bon exemple. — Poésie.
— Variétés. — Glaniires. — Faits divers. — Nonreiles. — Avis.
LA CAMPAGNE DES MOINES EN 1866
L’année 1866 sera célèbre entre toutes par ses grandes
batailles et par l’importance des résultats obtenus ; le serat-elle également par le mouvement que se sont donné les
prêtres et les moines d’Italie? — Nous n’osons prononcer.
Ce qui est certain , c’est qu’ils n’ont point été les tranquilles
spectateurs de la lutte : avec ce coup d’œil qui les trompe
rarement, ils ont senti péricliter leurs plus graves intérêts,
et à leur manière ils se sont lancés dans la mêlée. — N’y
avait-il pas d’ailleurs, pour les décider, cette loi qu’on venait de publier, et qui supprime les corporations religieuses
en sécularisant les couvents? — Pour assister d’un œil sec
à ce changement dans leur condition, les moines auraient pu
se souvenir que « nul homme n’a la vie par ses biens », —
et moins encore si ces biens ne lui appartiennent pas ; même
ils n’auraient pas mal fait de se dire ; que celui qui veut
manger doit travailler aussi ; mais c’était trop attendre d’eux,
il faut le reconnaître, et déployant toutes leurs ressources,
ils ont préféré faire aussi leur campagne plus ou moins militaire.
2
— 162
Depuis leurs exploits du 19 mars à Barletta , il ne s’est
guère écoulé de semaine que les cléricaux n’aient attiré sur
eux l’attention de l’Italie ; les sérieuses difficultés où se trouvait engagé le pays au sein duquel ils sont campés, n’ont été
pour nos habiles adversaires qu’un encouragement de plus à
redoubler d’efforts pour arriver à leurs fins peu louables.
Parmi les 400 sujets plus ou moins distingués qui depuis
l’ouverture des hostilités ont dû être condamnés au domicile
forcé, grâce à leur attitude remuante , l’on a pu voir figurer
bon nombre d’ecclésiastiques, voire même des évêques. —
Pendant la guerre et dans les journées les plus critiques , il
y a lieu de croire que nos troupes n’auront pas eu à se féliciter non plus des renseignements et des directions qu’on
avait la bonhommie de demander aux prêtres ou aux moines ;
témoin l’accueil que trouvèrent nos bersaillers au village de
Castelnuovo ( Voir la Lombardia citée par le Nord du 3 juillet).
— Nous ne parlons pas des Jésuites de Rome , que l’on a
vus, ces derniers temps, diminuer de moitié, pour s’armer
du cigare et se laisser croître les moustaches, - -déguisement , paraît-il, qu’ils continuent de regarder comme parfaitement efficace ; — lorsqu’il y a tant de gens qui ne savent
reconnaître l’ennemi qu’à la robe ou au chapeau, il ne faut
pas s’étonner que d’autres, à leur tour, songent à spéculer
sur cette ignorance.
Avec des allures moins guerrières , certaines maisons dites
d’éducation ne laissent pas que d’offrir leurs graves dangers,
auxquels il on aurait, tort de ne pas prêter quelque attention.
Le 1S du mois d’août, la ville de Naples fut réveillée comme
en sursaut par la nouvelle que le choléra venait d’éclater
d’une manière faudroyante au sein de cette agglomération de
600 mille habitants. — Au couvent des Stigmatines, au dire
3
— 163
des journaux, plus de vingt élèves furent frappées en un seul
jour ( Voir Y Italie du 19 août). — Grande fut la stupeur ! —
Mais quelle pouvait être la cause d’un pareil désastre , dans
une seule maison?
La Commission nommée pour examiner le cas n’iiésita
pas un instant à attribuer la mort des vingt six jeunes filles
aux émanations cadavéreuses d’un cimetière [)rivé qui fut découvert dans l’enceinte de l’établissement, ainsi qu’à l’i'au
d'une citerne qui se ressentait trop d’un semblable voisinage.
— Au grand étonnement des autorités , le P. L. éle\ait tranquillement sa double pépinière de jeunes tilles et de garçons,
puis , la mort survenant, on vous les enterrait sans .scrupule
dans la cour du cloître.
Nous passons sous silence d’autres découvertes, et nous
nous bornerons à ajouter, à simple titre de renseignemirnt,
qu’entré par cette porte, le fléau n’a quitté la ville qu’après y
avoir fait une moisson de 3500 victimes, — un millier de
plus que l’année dernière. — Heureux moines ! qui ont pu
si longtemps ensevelir leurs morts dans leur jjropre monastère , quand d’autres ont tant de peine à trou\ er une [)lace
au cimetière de la Commune.
Mais qu’est-ce que le cimitière des Stigmatines de Naples
auprès de ce que les moines de Sicile nous tenaient en réserve pour le 16 septembre? — Un amusement. — Assise
au bord de la mer et du vaste verger auquel sa richesse a
valu le nom de Conca d’oro, la ville de Paierme serait bien
la plus heureuse du monde, sans certaines plaies qui la rongent plus qu’aucune de ses sœurs de la Péninsule. — Au
dehors, rôdent par centaines des bandits qui se recrutent
journellement de tout ce qu’il y a d’échappés de prison, de
repris de justice , de réfractaires et de contrebandiers. —
4
— 164 —
Au dedans, elle abonde en escrocs et en vagabonds qui
vivent de rapine, seul emploi qu’ils sachent donner à leur
merveilleuse intelligence. — De l’ignorance et de la superstition d’un grand nombre des habitants, inutile d’en parler ,
non plus que du mécontentement de quantité de personnes
désolées de ne pouvoir ramener un passé qui était si fort de
leur goût. — Les éléments de désordre ne manquaient pas,
comme on voit.
S’il n’y avait eu que cela cependant, on a quelque raison
de croire que Palerme n’aurait pas eu à traverser une semaine comme celle du 16 septembre dernier. Les bourboniens n’étaient, dit-on , ni assez forts ni assez résolus pour
se mettre à la tête d’un soulèvement un peu sérieux ; les
prolétaires du dedans ne s’étaient jusque là point encore
avisés de faire cause commune avec les bandits du dehors;
la superstition livrée à elle-même se serait contentée de voir
de temps en temps les autorités figurer dans les processions
de .sainte Rosalie. — C’était au monachisme ( soit dit sans
faire tort au clergé séculier ) qu’était réservé le triste mérite
d’organiser l’émeute , en réunissant autour de lui tous les
mécontentements ainsi que toutes les cupidités , et en les
fortifiant de son immense influence. — Irrités par la loi qui
supprime leurs corporations soit-disant religieuses , favorisés,
semble-t-il, par l’aveuglement de certaines autorités toujours
bonnes aux méchants, les moines de toute couleur s’étaient
décidés à tenter la fortune au moment où la ville était dégarnie de troupes.
Dès le dimanche 16 septembre à 4 heures du matin, les
quinze portes de Palerme furent, à l’exception d’une seule,
occupées par les rebelles, et cette viUe de gOO mille habitants tombait stupéfaite aux mains de quelques centaines de
5
— 165 —
gueux dépenaillés, qui la tinrent en échec toute une longue
semaine. — Guidés par des moines qui portaient en guise
de drapeau un chiffon rouge au haut d’un bâton, les insurgi's
couraient d’une maison à l’autre maison, saccageant et livrant
aux flammes tout ce qui était indiqué à leur fuieur. —En
même temps d’autres faisaient pleuvoir de leur barricades et
des couvents où ils avaient trouvé asile et assistance , une
grêle de plomb sur quiconque se montrait à la rue.
L’espace nous manque pour parler en détail des souffrances de cette malheureuse Palerme pendant l’horrible semaine.
Ces malades de l’hôpUal militaire brutalement arrachés de leurs
lits , ces grenadiers surpris dans un enclos où ils sont tués
à brûle-pourpoint, ces misérables qui vendent par lambeaux
la chair des gendarmes, victimes de leur dévoûment, ou qui
brûlent au feu le corps mourant d’un autre de ces braves ,
la détresse des citoyens qui, assiégés avec leur noble syndic
dans le palais municipal, en furent réduits à se nourrir de
la chair de leurs chevaux, la consternation de tout ce qu’il
y avait de loyal et d’honnête dans la ville, enfin ces cloches
qui sonnaient à toute volée pour exciter la populace au
carnage , — tout cela se doit lire dans les papiers du jour
ou dans les rapports des différentes autorités au Gouvernement.
Ce que l’on peut ajouter au sujet de la déplorable émeute
de Palerme , c’est qu’il n’y a eu dans la presse libérale qu’une
voix pour en imputer une forte part à « l’immonde moinerie >>,
suivant l’expression du contre-amiral Ribotty. Depuis, l’ordre
a été rétabli ; mais il a fallu recourir à un Commissaire spécial, soumettre la ville à l’état de siège , dissoudre la garde
nationale , embarquer des religieux par centaines.
Nous n’oublions nullement, en parlant ainsi de cette campagne du monachisme, ce qui se passait un mois plus tard
6
— 166 —
dans la \ille de Rome. — Le 29 octobre , nul ne l’ignore ,
le chef suprème de l’un et de l’autre clergé ouvrait une fois
encore cette bouche qui profère de si grandes choses. — Sans
doute qu’il aura décoché de terribles anathèmes contre les
auteurs des atrocités de Palerme , et qu’il aura versé des larmes de honte en apprenant la conduite de certains moines
et nonnes..... Hélas ! on le sait; des malédictions, coup
sur , il n’en devait point manquer dans la fameuse Allocution ;
mais nous n’avons besoin de dire à personne sur qui elles
ont été dirigées. — Quoi donc ! n’y avait-il pas à maudire
avant tout ces usurpateurs et ces législateurs déjà dix fois
excommuniés ! — N’y avait-il pas à vouer à l’infamie ces
« maîtres d’iniquité » qui ne craignent pas d’enseigner à lire
au peuple , sans avoir la tonsure ? — Quant aux incendiaires
do Palerme , pas un mot de blâme à leur adresse dans l’allocution papale du 29 octobre.
C’est donc nous qui nous sommes trompés , apparemment !
— nous , qui à la vue de ces horreurs , prenons le bien pour
le mal, et qui nommons ténèbres la lumière même. — Ailleurs on juge des choses autrement; car il est un coin du
monde oii lègne , comme on sait, « une conscience artificielle », et où Dieu même semble vraiment avoir été remplacé.
UN BON EXEMPLE.
Bon commencement, moitié de l’œuvre ! — dit le proverbe. — C’est
aussi ce que nous nous sommes dit à nous môme â la lecture du
deuxième Rapport que le Consistoire de la Paroisse Evangélique Vaudoise de Turin vient de présenter à ses ressortissants. Nous savions
déJA que les dons généreux n’étaient pas rares au sein de cette Paroisse ; mais il leur manquait encore ce caractère de régularité qui
7
— 167 —
nous paraît si essentiel dans le concours volontaire des membres d’une
Eglise aux dépenses de la communauté religieuse. — Un essai vient
d’être tenté dans ce sens , du l.r mai 1865 au 30 avril 1866 , et l’on
va voir si l’Eglise de Turin a lieu de se féliciter de sa décision. —
Quant à nous , c’est en la remerciant du bel exemple qu’elle vient de
donner ainsi à ses sœurs des Vallées , que nous transcrivons les deux
pages par lesquelles s’ouvre le Rapport sus-mentionné.
Aux Membres de la Paroisse Evangélique \audoise de Turin
LE CONSISTOIRE.
Bien chers Frères et Sœurs.
« Lorsque , il y a un an, nous vous adressâmes notre premier Rapport imprimé sur l’état de la Paroisse , nous placions devant vous une
situation et des devoirs entièrement nouveaux , et au sujet desquels
il était assez naturel que nous nous demandassions avec quelque inquiétude ; cette situation sera-t-elle comprise , et ces devoirs trouveront-ils , au sein de notre Eglise , un grand nombre de personnes disposées à les accepter et à y faire face ?
» Grâces en soient rendues à Dieu tout d’abord , et ensuite à vous ^
chers et bien aimés frères et sœurs , toute espèce d’inquiétude, à cet
égard , a aujourd’hui complètement disparu de nos esprits. La Paroisse
Evangélique Vaudoise de Turin , mise solennellement en demeure de
s’affirmer , s’est affirmée ; de déclarer, autrement que par des paroles ,
par des faits , et qui plus est, par des sacrifices , qu’elle était fermement décidée à accepter les conditions de son existence , et à se mettre
sur la voie de se suffire à elle-même , a fait, à ce double égard, la
déclaration la plus explicite et la plus éloquente qu’il fût possible de
faire; tellement explicite que ceux-là mêmes qui, sous ce rapport,
attendaient le plus , ont vu leur attente de beaucoup dépassée.
• En effet , à une Paroisse à laquelle, en fait de frais de culte, il
n’avait été demandé, jusqu’à Tannée dernière, qu’une somme trèsminime et qu’elle n’avait que très-péniblement fournie, nous nous
sommes trouvés dans la nécessité d’en demander tout-à-coup une de
6000 fr.; non seulement or cette demande n’a pas été trouvée excessive , mais , au lieu des 6000 fr. demandés, la souscription ouverte à
cet effet s’est élevée à 8000 ; et tel a été le bon vouloir, non pas de
8
— 168 —
quelques-uns seulement, mais de tous, que sur les 90 personnes auxquelles la liste de souscription a été présentée, une seule s’est refusée
à y apposer sa signature ; toutes les autres ont souscrit, et la trèsgrande majorité avec un empressement et une générosité qui souvent
ont ému nos collecteurs, et qui donnaient un prix d’autant plus grand
à leur offrande.
» Aussi, pendant que nous remercions avec une vraie effusion de
cœur les Membres de cette Paroisse , et que nous nous réjouissons
avec eux pour la manière dont (en répondant comme ils l’ont fait à
notre appel ) ils ont montré de comprendre leurs devoirs de membres
d’une Eglise , qu’il nous soit permis de les féliciter d’être entrés les
premiers , et avec une si louable énergie , dans une voie qui est la
voie normale de l’Eglise , et où il est à souhaiter qu’ils soient peu à
peu suivis par toutes les fractions de celle à laquelle nous nous rattachons , et qui retirerait , nous en sommes certains, de la réalisation
de ce souhait, un redoublement de prospérité et de vie.
» Sans doute qu’avec une pareille manière de pourvoir aux besoins
de notre Communauté , il y aura, selon les années , des fluctuations
et des incertitudes ; sans doute qu’une foule de causes difficiles à prévoir ; l’éloignement d’un individu ou d’une famille habitués à donner,
une crise financière comme celle que nous venons de traverser , d’autres circonstances encore , auront pour effet inévitable d’amener une
diminution , peut-être même considérable dans nos ressources , et imposeront à ceux qui ont la charge de les administrer une circonspection , une prudence , et un esprit d’économie plus grands encore que
de coutume.
»'Mais quand l’habitude de donner a une fois été prise : quand Dieu,
son service , ses pauvres , l’avancement de son règne , se sont une fois
assuré un compte-courant au grand livre de chaque famille , viennent
seulement les années plus difficiles que d’autres ; les^conditions temporelles de l’Eglise pourront bien , dans une certaine mesure, en être
affectées , mais il n’arrivera plus qu’elles en soient sérieusement et
surtout définitivement compromises ».
9
— 169 —
POÉSIE
C’est avec grand plaisir que VEcho des Vallées se voit dans le cas de
répéter des accents comme ceux qu’on va lire. — Quoique « forgés
au bruit de l’industrie « — ainsi que nous l’apprend l’auteur qui a
la bonté de nous les envoyer, ces vers prouvent bien que le grincement du métier ou des roues ne parvient pas toujours à étouffer la
voix subtile qui vient de plus haut.
LES DEUX VOIES
s. Matthieu VII.
1.
Devant toi , mon enfant, se présentent deu.x routes.
Tu vas me demander laquelle il faut choisir?
Consulte la Parole , et pour vaincre tes doutes ,
Invoque le Seigneur, qui seul ne peut faillir,
O
^ •
Et large et spacieuse est la première voie ;
Une pente légère adoucit son parcours ;
Tout un monde s’y presse , et le hruit de sa joie
Te redit : nous comptons nos plaisirs par nos jou
3
Etroite est la seconde , hélas ! et peu suivie ,
Elle monte , et ses bords sont souvent épineux.
Elle paraît sévère et bien triste à la vie ;
Sacrifice et devoir y vont avant les jeux.
4.
Celle-là retentit de clameurs délirantes ,
La foule y tourbillonne avec des cris joyeux ;
L’air en est imprégné de senteurs énivrantes ,
Et la soif du plaisir enflamme tous les yeux.
5.
Mais l’autre est réservée au bonheur plus modeste ,
Aux luttes en secret, avec Dieu pour témoin ;
La paix , .sur chaque front met un signe céleste ;
11 en est Un qui veille et combat au besoin.
10
i 70
6.
Sur le premier chemin , porte un peu loin sa vue ;
Vois-lu le désespoir et ses mornes couleurs?
Chacun chancelle ou tombe , et la joie est perdue ;
Un abîme est au bout, abîme de douleurs.
7.
Le second , en montant, de clartés s’illumine ,
Les rochers ont fait place au gazon des hauteurs ,
Et Jésus , aux rayons de l’aurore divine ,
T’offre , vainqueur pour toi , la palme des vainqueurs.
Aby.
VARIÉTÉS.
Ce qu’on peut quand on veut!— On écrit de Londres à VItalie
du 5 novembre ;
« L’usine de Swindon qui fabrique de nombreuses locomotives et
des articles en fer , possède un grand établissement d’éducation , où
sont élevés tous les enfants des ouvriers employés dans cette usine.
— On a fait cette semaine la distribution des prix de cette école
connue sous le nom de Swindon-Mechanich-Institute. — Sir D. Gooch
présidait à cette distribution. — L’honorable baronnet a fait aux jeunes élèves un discours tout-à-fait propre à les encourager au travail.
— ‘I Je me rappelle toujours , a-t-il dit, que ma mère me plaçant chez
» le grand Ingénieur Stephens , me faisait chaque matin cette recom» mandation : travaille bien , mon enfant, et n’oublie jamais que tu
» dois devenir le chef et le directeur de cet établissement. — Ces pa» roles sont restées dans mon esprit ; elles ont excité mon application,
» soutenu mon courage. — J’ai toujours songé à devenir l’égal de ceux
B qui étaient au dessus de moi , et à mériter de prendre place parmi
B eux. — Il m’a fallu bien des efforts pour surmonter les difficultés
B qui m’entouraient ! — Bien souvent j’étais à bout de forces et de
B courage. — Un jour que j’étais bien abattu, je lus sur un des plus
B vieux ponts de Sunderland ces deux mots latins : Nil desperandum.
— {il ne faut desespérer de rien, ) —Je me les fis expliquer par un plus
11
— 171 —
savant que moi. — Ils m’ont fait une profonde impression ; je ne
les ai plus oubliés; —j’y ai trouvé un guide et une force; ils
m’ont conduit au bien-êlre, à la fortune, aux honneurs. — La même
carrière vous est ouverte à tous. — Fixez-vous un but, un but honnête ; ne le perdez jamais de vue, ne cherchez jamais de vous en
rapprocher , ne désespérez jamais , — et vous arriverez comme je
suis arrivé ».
» Avec une telle force de volonté, l’on pourrait même avancer sur
un autre chemin que celui des honneurs — mais « les enfants de
ce siècle sont plus prudents en leur génération que les enfants de
lumière ».
Une iradition dea Indiens d’Amërlque* — L’Ere Nouvelle de
Mexico nous apportait cet été une singulière tradition indienne relativement à la supériorité de la race blanche sur les autres races , supériorité que les Indiens sembleraient avoir comprise mieux que nous
ne faisons nous mêmes.
« Lorsque le Grand Esprit créa la terre , —■ disent-ils — il fit trois
hommes d’une blancheur immaculée. — Il les conduisit au bord d'un
petit lac et leur ordonna de se baigner. — L’un d’eux obéit sur-lechamp , et sortit de l’eau plus blanc qu’il ne l’était avant d’y entrer.
— Le second , hésitant un moment, se plongea dans l’eau déjà troublée par le premier , et sortit avec une teinte cuivrée. — Le troisième
ne se baigna que lorsque l’eau fut noire de boue , et contracta cette
couleur.
» Alors le Grand Esprit plaça devant ces créatures trois paquets d’écorce , et ému de compassion pour l’homme noir, lui donna le premier
choix. — Le noir souleva les trois paquets, et prit le plus lourd ; le
peau-rouge , ayant le second choix, prit le plus pesant des deux autres
paquets, de telle sorte que le plus léger resta au blanc.
• Quand les trois paquets furent ouverts , il se trouva que le premier contenait des bêches et autres instruments de travail ; le second,
des appareils de pêche , de chasse , et des armes de guerre ; quant
au troisième , il n’avait qu’un peu d’encre , du papier et des plumes •.
— {L’Italie du 11 août).
12
- 172 —
GLÂNURES.
l/Evaii{tile à son berceau. — En quelque lieu qu’ils se pruduiseut , les progrès de l’Evangile ne peuvent que nous intéresser ; mais
nous ne serons jamais plus heureux de pouvoir les constater que dans
les pays où cet Evangile a commencé à luire sur le monde et d’où il
est parvenu jusqu’à nous. Aussi est-ce avec un plaisir tout particulier
que nous plaçons le tableau suivant sous les yeux de nos lecteurs.
A Tarse , ville natale de saint Paul, une petite communauté chrétienne se nourrit des épîtres du grand apôtre des Gentils- —A Thyatire ,
la ville de Lydie , se trouvent des frères et des sœurs en Christ tout
heureux de posséder la Parole de Dieu. — Smyrne a son église protestante, ses écoles et ses institutions évangéliques. — La ville d’LV en
Chaldée possède un petit troupeau indigène, au sein duquel le Père des
croyants retrouverait des enfants qu’il pourrait reconnaître pour tels.
— La voix d’un Jonas conviant les âmes â la repentance a retenti de
nouveau dans les contrées où jadis s’élevait Ninive, et l’Evangile est
annoncé sur les rives du Tigre et de l’Euphrate. — A Antioche on trouve
des disciples marchant sur les traces de ceux qui eurent jadis les premiers la gloire d’être appelés du nom de Christ. .4 Damas , d’anciens
Juifs et d’anciens Gentils adorent Christ; ils ont réussi par leur conduite exemplaire à gagner l’estime et l’aiîection même des Mussulmans.
Leur culte forme un contraste frappant avec les pratiques superstitieuses
des chrétiens Grecs et Syriaques. — On y a ouvert dans la Rue droite
un dépôt de livres saints , où les diverses populations de ces contrées
peuvent se procurer la Parole de Dieu traduite dans leur langue. —
L’antique cité phénicienne de Sidon possède une Congrégation qui s’accroît de jour en jour, et dont les membres lisent les Ecritures dans
l’esprit qui animait jadis les fidèles de Bérée. — Tout récemment,
Tyr envoyait aux missionnaires de Beyrout des délégués chargés de
de leur demander quelqu’un qui pût leur annoncer l’Evangile, — Dans
un établissement missionnaire situé près du sommet du Liban, position d’où le regard découvre au loin la. Grande Mer, de jeunes Syriens
joignent à l’étude des sciences européennes celle de nos Livres Saints.
Dans les villages épars sur les versants de cette chaîne de montagnes ,
l’Evangile se répand avec plus de succès et moins d’entraves que sur
13
— 173 —
aucun autre point de la Syrie. — Beyrout a son église évangélique,
et des Arabes prêtent une oreille attentive à la prédication de la Parole de vie. — Près du Puits de Jacob, des femmes Samaritaines ont
parfois l’avantage d’entendre des paroles de pai.x et de salut qui leur
sont adressées par des envoyés du Sauveur en passage , et ceux-ci se
sont vus , à plus d’une reprise , invités à aller passer quelques jours
dans leur ville. — A Jérusalem , on compte actuellement une congrégation évangélique de plus de trois cents membres , et six écoles protestantes , où sont instruits plus de deux cents enfants. Deux cent
quarante personnes , dont la moitié sont des adultes , y ont reçu le
baptême dans le courant de ces vingt-sept dernières années. — Enfin,
le récit de la naissance du Sauveur , les paroles qu’il prononça dans
la Synagogue de Nazareth, et l’histoire de sa passion dans le jardin
de Gethsémané et sur Golgotha, ont des lecteurs tant à Bethléem qu'à
Nazareth et à Jérusalem (Les Hissions Evangéliques au XIXe Siècle, septembre 186Gy.
Dieu a bien ntiendu ! — « On dit que l’astronome immortel,
dont la pénétrant génie découvrit les lois du mouvement des planètes,
vit ses grands travaux méconnus par ses contemporains. — Réduit à
une misère extrême , il était sur son lit de mort, quand un ami lui
demanda s’il ne souffrait pas cruellement de mourir sans avoir vu apprécier ses découvertes ; — Mon ami, répondit Képler, Dieu a bien
attendu cinq mille ans qu’une de ses créatures découvrît les lois admirables qu’il a données aux astres ; et moi ne pourrai-je pas attendre aussi qu’on me rende justice? (E. Bersier). (Jean Képler, né à
Weil en Wurtemberg en 1575, est mort à Ratisbonne le 15 novembre
1630) . —
Pensées. — La liberté , c’est pour chacun le désir et le droit de
faire son devoir.
— Pour être libre au dehors , il faut être attaché au dedans.
De toutes les sei'vitudes la pire est celle que l’on aime.
L Evangile a besoin de liberté , et la liberté a besoin de l’EvanSilc. Les peuples qui n’ont que l’un ou l’autre de ces deux éléments essentiels à la vie , sont malades ; les peuples qui n’ont ni l’un
ni 1 autre , sont morts ( Merle d’Aubigné ),
14
— 174 —
FAITS DIVERS.
lies Jésuites en flSttS. —Âu moment où les Jésuites délivrent
de leur présence une nouvelle province de l’Italie, et vont exercer en
Autriche leur malsaine influence , il peut être opportun de rappeler
certains renseignements que Le Monde, un de leurs organes , nous
donnait de la trop célèbre Compagnie , vers le commencement de
cette année.
Après nous avoir dit qu’elle a des collèges et des résidences dans
toutes les parties du monde , le journal catholique ajoute que les
vingt et une provinces , dont se composait la Compagnie en 1865 , se
groupent en cinq assistances ayant chacune ¡un nombre connu de sujets. — Ainsi :
L’assistance italienne en comptait en 1865 —----------- 1610
La française , comprenant les colonies, en comptait — 2364
L’allemande (avec Hollande et Belgique)---------------- 2042
L’espagnole ( avec une partie de l’Amérique du sud ) 1067
L’anglaise , qui comprend l’Amérique du Nord-----------873
De ces 7956 sujets , 3389 étaient prêtres , — 2237 étaient novices ou
scolastiques , — et 2323 étaient frères coadjuteurs.
L’accroissement successif de la Compagnie n’est pas moins digne de
remarque. — Elle comptait 2684 membres en 1834 ; 4133 en 1844 ;
5510 en 1854 ; — 7734 en 1864; et en 1865 le nombre des Jésuites
ne s’élevait pas à moins de 7956. — On peut donc bien en compter
huit mille pour l’année où nous sommes. — Le précieux levain !
■.B Ténétie. — Le vote proclamé le 27 octobre dernier a Vénise
a eu ce résultat, que dans les neuf provinces plus de 647 mille voix
ont demandé l’union de la Vénétie à l’Italie constitutionelle et monarchique. — En r'ertu du traité du 3 octobre 1866 , qui laisse la Vénétie
libre de disposer d’elle-même , le royaume d’Italie doit payer à l’Autriche la somme de 87 1;2 millions de francs en une vingtaine de mois.
— En outre le Monte Lombardo- Veneto passe à l’Italie avec son passif
de 150 â 160 millions (62 1^2 millions de florins), dont les intérêts
seront à la charge du Gouvernement Italien.
Pour représenter ses neuf provinces , et les 2 1^2 millions d’habitants qu’elle ajoute à la population du royaume, la Vénétie enverra
15
— 175 —
au Parlement cinquante députés , ce qui portera de 443 cà 493 le nombre des membres de la Chambre Italienne. — Encore une demi douzaine , et la salle de Palazzo Vecchio pourra s’appeler avec plus de
raison que jamais , la salle des Cinq Cents.
I.e Patrimoine de S.t Pierre, d’après VItalie du 16 novembre,
compterait encore aujourd’hui 700 mille habitants, dont près de 2ü i
mille résident à Rome , 14,000 à Velletri , 10,000 à Civita-Vecchia,,et
plus de 10,000 à Alatri. — Le reste est établi çà et là dans la campagne.
NOUVELLES
Mort «le M.r L,ouis Bridel. — Ceu.x qui ont eu le bonheur d’entendre M r le pasteur Louis Bridel de Lausanne, soit à notre dernier
Synode, soit surtout au Temple de La Tour , ne peuvent qu’avoir été
péniblement surpris par la nouvelle de sa mort. — On ne l’a pas élé
moins ailleurs , à ce qu’il paraît , et la ville où cet homme distingué
exerçait depuis longtemps son utile ministère s’est montrée particulièrement sensible à la perte qu’elle vient d’essuyer. — Voici en quels
termes la Gazette de Lausanne annonçait à ses lecteurs ce nouveau deuil
de l’Eglise.
« Une mort complètement inattendue préoccupe douloureusement
notre ville. — M.r le pasteur Louis Bridel vient d’expirer le premier
novembre au soir, enlevé par une mystérieuse et foudroyante maladie. Il était revenu 24 heures auparavant de Nîmes , où il s’était rendu
pour le Synode des Eglises de France. — Plein de force à son départ
pour le Midi, il était descendu de wagon à Lausanne presque méconnaissable.
» Voici ce que l'on sait de cette rapide maladie. — A Nîmes , au
sortir d’une assemblée du Synode , M.r Bridel s’affaissa sur lui-môme,
sans que les médecins aient cru à une attaque d’apoplexie. Une fièvre
violente s’en suivit ; néanmoins il voulut partir , pressentant probablement la gravité de son état. — Un de ses gendres l’accompagnait, et
l’on comprend de quelles angoisses fu rempli ce voyage. — A Lausanne , les médecins ont bientôt senti leur impuissance , en présence
de cette prostration graduelle. — Divers noms de maladie ont été
prononcés , mais aucun avec certitude. — Bientôt le cerveau s’embarassa, et c’est à peine si le mourant a pu recevoir les adieux de sa
famille et de ses collègues. Il s’est éteint d’ailleurs doucement, sans
16
— 176 —
agonie. — M.r Bvidel avait 52 ans ; il était dans toute la maturité de
son brillant et utile talent ».
» Dans le cortège immense qui l’accompagnait le Dimanche suivant
à sa dernière demeure , ajoute un autre journal, les Deux Patries, on
voyait des hommes de tout âge , de toute condition , de toutes les
opinions religieuses et politiques. Nous avons rarement vu en pareille
occasion , une douleur aussi vraie , une émotion aussi profonde peinte
sur toutes les figures , et ce deuil public est plus éloquent que des
paroles. — Plusieurs discours ont été prononcés sur la fosse... — En
voyant disparaître des hommes de foi, d’action et de talent, comme
M.r L Bride! et M.r Troyon i*), qui se rattachait aussi à l'Eglise libre,
on oublie les distinctions ecclésiastiques pour ne penser qu’au vide
qu’ils laissent après eux dans les rangs des défenseurs de la vérité ».
Une bonne visite. — Vers la fin du mois d’août, on s’en souvient, nos Vallées reçurent la visite de MM. J. H. Douglas et M. Shipley des Etats-Unis d’Amérique, ainsi que des vénérables M.r et Madame Alsop de Londres.— Ce mois-ci, ce sont MM. W. Ed. Turner de
Liverpool, et Charles Wilson de Rendal , accompagnés de leur interprète M.r J. Paradon , qui sont venus nous voir. — Membres de la
Société des Amis ces excellents frères ont voulu nous témoigner leur
affection chrétienne, en venant nous faire part de ce qu’eux-mêmes
ont reçu du Seigneur. — Ils ont eu des réunions dans presque toutes nos paroisses, et partout ils ont été accueillis et écoutés avec joie
et reconnaissance. — Le caractère sérieux et franchement évangélique
de leur prédication produit sur l’auditeur une impression sérieuse aussi,
et nos gens sont agréablement surpris d’entendre des Amis venus de
si loin et d’une Eglise à quelques égards si différente , leur dire avec
tant de chaleur des choses toutes semblables à celles qu’ils savent
déjà. — Dieu veuille accompagner et bénir ceux qui vont ainsi de lieu
en lieu apportant des nouvelles de paix et de joie !
(’) Mr Troyon mentionné ici parce qu'il est mort en même temps que Mr L. Bridel, est bien
connu des savants par ses importantes découvertes relativement aux habitations lacustres des
anciennes tribus qui ont peuplé l’Europe.
AVIS aux persuiiues qui cherchent du service.
On désirerait comme ménagère dans l'Etablissement des ArligianeUi Valdesi de
Turin , une femme ou fille de 1 âge de 30 à 40 ans, — de préférence une veuve,
— d’une réputation sans tache, jouissant d’uue bonne santé ; sachant faire un
peu de cuisine, et de plus raccommoder et repasser le linge. — Le gage offert
est de 15 à 20 frants par mois , selon les circonstances.
S’adresser A Monsieur le Pasteur J. P. Meille — via Pio Quinto — 15 — à Turin.
Pignerol, J. Chiantohe Impr.
H. Jahier Gérant.