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Quatrième Année.
8 Février 1878
N. 6.
LE TÉMOIN
ECHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant ehaque Vendredi
Fovs tnt serez témoins. Actes I, 8. Suivant la vérité avec la charité. Er, 1, i5.
PRIXD'ABBONNEMENT PAR AN Italie . . . L. 3 Tous rUDÎon de poste . , , ■ 6 Amérique ... >9 On s'abonne : Pour 1 Intérieur chez MM. les vastenrs et les libraires de Torre Peilice. Pour au Bureau d’Ad- mtoistratioD. Un numéro séparé: 10 centimes. Annonces :25 centimes par ligne. Les cnt»m's d'argent se font par lettre recommandée ou par mandats sur le Bureau de Pe-^ rosa Argentina,
Pour la RÉDACTION adresser ainsi : A la Direction du Tcmotn, Pomaretto (PineroloJ Italie. PouP TADMINISTRATION adresserainsi : A l'Administration du Témoin, PomaTetto iPinerolo ) ItaUej
8 Février. — Du catédhuménali —Par?
donoe-adus nos offeases. De tout an
peu pour, faire i\u. mo.udp.. ^ Çprr.wppadance. — Chi’ûnique. eaudoUe. —? Revue
Poíi¿iqt^e.
Nous n’avons pas été peu étonné
en lisant ce qui suit dans le lit.
sorgimento du 2 Février.
« Envers-Portes On nous écrit;
Le curé a célébré sous la date
du 21 janvier, un service funèbre pour râme de Vicior-Emmanuel, père de la patrie. Il a invité à cette fonction le Syndic ,
nouveau chevalier Monnet, et par
son moyen tous les conseillers
sans distinction de culte. Mais
le syndic a brillé par son absence, et n’a pas même ouvert la
salle communale pour consigner
la bannière. Evidemment le ministère Dépretis-Nicotera pouvait employer mieux ses croix.... électorales ».
Le correspondant se trahit involontairement dans cette sortie
de la fin. C’est un candidat oublié,
un aspirant malheureux à l’une
de ces croix... électorales que l’on
a prodiguées. Si nous sommes dans
l’erreur, on vôndra bien nous le
dire. Nous sommes d’ailleurs pleinaipeD| 'd’aQço.r'd , %vqç.,Juj pour
trouw^^u*''fiS tiiînistère qui a le
sentimént de sa valeur et la conscience de la rectitude de ses
intentions, ne devrait jainais s’abaisser jusqu’à l’emploi de certains moyens pour gagner des
partisans Dans le cas spécial dont
il s’agit, nous connaissons de
trop Vièille date le Syndic d’EnverS-Pôrtes, pour supposer même
un moment, qu’il a été gagné
par Ja ‘promesse ou ’-rêspérance
d’uné croix; il a pedt-être eu le
tort de l’accepter, mais • il ne l’a
certainement pas demandée ou attendue comme prîï”'‘!dè sa'Scoopératidn. ' ' '-i"drn[ • >; >
Gela dit, nous'én venons à la
questiôh'même, soulevée par le
correspondant.
üh - c^uré annonce qu’il dira,
à tel jôur et telle heurè, une
messe ‘fianèbre pour le repos de
■s*.-
2
• 42
râme du Roi qui vient de nous
être enlevé. Se conformant
insLructions qu’il a reçue^-de son
Evêque, il invite à prendre part,
à cette acte religieux, le Syndic,
qu’il sait être vaudois et les conseillers dont la grande majorité
l’est aussi. Nous sommes si fort
partisan de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, qu’il ne nous parait nullement convenable que même
un Conseil municipal composé entièrement de catholiques, se donne
l’apparence d’être aux ordres de
l’autorité pour rehausser l’éclat de
ses soleranités écclésiastiques.Mais
ici il y a eu un manque absolu
d’égards pour les convictions religieuses du Syndic et de, la plupart' des conseillers d’EnversPortes. Le curé serait-il assez
ignorant po-ur ne pas savoir que
les vaudois ne peuvent pas assister
à la messe sans renier leurs'cro.yances religieuses, et que Ipin de
s’associer à des prières pour les
morts, il sont persuadés que la
parole de Dieu les condamne?
Lorsqu’il s’agit de prier pour
leurs souverains vivants, ou pour
les autorités constituées, ils, n’ont
pas besoin d’y être obligés, ni
même invités, il le font de tout
leur cœur, sans réserves et sans
réticences. Mais comme jamais ils
n’oseraient prier pour i’âme de
leur père, ou de leur mère, de
leur femme ou de leur enfant bien*
aimé, nul ne trouvera mauvais
qu’ils ne puissent pas le faire
pour le meilleur des rois. ,
Si les vaudois n’ont pas montré
partout les mêmes scrupules, s’ils
y en a qui ont eu recours, pour
s’excuser, à ces réserves mentales
qu’ils condamnent à l’occasion,
prétendant que l’homme religieux
était resté dehors, que le citoyen seul particinâàt, ou .simpletàent ^sistait à racte religieux,
c'est leur aifairefnous ne sommes
pas en ce moment appelé à les
juger, quoique nous les plaignions
de toutes les puissances de notre
âme; c’est sans doute parceque
nous ne comprenons rien à cette
largeur dont ils se glorifient.
Ce n’est pas Victor-Emmanuel
qui aurait permis que dans son
Etat il fût fait la moindre violence
aux convictions religieuses d’un
seul de ses sujets, et grâce à
Dieu, nous savons de bonne source
que rien de pareil n'est à craindre
sous le règne de son noble Fils. Que
deviendrions-nous si nous étions
à la merci de ces soi-disanls libéraux et progressistes qui cherchent à flétrir comme sujet ingrat
et mauvais citoyen, un homme
qui a joui pendant trente années
de la confiance de ses concitoyens
et du Gouvernement, et dout le
crime abominable consiste à n’avoir pas voulu prendre part à
un acte religieux contraire à ses
convictions et auquel on avait eu
l’indélicatesse (pour ne rien dlie
de plus) de l’inviter?
En finissant, nous, exprimons
encore une fois notre surprise d’a,-.
voir lu dans le Risorgimento, la
parole que nous avons, eu l’obligation de relever. Ce ne peut pas
être la direction de cet excellent
journal qui a accueilli cette communication, à moins qu’elle u-’ait
pas su que le Syndic dont il s’agit,
est vaudois.
3
.43
Dl G4TÊCHljllÈNn
Oe rin.slrDclion el (le l’éducation reügiéUse des catéetiiiniènes.
fContinmlionJ.
11 lie saurait y avoir aucun dissentiment entre nous sur ce sujet.
Sans contredit, il nous faut apporter ia plus grande sollicitude
à l’instruction et à l’dducation
religieuse de nos enfants.
Depuis bien des années, l’on a
fondé des écoles du Dimanche
dans nos Vallées, elles ne sont
pas encore partout bien acheminées , mais l’on fait de sérieux
efforts dans ce sens. Elles ont
déjà formé et formeront encore
un des sujets d'études de nos conférences , c’est pourquoi nous ne
n'ous y arrêterons pas en ce moment, niais nous ne pouvons passer
outre sans expfiraer le vœu qu’elles
pénètrent de plus en pins dans la
vie de notre peuple, car, c’est là
sans doute une institution conforme
à l’Evangile.
Ce qui est plus conforme encore
à la Bible c’est l’éducation et Tins*
tructiôu que les parents eux-mêmes
sont tenus de donner à leurs enfants. Gè que le pasteur ou les
moniteups! deS; écoles ne peuvent
guère faire que le dimanche,
les pafents le peuvent chaque
jour aVec une affection et une
autorité beaucoup plus grandes.
Le corarpandement suivant ne peut
s’adresser directement à aucnn
instituteur ou maître , mais seulement aux parents: «Les paroles
que je te commande aujourd'hui
seront en ton cœür. Tu les enseigneras soigneusement à tes enfants
et tu t’en entretiendras quand tu demeureras en ta maison, quand tu
voyageras, quand tu te coucheras
et quand tu te lèveras. Et chaque
génération doit à son tour accomplir ce devoir envers celle qui la
suit. (Ps. 78). Abraham peut être
cité comme modèle aux pères: «Je
le connais, dit l’Eternel, et je sais
qu’il commandera à «es enfants et
sa maison après lui de garder la
voie de l'Elternel. Gen. 18 ». Loïs
et Eunice peuvent servir de modèles à toutes les grand-mères et
mères; Timothée avait, dès son
enfance, la connaissance des saintes
lettres qui peuvent instruire pour
le salut, qui est par la foi en
Jésus-Christ.
Travaillons pour avoir des écoles
du dimanche, mais insistons encore
davantage auprès des parents, afin
qu'ils ne soient point négligents
à l’égard de leurs enfants. Et si
ces quelques lignes sont lues attentivement par quelques uns,
d’entre eux, je ne puis m’empêcher de leur dire; pères et mères,
soyez fidèles, instruisez vos enfants
chez vous, le temps ne doit jamais
vous manquer pour cela, ne les
abandonnez point, le dimanche ,
faites-les venir à l’école, et venez
en famille au culte, li’on se plaint
généralement que les enfants sont
maintenant'pluscorrompus^que par
le passé; je ne sais si c’est à tort
ou à raison , mais à qui la faute ?
N’est-elle pas aux parents qui n’ont
point élevé leur.s enfants dans la
discipline du Seigneur, et qui leur
ont donné eux-mêmes l’exemple
de l’indifférence religieuse, de l’incrédulité et du désordre ? Usez de
votre autorité en tem.ps et lieu ,
faites en sorte que vos enfants
4
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soient instruits dans la connaissance de la Bible, élevez-les pour
Dieu , comme vous l’avez promis
lors de leur baptême, et les choses
changeront de face. El puis ne
vous figurez pas que vous êtes
libres de toute responsabilité à
leur égard, lorsqu’ils ont atteint
l’âge de seize ou dix-sept ans et
que peut-être ils ont été admis à
la Sainte Cène. Non , alors» encore et alors plps que jamais, il
vous faut exercer une bonne influence sur eux. Votre exemple
et votre parole, votre influence et
votre autorité, votre enseignement
et votre prière feront beaucoup
plus que tous les régents et tous
les pasteurs. Vous devez être jaloux de .travailler pour le bien de
vos enfants. Vous êtes grandement
coupables, si vous vous déchargez
sur autrui de leur éducation. Rappelez-vous que si vous ne travaillez
pas avec ceux qui se chargent et
sont chargés d’instruire vos enfants dans les écoles et au catéchisme, vous détruisez les vérités,
les bons principes que par l’étude
de la Bible, ils veulent leur inculquer, et que vous faites par là
même le malheur de vos enfants.
Quand , vous parents , avez fait
votre devoir envers vos enfants ,
vous pourrez demander aux pasteurs de le faire à leur tour. N’en
doutez pas, ils le feront d’autant
plus volontiers, et avec d’autant
plus de succès que vous leur aurez
préparé la voie. Mais, si pour ne
prendre qu’un seul côté de la question , vous ne faites pas en soTte
que vos enfants viennent régulièrement à l’école et au catéchisme,
comment voulez-vous que les personnes chargées de leur instruc
tion religieuse, exercent une influence quelque peu profonde et
durable sur eux ?
Ainsi que l’instruction se fasse
continuellement dans la famille,
qu’elle se développe et se fortifie
encore par l’école du dimanche
aussi longtemps que possible, et
qu’ensuite vienne une instruction
spéciale que l’on peut appeler catéchisme* ou examen, ou école du
ministre, peu importe.
Pardonne-nous nos offenses
En demandant notre pain quotidien
nous avons reconnu notre dépendance
vis-à-vis de notre Créateur et de notre
Père. Nous l’avons fait avec bonheur,
et sans discuter son autorité.
En demandant le pardon de nos
iniquités, nous devons nous humilier
iusques dans la poussière devant lui.
Dans le premier cas il n’y a que pauvreté et la pauvreté peut être honorable; mais dans le second cas il y a
faute de notre part. Voilà pourquoi
nous devons demander le pardon avec
une grande humilité, si nous voulons,
l’obtenir. Les mendiants ne se pfésenlenl guère avec arrogance, ils n’ob
tiendraient rien. Ils tendent la main,
ils tirent leur^chapeau, ils s'humilient.
N’irnilons, cependant pas ceux qui ne
s’humilient que par spéculation, et qui
font de la religion un moyen d’avancer
leurs intérêts matériels. Celui qui re'
garde au cœur ne saurait l’avoir pour
agréable. Humilions-nous mais sincèrement, et en reconnaissant l’effrayante
gravité de nos fautes, alors Celui qui
fait grâce aux humbles, nous entendra.
Gomme il serait à plaindre celui qui
ne veut pas s’abaisser! son péché resterait. Si nous confessons nos péchés
il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous nettoyer
de toute iniquité. (1 Jean 1. 8. 9.10.).
Si tu veux obtenir le pardon de les
péchés, demande-le aussi avec foi,
avec la parfaite assurance que le Sei-
5
»45*
gneur esl prêt à effacer toutes tes
iniquités et à les jeter au fond de
la mer.
As-tu besoin qu’on l’en donne des
preuves? En voici une. C’est Dieu lui
même, qui nous apprend la prière que
nous méditons et qui nous engage à
lui présenter chaque jour. Or peux-tu
supposer que le Seigneur trouve plaisir
à nous faire répéter tous les jours:
Pardonne-nous nos offenses., si après
cela il n’est pas disposé à nous les
pardonner? Loin de nous une semblable idée. Pour donner II n’atlend
que la demande, pour t’ouvrir la porte
des deux il attend seulement que lu
frappes. 11 est là tout près pour ouvrir
et non seulement il ouvre la porte de
sa maison, mais aussi ses bras pour
le recevoir et le presser sur son cœur.
Crois-tu cela? Si tu le crois, tu es
bien heureux, et tes péchés le sont
pardonnés. El comment ne le croiraistu pas , puisque Dieu lui meme l’en
donne l’assurance et la promesse tant
de fois répétée dans sa Parole? Venez
à moi vous tous qui êtes travailles et
chargés... je vous soulagerai et vous
troverez le repos de vos âmes. Eh bien
oui je me lèverai et je m’en irai vers
mon Père et je lui dirai; Mon Père
j’ai péché contre le ciel et devant loi;
je ne suis plus digne d’être appelé
ton fils, traite moi-comme l’un de tes
serviteurs. Va, mon cher ami, ne larde
point, et il le traitera comme son fils',
en Christ il nous a donné le droit d’être
faits enfants de Dieu. Mais ne doute
pas, chemin faisant, de la bonté de
ton Père, qui t’a pourtant été si clairement et depuis si longtemps démontrée. Va vers lui avec foi, avec la
confiance d’un enfant, et je puis le
promettre en m’appuyant sur la Parole
de vérité qu’il ne mettra point dehors
ceux qui viendront à Lui. Va essayer
dès aujourd’hui et lu verras que l’Elernel est fidèle, et l’accueilleî'a comme
personne ne saurait l’accueillir ici-bas.
Tu feras bien aussi d’implorer le
pardon avec charité, le souvenant de
demander pour loi et pour d’autres ;
car Dieu nous enseigne à dire pardonne-wows, plutôt que pardonne-moi.
Tu peux cependant t’assurer d’abord
ton propre pardon, et puis tu le sentiras pressé de demander aussi le pardon de Ion frère. Car lu n’aimeras jamais autant et jamais aussi bien ton
prochain , que lorsque lu auras senti
que les péchés ont été effiicés dans
le sang de l’Agneau. Te souvenant
alors que lu es membre d’une famille, envers laquelle lu as des devoirs,
lu en réuniras tous les membres et lu
diras_ avec eux : Pardonne-nous nos
péchés, — nos péchés de famille, —
les péchés de chacun de nous. Considérant que lu es membre d’une famille plus nombreuse, qui s’appelle
l’Eglise, lu demanderas le pardon des
péchés de l’Eglise, et de ceux de tous
ceux qui la composent. En faisant
ainsi tu ne pourras pas devenir égoïste,
ton cœur s’élargira, lu aimeras les
semblables comme loi-même, et lu
demanderas pour eux tous, les mêmes
grâces dont le Seigneur le fait jouir.
N’est-il pas beau l’Evangile?
Souviens-loi, mon ami, de demander
avec foi, avec humilité et avec charité
et le Seigneur exaucera ta prière. Il
l’a promis.
De tout un peu pour faire nu monde
Lorsque dans une conversation, l’on
parle de quelque mauvaise action, ou
de ¡quelque individu dont la conduite
esl extravagante, il n’est pas rare
d’entendre dire: Il faut de tout un
peu pour faire un monde. Si tous étaient
la même chose, si tous étaient bons,
ce ne serait pas un monde. El de cette
manière, on admet que le mal esl un élément nécessaire au milieu des hommes,
11 n’est que trop vrai, que le mal esl
dans le monde, ou pour parler comme
S‘ Jean avec plus d’énergie, que le
monde esl plongé dans le mal. De
sorte que, il esl dit du monde: qu'il
n’a pas connu la lumière véritable,
qu’il n’a pas connu Dieu, 1 Cor. ï.
que l’amitié du monde esl inimitié
contre Dieu, Jacq. iv., et que si quelqu’un aime le monde l’amour du Père
n'est point en lui.
6
46
Mais tout en conslatant le fait que
le monde conlienlen soi un mal énorme,
qu’il s’ycoinmel des péchés sans nombre
et parfois sans nom, qu’il est trop
souvent et même conlinuellemenl une
cage d’insensés où les justes ont beaucoup à souffrir, ii. Piehre ii, il n’est
pas permis à quiconque veut être chrétien d’en prendre son parti. Car si ce
monde est méchant, Dieu ne l’a pas
fait le!. Il est écrit que Dieu vil tout
ce qu’il iavail fait et voilà, il était
très-bon. El si les hommes avaient
persisté dans la vérité , quand nous
prononçons le mol • monde » nous
n’aurions pas l’idée de quelque chose
de mauvais. Mais les hommes s’élanl
tous égarés, tous corrompus (Rom. mi.)
ils ont fait que ce qui était bon , est
devenu mauvais. — • Monde, signifie
ortire; le monde est un ordre; il n’est
monde que par là; avec l’ordre de
moins, ce n’e.st pas le monde , c’est
le chaos •. Vinet.
Lorsque le mal se manifesie, qu’il apporte le désordre dans les familles et
dans la société, au lieu de dirè. si tous
étaient bons, ce ne serait plus un
monde, il vaudrait mieux déclarer que
ce n’est plus un monde , car le mal
prend, pied partout, et la corruption
fait toujours de nouveaux ravages.
C’est dire que nous ne devons en
aucune manière nous consoler du mal
qui existe parmi nous , comme si le
désordre était un élément nécessaire
au monde. Dieu ne se console pas du
mal qui est dans le monde; pour nous
en délivrer, il n’a pas épargné son
Fils unique, mais il a fait venir sur
lut les iniquités de nous tous. « Qui
croit au Fils a la vie éternelle, celui
qui désobéit au Fils, ne verra point
la vie, mais la colère de Dieu demeure
sur lui ». Le jour de la calamité attend
le méchant, Vinconverti, celui qui meurt
dans ses péchés par son incrédulité.
Dieu ramène l’ordie par .sa justice et
par son amour.
, Soyez les imitateurs de Dieu', a dit
S*’ Paul; il ne nous convieiu” donc
pas de nous consoler |du mal qui nous
environne et du péché qui nous enve*
loppe si aisément, nous devons le
combattre, en servant Dieu dans la
sainteté et dans la justice, tous les
jours de notre vie; et tout en prenant
d’aboi d garde à nous-mêmes, reprendre
soigneusement noli’e prochain, pour
que, par la connaissance de la grâce
de Dieu , il passe des ténèbres à la
lumière, d’un monde plongé dans le
mal, dans la compagnie de ceux qui
sont lavés de leurs péchés, par la foi
en Jésus-Christ, et sont pour toujours
au service de Dieu, qui, en son temps,
manifestera de nouveaux cieux et une
nouvelle terre où la justice habile,
c’est-à-dire, un monde pur des souillures de celui-ci , et où brilleront les
immenses richesses de la grâce de Dieu.
(ÎTorrcBponbancc
Torre-Pelllce, V9 janvier 1878.
Monsieur et très honoré frère,
Comme de juste, je vous laisse juger
de ropporlimilé dé l’article suivant.
Ce sera peul-êlre après dîner, mpularde.
La Messe pour les morts peut-elle
être une démonstration civile ? Je me
suis fait celle demande à propos de
ce qui s’est passé à la Tour mai’di 22
janvier courant. Ce jour là, l’Eglise
catholique a célébré une messe pour
les morís en faveur de l’ame du défunt Victor-Emmanuel 11. Monsieur le
curé a cru de son devoir d’en prévenir
par lettre le Pasteur, la Municipalité
et la Société des ouvriers. Par quelle
aulorilé l’a-l-il fait? Je l’ignore. Ge
qu’il y a de sûr ; c’est que quelquesuns de nos proleslanls, et même des
plus huppés, ont cru de leur devoir
de répondre à cette espèce d’invitation,
sans doute pour accornplir un acte
d’urbanité sociale, et pour témoigner
que nous sommes unanimes pour payer
un tribut de regret à la mort de notre
Auguste Souverain. — L’excuse semble
bonne. Cependant il a fallu faire un
peu de violence à la foi protestante.
On dit, il est vrai, qu’on n’y a pas
renoncé, on la réserve taule entière,
ce qui signifie que[, de corps, on assiste à une cérémonie que Von com-
7
47.
damne en son for intérieur. Mais qui
le sait? L’apparence est contre nous,
et malheureusement le monde juge
d’après l’apparence et il pense qu’on
approuve un acte religieux auquel on
prend part extérieurement. L’apparence
trompe, il est vrai ; mais élait-il nécessaire de s’exposer à être ainsi jugé?
Accomplissait-on réellement un devoir
civil en assistant à un acte leligieux
catholique ? Est-il nécessaire d’aller à
la messe pour faire une démonstration
toute civile et sociale? Si voies voulez
que la religion y intervienne, failes-la
intervenir selon votre conscience protestante.
Le catholique à la Messe, et le protestant au Sermon, puis tons ensemble,
si l’on veut, sur la place publique ,
Îui n’est ni catholique ni protestante.
ersonne alors n’est compromis, personne n’est critiqué. Chacun suit sa
co-nscience ; nul n’est obligé’de la sacrifier. Ainsi règne une vraie liberté;
car la tolérance ne va pas jusqu’à confondre le blanc avec le noir. Tout ce
que l’Evangile exige de nous c’est de
savoir supporter ceux qui sont d’un
sentiment contraire au nôtre. Si on
savait mettre en pratique la fameuse
formule de Gavour : libera Chiesa in
libero Stato, on ne verrait pas cette
confusion d’idées, qui ne produit que
dissentiment et dissimulation. Le civil
n’empièterait jamais sur le religieux ,
ni la religion sur le civil. Respectons
les uns et les autres la vérité et toute
vérité, et nous n’aurons pas besoin de
recourir à des réserves mentales dont
il faut laisser le monopole aux jésuites
à qui appartient l’honneur de ¡'invention. Jean Revel, professeur.
Clironicjuc ®auboieç
Ainsi qu’on l’a annoncé dans le précédent numéro, M'' J. P. Pons a été
installé dimanche dernier comme pasteur de la Tour, et à son arrivée M.
Pons était attendu par le Consistoire
et par les enfants des écoles, auxquels
s’étaient acyoinls un bon nombre de
membres de la paroisse. — M. Charbonnier Modérateur avait été délégué
par la Table pour présider à la cérémonie de l’installation, à jlaquelle prit
part une très-nombreuse assemblée de
près d'un millier d’auditeurs venus des
divers quartiers de la paroisse, et des
localités voisines. Le culte commença
comme à l’ordinaire par le chant, mais
celle fois avec l’assistance d’un chœur
dirigé par M. Forneron ; vint ensuite
la lecture des commandements, la confession des péchés, la lecture de la
Bible et un second chant. A ce moment
et avant la prière qui précède le sermon,
le pasteur installant donna lecture à
l’assemblée des articles du règlement
concernant l’installation, et de la délibération de la Table qui reconnail
légitime et valable la nominaliou de
l’assemblée pxaroissiale, puis après avo-ir
présenté en, quelques mots M. Pons à
la paroisse, il adressa à Dieu une prière
pour la persoane et l’œuvre du nouveau
pasteur.
M. Charbonnier a fait ensuite le
sermon d’installation qui a été en
même temps son sermon d’adieu. 11
a pris pour texte ces paroles des. ddffs
des Apôtres: Quelques jowrs après, Félix
vint avec Drusille, sa femme, qui était
juive, et il envoya quérir Paul, et il
l’entendit parler de la foi en Christ.
Et comme Paul parlait de ta justice,
de la continence et du jugement à venir,
Félix, effrayé, luFdii: Va-t-en, pour
cette fois, et quand j’aurai la commodité,
je te rappellerai. 24, 24-25. iL’oi’ateur
a traité toutes les parties de son texte,
en vue de l’édification de tous, mais
il s’est particulièrement awêlé à présenter S* Paul comme le modèle de
tous les prédicateurs fidèles. Il fait
l’essortir le courage de l’apôtre. Soi/ons,
dit-il, ses imitateurs, comme il ¿était
lui-même de Christ. Comme lui, ne
ménageons pas le pécheur. Ne disons
jamais paix, paix, là oix il n’y. a point
de paix. —• « Car nous pouvons faire
des discours évangéliques, sans prêcher
l’Evangile. "Nous pouvons parler de
Jêsii.s, sans le prêcher, et tout en nous
prêchant nous-mêmes, » Et, à deux
reprises, Toi'aieur s’est adressé personnellement à son collègue, en lui
8
disant gii’il est bien persuadé que c’est
bien ainsi qu’il entend le ministère
qu’il a déjà exercé et que Dieu lui
accorde encore le privilège d’exercer
au milieu de ce troupeau. — Le long
et édifiant discours de l’orateur a été
écoulé avec l’allenlion la plus soutenue.
— Après le chant de quelques versets
d’un cantique , M. Pons, le pasteur
inslailé, a adressé quelques paroles à
l’assemblée, et lui a dit qu’il lui ap*
portail, comme St Paul, un trésor
précieux, un trésor de vérité, un trésor
de salul, mais qu’il rapportait, dans
UH vase de terre et qu’il demandait
humblement à Dieu de bénir l’instrument aoifit il vdulaîl bien se servir,
pour sa gloire et pour la conversion
d’un grand nombre d’âmes. — L’oraison
dominicale, la bénédiction et le chant
d’un cantique d’insiallation, exécuté
par le chœur, mirent fin à cette intéressante cérémonie qui, nous l’espérons,
aura laissé des traces, non seulement
dans le souvenir mais dans le cœur
d’un grand nombre.
Ifteüue jpoUttqtie.
j'iMll«. En attendant que la nouvelle session du,Parlemenl soit ouverte,
les partis politiques*s’agitent, un peu
dans le vide. Les divers Journaux n’en
sont qu'aux conjectures. Ce qui parait
évident, c’est que l’opposition au second
ministère de gauche s’accentue toujours
plus.
Les municipalités de la plus part de
nos grandes villes votent à l’envi des
sommes considérables pour un monument national en l’honneur de VictorEmmanuel. Massari est chargé d’écrire
la vie du roi patriote et galantbomme.
Le roi Humbert, dont la santé a laissé
à désirer, est attendu à Turin. Il aurait
besoin de quelque temps de repos après
les fatigues et les émotions de ces
dernières semaines. Car le métier de
roi, comme l’appeiail lë bon Victor-'
Emmanuel, a bien ses épines et ses'
difficultés.
Ce- n’est que dernièrement que l'armistice et les préliminaires 'de paix
entre la Russie et la Turquie ont été
signés. Le rèlard avait causé des appréhensions en Angtelerré ei eri Ati-«
triche. On s’attendait à des nouvelles
complications. L’Angleterre menaçait
d’entrer dans la lice et son gouvernement demandait aux Chambres des
fonds eittracfi’dinaires pour l’armement.
Cependant la Turquie aÿànl accepté
toutes les conditions imposées par (a
Russie, ordre a été donné aux troupes
russes de s’arrêter dans leur marche
envahissante vers Gallipoli et vers Constantinople. — Un congrès des puissances devra se réunir; mais- l’on
ignore encore l’époque et le lien. En
attendant la Russie continue à armer,
parceque, comme l’a dit l’empereur
Alexandre, tout n’esi pas fini. L’Angleterre arme, afin de se présenter
forte et puissante -au congrès. L’Autriche se prépare; l’Allemagne est un
vaste arsenal; l’Italie a envoyé une
partie de sa flotte vers les Dardanelles
et complète ses cadres; la France se
recueille. La Serbie, le Monténégro
continuent à s’avancer et à harceler
les turcs; et la Grèce elle-même, qui
s’est tenue tranquille jusqu’ici , sans
déclarer formellement la guerre à la
Turquie, envahit la Tessalie, l’Epire et
la Macédonie où la population grecque
s'esl soulevée.
Eruest Robert, Gérant et Administrateur.
Pignerol, Impr. Chiantore et Mascarelli.