1
septième année.
IV. 30.
26 Juillet 18*73.
L'ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
SpécialemeDt consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Vaudoise.
Que toutes les choses qui sont véritables.occupent
vos pensées — { Philippiens., IV. 8.)
PBIX D ABOHNEIIEIT :
Italie, & domicile (un an) Fr. 3
Suisse.................« 5
France........................
-Allemagne.............*6
Angleterre , Pays-Bas • 8
ün mtméro séparé : 5 cent.
Un numéro arriéré : 10 cent.
B0REA0Z D’aBONNEUCHT
Torrs-Pelmck : Via Maestra,
N. 42, (Agenzia bibliografica)
PiGNEROL : J. Chiantore Impr.
Turin:/./. r»ou, via Lagrange
près le N. 22.
Florence : Libreria Evangelica, via de’Panzani.
ANNONCES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S'a*
dresser pour l'administration
au Bureau à Torr.e-Pellice,
via Maestra N. 42 -* pour la
rédaction : â Mr. E. Malan
Prof • A Torre-Pelice.
Sommalre
Une propositioD concernant l’Ecole Normale. — Synode de Paris. — Nouvelles religieuses. — Chronique vaudoise. — Chronique politique.
UNE PROPOSITION
concernant l’Ecole Normale.
f Suite J
Nous avons dit, à la fin de notre
dernier article, sur ce sujet, que
nous ne pensions pas que les écoles
paroissiales des Vallées pussent
retirer aucun profit du transfert
des élèves de l’Ecole Normale à
Florence , afin de s’y perfectionner
pendant une quatrième année’; nous
étions de cet avis), la semaine dernière, et, après y avoir bien pensé,
nous sommes du même avis aujourd’hui. L’expérience nous en fournit
la preuve. Quels avantages les paroisses des Vallées , le Collège et
nos autres établissements ont-ils retirés de l’Ecole de théologie de
Florence ? Aucun, et ils n’en retireront aucun pour plus d’un motif.
Par le fait des étudiants eux-mê
raes, par celui des professeurs, de la
Commission d’Evangélisation et des
circonstances ; tout ce qui, dans
l’Ecole de Florence a quelque aptitude pour l’Evangélisation est d’avance réservé à l’Evangélisation ;
les Vallées n’auront à l’avenir que
ce que l’Evangélisation ne voudra
pas ; c’est là un fait acquis. Voulezvous des preuves du délaissement
des Vallées que nous signalons ?
Je ne vous en donnerai qu’une,
mais elle est de toute force. La
Table publie concours sur concours
pour repourvoir deux postes du
Collège devenus vacants, personne
ne se présente ; elle est obligée de
faire vivre cet établissement par
des provisoires successifs et grâces
à des hommes de bonne volonté
qui veulent bien lui faire l’insigne
faveur , si on ne trouve personne ,
de se charger, chaque fois, pour
une année encore , de la lourde et
fastidieuse besogne, pressés de laisser bientôt, le plus tôt possible, les
arides montagnes pour les riches
pâturages de VEvangélisation, pour
nous servir d’une expression devenue célèbre. Il est vrai de dire
2
-234
aussi que généralement le bagage
littéraire et scientifique de nos étudiants , et par conséquent de nos
candidats en théologie est léger ;
ayant dès le Collège déjà en vue
essentiellement 1’ Evangélisation ,
ils ont hâte d’être admis en théologie, où ils pourront reléguer pour
toujours dans la vieille armoire, ou
vendre au bouquiniste tous les classiques, tous les ouvrages de science
et de littérature. Les exceptions à
la règle sont rares.
Il en est déjà à peu près de même des instituteurs , et il en sera
surtout ainsi, quand les élèves régents passeront leur dernière année
à Florence, ils ne reviendront plus
aux Vallées, ceux au moins dont
l'Evangélisation voudra, c’est-àdire que, comme pour les pasteurs
et les professeurs , et de par les
régents , et de par la Commission
d’Evangélisation et de par les circonstances, nous n’aurons toujours
plus dans les Vallées que les restes ou le rebut, à quelques rares
exceptions près.
Nous entendons d’ici nos lecteurs. surtout ceux de l’Evangélisation et leurs amis et protecteur.s
étrangers, crier au scandale et accuser l’auteur de ces lignes d’être
un rétrograde et un ennemi de
l’Evangélisation. Peu importe ; nous
laissons crier et nous envisageons
la situation en face. Notre appréciation repose sur des faits et nous
pourrions rendre ces faits plus éloquents et plus persuasifs s’il nous
était permis d’entrer dans certains
détails devant lesquels nous reculons , de peur de faire d’odieuses
personnalités. Est-ce à dire que
nous ne voulions pas l’Evangélisation ? et que nous ¡ne l’aimions pas?
Au contraire , nous parlons ainsi,
parceque nous l’aimons , parceque
nous la voulons, parceque nous
désirons que, à l’égard de cette œuvre, l’Eglise Vaudoise fasse feu qui
dure, qu’elle ne consomme pas son
capital avec les intérêts ou qu’elle
ne mange pas son blé en herbe ; ce
qu’elle fait évidemment et fera toujours davantage si nous ne sommes
pas sages ef prudents.
Nous sommes parfaitement de
l’avis du général Beckwith qui,
déjà en 1848 , écrivait à M. Lantaret : « Votre carrière, si l’on peut
appeler de ce nom votre existence
engourdie depuis la réformation ,
est fermée ; les vieilles choses sont
passées ; les nouvelles cosnmencent
à éclore. Dorénavant ou vous êtes
des missionnaires, ou vous n’étes
rien ». L’évangélisation est notre
œuvre : notre Collège, notre Ecole
Normale', notre Ecole de théologie
surtout, n’auraient pas de sens, n’auraient ni objet ni but sans l’évangélisation. L’Evangélisation est une
œuvre à laquelle nous nous associons de cœur. C’est parceque nous
l’aimons, parceque nous avons la
conviction que c'estlàl’œuvre essentielle de notre petite Eglise, que nous
désirons que celle-ci soit dans les
conditions de la poursuivre longtemps et avec succès., Evidemment
elle ne le pourra pas si l’on n’avise
à laisser à ses diverses paroisses
des pasteurs vivants, à son .Collège
des Iprofesseurs capables , ¡et àila
tâte dp son instruction primaire,
de bons instituteurs. Or, comme
noua l’avons dit, l’Ecole Normale
de Florence, pas plus que l’Ecole
de théologie , ne ,pourra satisfaire
aux be,soins des Vallées. Pourquoi?
Le,s. f^its^jsont là:. 4s sonf très
3
-235
complexes, maïs aussi très évidents.
Venons-nous accuser nos frères
de l’Evangélisation et les évangélistes en particulier de faire la
guerre aux paroisses et aux établissements des Vallées ? Loin de là.
Nous ne ferons jamais un tel tort
à un M. Ribet qui en toute occasion , défend, avec tant de zèle et
d’amour, l’Eglise et la population
Vaudoise , injustement attaquées ,
à un M. Combe qui a parlé des
Vallées avec tant d’aflFection dans
les conférences de Florence, à aucun de nos frères à l’œuvre dans
l’Evangélisation , sans exception.
Nous dirions presque qu’ils sont
plus vaudois et meilleurs vaudois
que aucun de nous ; nous en dirions autant de beaucoup de nouveaux convertis ; ils le sont davantage en proportion de l’espace qui
les sépare des Vallées ; aussi les
avons-nous entendus, aux dernières
conférences , tenir à honneur de
s’appeler du nom de Vaudois, ce
dont des Vaudois de naissance,
dans la crainte sans doute de
heurter, auraient fait bon marché.
Vous le voyez donc, nous aimons
l’Evangélisation , nous aimons les
Evangélistes; non seulement nous
n’avons rien contre eux, mais nous
apprécions leur œuvre; à leur
place, nous ferions comme eux,
seulement beaucoup moins bien que
beaucoup d’entre eux. Cependant
nous voudrions qu’il ne nous aimassent pas seulement'de loin,
mais aussi de près, non seulement
dans de bons et beaux discours,
mais par des faits. — Dans tout
ce que nous venons de dire nous
n’avons voulu faire de la peine à
personne; notre but a été d’appeler
l’attention de nos frères et de nos
amis sur la condition des Vallées,
nous sommes pauvres en hommes,
très pauvres; nous sommes étonnés
qu’elle puisse fournir encore un
personnel aussi considérable au
Collège et à l’Ecole de théologie
et par conséquent à l’Evangélisation; mais ce personnel diminuera
certainement , si tous ensemble
nous n’avisons pas aux moyens de
fortifier les œuvres de l'intérieur.
L’Evangélisation nous appauvrit
aux Vallées sans s’en rendre compte
et parcequ’elle nous croit plus
riches que nous ne le sommes,
tout en pensant nous enrichir, par
les bourses que les amis de cette
œuvre ont fournies aux élèves de
l’école du Pomaret et du Collège,
par la position qu’elle fait à nos
évangélistes. Elle nous appauvrit
parcequ’elle nous- épuise et fait
tarir la source qui ne donne plus
que de très minces filets.
SYNODE DE PARtS
Le vendredi 5 juillet, a été discuté l’article suivant proposé par- M. Cambefort
de Grenoble: « Nul ne pourra être consacré au Saint ministère et exercer les
fonctions de pasteur au sein de l’Eglise
réformée de France sans avoir adhéré
formellement et par écrit à la déclaration
de principes votée par le Synode dans sa
séance du 20 juin 1872.
» Les situations acquises seront respectées, mais les pasteurs en exercice seront invités au nom de la vérité et de la
charité à s’abstenir de toute attaque publique contre les croyances proclamées
par le Synode ».
La Commission a soumis à l’adoption
du Synode la proposition de M. Cambefort
sous la forme qui suit ; Tout candidat au
Saint Ministère devra déclarer, pour être
consacré, qu'il adhère à la foi de l’Eglise,
4
-238
telle qu’elle a été proclamée par le Synode (20 juin 1872).
Soixante deux suffrages contre trente
neuf ont décidé que la déclaration du 20
juin serait présentée à l'adhésion de tous
les candidats au saint ministère, qui demanderaient l’imposition des mains.
Cette question, avant d’étre votée, a été
longuement et pendant deux jours discutée
par JIM. Jfartin-Paschoud, Jalabert, Denfert Plauchou, Dhorabres et Babut, Viguié
Ath. Coquerel et Bois. Nous ne citons ici
que quelques passages des discours de
MM. Dhombreset Babut qui appartiennent
au parti évangélique.
« M. Jalabert, dit M. Dhombres, est venu
avec beaucoup de douceur nous conseiller
de ne rien faire. Mais la douceur de son
accent faisait un contraste étonnant avec
quelques-unes de ses thèses. Il nous a dit
qu’adhérer à la foi de l’Eglise n’est pas
un acte protestant. Ah ! s’il a voulu parler
d’une foi qui s’impose en opprimant la
conscience, il a eu raison. Mais vraiment,
n’est-ce pas vouloir effacer l’histoire que
de nous faire croire que nos pères, que
les protestants de tous les pays, qui ont
adhéré avec tant d’énergie à la foi de
leur Eglise, n'étaient pas dos protestants.
Qu’est-ce que l’adhésion à la foi de l’Eglise? C’est la rencontre de la foi de l’individu avec la foi do l’Eglise.... Avons
nous inventé quelque chose de nouveau?
Mais les vérités que nous affirmons, elles
sont au fond de toutes nos liturgies. Estce nous qui avons fait les liturgies? Sans
doute, j’espère bien que les Synodes prochains modifieront notre œuvre, mais en
la complétant, en l’enrichissant. Aujourd’hui nous avons fait ce que nous!avons
pu, nous sommes allés jusqu’aux extrémités ' des frontières chrétiennes pour
vous tendre la main.
En ce moment, l’Eglise remplit un saint
devoir; elle veille à la pureté de l’enseî'
gnément dans son soin. Et qu’on ne vienne
pàs nous parler d’une haute police, It n’y
a ni haute,' ni basse police, il y a uñe
.sainte , vigilance qui e.st pour nous un
devoir chrétien; — nous le remplissons
dans Vintérêl des âmes, car ce qui les
afiJ-àncbit, c’est la vérité. Quand JésusChrist a dit à ses apôtres; « Allez, ins
truisez toutes les nations * a-t-il voulu
parler de l’enseignement primaire f Non ,
il parlait de la doctrine qui devait sauver
les âmes. Et Saint Paul n’insiste-t-il pas
sur le maintien de cette doctrine.' Cela
me rappelle qu’on a dit que Saint Paul
était un hérétique, qu’il ne croyait pas
à la résurrection de Jésus-Christ dans le
même sens que les autres apôtre?. C'est
pourtant lui qui a dit: « Il est ressuscité
le troisième jour ». Ah ! Messieurs, soyez
des hérétiques comme lui, et c’est avecjoie que nous vous recevrons. Est-ce que
Saiot Paul ne rappelle pas In devoir do
veiller sur la doctrine? Ecoutez ses paroles: « Il viendra un temps où les hommes ne souffriront point la saine doctrine,
mais où, ayant une démangeaison d’entendre des choses agréables, ils assembleront des docteurs selon leurs propres
désirs ». « Eh ! Messieurs, ne semble-til pas que Saint Paul ait parlé eu vue de
notre temps ». On parle de la liberté du
pasteur, mais il serait temps de songer à
la liberté du troupeau. Or celle-ci consiste
à pouvoir demander qu’on l’édifie, qu’on
ne vienne pas attaquer sa foi. Si vous ne
la respectez pas, vous introduisez le despotisme pastoral.... C’est au moment solennel où il entre au service de l’Eglise
que nous nous adressons à la conscience
du jeune pasteur, que nous lui disong :
Voici la foi de l’Eglise, pouvez-vous l’accepter ? Nous présupposons chez lui non
la duplicité, mais la droiture. On nous a
dit: Il faut respecter la sincérité de nos
jeûnes pasteurs et le travail qui se fait
dans leur âme. Certainement, moi aussi
j’ai été jeune, j’ai traversé ces crises intérieures où la foi s’élabore, mais quçls
qu’siient été mes doutes, je n’ai
mis en question ce qu’on nous demande
de proposer aux candidats à la consécration. En vérité, si je n’avais pas cru que
Jésus-Christ est mort pour nos offenses et
ressuscité, je ne serais jamais entré dans
le ministère. cTrès bien J.
Nous Respectons la liberté des consciences par la largeur extrême de notre déclaration; sur cette base des faits évangéliques , chacun pourra édifier ‘ à sa
manière^ mais le fondement sera respecté.
Oui, il &ul respecter la conscience dea
5
-237
jcunes pasteurs, mais il faut aussi respecter celle des igaoraots , des malades,
des faibles, des mourauls, de tous ceux
qui ont besoin qu’on leur apporte des
paroles de vie et de vérité »....
M. Batiut dit, entr’aulres choses : « L’Eglise a-t-elle le droit de demander à ses
pasteurs l’adhésion à uue foi commune?
La déclaration que !nous proposons estelle le résumé de la foi de notre Eglise?
Sur le premier point M. Jalabert lui-même
est d’accord avec nous. Que contient notre
déclaration de foi?
1. L’autorité souveraine des Saintes Ecritures. Eh bien! y a-t-il ici quelqu’un
qui veuille nous imposer une autre autorité, par exemple celle de la raison ou
de la conscience? Y a-t-il quehju’un qui
veuille nous soumettre à un autre tribunal
que celui de notre Seigneur Jésus-Christ.
2. Notre seconde affirmation, c’est celle
du salut par la foi en Jésus-Christ mort
pour nos offenses et ressuscité. Eh bien !
sur ce point encore peut-il y avoir deux
opinious? Y a-t-il deux manières d’être
sauvés? X côté de la foi en Jésus-Christ,
placerons-nous nos œuvres, nos mérites,
notre repentir? Mais si nous ébranlions
ce principe, nous ne serions plus protestants; nous ne perions plus chrétiens;
3. En troisième lieu nous affermons les
faits chrétiens que l’Eglise rappelle dans
ses grandes fêtes. Pouvons-nous admettre
qu’on les traite comme des légendes,
qu’on lise les liturgies sans y croire? Si
nous l’admettions je ne dis pas que nous
ne serions pas chrétiens, je dis que nous
ne serions plus honnêtes. (Très bien J.
üoutoeUcs reltjgteu0e0
Bâle. — Les fêtes religieuses de Bâlej
qui ont eu lieu au icommencement doi
juillet ont été très fréquentées celte année.
Plusieurs missionnaires y ont pris part.)
Nous lisons dans la Semaine religieux:
Le point culminant des réunions a été
l’assemblée du.4 juillet à la cathédrale,
qui était remplie d'environ 4,000 personnes
et où dix jeunes missionnaires ont reçu
la bénédiction d’aiUbu. Pendant cet acte
solennel, tout l’auditoire s’est mis à genoux et le .silence le plus religieux ajoutait à l’émotion générale. Pendant la conférence de jeudi, et sur la proposition
d'un ami venu d’Amérique, les personnes
présentes ont souscrit la somme d’environ
40,000 francs, pour commencer à éteindre la dette de 168,000 francs ()ui pèse
sur l’œuvre des missions de Bâle.
Les jésuites de Metz et do Strasbourg
ont été avisés par le Gouveruement prussien d’avoir, en oxéculion de la loi d’expulsion volée par la diète de l’empire al
lemand^ à quitter dans le délai de six
mois, les établissements scolaires qu’ils
possèdent dans ces doux villes. Du reste,
la loi s’éxécute partout on Allemagne, et
les jésuites se réfugient soit en Gallicio
(Pologne aulrichienne) soit en Belgique.
f Eglise Libre J.
Entrevue de M. Stanley avec le D'^ Livingstone. — M. Stanley américain , entreprit, il y a bientôt deux ans, la recherche
du D‘ Livingstone. Il partit de Zanzibar,
le 23 janvier 1871, avec une forte escorte
armée, et arriva, apres bien des aventures,
en vue d’üjiji où se trouvait Livingstone.
Quand le cortège entra dans la ville, M.
Stanley remarqua, à sa droite, un groupe
d’arabes au centre duquel se trouvait un
homme de race blanche, pâle, à barbe
grise, et dont l’aspect contrastait avec les
visages brûlés par le soleil des personnes
qui l’entouraient. Il portait une jaquette
de laine rouge et une casquette de marin
galonnée d’or. M. Stanley reconnut à Tins
tant le D' Livingstone.
Son premiermouvement fut de se précipiter vers lui et de l’embrasser; mais il
était en présence des arabes qui, habitués
à cacher leurs sentiments, devaient être
disposés à l’estimer lui-même, suivant
qu’il saurait cacher les siens.
11 s’avança donc lentement vers le grand
voyageur, le salua et lui dit: « Le docteur Livingstone, je suppose!? » A quoi
celui-ci se borna a répondre : « Oui ».
Ce, ne fut que quelques heures après que
seuls ensemble, assis sur une peau de
chèvre, ils purent échanger leurs félicitaI lions et se raconter leurs aventures.
El
6
-538
M. Stanley put constater que le D' LiTingstone est très bien portant, plein de
force, inébranlé par les épreuves qu’il
a traversées et pressé de terminer la tâche
qu’il s’est imposée. — M. Stanley et le
docteur restèrent ensemble jusqu’au 14
mars dernier. A cette époque M. Stanley
partit pour la côte et laissa le grand voyageur à ses explorations qu’il doit continuer quelque temps encore.
/^Extrait de VEglise LibreJ.
F*erse. — La famine et la mortalité
qui en est la conséquence, ont considérablement contribué à diminuer le fanatisme religieux en Perse , et l’on voit approcher le moment oü l’Evangile, qui
produit chez les missionnaires protestants
de si beaux fruits de charité, pourra être
librement annoncé dans ces contrées.
Les Temples à Londres.
— Dans l’immense ville de Londres qui
compte plus de trois milious d’habitants,
le quartier central, connu sous le nom
de cité, est pour les affaires de banque
et de commerce , ce qu’est la ruche pour
les abeilles. Aussi les bureaux , les comptoirs, les magasins envahi.ssent-ils les maisons de cette partie de la ville, non seulement au rez-de-chaussée mais aux étages
supérieurs; le prix des loyers est considérable et les simples locataires pour logements s’en vont chercher un domicile
ailleurs. Mais quand vient le dimanche et
que les transactions et les travaux sont
suspendus, il n’y a presque pas de population dans ce quartier, et, par suite,
les temples qui s’y trouvent sont à peu
près déserts, tandis que , dans d’autres
localités leur nombre est insuifisant. Comment s’y prendre pour obvier à cette fâcheuse disproportion?-L’évêque de Londres
a eu l’idée d’employer un moyen tout-àfait héro’i'que. II a demandé et obtenu
l’autorisation de faire démolir six Eglises
d’en vendre les matériaux et le terrain,
qui ont une grande valeur j puis', d’en
employer le produit à élever des temples
dans les quartiers oii le besoin s’en fait
le plus sentir. Il espère ainsi, avec les
si* Eglises démolies, pouvoir en élever
douze autres.
LGS MiSBiotmiLi-EBS ni i/x SbCiitfi ni Biit
PRISONNIEBS CHEZ LES ACHANtlS. — ToUt
faisait espérer que la longue captivité de
M' et M'“‘ Ramseyer et de M' Kuhne touchait à sa fin, quand le 17 février dernier,
le roi des Achantis , pprès avoir eu une
entrevue avec M'» Ramseyer et Rühne,
dans laquelle il se montra bienveillant,
fit répondre au Gouverneur de la Côte
d’or qu’il ne rendrait pas purement et
simplement la liberté aux prisonniers,
mais qu’il les vendrait, selon la manière
de dire de ces gens, pour la sompie fabuleuse de 1,803 onces de poudre d’or,
soit 162,000 francs. Cette nouvelle fut un
terrible coup pour les pauvres prisonniers.
Cependant ces paroles : Demeure comme un
étranger dans ce pays, et je serai avec toi
et je te bénirai (Genèse 26, 3) ont été
pour eux une source de puissante consolation.
Le mlssiorxnair'e William. Ellis. — Le révérend William
Ellis est mort près de Londres le 9 juin
à l’âge de 77 ans. Il était entré de bonne
heure au service de la Société des missions de Londres, qu’il représenta d’abord
dans les îles de la mer du Sud ; il fut
plus tard nommé secrétaire de la Société
et occupa ce poste avec distioction pendant
plusieurs années. Mais ce qui l’a surtout
rendu célébré c’est la part qu’il a prise
à la résurrection des missions évangéliques de Madagascar. Après la mort de la
cruelle Ranavolo I, il fut envoyé par la
société de Londres à Madagascar pour y
étudier sur les lieux et préparer les moyens de reprendre l’œuvre si longtemps
interrompue. Malgré sou âge déjà avancé,
ce dévoué serviteur de Christ, qui avait
déjà visité deux fois Madagascar, non sans
danger, accepta cette tâche. Il consacra
plusieurs années à l’accomplir, et aujourd’hui tout le monde s’accorde à dire que
suù zèle et son expériénce consommée
sont un des moyens humains dont Dieu
s'est servi pour donner à cette œuvre l’éclat dont elle brille dans je monde religieux; Depuis son retour en Angleterre,
il a continué de s’occuper du méiite objet,
soilt eu stimulant le zèle des amis de l’œuvre, soit en correspondant avec les missionnaires , soit en publiant une Histoire
de Madagascar et ses trois visiies à Madagamr.
7
-239
Chtontquc @Iaubobe
Oollég© Vaizd-ols. Année scolaire
octobre 1872 à juillet 1873.
La tâche de grec et de latin comprendra
les objets suivants, savoir:
Pour les deux années de Rhétorique.
1. Traduction du Catilina de Salluste.
2. Traduction du chant 4" des Géorgiques
de Virgile.
3. Grammaire latine et traductions de l’i
talien en latin.
4. Trad. des deux derniers chap. V' et Vf
du livre I de la Cyropédie. Plus quelques dialogues de Lucien.
5. Trad. du chant If de l'Iliade.
6. Grammaire grecque et traductions de
l’italien en grec.
7. Antiquités grecques et romaines; la vie
domestique et la religion.
8. Géographie ancienne : Vltalie avec les
pays à l’Ouest et au Nord.
Pour les deux années de Philosophie.
1. Traduction do Cicéron, de Ojfkiis livre I.
2. Trad. de deux Satires et de deux Epi
très d’Horace.
3. Exercices do composition latine.
4. Traduction des deux premières Philip
piques de Démosthènes.
5. Traduction de V Iphigénie en Aulide
d’Euripide
6. Lecture du N. Test, en grec, avec in
terprétation et développement des
doctrines. Uom. ch. 1 à 8
7. Histoire de la littérature grecque et
romaine, 2* partie Pierron.
Synode d© l’Eglise Vaudolse. Nous rappelons à tous ceux que
la chose pourra intéresser, l'art. 17 des
Actes du dernier Synode, conçu en ces
termes: « Le synode régulier de l’Eglise
Vaudoise s’ouvrira désormais le 1' mardi
du mois de Septembre de chaque année.
Nous avons appris avec plaisir par le Journal de Genire que M. le pasteur Lasserre
et II: de La Goste ont été désignés par le
Synode de Paris pour représenter l’Eglise
retormée de France auprès de notre assemblée de septembre, et comme suppléants M, te pasteur Cambefort et M.
Reboul Garnier.
Rom©. Le dimanche 17juillot, la nouvelle chapelle de l’église évangélique vaudoise, de via dei Ponteflei, a été ouverte
à la prédication de l’Evangile. La salle,
pouvant contenir 250 personnes, est située
au rez-de-chaussée; ce qui fait espérer
un concours plus considérable, comme
cela s’est déjà vu dès le premier jour. Ce
local est le plus grand et le plus beau
qui ait été consacré jusqu’ici à l’évangélisation du peuple de Rome. Nous avons
lu avec plaisir une lettre publiée par M.
Ribet évangéliste à Rome, intitulée : Les
églises écangéliques italiennes et les manifestations politiques. Cette lettre adressée
à M. Lagomarsino, directeur du journal
la Chiesa Libéra de Milan, est une réfutation ferme et spirituelle des attaques
inqualifiables, dirigées par ce journal
contre M. Ribet et contre l’Eglise vaudoise.
Ces attaques n’ont cependant pas pour
auteur principal le directeur même de la
Chiesa libéra', mais, si nous en jugeons
par quelques uns des arguments, ou plutôt
des sophismes dont il fait usage, l’auteur
doit être quelqu’uu qui a appartenu autrefois, à l’Eglise vaudoi.se et qui, après
avoir profité de tous les avantages qu’elle
offre à ses enfants, la déchire maintenant
à belles dents , tout en s'en disant l’ami
à l’occasion, et s’efforce de la faire passer,
pour ce qu’elle n’est pas, avec le fanatisme
et la haine d’un sectaire.
Nous avons reçu quelques lettres sur le
Collège, le Pensionnat, l’Ecole Normale
et sur les promotions que nous ne publions pas in extenso, parcequ’elles ne
font en partie que reproduire ce que nous
avons déjà dit nous-mêrae. Nous aurons
soin cependant do reproduire’ dans un
prochain numéro les observations nouvelles et utiles, qui y sont faites. Nous eu
remercions en attendant les auteurs.
Cltrontquc pUttque.
Rom©. Le pape’, prévoyant que le
parti clérical sera battu à Rome et à Naples aux prochaines élections, s’exprime,
dans une de ses dernières allocutions, de
manière à en infirmer la validité : « Voyez,
dit-il, ce qui a lieu actuellement. Ils prétendent qu’il y a des soi-disant garanties,
que tout le monde est libre d’aller aux
urnes pour les élections administratives;
je vois cependant que cette liberté s’en
va en fumée. Un ministre (Lanza) envoie
une circulaire qui épouvante, la place
publique hurle et crie ; les garanties et la
liberté n’existent pas. Que chacun cependant fasse ce qu’il peut; qu’il suive le
conseil des gens autorisés, et .si l'on ne
réussit pas , ce sera une preuve de pitis
de l'hypocrisie des garanties et de üi liberté».
8
-240
La Gazzelta del Popolo de Turin propose
d'appli(|uer utilement en faveur des inondés du Ferrarais les 7 millions que le
pape a refusés et dont il ne paraît pas
avoir besoin. La proposition nous semble
digne d’être prise en considération.
Le journal VItalie, après avoir parlé du
vœu du Synode de l’Église réformée de
France pour la séparation de l’Eglise et do
l’Elat, et avoir constaté que c’est là oia tendent la plupart des nations de l’Europe, en
dehors de la Russie, continue en ces
termes ; « Faut-il voir là quelque chose
d’hostile à la religionNon certes ; nous
y voyons, au contraire, le retour à la religion, puis(|ue c’est le retour à la liberté.
La vraie religion lie les consciences individuelles par un lien spontané, tandis que
l’Eglise de l’Etat, c’est-à-dire la religion
politii|ue, enchaîne la' libre volonté do
rindiyidn et les actes du citoyen.
Voilà la liberté que devrait reconnaître
et proclamer le prétendu prisonnier du
Vatican, liberté do conscience pleine et
entière rendue plus pratique encore par
la séparation de l’Eglise et do l’Etat.
Nous avons le droit de réclamer une
part glorieuse dans ce progrès moral de
la Société moderne, puisque nous l’avons
rendu non-seulement possible , mais nécessaire en abolissant le pouvoir temporel^
Aujourd’hui il ne s’agit plus que d’appliquer ce principe qui, en donnant a chacun la responsabilité de sa croyance ,
l’oblige à réfléchir sur ses devoirs religieux , c’est à-dire à être vraiment religieu.v. Si Machiavel, qui a écrit que l’Italie
devait à l’Eglise romaine d’avoir perdu
sa foi, ressuscitait aujourd’hui, il pourrait
dire que l’Eglise catholique devra à l’Italie
d’avoir recouvré sa liberté , liberté qui
permettra aux italiens de retrouver leur
croyance d’autrefois.
Toutes les libertés sont solidaires; ce
sera la liberté religieuse qui fera renaître
dans les âmes le sentiment du devoir,
comme la liberté polili(|ue a réveillé celui
du droit. L’une est [le complément de
l’autre.
— En suite de provocations des cléricaux, il y a eu des cris et du tumulte a
Rome sur la place Navona. La police est
intervenue et a fait quelques arrestations,
enir'autres celle d’un prédicateur, appelé
Elbani, lequel, après avoir servi dans l'armée pontificale, se serait fait protestant,
dit le correspondant du Corriere di Milano.
et se donnerait le titre de paalore eeaugelico. Le tribunal correctionnel a condamné Elbani, comme promoteur des
désordres do Piazza Nacona à un mois
de prison. — La tranquillité est rétablie
à Rome.
Aiiemagno. Une partie du haut
clergé en Alle'magne et eu Autriche, com
rao aussi une partie du journalisme se prononce pour les gouvernements contre le
jésuitisme et l’ultramontanisme, et se soumet aux nouvelles lois concernant l’instruction et contre les jésuites.
France. M. Thiers continue à faire
preuve d’une activité extraordinaire. Les
bruits de conjuration royaliste, ¡surtout
légitimiste et napoléoniste contre lui ont
été démentis, mais il n’y a pas de fumée
sans feu. — M. Lefranc ministre de l’intérieur a inauguré l’exposition de Lyon.
Il y a eu à la Chambre des séances très
orageuses dans lesquelles les questions
financières ont été mêlées à la question
politique et particulièrement à celle de la
forme de gouvernement. La gauche a soutenu M. Thiers qui se prononce de plus
en plus pour la continuation de la forme
républicaine et grâce à la gauche aussi
le président réussira à rétablir le système
protectionniste et spécialement l’impôt sur
lesmatières premières.
Oenève. Le tribunal des arbitres a
recommencé ses séances.
Ziicicli. Le tir fédéral a commencé;
grand concours de suisses et d’étrangers.
Brésil. Une guerre est imminente
entre le Brésil et la République Argentine
qui s’étaient entendus pour la faire au
Paraguay, mais, ainsi que cela a lieu
souvent, ne s’entendent plus pour se partager le butin.
Espagne. Dans la nuit du 19 au 20
courant, pendant que le roi et la reine
d'Espagne se retiraient des jardins du
Reliro et rentraient au palais royal, cinq
hommes dans le chemin de VArenal ont
tiré des coups de feu sur le carrosse de
Leurs Majestés qui ont été providentiellement gardées. La police a ,lué un des
assaillants et en a fait deux prisonniers,
l’un d'eux est blessé. L’indignation est
générale ; la population parcourt les rues
et va s’informer de ce qui est arrivé. —
LL. MM. parfaitement tranquilles ont reçu
les ministres et les autorités civiles et
militaires. — Des corporations et des personnes de toutes les cla.sses .se sont rendues au palais pour témoigner de leur
attachement. S. M. le roi partira, comme
il l’avait projeté, pour les provinces du
Nord. — Le syndic de Turin a immédiatement envoyé au roi d’Espagne et a Victor-Emmanuel l’expre.ssion dos sentiments
de respect et d’affection. — Rome a illuminé spontanément. Les adresses à Victor
Emmanuel et au roi Amédée arrivent de
tous côtés.
E. M.vLiN Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Chiantore.