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Quatrième Année.
28 Juin 1878
N. 26
LE TÉMOIN
ÉCHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous me serez témoins. Actes 1, 8.
Suivant la vérité avec la charité. Ep. I, 15.
PRIX D’ABBONNEMENT PAR AN Italie . . . . L. 3 Tous les pays de PUnion de poste . . . .6 Amérique ... .9 On s'abonne: Pour \Intérieur chez MM. ^les pasteurs et les libraijres de Torre Pellice. Pour VExtérieur Bureau d’Ad- ministration. Un numéro séparé : 10 centimes. Annonces :25 centimes par ligne. Les envois d’argent se font par leti/re reiommandèe ou par mandats Sur Je Bureau de Pe- nosa Argentina.
Pour la RÉDACTION adresser ainsi: A la Direction du Témoin, Pomaretto (PineroloJ Italie,. Pour l’ADMINISTRATION adresser ainsi : A T Administration du Témoin, Pomaretto (Piij6rolo)Italie,
SomixiaJre.
L’insuffisance de l’inslructipn. — Cou-,
flance en Dieu. — Tes péchés sont connus I
— La famine.,
velles
Avis.
Correspondance. — Nou— Berne politique —
L’insuffisanciB d« l’iiislriiclbn
« L’ignorance toujours mène à la
servitude ». « Les chiens ne lisent
pas, mais la chaîne est pour eux »,
Cette leçon » du bon dogue » au
petit écolier lui a été bonne,
puisque « dans le mois des fruits il
lisait couramment». Suffira-t-il donc
de savoir lire pour être un homme
libre et heureux, en même temps
qu’un membre utile de la société?
Beaucoup de gens, de tout pays,
mais tout particulièrement en Italie,
raffirment à tout propos, et sans
doute ils le croient. L’instruction,
' disent-ils , est le remède à tous
les maux, entr’autres, A la superstition et au fanatisme. C’est grâce
à l’ignorance du peuple que les
prêtres ont pu le conduire pendant tant de siècles , comme un
troupeau de brebis, muettes et sans
intelligence. Commeint n’aurait-ils
pas été tout-puissants si les neuf
dixièmes de leurs ouailles étaient
illettrées pendant que l’autre dixième était d’accord avec eux
pour les' exploiter impitoyablement ?
Multipliez les écoles , mettéz
rinstruction primaire à la portée
des>plus pauvres, rendezrla même
obligatoire pour eux , car il est
permis de leur faire violence dans
leur propre intérêt, comme le font
souvent les pères à l’égard de
leurs enfants, et vous relèverez
moralement aussi bien que matériellement ces classes si nombreuses
encore des déshérités- .Et si à
la rigueur, sous les régimes despotiques l’ignorance était un des
fondements des gouvernements,
dans notre ère de liberté l’instruc|ton universellement répandue
est la condition absolue de la stabilité et du progrès.
Tout cela est vrai, peu de personnes le mettent en doute et ce
n’est cert€®, pas pous qui contesterons l’obli||ation imposée apx gouyemcment%âussi bien qu’à tous les
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citoyens revêtus de quelque capacité en cette matière, de veiller
à ce que le pain de l’instruction
soit distribué en abondance dans
tous les rangs de la société. Nous
hâtons de nos vœux les plus ardents la venue du jour où , sur
les 200 millions que l’Italie dépense pour l’entretien de son armée
50 seront laissés dans la poche
des contribuables , tandis'que 50
autres seront répartis entre l’instruction et l’agriculture, mais nous
n’avons garde d’espérer, qn’après
un demi-siècle d’un pareil régime,
notre chère patrie sera nécessairement plus riche et plus heureuse.
Il y a fort longtemps que dans
la plus grande partie de l’Allemagne, en Prusse en particulier,
l’instruction élémentaire est obli
gatoire , que l’instruction supérieure est répandue comme elle
ne l’est nulle part ailleurs, La
Suisse et les Etats-Unis ne^ lé cèdent guère à l’Allemagne à cet
égard. Qui oserait affirmer aujourd’hui que, grâce aux progrès
de l’instruction, l’une ou l’autre
de ces nations est près d’atteindre
le but auquel l’Etat moderne doit
tendre ?
Ce n’dtait pas une tourbe ignorante que ces milliers de citoyens
de la libre Amérique qui, pendant au moins quelques semaines,
ont occupé, saccagé et détruit à
plaisir un grand nombre de gares
de chemins de fer et d’édifices
publies, et fait trembler même
des villes considérables. — 11 est
certainement instruit, car il doit
être muni d’un diplômé de capacité , cet instituteur z|rieois qui
ouvre son. école, co-Êome suit ;
« Prions ! et quand les écoliers sont
debout ; combien font deux fois
deux ? Quatre, répondent-ils. C'est
cela, asséyez-vous , nous avons
prié ». Pense-t-on que d’une école
d’impiété, puissent sortir des citoyens vertueux et dévoués à leur
patrie ?
Et enfin cet homme, si tristement célèbre déjà , ce Nôbiliug ,
qui, calmement, froidement, sans,le moindre tremblement dans la
main, a pu tirer deux coups de
feu à la tête d’un vieillard auguste,
objet de la respectueuse admiration du monde entier et de Tardent amour d’un grand peuple ;
ce Nôbiling n’est pas un ignorant.
C’est uii docteur en philosophie,
un homme très intelligent et très
instruit , un misérable duquel on
ne pourra pas dire, comme de
certains criminels pipreils. qu’il a
été un insifumétit 'aveugle et^'inconscient dans les mains de gens
plus mauvais^ que lui.
Et si, après ce coup d’œil jeté
au dehors, nous revenons à notre
propre pays, ce n’etait pas un sot
ignorant que cet homme qui, après
avoir joué un certain rôle politique, a été condamné pour assassinat aux galères à vie. Et si la
chose pouvait être de quelque ütilité, quelle longue liste de noms
plus ou moins propres, de morts
aussi bien que de vivants , ne
pourrions-nous pas publier pour
démontrer que l’instruction sëule
est quelquefois plus funeste que '
bienfaisante à ceux qui la possèdent aussi bien qu’à la société
à laquelle ils appartiennent, « La
science enfle , a dit St. Paul, la
charité seule édifie», où'ôncôt'e:
Quand je parlerais toutes les 'lan-
3
■-203.
gués des hommes et même des
auges.... Quand j’aurais toute sorte
de science , — si je n’ai pas la
charité je ne suis qu’un airain
qui résonne et une cymbale retentissante». — Or la charité est.
tout d’abord, l’amour pour Dieu,
qui nous a aimés le premier, puis
l’amour pour le prochain. — Ce
qui nous remplit d’une douloureuse
inquiétude c’est la pensée que beaucoup d’hommes , parmi les plus
compétents en fait d’instruction ,
5ont assez aveugles, ici’et ailleurs,
pourrbannir de l’école élémentaire
toute notion religieuse positive ,
estimant que chacun devra plus
tard se former soi-même ses convictions et choisir sa propre religion. Ainsi l’on veut bien « instruire le jeune enfant dés l’entrée
de sa voie», mais sans lui parler
de son âme , de la seule chose
nécessaire, de son créateur et de
son Sauveur, L’instruction qu’on
lui donne est simplement
car on ferait grand tort à l’antiquité grecque et romaine, en supposant que les principes de la
morale [usuelle , le respect de la
propriété, la véracité, l’amour de
la patrie , n’étaient pas inculqués
à la jeunesse dans les écoles. —
C'est la crainte de l’Eternel qui
fait haïr le mal ; la crainte ou le
respect humain sont une barrière
parfaitement insuffisame contre le
débordement des passions. — On
s'étonne, on s’afflige, on se scandalise, dans les pays les plus privilégiés sous le rapport de la
culture intellectuelle, lorsque l’on
voit certaines manifestations grossières et brutales de la perversité
humaine, comme si elles avaient
dû devenir iæpoesibles, et l’on ou
blie que l'on a lentement et longuement sapé et miné le seul vrai
fondement de l'ordre, de la liberté
et du progrès durable.
Ce sera bien pis encore lorsque
certaines traditions de probité et
de moralité qui se sont maintenues jusqu’ici au sein de beaucoup de familles, surtout dans les
classes inférieures, auront disparu
sous l'action réunie de l’école .
de la caserme et d’une mauvaise
presse. L’évangile seul est le sel
capable de préserver les individus
comme les peuples , de la dissolution vers laquelle iis s’élancent
dans leur insatiable soif de jouissances ; seul il peut les garantir
de la ruine à laquelle ont abouti
toutes les plus riches civilisations
anciennes.
Et c’est précisément cet évangile que l’on repousse, dont on
se défie , que l’on travaille en tant
de lieux à bannir de l’école et à
rendre méprisable aux yeux des
nouvelles générations !
Tionflance en Dieu
Le pasteur Auguste Schultz qui
demeurait près de Berlin , avait
un petit salaire; mais lorsque l’occasion se présentait de soulager
les pauvres, le serviteur de Dieu
donnait généreusement. On lui reprochait, peut-être avec quelque
raison, d’être extravagant dans la
distribution de ses aumônes. Mais
s’il donnait trop , U te faisait par
amour pour Dieu, et Dieu ne l’oubliait pas.
Il arriva un jour, et ce n’était
pas la première fois, qu’il n'y avait
dans sa maison ni un seul morceau
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^.504^
de pain, ïii un sou pour en aeheter.
Schulte pria sa fettime de préparer
la table. ’
— Mais, mon cher, lui réponditelle , tu oublies que nous n’avons
rien à manger.
Sois tranquille, répondit le
fidèle serviteur de Dieu, le Seigneur peut nous donner ce dont
nous avons besoin.
La table fut mise, mais il n’y
avait rien sur la nappe blanche
qui la couvrait.
Le pasteur et sa femme prièrent,
lis^n’avaient pas terminé leurs supplications qu’un char lourdement
chargé vint s’arrêter devant leur
porte. 11 était rempli de pain et
de provisions de toute sorte que
quelques amis chrétiens envoyaient
au digne pasteur dont la bienfaisance était connue ide tout le
monde. Ces dignes serviteurs de
Digu comprirent une fois de plus
que le Seigneur n'oublie pas ceux
qui se confient eu lui.
Tes péchés sont connus!
« Tu as mis devant toi nos iniquités, et devant la clarté de ta,
face nos fautes cachées » (Ps. xc, 8). i
Voilà des paroles terribles pour
celui dont les péchés n’ont pas
encore été pardonnes. Nos péchés
les plus cachés sont tous connus
du Seigneur. Les plus respectables
d’entre les hommes doivent confesser d’avoir fait un grand nombre de choses que la conscience
leur reproche. Et combien y eu
a-t-il dont iis n’ont tenu aucun
compte et qu’ils ont oubliées entièrement! Tout cela est placé devant Dieu, il n’y a pour lui rien
de caché. Cette pensée nous semble
de natnra à faire trembler les plus
audacieux.
D’un autre côté , ce qui éffraÿe
le pécheur endurci, semblé fait
pour consoler et réjouir celui dbnt
les iniquités ont été effacées par
le sang de Christ. Un grand nombre
de nos péchés ne nous sont pas
connus, nous les avens oubliés;
cela Veut dire que nous né lès
avons pas confessés et que nous
ne nous en sommés point repentis
Que nous'en¡ayons connaissance', ou
non, ils n’en pèseraient pas moins
dans les balances dé PEternel,
Mais Die-u les a vus, il les a placés
devant la clarté de sa ,face , il a
promis de les effacer tous. Le sang
de Jésus-Christ son Fils nous'purifie de tout péché. Cette promesse
ne s’applique pas seulement aux
péchés dont nous avons connaissance, mais â tous tíos péchés, à
ceux que nous avons notés et à
ceux que Dieu lui même a notés.
Penses-tu , cher lecteur, que tes
péchés soient en si grand nombre,
si graves et si abominables qu’il
ne puisse plus y avoir d’espérance
polir toi ? — Prends courage à 'la
pensée que Dieu connaît tés péchés
bien mieux que 1x)i, et les connaissant ii n’en promet pas moins de'
les effacer par le sang de son Fils
si tu as pleine confiance en Lui.
La famine
Nous rappelons avec reconnaissance ce que nous disait naguère
un bon vieux paysan vaudois pour
nous exhorter à être content de
la position où Dieu nous avait
placés. Si vous regardez aux riches
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-.S05
de la terre, no«s disait-il, vous
vous imaginerez facilement d’être
moins bien partages qu’eux; le
de'couragement s’emparera de votre
cœur, Satan y fera naître des
pensées de murmure et mettra sur
vos lèvres des paroles de plainte.
Vous vous sentirez malheureuxSi au contraire vous regardez à
ceux qui sont plus pauvres que
vous, à ceux qui souffrent, vous
sentirez le besoin de bénir Dieu
et de le remercier pour vous avoir
accordé bien des choses que
d'autres n’ont pas, et pour vous
avoir épargné les souffrances auxquelles d’autres sont exposés. Ces
pensées se sont imposées à notre
esprit pendant que nous lisions les
détails suivants que donne le
North China Herald sur l’affreuse
famine qui fait tant de victimes
dans quelques provinces de l’Empire Chinois.
La sécheresse qui a duré pendant
plusieurs années a produit une
famine comme personne ne peut en
rappeler une semblable. Les classes
¡inférieures de la société ont été
les premières à en souffrir; elles
ont presque complètement disparu, car ceux qui ne sont pas
morts ici se sont dispersés pour
aller chercher de la nourriture
hors de leur pays ¡natal. ,t— La
famine a maintenant attaqué les
claésés plus aisées; les riches à
. leur tour sont réduits à l’extrémité,
ils meurent en grand nombre, ou
se dispersent comme l’ont déjà
fait les pauvres pour aller chercher
du pain ailleurs. Ces infortunés
en sont venus au point de se
nourrir de chair humaine. Ils ont
commencé par dévorer la chair
des morts, ensuite, le fort dévorait
h faihh, et'maintehant la détresse
a augmenté au point que les
hornpies dévorent même leups
proches, çeuæ qui sont os de leurs
os et chair de leur chair. L’on
n’a pas de souvenir d’un état de
choses si terrible, et si des secours
prompts et abondahts n’arrivent
pas, cette région sera hien^t
dépeuplée. Les ressources locales
sont entièrement épuisées, les
greniers sont vides, la caisse ipubiique est à sec, plus d’impositions
possibles et partant plus de revenus.
Les quelques riches qui se trouvent
encore dans le pays ont donné de
l’argent et en ont prêté, tant qu’ils
en avaient, mais maintenant-il n’y
en a plus, même pour eux.
Correoponïrançe
... le l8 juin 1878.
Monsieur le Directeur^
Peut-être ai-je été mal compris, lorsque, à un mm de l’argent, j’ai opposé
dans ma lettre du 6 courant, un
homme négligent et pâresseux, comme
si j’avais voulu affaiblir en quoi que
ce soit ce qu’un autre eorrespondant
avait dit de l’avarice.
Loin de là, je déclare que je sous*
cris sans réserve à tout le contenu de
sa lettre. Mais voici quelle était alors
mon idée, et quelle est encore aujourd’hui mon but en vous adressant celte
seconde lettre.
Je connais beaucoup de gens qui se
félicitent eux mêmes et se font même
un mérite de n’être pas avares comme
tant d’autres, ce qui ne les empêche
pas d’ètre les esclaves de vices honteux
qu’ils ne déplorent ni ne tomballeat,
011 de passions plus subtiles dont le
joug leur est doux. J’ai parlé de l'homme
paresseux et imprévoyant; laissez-moi
dire un mot aujourd’hui de l’homme
qui ne respecte pas la vérité. U e&l
6
-206.
très vrai que dans l’eBrayanle lisle
des péchés qui excluront de l’entrée
dans le royaiinre des cieux , la place
d’honneur revient, d’après S‘ Paul, à
Pavarice ; il ne faut pas oublier loulefois que celle passion, redoutable entre
toutes, se trouve en très nombreuse
compagnie pour faire la guerre aux
âmes. Les menteurs, mm est-il dit,
aussi bien que les avares, les adultères
et'les calomniateurs n’bérileroni pas
le royaume de Dieu. L’on pourrait
presque aiïirmer que c’est le mensonge
auquel le Sfiuveur donne la première
place entre les, obstacles au salut et
parmi les'ennemis dè son évangile.
L’inle des paroles les plus dures qui
soient sonies de sa bouche divine est
celle qu’il adresse aux scribes et pharisiens hypocrites, sépulcres blanchis
qui n’ont que l’apparence de la pureté
mais qui', au dedans, sont pleins de
pourriture. « Le père dont vous êtes
issus, leur dit-il, c’est le Diable », ~
or le Diable est non seulement meurtrier dès le conpTienceraentU est surtout rheriiéur ël le père du mensonge.
Que le père du mensonge soit l’ennemi irreGonciliable de la vérité ,
comme les ténèbres le sont de ja lumière , cela est trop évident, et que
Phommei adonné au mensonge demepre élriangeti; au royaume de Dieu ,
c’est ce qui', 'â Jîies yeux , est tout
aussi éyiaenl.' En effet,: là condition
première pour ienirer dans ce royaume,
’pour demander et obtenir le pardoHi,
c’est d’être sincère avec soi-même et
avec Dieu., Le malade qui ne veut pas
seiirendre compte de son mal et en
cachei les symptômes au médecin, ne
peut! s’en prendre qidà lui-même s’il
nloBUent pas la guérison désirée*
« Quand je me suis lu, mes os se
sont çonsumés... ,)je L’ai.fait connaître
mOUipéché et je n’ai point caché mon
iniquité. J’ai dit : je ferai confession
de mes .transgressions à l’Eternel et
,lu as ôté ,1a peine de mon 1)éché »,
Ps.jxxxiiv Le premier acte vraiment
eiTicace par lequel, le menteur déclare
■la.guerre à son péché dominant, c’est
,fa-confession qu’il .en fait.à Dieu et la
•prière d’en être délivré. Une fois entré
.dans cette voie, il nç doit pas s’arrêter;,
après avoir parlé en vérité à Dieu , il
parlera en vérité à son prochain et
travaillera à se déponiller de tout mensonge sachant que c’est par ce côté
là surtout qu’il retiendrait sa parenté
avec Satan , le père du mensonge.
Jusqu’ici je ne vois aucune diiïîcuilé
et la chose me parait aussi claire que
raisonnable. Là où je commence à
hésiter et à douter, c’est lorsqu’il s’agit
de certains défauts très grèves dont
on a le tort de ne pas se défier et qui
n’en sont pas moins, à ce que je crois,
des cousins germains, si ce li’est des
frères du mensonge. Je n’en nomme
que deux , assez connus malheureusement , qui compromeltent indubitablement. le progrès de la vie chrétienne,
si même ils ne sont pas inconciliables
avec elle; ce sont la flatterie &\. l’exagération.
Bien de moins édifiant que d’entendre parfois, en très bons lieux Cl
prononcés par des bouches très autorisées , des éloges plus ou moins sihcères et plus ou moins mérités, à
l’adresse de frères, présents ou absents
qui, à la première occasion se feront
un devoir de les rendrè avéc usure.
C’est une assurance nniluelle de compliments et d’éloges qui, même lorsqu’ils sont le plus sincères, ne sont
jamais exempts de péché. Si l’Apôtre
dit au chrètieri : « qu’as-lu que tu ne
l'aies reçu, et si lu l’as reçu pourquoi
l’en glorifies — tu. comme si tu ne
l’avais pas reçu? » son avertissement
s’adresse tant à celui qui céderait à la
lenlation de se louer lui-même, qu’à
celui qui se ferait dispensateur de
louanges. — A plus forte raison celui
qui caresse, dans des vues intéressées,
ou méchantes, la vanité de son prochain , fait-il une œuvre qui contredit
l’essence même de l’évangile. — Ün
flatteur peut-il être chrétien ?
Si l’égoïsme, naturel au cœur de
l’homme, empêche le nombre des flatteurs de s’accroître outre mesure, il
n’en est pas de même de l’autre travers
que j’ai nommé c. à. d. de l’exagération. Ce n’est pas sans un certain embarras, que je me suis arrêté à ce défaut, ou à ce vice, car je n’ignore
pas que l’on a quelquefois accusé la
7
Bible d’en avoir donné la première
l’exemple, surloiU dans les livres du
Vieux-'reslaroent. Sans entrer à ce sujet
dans le moindre détail et sans alléguer
les arguments par lesquels la Bible est
surabondamment justifiée de cette accusation, il suffit à mon but d’observer
que nous ne, sommes pas sous la loi,
mais sous l’Évangile et que le Nouveau
Testament donne le modèle en même
temps que le précepte de la plus sobre
véracité. Ce que le Sauveur et ses disciples disent, c’est ce qu’ils veulent
que l’on comprenne ; rien, de plus,
rien de moins. — Or n’nst-il pas vrai
3u’il y a de nos jours des hommes se
isant chrétiens ('peut-être ont-ils comméncé de l’être) qui ne savent rien
dire simplerriènt et clairement, pour
qui la grammaire n’a pas trois degrés,
mais un seul, le superlatif? Le chat
est une panthère,de bruit d’un char,
iin.lrèrqblemenl de terre, et le moindre
discours un modèle d’éloquence, ou im
mi’sérable ,bavardag-e ; l’un ne coûte
pas plus que l’autre à affirmer. Comme
on est très embarrassé lorsqu’on a à
ftire à de pareilles gens, je me suis
demandé quelquefois si, lorsqu’ils parlent à Dieu pour leur propre compte,
ils le font dans le même langage ampoulé et exagéré, et dans ce cas,
comment il leur est répondu. J’avoue
que c’est peut-être une curiosité indiscrète; mais je ne puis rn’en défendre.
Y a-t-il rien de plus important que
la ndture de nos rapports avec Dieu,
et les conditions à remplir pour être
aidéSidans le besoin? La sincérité m’a
toujours paru un point capital , une
condition aussi nécessaire que la faim
et la 'soif pour'êlre rassasiés et désalléfés. Je conclus en disant à mes frères'^
ayez l’œil aussi de ce eôté là si vous
voulez ne pas être surpris.
. Éardonnez la longueur de ma lettre
et si vous le jugez bon, partagez-la.
f'oire très dévoué
X.
-.20'
i; ■'!'
liowioeUee r^ltjgteuôe©
Genève. — L'n attendant d® pouvoir parler de l’Assemblée annuelle de
la Société Evangélique à laquelle ont
eu le privilège d’assister deux délégués
de notre Eglise, nous erapfûhtons à
la Semaine Religieuse quelques détails
du plus haut intérêt fournis'''par'M.
Paul Bouchard, ancien Mairè deBeaüile,
datas la séance du 19 courant consacrée à l’œuvre des protestants dissë^
minés.'M. Bouchard estime que notas
sommeè arrivés à un moment stalennel
de l’hisUoire; les esprits sont attirés
vers- la question religieuse, et, depuis
le moment où lui-même a Wmpu’avec
l’Eglise romaine d’une manière’écîâtante , de grands 'pas ont étéAux conférences de Paris, auxqiiélîes
if a eu le plaisir d’assister, M. Bouchard
à trouvé chez les protestants un fond
commun qui les unit malgré leurs dissentiments, et il compte sur eux pour
l’œuvre qui réclame leur concours.
Le catholicisme travaille avec la librepensée',? quoique différemment', âf détruire le sentiment religieux'; c’est’.cë
qu’on comifience à comprendre de plus
en plus. M. Turquet, député de l'Aisne
s’est déclaré protestant et a en) rainé
avec lui sa famille. Malgfé cela , sa
réélection comme député , faite sur le
terrain religieux, lui a assui'é 1000
voix de plus qu’à la première élection.
La même chose est arriyée-ià M.
Bouchard, qui a eu 600 voix de plus
lorsqu’il a été renommé conseiller générai de'la Côte d’Or. Un autre député,
M. Vilain, a aussi passé au prpiestanlisme. Un village entier de l’Aisne
a réclamé uii pasteur à M. T;ùrquet,„
et on''va le lui accorder, après l’avoir
soumis (le village) à neuf mois d'épreiive. La ville de S‘ Quintm esf prête
à passer à la réforme. Pour'pourvoir
à l’œuvi'C qui s’impose b notas, nous
avons la foi ;*'Or Jésus 'a dit qù’®*'®
peut soulever les montagnes.^ A jotas
confiance’*et courage, et réponddns
aux besoins des foules qui spuffreril,
qui ont faim et soif de la vérité, '
8
Des applaudissemenls accueillent les
paroles de M. Bouchard et lui expriment
(a vive sympathie de l’assemblée.
IKeuue poltttique.
it^Ue. — La Chambre des députés
continue l’examen desbwdgets; elle a
longuemeat épluché celui de la Guerre;
si elle continue de ce pas, elle en a pour
tout le mois'de juillet à discuter les
questions qui se rapportent aux budgets de l’Intérieur et des finances. Cependant les rangs des honorables de
Montecitorio, s’éclaircissent toujours
plus de jour en jour.
On assure que la santé du pape laisse
beaucoup à désirer. Ses médecins||.lui
conseillent de quitter le Vatican pendant les mois d’élé; mais ceux qui
ont intérêt à le faire passer pour prisonnier et qui, de fait, le retiennent
comme en prison au Vatican ¡ ne Iqi
permettent pas de taire usage de sa
Ubené.
Les électionsadministralives de Rome
auxquelles le parti élérical a pris part
d’uB manière compacte, ont été favorables au parti libéral. Sur 10000 votants
les libéraux ont eu plus de 6000 voix
et les cléricaux environ éOOO. Toutefois
deux conservateurs fpour ne pas dire
cléricaux, ont été élus. —^ La moitié
des électeurs seulenitenl ont pris part
au scrutin. i
— L’empereur se rétablit et se fortifie chaque jour. Tour
lefois il ne peut et ne pourra peutêtre pour longtemps faire usagé de
ses bras.
Le procès de Hoedel, l’auteur du premier àttentat contre Cempereur va
commencer.
ie Çongr^, — Le silence ayant été
recommandé aux membres du congrès
on ne_ sait rien de sûr et de positif
ad sujet des questions qui sont traitées
dans le grand aréopage éuropéen. On
a appris cependant que lord Beacongfielo, ap nom de l’Angleterre, a fait
des limUes de la Bulgarie ^, une cod'
dilion de la' continuation du congrès.
La Russie a cédé et la Bulgarie aura
pour bornes , au Sud , les Balkans ,
dont les passages appartiendront encore aux Turcs. — Mais la Bulgarie
an Sud des Balkans sera déclarée autonome et ne sera gardée que par
des troupes bulgares, .é l’exclusion des
troupes turques. — 11 y aura ainsi
deux provinces bulgares; l’une eiuièrement indépendante de la Porte, au
nord des Balkans, l’autre vassalle de
ceUe dernière au Sud.
A. vis.
M. Prochei, président de notre Comité des Missions, a transmis à tous
les pasteurs des Vallées, avec l’avis
et les conditions d’un concours ouvert
pour les écoles du dimanche, une
liste de 25 questions à résoudre par
les élèves de ces écoles, qui aspii^nt
à l’un des prix proposés. Si l’ufi ou
l’autre de ces envois n’était pas arrivé à son adresse , MM. les pasteurs
seraient priés de le réclamer auprès
de M. Prochet.
En publiant cet avis et en exprimant notre très sincère l'econnaissance
à toutes les personnes qui, de quelque
manière que ce soit, s’intéressent
à la prospérité des écoles du tjimancbe
de la Mission et des Vallées, nous ne
pouvons pas cacher notre regret que
le concours proposé le soit à celte
saison. Pendant les mois de l’été bon
nombre de nps paroisses ne parviennent qu’à grande peine à retenir dans
les écoles du dimanche la moitié ou
le tiers des enfants qui les fréquentent î pendant l’hiver, si même quelques unes ( dans les paroisses qui en
ont plusieurs ) ne doivent pas être
fermées,
Errbst Robkrt, pérant et Administrateur
Pignerol, Impr. Chiantore et Mascarelli.