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Première Année.
15 Janvier 1875.
A'. 2.
Oouraal de T Egalise Evang-élique Vatadoise
Paraissant chaque Vendredi
Fou* me- serez témoins. Actes I. 8.
Suivant la vérité avec la charité.
Un Numéro séparé; 10 cintimés.
Annuiices à la 4.e page '2S ceuiimes par ligne.
On reçoit pour abonnements et
insertions des timbres-poste de
tout pays.
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>^ommalr*o.
Avis important. - 1,’Rglise vauiioise et
l’Evangélisalion italienne en 1850 et 1874.
- ■ La aociélé Gnslave-Adolpbe. — Correspondance. — DéeUiration. — Chronique
Tttndoine. — Reçue Politique.
\y\s imporfant
Ce Num" est encore envoyé
à tons les anciens abonnés de
VEcho, ainsi qu’à beaucoup
d’autres personnes; les suivants
ne le seront qu’aux abonnés
effectifs.
L'EGLISE VAfjÜOISE
ft rEvaDgéNsalioo Italiegne
on 1850 et 1874
Une prédication mensuelle en
langue italienne, à partir de la fin
de septembre 1849, dans la chapelle de la nouvelle paroisse Vaudoise de Tarin; en juin de l’année
.suivante, le prêt pour un temps,
de deux ministres vaudois , Messieurs B. Malan et P. Geynionat, j
aux frères de Toscane, venus de- !
puis plus ou moins longtemps à j
la connaissance de TEvangile; en |
novembre de cette même année , ^
l'œuvre provisoire de Turin, de- '
venue définitive par l’envoi d’un j
évangéliste à poste fixe dans cette |
ville... c'était, en fait d'évangélisation proprement dite , tout ce
(jui, à celle date de 1850 , avait
été entrepri.s en, Italie pour Je
compte et au nom de l’Eglise
Vaudoise.
Dès lors, vingt-quatre ans se
sont écoulés; vingt-quatre ans.
c'est-à-dire, un laps de temps relativement très-court, quand il s’agit d'une œuvre de cette nature;
relativement très-court, quand on
réfléchit qu’une bonne partie de
ce temps a dû être employée soit
à préparer les matériaux, soit à
déblayer le terrain, soit enfin à
creuser les fondements, plutôt qu’a
édifier ~ et voici pourtant, puisés
aux sources les plus authentiques,
les résultats bénis que ce laps de
temps, si court, nohs a mis dans
le cas de coiislaier.
En premier lieu, une Ecole de
théologie implantée au cœur même
de rilalie . à Florence, et de laquelle (à partir de la troisième
année après sa fondation en 1856)
sont.sortis, chaque année deux,
trois, ou même quatre licenciés
en théologie , la presque totalité
desquels ont été consacrés bientôt
après au Saint Ministère, et sont
entrés comme ouvriers dans le
champ de TEvangélisation
En deuxième lieu, un« typographie, La ClaudUna, fondée tout
d’abord à Turin et transportée
plus tard pareillement à Florence,
et de laquelle sont sorties à l’heure
qu’il est, au moins cinq-cent publications différentes, petites ou
grandes, parmi lesquelles une superbe Bible, version de Diodaii,
grand 8", avec références et stéréotypée; L'Arnicu di casn almanach illustré , tiré chaque année
à 40 ou 50 000 exemplaires; L'Amico dei Fnrndulli '^onrna\ hebdomadaire pour les école.s du Dimanche à 10.000 , et î.'Eco délia
Verità journal également hebdo
madaiee de 16 colonnes in 4°, à
1500 ou 2000 exemplaires.
En troisième lieu, un champ
d’activité s’étendant du pied du
Mont-Blanc à celui de l’Etna, de
Courmayeur à Catania, et embrassant soixante-seize localités différentes, dont 33 (parmi lesquelles
Rome ! ) possèdent des Congrégations régulièrement organisées ,
avec Pasteurs, Anciens et Diacres;
13 sont des simples stations d'Evangélisation, ayant chacune à
leur tête ou un Ministre, ou un
Ëvangélistâ laïque, et'30 autres
sont des localités plus ou moins
régulièrement visitées par des
agents du Comité directeur de
cette œuvre.
En quatrième lieu, des temples
plus ou moins vastes, érigés à
neuf,- on acquis à prix d'argent.
dans onze localités différentes :
Pinerolo, Torino, Genova, Favaie,
Guastalla, Venezia, Firenze, Pisa,
Livorno. Rio-Marina et Messina;
et dans sept autres: Courmayeur,
Aosta, Pietra Marezzi, Terrazza ,
Castiglione delle Stiviere, Lucca,
et Rome des immeubles plus ou
moins considérables.
En cinquième lieu, quatre-vingtdix-huit, o\x pour parler plus exactement, ceni-Maeinployés dans cette
œuvre; trois comme professeurs
de théologie , vingt trois comme
ministres du Saint Evangile, neuf
comme évangélistes laïques , dix
comme instituteurs évangélistes,
quarante-neuf comme maîtres et
maîtresses d'école, et sept comme
colporteurs de Bibles et de traités
religieux.
En sixième lieu, et comme résultats visibles à l’œil de l’emploi
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LE TÉMOIN
367
180
des diiférôBts mo^eaa ^ue ag«»
venons de catenliofiner lis chlfres
Cl après:' . i
Audiieurs r^ÿoliitSiaa iâike tel
Commuujauts . . . 2165
Candidats à l’admission en
1874 . . . ^ .
Admis dans le cours de la
même année .
Enfants nés de parents passés de l’Eglise romaine
à l’Evangile . . . 1300
Nombre des écoles sur semaine . . . . 57
Moyenne des enfants qui les
fréquentent . . . 2203
Nombre des Ecoles du Di- ' ?
manche . . . . 38
Moyenne des enfants qui les
fréquentent . . > , 1313
Eu septième lieu, et enfin, un
budget s’élevant de zcrx)'qu’il était
en 1.850 à fr, 210.277 81, chiffre
donné pour l’exercice 1873-74 par
le compte rendu, présenté par la
Commission d’évangélisation au
dernier Synode de l’Eglise Vaudoise.
Ces résultats, s’ils ne sont pas
tout ce qu’ils auraient pu être ;
tout ce qu’on avait attendu peutêtre, ne sont-ils pourtant pas assez
consolants pour faire passer en
tous ceux qui y arrêteront leur
pensée, la précieuse conviction
que notre œuvre n’a point 'été
stérile ; que le Seigneur l’a eue
pour agréable; et que malgré nos
nombreuses misères, hélas! trop
bien constatées, la gratuité dont
il a usé envers les pères est encore assurée aux enfants?
A Lui donc pour loutes choses,
la gloire et à nous, avec la confusion de face , une humble mais
ferme et inébranlable confiance
dans ses miséricordes !
14 SOCIÉTÉ GllST4YE-4D0LrHË
Nous avons sous nos yeux le
Rapport de la 28* Assemblée générale de la Société évangélique
Gustave-Adolphe. Cette assemblée
a été tenue à Stuttgard le 22, 23
et 24 septembre 1874. Elle a été
ouverte par une remarquable prédication du pasteur de la cour de
Wurtemberg, le prélat de Gerok.
Que nos lecteurs ne se formalisent
point de ce titre d«j»rd^a< qui est
«n rMte de l'aticienaè hidraTchie
iN)malie, consepvdrfltais po»r la
fortiM «enletbent. l’Ëgltie iu
thérienne. L' orateur avait pris
pour texte ces paroles de l’Evan-.
gile de Saint Luc v. 4. 5 Bf étant
venu& à Jésus, ils le prièrent instamment, en lui disant qu’il était
digne qu’on lui accordât cela. Car
il^aime notre nation . et il nous
a 'hâti la synagogue. 11 est question do centenier de Capernaüm ,
qui n’est ni un patriarche ni un
prophète, ni un apôtre, ni un évangéliste, mais un homme de guerre,
un prosélyte de la porte, un païen
craignant Dieu. Cependant les anciens des juifs intercèdent auprès
de Jésus en sa faveur.
La Société Gustave-Adolphe ,
dit le prédicateur, n’appartient pas
aux grands saints qui sont au service du Seigneur, et il lui assigne
une place inférieure à celle des
sociétés des missions parmi les
païens et des sociétés de la mission intérieure. Le nom guerrier
qu’elle porte, les secours matériels
qu elle accorde la large porte qu’elle
ouvre à ses membres, tout cela lui
confère, aux yeux'de plusieurs,
une place qui est, pour ainsi dire,
au seuil du sanctuaire. Cependant
elle a trouvé grâce auprès de Dieu
et des hommes.
Elle est digne par conséquent
de la bénédiction du Seigneur,
son œuvre est une œuvre de foi
et une œuvre d’amour pour notre
peuple , le peuple de Luther, le
peuple de la Réformation. L’orateur caractérise par là la mission de
la société Gustave-Adolphe. Cette
société a ceci de particulier qu’elle
n’envoie pas elle-même des mis"siorinaires ni des évangélistes, mais
qu’elle tend une main secourable à
un nombre considérable d’églises
et de sociétés évangéliques. Son
œuvre est vraiment celle de l’Alliance Evangélique sur le terrain
de l’activité pratique. Elle soutient
de préférence les protestant^, de
diverses dénominations dispeTràés
sur le continent, et spécialement
ceux d’Allemagne qui vivent au
milieu des catholiques, ainsi ceux
de la Prusse orientale, de la province polonaise de Posen, de la Silésie, de la Westphalie, de la Prusse
rhénan« «t 4*1'AUeinQAgne méridionale , d«s provinces «utrichiennes
de la M4Tà»Se, de la Bohème.de la
Hongn»«< 4« la TxMMtèvanie. Mais
le peuple de la société GustaveAdolphe n'est pas settlemenl le
peuple allemand, c’est le peuple
chrétien protestant, Elle fait parvenir ses dons en Suisse, en France
particulièrement à l’évangélisation
des Allemands dispersés à Lyon,
à Marseille et à Toulon, aux eoagrégalions protestantes des villes
d’Italie (Rome, Gêne, Venise, Ancône etc.) et à l’Eglise vaudoise.
La société étend son activité jusqu’en Grèce, en Espagne, dans
l’Empire Turc, en Russie, en Afrique et dans l’Amérique septentrionale et méridionale et spécialement
dans le Chili, le Pérou et le Brésil.
C’est une grande œuvre en faveur
des protestants jiisséminés.
Mais revenons à l’Assemblée
elle-même. Huit cents délégués y
ont pris part , sans compter un
nombre plus considérable d'habitants de Stuttgard et de dames.
Car les dames y ont une place
bien méritée à cause des sociétés
de dames (Frauenvereiue) qui sont
d'un grand secours pour l’œuvré.
Un rapport très circonstancié a
été présenté par M. le Doct F’ricke
secrétaire du Comité Central, qui
qui a son siège à Leipzig. Nous
empruntons à ce rapport quelques
données statistiques.
La Société a distribué en dons
depuis 1843, année de sa fondation la somme de 14.180.788 francs
à 2427 Eglises, établissements ou
comités. Elle a fondé ou soutenu
1900 écoles. Sur cette somme
l’Italie a reçu plus de 92,723 frs.
Dans l’année 1872-73 les recettes se sont élevées à la somme de
804 672 frs., et les dons à 785.962
à 1132 églises, établissements ou
comités, dont 400 en Prusse, 183
dans le reste de l’Empire Allemand, 430 en Autriche et à 119
églises dans d’autres pays de l’Europe, de l’Asie , de l’Afrique ou
de l’Amérique. sept églises en
Italie ont reçu la somme de francs
7656.
Quoique le discours de M. de
Gorok pût nous inspirer quelque
crainte, nous n’avons pas trouvé
dans les trois sermons qui ont
3
LB TÉMOIN
ëlé prêches, ni dans les nombreux
discours qui. ont été prononcés
uns seule note dissonante. rién
qui ne nous ait paru frânchement
évangélique, ce dont nous ne pouvons que noua réjouir coinrae d'un
symptôme de progrès dans la profession franche de la docirlnè chrétienne chez nos frères allem^mds
qui s’intéressent au progrès de
l’Evangile dans le monde. Mais
une autre chose qui nous a également frappé et réjoui , c’est le
ton , non seulement de politesse
et de convenance, mais de cordialité, de fraternité et de chariié
qui n’a cessé de régner pendant
toatô la durée de rassem,blée. Nous
comprenons le regret qu’expriment
plusieurs orateurs d’être obligés
de se séparer et de quitter l’hospitalière Stuttgard. Ils avaient
éprouvé la vérité de cette parole
du psaliniste: « Oh! que c’est
une chose bonne, et que c’est une
chose agréable, que les frères
s'entretiennent ensemble ! ». Ps.
133, 1. — Pour nous, nous sommes un peu jaloux de ceux qui
ont eu le privilège de prendre part
à cette fête. Car c’est une fête,
ce n’est pas une assemblée essentiellement délibérante, un Synode
aux discussions souvent pleines
d'aigreur et de personnalite's. C’est
plutôt une réunion de communications; les quelques discussions
qui ont eu lieu, ont été fraternelles, sérieuses et par£aitement désintéressées. La nomination du
bureau, et du président de l'assemblée en particulier, s’est faite
par acclamation; le choix est tombé
d'abord sur le Doct. Fricke , et
sur son refus motivé, sur le professeur Baur de Leipzig qui s'est
acquitté de sa tâche d’une manière
distinguée ; il a répondu , au fur
et à mesure, à chacun des orateurs, et il l’a fait non seulement
avec tact, mais avec esprit et avec
connaissance de cause.
La nomination du remplaçant
du président du Comité central,
le Doct Hoffmann , qui a donné
sa démission pour cause de santé
et de changement de posie, a eu
lieu de la manière la plus simple,
au scrutin secret, et le choix est
tombé unanimément sur le professeur Ci iegern de Leipzig, qui
sera secrétaire pendant que l’ancien secrétaire, le.Docl. B’ricke,
est reconnu président. Ce sont là
les deux membres les piua actifs
d’un Comité de onze membres,
choisis dans les principales villes
d'Allemagne. (à StivreJ.
(Îorrcûponbauce
Turin.'le 4 janvier 187'i.
Cher et honoré Monsieur,
Dieu n’ a point laissé notre Noël
sans bénédictions. Il nous a accordé
la grâce de recevoir dans l’Eglise toute
une famille au nombre de sept personnes. Ce sont M. C. docteur en médecine et sa femme, un des ses (ils
et ses quatre filles. Depuis longtemps
déjà il fréqiienlaienl nos assemblées
de culte; mais ce ne fut qu’au mois
de septembre dernier que le D. C. se
présenta à moi et m’exprima le vif désir
de s’approcher de la Sauile Cène.
Ce désir, me disait il, était partagé
par toute sa famille. Je lui dis que
nous n’avions aucun doute sur la sincérité de s«s intentions, mais que,
d’après nos habitudes, il devait s’écouler un temps d’épreuve, plus ou moins
long, entre la demande d’admission
et la réception définili\[e. Il me comprit
ti ês-bicn, se soumit volonlieis aux conditions que (bien malgré moi) je lui
avais imposées et nous nous séparâmes très bons amis. Je me liâlai de
lui rendre ^ isile et l’iinjiression que
je reçus de son inléiieur fut des plus
fjivorables. Je sentis aiilqiir de moi une
famille dont les membres devaient être
unis' par le lien d’nue profonde affection à leur vénérable chef. On respirait'dans cette maison une atmosphère
de tranquilliié et de paix. J’étais entouré de personnes sérieuses, heureuses
d’avoir connu l’Evangile et en ayant
ressenti la bienfai.sanle influence. Bientôt le docteur C. me mil au courant de
leur histoire religieuse. En 1867 il
exerçait la médecin« à Vercelli. Un de
ses clients, homme vieux, bizarre, avide
de choses nouvelles, quelque peu
adonné au Spiritisme, lui fil cadeau
d’une Bible 11 la lut, cl .«ans bien la
comprendre, il .«e sentit puissamment
attiré par la doctrine qu'elle contenait.
— M. Jaliicr, ministre de l'Egli.selibre,
se trouvait alors à Vercelli. Il y fil
connaissance avec lui , fréqucnla ses
réuB^ns, cnl avec lui de nomhrcu,«es
conversations et arriva enfin à une
pleine et entière connai.<sanLO de l’Evangile.
Dieu lui accorda la môme grâce
qu’il avait accordée à Corneille; il répandit son esprit de connaissance et
de foi sur tous les membres de sa
famille. De Vercelli le docteur .se Irans
I porta successivement avec les sienK
en différents lieux du Piémont. Privés
de tout secours re1ii(ieux, isolé.v au
milieu d’une population superstitieuse
ils avancèrent louiours plus dans lu
connaissance de la vérité. An chevel
de ses malades le docteur C. n’élait pas
seulement le médecin, il était le chrétien. Le.s exhortations qu’il leur adressait arrivèrent â l’oreille du curé, qui
se montra quelque peu froissé de ce
que le médecin du corps prétendait
usurper les fonctions du médecin de
l’âme. Lui arrirail-il de devoir faire
une opération dangereuse, il priait Dieu,
car disail-H ; je sentais ma faiblesse
Ce fut aussi dans une de ces petites
villes du Piémont qu’il eut le malheur
,ôf‘ perdre sa fille ainée. Elle est morte,
me dit-il, sans voir le prêtre, en paix
avec son Sauveur.
Je retournai plusieurs fois chez eux
et me convainquis toujoiii-s mieux que
la parole de Dieu était devenue pour
celte famille la lampe à la lumière de
laquelle elle marchait. Dieu, sans doute,
avait voulu que nos relalidns avec
eux fussent assez intimes pour que
nous pussions les secourir au moment
de " l’épreuve.
Je me souviendrai toujours de la
joie qu’ ils eurent à nous dire qu’ un
autre de leurs fils, artiste de mérite,
était venu à Turin pour se fixer auprès
d’eux.« Nous allons être tous réunis»,
disaienl'-il avec joie. Il parait que ce
jeune, homme à un talent hors ligne
'loignail un caractère extrêmement affectueux. «En d’autres temps, disait-il
à sa mère, je ne venais auprès de loi
que pour y passer quelque heures:
maintenant ce sera pour toujours ».
Ilelasî peu de jours après son arrivée
mon -père voyait entrer dans son cabinet le pauvre docteur qui venait demander du secours. Il semblait affaissé
sous le poids d’une immen.se douleur.
Son fils qui la veille au soir était rentré
bien portant, gai comme à l’ordinaire,
s’ était subitement éteint en suite
d’un épanchement de sang. Comment
pourrais-je vous dépeindre la tristesse
dans laquelle se trouva loiil-à-cmip
plongée celte chère famille! Non je ne
le pourrais pas. Qu’il me suffise de vous
dire que leur douleur n’ était point une
douleur à éclat telle qu’elle ne se rencontre que trop souvent en pareilles
circonstances dans nos familles italiennes. C’était une douleur calme, résignée. chrétienne en nri mol. Oh! quel
bonheur n’éproiivàrnes nous pas à annoncer les consolations de Christ à des
âmes qui en connaissaient le 'prix et
qui en avaient un si grand be.soin.
Nos paroles tombaient comme la pluie
.‘iur une terre altérée", elles étaient
reçues avec avidité; aussi produisirent-elles leur fruit de soumission et
de joie.
Le docteur nous demanda iiistammenl de présider la cérémonie fiiiièlue et d’inhumer son fils dans notre
4
8
LE TEMOIN
cimetière. Inutile de dire q«e nous y
consentimes de grand coeur. Lu présence du corbillard éveilla rntleniion
des voisins. On sut qu’ils élaienl protestants. Ce fut ainsi que la mort de
leur enfant bien-aimé leur ofl’rit l’occasion de confesser publiquement la
foi qu’ils nourrissaient depuis si longtemps dans le secret de leur cœurs.
Ce fut la veille de Noël au soir,
que nous eûmes le bonheur de les
recevoir au nombre de nos frères.
C’était une réunion de préparation à
la solennité du lendemain.
Quand le service proprement dit fut
terminé, le pasteur s’adressant au Docl.
C. et à sa famille, leur dit tout le bonheur que nous éprouvions à les admettre dans l’Eglise de J. C. Cette
réception, ajouta-t-il, nous offre bien
des sujets de réjouissance. Nous avons
devapl nos yeux une famjlle qui est
demeurée, pendant de longues années
fidèle à l’Evangile, bien qu’éloignée de
tout lieu de culte et privée de tout
secours religieux. Son chef appartient
à une classe d’hommes, qui par leur
dévouement méritent la reconnaissance
du monde, mais qui, en Italie surtout
sont connus par leur indifférence cornpléte au sujet de la religion. Enfin et
pour comble de joie, l’Evangile n’a
produit dans celte famille ni froissements , ni division. Tous ont cru au
même Sauveur et se réjouissent dans
la même espérance. L’allocution du
pasteur fut suivie du service liturgique, tel qu’il est indiqué dans la liturgie à l’usage des églises de la mission.
Après que les Catéchumènes eurent ainsi
fait une profession publique de leur
foi, je m’approchai d’eux pour leur
serrer le main et répéter à chacun une
parole de l’Ecriture Quand je fus arrivé au docteur, je lui pris la main et
le regardai. Jamais je n’oublierai l’expression de ses traits. Quel calme,
quelle joie resplendissaient sur cette
belle figure de vieillard. « Celui qui
€ vaincra, lui dis-je, je le ferai être une
< colonne dans le temple de mon Dieu
« et il n’en sortira plus; et j’écrirai
* sur lui le nom de mon Dieu et le
« nom de la cité de mon Dieu qui
«est la nouvelle Jérusalem ». Tandis
que je lui redisais ces paroles son
regard où s’exprimait tant de foi ne
quittait pas le mien. Lorsque je fus
arrivé à ces mol.s: « et il men sortira
plus», son émotion fut au comble et
ma main se sentit serrée dans une
vive étreinte.
Il y avait au nombre des auditeurs
plusieufs personnes à nous tout à fait
inconnues. L’impression qu’elles ont
reçue de celle solennité à été, j’ai lieu
de le croire , des plus bienfaisantes
Les membres de l’Eglise, eux aussi, en
ont été rejouis et encouragés à persévérer dans la loi. Pour nous, nous
bénissons Dieu, de ce qu’il a voulu
ajouter à ce troupeau des personnes
qui se disposent à servir J. C. par toute
leur vie,.et qui seront, nous n’en doutons pas , un nouvel élément de vie
ef, d’activité au sein de notre Eglise
Veuillez, cher Monsieur, agréer l’expression de mon entier dévoûment.
Henry Meille.
Déclaration
Il y a trois ans, le soussignés’élanl
fuit le promoteur de Id fondation d’une
sfôiété de chant, avait recueilli des
membres qui la^composaienl au nombre
de quarante, une contribution s’élevant
à une vingtaine de francs. Il a prélevé
sur celle somme cinq francs pour payer
l’éclairage et le service durant les réunions qui ont eu lieu. Il reste dépositaire d’une quinzaine de francs qu’il
demande aux membres de la société,
dissoute de fait, la permission de consacrer à line réparation tendant à fournir aux étudiants et élèves du Collège et
de l’Ecole Normale de l’eau vraiment
potable. [Celle petite somme figurera
dans les compte-rendu de la dépense
qui sera faite pour la réparation en
question.
Torre Pellice le 5 Janvier 1875
J. D. Charbonnier, Professeur.
dironique fflauboise
Dimanche dernier, 10 courrant, M. J. D.
Annand-Hugon, ci-devant évangéliste à
Pise, a été installé an poste de pa.steur
de la paroisse de Rorà. Le service divin
était présidé par M. Et. Bonnet, pa.sleur
d’Angrogne, qui a prêché sur II Pierre
II, 5 — Noé prédicateur de la justice
— tandis qu’après lui le nouveau pasteur a attire l’ailenlion de l’Assemblée,
sur la prière, si souvent prononcée et si
rarement sentie; «Que ton règne vienne»
— Nous n’avons pas d'autre détail à
communiquer, mais c’est du fond du
cœur que nous demandons à Dieu de
donner à notre jeune frère un ministère
efficace, béni ponrhii-même et pour sa
paroisse qui en a un si pressant besoin.
Hcouc politique
Mtntie. — Les députés n’ont pas
allendu la*- fin de leurs vacances pour
retourner en grand nombre à Rome.
On prévoit des discussions très vives
à propos de la loi de sûreté publique,
présentée par le ministère.
Une députation de l’Association de
la jeunesse catliolique italienne a présenté au pontife un don de 1(X1,000
francs, et le pape l’a remerciée par
lin discoiWÿ ou il se prononce contre
les plus prêcheuses conquêtes de noire
siècle. Quant au mariage civil, dit-il,
qu’il se fasse, pourvu qu’il soit précédé par le mariage ecclésiastique.
C’est le contraire de ce qde. établissent les réglements, si non la loi, sur
celte matière. ,— La loi du mariage
civil en Allemagne, qui sera mise en
vigueur incessamment, esf pins explicite que celle du Royanmê d’Italie.
Garibaldi a refusé le don qui lui
h été volé par la Chambre des députés,
en alléguant que nos finances se trouvent en trop mauvais étal pour lui
permettre d’accepter; ensuite en donnant pour raison que le gouvernement,
cause , selon lui , des disgrâces de
rilalie, y est mêlé! Nous sommes à
cet égard lout-à-fait de l’avis du correspondant de Rome de la Gmzella
di Pinerolo qui fait la demande suivante: «Ne vous sembleT-il pas que
Garibaldi aurait pu faire connailre plus
tôt son refus du don national ou le
faire en d’autres termes? Les grands
hommes qui s’appellent Wasinghton
ou Aristide, sont toujours calmes, modéi'és, magnanimes, indulgents, en un
mot, vraiment grands ! »
WfaMce. — Le Président et son ministère veulent que l’on commence par
discuter le projet de loi sur la formation
du sénat. L’Assemblée décide , à une
forte majorité, de commencer par la loi
sur la transmission des pouvoirs. Ce
vole, dû essentiellement à une coalition
des deux extrémités, amène la démission
du ministère Mons. de Broglie parait
avoir été chargé d’en former un nouveau.
JEmttamne. — Alphon.se XII est arrivé, et tout semble indiquer que le
parti clérical, en Espagne et ailleurs, est
satisfait de cet évènement. La liberté religieuse sera la première à souffrir du
nouvel ordre de choses; les autres viendront bientôt après.
— La Confédération du
Mexique a proclamé la séparation la
K lus entière de l’Eglise et de l’Etal.
ous ferons connailre prochainement
quelques unes des dispositions essentielles de celte loi, la plus radicale qui
existe.
Ebxest Robert, Gérant et Adniinistraleiir.
l’ignerol, Inipr. Chiantoro et Ma.scarelli