1
H ultlème année
3V. 3S.
3 Octobfe ISTS.
L’ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Vaudoise.
Qua touCas las choses qui sont véritables.oocupaat
vos pensées — ( Phiîippiens., IV. 8.)
ptix d'aboiiieheit :
Italie, k domicile fun an) Fr. 3
Suisse.................* 5
France....................»6
.MIemagne 6
Angleterre , Pays-Bas > 8
Un numéro séparé : 10 cent.
Vn numéro arriéré : 10 cent.
BUBEilIX b’aBOVHEIIEBT
Torrb'Pelmcb ; Via Maestra,
N. 42, CAj7enita 6i61togra/Ìca)
PiGNKRoL : J. Chiantore Impr.
TuRiNtJ'.J. Tron, via Lagrange
près le N. 22.
Florence : Libreria Bvangelica, via de'Paozani.
ANNONCES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S'adresser pour l'administration
au Bureau û Torre-PelHce,
via Maestra N. 42 — pour la
rédaction : à Mr. E. Malan
Prof* k Torre-Pellice.
Som mairie»
L’Evaogélisatioo du dernier Synode. —
La lecture de la Bible est utile pour bien
esprimer sa pensée. — Chronique vaudolse. — Chron. politique.
L’ÊY41\GÉLISATI0I\
au dernier Synode
Là où le progrès nous paraît le
plus sensible dans votre oeuvre
d’évangélisation c’est dans la fréquentation des écoles sur semaine,
des écoles du dimanche et dans
les (contributions volontaires. Le
chiffre de la fréquentation des
écoles sur semaine est dans le rapport de 18T3 inférieur à celui du
rapport de I860 par exemple; mais
peut-être y a-t-il eu quelque exagération à cette dernière époque,
exagération provenant de la mauvaise tenue des régistres. — Le
progrès des écoles du dimanche
est évident; celui des contributions l’est aussi. Celle de Messine
et de Pise sont exceptionnelles,
en partie du moins, surtout celles
de^ Messine qui a collecté cette
année dans son sein et parmi ses
amis pour les frais de réparation
de son temple. Mais les contributions de Milan et de Catane en
première ligne, puis celles de Gênes, de Vérone, de Venise, de
Florence, de Rome et de Trapani
etc., témoignent certainement d’un
vif intérêt pour l’Evangile et sont
un sujet d’encouragement. Livourne est restée bien en arrière,
sans doute à cause de la malheureuse division qu’on n’a pas.su
éviter ou conjurer. Nous signalons
aussi comme un progrès dans l’œuvre les efforts qui ont été faits
pour la formation d’un Comité
intermissionnaire. Nous doutons
cependant qu'il y ait quelque chose
à faire pour ramener à la raison
et au bons sens un journal comme
Fede e Scienza qui ne respire que
haipe et ressentiment contre l’Eglise vaudoise et qui, depuis des
mois, ne cesse de chercher dans
les plus sales recoins les plus
vilaines ordures qu'il lance contre
nous. 'Tout ce que les Jésuites ont
publié de noires calomnies , est
2
-278
rajeuni dans ce triste journal qui
nuit plus à l’évangélisation qu’un
périodique clérical. — Si l’Evangélisation est dans son ensemble
presque stationnaire, si elle l’est
du moins dans plusieurs villes,
nous devons en attribuer la cause
à nos malheureuses divisions, et
même déjà à nos multiples dénominations qui contrastent d’une
manière criante non seulement
avec l’unité romaine, mais aussi
bien souvent avep celle de l'Evangile qui n’est pas, il est vrai,
l’unité dans l’uniformité, mais l’unité dans la diversité et dans la
charité.
Le rapport de la Commission
d’Evangélisation mentionne brièvement les conférences de Florence,
tenues en avril dernier. Le point
de départ de la Commission et des
conférences elles-mêmes a été l’art.
25 des Actes du Synode de 4855.
L’Echo des Vallées a déjà eu l’occasion de s’expliquer sur la portée
de cet article, mais la Commission
examinatrice de la gestion du Comité de l’Evangélisation en a fait
une exposition, selon nous, si
claire et si complète que nous
avons, en l’en-tendant, désiré la
mettre sous les yeux de nos lecteurs. 'Voici cette exposition :
«Que s’est proposé par l’adoption de cet article le Synode de
1855? Qu’on veuille bien , pour
répondre convenablement à cette
question , ne pas perdre de vue
la date. C’était en 1855, c'est-à-dire le lendemain, en quelqùe sorte,
de la rupture aussi inopinée que
violente de M. Desanctis et de ses
amis d’avec l’Eglise vaudoise. Le
cri qui partout se faisait entendre
de la part de ceux qui s’étaient
séparés de nous, et par lequel on
s’efforçait de jeter le discrédit
sur notre œuvre, c’était que nous
ne voulions autre chose que vaudoisiser, c’est-à-dire faire servir
l’œuvre d’Evangélisation que nous
avions entreprise, beaucoup plus
qu’à gagner des âmes à l’Evangile,
à accroître le nombre de nos adhérents et imposer à ceux qui arriveraient à la connaissance de la
vérité, au lieu du joug de JésusChrist , celui de nos institutions
et de nos formes, c’est-à-dire encore, pour exprimer lamêmechose
avec d’autres mots, que l’esprit
qui présidait à l’œuvre d’Evangélisation de l’Eglise vaudoise était
un esprit éminemment sectaire,
intéressé et égoïste.
Cette accusation était complètement fausse; et il importait de) le
démontrer de la manière la plus
éclatante. Desanctis insistait fortement, et d’autres avec lui, pour
que cette démonstration fût aussi
complète et aussi éloquente que
possible. L’article 25, voté à l’unanimité, a été la réponse donnée
par le Synode à ce désir. Par l’adoption de cet article, le Synode
déclarait de la manière la plus
solennelle que les accusations portées contre l’Eglise vaudoise , à
cet endroit, étaient dénuées de
fondement, que la préoccupation
de cette Eglise, en faisant annoncer
l’Evangile n’était nullement l’imposition de ses formes à ceux qui
l'auraient reçu ; que pour elle la
question de formes était une question secondaire ; que le principal
3
• V
-279
était la connaissance de JésusChrist et de sa grâce; qu'en fait
de formes, chacun choisirait, le
moment venu, celle qui lui paraîtrait la meilleure, le salut pouvant
s’obtenir sous toutes sortes de
formes et non pas exclusivement
sous celle de l’Eglise vaudoise.
Mais ce même article, disait-il,
comme on le lui a fait signifier
très souvent et très à tort, selon
nous, que l’Eglise vaudoise ne
donnait aucune importance quelconque à la question de forme ,
et qu’elle regardait d’un œil parfaitement indifférent toute espèce
d’organisation que les nouvelles
églises auraient pu adopter? Nullement; car lui faire dire cela,
c’eût été lui faire faire une déclaration que l’Eglise vaudoise n’eût
pu faire sans se déconsidérer, et
presque sans se ruiner elle-même.
En effet, si l’Eglise vaudoise ne
jugeait pas sa forme ecclésiastique
meilleure et plus parfaite qu e beaucoup d’autres), comment seraitelle justifiable d’y tenir pour ellemême? Et si elle la trohve pour
elle-même ce que nous venons de
dire, pourquoi ne la trouveraitelle pas telle aussi pour ces jeunes Eglises appelées à l’existence
par le travail de ses évangélistes?
Pourquoi cette forme, grâce à la
quelle, en grande partie, elle a
traversé sans sombrer tant et de
si terribles'tempêtes, n’offriraitelle pas un abri également sûr à
ces jeunes Eglises dans les luttes
que très probablement elles auront
un jour à soutenir comme leur
aînée î Et la preuve que notre
Eglise, en adoptant cet article ,
n'a nullement entendu se désin téresseï^ absolument dans la question de formes, nous l’avons authentique et aussi claire qu’on
puisse la désirer dans toute une
série de délibérations synodales
et de rapports des administrations
qui se sont succédé dans la direction de cette œuvre».
Le rapport cite ces fragments
de rapports et ces délibérations,
puis continue ainsi: «Voilà comment l’Eglise vaudoise, dans la
personne de ses représentants, a
constamment compris et pratiqué
la résolution du Synode de 1855,
depuis le jour où elle a été adoptée. Cela bien établi, faisons un
pas de plus et demandons-nous
si le sens que nous venons de
donner au § 25 du Synode de
1855, et que nous n'hésitons pas
à proclamer le seul authentique,
a été généralement bien saisi et
surtout s’il a servi de norme fixe
à nos Evangélistes, quant à leur
ligne de conduite , en face des
questions auxquelles cet article se
rapporte. Pour un certain nombre,
nous le croyons , mais pour plusieurs; c’est le contraire qui s’est
vérifié. Non seulement la question
de forme n'a pas eu aux yeux de
ces derniers l’importance qu’elle
eût dû avoir, mais sous d’autres
rapports encore, ils ont fléchi plus
qu’ils n’auraient dû le faire dans
la lutte où ils se sont trouvés engagés: jeunes pour la plupart, et
partant sans grande exiiérience,
entourés de gens à qui crier très
fort ne coûte guère, et qui avaient
tout intérêt à faire passer, aux
yeux de nos populations, l’Eglise
4
vaudûise et ses agents comme des
étrangers, les frères dont nous
parlons ont cru agir avec prudence
et dans l’intérêt de l'œuvre, en
entretenant aussi peu que possible
ceux qu’ils évangélisaient, de leur
Eglise, de ses institutions, de ses
formes , de son passé et de ses
espérances. Le nom même d’Eglise
vaudoise a été, dans plus d’un cas,
soigneusement écarté. — Et pendant que cela-se passait dans la
portion du champ cultivé par l’E
glise vaudoise , que se passait-il
au sein des autres Eglises ou Sociétés travaillant à côté ’de la nôtre? Exactement l’opposé de ce
que nous venons de rappeler. Pendant que plusieurs de nos évangélistes, dans les meilleures intentions du monde, (nous l’avons dit,
et nous y insistons) n’osaient,
pour ainsi dire, pas prononcer le
nom de cette Eglise vaudoise par
laquelle pourtant ils sont envoyés,
d’autres se donnaient des noms
et ‘s’appelaient résolument , les
uns; Chiesa libéra italiana, les
autres Chiesa metodisla, d’autres
encore ; Chiesa baliisla ou .Chiesa
apastolica. Pendant que nous mettions un soin particulier à tenir
dans l’ombre notre drapeau , ce
drapeau si glorieux pourtant, puisqu’il a été baigné dans le sang
de milliers de martyrs, et que
bien des siècles avant les temps
où. nous sommes, il avait déjà fait
plusieurs fois le tour de l’Italie,
d’autres hissaient le leur résolunaent et bruyamment, invitant les
populations à se ranger, à son
ambre;, et non seulemernt les Eglises se donnaient des noms, mais
elles se créaient des organes représentant, carrément et d’une
manière avancée et souvent exclusive', les idées et les intérêts de
leur dénomination particulière.
Et de tout cela que résulte-t-il?
Ce qui ne pouvait pas ne pas en
résulter: une cause déplorable de
faiblesse et de désorganisation
pour nos Eglises. En effet, les convertis à l’Evangile par le moyen
de nos agents, voyant tous ceux
qui, comme eux, avaient passé
de Rome à la Bible, se rattacher
qui à une Eglise, qui à une autre,
tandis que eux ne se rattachaient
en réalité à aucune, ni à personne;
non seulement ils se sentaient
comme des gens isolés et dépaysés, mais ils étaient de plus sans
force contre les sollicitations qui
leur étaient faites tous les jours,
et sous toutes sortes de formes ,
de se grouper , soit à l’une , soit
à l’autre des dénominations, qui
existaient à leurs côtés. Le péril
était grand et des plus pressants,
celaestindubitable. La Commission
en eut conscience ; et les conférences de Florence du 2 au & avril
1872 furent le premier vigoureux
effort tenté par elle [en vue de
conjurer le mal».
, - ('d suivrej.
Li LECTURE DE Li BIBLE EST UTILE
poor apprendre
à bien exprimer sa pensée.
Le temps nous manque pour vous montrer que ta littérature biblique ne vous
sera pas inutiie non plus dans l’art de
bien rendre et d'exprimer avec rigueur
ce que vous aurez bien pmui et bien senti.
5
-281
Victor Cousin a dit en parlant des établissements classiqnes de la France : « Les
jeunes gens, durant leur cours de rhétorique et de philosophie, trouveraient une
instruction |solide et utile à tous égards',
dans l’explication des monuments du Christianisme ». « Lorsque , ajouto-l-il, pendant
quelques années!, ils auraient ainsi vécu
dans un commerce intime avec les Saintes Ecritures*, il ne serait pas plus facile
de tourner en ridicule auprès d'eux le
Christianisme que de leur faire trouver
Homère et Virgile de minces génies ». —
Serions-nous les seuls à n'avoir pas aperçu
dans la littérature biblique les qualités
qu’y voyait l’inferprète et l’admirateur de
Platon ? Quant à nous, nous sommes persuadé que «ce commerce intime avec les
Saintes Ecritures , »jpour nous servir des
termes'mômes de l’auteur catholique,
exercerait aussi bien sur notre langage,
écrit ou parlé, que sur toutes nos facultés une influence irrésistible. Il n’est aucun livre , en effet, comme la Bible. ou
chaque mot ait de l’importance, aucun
oii l’on soit presque forcé de s’arrêter à
Chaque instant pour tout peser, tout comparer, en méditant chaque verset pour y
trouver des directions nouvelles ; le lecteur assidu finit par s’approprier ces mille
expressions qui le frappent par leur énergie; ces phrases aux mille formes qu’il
apprend par cœur pour en retenir le contenu précieux!, ces constructions si naturelles., ce langage à la fois si simple et
si large qui s’imposent à la mémoire. —
Il a fait, dans toute l’étendue du terme,
une étude classique,{au bout de laquelle
il [saura tout autant qu’un autre ce que
vaut sa parole et même un peu celle des
autres.
Et ne croyez pas que pour être exact
et substantiel, le style biblique manque
Jamais des ornements dont aime à se parer, dirai-je, ou à s’aider tout langage
vraiment humain. Dans aucun livre n’abondent les figures et les images plus
que dans la Kble. — Ecrite pour tout le
monde, elle parie comme tout le monde,
sans raideur comme sans prétention, elle
cache souvent son,miel au fond de la
plus belle fleur. Ces ornements, sans
doute, sont d’ordinaire à la pensée ce
que les plumes sont à la flèche, visant
bien plus à porter la vérité qu’à l’embellir. Mais c’est cela niôme'qui en fait
l’agrément et la valeur. — La poésie hébraïque, même lorsqu’elle se montre comme «une épouse toute parée de ses joyaux,» n’oublie jamais que le corps est
plus que le vêtement» répondant en cela
parfaitement à l’idéal de Manzoui quand
il veut que la poésie se propose pour objet le vrai, seul capable d’enrichir et d’élever, source unique de jouissances nobles
et durables. Cependant la vérité toute seule
n’est pas toujours la vérité toute nue ; et
vous nommeriez difficilement un des mille
objets qui’au ciel ou sur la terre frappent
vos regards dont les écrivains de la Bible
ne se soient servis comme d’une image
ou d’une figure pour exprimer leurs pensées d’une manière saisissante.
Nous ne parlerons pas ici do la grandeur des sujets traités dans le Livre saint,
ni de la simplicité avec laquelle ils sont
d’ordinaire présentés , ui du sublime qui
résuite de la rencontre île ces deux qualités ; qu'il nous suffise de rappeler que
là le sublime n’est pas seulement ce qui
est elevé, mais encore cl principalement
ce qui nous élève. Ce qu’il faut plutôt vous
signaler encore dans la forme du style biblique, c’est sou incomparable variété.
— Toutes les formes que peut revêtir la
phrase humaine, y ont trouvé leur place.
Tantôt ce n’est qu’une simple affirmation
ou une négation , tantôt c’est le doute ,
l’interrogation ou l’.cxclamation ; ici une
ellipse’, une rélicence, là un pléonasme,
une répétition ; plus loin une concession,
une réserve, même une poignante ironie
(car il y a aussi une ironie très sérieuse);
partout ces comparaisons si simples à là
fois et si frappantes, et ces métaphores
plus [vives et plus rapides que les comparaisons. Enfin qui n’a présentes à son
esprit quelques-unes de ces personnifications si hardies, où l’auteur Sacré, renonçant à se faire écouter des hommes,
s’adresse aux deux et à la terre, au.t
eôteaux et aux montagnes mômes ? Quel
lecteur de la Bible n’a la mémoire fournie de ces proverbes, de Ces maximes et
de ces sentences qui «sont Comme des
pommes d’or datas des édübeitles d'ar-
6
-282
gent»? {Prov. 25). — Nous passerons, si
vous voulez', sur cent autres qualités de
ce style aussi dramatique, aussi varié que
la vie; mais nous ne saurions ne pas
toucher au moins en quelques mois, à
cette variété d’un aulre ordre qu'oitreut
les Saints-Ecrits', car, outre que vous y
entendez dans leur langage et leur accent
particuliers plus de trente auteurs « parlant en divers temps et de diverses manières » vous trouverez dans cette petite
bibliothèque ou, si vous préférez, dans ce
volume qu’un enfant peut porter dans sa
main, à peu près tous les genres de littérature, toutes les formes de composition. A côté des plus beaux modèles de
narration et des écrits de la plus étonnante , nous devrions dire de la plus biblique simplicité,', vous avez des descriptions , où la grâce et la fraîcheur, pour
quelques unes, ou la grandeur pour quelques autres, ne sont égalées que par la
vérité qui est le seul souci de l’écrivain.
Nous n’en voulons pour preuve que le
naufrage de S. Paul tel que l’a décrit Lue
son compagnon, la ville do Tyr dans les
prophètes, ces oiseaux qui cherchent leur
grain ou bien ces lys des champs que
Dieu a revêtus comme ne le fut .jamais
.Salomon dans toute sa gloire. Le merveilleux livre de Job avec ses dialogues,
où la conscience est si profondément engagée, peut bien, quant â l’intérêt dramatique et à la grandeur du langage, prendre place à côté des dialogues de Platon
composés tant de siècles après. — La
poésie hébraïque jaillit, en quelque sorte,
de la Mer Rouge. De cette grande délivrance naquit le chant de louange en attendant que les malheurs et les péchés
du peuple arrachent à Moïse le chant de
tristesse. La délivrance et le châtiment,
tels furent les sujets des deux plus anciennes poésies que le monde possède. Il
faut traverser cinq siècles encore, avant
que se réveille la harpe de David, l’auteur
«des doux cantiques d’Israël». (2 Sam.
25 ). Dès lors on dirait que les prophètes,
bien qu’exclusivement occupés delavérité,
ne savent plus se défendre de la poésie ;
elle s’attache, comme à leur insu, à leurs
pensées; la poésie déborde de la Bible.
Parlerons-nous des autres genres de
compositions qu’on y rencontre'? — Le
genre oratoire y est représenté sous toutes les formes et à tous les degrés, car
Dieu veut parler aux hommes et les convaincre «soit qu’ils écoutent, soit qu’ils
n’en fa'ssent rien » Et cette parole est d’une
telle éloquence , qu’on peut dire, sans
craindre de se tromper que « si quelqu’un
n’écoute pas Moïse et les prophètes, il ne
serait paspersuadé, lors même qu’un
mort ressusciterait pour leur rendre témoignage. (à suivre J
(B. Tron, Fragment d’un discoursj
Chronique Cauhotoe
Collège "Vaxidols. Programme
de l'enseignement dans l'année scolaire
1873-74.
Philosophie.
1) Etudes bibliques. Traduction en italien
de l’Evangile selon S. Jean. .
2) Langue latine. Horace, II livre des Odes,
Tacite La Germanie. Compositions. Histoire de la littérature, Pierron l*- partie.
3) langue grecque. Thucydide, Guerre du
Péloponnèse liv. I, chap. 1-36. Sophocle
Phüoctèle. Histoire de la littérature 1'
partie, Pierron.
4) Langue française. Compositions. Hist,
de la liltéralûre, P partie.
5) Langue italienne. Compositions. Hist,
de la littérature. Les poètes.
6) Philosophie. Métaphysique et éthique.
Hist, de la philosophie ancienne.
7) Mathématiques. Géométrie des solides.
Trigonométrie, Luvini.
7) Sciences physiques. Physique. Aslron.
8] Histoire. Hist, du moyen-âge [Vulliet).
10) Hébreu. Vosen les 16 premiers §§. Exercices .de lecture et de traduction (Moïse,
Abraham , Héli, Samuel ).
Rhétorique
1) Etudes bibliques. Les faits et les institutions de l’Ancien Testament.
2) Langue grecque. Xénophon, Memorabilia II. — Homère, Iliade I. — Schenkel , thèmes grecs. — Grammaire.
3) Langue latine. Virgile-, Enéide II. —
Cicéron, De sénectute. —Schinnagel. —
Traduction de l’italien en latin.
4 ) Archéologie. Geographie ancienne; Asie
et Grèce (Smith). — Antiquités grecques et romaines. — Organisation politique et militaire.
5 ) Langue italienne. Rhétorique II* partie.
— Narrations, récitations, compositions,
lecture': (Macchiavelli Histoires, livre
II). Dante, deux chants, ( exercices d’analyse,}.
7
-283
6 ) Langue française. Compositions, récitations. narrations, lectures: Prosodie.
7) Histoire. Histoire romaine, (Vulliet).
8 ) Mathématiques. Algèbre, ( Luvini).
9) Sciences naturelles. Zoologie.
4' ET 3' Années.
1) Bible. Biographies du Nouveau Testament sauf celle de Jésus Christ.
2) Italien. Grammaire, narrations histo
riques , 12 (récitations, compositions,
lectures.
:î ) Français. Grammaire, syntaxe ; récita:
lions, narrations, compositions.
4) Latin. Grammaire (Schultz), thèmes
(Schulz), Phèdre, livre I. — J. César,
livre I.
5) Grec. Xénophon. Anabasis, liv. I. —
Grammaire (Curtius).
6) Arithmétique. Seconde partie.
7) Géographie. Afrique et Palestine.
8) Dessin.
2' ET 1* Année.
1 ) Histoire biblique. De la Génèse à Saiil
(Diodali ).
2) Histoire Vaudoise. Muston, II” partin ;
narrations.
3) Italien. Grammaire (Scavia). —Exercices d’ortographe , 12 narrations , 12
récitations; texte: Thouar, Clasio.
4) Français. Grammaire (Kampmaiinl,
exercices d’ortographe. Thèmes et réproductions; 12 récitations (Vinot), 12
narrations (Vuillet); récits d’histoire ancienne.
5) Latin. Grammaire ( partie régulière
Schultz).
6) Grec. Grammaire jusqu’au verbe Kuo
inclusive (Curtius)
7) Arithmétique. Les quatre règles. Calcul
mental.
8) Géographie. Europe. Asie (partie physique) Vulliet.
9) Dessin.
10) Calligraphie.
La semaine dernière sept élèves du Collège ont subi leurs derniers examens, les
examens de licence lycéale.
Les sujets qui leur ont été donnés à
traiter sont les suivants :
1* Pour les sciences naturelles et physiques : histoire des communications ;
2* Pour la philosophie: de l’idéalisme
dans la philosophie moderne ;
3” Pour Vhistoire universelle: Charlemagne et son action dans l’Eglise et
dans les Ecoles ;
4’ Pour la littérature française: Bossuet comme orateur sacre;
5" Pour la littérature italienne : Caractère de la littérature du 16” siècle; '
6* Pour la langup latine]: la vie d’Horace ;
7” Pour la langue grecque : traduction
d’une portion du Criton de Platon ;
8“ Langue hébraïque: .lecture et grammaire. .
■ Tous les sept ont obtenu des succès
suffisants, et cinq ou six d’entre eux se
sont rendus à Florence pour y commencer leurs études en vue de la carrière du
saint ministère.
Saint Oer-maln. Encore un douloureux départ' Madame Monaslier, l’aimable et digne compagne du plus Agé de
nos pasteurs en actiiiilé, a été rappelée
par son Seigneur, au moment où personne
ne s’y attendait et où aucun de ses nombreux enfants qu’elle a si bien élevés et
qui lui vouaient un respect et amour si
mérités n’était auprès d’elle et de leur
père désolé. Nous nous associons de cœur
à l’afriiction du mari, dns enfants et de
tous les parents.
Encore une personne qu’on aimait è
voir et à entendre et qui a devancé ses
amis et ses proches dans les demeures
éternelles où il n’y aura plus de départ
ni de séparation.
Us ne sont pas perdus, ils nous ont devancés.
F*orler Maneille. On nous écrit
que M. L. Monastier, pasteur de Massel, a
été nommé pasteur de Périer Maneille
au second tour de scrutin par 45 voix
sur 67 votants; 22 voix ont été données
à M. B. Gardiol. Au premier tour, les voix
étaient reparties comme suit:
Sur 82 volants,
. M. L. Monastier 35 voix
M. Gardiol. ... 32 »
M. Pons de Brescia 15 »
Chronique |)olttique.
Victor Emmanuel a été accueilli à Berlin
avec la plus grande cordialité par le peuple et par les princes; une immense multitude attendait,vcu dépit de l’heure matinale, à la station d’arrivée, et salua le
roi d’un applaudissement unanime. On
fournit à Sa Majesté l’occasion d’apprécier
la belle tenue des troupes prussiennes,
dans une grande revue passée à Polsdam,
où les brillants uniformes do la suite du
roi furent de. leur côté beaucoup admirés.
Mais la journée la plus agréable pour le
roi fut sans doute celle de la chasse à
Hubertssock où bon nombre de cerfs et
de daims tombèrent sons les balles royales.
Grands dîners de gala, entr’autres chez
l’ambassadeur d’Italie, comte de Launay
où le roi, qui ne touchait pas à son couvert — il était six heures — étonna ses
convives allemands en leur disant qu’il
ne dînait jamais avant minuit. Ce qui ne
l'empêche pas d’être fort matinal, et de
8
-284.
l’avoir bien monlré aux berlinois en allant visiter leur Thiergarten à une heure
qu’ils n’auraient jamais songé à consacrer
à une semblable promenade. Avant le départ eut lieu une pluie de décorations, dont
les ordres de l’Annonciade et de la Couronne, pour l’Italie, des Aigles noir et
rouge, pour l’Allemagne, firent les frais.
Cela ne coûte pas bien cher à celui qui donne, et fait grand plaisir à celui qui reçoit,
une bonne raison pour en donner à beaucoup de naonde. Minghetli et Viseonti Venosta, profitaient do ce qu’ils se trouvaient
* tout portés » pour faire un bout de conversation avec Bismarck , et s’entendre
avec lui sur certaines éventualités qui pourraient bien se présenter avant qu’il soit
longtemps. Un cardinal, plus au fait que
nous, apparemment, sur ce que Leurs
Excellences se sont dit, se serait écrié
en sortant d’auprès du Pape; « Saint-Pere
Viseonti et Bismark se sont occupés du
conclave». Eh bien! répondit l’Angelico,
« occupons-nous en aussi ».— Cette éventualité de la mort du Pape n’est peut-être
plus, bien lointaine et quoique « pot fêlé
ait longue vie » le grand jour vient pourtant aussi pour lui, et le pape a depuis
longtemps dépassé'les quatre-vingts. Toute
indisposition à cet âge peut-être mortelle,
et la nouvelle que. le pape prend l’huile
de ricin fait tressaillir le sacré collège. C’était le cas il y a peu de jours, mais Pie
IX a encore surmonté celle-là.
En fait de souffrances du pape, une
bonne farce propagée et prônée, dit-on, par
des évêques, consiste à vendre ou laisser
vendre à leurs ouailles par trop crédules
des brins de paille humide, que l’on donne
comme prévenant en ligne droite du sombre cachot ob gémit le Saint-Père. On
paie ces brindilles, fort cher et, pour peu
qu’on soit zélé, on les mange. Voit-on
bien ce Vatican transformé en une crèche
immonde? Et si le pape a connaissance
du fait, les bonnes gorges chaudes qu’il
fera sur ses fanatiques et... . imbéciles
adorateurs?
Le mot d’ordre parti de la crèche susdite n’a pas encore pu déterminer le sire
de Chambord à renoncer à son cher chiffon
blanc. Il est peu probable cependant que
cela arrêtera les monarchistes à tout prix
de l’assemblée française et cette nouvelle
chambre, introuvable, s’offrira probablement la comédie du roi malgré lui. On
nommera plutôt un lieutenant du royaume,
mais il faudra que le nom abhorré de
république disparaisse de dessus les timbres-poste. Aussi bien n’y a-t-il plus guère
que le nom, mais c’est encore trop. Il
est triste de devoir se dire que les impatiences impolitiques des républicains ont
amené ce résultat qu’on aurait, il y a
peu de mois, tenu pour fabuleux et impc^sible. Il est, eu tous cas. peu probable
que les républicains, qui sont après tout
une partie très nombreuse et la plus saine
de la nation se lais.sent ainsi, sans protester, nouer aux fleurs de lys; si la gauche donnait en masse sa démission, elle
diqiinuerait grandement la légalité de la
votation. légalité fort contestable par ellemême, l’assemblée n’étant pas constituante
et ne pouvant motu proprio remettre en
d’autres mains le mandat dont le peuple
l’a investie, tout comme ou pourrait aisément démontrer l’illégalité d’une atteinte
quelconque au suffrage universel de la
part d’un parlement qui en est le mandataire. Ces questions fort compliquées, de
droit et de pommr, donneraient certainement un air de légalité à un mouvement
populaire qui voudrait s’opposer à ces
empiètements, ce qui ne saurait, au cas
ob nos hypothèses sur l’établissement d’un
régime définitif se réaliseraient, manquer
d’avoir lieu. L’avenir de cette noble nation
est donc très incertain, nous dirons même
très sombre, et le « pays de l’imprévu»
prépare ancore plus d’une surprise à ses
historiens.
Les anglais font autrement leurs révolutions, ou plutôt leurs évolutions politiques se suivent avec une régularité digne
des rouages d’une machine bien organisée.
Le Ministère Whig est fortement ébranlé.
Les élections nouvelles le tuent à petit
feu, et le parti tory en est déjà à devélopper son programme de gouvernement,
et à demander avec insfanceïles élections
générales , tant il se croit sûr du succès.
Le congrès de Constance s’est clos par
l’adoption d’une constitution à peu-près
presbytérienne pour l’église des vieux catholiques, à ceci près, qu’il a maintenu
les évêques nommés, du reste, à l’élection Reinkens; ce premier évêque national allemand a été, croyons-nous, reconnu par le Gouvernement impérial. Ce
mouvement est grand et un peu d’orgueil
national est légitime quand on peut, comme
les allemands admirer, lé rapide chemin
qu’il a fait dans le court espace de deux
années , mais qu’il nous soit permis de
blâmer l’exclusivisme offensant, qui a forcé Monsieur de Pressensé et M. lô^acinthe
Loyson de se retirer avec éclat du congrès;
il est peut-être vrai que le mouvement
réformateur ne prend pas pied parmi lés
races latines , mais le meilleur moyen de
changer cet état de choses n’est certes
pas de s’isoler dans une intolérance absurde, comme l’ont fait M- de Schulte et
d'autres éminents orateurs allemands ;
cette attitude fera perdre au vieux-catholicisme bien des sympathies secrètes sans
rien lui donner en compensation !
E. Maian Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Cbiantore.