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t* année
Juin 1866.
iV.» tt.
LtCHO DES VALLEES
(NOUVELLE SÉRIE)—
Que toutes les choses qui sont véritables.... occupent
vos pensées — ( Philippiens., IV. 8. )
SOMM AIR E — Adresse au Roi. — Histoire Vaudoise. L’Ecole des Barbes. — Glanures et Pensées. — Faits divers. — Nouvelles religieuses. — Nouvelles locales. —
Questions locales. — Conditions d'abonnement.
ADRESSE DU SYNODE ET DE LA TABLE VAUDOISE
A S. M. LE ROI VICTOR EMMANUEL
Jamais l’Assemblée Synodale de l’EglLse Vaudoise ne se
sépare qu’elle n’ait de quelque manière e.xprimé ses vœux
pour la conservation du Roi , et sa reconnaissance pour la
protection dont elle a été l’objet.
La situation extraordinairement sérieuse où se trouvent une
fois de plus et le pays, et le gouvernement, et la Famille
Royale, devait prêter à raccomplis.sement de ce devoir quelque chose de particulièrement solennel cette année-ci, et engager le Synode à porter directement à la connaissance de
S. M. les sentiments de la population vaudoise à son égard.
C’est l’objet et la raison de VAdresse qu’on va lire , et que
la Table date de la Tour le 30 mai 1866.
Sire ,
Les soussignés membres de la Table Vaudoise s’estiment
heureux d’être auprès de V. M. les interprètes des sentiments
de l’Eglise Vaudoise tels que le Synode les a exprimés à l’ar-
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ticle suivant de ses Acte$ : — « Le Synode appelle toutes les
» bénédictions de Dieu sur le Roi Victor Emmanuel II et son
» Auguste Famille, ainsi que sur ses Ministres et le Parlement;
» Il renouvelle l’expression de sa reconnaissance pour la li» berté religieuse maintenue par le Gouvernement ; et dans
» les graves circonstances que nous traversons, il fait les
» vœux les plus ardents pour que Dieu détourne de la patrie,
» si telle est sa volonté, les malheurs de la guerre , et pour
» qu’il daigne conduire bientôt l’Italie à l’accomplissement de
» ses destinées. — Il invite en outre les paroisses de l’Eglise
» Vaudoise et les Congrégations Evangéliques sous ses soins
» à redoubler de prières pour la prospérité temporelle et spiri» tuelle de la patrie ».
En nous acquittant de l’honorable mandat qui nous a été
confié , nous sentons le besoin d’affirmer encore avec toute
l’énergie dont nous sommes capables, les sentiments de loyauté et d’inviolable attachement des Vaudois pour l’Auguste
Maison de Savoie et pour nos libertés constitutionnelles, et leur
ferme résolution de concourir dans la mesure de leur petitesse
et de leur pauvreté à l’entière indépendance de l’Italie.
Tout en appréciant hautement les bienfaits inestimables de
la paix, ils n’en comprennent pas moins que dans des circonstances exceptionnelles la guerre devient une douloureuse nécessité qu’il faut affronter avec un courage et une constance
inébranlables. — Déplorant donc très-vivement les préjugés et
les passions qui s’opposent à une solution pacifique de la grande
question de l’unité de l’Italie , ils ont la ferme confiance que,
par cette dernière épreuve et le suprême effort qui lui sont
imposés, ses légitimes aspirations seront enfin réalisées.
Daignez, Sire, accueillir avec bonté l’expression de ces
sentiments et de ces vœux d’une petite peuplade à laquelle
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VOUS avez toujours témoigné une bienveillance qui lui est si
précieuse , et agréez l’hommage du profond respect avec lequel nous nous disons,
De V. Ji.
Les très-humbles et très-fidèles serviteurs et sujets
Les Membres de La Table etc.
Nous apprenons que S. M. a témoigné à la Table sa vive satisfaction
pour les sentiments et les vœux que cette adresse exprime au nom du
Synode.
HISTOIRE VAUDOISE
L’ÉCOLE DES BABBES'’'
L’Eglise Vaudoise possède , grâce à Dieu , un système complet d’enseignement. Les cadres de toutes les branches de l’instruction publique , depuis les écoles les plus élémentaires
jusqu’à la Faculté de théologie , sont remplis. Mais pour arriver à ce but longtemps poursuivi, il n’a pas fallu moins de
six siècles , et ce n’est que d’hier seulement que date le couronnement de cet édifice dont la construction a été si lente
et si laborieuse.
Ce long développement, poursuivi au milieu de circonstances difficiles et presque toujours défavorables , ne méritet-il pas d’être raconté, au moins dans ses traits principaux?
Nous ne voulons pas cependant embrasser aujourd’hui dans
toute son étendue l’histoire de l’instruction au sein des Vallées depuis les temps les plus reculés. Tout ce que nous pouvons faire pour le quart d’heure , c’est d’entretenir nos lec
(*) Voir sur les Barbes ou Missionnaires l'Echo de$ Vallées de 1849 ( n. 7 ) l.re année.
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leurs de cette fameuse Ecole des Barbes, qui revit maintenant
dans notre Faculté de théologie , mais qui, moins heureuse
qu’elle ; a dû se cacher dans nos montagnes au lieu d’avoir sa
place au soleil dans le centre politique et littéraire de l’Italie.
A peine le nom de Vaudois paraît-il dans l’histoire qu’il se
trouve lié d’une manière indissoluble à celui d’une Ecole. Jusqu’à la Réformation nos Vallées ont servi, semble-t-il, de
centre de ralliement aux nombreuses Eglises, dans lesquelles
se personnifiait le mouvement évangélique du moyen-âge. De
divers pays partaient grand nombre de jeunes gens destinés
au Saint Ministère pour étudier et se façonner dans les Vallées. C’était une tradition que les Bohèmes en particulier et
les Alsaciens suivaient habituellement, et cela au témoignage
même de l’Inquisition : « Ils ont la coutume — dit-elle —
de se rendre en Lombardie auprès de leurs précepteurs les
Vaudois, afin d’y étudier la théologie dans une certaine Académie ou Ecole ». Or cette Ecole n’était autre que le Collège
des Barbes situé , on ne sait trop l’endroit, dans la retraite
isolée et austère du Pra-du-Tour , étroit vallon qui s’ouvre au
sortir d’un défilé sauvage et que des pentes escarpées ferment
de tous côtés. Il n’y a pas de ruines, on peut bien s’y attendre , qui marquent l’emplacement de cette antique Académie ; il n’y avait point là d’édifice commode et spacieux
où, dans des salles bien aérées et bien chauffées, les étudiants pussent tranquillement suivre les cours ou fixer dans
leur mémoire les Evangiles de S. Matthieu et de S. Jean, les
Epîtres Canoniques et les Prophètes. Mais si l’Ecole des Barbes
n’a pas laissé de traces matérielles de son existence , elle vit
pourtant dans l’histoire, dans le souvenir d’hommes comme
Tertianus qui se disait, au pied de ses lettres « prêt à tout »,
dans celui de ces Evangélistes envoyés deux à deux jusqu’à
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l’extréraité de la péninsule italienne, portant leur message aux
Vaudois cachés dans les grandes villes , ou pénétrant sous les
dehors d’un colporteur dans l’intérieur des maisons et des
châteaux.
Cette Ecole , dit Gilles , a formé des pasteurs « fort doctes
et bien versés ès-sciences , langues et intelligence de l’Ecriture Sainte et des Docteurs de l’ancienne Eglise ». D’après
cela il est très-facile de voir qu’on n’y enseignait pas la théologie sans y avoir préparé les jeunes gens par des études préliminaires qui, pour le temps, étaient assez complètes. Parmi
les anciens manuscrits que Léger remit à Morland pour être
déposés à la bibliothèque de l’Université de Cambridge , se
trouve une Grammaire latine des anciens Barbes ; Gilles nous
apprend de son coté que les Barbes « exerçaient leurs escholiers en divers langages , afin qu’ils fussent capables d’enseigner en tous les pays où il serait besoin de les envoyer ».
Voilà , à coté du latin , l’enseignement des langues virantes ;
nul doute qu’il ne roulât en particulier sur la langue italienne
et la langue française. Si maintenant nous passons aux sciences,
nous les trouvons représentées, parmi les manuscrits de Cambridge , par un traité d’aritmétliique , puis par un traité de zoologie , en langue romane , écrit au point de vue de l’instruction que nous pouvons retirer de la nature de plusieurs animaux ; puis par un traité de philosophie morale, en latin. Entre
les mains de Perrin se trouvait, entr’autres manuscrits, un
traité portant ce titre : Li parlar de H Philosophes et Doctors ,
espèce d’histoire de la philosophie, ou, si l’on aime mieux,
im exposé des principaux systèmes philosophiques qui attiraient alors l’attention générale. Enfin , et sans quitter le terrain scientifique, il faut ajouter que les Barbes étaient fort
entendus en médecine et en chirurgie, et fort estimés sous ce
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rapport aussi. Ils pourvoyaient par ce moyen à leur subsistance pendant leurs longs voyages de deux ans ; et ce talent,
auquel pas un d’eux ne semble avoir été étranger , leur servait en même temps de recommandation et de passeport sur
toute leur route. Cela ne les empêchait nullement d’exercer
à côté quelque métier manuel et d’y initier leurs disciples , à
l’imitation de S. Paul qui travaillait de ses propres mains. Cette
éducation technique ei professionnelle était le complément obligé
de l’enseignement préparatoire.
Ces études achevées, commençait alors l'étude de la théologie ; elle consistait essentiellement dans la connaissance de
l’Ecriture Sainte, connaissance d’un caractère tout pratique,
il est vrai, mais qui alimentait néanmoins de nombreux écrits
de controverse, d’éducation et d'exégèse. Ldi théologie pratique
est représentée dans notre ancienne littérature par un traité
latin sur le Sacerdoce, par un certain nombre de sermons,
par un catéchisme et par une liturgie ; — et en fait de théologie historique, il existait une histoire de l’Eglise jusqu’à la
venue de J. C., par où il faut entendre un résumé historique
de l’A. T., dans le genre que nous présente la Nobla Leyczon.
La patristique formait, au dire de Gilles, un objet d’enseignement , et c’est là surtout qu’il faut chercher l’histoire de l’Eglise , étudiée par les barbes dans un but polémique et dogmatique à la fois. Enfin la théologie dogmatique est représentée
par un grand nombre de traités, soit de doctrine soit de morale.
De même que nous avons constaté l’existence de deux écoles , superposées plutôt que fondues ensemble, il nous faut
distinguer aussi, dans l’Ecole des Barbes, deux classes d’étudiants. « Les Barbes étaient fort soigneux à instruire la
jeunesse, et surtout les escholiers de bonne espérance, en
vraie piété et sciences , du nombre desquels ils choisissaient
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ceux qui étaient propres au saint Ministère, lesquels ils retenaient toujours auprès d’eux » (Gilles). — D’après cela on
distinguera aisément : une instruction donnée à tous les jeunes
gens sans excçption , — une instruction spéciale , religieuse
et scientifique à la fois, donnée aux jeunes gens qui annonçaient de bonnes dispositions, — et enfin une instruction plus
spéciale encore que recevaient un nombre restreint d’élèves,
c’est-à-dire , ceux-là seulement qui manifestaient des dons et
une aptitude particulière pour le Ministère de la Parole , et
qui devenaient, dès lors, les compagnons indivisibles des Barbes. — Au reste, il ne faut pas croire que l’instruction , celle-là même qu’on pourrait appeler supérieure , fût localisée
au Pra-du-Tour. L’arrivée des disciples de Waldo lui avait
donné partout une nouvelle impulsion ; les Lyonnais, en bâtissant leurs bourgades, et en y accommodant des maisons pour
leurs pasteurs, avaient songé aussi à préparer des locaux pour
y recevoir et y instruire la jeunesse et pour la confier aux
soins pastoraux. De sorte que l’instruction pouvait se dire fort
répandue dans les Vallées.
Combien de temps dura l’Ecole des Barbes, avec le système d’enseignement qui s’y rattachait? Nous ne saurions le
préciser d’une manière certaine; Léger (né en 1615) nous
dit avoir commencé ses classes à Genève, en sixième , l’an
1629. En l’absence d’autres preuves, nous avons une indication isolée fournie par le même historien ; « On lirait, —
dit-il — du Collège des Barbes, la plupart des pasteurs jusqu’au temps de la Ré formation ». — Ce n’est pas encore une
détermination rigoureuse ; mais on peut en conclure que depuis 1532, l’usage s’établit peu à peu aux Vallées d’envoyer
les étudiants à l’étranger. Pourquoi s’en étonner? De nouveaux
foyers plus lumineux de science chrétienne s’étaient formés
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l’un après l’autre au sein des Eglises Réformées ; nos pères
qui sont entrés si joyeusement clans le grand courant religieux
du XVP siècle , ne pouvaient que s’habituer insensiblement à
l’idée de ne plus avoir un établissement théologique leur appartenant en propre; et l’Ecole des Barbes qui, pour une foule
de raisons, fût demeurée trop inférieure aux centres théologiques du protestantisme de France , de Suisse et d’illemagne,
l’Ecole des Barbes, disons-nous , s’éteignit obscurément et
sans bruit après trois siècles au moins d’une modeste et utile
existence.
GLANURES ET PENSEES
Vravail et Prière. — Lorsque Silvauus était abbé d’un des couvents du Sinaï, un religieux en voyage arriva un jour dans cette retraite; mais voyant les moines travailler, il en fut tout scandalisé ; —
Pourquoi, leur dit-il , travaillez-vous pour des aliments périssables?
Marie a choisi la bonne part.
L’Abbé , sans répondre, appela un des novices et lui montra le religieux : — Donne un livre à ce frère et conduis-le dans cette cellule
là-bas , afin qu’il puisse lire sans être dérangé. — Et le religieux s’y
rendit, s’assit et se mit à lire.
Cependant les heures s’écoulaient; le religieux, fatigué, mit son livre
de côté et commença à regarder si personne ne venait l’appeler pour
le repas. Il attendit ainsi plus d’une heure ; enfin , perdant patience
il se leva et se rendit auprès de l’abbé pour lui demander si l’on ne
mangeait donc rien au couvent. Alors l’abbé lui répondit: — Le repas
a eu lieu , il y a longtemps. — Et pourquoi ne m’avez-vous pas averti?
s’écria le religieux. — Ah! reprit Silvanus, je te croyais un homme
tellement spirituel qu’il ne sentait nul besoin de périssables aliments.
Quant à nous, nous en avons encore besoin ; c’est pourquoi non seulement nous prions , mais nou.s travaillons aussi, car nous savons que
l’Apôtre a dit : — « Celui qui ne veut pas travailler ne doit pas non
plus manger». { 2 Thess. Ill 10 ). — Et lui ayant fait donner quelque
nourriture il le renvoya de^ la maison.
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Pensées. — Notre cœur et ses affections sont comme la meule du
moulin; quand elle n’a plus de grain à broyer, elle s’use elle-même.
Cela ne veut pas dire qu’il faille y jeter du sable et des cailloux.
---- Les hommes qui ont le plus reçu de Dieu finissent bien par
avoir quelque chose de bon ; mais alors encore sont-ils trop souvent
comme la feuille de thé ; pour en développer la saveur et le parfum
il faut un peu d’eau bouillante.
FAITS DIVERS.
■/Union ¡VIonétaire. — Le moment approche où l’Italie, la France,
la Belgique et la Suisse seront constituées à l’état d’union pour ce qui
regarde le poids , le titre , le module et le cours de leurs monnaies
d’or et d’argent. La convention date du 23 décembre 1865 et vient d’être
ratifiée par notre Parlement ( Séance de la Chambre des Députés 5 juin,
et séance du Sénat 16 juin).
Il est facile de comprendre combien l'union monétaire contribuera au
progrès de l’oniforinité des poids , mesures et monnaies ; et remédiera
aux inconvénients qui entravaient les communications et les transactions entre les habitants des quatre Etats. Et si par aventure quelqu’un
n’en était pas convaincu, on pourra justement le taxer d’être plusa rriéré que le -pape lui-même , lequel, dit-on , a résolu de fabriquer
dorénavant ses monnaies au môme titre que les monnaies du Royaume,
et par conséquent de l’Union. — Pour les monnaies d’or les seules
types admis sont ceux des pièces de 100 fr , de 50 fr., de 20 fr., de
10 fr., et de 5 fr ; et pour les monnaies d’argent, ceux des pièces de
5 fr., de 1 fr., de 0 fr. 50 c., et de 0 fr. 20 c. — Le poids des monnaies d’or est respectivement de 32 grammes, 16 gr., 6 gr., 3. gr., 1
gr., et celui des monnaies d’argent est, respectivement aussi , de 25
gr., 10 gr., 5 gr., 2 li2 gr., 1 gr. — Le titre , pour ces quatre dernières, est 835 millièmes; pour les écus d’argent et pour les monnaies d’or , de 900 millièmes.
L’Italie n’a rien a changer au titre de ses espèces d’argent monnayé,
de 2 fr., 1 fr., 0. 50 c , et 0. 20 c. Au mois d’avril dernier elle en
avait frappé déjà pour 100 millions en vertu de la loi du 24 août 1862;
elle peut en frapper encore pour 111 millions (total : 211,000,000);
la France peut en frapper pour 239,000,000 ( dont 16 millions déjà
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émis); la Suisse pour 17,000,000, ( dont 10,500,000 déjà émis); et la
Belgique pour 32,000,000. —La convention n’exclut aucun Etat qui,
dans la suite , se déclarerait prêt à en accepter les obligations. Elle
restera en vigueur jusqu’au 1.''janvier 1880; si un an avant ce terme
elle n’a pas été dénoncée, elle demeurera obligatoire pendant une nouvelle période de 15 ans, et ainsi de suite.
Statisliqiie tie l’Empire d’Aiitriehe. — L’Empire avait en 1857
une population de 35 millions d’àmes. Après la guerre de 1859 et la
paix de Villafranca* elle a diminué de 2,726,000. Des 33 millions qui
restent, 2 1[2 millions sont Vénitiens, 8,000,000 Allemands , 3,800,000
Esclavons , 2,000,000 Polonais, 2,800,000 Ru'thènes , 1,400,000 Croates,
6,000,000 Czèques et Slovaques. 5,000,000 Magiares , 1,100,000 Juifs,
et 1,500,000 Bohèmes. — Sous le rapport religieux, la population se
divise en 22,500,000 Catholiques, 3,500,000 Grec-unis, 3,000,009 Grecs
orthodoxes, 2,000,000 Calvinistes, 1,200,000 Luthériens, 1,100,000 Juifs.
— L’Autriche proprement dite renferme 2 1[2 millions d’habitants, la
Hongrie 10 millions, la Galicie 4 millions, la Bohême 4,800,000, et
la Silésie 450,000. La Silésie prussienne au contraire a une population
de ,3 millions d’habitants. — G allignarli's Messenger du 8 juin).
En dette tie In Kiissie» — D’après la Gazette de Pétersbourg , la
dette de la Russie s'élève au chiffre énorme de 1,332,542,573 roubles ,
c’est-à-dire, cinq milliards et 330 millions de francs. De 1857 à 1866
celte dette s’est accrue de trois milliards et 200 millions,!
Statistique de l’Instruction en Italie. — Sur mille personnes
il y a à Turin 489 illettrés, à Bergame 531, à Novare 553, à Sondrio
567 , à Milan 563 , à Còme 586, à Brescia 600 , à Porto-Maurizio 631,
à Cuneo 632 , à Livourne 633, à Alexandrie 661 , à Pavie 681, à Crémone 685, à Gênes 723, à Florence 757, à Bologne 770 , à Modène
772, à Pise 781 , à Lucques 782 , à Naples 785 , à Grosseto idem , à
Sienne 810 , à Ferrare 811 , à Reggio en Emilie 811 , à Parme 816,
à Ravenne idem , à Ancône 820 , à Plaisance 822 , à Massa-Carrara 829,
à Forlì 833 , à Arezzo 846 , à Pésaro 853 , à Perugia 859 , à Aquila
( Abruzzo ultra II ) 860, à Macerata 863, à Paierme 868, à Lecce ( Terra
di Otranto ) 873 , à Ascoli 877 , à Caserta ( Terra di lavoro ) 879 , à
Cosenza ( Calabria citra) 883 , à Bari 885 , à Avellino ( Principato ultra)
886 , dans Principato citra 891 , à Messine 899 , à Foggia (Capitanala)
901 , à Syracuse 902 , à Sassari 904, à Bénévent 905, à Molise (Campobasso ) 906, à Teramo ( Abruzzo ulteriore I) 911, à Chieli (Abruzzo
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citra) 912; à Potenza ( Basilicata) 912, à Catanzaro ( Calabria ultra II)
912, à Catania 913, à Cagliari 919, à Trapani 923 , à Caltanisetta 923,
à Reggio (Calabria ultra I) 927, à Girgenti 928 (Sole clu 15 avril).
Pour compléter ce tableau nous donnerons prochainement l’échelle
ascendante de la statistique criminelle par provinces.
NOUVELLES RELIGIEUSES.
lit» IHIssloii au Sud de l’.-tfrique. — La Mission protestante
française du Lessouto se trouve dans une affreuse situation. Un Missionnaire a été massacré par suite de l’état de désordre où la guerre
a mis toute la contrée; sept autres ont été bannis de leur champ de
travail ; le peuple de Moshesh est vaincu et soumis ; l’œuvre d’iniquité
est consommée. « Voilà, — dit la Revue Chrétienne du 5 juin, — ce
qui fait monter de tous les cœur.s chrétiens un cri d’indignation et de
douleur qui sera écouté par le Dieu de l’éternelle justice ! ». — « C’est
le deuil dans l’âme , — écrit M.'' Casalis aux Archives du Christianisme
( l.r juin ) — et en faisant sur moi-même le plus douloureux effort que
je vous envoie un résumé des dernières nouvelles que nous avons
reçues du Cap ». — Ces nouvelles en effet sont navrantes; que nos
Eglises qui n’ont jamais cessé de s’intéresser d’une manière active au
progrès de l’œuvre missionnaire au sud de l’Afrique , en demandent
maintenant au Seigneur la conservation, et qu’elles implorent, selon
le vœu exprimé par M.’" Casalis, pour les Missionnaires et pour le Comité , la foi, la persévérance et la sagesse dont ils ont besoin dans
des circonstances si exceptionnellement critiques! — Voici le résumé
des faits : — Les Boërs ont exécuté leurs desseins. La plupart des
Missionnaires ont dû quitter leurs stations. Ils ont vainement protesté ;
il a fallu céder à la force. Ils ont été escortés jusqu’à la frontière de
la colonie du Cap. Une fois sous la protection des lois anglaises, ils
ont protesté collectivement contre la brutale expulsion dont ils ont
été victimes. Au Cap l’indignation était générale et la presse a pris
hautement la défense des Missionnaires. Mais ce cri. de réprobation
aura-t-il quelque effet sur les Boërs? Quant à Moshesh il conserve,
il est vrai, son indépendance ; mais ses possessions territoriales sont
réduites au district de Thaba-Bossiou, dont l’étendue est de 44 lieues
de longueur sur 5 de largeur. Au delà de cètte petite province il en
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est une plus considérable où les indigènes seront désormais tributaires
des Boërs ; le reste du pays , où se trouvaient tontes les stations moins
trois, tombe entièrement au pouvoir des blancs, qui comptent y établir 4,000 fermes. Le profond découragement, qui seul peut expliquer
ce dénouement, est provenu en partie de l’expulsion des Missionnaires , mais à cette cause s’en sont ajoutées deux autres , la défection
d’un fils de Mosliesh, qui a fait avec les Boërs une paix particulière
fort préjudiciable aux intérêts de la tribu , et le destruction imminente
de toutes les moissons ; les blés étaient magnifiques et mûrissaient
rapidement ; dans le cours des hostilités , les Boërs y allaient mettre
le feu. Cette perspective a dû paralyser des populations en proie à la
faim depuis un an. — Nous tiendrons nos lecteurs au courant de la
situation.
Synode de l’Eglise libre du Canton de l’aud.— La XX session
du Synode de cette Eglise-sœur a eu lieu à Morges du 21 au 24 mai
1866. Là aussi, comme chez nous, la session est ouverte par une prédication; puis , le Synode une fois constitué , les Commissions donnent
lecture de leurs rapports. Le Rapport de la Commission Synodale (f) se
termine par ce jugement : » Envisagée dans son ensemble , notre Eglise
nous paraît en voie de progrès. Le nombre des membres inscrits ( 4
mille environ ) n’augmente pas , il est vrai, d’une manière sensible ;
mais celui des auditeurs va croissant, surtout dans les villes. L’esprit
de sacrifice et la régularité dans la fréquentation du culte public semblent témoigner de la vie de nos communautés ; et pourtant l’esprit
du monde s’y fait encore trop sentir ; la qualité de membre de l’Eglise
libre se concilie chez plusieurs avec des usages et des habitudes que
l’Evangile condamne. Ce qui nous manque plus ou moins à tous , c’est
la décision , le zèle, l’amour des âmes, le détachement des biens de
la terre et un esprit de vraie fraternité. La vie d’église est aussi trop
peu développée, et les vrais principes ecclesiastiques ne sont pas encore connus comme ils devraient l’être ». — Vient ensuite le Rapport
de la Commission des finances ; il résulte de ce rapport que les recettes
générales présentent un chiffre de 114,926 fr. , et il est bon de rappeler que ces ressources se sont trouvées dans les dons spontanés
d’environ 4 mille membres inscrits; les dépenses totales de 1865 s’élèvent à la somme de 123,327 francs , mais le déficit a été couvert
(i) La Commmion Synodale correspond à notre TahU,
13
— 93
par les sommes restées en caisse. Le Synode, après avoir approuvé
les comptes de 1865 , a adopté le budget de 1867 , s’élevant à la somme
de 112,650 francs. — Le Rapport de la Commission d'Evangélisation porte
6 stations dans le Canton de Vaud, une dans le Canton de Fribourg,
deux dans le Canton de Berne. Les dépenses ont été de fr. 17,499 sur
20,817 fr. de recettes. — Le Rapport de la Commission des Etudes constate la marche prospère de la Faculté de théologie , et rend aux étudiants un bon témoignage tant pour leur conduite que pour leur travail. La Faculté a compris cette année 65 étudiants , dont 37 dans
l’École de théologie et 28 dans l’Ecole préparatoire- Les recettes ont
été de fr. 20,203, et les dépenses de fr. 19,200.—Parmi les Délégués
des Eglises étrangères s’est trouvé M.r Léon Pilatte , président de notre
Synode; il entretint l’assemblée de la grandeur de la mission confiée
à l’Eglise Vaudoise en Italie, et exprima le sentiment que , de même
que le Piémont s’est fondu dans l’Italie, l’Eglise Vaudoise deviendra
aussi italienne par le travail même qu’elle poursuit dans la péninsule.
— Ce qui se fera dorénavant chez nous, se fait depuis longtemps dans
l’Eglise libre du Canton de Vaud; cette année, six Eglises ont présenté
leurs rapports sur elles-mêmes ; ce qui a été pour le Synode une occasion de prières en faveur de ces Eglises. — Le jeudi 24 mai a eu
lieu la comccration d’rm ctmihdai Wurtembergeois, M.r Otto Stockmayer,
qui a pris lui-même la parole, après le discours du pasteur olTiciant,
afin d’exprimer sa reconnaissance pour l’Eglise libre , où il a appris
à connaître son Sauveur. — Ce même jour la session fut close à 7
h. du soir.
Ecole Evaiij^élique de ¡TJIolaii. — Il va être ouvert à Miolan ,
près Genève , dans la propriété et par les soins de M.r Butini-de la
Rive, une école évangélique destinée à former , par la pratique et par
la théorie , tous les ouvriers ( hormis les pasteurs ) que réclame la
mission intérieure dans les pays de langue française. II nous a été
remis au sujet de cet établissement une circulaire destinée à en faire
connaître les principes et l’organisation. Nous venons de dire quel est
son but; personne , certes, n’en contestera l’opportunité. L’institution
que M.r Butini - de la Rive se propose de fonder à Miolan accueillera
tous les jeunes gens qualifiés pour la mission intérieure; ils y recevront, tout en s’occupant à des travaux manuels, une solide instruction biblique de nature à les préparer pour l’une quelconque des oeuvres
de cette mission (évangélistes, instituteurs, directeurs d’orphelinats.
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de disciplinaires, infirmiers , surveillants dans les prisons etc. ) Projet
digne en tous points du concours sympathique des Eglises Chrétiennes. Les intentions du généreux fondateur permettent à cette Ecole de
se passer des contributions pécuniaires, — nous dit la circulaire; ses
futurs directeurs, MM. G. Tophel et P. Châtelain , osent réclamer, d’autant plus, une coopération spirituelle. Il est peut-être , dirons-nous avec
eux, dans nos campagnes plus d’un Elisée ignoré qu’il faut prendre
à la charrue paternelle, des Amos â leurs troupeaux , un Simon-Pierre
à sa barque de pêcheur. Il faut les découvrir et les appeler à l’œuvre.
Il faut aider à les chercher. Agriculteurs , simples artisans , ouvriers
aux mains rudes , tous seront acceptés , s’ils ont au cœur l’amour de
Jésus Christ, l’amour des âmes , l’humilité et l’esprit de sacrifice.
Chaque candidat doit, avant toute démarche, examiner devant Dieu,
s’il peut, dans une mesure suffisante remplir cette attente légitime.
On n’est reçu dans l’école que de 20 à 30 ans, et après avoir fourni
les preuves d’avoir reçu une bonne instruction primaire. La durée du
cours est de trois ans ; les six premiers mois sont regardés comme un
noviciat, un temps d’épreuve. Les élèves n’auront à leur charge que
les frais de voyage et l’entretien des vêtements. Le programme des
éludes comprend le français, la géographie et l’histoire , l’histoire
sainte, l’introduction aux livres de l’Ancien et du N. T., une dogmatique élémentaire, l’histoire de l’Eglise, la géographie biblique, l’interprétation de la Bible, les exercices homilétrques, l’hygiène , le chant.
La Direction ouvrira aux élèves divers champs d’activité propres à les
former pour leur carrière. Trois ou quatre heures de la journée seront
consacrées à divers travaux industriels et agricoles , et à quelques-uns
des soins domestiques. De la sorte sont combinés trois éléments, qui
réunis, assureront à l’Ecole une grande partie de ses futurs succès.
Le centre et la base du programme c’est l’Ecriture Sainte, étudiée pratiquement. Le second élément c’est un champ d’application ouvert aux
différentes carrières auxquelles l’Ecole veut préparer les jeunes gens.
Enfin les travaux manuels ont surtout un but moral ; il sont un préservatif contre la pédanterie, un antidote contre l’orgueil.
Puissent ces lignes tomber sous les yeux de plus d’un jeune homme
bien disposé 1 Nous serions particulièrement heureux d’avoir suggéré à
quelqu’un de devenir infirmier dans nos hôpitaux. On aura remarqué,
«ans doute , que dans la liste des cours figure aussi l’hygiène dont la
connaissance est si précieuse pour tous ceux qui veillent au chevet de*
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malades et qui pénètrent souvent dans la demeure du pauvre. Cela
répond â un besoin qui depuis longtemps s’est fait sentir chez nous.
Nous sommes prêts à fournir de plus amples informations à quiconque désire en savoir davantage. En attendant nous tenons â ajouter
que les seules époques où l’on puisse entrer à Miolan sont le premier
février et le premier septembre; cette année toutefois, l’ouverture de
l’Ecole est renvoyée au mois d’octobre.
NOUVELLES LOCALES
Le 29 mai dernier, le pasteur du Villar-Pélice se trouvait aux Palets,
l'un des hameaux les plus élevés de sa paroisse , quand il vit arriver
quelques hommes dont l’un portait enveloppée dans un drap la dépouille mortelle de sa propre fille. Voici les détails que nous avons pu
nous procurer sur ce douloureu.x accident.
A l’heure où les bergers sortent leurs troupeaux et avant de quitter
la maison , où elle ne devait plus rentrer vivante , Susanne fiarolin ,
jeune fille de 18 ans, avait embrassé tendrement sa petite sœur , et
dit à sa mère, qu’elle voyait toute soucieuse de ne pas tant se préoccuper des biens ou des affaires de ce monde. Puis , en compagnie de
sa cousine qu’elle aimait beaucoup , elle avait conduit son troupeau
sur les hauteurs de Perlusel, à plus d’une heure des habitations.
N’ayant que peu ou point de goût pour ces insipides chansons qui
forment encore tant de jeunes gens à leur image , nos deux amies
avaient fourni leur mémoire de plus d’un cantique , et elles en'chantèrent ce jour-là plusieurs avec un entrain particulier : « jamais nos
voix ne s’accordèrent si parfaitement » disait plus tard celle qui survécut.
En Toi ma paix est parfaite ,
0 mon Rocher , mon Dieu fort !
Dans la tempête
Tu es mon port,
Et ma retraite
Même en la mort.
Tel est un des versets qu’elles venaient de chanter, lorsque voyant
quelques chèvres qui* s’écartaient, elles se. mirent, comme tous les
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bergers, à leur jeter des pierres pour les ramener avec le gros du
troupeau. Ce fut alors que la jeune Susanne Barolin , s’étant trop avancée au bord du rocher, glissa sur le gazon humide et roula au fond
du précipice. Hors d’elle, sa cousine qui était occupée à fournir les
pierres , n’eut que la force de descendre , en faisant un long détour,
jusqu’à l’endroit où se trouvait la pauvre mourante, déjà sans mouvement. Elle l’arrangea du mieux quelle put, lui mit un peu de laine
sous la tête où était une profonde blessure, puis elle courut avertir
les parents. Le père, suivi de quelques voisins, partit sans délai,
trouva sa fille encore en vie, et comme il l’emportait du côté de la
maison, il eut la douleur dirons nous, ou la satisfaction, de la voir
expirer entre ses bras.
Une personne capable d’en juger rend à la défunte Barolin le témoignage que c’était une jeune fille pieuse et retirée : — douce consolation pour sa famille! — sérieux avertissement pour ses compagnes...
et pour bien d’autres!
QUESTIONS LOCALES
Première Question. — Quel est le chef-lieu de commune où il
faut passer entre une prison et un abattoir pour arriver à la Justice ?
f La réponse au prochain numéro J.
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