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Année Sixième.
12 Mars 1880
N. 11
TÉMOIN
ËCHO DES VALLEES VAUDOISES
A*
Paraissant chaque Vendredi
me seiTêi témoins. Actes 3, S. Suivant la vérité avec la charité. Ep. ], 15
♦
PRIX D’ABBONNEMENT PAR AN Italie . . . . L. 3 Tous les pays de l’Union de poste ... * G Amérique ... » P On s’ubonne •. Pour Vlntériettr che^ MM. les pasteurs et les libraires de Torre Pellice. Pour VEoctériear an Bureau d’Ad- ministiation, j ün ou plusieurs numéroi? sépa- rés, domandés avant le ti- rafie 10 oeüt. .chacun. Annonces : 25 centimes parligue. Les envois d'argent se font par lettre recommandée ou par mandats sur le Bureau de Pe- rosa Argentina.
Ptfur la RÉDACTION adresser ainsi : A la Direction du Témoin , Pomaretto ( Pinernlo) Italie, pour l’ADMiNISTRATlON adresser ainsi : A l’Administration du Pomaretto ( Pineroloj Italie.
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t
I
• V .
i^omm.alr'o.
r.es Vaudois dans ,l’Afrique du
ün retard involontaire. — Correspondance..
— Nouvelles religieuses, et Jails divers. —
Chronique vaudoîse. — Revue politique.
».ies ^Vauilois dans I'Afriqne dl Sud.
'f^ôüs aton.s été surpris d’apprendre
par un arlicle’ du Temps de paris, 9
janvier 1880, qu’il y a depuis de deux
siéeles des Vaudois parmi les Boërs.
Voici ce que nous extrayons de ce
journal : Il ésl difficile de faire un
voyage dans l’Afrique du Sud sans rencontrer à chaque pas dés Du Toit, des
Hugo,etc. dont le nom indique l’origine française, et qui sont les descendants des huguenots qui ont quitté
leur pays à l’époque de la révocation
de l’édit de Nantes. Mêlés depuis deux
cenU ans aux colons hollandais , ils
OTl adopté le langage et les mœurs.
De ce mélange est sortie la fièré race
desi^oërs, race colonisatrice par excellejiPe qui jusqu’à ce jour a servi d’avantgarde à là civilisation européenne, qui
a colonisé le Cap Natal, le Free State,
le Transwaal , errant aujourd’hui sur
les bords du lac N’Gamii et qui arrivera la première au cœur de i’Afriqué.
A l’époque où nos malheureux compatriotes, chassés de leur pays par la
peisédutiort religieuse, étaient obligés
de demander un asile à l’étranger et
particuliérement à la Hollande, Van
der Stell représentait en qualité de
gouverneur la compagnie’ hollandaise
des Indes Orientales au Çap de Bonne
Espérance. Colonisateur|de grand talent,
il comprit l’importance que pouvait
obtenir la colonie par une immigration
bien dirigée; il fil parvenir à ce snjelr
une commurricatton ao-O&Bseil des
Dix-sept en ■ Hollande. Elle fut aussitôt prise en considération , et le .16
novembre 1687 la dépêche suivahté
fut transmise d’Amsterdam au gouverneur Van der Stell.
« Nous ayons résolu de vous envoyer, conjointement à nos émigrants
nationaux, quelques réfugiés français
et piêmontais’, pour le'traitement des
quels vous vous conformerez aux instructions ci-jointes... Ces réfugiés appartiennent tous à la religion réformée
pour l’exercice de laquelle nous leur
avons aussi accordé un pasteur qui
est sur le point de partir. Parmi eux
vous trouverez des vignerons et des
gens qui savent fabriquer le vinaigre
et le cognac.... Ces gens sont indus-trieux et savent se contenter dé très
peu. Il leur sera façili^ -dp se créer
une position au fapjpiiWletlj|jtravail.
d’autant plus qil^I\^ en
sûreté sous un gjfuvirnÉ
et délivrés des pe-sfe
ont tant souffert. T^lWiS
pourvu de tout,
ernel
t ils
atil dé
re devoir
2
-82.
de les assisler à leur arrivée, de leur
fournir ce dont ils peuvent avoir besoin pour leur subsistance, jusqu’à ce
qu’ils soient établis et capables de
gagner leurs propres moyens d’existence ».
Suit la liste des conditions faites à
ces émigrants par la compagnie qui
n’avait eu garde d’oublier ses propres
intérêts, — Nous l’omettons. — Vient
ensuite la liste des familles dont on a
pu relever les noms dans les archives
de la colonie. Nous en citons quelques
uns qui paraissent appartenir à des
vaudois. — Jacqxies de Savoye et sa
femme Maria Maqdalexia, Jean de
Bruysse et Jean Parisien, la veuve
Jeanne Marthe Jourdan et ses enfants,
Pierre Malan, André Planchón, Frache,
Gardiol, Hugon.
Nous omettons les noms qui ne peuvent avoir appartenu qu’à des français.
11 est à croire que si les français et
les piêmonfais avaient été plus nombreux , ils n’auraient pas perdu si vite
l’usage de leur langue ni même de leur
culte particulier; mais c'est justement
ce que la politique hollandaise tendait
à éviter. Car, ainsi que le dit M. Anthony Trollope dans son ouvrage sur
l’Afnque du sud : « les émigrés français (et piémonlais) et leurs descendants furent forcés par une main de
fer dans des moules hollandais , et
maintenant rien ne reste d’eux et de
leur vieux pays que le nom seul qu’ils
portent *.
Le gouverneur Van der Slell se hâta
de répartir ces émigrés dans les environs de la ville du Gap, à Slellenbosch,
à Dakenstein, sur les bords du Berg
River et dans le district qui s’appelle
encore aujourd’hui le coin français.
Au bout de deux ans, la communauté était devenue assez prospère pour
vivre par elle-même , et l’un des réfugiés, Jacques de Savoie, fut élevé
à la dignité de juge.....
Le révérend Pierre Simon qui était
arrivé avfc''eux, était chargé de leurs
besoin^'.*%iritu1e]s. j^haque dimanche
le ser^e fciri en français était célébré M tanTôt^,à,ijSli)llenbosch , dans
réglise’''^oltiteMsè*», tantôt à Drakenslein. Mat^Jes huguenots ne lardèrent
pas à ressentir les effets de la tjrannie
de la compagnie hollandaise; (Wt leur
refusa d’élever une église à Drakenslein , d’administrer les fonds de leurs
pauvres, on leur interdit même d’élire
leurs diacres et leurs anciens.
Après quelques années, le ministre
Simon retourna en Europe et fut remplacé par un nouveau pasteur. D^rès
les instructions reçues, ce pasleirr Cféi
savait le hollandais cl le français, ne
devait pas prêcher dans cette dernière
langue ; il ne devait s’en servir que
pour diriger et consoler ceux des vœux
réfugiés qui ne comprenaient et ne ”
parlaient pas le hollandais. Ainsi la
langue française finit pav dispari»îlre
entièrement et fut remplacée par le /
ht^landais, qui seul fut enseigné aux
jigunes.
T^lpft/elle mesure ne devait pas larder
à porter ses fruits; la langue française,
qui passait au second rang dans l’église, fut interclile en 1709 pour toute
.communication s’adressant au gouvernement., En 1724, le français fut employé nour la dernière fois au service
divin. ,
Mais si les émigrés huguenots
dirent leur langue, s’ils se façonnèrent
à de nouvelles mœurs, il résulta de
leur fusion avec les colons hollandais
une modification générale dans le caractère des deux races. Les Boërs ont
encore aujourd’hui quelque chose de
welche dans le caractère. Le Boër n’est |
pas un hollandais ; c’est un Africander, "
ainsi qu’ils aiment à se nommer euxmêmes.
■ Sous le second gouverneur Adrian
Van der Slell, quelques colons terrifiés par les mesures qu’il avait prises,
dégoûtés de ce gouvernement personnel
et restrictif, résolurent d’émigrer'ter*'**
l’intérieur.... Ils partirent à l’aventure
par petits groupes, espérant trouver
dans la solitude la liberté qui *f^r
était refusée. Ils ne tardèrent pas à ê*e
suivis par beaucoup d’autres. Ce genre
d’émigration est devenu pour les Boërs
une habitude nationale. Plus lard ils
ont émigré devant jla domination anglaise et se sont établis dans le Free
Siale et Natal. Nous les voyon.s ensuite
fuyant encore et colonisant le Trans-
3
/83.
waal. li y :> deux ans, lorsque ce dernier pays fui annexé aux possessions
anglaises, un parti de Boërs se dirigea
vers le Nord, à l’aveniure, el après
des souffBances inouïes, s’arrêta sui'
les bordsT®i lac N’Garni. De là après
une courte nillle , ayant appris qu’il
y avait de riches pâturages plus au
nord, ils repartirent, et, il y a deux
mois, on apprit au Gap qu’ils s’étaient
arrêtés sur les bords de Cunéné River.
Leurs souffrances avaient été terribles,
un Comité se forma au Cap pour les
secourir....
Il y a lieu de s’étonner que les Boërs,
descendants de huguenots, de vaudois, d’anciens protestants qui ont
tant souffert pour leur foi n’aient pas
eu l’esprit missionnaire, même qu’ils
aient vu de mauvais œil la mission française parmi les Bassoulos, comine si
les Cafreset les autres alricains étaient
prédestinés à rester toujours païens.
Mais nous voyons, plus près de nous,
des protestants qui, souvent dans l’intérêt de leur industrie ou de leur
commerce ou par préjugé, pensent que
les italiens et les espagnols ne sont pas
■ propres à embrasser le pur Evangile.
Un retard invuloiilaire
Honoré Monsieur,
.\llendant qu’une plume plus autorisée que la mienne voulûl'bien donner
‘quelques détails sur le départ d’une
de nos sœurs, j’ai renvoyé, je le crains,
un peu trop longtemps celte douloureuse nouvelle.
Dans le courant du mois dernier,
s’éteignit à Turin, à riiôpilal vaudois, une chère existence, Madame
Gay-SLuder. Bien connue aux vallées,
surtout dans le val Saint-Martin où
elle avait été appelée à exercer son
œuvre d’abord au Domarel , comme
directrice de notre hôpital, ensuite à
Praly, où elle déploya son activité à
côté de son mari, il n’est pas nécessaiie de la présenter à vos lecteurs.
Minée par une maladie, qui la faisait
cruetlemenf souffrir, elle se vil obligée
de quitter ses nouveaux amis el son
intérieur, pour venir chercher à Turin
un climat plus doux, où elle espérait
se rétablit. Hélas, l’hivor précoce el
el rigoureux qui a fait déjà tant de
victimes lui ôta bientôt toute espérance,
dès lors elle se prépara au délogeinenl, pour sa pairie céleste ! Ceux
qui ont eu le bonheur de la visiter,
ont été surpris el édifié, en la voyant
si calme el si sereine en présence du
roi des épouvanlemenls. Notre sœur
attendait son Maître, veillant el priant.
Après avoir participé à la Cène du
Seigneur, fait ses adieux à son mari
el à ses amis, elle se trouva plus calme
que jamais. C’est dans un de [ces moments qu’elle dit; «Ecrive/, au pasteur qui m’a baptisée el conlirmée que
j’ai gardé la foi ». La veille de sa mort
elle eut encore le bonheur de revoir
son frère unique, el dans la nuit elle
s’endormit dans les bras de son Sauveur.
Tel a été le départ d’une chrétienne;
si nous l’avons regrettée elle nous a
appris à mourir. Que ces quelques
lignes soient pour noire collègue et
frère un soulagement ; il sait que
celle qu'il pleure est heureuse dans
les demeures éternelles.
C. A. Tron.
(Îotresponbattce
Pignerol le 5 mars IriSO
Très honoré Directeur du Témoin,
Le Mars courant un immense
convoi composé de plusieurs centaines
de personnes accompagnait au champ
du repos la dépouille mortelle de Josephine Balmas, — une lleur cueillie
prémauirérnenl par la froide main de
la mort. La bonne rénommée dont elle
jouissait auprès de la population de
cette ville s’esl confirmée d’une manière louchante dans celle triste circonstance. — « Elle est morte comme
un ange, disait naïvement une dame
au retour do la cérémonie funèbre ».
Surprise par les signes précurseurs
d’une mort prochaine ; sa conscience
4
->84
se réveilla d’une manière puissanle,
d’autant plus puissante peut-être que
l’attachement à la vie était chez elle
plus grand. Elle n’avait, hélas ! pas
achevé encore sa 24® année. Je cherche
en vain dans les souvenirs qui se rattachent il ma carrière pastorale, une
malade qui se sentît portée si irrésistiblement à rendre témoignage de sa
foi, et qui sût associer dans l’accomplissement de cet impérieux devoir,
tant de douceurs, tant de naturel ,
avec tant de fidélité. Les derniers jours
de sa vie terrestre furent, on peut le
dire, une prédication non interrompue.
Quel tendres adieux à l’adresse de ses
amies et de ses connaissances! adieux
saisissants pat; le caractère religieux
qu’ils revêtaient. Ses recommandations
portaient principalement sur deux
points ; le respect et l’obéissance envers les parents; l’adoration et le culte
réservés à Dieu seul.
A quelles secrètes préoccupations répondaient ces exhortations si vives et
qui faisaient couler tant de larmes, il
serait malaisé de le dire. Peut-être
a-t-elle été témoin des funestes etfets
produits par la révolte contre l’autorité
des parents ; et le spectacle de l’exagération croissante du culte, qui se
tourne vers la créature, en délaissant
le Créateur, avait-il fait une impression ineffaçable dans son esprit? Ce
que nous pouvons hardiment affirmer,
c’cst (|ue le courage de cette jeune
fille sur son lit de mort, en confessant
sa foi , est un phénomène trop rare
pour ne pas être signalé tà l’attention
de tant de lâches disciples du Seigneur
qui craignent les moqueries et les persécutions des hommes plus que la désapprobation et le déplaisir du Maître.
Pourtant celte jeune fille avait passé
quatorze ans de sa vie dans l’atmosphère peu saine des auberges, et n’y
avait pas désappi is le devoir éminemment chrétien de rendre homrnîige â
l'Auteur du salut. On dit qu’elle avait
gagne sa maladie dans une soirée dan^
santé qui avait eu lieu chez une famille
amie, cela peut être, mais nous tenons à déclarer que ce no fut point
dans ;un bal masqué. Le choc de la
maladie brisa .sans peine cette exis
tence qu’un mince fil rattachait à la
terre. i
Ce qu’il y a eu de profondément édifiant dans celle chambre de tnalade ,
pendant que la Ste Gène éta^dislribuée
à la jeune fille et à touyp membres
de sa famille réunis, le'ipeîice recueilli
de la chère patiente qui faisait contraste avec son besoin de parler en
dehors de la cérémonie religieuse qui
s’accomplissait; la voix intérieure qui
l’avertissait de la part de Dieu de sa
fin prochaine; tout cela restera comme
un témoignage du changement réel et
profond qui s’était opéré en elle par
la puissance de l’Esprit du jSeigneur
qui appelle les choses qui ne sont point
comme si elles étaient.
C’est fespril d’En Haut qui a éclairé
pour elle les sombres abords de l’Eternité, et lui adonné de prendre joyeusement son essorl vers un monde
meilleur.
Et nous dirons, nous aussi, en finissant: t Que je meure de la mort
des justes et que ma fin soit semblable à la leur ».
Agréez, honoré Directeur et cher
frère, les salutations cordiales de votre
dévoué
P. F. Cardon pasl.
Monsieur le Directeur,
■le vous aurais écrit plus tôt si l’amour
de la vérité n’avait pas eu à vaincre
d’abord l’amour propre, ou la vanité
du vaudois. El puis je complais un
peu que quelqu’un autre aurait act*
compli ce que je regarde comme un
devoir de loyauté ; et que je pourrais
ainsi m’en dispenser moi même. Vous
avez eu de bonnes raisons pour ne
pas le faire avant que d’autres eussent
le temps de se décider.
Si vous ne l’avez pas déjà deviné,
je vais vous dire de quoi il s’agit.
Quelques journaux élranprs font aux
vaudois un honneur qu’ils ne méritent
pas, en publiant que celle petite population d’agriculteurs a recueilli une
somme de quatre vingt mille francs
pour accroître un peu le maigre salaire des pasteurs. Or ce qui est vrai
c’est que la population des Vallées a
5
^85.
déjà sonscril pour environ les trois
huiliètnes de celle somme, tandis que
les cinq autres ont été l'ournis ou
promis par deux seuls vaudois qui
n’habitent pas les Vallées. Il en est de
celle collecte comme d’une ionie d'autres qui se font par le monde pour
toutes sories d’œuvres; la moyenne
des conlribu.lions de chaque donateur
serait énojmémenl rèdi,nie si l’on séparait du total ha SGUSCI ipiion de deux
ou trois personnes, meme quelquefois
d’une seule.
Cela ne veut pas dire que les vaudois des vallées, malgré leur pauvrelé
proverbiale, ne pussent doubler leurs
dons , surtout si on leur accorde un
délai raisonnable, et cela d’autant plus
que sur le tableau qua m’a fait voir
un membre de notre Comité local quelques paroisses font assez pauvre figure.
Ce qui ne s’est pas fait encore se fera
cet lainernenl, si on sait y meure le soin
voulu, mais n’anticipons pas et ne
nous Eaiso"5 P*!® beaux que nous
ne sommes^. C'est l’opinion de votre
etc. X.
iÎoutielk© rcltjgbuees
et fa-its divers.
Un journal génois le Ca/faro avait
publié, à propos de l’affaire Krancéscbi,
une lettre de son correspondant romain, contenant des appréciations fausses et injurieuses pour l’œuvre de' l’Evangélisation : M. RibeUi, qui avait le
droit de se croire mieux informé sur
ce sujet, demanda une rectification :
elle lui fut refuiîée : une inlimalion
formelle au nom de la loi et par le
moyen d’nn bnissier ne réussit à arracher au journal récalcitrant qu’une insertion tardive de la iellre de M. Ribelli, préalablement mutilée; ce dernier
jugeant que là où l’Evangile est en
cause, l'indulgence serait une infidélité, insistapoiirqne, bon gré, malgré,
pleine justice fût rendue à la yériléj:
l’affaire fiit portée devant le Tribunal
correctionnel de la villo de Gènes dans
l’audience du 22 février pa,ssé ; noire
évangéliste s’élait consliUié partie civile , ce qui n’élait peut-être, pas parrailement régulier et pouvait donner
lieu à la chicane; mais les avocats défenseurs du Caffaro eurent beau chercher noise là-dessus, le Tribunal,
jugeant le fond même de la chose,
donnait gain de cause au pasteur pro
lestant et le gérant du Caffaro, convaincu d’nn délit de presse, était,
conformément à la loi, condamné au
payement d’une indemnité en faveur
cle sa partie adverse, et à la publication ie la sentence dans les colonnes
de son propre journal.
C’est là, on peut bien le dire, un
signe des temps: grâce au régime de
liberté dont nous jouissons et aux progrès de l’instruction , l’on voit s’augmenler tous les jours le nombre de
ces magistrats qui ont pour la loi qi
la justice assez de respect pour résister
à 1’infln.enGe d’une soutane de, prêtre
ou d’une mitre d’ai'cheyeque.
Le 17 février a déjà pris racine aux
Vallées et à mesure que se foiTifiéi'a
en nous, Vaudpis, 1» sentiment de
nos destinées , cette auiia place
de plus en plus sein de
noire vie religieuse; que chaque année
nous ravivions le souvenir de noire
émancipation, ce n’est plus une surprise : on s’étonnerait à bon droit qu’il
n’en fût pas ainsi ; mais il y a plus :
ce joyeux anniversaire du peuple vaudois tend à devenir un lien nouveau
entre les jeunes églises de notre mission et les anciennes églises du Piémont ; depuis quelques années déjà
celle date no passe plus inaperçue à
Naples, à Florence et ailleurs; Rome
aussi est entrée, celte année, dans
celle voie ; le sujet de notre émancipation fut traité, par M. Ribeiti, dans
une conférence publique et devant une
assemblée fort nombreuse dont une
bonne partie étaient des catlioliques
romains : après le service , les membres de l’église auxquels s’ajoutèrent
quelques amis étrangers prirent part
à un banquet fraternel : ceux qui l’avaient pré^paré, enlr’auires mesdames
les femmes des pasteurs n’eurenl pas à
H
6
-86
regrelter leur peine, en voyant l’entrain
et ta cordialité qui ne cessèrent de régner, dans cette agape ; tel est en effet
le vrai nom de cette fête et parmi les
moyens de développer la vie religieuse,
c’en est un c^ui, de l’avis de Si. Paul,
n’est, pas à dédaigner: et cela d’autant
mieux (jue nos églises ressemblent, il
est vrai, à ^celle de Corinthe, en ce
qu’il n’y a non plus parmi elles beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup, de puissanis, ni beaucoup de
noblés, mais, grâces â Dieu, elles en
diffèrén.l précisément dans la célébration de ces agapes. (Voyez i Cor. xi,
17 sqq.)
Nos journaux religieux annoncent
l’arrivée en Italie du rév. doct. Somer'de' Glasgow; ce vénérable vieillard ne craint pas d’entreprendre des
voyages' longs et fatigants pour son
âge,'el’celâ dans le but de travailler
activement à l'évangélisaiTOn du 'peuple, particulièrement des ouvriers ag,.
gloméresidans les grandes villes; plus
d’uni lécteur -se» demandera peut-être
si \&igenre anglais, qui réussit parfaitement dans llti Grande-Bretagne, a
quelque chaailt'de succès aupiès des
Athéniens de la Toscane êl des, turbulents napolitains; qu’il se rassure:
Mi'Somerville est un orateur qui a , fait
ses I preuves et qui nous arrive de
France, où ¡la reçu un bon accueil et
obtenu iassez de succès auprès des ouvriers de Lyon, de Marseille, de Nîmes
etc. N’ayanl pas trouvé à Gênes de
local monvenablo, il s’est rendu, dans
le courant de la semaine passée, à
Florence, où il espère pouvoir commencer bientôt son œuvre de prédication populaire.
Le protestantisme étend chaque jour
ses conquêtes en France et lyi grand
avenir semble désormais lui être réservé ; en sera-t-il de même de l’œuvre
de réformalion ¡parlielle , incomplète
qu’a entreprise le père Hyacinthe an
sein de l’Eglise calliolique ? l’air de
Paris, la grand'ville, favorisera-i-il le
développement d’une plante qui n’a
pu prendre racine dans le sol de Ge
nève, la Rome protestante ? C’est ce
que nous saurons bientôt. En attendant, M. Loyson , en sa qualité de recteur de VEgiise gallicane (tel est le
nom pris par la communauté qu’il a
fondée) a demandé au Conseil municipal de Paris, l’nsage d’une église,
qui est actuellement desservie par des
jésuites polonais. Ajoutons que sa demande est appuyée par une partie de
la presse républicaine et qu’il a été
invité en personne à s’expli(|uer devant une commission chargée d’examiner l’affaire, il est des personnes
qui allribuenl celte démarche du P,
Hyacinthe à la nécessité de chercher
ailleurs l'appui matériel qu’il ne trouve
pas, en pi’oporlion suffisante , auprès
de ses adhércTils ; nous préférons y
voir lin signe de progrès et la réalisation d’nn tel projet serait à n’en pas
douter, un bon pas en avant fait par
le vieiix-calliolicisme.
La discussion récente au Sénat du
fameux article 7 des loj«- Ferry sur
l’enseignement supérieur, a fourni an
parti libéral l’occasion d'une attaque
à la baïonnette contre le cléricalisme
et le jésuitisme, ce qui est tout un ;
contentons-nous d’extraire du réquisitoire de M. Pelieian contre le clergé
romain le passage suivant ;
« L’homme est un être essentiellement religieux ; c’est l'idée religieuse
qui lui apprend la loi du travail, la
loi de l’épargne, et vous choisissez pour
enseigner la jeunesse ceux qui préfèrent â 'la morale austère de l’Evangile
la morale relâchée des Jésuites; pour
enseigner le culte de la famille et le
respect du mariage vous vous adressez
à des célibataires ; pour enseigner le
respect de la propriété, c. a. d. le travail,
l’épargne , vous prenez des hommes
qui vivent dans l’étal communiste, et
qui, ayant la domination du Paraguay,
n’y ont installé que le régime de la
caserne, de la corvée cl de la gamelle».
Le traitement des pasteurs de l’Eglise
réformée de EYance, a été lixé pour
l’année 1880, comme suit : i* classe :
2200 fr. — 2® classe : 2000 fr. — 3“
classé: 1800 fr. — Il peut être intéressant de mettre en regard de ces
7
.87.
chiffres trop modestes malheureusement , les données suivantes fournies
par un journal ultramontain : — il
s’agit des ressources du clergé romain, enHongrie : le primai a la bagatelle de 3 millions de revenu, à quoi
il faut ajouter quelques cent mille fr.
pour argent de poche; il paraît, d’ailleurs, qu’il n’a pas l’air de se plaindre ;
à peu de distance , derrière lui, se
tient le prince archevêque , qui doit
se contenter, lui, de quelque chose
comme 2.650.000 fr. ; les archevêques,
de second ordre ne jouissent plus que
de 1.300.000 fr. ; les évêques jouent
â la chape entre 880.000 fr, et 440.000
fr. ; le plus à plaindre, celui qui est
au bas de l’échelle, est pourtant à
l’abri de la misère grâce â ses 220.000
fr. ; les abbée et les curés n’ont pas
d’ailleurs, à ce qu’il semble, la vie
plus dure. Tous ces messieurs doivent
bien regretter que l’Eglise ne leur impose à, ¡eux aussi, comme elle le fait
pour lès moines, le vœu de pauvreté!
Il est vrai que ce n’est pas partout
pays de cocagne et que p. ex. les ecclésiastiques romains de chez nous
n’ont pas, tant s’en faut, d’aussi brillantes positions ; en revanche plusieurs
d’entre eux peuvent tout à leur aise
jouir de leurs modestes revenus, grâce
à l’isolement où ils se trouvent au sein
de nos populations, au point que tel
d’entr’eux , en apostrophant son auditoire, peut s’en tenir au nombre singulier, sans avoir même J’embarras
du choix, quant au genre.
L’impartialité nous oblige pourtant
à reconnaître que ce n’est pas seulement dans l’Eglise romaine que de
telles sinécures existent. — Voici un
exemple de ce qui se passe dans l’E, glise anglicane ; tout récemment le
^ Rév. D. Forbes a été investi par le
, lord,..chancelier du Bénéfice de Saint
> Olaves, lequel rapporte net 23.500 fr. ;
ï or il paraît que le chiffre moyen des
' assistants au culte, y compris le chantre,
le, lecteur et le sacristain, est de huit,
ni plus ni moins que dans l’arche de
Noé, lors du déluge. H est vrai que
de toutes les églises protestantes, l’église anglicane est précisément celle
qui a conservé un reste de levain papiste. H.
(ÌHironìque
Angrogne. — Dimanche dernier,
7 Mars, a eu lieu, dans le temple d’Angrogne, la réception d’un-cathécumène
qui doit avoir tout prés de -'40 ans ,
qui est père de famille et qui nous
vient de l’Eglise romaine. Des faits
de ce genre ne sont pas aussi, rares
que le pensent quelques uns, puisque
dernièrement une jeunei femme catholique romaine a laissé la religion 'du
pape pour embrasser celle de Jésus
Christ, et que, il y a quelques années,
un père de famille en faisait de même.
J’ai cru jusqu’ici qu’il n’était pas
nécessaire de mentionner ces faits, mais
comme l’on a répandu te bruit qu’aux
Vallées l’Eglise Vaudoise ne fait jpoinl
de prosélytes, il est justé' de rendre
hommage à la vérité. Dü 'reste Je Rédacteur du î’èmoiw se plaitit avec raison de ce qu’on ne lui communique
pas les nouvelles qui trouveraient leur
place dans la chronique vaudoise et
pourraient intéresser plus d’<t»n lecteur.
Le père' de,famille ' qui a*fait' hier'
profession pulilique de sa foi eri Jésus
Christ, connaît I Evangile'depuis quelque temps. Ses lectures et ses entretiens avec des protestants l’ont amené
à fréquenter d’abord nos réunions du
soir, puis les assemblées de culte dans
le temple. Soit dans les longs entretiens que j’eus avec,lui, soit pendant
l’examen qu’il a subi en présence du
consistoire et de quelques autres membres de l’église, il a montré d’avoir
des idées très claires et des convictions
bien arrêtées sur tous les points de
la doctrine évangélique. Tous ceux
qui m’ont parlé de lui, rendent un
témoignage à sa conduite et le petit
discours qu’il a prononcé hier en faisant sa profession de foi solemnelle et
spontanée, a vivement intéressé et
profondément édifié tous ceux qui
étaient assez près pour pouvoir l’entendre.
L’assemblée était très nombreuse,
comme d’habitude en celle saison, et
pendant que le cathéchumône fléchissait les genoux, la congrégation se
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leva comme iiil seul homme pour implorer la grâce él la bénédiction de
Dieu sur le nouveau frère qui nous
est donné.
l^ôUttiqu^
Mtalie, — La Chambre des députés
continue à examiner et à approuver
les budgets» On s’attend à des interpellations assez sérieuses à propos de
celui des affaires étrangères. On craint
que nous n’ayons pas beaucoup d’arnis
et que nous ne soyons suspects au
moins à l’Aulrichej â cause de Yltalia
i?îre(ie»ia qui aurait été encouragée, ou
dont les agissements hnprndents n’aul'.aienl pas été prévenus. — Le projet
de Içi de:,rhon. Morelli sur le divorce
a été ipris ep çqflsidération et sera discuté en sop temps. Le ministre Villa
l’p spptenUk, L’on assure même qu’il
a nplep,tiw,d!y subsliluer un projet
plus larfe», Morelli limite le divorce
aux cas suivants : 1“ ) dans le cas de
condamnation d’un des époux aux travaux forcés ; 2® ) dans le cas de séparation complèle des époux depuis
6 ans, s’il ÿ a des enfants, et depuis
trois ans, s’il n’y en a point.
Le ministre de la guerre Bonelli,
demande à la nation de nouveaux sacrifices, si elle veut que l’armée puisse
être en mesure de répondre aux exigences de notre position.
Malgré cela le rninislère demande
l’aboi ¡lion de l'impôt de moûlure dans
les termes qui suivent: 1°) A dater
du '!’■ juillet 1880 ta taxe de moûlure
du froment sera dë fr. 1,50 par qiiinf
lal. 2° ) L’impôt de moulure devra
cesser complètement le If janvier 188é,
et il sera poôrvu par des économies
et par des réformés au déficit éventuel du budget.
La philOxera a fait son üppürilioP
en Sicile.
Franoe. — Le Sénat a continué
la discussion de la loi sur la liberté
de l’insimction secondaire. Le fameux
article 7 qni tend à supprimer les étab'iissemcnls des corporations religieuses
non autorisées , surtout ceux des Jésuites, est fortement combattu par la
droite et par un groupe du centre
gauche. Le ministre de l’instruction
publique M. Jules Ferry a défendu avec
éloquence son projet. 11 s’est efforcé
de démontrer que le sort de renseignement chrétien n’étail pas en question. Il a fait voir aussi qu’il ne s’agit
pas dè la liberté seiilemenl, niais du
saitu de l’élal. Les corporations non autorisées ont des slaluls et des règlements
qu’ils bous cacherit et tendent a former
un état dans l’état, en donnant une insIrucUon et une éducation qui a déjà
porté ei qui portera toujours plus de
irisles fruits dans farmeé et daris.les
diverses administrations. '
Le ministère a décidé do réfuSer â
la Russie l’extradition de ïrartmann
que l’on a fait partir pour fÀtiglelerre.
AU^ÈMaffne, ~ La diète impériale
s’occupe de la loi d’augmentation dë
l’armée. Mollke a soutenu la demande
du gouvernément par un discours très
ferme. L’Allemagne veut la paix ; elle
n'allaqueia aucune puissance; mais
placée entre deux nations militaires à
l’Orient et à l’Occideut ,,elle a le devoir
de se rnellre en mesure de repousser
les allaqiies qui pourraieût lui arriver
de di'oile on de gauche ou des. deiix
points à la fois.
Jàuiàie. — La fêlé du 25* anniversaire de l’ascension au irôriè d’Alexandre Il, a été célébrée le 2 mars
avec de grandes solennités et sans accident. Mais le lendemain, R mars, le
général Mélikoff, dictateur de St. Pélersbourg, a reçu, presque à bout portant, ütl coup de pistolet, qui n’a éridommagé que son paletot. Le coupable,
a été arVêle et a subi presque iriimédiatemeni la peine dé son crime sur
l'êfchafaud.
ËiiKEST Robert, Gérant et Administrateur.
Pigriéi'ël, imp. thláutófe éf Máscarelli.