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EE 3 JA N V IE K
Il« * A Ai N E E
A"' I .
feutUc iRcneuelle
SPECIALEMENT CONSACRÉE AUX INTÉRÊTS DE LA FAMILLE VADDOISE
• Ilh dion qn’ es fraudes. .. •
• Ils disent qu’il est Vaudois "
NOBI.A I.EYC/ON.
SoKMAiBE. Histoire vaadoise : / raldesi par monsieur JBkrt (1er article). —
Questions locales : De deux nouvelles places à créer au Collège de La
Tour. — Évangélisation : La Bible en Toscane. — Hissions : Le Mis
sionnaire au milieu des fêtes païennes. — Nouvelles religieuses. —
Nouvelles politiques.
H IS T O IR E V A V D O IS E
I YALDESI
ossiano i Cristiani cattolici secondo la Chiesa primitiva ecc.
j
per A. Bert.
( 1 " article).
Ou lit dans L éger , à propos d’une dcpulalion que les
Vaudois envoyèrent au duc Philippe , que ce prince ayant
témoigné le désir de voir quelques-uns de leurs enfants ,
« pour s’éclaircir luy même touchant ce qu’on luy avait fait
» accroire, qu’ ils étaient extrêmement monstrueus, n ayons
>> qu’un œil au milieu du front , quatre rangées de dents
» toutes noires et plusieurs autres choses semblables » , on
lui en atticna une douzaine, accompagnés de leurs mères, et
que le Duc « les ayans considérés avec admiration, comme
» les trouvant fort bien faits et d’une fisionomie fort agréa» blc ; ayant meme pris plaisir d’ entendre leur petit jargon
2
— i)ci
» UC |)ul s empêcher île témoigner la grande irritation qu'il
» avait contre l’impudence des imposteurs qui avaient bien
» ose luy persuader ces Bourdes » ( L éger . Hist. gén. des
Egl. Vaudoises, 2 partie, p. 2 6 ).
Ceux qui croiraient que de telles « bourdes » , pour
conserver l ’expression de notre célèbre historien , ont entière
ment fait leurs temps, et ne trouvent plus crédit auprès de
personne , montreraient par là , qu’ils ont une bien petite
idée du zèle que les successeurs des moines du X V siècle ont
mis à perpétuer ces traditions éminemment préservatrices de
riiéiésic. Que de gens au contraire , en Piémont et peut-être
aussi dans le reste de l'Italie , q u i, au jour d’aujourd’hui ,
tiennent de pareite contes et d’autres plus absurdes encore
pour des vérités certaines et indubitables. Les faits nombreux
qui appuient ce que nous venons de dire, sont trop connus
de la plupart de nos lecteurs , pour que nous ayons à les
rapporter ici.
Or , si telle est l’idée qu’encore maintenant, plusieurs sc
font de la personne des Vaudois, que sera-ce de leurs
doctrines ? C ’est ici que l'ignorance est non seulement gros
sière, mais générale, atteignant toutes les classes, depuis les
individus qui ci'oient à l'œil au milieu du front, jusqu’aux
esprits-forts qui s’imaginent volontiers qu’entre notre religion
et la leur, la différence est bien petite, si tant est qu’il en
existe une.
Quant aux mœurs et à la vie en général, nous n’en par
lons pas: ne fallait-il pas que ceux envers lesquels on usait
de procédés si barbares, fussent des êtres dignes de tout châ
timent , des perturbateurs du repos public , des scélérats,
des rebelles . . . ? Et faut-il s’étonner que ce soit ainsi
qu’en jugent encore bien des gens qui n’ont ou'i parler de
nous qu'à distance, quand, à la porte même des Vallées,
de vils pamphlétaires n’ont pas craint de publier et de ré
pandre sur notre compte les histoires les plus calomnieuses
à la fois et les plus absurdes, et cela , ô comble de cou
rage et dCj^énérosité ! en un temps où ils nous savaient
dans l ’impossibilité absolue de faire paraître , ne fût-ce
que deux„lignqs, pour notre défense.
Si donc un besoin existait, besoin rendu plus actuel encore
et plus jiressant par les circonstances, c’était celui d’un livre
écrit en italien, q u i , en exposant purement et simplement
3
—
99
—
la vt'i ilé sous CCS différcnls rapports , non seuleiiicul roilicssàl
les erreurs et fit tomber les préjugés , mais fût de plus un
éclatant témoignage rendu à l Evangile au milieu de populations
<jui lui sont demeurées jusqu’ici complètement étrangères.
C ’est à un tel besoin que Mr Bcrt s’est eiïorcé de ré
pondre par la publication que nous annonçons :
« A l’aurore de nos nouvelles libertés , dit-il , j'ai cru
faire une chose agréable à nos frères d’Italie , en publiant
dans un esprit aussi impartial que possible, un som
maire de l’origine , de la religion et des vicissitudes des
Vaudois , dans ces esquisses qui offrent pour la première
fois , en langue italienne, une histoire suflisaminent complète;
et bien que je n’aie point prétendu raconter des choses
absolument neuves, parcourant un champ déjà sillonné par
grand nombre d’écrivains tant protestants que, catholiques .
j ’espère néanmoins que mon travail ne sera pas entièrement
inutile , mais qu’il servira à éclairer le public sur une
communauté religieuse , pour ou contre laquelle ont été
dites des choses si diverses et si opposées ; et cela d'autant
plus qu’en plusieurs contrées de l’ Italie , on en ignore jusqu’au
nom , et que dans le Piémont même où les Vallées sont situées,
on s’en fait les idées les plus imparfaites et les plus fausses ».
Jusqu’à quel point l’exécution a-t-elle répondu à ce pro
gramme ? c’est ce dont une analyse rapide de l’ouvrage de
Monsieur Bert nous permettra de juger plus sûrement. Nos
lecteurs y gagneront en outre d’être rais au courant de
quelques-unes des questions les plus intéressantes de noire
histoire, sur lesquelles peut-être ils n’avaient eu jusqu’à
présent que des idées passablement incomplètes.
Le premier chapitre du livre de Mr Bert traite de l ’origine de l’Eglise et du nom des Faudois. L ’auteur reconnait
l’importanee historique d’une pareille question ; il n’en nie
pas l’importance dogmatique; seulement il ne veut pas qu’on
l’exagère, et cela , par celte raison, dont chacun reconnaîtra
la justesse, que le plus ou moins d’ancienneté d’une doctrine
ne sufût pas pour en établir la vérité, l ’histoire étant pleine
de faits qui nous montrent les plus grossières erreurs de
vançant de beaucoup dans l’ordre des temps , les vérités
aujourd’hui généralement reconnues comme incontestables.
Deux points de v u e , on le s a it, ont cours sur cette ori
gine : l’un , eclui des Vaudois eux-mêmes adopté par la
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—
100
—
jiiiipar! ili's (iciivains réformés, qui envisage dans l ’Eglise
vaiidoise un débris de l ancionne église de Christ telle qu’elleavait
été fondée par les Apôtres ou par leurs sueeesseurs immé
diats dans le nord de l llalie : « Que V . A , considère s’il
' lu\ plaît, écrivaient nos ancêtres au duc Emmanuel Philibert,
([UC celle religion en la (juelle nous vivons, n’est pas seule» ment notre ou controuvée depuis peu de jours, comme on
>• le luy impute faussement ; mais que c’est la religion de nos
" Pères, et de nos Ayculs et des Ayeuls de nos Ayeuls, et
> autres plus Anciens nos Prédécesseurs, et des Saints Martyrs,
» Confesseurs, Apôtres , et Prophètes. »
L ’autre , celui des écrivains catholiques , soutenu aussi
par quelques historiens protestants, qui voit dans les Vaudois des sectateurs de ce Pierre Faldo ou Pierre de Lyon
qui au douzième siècle , ayant voulu réformer l’Eglise, en
fut anathématisé avec tous ses adhérents. Mr Bert se pro
nonce pour le premier de ces points de vue. Les Vaudois
selon lui ne peuvent être des sectateurs de Pierre Valdo ,
car leur nom existe dans l’histoire bien avant l’apparition de
cet homme remarquable ^ preuve en so it, pour ne pas en
(hcrchcr d’autres, le poëme de la Nobla Leyezon portant la
date de l’an H 2 0 , (Valdo ne parut qu’en 1180) et où se
irouvonl ces paroles si connues :
)'
)
»
«
»
(¿ue si > en a quelqu'un bon qui aime et craigne Jésus-Christ,
Qui ne veuille maudire , ni jurer , ni mentir ,
Ni adultérer, ni occire (tuer) ni prendre de l’autrui,
Ni venger soi de les siens ennemis ,
Ils disent qu’il est V audois et digne de punir »,
D'ailleurs, se demande-t-il, d’où , s’il en était ainsi, vien
drait à Valdo lui-même ce nom sous lequel il est devenu
célèbre , à une époque où les noms de famille étaient chose
entièrement inconnue et où les individus n’étaient désignés,
à part le nom de baptême, que par l’endroit de leur nais
sance ou par quelque circonstance remarquable de leur vie ?
L ’tiisloire du village de Valdis , dans les environs de L y o n ,
<l’où Pierre Valdo aurait été originaire, est trop évidemment
controuvée pour que l’on puisse s’y arrêter. II n y a donc
que la circonstance de son opposition à Rome , par laquelle
il sc lit connaître, qui ait pu lui valoir ce titre. Mais com
ment cela? Evidemment à cause de la ressemblance de scs
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—
101
—
iloclriiies avec colles ch'puis long temps professées par ces
clirclicns appelés iiKlilTéremmcnt par Iciiis adversaires FuiKhs
(>n roman, el Valdensea ou rnllenses en latin. Pierre Fnhlo.
ou comme on disait en latin, Petrus Faldensis , n’est donc
autre que Pierre, surnommé le Vmidois ; de sorte que, bien
loin que ce soit de lui que nos ancêtres aient tiré leur nom,
e’est l’inverse, on ne peut en douter, qui a dû avoir lien.
Maintenant comment de l'antériorité des Vaudois à Pierre
Valdo en conclure à leur origine apostolique V Un fait trèsimportant et qui ne doit pas être perdu de vue dans cette
discussion , c’est la pureté à peu i)rès irréprochable de la
doctrine cliréliemie durant les trois premiers siècles de l’Iiglise. Ce ne fut guère qu'à dater de la première moitié du
tt®siècle que cette pureté déclina et que le catholicisme devenu ,
de religion opprimée, religion dominante , commença d ’asso
eier aux divins enseignements de .léisus-Christ et des Apôtres
d’autres enseignements d’une origine moins élevée et souvent
impure.
Or , chose bien remarquable assurément, une des premières
et des plus énergiques protestations que signale l ’histoirei eoclésiastique contre ces innovations, a précisément pour foyer
cette étendue de pays dans les limites de laquelle les Vallées
sont comprises. Jérôme écrivant contre un ecclésiastique ..de
cette époque, nommé Vigilance , qui refusait d'admettre
certaines cérémonies et certaines croyances nouvellement in
troduites , comme la foi à de récents miracles , la vénération
des reliques, de la croix, l’eau bénite, les pèlerinages cic,
s’écrie :
« Il est parti , il s’est retiré , il s’est précipité, il s’est
» é va d é , et depuis T espace qui s’étend entres les Alpes où
» a régné Cottus (ces Alpes sont au Nord du mont Viso )
» il a crié jusqu’à m o i ................O crime ! il a trouvé des
» évêques complices de sa scélératesse ! »
Si maintenant à cette circonstance on en ajoute une autre
non moins remarquable, savoir que jusque vers la lin du XI
siècle, l ’Eglisedu Nord de l ltalie refusa constamment de reconnaî
tre la suprématie du papede Rome, — ce qui retarda sinonjdsiju’ù
celle époque, du moins pendant un temjis feisséz long«!l’in
troduction , 'dans ces provincês''î * des innoivationsl'les'f'plus
criantes ; — si 'l’on songe à l’isolément ^'auquel lés! chrétiens
des Alpes en particulier durent êtré' réduits par suite des
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— i02 —
commoliüiis exlraoi iliiiaii es q u i, pendant des siècles, ne cessè
rent de bouleverser l’Europe , isolement naturellement trèsfavorable à la conservation du pur Evangile ; si l’on se
rappelle enfin que c’est à la porte des Vallées, qu’exerça
son ministère pendant de longues années ce Claude, évêque
de T u rin , qui ne se distingua pas seulement par son zèle
contre les images , mais dont les enseignements , ainsi que
le prouvent ses écrits , étaient un retour aux doctrines
du christianisme prim itif, on concevra sans peine l ’exi
stence , au sein de ces montagnes, d’une société de chré
tiens professant le pur Evangile, et s’envisageant toute
fois comme en communion avec le reste de l’Eglise, jusqu au
jour où les pontifes romains, devenus les chefs de la chrétienté
de l ’Occident et voulant les soumettre comme tous les autres
à leurs traditions et à leurs rites, ils refusèrent, et s’attirè
rent , par ce refus, la haine de la papauté qui ne cessa dès
lors de les persécuter.
Quant à l’origine du nom de Faudois par lequel on
désigna nos pères , Mr Bert semble admettre comme égalefficat.-probables, l ’opinion qui le fait dériver des Vallées (en
roman V al et Vaux) où ils faisaient leur demeure, et celle
qui voit dans ce nom de Vaudes (en roman Sorcier) une
de ces épithètes injurieuses par lesquelles le monde cherche
toujours à flétrir les vrais disciples du C rucifié, et q u i ,
signes d’opprobre pour un certain temps , le deviennent eu
suite de gloire.
{la suite prochainement.)
QIJESTIO M S liO C A liE l»
0 e deux n ou velles plaees à cré e r au C ollège
de
lia T o u r»
Un généreux anonyme v ie n t, nous assu re-t-o n , de faire
proposer à la Table la création de deux nouvelles places au
Collège de La Tour, pour l ’enseignement de la philosophie, des
sciences physiques et le développement des branches actuelles. Il
s’engagerait à supporter les dépenses d’un essai de trois ans ,
mais à une condition ; que les deux professeurs en question se
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103
—
i
nommés dircclemcnl par ia Table, sans les fuimaliUv- onli
naiies, c ’esl-à-dire sans coneoiirs. Nous examinerons plus loin
eellc restriction ; mais auparavant nous sentons le besoin de
nous réjouir avec tous les Vaudois de la belle perspeelive (|oi
leur est par là ouverte , et d’exprimer à notre bienfaiteur
inconnu les sentiments de vive reconnaissance ([ue son oITre
généreuse ne peut que nous inspirer.
L ’importance d ’une pareille proposition , surtout dans les
circonstances actuelles , est trop évidente pour q u ’il soit néeessairc de nous y arrêter : quel est le père de famille, quel est
le Vaudois qui n’en serait pénétréV Disons seulement (pie
la mesure jirojetée nous a frajipé par son à yropos : c ’est un
complément nécessaire aux éludes humanitaires ipii se fai
saient dans notre collège, cl une préparation indispensable aux
dilTérenlcs carrières libérales qnc la Constitution nous a ou
vertes ; c’est une nouvelle pierre qui a trouvé sa place toute
préparée dans l ’édifice qu’ une main intelligente élève depuis des
années au milieu de nous. Nous aimons à relever ce trait de
l ’œuvre cl à y reconnailre des gages de stabilité et de durée.
Mais précisément pareeque nous sommes parmi les partisans
décidés du projet en soi , nous nous sentons d’autant plus
portés à comballre tout ce qui pourrait en compromcUrc le
succès , et à présenter en conséquence quelques observations
sur la condition restrictive qui l ’accompagne.
Pourquoi celle restriction, demanderons-nous d’abord? —
Sans doute, dans le but de s’assurer un meilleur choix. —
M ais, comment se persuader que la Table choisira mieux
sans examen qu’ensuilc d ’un examen (nous raisonnons , on
le voit, comme s’il n ’existait pas une loi à ce sujet)? — Par la rai
son , nous répond-on , que certaines conditions très-essen
tielles dans l’enseignement, le caractère moral de l ’individu,
l ’expérience e tc ., qui ne résultent pas toujours d’ une manière
très-évidente d’un concours, peuvent, par la voie que l ’on
propose, être prises en considération par la Table. —
D o n c , repliquons-nous à c e la , le Synode a eu tort en éta
blissant le concours comme règle générale pour la nomination
aux places du College?
D o n c , il n’est pas possible à la T a b le , le concours étant
admis, de tenir compte de ces différents éléments dans l ’ap
préciation ? Nous avouons, quant à nons , ne voir ni l ’une
ni l ’aulrc de ces deux choses.
8
^
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—
La mesure proposée, avons nous aussi entendu dire, n’esl
que provisoire , et qu’esl-ce qui empêche la Table , si elle
le trouve bon, d ’accepter, d’ici au Synode prochain, le bien
fait qui lui est offert, en dehors des conditions ordinaires? —
Ce qui l’en empêche , répondons nous, c’est ceci ; que la Table
est établie d’un Synode à l’autre non pour violer provisoire
ment la loi , mais pour Vappliquer : or la loi, nous l’avons
insinué déjà, prescrit le concours pour des cas comme celui
dont il s’agit.
Mais demande-t-on encore, et devant cet argument il semble
qu’il n’y ait plus qu’à battre en retraite, faudra-t-il pour un
petit point de légalité priver les Vallées d'un secours dont
vous reconnaissez vous-même qu’il vient on ne peut plus à
propos ?
A cela notre réponse est toute prête : nous attendons beau
coup des explications q u e , nous assure-t-on, la Table doit
avoir fait parvenir au donateur dans le sens du concours ?
celui qui nous veut assez de bien pour nous faire une pa
reille offre , nous en voudra encore assez, nous n’en dou
tons pas , pour ne pas persister à l’accompagner de restrictions
qui en amoindriraient de beaucoup l ’avantage. Maiss’il persistait :
— S ’il persistait? Eh bien!... mais non , au lieu de répondre,
c ’est une question que nous jvoulons adresser à notre tour à
ceux qui nous interrogent : dites - nous , c’est donc quelque
chose de bien petit à vos yeux que la violation formelle
d’un article de notre discipline , pour que, moyennant une
certaine somme d’argent, vous paraissiez tout disposés à en
prendre votre parti ?
Si c’est ainsi que vous jugez , nous ne dirons pas à la
bonne heure ! nous dirons tant pis poür vous ! Pour nous
nous jugeons à un tout autre point de v u e , au point
de vue de notre Maître qui déclare que celui qui viole un
seul point de la loi est aussi coupable que s’il les avait tous
violés ; au point de vue du bon sens qui nous dit qu’atten
ter à un article de notre constitution , c’est attenter à tous,
ce qui équivaut à son renversement. Or, ni pour or ni pour
argent, ni par un biais ni par l’autre , nous ne voulons le
renversement de notre Constitution.
La Table le voudra-t-elle ? Ce n’est pas nous qui ferons aux
honorables membres qui la composent l’injure de le croire.
Ce qu’elle voudra , tout au contraire, nous en sommes per
9
— 105 —
suailéâ , c'csl avant tout la fitlèlo observation de. la loi : là
est le grand bien à nous procurer. Or, la Table sentant ainsi,
le généreux donateur qui parait avoir pleine confiance en elle,
ne tardera pas à sentir de la même manière , cl en con
séquence un concours sera ouvert auquel seront appelés
tous ceux qui se sentent pressés d’offrir à leur patrie et
à leur Eglise le fruit de leurs veilles , le tribut de leur dé
vouement. Vaudois ! cet appel, dans un sens, vous est à tous
adressé. Les circonstances de notre patrie sont fort graves;
un avenir de prospérité s'ouvre devant n o u s, mais au prix
d’efforts persévérants et de généreux sacriQces. L'organisation
de notre inslructionsupéricurc ne laisseradésormaisàpcu près rien
à désirer, mais à celte condition, qu’elle soit secondée par une
activité générale. Malheur à nous, si l’on devait dire un jour;
ils ont voulu bâtir, et ils n’ont pu achever. En avant donc,
frères bien-aim és, pasteurs, instituteurs et fidèles de notre
Église! Réunissons nos efforts, et la bonne cause triomphera.
Q u’une foi vivante, qu’un patriotisme chaleureux et éclairé soient
ce qui nous distingue ; et comme nos pères ont honoré l’Évangile
en se montrant fidèles sujets sous des lois oppressives, honorons-lc
en nous montrant citoyens décotiéssous des lois libérales. Ainsi fai
sant, cette religion divine, ancienne et toujours nouvelle, source
de bonheur et de prospérité pour les peuples aussi bien que
pour les individus, fondement solide de toutes les libertés ,
étendra de plus en plus son empire de paix et d’amour au
milieu de nous.
E Y A W C E L IS JtT IO IV
E a B ib le en T o s c a n «
Nous avons annoncé dans le temps à nos lecteurs la saisie,
par les autorités toscanes, d e .26,000 exemplaires dïTTÎouveau-Testament, imprimés à Florence. Il semblait que, W les
temps où nous vivons , on aurait pu s’en tenir là; mais
point : la réaction est jalouse de faire sentir sa puissance,
et un prOcfô en criminel vient d’être intenté aux deux impri
meurs qui se sont rendus coupables de ce grand méfait. En
attendant que nous puissions faire connaitre à nos abonnés
l ’issue de cette affaire qui, à ce que l’on nous écrit, préoccupe
10
—
lOü —
vivement rallciilion publique, voici , sur ce su je t, quel
ques réflexions excellentes que nous empruntons au ¡\azionale
lie Florence , l’un des organes les plus justement accrédités
de l’opinion libérale en Italie. Elles prouveront que si la
réaction triomphe, ce n’est pourtant pas au point cl’enlrainer
après elle tous les esprits , ni surtout les meilleurs.
« Nous avons quelque raison de croire que, dans le courant de
décembre, deux de nos concitoyens auront à comparaître devant
le tribunal de Première Instance de cette ville, pour rendre compte
d’un fait que, à notre grand étonnement, l’on ose, au siècle où
nous vivons et dans un pays ebrétien, appeler criminel : nous
voulons dire l’impression du Nouveau-Testament en langue italienne.
« Nous avons toute confiance dans l’intégrité et dans le bon
sens de nos Magistrats; nous n’avons l’intention de prévenir qui
que se soit, moins encore d’examiner la conformité ou la nonconformité du fait imputé avec la lettre de la loi;.m ais nous ne
pouvons renoncer non plus au bon sens qne Dieu nous a donné
et nous empêcher de réfléchir aux conséquences qui pourraient lo
giquement se déduire de la condamnation des prévenus.
« Une telle condamnation en effet tendrait à prouver premiè
rement que le Gouvernement de la Restauration (et en cela ce
n’est point nous qui voudrons le blâmer) a laissé impuni des
gens qui, usant de la liberté effrénée que donnait le Gouverne
ment provisoire, alimentaient la presse de ces caricatures et de
ces placards injurieux que l’on voyait ensuite salir les coins des
rues, sans respect pour les choses les plus saintes, tandis que ce
même Gouvernement punit comme coupables deux imprimeurs qui
pourvoyaient à la subsistance de nombreux ouvriers, en imprimant
le seul livre capable d’établir et de maintenir l’ordre de la_Société , "cë ^ivre qui devrait après tout être le pain quotidien de
chaque famille.
« Une telle condamnation prouverait en second lieu, que ^c’est
un crime de publier en notre langue et de répandre en Toscane,
parmi les personnes qui en ont témoigné le désir et qui se mon
trent par là même capables de les entendre, ces leçons sublimes
de vertu et de perfection morale que le divin Fils de Marie
enseignait aux troupes sur la montagne ou aux rives du lac de
Génésareth , sous les portiques de Bethesda ou sur la tombe de
Lazare.
« Enfin cette condamnation tendrait à nous faire voir qu’on
peut imprimer mille récits de miracles tout ou moins douteux, au
Jugement même de l’Église catholique , mais que c’est un
crime de publier, dans les termes mêmes de la Révélation, le
récit des miracles opérés par Jésus-Christ, crus par des mil
lions d’hommes et qui ont servi de thème aux mille tableaux
qui remplissent nos églises. — H est donc permis de voir l’histoire évangélique dans les Images ; mais de lire cette histoire
11
107
—
dans l’Évangile luéuic c’est défendu ! El si un de mes frères de
Toscane trop pauvre pour acheter Martipi avec ses commentaires (j)
et trop occupé pour étudier ses notes , vient me demander l’E
vangile , ce livre que Jésus laissa à tous les hommes eu testa
ment , le livre de la bonne nouvelle annoncée aux pauvres, le
fondement de notre Religion , cet Évangile je dois le lui refuser.
Je dois premièrement toiser mon homme de la tête aux pieds
dans la crainte qu’il ne soit un délateur; je dois, avant de lui
répondre, regarder soigneusement autour de moi, et ne lui don
ner le volume divin qu’en tremblant et en usant de mystère, comme
font dans leurs complots les contrebandiers et les voleurs.
U 11 faudra même, dans ce langage mystérieux, arranger beaucoup
de paroles, de peur de prononcer les mots de Bible , Évangile, Parole
de Dieu, Nouveau Testament, Actes des Apôtres et autres semblables.
« Deux honnêtes hommes seront donc condamnés à la prison
ou à une, amende pour avoir imprimé et publié la tradu
ction de l’Évangile : voilà tout. — Lorsqu’on maj dernier l’on
séquestra chez les imprimeurs toutes les ïeüîfÎer et jusqu’iPii
papier mouillé qui devait servir à l’impression, un jeune gargoii
imprimeur suivit avec les gardes cette pauvre capture (qnelta pa
vera roba) au Bargello (aux prisons). Le dernier voyage fait, un
des gardes lui dit : « Eh bien l voilà qui est fait : il n’y a plus
» rien maintenant, n’est-ce pas? » — « S i , répondit le garçon,
» il reste quelque i;hose à faire ; il reste à mettre en prison
» l’auteur même de la coquinerie (clii ha fatto proprio la birbo» nata ». — « Et qui donc ? demanda le garde d’un ton non
moins inquiet que sévère. — « Notre Seigneur Jésus-Christ, ré» pondit l’enfant dans sa simplicité, car c’est lui qui a écrit ces
» choses-là (2) ». — Personne ne répliqua.
« Si nous faisons ces remarques ce n’est point qu’il nous ap
partienne de rechercher les raisons théologiques qui ont fait
prohiber les traductions du Nouveau-Testament en langue vulgaire,
ou de mettre en question les droits de l’Eglise à ce sujet; mais
c’est uniquement pour faire observer l’impression que pourrait
produire sur des esprits simples et peu cultivés le fait dont
nous parlons, et les conséquences q u e , à tort p eu t-être, ils
pourraient en tirer.
« Mous laissons du reste aux autorités compétentes le soin de
concilier les précautions nécessaires à la conservation du dogme
avec la diffusion non moins nécessaire qu’utile, nous semble-t-il,
du Code du Christianisme, de la Parole qui annonce aux hommes
la bonne nouvelle.
(1) Les éditions les moins chères ne s’achètent guère au-dessous d'une qua
rantaine de fraüËs.
(Réd).
~
(9j *Je te loue, ô Père ! Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces
choses aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées aux enfants ! Oui,
mon Père ! cela est ainsi parce que tu l’as trouvé bon • — « Je vous dis que
si ceux-ci se taisent, les pierres même parleront ». (S. Lt’C X. 19 et XIX 40).
(Réd).
-X
12
—
108
—
I
« En altemlant nous ne pouvons nous einpêdier (^ot qui sait
combien de personnes sont dans notre cas) d’envisager avec une
sérieuse anxiété l’issue d’un procès qui prouvera clairement a
quel point en sont les choses en Toscane, à la fin de dS/i9 ■>.
m is s io N s .
lie m is s io n n a ire a u in llie n d es fêtes p a ïe n n e s l'I).
« Nous étions partis pour visiter l’ancienne ville de Duiiaoi
(dans le Bengale) où se trouve l’un des temples dédiés à lu hi
deuse idole Dscliaggernat. .. . C’est le 18 Juin de chaiiue année
que commence la fête de cette idole, dont le cliar de la hau
teur d’une maison , long de 50 pieds et large de 40, est promené à
cette occasion de l’une à l’aulre des localités environnantes. Nous
étions encore à une distance de deux lieues que déjà nous pou
vions découvrir les drapeaux et les bandéroles dont le char est
surmonté. Une sainte indignation s'empara de nous en nous ap
prochant de la ville. Nous nous trouvions dans le même bâteau
les frères Bion de St Gall, Bost de Genève, Lechman de la Ba
vière et Supper du W urtemberg, avec deux catéchistes dont
l’iin baptiste ; des hommes de différentes nations, comme pour mon
trer que quand il s’agit d’attaquer vaillamment les forteresses de
Satan et du monde, les chrétiens de tous les pajs doivent four
nir leur contingent. Les rues, quand nous arrivâmes, étaient encom
brées de monde, mais quelques Bramiues npus ayant reconnus
furent assez aimables pour nous frayer un passage........ Nous
voilà donc plantés devant le fameux char. 11 était orné de toutes
sortes de figures et d'arabesques ; au centre s’élevait le trône
sur lequel siégeait l’image hideuse et toute noircie de Dscliaggernat.
On sait que jadisil n’était pas rare de voir des hommes ou des
femmes fanatiques se jeter par terre devant l’une des seize roues
de ce char, pour s’y faire écraser en l’honneur de l'idole. Ces
temps sont passés ; on se contente maintenant de danser autour
et de le traîner à force de bras. Tout ce qu’il y avait d’espace
vide entre les ornements était occupé par des Bramines et par
d’autres hindous qui poussaient des cris si épouvantables qu’il n’y
avait presque pas moyen de s’entendre. Après avoir considéré
pendant quelque temps ce douloureux spectacle, nous cherchâmes
à quelque distance un lieu un peu élevé d’où l’un de nos caté
chiste pût commencer une prédication. Des railleries et des objections
de toute espèce accueillirent ses paroles........ .. Une pluie étant
survenue nous força de faire une pause, après laquelle frère Bion
prit la parole et parla sur R omains V, 12, de la corruption uni
verselle du genre humain , et sur St J ean 111, 16, de la grande
charité de Dieu. Les sarcasmes et les'oppositions ne manquèrent
Il
II:
(1) Extrait d’un rapport sur la Société des Missions de Bâle : les fails rap
portés sont du mois de juin de l’année dernière.
13
—
109
—
)uis de bC jirôfdniile- avec beaucoup de sublililé de la part des
brainines ; mais le Seigiieui’ donna à noire frère abondamment de
((uoi y répondre. La faligiic l’ayant enfin forcé de se retirer dans
la bar([ue pour s’y rafraiebir, ce ne fut plus dès lors seulement
l’un ou l’autre de nous qui parla , mais tous les quatre, nous
étant repartis autour du tempre mobile de Dsehaggernat , nous
annonçâmes la bonne nouvelle du salut à ces milliers d’âmes.
¡Votre frère Supper lui-même encore peu familiarisé avec la langue
du pays, n'ayant quitté Bàlç que depuis environ un an, ne put
s’empêcher de bégayer au moins (pielques paroles en l'honneur
du Crucifié. Nous étant do nouveau retirés dans notre barque
nous ne pouvions assez nous répéter les uns aux autres combien
était grande la paix que nous ressentions pour avoir osé prêcher
la Parole en pareille circonstance ; un grand nombre d’entre
nos auditeurs nous suivirent pour obtenir des livres ou des traités.
Sur ces entrefaites, le soir étant venu , nous délibérâmes sur ce
([uc nous de\ions faire. Notre avis à tous était qu’il fallait livrer en
core un assaut général à celte masse de paganisme que nous
avions là devant nous. D’abord nous nous arrêtâmes au pro
jet de visiter une à une les centaines de barques (jui se
pressaient sur le fleuve cl de déposer dans chacune un traité ;
mais à la fin nous nous décidâmes à terminer cette journée par
un discours d adieu aussi solennel qu’il nous serait possible. Nous
retournâmes donc auprès du char. Frère Bion songeait aux moyens
de trouver une chaire du haut de laquelle il pût se faire en
tendre du plus grand nombre d’auditeurs possible , lorsque pre
nant au nom de Dieu une courageuse résolution, il s’élança sur
le char même de Dsehaggernat et s’y établit à une hauteur d’en
viron 6 pieds. Le. succès de son audace dépassa toute attente ;
la foule d’hindous qui entouraient le char resta comme pétrifiée,
tous firent silence, et le missionnaire eut la consolation en même
temps que l’honneur de convertir ce lieu exécrable en une chaire
chrétienne et d’inviter de là les pa'iens à aller à Jésus-Christ
en prenant pour texte ces paroles : « Venez à moi vous tous qui
<Hes travaillés et chargés et je vous soulagerai ».— Jamais, écrivait-il à ce
propos, je ne me suis senti aussi à l’aise dans une chaire que je l’étais
sur ce char. Je vis bien plusieurs bramines qui ouvraient leur bouche
pour me contredire, mais je ne cédai la parole à aucun_d’eux et
implorant avec ferveur l’assistance de mon divin Maître, je continuai à
parler d’une voix très-élevée lant que j’en eus la force. A la
fin , entièrement épuisé , je pris congé de mes auditeurs en leur
disant ; « Aussi longtemps, que ma langue pourra se mouvoir, je
n'aurai pas honte de l’Évangile de Jésus-Christ , car il est la
puissance de Dieu pour sauver tous ceux qui croient. Heureux
tous ceux qui reçoivent cet Évangile ! mais malheur à ceux qui
le repoussent. Que celui qui a des i oreilles pour ou’ir , entende ! »
Fæ courage du frère Bion avait suggéré à l’un des catéchistes
l’idée de s'élancer à son tour sur le char du côté opposé, de
sorte qu’il y eut deux sermons prononcés à la fois du haut de
celle fortci’cssc du paganisme ».
14
— HO —
X O M J V E Í j Mj B S
R B E itiM B tlS Jâ a *
iiALiE : he docteur Jchilli._ Aulrefois quand l’Inquisition mettait la main
sur un homme , le moindre soupçon d’hérésie était plus que suffisanl
pour que cet homme fût coupable, très-coupable et digne par consé
quent de tous les cbàliments qu’ il plaisait an saint Tribunal de lui in
fliger, Aujourd’hui les choses ont un peu changé à ce qu’il semble. Le
docteur Achilli est un hérétique , cela est trop clair puisque de profes
seur des Dominicains il est devenu ministre du Saint Evangile ; mais le
punir comme tel dans une ville où au fond ce sont les Français qui
commandent aurait été un peu trop fort. 11 fallait donc trouver quelqu’aulre crime , mais un crime si épouvantable qu’en justifiant et audelà toutes les rigueurs possibles de l’Inquisition à son égard il eût en
même temps pour effet de déconsidérer la victime, chose très-importante. Ce
crime a été trouvé , et c’est assez le caractériser que de dire qu’il est digne
de tout point de l'imagination de ceux qui s’en sont faits les inventeurs.
La note suivante empruntée au journal Maltais le Cattolico cristiano ,
montrera ce qu'il y a de fondé dans ces odieuses imputations. Ajoutons
que les faits mis à la charge du docteur Achilli remonteraient à 23 ans
en arriére, et ne l’auraient pas empêché d’exercer, jusqu’à sa rupture
avec l'Eglise de R om e, les plus hautes fonctions auxquelles un Religieux
puisse être appelé au sein de son ordre ;
« C’est avec une grande surprise que nous avons lu dans le Christian
Times (20 octobre) un petit roman fabriqué sur le compte du docteur
Achilli. Nous témoin oculaire et lié d’ étroite amitié avec le susdit
d octeu r, surtout au temps auquel ce journal fait allusion , nous pou
vons affirmer avec une entière certitude qu’il n’y a pas dans tout ce
récit un seul mol de vérité. Il est faux que le docteur Achilli ait été
épris d’amour pour une belle jeune fille , et que ne pouvant réussir
à l'épouser , elle se soit faite religieuse et lui moine. Nous ne pouvons
assurer ([uc le docteur Achilli n’ait pas eu dans sa première jeunesse
|)eut-ètrc quelqu'inclination ; mais ce que nons pouvons dire avec toute
eeiTitudc , c ’est que celle de la Religieuse est absolument fausse. Achilli
se fil moine à l’àge encore fort tendre de 13 ans ; il n’avait ni père
ni mère qui eussent pu s’opposer à son prétendu mariage ; il n’avait
pas même le nombre d’années requis pour pouvoir convenablement le
contracter. Mais passons ; Il est faux qu’il aimât une Religieuse à V iterbe : pendant tout le temps qu'il séjourna dans celte v ille , et nous
nous trouvions aussi là , il était l’oracle de tous les monastères; l’évèque
l’envoyait partout prêcher; dans chaque monastère il confessait par ordre
de l’évêque, tant il est faux que ce dernier lui eût interdit l’entrée
d’iin monastère quelconque. Dans les deux monastères de Dominicaines
il a été pendant quelque temps visiteur; nous l’avons nous-même ac
compagné plus d’une fois dans ses visites à l’un de ces monastères, et
nous avons été témoin de l’estime et du respect que ces Sœurs avaient
pour Achilli. 11 est faux que les amours d’ Achilli avec une Religieuse
fussent de notoriété publique ; perijonne dans Viterbe iFa jamais seule
ment pensé à une pareille chose. C’est encore une fausseté que l’empoison
nement de la Religieuse : outre que c’est une chose peu croyable que
l’on empoisonne quelqu’un que l’on a im e , aucune Religieuse, au temps
du départ d’ A ch illi, de Viterbe, ne mourut empoisonnée ; il n’y en eut
même aucune qui soit morte de maladie en ce temps. Il est faux qu’Achilli se soit enfui de Viterbe cl n’ait plus été trouvé. Achilli partit de Viterbe
dans l’été de I8 3 à , au temps des vacances. Il était alors professeur de theo
15
„ ni —
logic dan» son cüuu'iit; prufesscur depliilosopbic dans le séminaire cl college
épiscopal; vicaire du SI Office, prcdicaleup de la cathédrale cl riiommele plus
eslimé parmi le clergé de Vilerbe. Il partit pour se rendre à Rome. Il ne re
tourna plus il est vrai à Viterbe, mais ce ne fut pas à cause de la prétendue Re
ligieuse. Il resta à Rome et fut fait reggente c’est-à-dire premier professeur du
couvent de son ordre dans Rome même : tellement est fausse la fuite
et le prétendu empoisonnement! Pendant le carême de 183S, il alla
prêcher à Capoue ; en 1836 à Naples où il fut fait Supérieur du cou
vent des Dominicains : tant est fausse sa fuite et son prétendu voyage
de Gibraltar et d’Amérique où il n’est jamais allé.
« l.a vraie cause de l’emprisonnement d’Achilli n’est pas autre que le
fait d’avoir abandonné l’Eglise de Rome et d’avoir écrit contre ses abus.
Si Achilli avait prêché l’athéisme sans toucher au P a p e , le zèle reli
gieux de ces révérends ne se serait pas ému au point de l ’emprisonner.
I nc seule chose est vraie dans tout ceci : c’est l’aveugle perfidie des
ennemis de l’Evangile. Ils cherchent à calomnier ceux qui veulent l’an
noncer, afin que le peuple s’éloigne d'eux ».
te moyen âge retrouvé: On lit ce qui suit dans un journal de ritalic
du centre ;
1 Non seulement à Rimini on a établi que ceux qui n’assisteraient point
à la Messe paieraient trois écus ; mais ici à Pesaro il a de plus été
promulgué une peine contre le blasphème. La condamnation est de deux
pauU (22 sous) pour les blasphèmes simples et de quatre pour les com
plexes. Nous retournons aux temps du moyen â g e , à l’époque des pa
tentes où ce sera le privilège des riches de commettre des péchés
pourvu qu'ils en paient comptant la pénalité.............. Et ce sont là les
les moyens efficaces que l’on emploie pour s’opposer aux progrès du
du Protestantisme ! En attendant il prend ici dans les Marches des pro
portions malheureusement de plus en plus colossales ».
I V O V W E A iE S
POÆ,ÆTÆQI/ÆS
INTÉRIEUR.
l’ itsioxT. Le Parlement a été ouvert le 20 du mois dernier par le ro*
en personne. Après l’assermenlalion des Sénateurs nouvellement créés cl
des Députés , le discours suivant fut lu par S . M.
Measieurs les Sénateurs et messieurs les Députés!
« Les faits qui m’ont engagé à dissoudre le Parlement, et q u i, après
un appel au pays, m'amènent aujourd’hui à en convoquer un nouveau,
ne doivent pas nous décourager. Ces faits nous ont mûri à celte école
il laquelle seule on apprend la vie politique , l’école de l’expérience.
Ils ont été l’occasion d’un noble exemple de confiance c l de concorde
entre un peuple et son prince. Ils ont permis au pays de montrer qu’il
est capable de soutenir ses institutions politiques et digne de ses li
bertés.
0 Nos conditions que je disais graves, il y a quatre mois , ne sont
i>as de beaucoup changées. Nos relations sont bien devenues plus facile,^
avec les Puissances amies , comme aussi notre crédit s’est fait plus solide
mais les plus iuiporlanlcs questions tant intérieures qu’extérieures sonj
I ncorc pendantes.
« ('.eltc situation incertaine, si clic devait d u rer, nous enlèverait notre
répiitalion au-dchors, et dégoûterait le pays de ces intitulions qu i ,
16
— U2 —
promcUanl un« bonne adminislralion et le progrès, aui'aicnt au conIraii'c entravé c e lu i-c i, et mis le désordre dans celle-là. C’est à vous
d’aller au-devant de ces fatales conséquences.
« Une nouvelle et plus ferme confiance naît dans mon cœur quant à
l’avenir de notre pays et de nos institutions. Les électeurs ont entendu
ma voix et sont accourus en grand nombre aux élections. Je suis heu
reux de pouvoir dans cette occasion solennelle leur en exprimer ma re
connaissance. Le bien qu’ils ont fait à la chose publique , je le re
garde comme fait à m oi-m ém e, et je l’apprécie d’autant plus et j ’y
suis d’autant plus sensible , que le bien public me préoccupe plus que
le mien propre.
• Il n'c'it pas nécessaire de vous signaler les questions qui par leur
urgence réclament une solution immédiate : vous les connaissez suf
fisamment. Il ne me reste donc qu’à en recommander à votre prudence la
prompte résolution.
« Messieurs les Sénateurs et Messieurs les Députés ! J ’ai fa it, pour raf
fermissement des institutions politiques fondées par le roi C harles-A l
bert , mon père d’auguste m ém oire, tout ce qui était en mon pouvoir.
Mais pour que ces institutions jettent de profondes racines dans les cœurs
et dans la volonté du plus grand nombre, ce n’est pas assez de la vo
lonté ou du décret d’un roi, s’il ne s'y ajoute la démonstration par
l’expérience qu’elles sont vraiment utiles et bienfaisantes dans leur ap
plication.
« Cetle sanction indispensable est désormais confiée à votre vertu. Je
vous rappelle que jamais occasion plus importante de vous fut offerte
de la mettre en pratique ; et au nom de cette patrie que tous nous
portons si avant dans notre cœ ur, je vous demande que , mettant de
côté toute autre pensée, vous n’y songiez qu’à ce qui pourra cicatriser
ses blessures et lui apporter honneur et salut ».
Le parti dominant dans cette nouvelle Chambre est le parti libéral modéré.
A la formation du bureau définitif, l’ex-ministre Pinelli a été élu prési
dent, les députés Deinarchi et Palluel vice-présidents. Cette dernière
nomination ferait bien craindre quelqu’excès dans le sens du conservantisme ; il faudra voir.
— Etats-R omaiks. Le prochain retour à Rome de Pie IX continue à
être l'objet des nouvelles les plus contradictoires de la part de tous les
journaux. Jusqu’à ces derniers jours , le Pape n’ avait pas quitté les
Etals de Naples.
EXTERIEUR.
Rien de bien remarquable ne s’y est passe dans le cours de ce der
nier mois.
Le Gérant:
J , P, HEIILE>
AVIS
Nous prions instamment ceux de nos abonnés qui
doivent encore leur abonnement, de vouloir le payer
au plus tôt.
Pignorol 1850, imprimerio de Joseph Chiantore.