1
Cinquième Année.
Mars 1879
N. 11
LE TÉMOIN
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOfSES
Paraissant chaque Vendredi
Vous me serez témoins. Actes 1,
HU’VO.nt la vérité avec la charité. Ep. 15.
PRlXD'ABBONTSliMEKTPAR AN;
Italie . . I . I., 3 I
Tous les pays <Ie rUni<»ii
de pofciH . , . s 6 ‘
Amérique > !)
On s'abonne :
Honr V.Intérieur l’he» MM. Iu¿i
pasteiH’s et ley lilirjijres do
Torre Fellioe.
Pour au Bureau t.VAtl
miiiistiaticin.
Bn du plusieurs numéros séparés, fleinundés avant Je fira;ie 10 oent. tilinoun.
Armonees: ‘2;t lientimes par ligne.
I.os CiivoLî iVargmt se fora pur
li'-Ure î're<îiniittncii’e ou par
.sur Ib Bureau de J'e
i'osfï
Pour la HKÜAOTION adresser ainsi ; A la ïlireeti‘ U du 7Vîhoîi?. , Poimii'oUo rl’incruhv) Italie.
Pour l’AL^MlNlSTRÂTinN «dresser ainsi : A 1 A dministration du Tcniovrf. Poinaretlo iPiiifrolo) Italie.
iSoiuniàii'*o.
Pierre VaHo et les pauvres <le i-yon.
— Corrcapondance. ijuu Dimi nous
lionne un« bonit« lieiire, — Variéléii. -Noucelles religieuses et fuUs dicers. —
liemte poiiligae. — Aiiiion««.
riËfiRË um
et les pauvres île Lyon
IV
Lit pauvreté iiûloiiiaire
Le grand souci de Vaido, après la
Iraduclion el la dilinsion de la l’aroLc
de Dieu, c’était do la mctii'O eu pratique. Aussi cliaqiic fois qu’il lisait
les Eci'ilures, ce Pierre Valdensis,
comme l’appelle Policlidorf, ‘s’imaginaiiLquela vie apo.sloMque avait depuis
longtemps disparu de la terre, songeait à ry ramener.
St l’on se reporte vers ces temps
déjà loin de nous, ajoute l’auteur des
liècherclm, l’on observera rjue l’abus
qu’un grand nombre d’eccl&iasliques
faisaient des biens de l’église, les
moyens indignes auxquels ils avaient
recours pour obtenir des beneiiees,
jetèrent les esprits faibles ou faciles à
s’éxaller, dans des v(\ies,'nous dirions
presque dans des excès touL-à-fail
opposés. Les uns (les Coterels) indi
gnés de ces désordres.... rceonlurent
à la violence. D’autres allristés de ce
spectacle cl cbcrcliani à y porter remède, suiilinrenl le besoîii d’opposer
à l’excès du mal la perfection des
vet'lus contraires, aliu do produire pai‘
l’exemple une l'orle impression sur les
esprits. — C’est au noinbi'e^.cçs der-.
niers que notre abbé paraît- disposé à
classer le réformateur Lyonnais -- Le
remède à tant de mal, Vaido, selon
lui, l’aurait cbei'clié dans la fondation
d’une société laïque, dite de la panvrelê spiritiieUc outiolontaire I destinée
à renouveler dans régli.se l’exemple'et
la pureté de la vie apostolique.
Tons les égarernenl.s sont possibles,
surtout dans'ces temps où l’on ne savait clierclier la iierfeclion de la vie
(pPoMi dehors de la vie cornmnne. Il
faut pourtaiil remarquer au sujet de
Vaido qu’on se trompe en nous le i'cpréscnlanl comme un lioinme occupé
avant tout des désordres qui l’environnaient. IjC pauvre étal de son église
ne pouvait manquer de le frapper; il
était trop manifeste. Mais ce _ne fut
point par là que débuta le réformateur.
Ce xiiii attira tout d’abord son atleiUiori, ce fui sa propre misère spiriliielle, et la première chose qu’il
elierclia dans les écritures ce fut son
devoir personnel, .une lampe à ses
propres sentiers, l'it foi'sqii’il commeu(;a
de parler aux autres, ce fut pour les
2
.82.
adresser à Dieu et. à sa Parole, et
non pour les grouper autour de lui.
Quant à l’intention qu’on prête à
Vaido de • j'onder mh ordre qui lit
prol'ession de pauvreté volontaire et
lui destiné à retracer aux yeux des
fidèles la vie des apôtres et des premiers chrétiens,* le moins qu’on en
puisse dire c’est qu’elle ne fut jamais
réalisée. Que telle fût alors la tendance
générale des esprits, cela est parfaiîement vrai, et les Vaudois eux-inêines
n’y écliappèrenl point entièrement :
« Contre le clergé, dit A. de Gasparin, le moyen-âge n’a presque jamais
su inventer autre cliose que des moines *.
Plus de trois siècles après, et dans
des circonstances bien semblables, Tardent Luther lui-rnême,, à l’âge de
vingt-deux ans, ne trouva d’abord
d’autre refuge que le couvent. 11 n’y
aurait donc rien d’étonnant que Vaido,
peu éclairé encore, eût un instant
cédé au coui'ant du siècle. Cepeiidanl
si la pensée d’un ordre monastique à
fonder traversa jamais son esprit, il
est évident qu’elle n’y fut point caressée. Gel homme encore plus occupé
de lépandre parmi le peuple la pure
Parole de Dieu que ses propres richesses, avait trop besoin du grand
air pour aller bouder le monde au
fond d’un monastère. Le cloître qu’il
lui faut à lui, c’est la rue, c’est la
place publique, et sur cette place « un
endroit élevé » d’où sa parole ardente
parvienne à tout le peuple. L’ordre
qu’il va fonder, ce sera, si l’on veut
celle petite assemblée de » deux ou
trois » l'éunis au nom du Seigneur
pour Tadorei' selon sa parole.
Dans ce sens, nous convenons que
Vaido converti, lr*availia bientôt â convei'lir ses frères. C'est apparemment, ce
que veut dire le chroniqueur que nous
suivons dans cel endroit, quand il
nous apprend que dès l’année 1177 ,
« ce bourgeois de Lyon, ce Vaklemis,
comme il dit, après avoir fait au
Dieu du ciel le vœu de ne plus jamais
pos.séder de sa vie ni or ni argent,
comme aussi de ne plus s'inquiéter
du lendemain, cpnimença d’avoir quelques personnes qui partageaient ses
sentiments, A l’exemple de leur con-,
citoyen, ces premiers disciple.s distribuèrent tous leurs biens aux indigents
pour faire comme lui profession de
pauvreté volontaire ». De ce nombre
on compte un nommé Jean, également
de la ville de Lyon.
Peut-être aussi est-ce vers ce temps
que Vaido vit arrivei’ à lui quelques
uns de ceux qui furent plus tard ses
principaux compagnons dans Teeuvre
du Seigneur; un Arnaud, un Espérori, un Jérôme. Bien plus, si Tonjen
ci'oil un inquisiteui’ de 14.90, Pierre
de Lyon aurait même eu la joie de
pouvoir accueillir dans la naissante
société plus d’un ecclésiastique dont
il avait ébranlé la conscience par son
exemple cl par ses enseignements. —
D'abord ce ne fut qu’un petit nombre
de personnes un peu lésolues, mais
bientôt Ton vit accourir des hommes
et des femmes de toute condition qui
venaient s’unir à la pelile communauté,
benreux de contribuer, eux aussi, selon
leur pouvoir à l'avancement du règne
de Dieu.
Au reste, leur but n’élail point uniquement la profession de pauvreté,
ce qui leur pesait plus encoie que
leurs riches.ses c’étaient leurs péchés.
Aussi 4 par toute sorte d’exhorialioiis
en public et on paritculier, ils s’attachaient à conl'esseï' leurs iaules, et
à ouvrir les yeux de chacun sur Tétat
de son âme ». Tels furent, dès l’année 1177, les débuts de ii’liumble société des pauvres de Lyon qui devait
causer tant d'inquiétudes au clergé
romain.
®otresponbance
Bordighem, "¿S l^jvriQv
Cher ei honoré Monsieur,
Dans Tun des dernieis numéros de
voire e-slimable journal vous disiez,
à ceux d’entre vos lecteurs qui s’intéressent à Tœuvi'c d’évangélisalion|ilalienne, de s’abonner au Crisüano Evanijelko, pour en avoir des nouvelles,
3
car, malgré le désir que vous auriez
de le voir bien rempli de l'ails inléressanis, voire Courrier de l'émwjéli■vaíí'en est presque toujoui’s absent,
Came de correspondan!s.
S’il m’esL permis de venir rompre
le silence et si vous jimez que ces
lignes, qui partent d’une Ionie pelile
localité cl non d’un des centres irnporlaïUs de la péninsule, puissent prendre place dans la Ceuille vatuloisc, je
serais très Iteurcux de venir donner
un exemple, que d’autres plus capables, imiteront, en vue d’intéresser
le public vaudoisj à sa Mission, car
c’est aux Vallées qn’i! l’ant snrtoiiî
qu’elle trouve de l’appui. 11 est vrai
que l’on a déj.à lani de choses à Caire
- aux Vallées !
Lorsque sur nos i'roides cl neigeuses
montagnes, l’on entend parler de ce
pays enchanteur qu’on appelle La Riricr« de Gênes l’on s’écrie involontairement : quels jours beureux doivent
liler les babilanls de la contrée où
flcnrii l’oranger! El en eCCel lorsque,
cet hiver tout parliciilièremenl, nous
lisions les descriptions des froids sibériens, des tas de neige et des avalanches qui coulent en se succédant avec
l'apidité du haut de nos montagnes au
fond de nos vallées, malgré le mauvais
temps dont nous avons été abreuvés
depuis le mois d’octobre dernier, nous
pensions aussi que nous aurions grand
tort de nous plaindre ; et moi qui habile maintenant une de ces localités
si connues depuis quelques années sous
le nom de villes de saison, Je serais
bien mal venu de les dénigrer alors
que d’autres écrivent à grands frais
(les guides illustrées pour on célébrer
I le climat et font des efforts inouïs pour
répandre dans leurs descriptions une
foule de choses, les unes plus merveilleuses que les autres, alin d’y attirer des avalanches, non pas de neige
celle fois, bien qu’elles doivent venir
du Nord, mais de nobles hôtes.... snrtoul bien fournis d’or et de bank-notes.
Mais arrivons à Bordighei'a, la ville
des palmiers, si connue par l’admirable
description qn’en donne Riiffini dans
son célèbre ouvrage Ledoclcur Antonio.
Comme vos leotenns le savent, sans
doute, il y a ici un Asile Evangélique,
fondé par Madame Boyce, situé sur la
grande roule de la Corniche, à michemin entre celle ville cl Ventimilie
et qui, année après année, s’est agj’andi
au point (le recueillir aujourd’hui de
/i-O à 50 enl'anis dos deux sexes, dont
lin bon nombre sont originaires des
Vallées. Quelques familles vandoiscs,
employées à l'asile, avec quelques autres amenées à l’Evangile par la prédication qui s’y fait depuis plusieurs
années, constituent maintenant un petit
noyau d’iiglise qui chaque dimanche
se réimil pour le culte, dans un fort
joli polit temple, élevé à l’aide de
dons généreux et de -souscriptions. ■
Le nombre dos assistants varie naturellement benncoiip’, sidon le lemps
qu’il fait, car notre petite colonie,
située dans ¡es pani di Valkcroftin
est assez éloignée soit de Bordighera,
soit des autres villages des environs ;
quand il fait beau nous pouvons compter sur un contingent de 80-100 auditeurs dont la moilié est fournie par
les élèves de l’Asile. Pour ces derniers
nous avons aussi une école du dimanche dans l’après-midi, à laquelle un
l)on nombre d’autres personnes prennent volontiers part. Totilefois l’église
n’est pas encore constituée d’après les
l'ègles de rOrganamenlo, nous n’avons
point encore de Conseil, quoique les
élcmenls pour cela ne nous fassent pas
délai! I.
Il y a en un temps où nos alentours
étaient, très mal disposés pour nous ei
pour notre oeuvre ; même des proieslanis de naissance ne pouvaient (Comprendre qu’on annonçai l’Evangile à
des caüioliques; quelques-uns demeurent encore convaincus que la vérité
évangélique est bonne i>our (les anglais mai.s non pas pour des ilatiens.
Ou pourrait bien leur répondre que le
pins pur Evangile n’a pas été prêché
des l’abord en Anglclcije on dans les
pays du nord, mais bien dans le midi,
dans un pays que baigne ainsi que les
nôlres la splendide iMcditérannée.
Quant aux fervents callioliqnes qiji
croient aveuglément que Dieu s’est départi en favonr de leur église du pouvoir de pardonner les péchés, qu’elle
4
-■84
ne lionne le salnl qu’à ses eni'anls ,
il fìpl, toni nalnrel do les voir trailer
comme Uéréliques ceux qui en sont
on qui s’en sont détachés. Pour réparer an scandale d'une église cl d’ime
instiUilion proleslariLe dans ces pays ,
l’aclil' missionnaire de l’Kglise romaine,
Oon Bosco de Turin , a l’ail établir tout
pi'ès, à 200 mètres peut être, un asile
catholique avec chapelle ; c’est leur
droit, comme celui du Gouvernement
d’établir des cordons sanitaires quand
il craint la contagion, et je crois que
ce n’est pas im mal, car l’on n’arrive
an progrès que par la concurrence.
Quant à la maiaon proleslanle, si Je
consulte mon fameux guide de Cannes
« Gênes de M. La Favière, je vois
qu’elle ressemble à un couvent on à
tpiid simile , car j’y lis avec étonnement qne vers la Nervia { rivière ) on
remarque une constmclion aux volets
enlonré.s d’une grille; c’est un oi’phelinal fondé par Madame Boyce». Si
an contraire je consulte mes deux yeux
je reçois l’impression d’avoir devant
moi line construction d’un style un peu
capricieux, c’est vrai, mais d’un aspect
fort riant, entourée d’une vaste cour
et d’une campagne où les enfants ont
de l’espace à’satiété pour prendre leurs
éhals; je vois ces derniers s’amuser, rire
et saulér et quant à la grille qui entoure
les volets je ne la vois absolument pas
ailleurs que... dans le Guide La Favière.
, Ce n’est pas loujonrs le bas peuple
qui est intolérant ; l’on rencontre souvent plus d’animosité chez les galantuomini qui se prétendent libéraux que
citez les pauvres gens qui ne savent
ce qu’ils font. Deux traits choisis au
hasard en pourront donner une idée
pour ce qui concerne celle contrée :
une jeune fille, employée à l’asile,
ayant désiré d'être admise dans l’Eglise
Evangélique, un ije ces Messieurs vint
la menacer de la faire ramener en
Toscane , sa patrie , par la force , en
employant l’argamenl irrésistible des
carabiniers royaux, si elle persistait à
vouloir franchir ce pas important de
la séparation d’avec l’église de Rome.
El, ajoulail ce zélé missionnaire et
faux iibéral, j’ai les moyens de me
faire obéir saris que personne puisse
se révolter trop Ibrlemenl, car j’ai un
frère très inllueut à la Gbarnbre desdéputés ! ! Il est heureux qu’au dessus
du Barlement nous ayons la loi , qui
nous garantit la liberlé de conscience ,
et il est heureux que la personne ainsi
menacée ail eu aussi celle confiance de
l’iiounêle meunier de Sans-Souci, répondant au Grand Frédéric «Oui, s’il
n’y avait pas de juges it Berlin ». Elle
est maintenant membre de l’église,
s’en trouve lieureuse, et il est iniiiile
(l’ajouter que les tàmeux carabiniers,
ne se sont pas montrés, pas même
trop lard.
Le second trait est celui-ci : voilà
plus de deux ans que Madame Boyce
a acheté un morceau de terrain à côté
du carnposanto de Vallecrosia afin d’en
faire un lieu de sépulture pour les
évangéliques d’ici ; il est situé au delà
et contre le cimetière catholique, c’est
dire que la distance du village est assez
grande pour qu’il n'y ait pas d’objeclion possible. Il n’y en a pas en eiï'el.
Une coirimission de la préfecture est
venue sur les lieux éhidier la question
et les frais d’étude ou de la promenade de ces Messieurs ont élé soldés.
Leur rapport a élé en tout point favorable ; le Directeur de l’.'Vsile a élé
déjà plus de dix Ibis chercher la malheureuse autorisation, — peine et argent perdus! Les papiers sont toujours
à la même place, immobilisés par une
secrète force d’inertie, parmi les paperasses de la préfecture de PortoMaurizio, et nos pauvres morts aussi
sont toujours ensevelis à la même
place, i’ùn faisant sauter l’aiitre hors
de terre.
Nous pouvons bien le dire : la liberlé est dans nos lois, mais elle a
eiicoi'e bien du chemin à parcourir
pour exister vérilahlemenl dans nos
mœurs.
Nous serions toutefois des ingrats si
nous n’étions pas reconnaissants envers Dieu du progrès immense qui
s’est accompli depuis ces dernièies
années et l’anniversaire du 17 février
que nous n’avons pas non plus laissé
passer inaperçu au sein de notre petite colonie, nous a parlé aussi de la
reconnaissance que nous devons à quel*
5
.85.
ques hommes pour Ions ces changemenl.s en mieux qui nous réjouissenl.
A San Remo, où j’ai aussi une petite œuvre à côté (le celle de Bordighera, des étrangers qui se souviennent (Je.s temps passés, me parlaient
encore dernièrement avec admiration
de ces grands changements. Ce qui
Jes étonne le plus c’est de voir, par
exemple, des catholiques venir assez
nombreux à noire culte, écouler allenlivement 1 a Parole de Dieu sans
qu’aucun désordre ne s’en suive. Oui!
('-’est déjà une grande chose que l’on
écoule l’Evangile et qu’on le laisse annoncer ; le seul acte d’intolérance ouverte que nous ayons eu à déplorer
dans celle dernière ville ce fut une
pierre lancée par des polissons dans
notre lo(îal pendant la réunion. Nous
en avons été pour notre carreau brisé!
Sans doute ce que vous désirez; savoir
c’est s’il y a des conversions sincères
à ,!. C. Or il faut toujours .se bien
garder de juger qu’un homme est converti pareequ’il vient au culte ; plu.sicurs sont V(ïini.s me deniander de le.s
acheter: iis y croient encore à cette
indigne calomnie de l’achat des âmes !
Cependant lorsqu’on voit, par exemple,
quelqu’un entrer dans notre lieu de
culte, s’arrêter, prendre intérêt et ensuite revenir avec quelqu’un des sien.s,
sans qu’aucun avantage matériel puisse
l’altirer, il y a lieu d’espérer que l’Evangile de Jésus a fait impression sur
lui et qu’il y a là une âme altérée de
juslice à qui le Père céleste donnera
en abondance celle du Dieu Sauveur.
Quelques cas semblables se sont déjà
présentés et si l’œuvre de San Bemo
a , plus que tout autre, un caractère
transitoire, cela lient au fait que plusieurs des personnes qui se joignent
à nous n’bnbileni San Bemo que pendant une partie de l’année, pour des
travaux de construction ou autres. La
colonie étrangère nous témoigne aussi
sa sympathie en couvrant les frais de
l’évangélisation de San Bemo en prenant part à nos cultes et en souscrivant aux collectes pour l’œuvre générale, car nous sommes ici comme dans
bien d’autres localités , priés d’aller
collecter au nom de notre Comité d’Evangélisalion.
: Je m’aperçois un peu tard que ma
lettre a dépassé les limile.s imposées
par le formai de votre journal ; vous
pouvez, iVI. le rédacteur, utiliser vos
ciseaux sur ma feuille de papier, vos
lecteurs ne s’en plaindront pas, j’en
suis .sûr, et moins que tout autre encore celui qui a l’honneur de se signer
Votre bien dévoné
A. S. M.
Que Dieu nous donne nue bonne heure
Voilà une parole qui revient très
souvent surtout dans la bouche de nos
vieillards infirmes. Elle a bien Pair
d’être quelque peu et môme beaucoup
fataliste. C’esl-à dire qu’elle semble
signifier qu’il y a telle heure dans la
vie qui est bonne, et (elle autre qui
est mauvaise^ et malheur à celui qui
se trouverait dans celle dernière, surpris par la mort. Si l’heure est bonne
tout va bien, si l’heure est mauvaise
tout va mal, cl il n’y aurait rien à
changer. Pour plusieurs, c’est bien là,
si je ne me trompe, la signification
de celte espèce de souhait.
Je me demande si cette expression
a pu être tirée, en quelque mesure,
de la Bible. Il y a bien des heures
que l’on peut, «J’après la Parole de
Dieu, appeler mauvaises. Elle éiait
mauvaise celle heure au sujet de laquelle Jésus demandait à son Père,
(iue s’il était possible, elle s’éloignât
(Je lui. ( Marc. 14. 38). Elle était mauvaise celle heure dont il est dit: C’est
ici voire he(jre et la pui.ssance de.slénèhies. » Luc. xxii. 53. Elle est mauvaise l’heure de la lenlalion, Apoc. ni
10. Erii. VI. 13), l’heure du jugemeni
(Apoc. xvi. 7), l’heure où l’on est
surpris n’acGomplissanl point son devoir, (Luc. XII, 45, 46). — Il y a
aussi de.s heures que l’on peut appeler
bonnes. Telle est celle-ci; mon Pôi’e,
l’heure est venue, glorifie ton fils ,
(Jean xvu, 1 ). — L’expression une
heure bonne, une heure mauvai.se j
6
peni donc à la lignctir fee lirer de
rEcriini’e. Mais observons que ce n’esl
pas riieurn bonne on mauvaise qui
rend rhomme beurenx on malbenrenx,
mais q()e 'c’esl l’homme qui iail l'heuf'e
bonne on mauvaise, el qui ii’ime heure
mauvaise peut relirei' un grand bien.
C’est eri effet de celte même heure
dont .ié.sns 'demandait réloigiiemenl,
qu’il a retiré noire salut. Mais cela n’a
été qu’avec des prières et des supplications offertes avec de grands cris,
et avec larmes ( Hédr. v). Et celle
même heure était pour les juifs incrédules et rebelles, l’heure où la puissance des ténèbres agissait on eux et
par eux. De sorte que nous pouvons
(lire que chacun se crée une heure
bonne ou mauvaise. Et c’esl bien là ,
ce qu’a voulu nous dire notre Seignem-, lorsqu’il nous parle du dispensateur ou serviteur fi(ièle, et du serviteur irdidètc, (Luc. xii, Í35 à dti).
C’est donc de longue main, que nous
nous préparons notre lienre. Et tout
en désirant ne point porter un jugement faux, il nous semble, que cette
prière; che Ion bonn Dùm ne donne
na boun'orn, n’csl pas selon la Bible,
et u'e-ïl pas de personnes nourries de
la parole de Dieu.
Notre Seigneur nous dit ; que vos
reins soient ceinis, et vos lampes alhtmées. Soyc/. prêts, car le Fils de
riionime viendra d l'heure que vous
ne penserez point., — Voulons-nous
que cette heure, nieiire de notre mort,
ou l’hedre de ralffiction , ou l’heure
de la venue de Jésus, soit hoonc pour
nous? fai.sons CQ que Jésus nous a
commandé; tenons nous prêts au départ , en ayant danç nos âiiiès la vérilé,
la parole do Dieu , vivifiée pour nous
et en nous par l’esprit de Dieu, Regardons loujüuj's à Jésus , notre maître,
prions et aimons selon l’Esprit , préparons nous ainsi dès maintenant ¡(oiir
l'Iienre que nous no savons point, mais
qui viendra ccrtainemetu ; préparonsnous, sans larder, à mourir, et à bien
mburii'q (;ar la chose est difficile à
apprendre, et cependant de toute, importance.
Í il faut nous exercer nous-mêmes
à mourir. Or, ce n’csl pas une petite
science , c’est au contraire la plus
grande de toutes; et je ne comprends
pas c.ominenl celui qui ii’aurail pas de
louguii m.ain appris à luourir , l’apprendrait tout à coup, et d'nne seule
mis. au moment, où, décidément, il
faut le savoir s. Vinet
Eludiez-vous à affermir votre vocation cl votre élection ; car en faisant
cela, vous ne broncherez jamai.s, (ii,
Pierre 1-10, H).
®artét¿0
la conversion du eonite Gaspario
Un journal anglai.s raconte le irait
suivant;
Adolphe Monod , alors pasteur national à Lyon, prêchait Clirisl crucifié
et la gralùilé du pardon. Un certain
(Itmanclie il prêcha sur le texte; Bien
a tani, aimé le monde, qu'il n donné,
etc., et ü parla de Christ comme du véritable Dieu-liomme. Il annonça que le dimanche .suivant il montrerait comment
les hommes pouvaient (être sauvés par la
foi en ce Dieu homme. Mais alors l’autorité de l’Eglise de Lyon était opposée à ta- doctrine évangélique; elle
informa M. Monod que s’il pronon çait le sermon annoncé, il serait dénoncé au Préfet et cassé comme pa.sleur. M. Monod n’en fil pas moins .son
.sermon et l’aulorilé adre.ssa sa plainte.
Le préfet demanda à l’accusé communicalion de ses sermons; A. Monod les
lui lit remettre. Le préfet était un
comte catholique, le comte de Gasparin. Il n’aimait nullement: les sermons,
surlonl les sermons évangéliques. Mais
c’était un liomme qui remplissait conscioHcieusemenlIes devoirs (Je sa charge.
Il était donc n(jcos.saire de lire le.s sermons. Il vint vei's sa femme, les deux
manuscrits n la main, se plaignant d(i
(.ievoir passer toute la soirée à ce fastidieux Iravait. M'"'“ de Gasparln lui
offrit de les lire avec lui pour lui
rendre la lâche moins ennuyeuse. Ils
(îoramencèrenl. Ils lurent le premier
sermon. A chaque page, rinlérêt alla
en,augmcnlanl. Ils oublièrent que la
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■ 87
soii'éü aviinçail. Ce qui semblait prernièienienl une tâclie ardtie devint une
jouissance pour le cœur. Le premier
sermon lei’miné, ils lurcril le second.
Et quel lin le résullal? Gomme magistrat, comme préfet, M. Gaspai in
dut desliluer A. Monod de .ses fondions
parce que loutes les autoi ité.s régulières le demandaient. Mais lui et sa
femme devinrent de.'^ clirélien.s évangéliques, de.s croyanls vivants, joyeux
et heureux. Ils avaient trouvé la perle
de grand prix, et celte perle est demeurée dans leur famille. Leur fils,
le comte Agénor de (îa.sparin, a été
longlemjis un des piliers du parti
évangélique en Erance.
{Cliriülianifiine )
itouwellei? reUgîcueee
et faits divers
Italie. — M' P. M. évangéliste à
Coazzc donne dams le dernier N" du
Crisiiano des détails très intéressants
.sui' t’œuvre qu’il poursuit dan« le village et ses environs. Itien de plus curieux que les préjugés qui existent à
l’égard des prolesianis parmi celle
population,
» L’on dit (c’osl M' M. qui écrit),
que nous nous confessons dans une
colonne de bois remplie de> trous;
chacun a le sien et quand il lui a
conlié ses péchés, il le bouche (!) ,
quand la colonne est pleine (1!) on
la fait briller! Ou bien: i proleslanl
a se confëssou 'n l’un perlüs d'na mura
e peui a stoupou cound' na moulât.
D’après une correspondance deRomc
an Movimenlo de Gènes, le D. Nenrnan, auquel Léon XIII évail olferl le
chapeau de cardinal, aiuail écrit au
pape pour le remercier de celle distinction, mais en même temps pour
décliner cet lionneur: il lui serait impo.ssible paraît-il, de déroger à ses
liabiludes, à l’âge ampiel il est parvenu.
Lfis.évêipiesde Lombardie ont adressé
au roi une protesta lion collective contre le projet de Ipi qui tend à rendre
obligatoire en Italie la formalité du
mariage civil avant la célébration du
mariage religieux. Le.s pelitionnaires
rappel leu I l’euseigneniepl de l'Eglise
sur ce point.
I''[îan(;e. •" L'Eglise Déformée a
craint un moment de voii' le (iouvernemcnl empiéter sur scs droits, dan,s
la question de la nomination des professeurs à la faculté de théologie de
(>ai-js. — Le bruit avait coniai que
M. Viguié et M. Hévilîe appartenant au
parti libéral, allaient être nommés par
décret ministérid tiinlaire.s de.s deux
chaires v''acaiiles dans celte taciillé; alin
que ce bruit ne prit pas plus de_consistance ou de valeur qu'il n’en mérite,
les membres de la Commission per-,
manenle du Synode , résidenl.s h Pari.s,
mil rappelé au miiiisiri; de rinslniclicm
publique, ilans une entrevue qu’ils ont
eue avec lui , que d’après l’article 7
de la loi ISb'a', les Consistoii'es doiveiil
être con.sn!tés pour les nominations des
prol'esseurs réformés , sans qu’aucune
di.slinclion soit établie entre les cbaire.s
anciennes et les cliaircs de création
riomiellc.
Nos leclcurs .se ra|ipellent sans doute
de la soLisci'iplioii qui avait été ouverte
en vue de l'ercctiou d’une statue à
l’iirnira! Coligny. Beslail à déterminer
l’emplaccmeul de la statue. Dans sa
séance du 23 . février, le Conseil des
ministres à accordé à celle destination
le jardin situé an ¡Nord du Louvre, en
face du lemple de l’Oratoire.
Espagne. — Un Comité, composé
des pasteurs, de, Madrid , vient de se
former dans celle ville, dans le but
de créer un fond spécial destiné aux
veuves des pasteurs et des insliluleurs
et de leurs orplielins. Ce fond serait
dès l’abord alfecté à la veuve de F.
Iluel et à ses eitfanls, trois filles de
11, 5 et 3 ans , que la mort de leur
père a laissée snris soutien et sans fortune. Toutes les églises chréliermes qui
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ont si libéralement répondu à l’appel
adressé en novembre 1872 en t'aveur
de U famille de Carrasco, sont invitées à se joindre dans un nouvel effort,
afin que la famille de celui qui a consacré son existence à distribuer le pain
de vie aux cœurs alTamés de juslice,
ne se trouve pas dépourvue de son
pain quotidien.
Guèoe. — Un des pasteurs d’Athènes
te rev. Conslerdine, ayant publié la
traduction en ^n ec nioderne d’un traité
intitulé: Le Dimanche, smi influrnce
sur la santé et la prospérité du peuple,
et en ayant envoyé quelques exemplaires aux rédacteurs des divers journaux publiés dans celle ville, a eu la
joie de trouver quelque temps après
dans l’un d’eux, l’annonce ci-après;
« nous avons décidé de suspendre la
publication du journal chaque dimanche , car nous pensons que, comme
chrétiens et comme ouvriers, nos compositeurs ont besoin de consacrer au
repos et h leurs familles,24 heures par
semaine ». Les propriétaires du journal
ont remboursé à leurs abonnés le .septième du prix d’abonnement.
poUttque
Italie. — La Cliambrc des députés
continue l’examen des budgels; si elle
continue de ce pas , etic ne pourra
guère s’occuper des autres projets de
loi.
Il a été question d’un emprunt de
900 millions ou d’une transaction financière en vue d’abolir te cours forcé;
mais les journaux n’en parlent plus.
Le cours forcé rte sera facilement supprimé que si la prospcrilé générale
du pays augmenlû, de manièie que
tes exportai ions surpas.sent les importations , les entrées dans les caisses
de l’Etal s’élèvent [)rogressivemenl au
dessus des sorties. Alors une mesure
linancicre dan.s le but d’abolir le cours
forcé pourra se faire sans écraser les
«onlribuables de nouvelles taxes, néces
sitées par des intérêts majeurs à payer
en suite d’un nouvel emprunt.
Le procè.s Passanante n’a duré que
deux jours. Le jury a déclaré eo malheureux coupable de tentative de régicide, et le tribunal l’a condamné à
moi'l.
France. — Marcère a dû céder
le ministère de l’inlérieur ¡r M. Lepère,
Les autres ministres sont restés au
pouvoir et ont l'ail une question de
cabinet du projet de procè.s des ministres du soi-disant ordre moial. La plupart des journaux républicains modérés
soutiennent sur ce point le minrslère
et s’opposent au procès. Il y a du
danger à vouloir trop vaincre et surtout à vouloir Iriompliei’ par la vengeance.
AUcênagne. — La diète de l’empire ne veut pas savoir de la loi disciplinaire proposée par le minislére pour
prévenir et réprimer les excès de ¡»arole et d’action commis par les membres de celte assemblée. On propose
une révision du règlement, ce dont
Itisinark se déclarera satisfait,
Hw»»ie. — Les journaux iiarlent
a.vec insisUmee de l’existence h Saint
Pétersboui'g et ailleurs d’une maladie
épidémique''qui a les symptômes de
la peste, mais qui est d’un caractère
beaucoup plus bénin , puisque aucun
des 140 cas qtic l’on aurait conslalé
ii’aurail éic suivi de inorl.
ÆV I S
Un canif avec trois lames, des ciseaux elc., portant les noms de L.
Watsbn a été perdu sur le dieinin
d’Angrogne ou sur des .‘•Dntiei's qui y
abouli.sseni ; deux autres canifs de prix
ont également élé égarés. Les personnes qui pouiTaienl avoii’Iroiivé ce.s
objets, sont priées de les apporter à
M"“" Uoslan, maison Arnonlel, La Tour.
Erne.st ftoumiT, Gérant et Administra leur.
l'iguerot, Itnpr, Cliiaulorc et Mascarplli,