1
Année Neuvième.
PRIX D'ABBONNEMENTPAU AN
Italie . . . . li. 3
Tous les pays deTUnion’
de poste . . . » 6
Amérique . . . » 9 .
On s’abonne :
Pour VIntérieur ohess MM. Jea
pasteurs et l
libraires de
Torre Fellice.
Pour VExtérieiimn Biireau'd’Administration.
N. 52
I Un on pluaieurs iium6tos eépaF rês, demandés avant îe ti
28 Décembre 1883
rai^e 10 oent. chacun.
Anhomnes: 25 centimes par ligue,
lies eauuis d'argent se font;i;ia-r
lettre recommOMilée ou , par
lUjSiîtiati sur lo Uureau de Perosa At'geniina.
Pour la RÉDACTION s'adresser
i^insi: A laDireciipn du Témoin,
'I Pomavetto (Pineroio) Italie.
: Pour rADMlNISTRAlTON adresij ser ainsi; A rAdmhviatratioii du
Tiîmoî«, Pomaretto (Pineroio;
f! Italie.
LE TEMOIN
ÉCHO DES VÂLLÊES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Kous me serez témoins. Actes 1, 8.
Äliiüani la vérité avec Ui charité. Kph iv, Jî>.
Sonimaix’o. ^
28 décembre. Regrets stériles et regrets
bienfaisants. — Notre Eglise en 1883. —
Correspondance. — Sur l’origine italienne
des Vaudois du Piémont. — Chronique vaudoise. — Nomelles religieuses. — liepue poli—_ Sg\isçription. , .
SS Déoeinlbre
REGRETS STÉRILES
et regrets bienfaisaiils
On a beau être insouciant et
léger incrédule, ou môme endurci
dans lé péché, il y a certaines
circonstances et certains moments
où l’on est comme forcé de rentrer en soi-même, de sonder ses
voies, de s’interroger pour s’accuser o-u se justifier, se condamner
ou s’absoudre. Ce n’est pas nécessairement à la fin de cette
longue suite de jours dont se
compose une année. La conscience
ne se réveille pas à heure fi^^Pj,
et le combat des pensées qui s’accusent ou s’excusent ne s’engage
pas toujours à la volonté de l’homme. Il n’en est pas moins vrai que
la fin d'une année semble être
plus particulièrement propiçe pour
cet examen salutçuré que l'homme
doit faire de lui-même et de^ la
manière dont il a compté sesjoars.
D’un autre côté^ si Teiifant de
Dieu sent l’obligation de le bénir
tous les jours de sa vi.e, qt de
n’oublier aucun de ses bienfaits,
il éprouvera très naturellement le
besoin de passer en revue les
nombreux témoignages qu’il a
reçus de la gratuité du Seigneur
pendant une année entière, lorsque
chacun des jours qui l’ont composée a vu se renouveler en sa
faveur la bonté paternelle et la
paternelle sollicitude dont il a
été l’objet.
Quel que soit l’état religieux
d’un homme qui s’arrête un moment pour regarder en arrière,
môme sur une petite partie du
chemin qu’il vient de parcourir,
il y découvre plus d’un incident,
ou plus d'une tache qu'il voudrait
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4C; '
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,410.
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en effacer. Il n’est pas question
des épreuves dont on a vu l’issue ;
l’impression pénible qu’on en avait
ressentie est allée s’affaiblissant,
et c’est presque devenu une jouissance de se rappeler l’affliction en
même temps que la délivrance.
— Ce à quoi le mondain regarde
avec regret, ce sont les erreurs
qu’il a commises et qui lui ont
coûté très-cher, les impruSences
qui lui ont valu des pertes matérielles ou des humiliations, les
entreprises manquées, les projets
réduits à néant. Il regrette, l’homme du monde, d’avoir manqué de
prévoyance, d’avoir eu trop de
confiance en soi-même, c’est-àdire trop de présomption, comme
le malfaiteur qui est tombé sous
la main de la justice humaine regrette de n’avoir pas été assez
habile pour y échapper.
n est possible que pour quelques-uns l’expérience du pa.ssé
soit utile et qu’avec plus de prudence ils parviennent à mieux
réussir dans leurs entrepriseset
à éviter les maux dont ils ont eu
précédemment à souffrir. Mais
aussi longtemps q_ue leurs regrets
ne portent que sur des objets terrestres , ils demeurent stériles.
Ces hommes n’auront pas plus de
joie dans leur cœur, « lorsque
leur froment et leur meilleur vin
auront , été extrêmement abondants », Ils se souviennent avec
«n vif regret de rhumiliation que
leur a valu quelque acte répréhensible; mais aussi longtemps
qu’ils s’arrêteront à l’humiliation
soufferte et qu’ils n’éprouvent aucune douleur à la pensée de la
cause qui l’a produite, leurs regrets sont absolument stériles,
comme le sera celui du meurtrier
qui gémit de ce qu’il n’a pas su
cacher son crime.
Toutefois les regrets stériles ne
sont pas le privilège exclusif des
mondains et des incrédules, oir
celui des malfaiteurs. S’ils n’y
prennent pas garde, les chrétiens
eux-môrnes les éprouvent dans
une mesure plus abondante encore. Leur conscience que l’Esprit
de Dieu a réveillée le jour où il
les a convaincus de péché, les avertit bien plus souvent et leur fait
distinguer le péché là où d’autres
ne voient que des choses indifférentes. Car il ne s’agit pas seulement pour eux de s'abstenir du
mal que la parole de Dieu condamne, mais d’être riches en
bonnes oeuvrés , d’accomplir toute
justice. Et si déjà, à la fin de
chaque journée le racheté de JésusChrist a grandement sujet de demander humblement le pardon de
ses offenses, que sera-ce, lorsqu’il
cherche à embrasser par la, pensée
une année entière et à rappeler
à son souvenir tout le mal qu’il
a fait et tout le bien qu’il a négligé?
Que cet examen journalier de
soi-même soit une chose excellente, chaque chrétien le sait.
Qu’un examen sérieux et approfondi à“ la fin d’une année soit
tout aussi nécessajre et qu’il puisse
être d'une utilité extrême, c’est
ce que nul ne saurait contester.
Qu’il appelle de nombreux et de
très douloureux regrets dans l’âme
du chrétien c’est encore ce que
3
• ^vsr«nw«vv<\Aiv\i%‘VVVVi;S/%j%"ií •
l’expérience démontre à chacun,
La question importante est de savoir si ces regrets sont salutaires
ou bien s’ils demeurent stériles
comme ceux du mondain. Le
danger est plus grand qu’on ne
se l’imagine communément et plus
. d’un enfant de Dieu a déploré
amèrement son refus prolongé
de recevoir l’instruction. Certes
c’est une chose bonne et agréable
à Dieu que de reconnaître et de
confesser son péché. C’est la condition sans laquelle il n’y a pas
de pardon possible. Mais à celui
qui aobtenu son pardon leSeigneur
dit; « Va et ne pèche plus désormais de peur que pis ne t’arrive ».
C'est-à-dire que le regret d’avoir
offensé Dieu n’a de valeur réelle
et d’effet sali/taire que s’il nous
pousse avec une énergie toujours
plus grande à « rejeter le péché
qui nous enveloppe si aisément •.
Le regret est salutaire lorsqu’il
' est uni à une douleur profonde
d’avoir fait non pas ce qui nous
humilie et nous fait souffrir, mais
ce qui offense Dieu, le meilleur
des pères, et qui contriste le Saint
Esprft, l’esprit d’adoption par lequel nous disons: Abba, Père 1
Noire Eglise en 1883
Vers la fm de chaque année, les
journaux politiques ont l'habitude de
'jeter un coiip-d’œil en arrière sur les
principaux faits qui ont marqué la
carrière de la nation pendant la courte
période qui s’en va finir. De leur
côté, les journaux religieux dont le
regard peut embrasser tout l’horizon
s’efforcent de résumer en peu de mots
la marche de l’Eglise universelle pen
dant l’année écoulée. Notre but est
plus modeste et nos observations se
limitent, pour le moment, à une
petite compagnie de la grande armée
chrétienne: à notre propre église.
Il nous arrive aussi parfois d’être
pessimiste: c’est lorsque nous regardons aux hommes, à leur faiblesse
ou à leur endurcissement. Nous y
sommes sourtoul porté quand il s’agit
de notre église à l’intérieur des Vallées.
Cepenaanl nous redevenons optimiste
lorsque nous regardons à Dieu et à
son œuvre. Nos églises des Vallées ne
sont ni aussi belles, ni aussi laides,
que se les figurent ceux qui ne les
connaissent guères que de loin ou par
ouï dire.
En réalité, l’année a été bonne pour
elles. De la part de leurs conducteurs
elles ont reçu abondance de nourriture
évangélique. A côté des moyens ordinaires, l’on a eu recours à des moyens
spéciaux tels que la préparation du
petit volume à'Ex'plicalions de la
Genèse, les réunions d’appel du printemps dernier et les réunions pour
la jeunesse.
Du côté des paroissiens il y a eu
empressement général à profiler de
ces moyens d’instruction. Ce n’est pas
encore le réveil, mais c’est le chemin
pour y arriver. Par ci par là, on voit
se grouper, s’organiser, s’encourager
les membres vivants de l’église, hommes ou femmes, afin de mieux travailler.
Nos Etablissements ont tous gagné
quelque chose, sauf l’Ecole Normale
qui a été suspendue. Le Collège a un
professeur de plus et une partie de
son déficit de moins. L’Ecole supérieure a été dotée d'un fort joli bâlirnont. Les Hôpitaux ont gagné par
suite des améliorations apportées à
celui de Poraaret, et l’Orphelinat n’est
pas éloigné d’avoir, grâce à la générosité de Miss Oakes, une annexe pour
garde-malades.
Les écoles ont clé pourvuc.s d’un
programme impritaé et d’un Premier
livre de lecture remplaçant avantageusement l’ancien.
4
4^;
\
Quoi de plus? Nous oublions sans
doute bien des choses qui seraient
dignes de mention.
II en est trois qui donnent à penser;
les tendances d’une partie de notre
jeunesse, nos Dimanches, et nos cabarets.
En dehors des Vallées, l’inauguration du premier Temple Vaudois, à
Rome, est le premier fait qui fixe
l’attention. Puisse-t-il nous rappeler
vivement que c’est Jésus-Christ qui
règne et que nul pouvoir ne tiendra
devant le sien.
En pensant à Rome et au martyr
Pasquale dont on a rappelé le souvenir, nous ne voulons pas oublier que
nous avons, celte année, après plus de
trois-cenls ans, serré de nouveau la
main à nos parents de Calabre que
Rome a fait plier sous sou joug.
Autour de la patrie, notre église
a été appelée à rayonner sur le territoire Suisse, chez les Grisons et
dans le Tessin. C’est peut-être là le
premier pas dans une voie nouvelle
où Dieu nous réserve du travail et
des bénédictions. Nous en avons recueilli déjà sur le littoral français de
la Méditerranée.
Plus loin que la patrie et ses abords,
nous avons dès maintenant un missionnaire parmi les païens. L’année
1883 l’aura vu poser le pied sur la
terre d’Afrique et s’établir, nous l’espérons , dans la station de Léribé, au
Lessoulo.
D’autres se préparent à le suivre
là où Dieu les appellera.
Tous ces faits et bien d’autres que
nous ne pouvons mentionner, doivent
nous pousser ?i répéter la parole du
Psalmisle; «Mon âme bénis l’Eternel
et n’oublie pas un de §es bienfaits!»
Correofonbiittce
La Tour, le décembre 1883.
Honoré Monsieur le Direcleui;,
L’un de nos confrères en Réduction
vient de me lancer assez vertement,
mais avec raison, de ce que la Chronique dont je me suis particulièrement chargé va traînant de l’aile, ce
qui revient à dire qu’elle va mal, ou
ne va pas du tout.
Je veux nie corriger et vous en
donne un gage, en vous débitant,
d’une manière siiccinte, le's nouvelles
courantes plus ou moins arriérées.
Parlons d’abord des Unions Chrétiennes. Celle de Sainte Marguerite a
célébré, tout dernièrement, son xxxi“
anniversaire et s’est montrée aussi
jeune, après une génération, que si
elle venait de naître. Elle compte
encore quelques-uns de ses membres
fondateurs qui n’ont nullement vieilli,
si l’on regarde à leur entrain tout
juvénile, et aux sentiments pleins de
fraîcheur qui les animent. La tête de
ces vétérans a blanchi, mais le cœur
est demeuré jeune, car la foi cl l’amour renouvellent sans cesse les forces de l’âme qui les possède.
La soirée anniversaire a très bien
réussi. Il y avait abondance de travaux variés, tels que poésies, dialogues, et chants fort bien exécutés par
•un chœur de jeunes gens. Plus de
250 personnes assistaient à la belle
fêle."De ce nombre, au moins une
soixantaine étaient membres des trois
autres Sociétés d’Union qui se sont
fondées à La Tour ces derniers temps,
savoir: une aux Rousseings, il y U
trois ans et les deux autres au Taillaret et aux Clmbriols, en novembre
dernier.
Nous saluons avec plaisir ces nouvelles associations, qui réunissent les
jeunes gens qui ne seraient jamais
venus à Sainte Marguerite. Elles sont
un puissant moyen de développer
rinstruclion et la” piété, comme aussi
elles servent à empêcher beaucoup
de dissipation chez la jeunesse, laquelle a besoin de passer son temps.
Trouvant à bien -occuper ses soirées,
ayant quelques petits travaux à faire,
il ne lui restera plus de loisir pour
courir à droite et à gauche. Nous
espérons que l’auberge elle-même
perdra quelque chose à la présence
de ces utiles institutions.
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..413 ------
Les personnes chargées de diriger
la marche de toutes ces sociétés étant
animées d’un esprit chrétien, il n’y
a rien à craindre quant à l’influence
que ne manqueront pas d’exercer ces
corps organisés sur la marche générale des affaires de la paroisse.
S’il était possible de créer, dans la
plupart des paroisses vaudoises, des
sociétés comme celles dont nous parion.? ici, je ne doute nullement que
ce ne fui un moyen efficace pour
combattre l’indifférence et éviter de
regrettables écarts chez la jeunesse.
Quelle belle fête de Noël, cette
année, grilce au temps splendide que
Dieu nous a accordé ! Les temples
étaient combles, le matin pour le culte
et la Sainte Cène, l’après-midi, aux
Coppiers, pour un arbre de Noël.
Que de parents qui se font volontiers
petits enfants et prennent leur large
part il celte réjouissance.
Soit à la ville, sous la direction
de M“® Pasquet, soit aux Coppiers,
grâce au tact bien connu de leur
maître M. Arnoulel, les 120 enfants
de nos deux écoles enfantines ont interessò et égayé les nombreux amis
accourbs pour les entendre. Qu’il est
admirable l’Evangile de la Naissance
récité par la bouche des petits enfants, desquels le Seigneur tire sa
louange.
Je voudrais conduire mes lecteurs
à l’Hôpital de La Tour et les associer
à la fêle d’hier au soii’.
Tons les malades réunis dans une
vaste salle (quatre seulement étaient
couchés), un certain nombre d’anciens malades, devenus un peu de la
maison, et quelques amis entouraient
l’arbre devenu traditionnel ! Il y a
eu des chants, deux courtes allocutions et une prière. Ensuite distribution de cadeaux... à tout le monde.
Devinez la joie de nos chères sœurs
M*'®® Delessért et Richard. L’excellent
doct. Vola était là; je ne vous dis pas
s’il était content de voir ses malades
plus ou moins patients, si heureux.
Une femme me disait qu’elle ne regrettait pas de s'être blessée à la
niain, puisque cela lui avait procuré
une si belle fêle. j. î>, p.
SDR L'ORIGII^E ITALIEN^iR
lies Yandois du rîémniit.
/'Sitile coir N. îOJ. ^
Quels étaient donc ces frères en la
foi, que les disciples de Valdo trouvèrent ainsi dans la province de Pignerol, tout prêts à les accueillir,
au risque de s’exposer à une amende
de dix sous, pour avoir vécu avec
eux ?
Ceux à qui on interdisait de recevoir des Vaudois, ne devaient probablement pas porter eux-mêmes le .
nom de Vaudois; et s’ils en avaient
un autre qui leur eût été spécial, il
est probable aussi que c’est par celuilà qu’on les aurait désignés.
Peut-être n’élaient-ils connus que
par le nom de la contrée qu’ils haIjitaicnt; c’est ainsi que les habitants
du Tessin, sont appelés Tessinois, en
italien Tidnesi; et il ne serait pas
irapi’obabie qu’on eût appelé Chiusonesi, les habitants de la vallée du
Chiusone, ainsi que Pellicesi ceux du
Val-Pellice.
Ce ne serait que plus tard, et
lorsqu’on les eut vus s’assimiler aux
Vaudois, que par mépris, ou par
simple analogie, on leur aurait donné
cette dénomination, que l'ordonnance
de Pignerol avait popularisée, et rendue pour ainsi dire officielle.
Ce ne sont là que des hypothèses,
mais elles sont plausibles.
Une question plus difficile à résoudre et plus importante pour nous,
serait de savoir si cijs prédécesseurs
des disciples de Valdo, (dont ils ont
hérité le nom: par eux seuls conservé jusqu'ici), étaient originaires
du pays qu’ils habitaient, ou si euxmêmes, comme les émigrés lyonnais,
ne s’y seraient pas réfugiés de quelque
autre partie de l’Italie.
Dans le premier cas on aurait à
se demander, pourquoi leurs tendances bibliques ne se retrouvent
pas dans les vallées voisines, et comment il se fait qu’elles se soient ainsi
localisées dans les leurs.
Il faudrait aussi expliquer, d’où
vient que le type physique des habi-
6
.414
■X
I:"
■
tanls de ces vallées, est distinct de
celui des vallées environnantes.
Si leur population n’est pas indigène dans les Alpes, de quelle partie
de l’Italie y serait-elle venue; à quelle
époque, et par suite de quelles circonstances eût-elle quitté le sol natal?
Pour donner à ces questions une
réponse, même approximative, bien
d’autres investigations seraient encore nécessaires.
Il faudrait rechercher d’abord si
dans quelque autre partie de l’Ilalie
se retrouve le type Vaudois, tel qu’il
subsiste encore dans nos montagnes.
Il faudrait, en même temps, recueillir avec soin toutes les imrticularités de langage, de mœurs, de
costume, d’usages singuliers oip bizarres, de légendes, (sur les FantÎnes,
par exemple); de traditions, de chants,
de proverbes et même de piéjiigés,
qui existent ou ont existé parmi nos
Vaudois, afin de voir si quelque
chose de semblable se retrouve dans
le pays d’origine qu’on leur supposerait.
Il faudrait enfin pouvoir jeter quelque lumière sur les évènements qui
les en ont fait sortir.
C’est là sans doute un problème
qui no sera pas de si tôt éclairci.
Mais en faisant de chacun de ses éléments l’objet de recherches particulières, corhme cela serait possible à
un ensemble de travailleurs, tel que
la Société d’histoire Vandoise, la recherche simultanée de ces renseignements divers, rendrait certainement
plus rapide la marche vers le but.
Comme exeifiple des particularités
à recueillir, on peut signaler la coiffe
aux ailes tuyautées, que portent encore la plupart des femines Vaudoises ;
la robe noire, qui jadis était le costume obligatoire des mariées, et qui
tend de plus en plus à être remplacée
par un vêtement blarit; le chant
nuptial, joué par les ménélriei’s, en
tête du cortège de noce; peut-être
aussi l’usage des Bamére«, où le
cortège s’arrête, au retour de l’église,
pour recevoir des fleurs et des pâtisseries , offertes en l’honneur dos
époux; Cet usage néanmoins existp,
m’a-t-oii dit, dans quelques autres
parties de.s Alpes. Mais un détail qui
n’appaiiienl, je crois, qu’à nos Vallées, et qui tend aussi a disparaître,
mérite de fixer l’attention, par la
ressemblance qu’il offre avec certaines
cérémonies de l’antiquité.
Lorsque la noce est près de se rendre à l’église, les amis et les parents
de l’époux, se réunissent devant la
demeure de l’épouse, où ne restent
plus que les femmes, avec le chef de
la. maison. Ce dernier s’avance sur la
porte, et demande aux jeunes gens
l’objet de leur visite.
Je viens chercher la future compagne de ma vie, dit le fiancé.
Le père alors rentre dans la maison, et revient en tenant par la main
une des femmes les plus âgées de la
compagnie.
. Est-ce cette personne.ci ? dit-il au
jeune liomme. — Sur sa réponse négative, il rentre de nouveau cl revient en conduisant encore une des
personnes âgées.
Pendant ce temps un des assistants
a offert son bras à la première, et
un nouveau cavalier vient offrir le
sien à la seconde. Toutes les femmes
sont ainsi présentées, jusques aux
plus jeunes filles; la mariée n’est
amenée que la dernière, et reçoit une
réppnse affirraalive.
Son père alors lui donne le bras,
pour la conduire à l’église, pendant
que le fiancé offre le sien à sa future
belle-mère; et le cortège tout-entier
se met en route précédé par les violons qui Jouent la marche Iraditionnelie.
Quelquefois le fiancé, à qui on présente successivement toutes les dames,
et qui est obligé de répondre par un
refus (hormis à la dernière), pour
peu qu’il ait l’esprit cultivé, accompagne son refus de quelques paroles
flâneuses pour chacune d’elles. Aux
plus âgées il dira qu’elles sont dignes
de servir de modèle à toutes les femmes, mais que leur sagesse s’allierait
mal avec sbn inexpérience ; aux plus
jeunes: que leurs charmes lui feraient
trop de jaloux. S’il en est dont la
position sociale se trouve supérieure
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ai 5-.
à la sienne, il peut répondre qu’il
n’oserait élever ses prétentions jusqu’à elles; si ce sont de toutes jeunes
filles, comme les sœurs cadettes de
la mariée; qu’elles deviendront sans
doute de ravissantes épouses, mais
qu’elles sont encore trop jeunes pour
lui etc.
Je ne serais pas étonné que quelque usage semblable, sc retrouvât
dans les anciennes mœurs de la partie
inféi’icurc de l’Italie, nommée autrefois La Grande Grèce.
Il va sans dire que des particularités bien plus nombreuses seront à
relever, -et que d’autres analogies
pourront en ressortir; mais quel que
soit le résultat de ces recherches,
les matériaux rassemblés par elles
auront déjà leur prix.
NOTE COMPEÉMENTAIBE.
En relisant le pa.s.sage des Trangelons de Molines, qui a motivé ces
articles, je remarque cette expression : ¿es ¿i/ûjîiiats (disciples de Valdo,
.expulsés de Lyon] se réfuijièreni en
i'ARTiE dans h pays; et je me demande si le chroniqueur n’aurait pas
eu l’intention de faire entendre par
là qu’une aulre partie do ces exilés
se serait réfiigiée en Italie; et, comme
Gilles paraît le croire, dans les Vallées Vaudoises actuelles ?
Si cela était, il me semble que le
tranjeleur s’en serait expliqué plus
clairement. Molines est moins éloigné
des .Vallées Vaudoises que du Vallouise; et l’auteur des Trangelons a
dû être an courant de ce qui se passait, d’un côté aussi bien que de
l’autre. S’il n’a pas été plus explicite
pour désigner les localite.s, où se sont
rendues ces autres parties de l’émigration lyonnaise, c’est qu’il les ignorait, ou qu'elles étaient trop éloignées
de son pays, pour qu’il eàt à s’en
occuper.
On sait en effet que divers groupes
des disciples de Valdo, se sont retirés
fort loin les uns des autres, soit en
Bohême, soit en Picardie; et c’est là,
je présume, ce qu’avait en vue l’é. crivain lorsqu’il a dit qu’une partie
seulement des exilés de Lyon, s’était
fixée dans son pays.
Qu’il y en ail eu ensuite (jui do
là, se soient transportés en Piémont,
c’est indubitable, et l’arrêté de Pignq^‘ol est là pour l’attester; mais
que CCS Vaudois de France, auxquels
cet arrêté défendait qu’on donnât
asile dans la province aient été reçus
dans nos Vallées par d’autres disciples de Valdo, venus également de
Lyon, et s’ignorant les uns les autres,
(juiisque ce n’est que quarante ans
plus tard que les Lyonnais établis dans
le Vallouise sont entrés en relations
avec les habitants de nos Vallées),
voilà ce qu’il est impossible d’admettre, à moins de preuves positives,
qui font complètement défaut.
Il est bon du reste de ne pas adopter une solution trop hâtive sur celte
cjuestion des origines, à laquelle celte
elude n’aurail fait qu’apporter un
élément de recherches nouvelles, qui
ne pourront être que fructueuses, si
l’on veut biên s’en occuper.
A. Muston.
dircmiijuc ®auboÍ0C
Les 90 enfants dc.s deux écoles du
dimanche de Bobi (ville) se réunissaient hier à 2 heures dans le temple.
On leur avait promis une petite fêle
aussi, pas un ne manquait à l’appel.
Celte année c’est un petit californien
de â ans qui avait pensé à offrir une
petite fêle de Noël à ses amis de Bobi
avec l’argent provenant de ses petites
épargnes. Cravates, mouchoirs, ardoises, cahiers, étuis, il n’en faut
pas tant pour contenter ce petit
monde. Aussi comme ils chantaient
avec entrain les beaux cantiques de
Noël !
Les H éciles de la paroisse sont
en ce moment peuplées de .389 enfants, les locaux ont été presque tous
restaurés, régents et maîtresses travaillent de cœur à leur lâche, et la
plupart d’entr’eux, outre leur travail
de la semaine, sont directeurs ou
moniteurs d’écoles du dimanche dans
les différentes quartiers de la paroisse.
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fiout>0Ue0 rcUjgtcwee0
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lit
rVSr.v "■it-‘
•Italie. — Une inuniûipalüé comme
il y en a peit. Le Conseil Municipal
de Feltre, m’ayant appris par des
lettres écrites de la main du Syifdic
lui-même, qu’elle m’accordait la Salle
du Conseil pur y tenir une conférence
sur Luther, je me rendis dans celte
ville mardi l'I courant. J’ai le grand
plaisir maintenant de pouvoir constater des résultats très satisfaisants.
En effet’ quoique les affiches n’aient
été prêles qu’à 1 heure de l’après
midi, 250 et plus de personnes remplissaient la salle le soir même. Après
mon discours et la prière de clôture,
elles levèrent toutes la main et manifestèrent avec une acclamation unanime,
le désir de m’entendre bientôt traiter
devant elles un autre sujet religieux.
..iVoilii donc un nouveau champ ouvert
à la prédication de l’Evangile. Que
Dieu veuille fournir à ses serviteurs
des occasions propices pour l’ensemencer et le faire fructifier à sa
gloire, par son aide puisiïaiUe! Qu’il
me soit permis de demander dans ce
but le concours des prièi'es des nombreux lecteurs de votre journal.
(liai. Evany.) Eu. .Ialla.
— Arsenal de reliques. En annonçant la mise en vente d’un couvent
dePistoic, un journal Italien énumère
les divers objets composant le mobilier
du ieouvent et qui vont passer au feu
des: enchères. Dans la liste on voit
figurer «des reliques de Saint Pierre,
Saint Clément et Saint Anastase, et
une Madone qui pleure avec tout
l’appareil nécessaire pour la faire
pleurer; bouilloir, lampe a esprit de
vin et tuyaux, le tout en bon état
et prêt à fonctionner». e. l.
iJcïïue politique
Le Sénat se plaint, peut-être à
tort, de ce que le ministère ne lui
donne pas du travail, et de ce qu’il
est obligé souvent de voler d’urgence
des projets de loi qu’il n’a pas eu le
temps d’examiner à fond.
S. M. le roi Humbert a envoyé a
Ala, station frontière, un télégramme
d’adieu pour le prince impérial; il
en a reçu une dépêche des plus
cordiales et des plus aifeclueuses.
La visite du prince à Rome prouve
au moins deux choses; l’une, c’est
qu’il existe entre la cour .impériale
d’Allemagne et celle d’Ilalio les relations les plus amicales, comme entre
le peuple allemand et le peuple italien; l’autre c’est que le pape n’est
pas aussi prisonnier que telles personnes veulent bien le dire , puisque
la porte du Vatican est ouverte, et
que le pape peut entrer et sortir,
lui et scs amis, selfin leur bon plaisir.
La perle du pa€voir letnporel n’a
pas diminué la puissance du pape;
elle l’a au contraire augmentée, et
a fait tomber bien des entraves qui
rendaient souvent difficile l’exercrce
du pouvoir, appelé impropfémehl
spirituel, puisque c’est ecclésiastique
..et administratif qu’il -faudrait dire.
Le protestantisme n’a pas gagné directement h la chute du pouvoir temporel; mais maintenant protestants
et catholiques combattent avee les
mêmes armes, et c’est un gain pour
fin nrnséh'li.sme. .siirt.oul nn
Mtalie. — La Chambre a continué
l’examen des budgets; après celui de
l’instruction publique, c’est celui de
l’Intérieur qui a donné lieu aux^altaques les plus passionnées de lu part
des dissiaents de la gauche.
œuvre de prosélytisme, surtout en
Italie.
jPt'fiÈice, — Les français ont pris
dans leur marche en avant dans le
Touquin le fort de Sontay, Il parait
que Ferry irefuse pour le moment la
médiation de l’Aiiglelerro dans son
conflit avec la Chine.
Httssie. — Il y a eu un nouvel
attentat de.s nihili.sles contre Ic-czar
qui en a été quitte pour une blessure que l’on espère légère.
SOCSCfUi'TIOiN
m faceur du Coltéje
N. N (gfi.jÇermain )
Fr. 10
fÎRNE.ST
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T, GéranlelAdministraltur
FMgnerol, lmp. Cliiantore et Mascarelli-