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Année Septième.
7 Janvier 1881
N.
LE Témoin;
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous me serez témoins. Actes 1, S, . Suivant lo: vérité avec la ckarité. Er. 15.
PEIX D’ABBONNBMENT PAR AN Italie L. 3 Tous les pays de TUnion de poste ... » 6 Amérique ... . » 0 On s’abonne ; Pour {'Intérieur ohBz MM, les pasteurs et les libraires de Torre Pellice. Pour rScctérieuraii Bureau d’Ad* ministtation. -*• ' I.Un ou plusieurs numéros sépa- rés, demandés avant le ti- rage 10 cent, chacun. 1 Annopces: 25 centimes parligne. 1 Les ewvois d'argent se, font par 1 lettre recommandée ou par 1 mandats sur le Bureau de Pe- 1 rosa Argentina.
Pour la REDACTION adresser ainsi: A la Direction du Témoin, Pomaretto (Pinerolo) Italie. Pour r ADMINISTRATION adresser ainsi : A P Administration du Tcwioi«, Pomaretto ( Pineroloj Italie
Sommaire.
1881. — Allons à iésus. — Le bazar
vaudois d’Edimbourg. — jVoMeeiie« religieuses. — Chronique mudoisé. — Revus
politique.
Si tous les souhaits sincères que
l’on vient d’échanger en tant de
lieux avaient seulement commencé
à se réaliser, l’âge d’or serait revenu
sur la terre et le bonheur coulerait
comme un fleuve auquel on irait à
l’envi se désaltérer; car tous nous
avons soif de bonheur. Le tout
petit enfant qui s’en allait tristement à l’école, 'parce qu’on lui
avait dit; allez, eLqn’il li’avait pas
encore, appris à désobéir, voulait
aussi du bonheur et dans sa naïve
^ ignorance, le demandait à l’hiron’ délie qui portait bonheur à la maison; il aurait été indigné, le cher
enfant, s’il avait sa déjà que de méhcbants garnenieQtis, on peu plus âgés
que^ lui, B^amuseEft à détruire les
nids et'à martyriser les petits de
cet « oiseau du bon Dieu, » ét,que
des garnements, plus grands.el j>lus
coupables encore, se divertissent à‘
massacrer ces charmants oiseaux à
coups de fusil.
Ce n’est pas que Thirondelle apporte le bonheur, comme elle annonce le printemps, pas plus que*
l0N6©:neoB Æe. votts-ga*ariiit que. vous .
aurez, toute l’année, de l’argent
si vous en avez trouvé dans votre
poche au moment où vous l’avez
entendu, chanter pour la première
fois. Croyances d’enfants ! Superstitions de gens ignorants ! — Sontils devenus beaucoup plus sensés
et plus sages lorsqu’ils ont plus lard
fait dépendre leur bonheur du succès de leurs anteeprises, de la réussite de leursAépiculalions, ou simplement idedifabondan^^e leurs
revenus ? Santé et’riché^œi sont les
deux fondements sur .lesquels la
plupart des hommes,'même des
plus intelligents, font reposer l’édifice de leur bonheur. C’est aussi ce
qu’ils se sont souhaité l’autre jour
avec une. singulière unanimité. —
Ils ont eu beau expérimenter, sur
eux-mêmes et sur d’autres, l’insuffisance de ces deux biens pour ren-
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dre le cœur joyeux, et la vie paisible; ils s’obstinent à ne rien voir
au delà et au dessus.
Ils seraient excusables, — comme
le sont les payens, — si jamais ils
n’avaiont entendu parler d’autre
chose, s’ils ne savaient pas que
l’homme ne vit pas de pain seulement, qu’il n’a pas la vie par ses
biens et que toute la gloire de
l’homme est corarne l’herbe, qui
fleurit au matin et qui le soir est
déjà fanée. Ils le seraient même
encore ne connaissant que cela,
puisque l’expérience de l’instabilité
de toutes les choses visibles est
plutôt faite pour attrister que pour
réjouir.
Mais ils savent aussi que par la
foi le plus grand pécheur trouve la
paix avec Dieu par notre Seigneur
Jésus-Christ ; que celui qui a le
Fils, a la vie, et que le bon plaisir
du Père a été de nous donner
toutes choses avec lui. D’où vient
donc que cette connaissance qu’ils
ont acquise du don de Dieu, des
conditions du salut et des glorieux
privilèges des rachetés, ne les délivre pas de toutes ces inquiétudes
et de toutes ces craintes dont les
hommes du monde sont les esclaves, et d’où vient, qu’eux aussi,
comme les ignorants et les incrédules, regardent aux biens terrestres
comme à source du bonheur ?
Hélas ! C'éàr qu’ils ne connaissent
que de nom ces révélations de l’amour de Dieu et dé^ soins paternels dont il entoure ceux qu’il lui
a plu d’adopter, et non leur vivante
réalité. Aussi n’osent-ils pas se confier, et leur espérance est-elle mêlée de beaucoup de craintes. Leur
dernier mot, prononcé en soupirant,
sera peut-être': iLSrrivera ce qu’il
plaira à Dieu! C’est quelque chose
sans doute, mais ce n’est pas assez;
pour la paix de l’âme et pour le
vrai bonheur.
Chers amis, qui lisez ces lignes,
nous demandons au Seigneur pour
vous quelque chose de meilleur que
la résignation passive, en souhaitant
de tout notre cœur que vous soyez
heureux pendant tout le cours de
cette année dans laquelle nous venons d’entrer. Croyez fermement à
l’arnouv de Dieu qui a paru en ceci,
c’est que lorsque vous, n’étiez que
des pécheurs, Christ est mort pour
vous, et que si Dieu n’a pas épargné son propre Fils, il nous donnera aussi toutes choses avec lui.
Serrez dans votre cœur cette précieuse déclaration que « toutes choses concourent ensemble au bien de
ceux qui aiment Dieu. Armez-vous
dé ces paroles du Sauveur : « tout
ce que vous demanderez au Père .
en mon nom, il vous le donnera.
Demandez, et vous recevrez afin que
votre joie soit parfaite ». Appliquezvous l’exhortation de l’apÔtre: « ne
vous inquiétez de rien, mais exposez
vos besoins à Dieu par des prières
des supplications, avec des actions
de grâces, et la paix de Dieu qui
surpasse toute intelligence gardera
vos cœurs et vos esprits en JésusChrist ». Consentez à ne plus vouloir être les artisans et les gardiens
de votre prospérité spirituelle aussi
bien que matérielle, à tout (attendre
de votre Père céleste et à tout lui
demander, et vous pourrez alors
regarder sans la moindre inquiétude
ce voile qui nous cache l’avenir et
qui recule à mesure que nous avançons sans que jamais nous puissions
le soulever. Vous serez ¡persuadés
que tout ce qui vous attend, joie
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oa tristesse, succès ou revers, sera
un constant témoignage du soin paternel que Dieu prend de vous.
Confiez-vous en rÈlernel à perpétuité, car le rocher des siècles est
l’Eternel notre Dieu.
4lloi]s à Jésus.
Une multitude de personnes s’est approchée de la table du Seigneur pour
comitìunier. Oh l que nous souhaiterions à chacune d'être allée d’abord à
Jésus Christ pour être réconciliée avec
Dieu le Père; car sans aller à Christ
il n’y a pas de communion véritable.
Qu’est-ce que cela veut dire aller à
Jésus ? C’est, croyons-nous, chercher
sa présence, nous enquérir de sa volonté pour la faire, nous retirer de
l’iniquité : nous donner à lui, en un
mol nous convertir.
U nous invite à le faire, et sa Parole divine nous répète l’invitation
avec des expressions très diverses,
mais toujours très pressantes et affectueuses. Regardez à moi vous tous
les bouts de la terre et soyez sauvés
(ËSA. xnv. 22). iletournez-vous vers
moi et je me retournerais vers vous ,
dit l’Eternel des armées (Zac. 3).
Venez à moi vous tous qui êtes teavaillés et chargés et je vous soulagerai
( Matte, xt. 28). Pour en passer sous
silence un grand nombre tout aussi
pressantes, ne sont*ce pas là des invitotions larges , pjpjnières et miséricordieuses? Ce Seigneur y altgçhe ,des
promesses afin de nous altiiìeBt^’aulanl
mieux à lui, en nous disantjr Je ne
mettrai point dehors celui :qui viendra
à moi (Jean vi 37 ). ,
Or si nous, qui sommes méchants,
ne serions poinl_ capables de fermer
la porte aux amis et eh* parents que
nous aumons invités chaz-nous, combien plus sommes noqs assurés qu’il
né mettra point dehors ceux qu’il a
invités avec tant d’amour.
Les pécheurs seuls sont invUés à
venir à Jésus et à s’approcher de ea
tahk. El pourquoi les pécheurs seuls ?
— Tout simplement parcequ’il n’y
a que des pécheurs sur toute la surface de la terre. Quelqu’un prétendil être juste, et croit-il ne pas avoir
besoin de repentance ? Jésus Christ
n’est point venu pour celui-là, et celui-là n’irait pas à Christ de l’œuvre
du quel il ne sentirait pas le besoin.
Ceux qui eroyent ne pas être malades
ne vont pas chercber le médecin, quitte
à périr misérablement. Jésus Christ
est venu chercher et sauver ceux qui
étaient perdus. Les autres se passent de
lui, et ne l’auronl point pour Sauveur. •
Autour de la table du Seigneur nous ne
voudrions voir que des pécheurs ; mais
des pécheurs repentants, des pécheurs
qui viennent à Jésus pour déposer à
ses pieds le lourd fardeau de leurs
fautes. Qu’il serait donc dangereux de
venir à la table sainte en croyant être
digne de communier et d’avoir accès
auprès de. Dieu. Que le Seigneur nous
préserve d’un semblable orgueil spirituel, et nous fasse comprendre que
ce n’est que comme pécheurs que nous
allons à Jésus pour en implorer le
pardon. Es-tu débiteur ? Ton péché
consliiue-l-il une dette envers la juste
loi de Dieu ? Jésus est ton garant, mais
un de ces garants qui acquittent euxmêmes la dette toute entière. Esl-tu
prisonnier, esclave du pêché ? Sache
Sue Jésus est venu pour publier la
élivrance aux captifs. Es-lu malade,
ion âme a-l-elle perdu l'appétit des
choses saintes, sa respiration est-elle
gênée jusqu’à ne pouvoir soupirer une
prière à l’adresse du Tout-Puissant ?
L’Evangile le révèle Jésus comme un
médecin; Jiàle-loi d’aller vers lui. Eslu accusé par la voix de la conscience
et par la juste loi de Dieu ? Nous
avons un avocat auprès du Père; c’est
Jésus Christ juste, qui même intercède
pour loi auprès de Dieu.
Malgré loui ce que nous venons de
dire, il en est plusieurs qui ne vont
pas à Christ, et ils restent dehors. Ils
se préparent la honte du lépreux qui
devait rester hors du camp , celle de
Adam et d’Eve qui ne pouvaient rentrer
dans le paradis iierresire, et celle des
reprouvés qui ¡seront laissés dans les
ténèbres du dehors. La porle qui fut
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fermée aux incrédules qui ont refusé
d’etitrer dans l’arche et aux vierges
folles qui n’avaient point pris d’huile
pour leur lampe, sera également fermée contre ceux qui refusent d’aller
à Jésus qui les invite.
Pourquoi seront-ils dehors ? Simplement parce qu’ils n’ont pas voulu
entrer-, ils sont eux mêmes les auteurs
de leur éternelle damnation. De même
ceux qui ne viennent pas communier
s’excluent par eux mêmes, ils s’excommunient de leur propre choix et perdent les précieux bienfaits de la communion.
Heureux ceux qui viennent à Jésus
et jouissent de la communion avec
lui ! Puisqu’il ne met pas dehors ceux
qui viennent à lui il les laisse entrer,
et habiter éternellement dans sa demeure céleste. Il les accueille avec
amour comme le père accueille le fils
qui a été perdu et prodigue.
Là haut plus de faim ; il nous donnera le pain de vie, plus de soit,
nous boirons à longs traits au fleuve
d’eau vive qui .sort du trône de fAgneaii.
Allons à Jésus. Allons sans retard.
Gherchez l’Eternel pendant qu’il se
trouve', invoquez-le tandis qu’il est
près (Esme lv. 6).
Le um VAiiDois D eoiniBouRG
(Seconde Settrs).
En mre levant, le mercredi matin,
mon premier mouvement fut de m’élancer à la fenêtre, pour voir si le
temps favorisait notre entreprise. Je
lève le store.... il neigeait à gros
flocons 1 Heureusement en Ecosse, la
neige et la pluie sont choses si repues,
qu’elles ne constituent jamais un obstacle à l’activité. Aussi, vers deux
heures, auriez-vous pû voir un énorme
char de transport s’arrêter au N. 17
de Grosvenor-Crescent, pour y char
fer toutes les caisses, au nombre de
8, où nos trésors avaient été soigneusement emballés pendant la matinée. —■ Et ici perraettez-moi d’ouvrir une parantnése pour expliquer
comment ces 18 caisses ne représentaient que les envois des Vallées et
ceux d’Italie; ces derniers, contribution immédiate de Madame Ford, et
résultat de son dernier voyage en automne. Le rendez-vous général était
la Music Hall, et chacun de son côté
devait y apporter ses paquets. Car
voici quel est le système d’après lequel les bazars fonctionnent en Ecosse.
Dès que l’on en a décrété l’existence, les personnes qui s’y intéressent le plus directement font inscrire
leurs noms comme stall holders, c’està-dire patronesses-propriétaires d’une
des tables. C’est ordinairement une
dame qui s’en associe deux autres et
qui s’assure de la coopération de 6
à 8 demoiselles. Ainsi sur une des
stalls vous auriez vu les noms de
M’’’* Ford, M''® Todd et Miss.Leckie,
sur une autre celui de M’’® Main, M''®
Gray et M'® Sprague, et ainsi de suite.
Dès que les stalls sont réparties,
chacun se met à l’œuvre pour sa
propre paroisse : chacune de ces petites armées, ousous-comités, doit fournir sa propre table et c’est à qui la
fournira le mieux. — On écrit à
droite, à gauche, on tache d’intéresser ses amis, et l’esprit de concurrence aidant, on arrive à avoir une
collection des plus variées. — Ici des
produits des Indes , là d’Amérique,
là de Russie : tout le globe y a concouru : le résultat en est des plus
agréables à la vue et des plus nuisihles à la bourse. Et le fait que l’on
a eu de la peine à recueillir ces objets, redouble l’ardeur avec laquelle
on cherche à s’en défaire ; chacun
veut avoir au plus tôt tabula rasa,
c’est à qui remettra le plus d’argent
au trésorier, c’est à qui attirera le
plus de monde à sa table, et cela
vous explique la raison d’être de ces
écussons au dessus de chaque stall,
portant le nom des propriétaires ;
c’est pour que les parents et les amis
ne se trompent pas de direction,
mais sachent que c’est bien là et pas
ailleurs qu’il leur faut dépenser leur
argent. Les demoiselles attachées aux
diverses échoppes, s’occupent des détails de la vente, tandisque les dames
5
directrices eti assument la responsabilité. Chaque stall nomme son trésorier, qui seule peut transmettre au
cassier général le montant des recettes ; chaque deux heures ce gentleman fait son apparition : il porte
un galon bleu bordé d’or, pour que
l’on puisse facilement le reconnaître;
il compte l’argent, puis détache de son
livre un reçu qu’il remet à chaque
trésorier, et à la fin de la journée,
tous ces reçus sont comparés avec
les sommes portées au grand livre.
— Aussitôt recueilli , l’argent est
versé à la Banque. — Comme vous
le voyez, tout cela est organisé d’une
maniéré très systématique, et très
pratique. Et puisque je me suis engagé sur ce terrain, j’ajouterai que
voyant que beaucoup de personnes
se contentent de venir inspecter et
jouir du coup d’œil, sans rien acheter,
l’esprit pratique susmentionné a pensé
à taxer la curiosité des personnes susdites. Et comme le premier jour était
à cause de l’ouverture du bazar par
le Lord Provost, the great attraction,
le prix d’entrée était, pendant les
premières heures, de 2 shillings par
tête, : ce prix fut ensuite réduit jusqu’à six pences, mais en admettant
que 3 ou 4 raille personnes aient
visité le bazar, voyez quelle somme
a été indirectement contribuée ! Le
contrôle se faisait au moyen de billets
de diverses couleurs , vendus à la
porte principale et retirés à l’entrée
de la salle ; naturellement les siaH
holders étaient exempts de cette taxe :
chacun d’eux avait reçu un billet de
forme triangulaire, et portait un
brassard avec les armoiries de l’Eglise Vaudoise en fond bleu.
En voilà assez, je pense, sur l’organisation intérieure et vos lecteurs
doivent être fatigués de mes fréquentes digressions. Mais le sujet
est si complexe, que si on tire un
bout, tous les autres le suivent. Je
m’en vais cependant essayer de ne
plus m’écarter autant de la grande
route. Je reviens donc à notre rendezvous à la Music Hall. Cette salle,
située dans une des rues les plus
centrales d’Edinburgh, est un vaste
rectangle, avec deux enfoncements
dans le sens de la longueur, destinés
à loger, l’un les grandes orgues et la
plateforme chorale, et l’autre à supporter une énorme galerie, pouvant
contenir aisément de 5 à 600 personnes , tandisque dans Varea même
de la salle, de 2500 à 3000 auditeurs
peuvent trouver place. Quand j’arrivai
avec, mes rouets et mes poupées, on
finissait les décorations et je m’en vais
tâcher de vous en donner qne idée.
Sur le front de la galerie et sur champ
rouge, ressortaient en paroles découpées dans de la ouate gracieusement
entrelacée de feuillage, la devise :
Lux, lucet in tmdiris. A chaque pilier une guirlande, et, sur les chapiteaux , des écussons bleu et argent,
portant chacun le nom d’une paroisse
des Vallées ou d’un personnage historique. Enfin, au dessous des orgues
et en face de l’entrée, un grand écusson portant les armoiries de l’Eglise
Vaudoise et surmonté par une auréole
de drapeaux tricolores, que le consul,
à la requête de Mr. Ford, avait été
recueillir sur les bateaux italiens à
l’ancre dans le port de Leith. — Au
dessous de ce trophée, un vrai jardin
d’hiver parsemé de statues, et qui
donnait a la salle un aspect vraiment
féérique.
Tout cela était le travail de quelques heures : le soir avant encore il
y avait eu un concert : ce n’est qu’à
minuit que les ouvriers avaient pu
s’emparer de la salle : aussi les moments étaient-ils comptés, car il s’agissait d’avoir toutes les stalls, 'en
ordre a.ant sept heures, heure du
concert. Je dois bien dire, pourtant,
que même si l’on avait pu avoir la
music Gall en liberté un jour plus
tôt, on ne s’en serait pas soucié, car
le loyer pour chaque vingt-quatre
heures est de 250 francs et nous l’avons eue quatre jojirs ! Nous la quittâmes définitivement le samedi soir
à 9 heures, et les mêmes ouvriers
retravaillèrent jusqu’à minuit pour
défaire ce qu’ils avaient fait, carie
le lundi suivant il devait y avoir un
autre concert. C’est une vraie chasse
à courre : heureusement miss Guthrie
6
s'y était prise à temps : elle avait
lotié 1-a saüle depuis le mois d’avril !
Cinq heures de temps pour tout
faire ! Aussi était-ce un vrai essaim
d’abeilles qui bourdonnait dans cette
vaste euGemte , chacune arrangeant
sa ruche_ à plusieurs rayons, et la
reine dirigeant les travaux avec sa
douceur habituelle. 11 y avait dans la
salle Í2 slulls : -8 pour la vente d’objets divers : 4 pour les fleurs et les
plantes, 4 pour les paquets, où trois
gentilles dames, pour la menue monnaie de six pences, enveloppaient vos
emplettes de fort papier gris, et les
assuraient par une bonne ficelle : 4
pour les rafraîchisseraenls où 52 de?moiselles , au nombre desquelles les
filles du Lord Provost, secouraient
les affamés : 4 enfin pour le café dans
la confection duquel miss Guthrie
s’est rendue célèbre.
Chaque stall avait un comptoir, et
adossée contre le mur une étagère
pour pouvoir y exposer les plus beaux
objets. Oh, SI vous aviez vu quelle
variété ! tajiis turcs, porcelaine de
Dresde, articles du Zuland, broderies
des indiens, peaux rouges... que sais
je encore ? Il vous faudrait pour cela
pouvoir lire le charmant catalogue
en poésie, composé par une dê ces
demoiselles, dont le frère a voulu
écrire la préface, de laquelle je me
permets de détacher six vers pour
ceux d’entre les lecteurs qui savent
l’anglais :
Fo'f BUPH lia Scüiaman iîi Hi® brojisï.BBns’es
Wilt oloao His pufse against she poor W-ftl
( detisqs.
Then let bolü Hearts imd purses burst With
( ireal,
For Eympathy shoald give W well as feel.
Has One not' said — and do we not believe?
• ”Tí-3 belter fht to g’ive thaii t« réci3ive? (1)
Pour les objets vaiidois il y avait un
catalogue h part, et ja> vous assure
qu’à côté de toutes ces richesses du
monde entier, nos produits très caractéristiques, ne devenaient que plus
originaux et par là plus intéressants.
M™" Cleghorn que j’aidais dans l’arrangement de cette table, était toute
fière d’en être la directrice, et n’au
(i) Nous publierons proobaiaement ün^ r^producfion
en vers de cette poésie-préfaoe.
rajt pas échangé les rouets et les
leplilles de Massôl contre les plus
beaux produits de Cacliemir. Vers 6
heures enfin tout fut prêt: nous nous
hâtâmes de rentrer, car à 7 4^2 b.
il fallait de nouveau être sur lés lieux.
La lumière du gaz faisait ressortir
encore plus la beauté de la salle et
l’éclat des décorations : les regards
de to'utes les personnes accourues au
concert, pour y entendre une des
meilleures pianistes d’Angleterre se
dirigeaient alternativement sur l’une
ou l’autre de ces stalls si brillantes,
mais je ne crois pas me tromper en
disant qu’ils se dirigeaient de préférence vers la table des Vallées Vaudoises , qui ne paraissaient nullement
dépaysées dans ce milieu si différent
de celui que le costume qu’elle revêtaient avec beaucoup de naturel laissait supposer comme leur milieu habituel. Je ne dirai rien du concert,
sinon que plusieurs des artistes furent
accompagnés dans leur chant par
Miss Gamgee, une des meilleures
amies de notre Eglise à Edimbourg.
W. Meillb.
flouüélkô ïreUgiew0C0
et faits divers.
Italie. — Les écoles vaudoises de
Turin ont eu, comme les autres années , leur Arbre de Noël, Plusieurs
centaines de grandes personnes, en
sus des enfants, au nombre de près
de 200, parents , amis et bienfaiteurs
de ces derniers, remplissaient le
temple, dans le chœur du quel l’arbre se dressait, chargé d’ornements
du meilleur ^oût et tout resplendissant de lumières.tPlus que jamais la
fête a eu cette année le caractère
qu’elle doit avoir, de fête de l'Eglise
et à laquelle le pauvre et le riche se
rencontraient , avec la même expression de bonheur sur leur visage.
Des chants très-bien exécutés, avec
et sans accompagnement d’orgues, ont
jconsidérabiement qjouté au charme
déjà si grand par lui-même de eetle
solennité enfantine. ;La v^le, une
7
abondante distribution de vêtements
et de chaussures avait été faite aiix
enfants les plus pauvres, et le jour
même une autre de jouets aux élèves
de l’école enfantine, sans parler de
la brioche offerte à chaque enfant,
sans distinction, à la porte du temple ,
en s octant.
France. ~ Un curieux contraste ;
et très-sigriiiûcatif était offert, parle;
Conseil Communal de la ville de Paris, '
dans une de ces dernières séances de
l’année dernière. En même temps que
ce Conseil décrétait la radiation à son
budget de toute dépense ayant pour
objet le culte, à la majorité de 33
voix contre 11, il y laissait subsister
la subvention de 50.000 fr. jusqu’ici
accordée pour les courses de chevaux.
Un des considérants sur le qnel le
Conseiller de Lessant a fondé son
adhésion â cette mesure est que < l’évolution de la race chevaline, produite par l’homme, » constitue une
des preuves les plus concluantes en
faveur du darwinisme, c’est-à-dire de
la théorie qui ne veut voir en Uhomme
qu’un sinqe perfectionné ! ! !
Belgique. — Le résumé qui suit
d’nn sermon d’un vicaire flamand est
trop caractéristique, pour ne pas mériter d’être reproduit :
« Le séminariste parcourt sept degrés de dignités ecclésiastiques avant
d’être ordonné prêtre; cette dernière
dignité l’investit de la plus haute
puissance qui existe non seulement
sur la terre, mais au ciel même. Les
rois, les empereurs sont petits devant
le prêtre. Les bienheureux, les anges,
les saints du paradis sont au-dessous
du vicaire. Moïse était certainement
puissant puisqu’il a fait reculer les
eaux de la mer Rouge pour livrer
passage aux Israélites : Josué était
■puissant ipüisqu^il a prolongé le jour
pour assurer le triomphe du peuple
de Dieu ; la Sainte Vierge, la mère
parfaite du’Christ, est puissante puisqu’elle possède un grand pouvoir d’intercession en faveur des fidèles; mais
que sont tous des pouvoirs en présence de celui du prêtre, qui possède
le pouvoir d’absoudre n’importe quel
péché ? C’est lui qui ouvre ou ferme
les portes du paradis ; c’est devant
lui que tout doit fléchir, puisque le
bon Dieu même lui doit obéissance
en venant s’incarner dans le SaintSacrement de l’Eucaristie lorsque le
prêtre le lui ordonne !
» Honorez les prêtres quels qu’ils
soient, sinon craignez la colère du
Tout-Puissant : c’est pour avoir manqué de respecte nvers^oé, son père,
qm ¿tait prêtre., que Cham a été maudit , lui et toute sa race ; c’est pour
s’être répandue en récriminations contre Moïse, qui était prêtre, que Marie,
sa sœur, ^ a été couverte de lèpre.
Soumettez-vous donc à la volonté du
prêtre en toutes choses et sachez qu’il
est l’unique dépositaire de toute morale en un mot, le représentant de
Dieu sur la terre ».
m. eiet-mnin. — On nous écrit :
« Vous demandez des nouvelles ?
La botte non può dare del vino che
non ha, dit le proverbe. Essayons
toutefois ; peu de chose est mieux
que rien.
Jeudi 30 décembre, nous avons eu
la fête de Noël pour les 200 et plus
d’enfants des Ecoles du Dimanche.
Netre arbre, un pin, solidement
planté dans... le poêle, s’est dressé
comme à l’ordinaire dans le temple,
dont les fenêtres étaient ornées de
transparents avec versets bibliques,
solidement encadrés de verdure. Menu
de la fête: chants, récitations, dialogues , distribution d’étrennes, de
pam, de salé et d’oranges. Les monitrices s’étalent couragensement mises en campagne pour recueillir les
fonds nécessaires, — le public était
peu nombreux. ’
Le premier joun de l’an nous assistions aux funérailles d’une femme,
Marie Rostan veuve Grill, arrivée à
l’âge de 92 ans, et qui comme Joseph
et Job avait pu voir ses descendants
jusqu’à la quatrième génération. Si
tous les anneaux de la chaîne avaient
8
été vivants, elle aurait pu dire elle
aussi : ■ « fille de ma fille va dire à
la fille que sa fille pleure ».
Ce cas nous rappelle celui de Paul
Bouchard des Ghampet mort en 1878
à l’âge de 96 ans.révolus et qui nous
disait avoir vécu sous huit rois; c’està-dire, si nous ne faisons erreur, sous
Victor Amédée III, Charles Emanuel
IV (1796), Napoléon I, Victor Emanuel IV (1814), Charles Félix (1821),
Charles Albert (1831), Victor Emanuel II (1849) et Humbert I (1878).
Puisque nous parlons des morts,
notons que l’année écoulée n’a pas
été rude. Les régistres paroissiaux
donnent 24 décès contre 45 baptêmes.
La semaine dernière quelques-unes
de nos écoles ont reçu la visite de
M. l’Inspecteur de l’arrondissement.
Si nos informations sont exactes,
nous aurions lieu d’être péniblement
surpris du changement survenu dans
ses dispositions à l’égard des écoles
vaudoises. On observe en secouant la
tête que son pied-à-terre est généralement chez M. le curé, qu’il désapprouve partout l’enseignement du
français dans nos écoles et'par ci-par
là celui de la Bible. Enfin il affirme
carrément que le pasteur n’a rien à
voir dans les écoles vaudoises grandes
ou petites. Il aurait donc tout simplement repris, et même dépassé le
programme de son prédécesseur,
Quelles sont les causes de ce changement de vues chez M. l’Inspecteur ?
Serait-ce des instructions de l’autorità
supérieure, ou bien simplement.^,p
l’air de Pignerol ? Nous ne sauijipn^
le dire et d’ailleurs nous ne f4iaçfis
aujourd’hui que la Çhr0%i^i^.
Ætalte, ~ roi/', ]a‘'rèine, le
prince royal et leur nombreuse suite
sont partis de Rome pour Naples où
ils se sont embarqués pour Palerraet
La capitale de-k'Sicile attendait'en
fête la famille royale. Malgré le vent
contraire on avait de bonnes raisons
pour espérer l’arrivée à Palerme pour
le 4 à midi.
— Pendant la vacance des Chambres,
Zanardelli s’occupe avec ardeur de
son rapport sur le projet de loi de
réforme électorale qui est livré à l’impression et que l’on espère pouvoir
distribuer à temps aux députes.
•— L’honorable Baccelli a remplacé
définitivement De-Sanctis au ministère
de l’instruction publique. Le nouveau
ministre promet beaucoup de travail
et un grand nombre de réformes.
Nous attendons les faits pour le juger.
France. — Les Chambres ont
aussi pris leurs vacances.
Angleterre. — L’état de l’Irlande
est toujours inquiétant. Il est question
de faire parcourir les campagnes par
des colonnes (de soldats. C’est avec
peine que l’on a pu former un jury
pour juger Parnell, accusé d’avoir par
ses discours incendiaires fomenté le
desordre.
L’Angleterre n’est pas plus heureuse
au Sud de l’Afrique. 11 est à regretter
que la métropole n’aît pas le courage
ou. le pouvoir de renier le gouvernement du" Cap, Outre les Bassoutos
elle a affaire aux Boers qui ont infligé un échec au 94® régiment et se
seraient emparés de Pretoria, — Le
gouvernement anglais envoie des régiments au secours de la colonie du
Cap.
eirèee. Ce petit royaume arme
fait des emprunts ruineux pour obteqir./,|iAr ta force l’agrandissement
qy.e. liM,,qvreconnu le traité de Berlin
et; qù&J^,|'%'f uie refuse de lui accor■der.^;.en'î!
•';.Les:,p/ùis,sances, proposent un arbi■tpage qç,e^la Gr-eçe a quelque peine
1, accepter, et «ji)Ç i|es conoitions du
ï[uel toutes ne sont-pas encore d’accord. De -là l’-incertijtude qui continue
à régneçfdani les, relations internationales, ’ et j la ; eausë,possible de comtplic.a(iqns européennes, iÿ} äflis '
ERHjîST.Rop^nT, G^mnt eiA^mnistràkii'r
PigVcro'llmp;- Chiàûldre et Mascavelli.