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Quatrième Année.
28 Février 1878
N. 9.
LE
ËCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vcrua me serez témoins. Actes ], 8.
Suivant la vérité avec la charité. Ep. 1, 15.
PftlX D'ABBONNBMBNT PAR AN Italie . . . . Lr. 3 Tous Jes pays de TUnion de poste . . • 6 ' Amérique ... » D Ÿ'/. On a’abonnor'i Pour 1 Intérieur chez MM. les pasteurs et • les libraires de Torre Pour Bureau d’Ad- ministràilliMl] - ' Un numéro séparé : 10 centima*. Annonces : 25 centimes pur ligne. . Les envois d*argev\l se forqt par lettre recommandée pu par mandats sur le Bureau de Pe- nosa Argentina.
Pour lu RÉDACTION adresser ainsi : A la Di.r^S^iLdu Témoin^ Pomaretto (Pinerolo; Italie. f poUif l'ADMlNlSTRATION adresser ainsi ; A l'Aoraînistration du Témoin, Pomaretto (Pinerolo) Italie
iiii m a.11? e •
P Mars.'-i-.La'àilSirt ee visite. — L’institution ,^dile des Artigianelli Vai-desi. —
Chr^ckie vaudoim^— Jtevue Politique.
'"'r:4«^MAlís
Nous ¡"avd’ns reçu et noua publions une lettre qui nous parait
exprimer, avec beaucoup de bon
sens et de sérieux,^le point de
vue .auquel les vaudois croÿa'^,
doivent se placer en présen,ce:des
prétentions inouïes dee prétendus
libéraux eV'.des ,co.»eessions plus
ou moins ' inconscientes de quelques uns de nos, coréligionnaires.
D’autres lettres encore nous sont
parvenues que leurs auteurs euxmémes nous sauront gré de ne pas
publier. Nul n’ayant ' été persannellemént mis en, cause etrtnp’niiné,
il est évident que nçus n’avons
aucune obligation légale d’insérer
leurs réclamations. Nous le ferions
cependant de bon cœur si nous
jugions que gette publication fût
utile à la cause dé la vérité, ou
de la liberté, et surtout qu’elle
le fût pour les réclamants euxmêmes.
... 3(3 février 1878.
“7 -r-'î - • %- 7*« *'v.'
Mon cher Monsieur, ,
r..., -,
Il y a bien longtemps que jé ne vous
ai plus écrit. Deux ou trois fois j’ai
commencé, mais avant que je fusse
arrivé à la fin, je découvrais , que
comme anciennement, dans l’hôpilal
de Belliesda, un aulne était arrivé avant
moi; ce qui ne. m’étonne ni ne m’humilie. A chacun son métier; le mien
n’est pas de parler et d’écrire, et sans
la bonté que vous avez de me corrige^
jamais une ligpe de moi n’aurait parifj
ni dans le Témoin ni ailleurs.
Mais, grâce à Dieu, ma profession
me permet de penser, même elle m’y
invile, et j’ai beaucoup pensé depuis
quelque temps, surtout ces,jours passés. Vous devinez, sans doute, quel a
été le sujet de ,tnes méditations; ¡c’est
celui donl.-on s’enlrelientjipiainlquant,
partaut.pù dans nos Vallées no.trejburnal vaudoisiest lu, j’ai mêm^ eu déjà
plus d'une conversation avec quelques
voisins et si, au premier abord , nous
paraissions ne pas nous entendre, je
suis heureux de pouvoir dire que nous
sommes aujourd’hui parfaitement d’aecord entre nous et avec le vénérable
2
.66
M' J. Revel dont la lettre nous a procuré une satisfaction toute particulière.
Nous en avons lu quelques autres anciennement , et deux enir’aulres dans
le dernier numéro du Témoin, auxquelles nous avouons n’avoir peut-être
rien compris. Ce sera la faute de notre
ignorance, je le veux bien, mais il se
peut aussi que les auteurs de certaines
lettres fussent eux-mêtnes très embarrassés d’expliquer en langage populaire
ce qu’ils ont voulu dire. Ce qui nous
a plu dans la lettre de M. Revel, c’est
sa simplicité et sa clarté.
C’est donc' sur le contenu de cette
letire, sur les faits qu’elle indique et
les questions qu'elle pose, que j'ai ■
beaucoup réfléchi, et c’est le résultat
de mes réflexions que je vous envoie,
en vous laissant pleine liberté d’en
* faire usage pour votre journal après
en avoir revu la forme du commencement à la lin.
Me. conformant ii l’exhortation de
l’Apôtre, je désire être en paix avec
tous les hommes et je fais dans ce but
tout ce qui dépend de moi. Aussi me
garderai-je bien d’attaquer ou de con(lamner qui que ce soit; je veux rne
borner à me justifier moi-même en
exposant les rnotifs de ma conduite.
— .l’étais sous les armes au moment
où le général Lamarmora publia le
décret ministériel dispensant les mili •
laires vaudois d’assister aux- fonctions
calholîques. Je l’ai béni du fond du
cœur, éâr mon refus l'^iléré d’aller à
la messe, le seul reproche que mes
supérieurs me pussent faire, m’avait
déjà pins d’une punition. Jamais
‘ je n’avais pu comprendre qu’on devînt
soldat plus fidèle et plus courageux
lorsqu’on avait consenti à étouffer la
voix de sa conscience. *
Depuis lors je n’ai rencontré aucune
tentation ni aucune épreuve pareille.
Il y a dans mon voisinage quelques
familles catholiques avec lesquelles j’ai
toujours eu les meilleurs rapports. Je
suis surtout lié avec un homme de
mon âge, peu instruit, mais ayant
passé quelques années en France. Nous
n’avons pas cm que pour demeurer
bons amis, il nous fallût éviter avec
soin de parler de religion. C’est même
là le sujet ordinaire de nos conversations, .surtout lorsque nous sommes
seuls. Nous avons découvert ayec une
grande salisfaclion que' sur une foule
de points, nos croyances sont les mêmes. Il y en a d’autres el des pins
imporlanis sur lesquels nous avons très
souvent disputé sans parvenir à nous
entendre. La messe, le purgatoire el
les prières pour les morte, sont précisément de ces points là. S’il pouvait
une fois se convaincre que la seule
parole infaillible de Dieu est la source
et la règle de ce que le chrétien doit
croire et pratiquer, nous serions hienlôl
:,Caccord; car avec ma Bible à la main
Je me sens invincible. Le malheur e^t
que, sans nier la divinité des Ecritures,
il a sucé avec le Jail de sa mère un
respect égal pour la tradition et pour
l’église des papes.
Or si j’ai fort bien compris pour
mon propre compte que tout ce que
l’Eglise romaine a ajouté à la révélation divine est précisément ce que
l’homme charnel voulait avant de se
dire ctirélien, j’ai vainement travaillé
jusqu’ici à le persi|ader à mon voisin.
Je prie pour lui, dmnandanl à Dieu
qu’il ouvre les yeux de son entendement , el je le soupçonne de prier
aussi pour moi, prpbaDlém’ôrif la Vierge
el les Saints. . . '
Le dimanche malin je le vois ordinairement aller à la Messe; jamais il
ne jïi’a proposé de l’y accompagner,
Eénsanl avec raison que J’aurais été
lessé d’une semblable proposition.
Une seule fois , comme nous avions un
prédicateur étranger, la curiosifé l’a
amené dans notre temple-où il m’d dit
ensuite avoir entendu de fort bonnes
choses. Souvent Je l’ai vu , ainsi que
d’autres catholiques hommes et fémmes, sur noire cimetière, comme nous
ne nous taisons aucun soriipule de nous
joindre au convoi funèbre d’un des
leurs. Une seule l’ois, Ton ma offert
un cierge que j’ai refusé en disant que
Jamais je ne portais de jour une chandelle allumée. Personne ne s’est offensé
de mon refus el je n’ai pas eu ¡’occasion de le réitérer, üne chose m’intriguait iin peu au commencement ;
c’était de "savoit ce que le prêtre chan-
3
•es
tait on récitail en laliti. J’avais retenu
deux mots, savoir; fniserere et c/e pro(undis; j’en demandai l’explication à
notre pasteur et depuis lors quand
j’entends le prenuier, je me rappelle
le Psaume 51 et je le récite chemin
faisant; comme je sais que le de profundis correspond h notre: Eternel je
l'invoque des lieux profonds. — C’est
ainsi qu'il arrive parfois que je comprends mieux que les catholiques euxmêmes les paroles de leur curé.
Dernièrement, lorsque l’on a célébré
la Messe funèbre pour le repos de l’âme
de poire bien-aimé Viclor-Kmmanuel,
je m’attendais un peu à ce que quelqu’un m’invitât à y assister. On ne l’a
pas fait et j’en ai été très heureux ;
cela prouve que l’on me sait convaincu
et que l’on respecte mes convictions
comme je rêspecle celles des antres.
C’est une absurdité , je dirai même
une impiété de prétendre que toutes
les religions sont bonnes pourvu qu’on
les observe, car à ce compte celle de
Baal aurait été excellente puisque sur
le Carmel ses prêtres la pratiquaient
jusqu’à répandre leur sang pour elle.
Mais ce qui est vrai, c’est que la conscience de l’homme n’est pas sous la
dépendance d’un autre homme, et que
toutes les fois que nous rencontrons
un homme sincèrement convaincu de
ce qui pour nous est une erreur manifeste, nous pouvons le plaindre, mais
noiïs n’avOns le droit ni de le condamner, ni de le mépriser.
Quant à nous unir à eux pour pratiquer l’efreur, sous prétexte de bon
voisinage, ou de sympathie, ou par
tout autre motif, je le regarde comme
line mfidélité, à moini; i^ue l’on n’aît
soi-mème aucune oonvictjon positive.
J’ai passé une demi journée à vous
écrire cé qui précède et je suis loin
d’avoir diNoul ce'que j’ai sur le cœur.
Peul être le ferai-je une autre fois, .ênjoui'd’hui je m’arrête et vous salue très
cordialement en me disant
t'otrie respectutusérneilt dëou%U
JacOües.
torre-Pellice, le 26 ievrier 1S7S.
Monsieur le Directeur, 7^'
J’ai lu dans le dernier numéro du
Témoin une lettre datée de la TourPélis, le 12 févi'ier 187^, dont un passage me concernant personnellement,
requiert de moi une réponse. J’y suis
blâmé de n’avoir pas invité les Autorités de notre pays, officiers du Gouvernement ou de la Commune à prendre
part aux réunions qui ont eu lieu dans
notre temple à l’occasion de la mort
de Viclor-lîrnmaniiel et de ravènemenl
au trône de S. M. Humbert
Le correspondant du Tétnoùî doit
savoir que les pasteurs vaudois tenant
compté de la distinction profonde qui
existe entre l’Elal et l’Eglise, ne se
permeltenl pas d’inviter une Autorité
civile ou politique à assister en celte
qualité à une fonction religieuse. 11
n’y a dans l’Eglise Vaiid’oise aucune
espèce d’aristocratie; aussi n’y a-t-il
dans ses temples aucune place réservée
aux fonctionnaires civils nonplusqn’aux
fonctionnaires ecclésiastiques; il n’y a
aucune place réservée pour le mouéraleur de l’Eglise Vaudoise, il faut
qu’il se contente de celle qu’il trouve
vacante. Tous les membres de l’église
ont les mêmes droits. Par conséquent
si le pasteur avait dû inviter par écrit,
il lui aurait fallu, sans faute, adresser
une lettre à chaque membre de l’Eglise
ou tout au moins à chaque famille. Or
personne, je pense, n’a la prétention de
lui imposer une pareille lâche.
On sait, du reste, que quiconque
veut assister à nos assemblée.s est le
bienvenu , quelque soit le culte auquel
il appartient et quelle que soit la fonction qu’il remplit.
Gomme pasteur, j’aurais cru donner
une preuve d’exorbitante prétention en
invitant les Autorités civiles à assister
à une fonction religieuse. A la Tour
plus qu’ailleurs une telle invitation
àurait été déplacée, car ceux d’entre
les fonctionnaires publics qui appartiennent à d’autres communions religieuses auraient pu être blessés dans
I leurs sentiments religieux par une pa-
4
.68.
reille invitation. Mais, je le répète,
eussent-ils été tous vaudois, le pasteur
se serait bien gardé de leiir adresser
une invitation en leur qualités de fonctionnaires publics. Toute la population
vaudoise du lieu a été invitée courtoisement et avec instance du haut delà
chaire: c’était le mo(ie d’invitation 1e
plus public dont un pasteur puisse disposer. Les fonctionnaires publics vaudois ont donc été invités aussi bien
que les autres, et ils avaient vraiment
tort de croire qu’ils dussent être invités
en q^Uelque autre qualité. Il n’y a que
M. Èert qui ait été quelques jours à
l’avance invité par écrit. Il est vrai que
si l’on avait su qu’il avait pris l’engagement de prendre part à la messe,
on aurait pu s’épargner la peine de
lui écrire; mais on était très-loin de
soupçonner qu’un pasteur émérite aurait pris un pareil engagement ; ce
n’est pas du reste, en sa qualité de
fonctionnaire public qu’il lui a été
écrit, mais en sa qualité de pasteur
émérite, pour lui dire que te Consistoire serait [bien content d'avoir son bon
concours pour cette réunion de piété.
Le pasteur de la Tour est accusé’
d’avoir « organisé exprès un service religieux'au jour même et à l’heure où
était célébré le catholique ». Le pasteur n’a rien organisé du tout ; il a
annoncé du haut de la chaire qu’il y
aurait réunion dans le temple ce jourlà et n’a rien fait de plus ; tout le reste
est venu spontanément sans le moindre
concours de sa part. Il y a eu un temps
où le pasteur ae Rorà devait tenir le
culte à l’heure où le curé trouvait bon
de le lui permettre et où le pasteur
d’Angrogne ainsi que toute l’assemblée
devait se tenir en silence pendant tout
le temps qu’il plaisait à M. le curé
d’employer à faire le tour du temple
avec sa procession chantante. Mais
maintenant, grâce à Dieu, même les
pasteurs de ces paroisse.s-!à ne sont
plus soumis à une .servitude si humiliante. El c’est rnairiLenanl qiTuii historien vaudois attribue à faute à un
pasteur de n’avoir pas consulté l’horaire du curé afin de n’avoir pas une
assemblée dans le temple pendant qu’ailleurs on célébrait une messe funèbre.
Nous avions déjà eu plusieurs démonstrations publiques de notre profond et affectueux regi'ei au sujet de
la mort de noire bien-aimé Souverain;
à plusieurs reprises aussi nous avions
eu des prières publiques spéciales pour
la Famille Royale et en particulier
pour le Successeur au trône ; toute fois
nous nous sommes associés de grand
cœur à la proposition que nous faisait
M. Berl d’avoir encore à ce propos une
réunion spéciale ; mais comme il nous
proposait des jours impossibles, savoir
le dimanche ou le lundi, nous avons
en ce point, différé d'avec lui, et nous
avons choisi le mardi à l’heure habituelle de nos assemblées, et cela pour
plusieurs bons motifs qui ont été indiqués dans la lettre adressée à M. Berl
et qu'on ne répète pas ici uniquement
pour ne .pas trop allonger cet article.
— L’évènement a démontré que nous
avions pris la bonne détermination :
malgré les invitations faites en sens
contraire, l’assemblée fut aussi nombreuse que possible; le temple était
comble, pas une place ne restait vide
et plusieurs personnes durent rester
debout. C’est une belle preuve que
notre peuple est encore tenace dans
les principes évangéliques, héritage
de nos pères, et que la facilité de se
dépouiller, le cas échéant, du caractère do vaudois n’est pas encore commune parmi nous. '
J. D. CHiRBONSIER.
La morl en visile
Un pasteur va faire visite à tel
d’entre ses paroissiens qui avait
perdu le chemin du temple, et ne
travaillait plus que pour son corps
périssable.
— Bonjour, mon ami, lui dit
le pasteur en entrant là où l’on
ne l’attendait guère.
— Bonjour, M. le pasteur....
— Vous n’attendiez pas ma visite , n’est-il pas vrai î
5
.69
— Non, monsieur, vraiment je
ne vous attendais pas, et je n’osais
pas espérer de vous voir chez moi.
— Pensez un peu , cher ami ,
ce qu’il aurait pu en advenir si
, à ma place c’était la mort qui fût
venue frapper à votre porte.... Elle
ne se fait pas toujours annoncer.
Si elle allait venir avant que nous
fussions réconciliés avec notre
Dieu.... Ce serait une chose terrible que de tomber entre les mains
' du Dieu vivant. Nous ne savons
ni le jour ni l’heure à laquelle
nous serons appelés. Tenons nous
toujours prêts, et la mort cessera
d’être pour nous le roi des ëpouvantements pour devenir un messager qui nous invite à entrer
dans le repos des bienheureux.
Es-tu prêt, cher lecteur ?
dite des Artigiaiielli Valdesi
Les Bienfaiteurs.
Ce fui, nous l’avons déjà dit, une
dame anglaise Miss Bradshaw, maintenant madame Mo!yneux-Williams,qui
offrit au pasteur-^de Turin les moyens
de fonder l’inslilulion qui nous occupe.
A un premier don de fr. 4000 elle en
ajouta d'aulres d’année en année jusqu'à aujourd'hui. Nous pouvons compter avec confiance sur un intérêt qui
pendant vingt années ne s’esl jamais
démenti. 11 nous est bien doux aussi
de penser que notre modeste établissement a été entre les mains de Dieu
le moyen de faire connaîli'e à madame
‘Williams d’autres inslilulions se rattachant à notre église, qui toutes lui
sont redevables de généreux secours.
A côté de M"*« Williams, nous plaçons le Comte de Stackelberg, qui
offrit à nos jeunes gens Tasyle que
nous avons décrit dans notre second
article. — M. Louis Long qui après
avoir souscrit pendant quinze ans une
somme de 200 fr., laissa par testament
à l’institution une rente annuelle de
250 fr., — un généreux anonyme qui
lui assura une rente annuelle de 1150
francs, — et la paroisse toute entière
de Turin qui, on peut bien le dire,
adopta rétablissement el dont les membres dominent selon leur pouvoir, mais
toujours libéralement en vue de pourvoir de pain el d’habits nos petits
artisans.
Le Comité Wallon de Hollande a
étendu el continue à étendre aux Artigianelli son activité bienfaisante, —
Des Vaudois demeurant à Genève il
est arrivé régiilièremenl au Comité une
contribution annuelle atteignant pa)'fois le cliififi'e de fr. 250, mais oscillant
d’ordinaire entre 100 el 150. — Jîniiii
quelques personnes, presque toujours
les mêmes, ont fait parvenir au Comité
des dons en nature tout aussi précieux
que les dons en argent.
Les paroisses du Pomarei et de Praruslin ont répondu dans une certaine
mesure à l’appel que le Comité dut
plus d’une fois adresser à la charité
de la population vaudoise. Le bon
exemple donné par elles a été suivi
l’annee passée par les paroisses.de
St Jean et de la Tour. Les autres se
sont abstenues jusqu’ici, mais nous
avons lieu de croire qu’elles en viendront elles aussi à considérer les Artigianelli comme une inslilulion leur
appartenant en propre, soit parceque
les enfants qui y sont recouvrés sont
presque tous d’origine vaudoise, soit
parceque le but que se propose la Direction de rétablissement est l’amélioration des industries existantes et
l'inlroduclion de nouvelles industries
dans les Vallées. — Nous n’attendons
pas des paroisses des dons considéra- .
oies en argent, mais peut être pourraient-elles nous envoyer des dons en
nature. Quelques sacs de pommes de
terre et quelques hémines de haricots
feraient bouillir pour quelquè temps
la marmite monstre dont nous avons
parlé ailleurs. Des ,lentilles de la montagne accomodêes en légume n’iraient
pas si ma! avec le bouilli du dimanche
6
.70.
et de bonnes cbaiaîgncs marronnes
nous permellraienl d’offrir de temps
à autre à nos enfants un plat doux
économique et pourtant très goûté.
Que nos amis vaudois se le disent et
que leurs femmes et leurs filles qui
cultivent l’art, toujours plus noble à
nos yeux, du tricot se souviennent que
nos garçons usent beaucoup et que
l’armoire aux vêtements offre de nombreuses places vides où pourraient figurer avec avantage force chaussons
et bas de laine, voire même des gilets
en bon tricot pour ¡’hiver. Ces dons,
si humbles fussent-ils, feraient un doublé bien; celui de pourvoir à des besoins réels, car l’établissement vit au
jour le jour et son existence dépend
enlièremeiil des contribiilions volontaires, et celui d’encourager et de
sonienîr les directeurs de celte oeuvre.
Ces dons seraient pour eux autant de;
a cela va bien, en avant, courage,
nous sommes avec vous ! » qui rendraient leur lâché plus facile et leur
succès plus assuré.
Un ami des Artigianelli.
(!TKtoni(|ue
MiA-Toui'. — L’assemblée paroissiale, commencée le dimanche-17 février
il continué le dimanche suivant 24 courant, l’examen de la question de savoir
si un chrétien évangélique peut assister
à la messe. L'ordi’é du jour préseftlé
le dimanche précédent a été de nouveau communiqué et, après la lecture
d’une portion des Saintes-Ecritures et
„ une prière, la discussion s’est engagée.
Déjà précéderamenl il avait été déclaré
qu’on ne voulait provoquer ni une
mesure disciplinaire ni même une admonition , mais uniquernent décharger
l’assemblée paroissiale de loivle responsabilité, afifit que chacun porte son
propre fardeau. Üne semblable déclaration est répétée. Il ne s’agit pas
d’une question personnelle, mais d’un
principe. — On est bien persuadé
en outre, ainsi que le disent ceux
qui ont assisté à la messe, qu’ils n’ont
pas eu rinteniiou de faire un acte
de culte, ils n’onl voulu prendre part »
qu’à une cérémonie civile , politique
et patriotique ; cependant c’est bien
un culte que les prêtres ont célébré ;
nous sommes bien persuadés qu’ils ne
se seraient pas prèles à un acte purement patriotique et civil ; du reste
les termes dé l’invitation né laissaient
pas de doute, il s’agissait d’une fonction religieuse funèbre. En effet c’était
une messe , c’est-à-dire un sacrifice,
le sacrifice non sanglant du Seigneur ;
la mesSe, c’est-à-dire le prétendu miracle, accompli par le prêtre, par lequel l’hostie, qui remplace le pain et
le vin de la sainte-cène, est changé
en corps de Jésus-Christ ; le miracle
par lequel le prêtre crée,^son créateur;
la messe c’est-à-dire un acte qui élève
une caste, qui exalte un homme et en
fait un être presque surnaturel. Ensuite
l’hostie consacrée, changée, d’après la
croyance catholique, en corps de
Ghrisl, en Dieu,, est adorée comme
Dieu. Cette messe conlieul la prière pour
les morts. Or l’EcriUire nous commande de prier pour les autorités ,
pour loiis les hommes,, les uns pour
les autres, et núlle part de prier pour
ies morts.
On insiste, il est vrai, sur la déclaration que l’on n'a accompli qu’un
acte civil, comme employé du Gouvernement , que l’on a , pour ainsi dire ,
laissé à la porte de l’église l'homme,
le vaudois ; mais répond-on ; un tel
dédoublement est impossible ; du reste
le Gouvernement n’a rien commandé ,
rien ordonné ; si l’Autorité civile avait
organisé une cérémonie civile, nous serions accourus et même bien loin pour
7
-71.
nous associai; à nos conciloyens catholiques. T- On dit encore (yroti a voulu
donner un lémolgnage de fralernilé et
de sympathie à nos frères catholiques.
Oui sympathisons et fralernisons, mais
sur un autre terrain, et non pas dans
l’Eglise. — On ajoute qu’on a donné
une preuve de respect ; respectons, ne
tolérons pas seulement les croyances
de nos concitoyens, mais ne les partageant pas, ne nous y associons pas tout
en tféclarant qu’elles sont erronées. Il y
a plus de respect véritable dans l’nbslenlion que dans une certaine participation purement extérieure et de corps
sans que l’inlelligence et le cœur y
aient la moindre part.
Comme vaudois nous maintenons
avec l’Evangile que Christ • a été offert une seule fois et a ôté Ites péchés
de plusieurs; » que la niesse est le
renversement dé rEvangilé“, que c’est
une offense à Dieu, un péché. Un orateur cite le passage où S* Peul parlant
de la liberté, ne veut pas en user de
manière à être une occasion de scandale, Celte déclaration s’applique, a
bien plus forte raison à la question
qui nous occupe. — Plusieurs orateurs
ont exprimé ces pensées et leur ont
donné le plus ample développement.
M. le pasteur ém. Berl déclare que tout
ce qu’il a entendu est bon et vrai qu’il
est disposé à accepter l’ordre du jour
proposé avec un amendement restrictif
toute fois ; c’est qu’il n’implique aucune coercition morale ; en d’autres
termes qu’il n’engage en rien sa responsabilité et ne restreigne son entière
liberté dans l’avenir.
Du reste il revient aux arguments
déjà avancés, qu'il n’y a eu qu’un acte
civil et politique, de la part d’employés; or tout le monde ne l’est pas
et n’a pas des devoirs, comme tel ;
aller une, deun, irqis lois à la messe,
ce n’est pas aller â la messe, dans le
sens religieux du mot. — 1] est temps,
dit-il, que nous sortions de nos étroites
Vallées pour tendre la main à nos frères
de la plaine. On lui répond sjir ces
divers points. L’espace nous manquerait si nous voulions entrer dans plus
de détails. Après deux heures d’entretien fraternel, quelques-uns auraient
voulu en venir à une conclusion, d’auli'es ont avancé qu’ils ne sont pas
encore suiBsammenl au clair, parlioulièremenl en ce qui concerne la participation aux funérailles des calholi-,^
ques, considérée par tous comme un
devoir d’humanité et de respect, dans
un pays mixte comme celui que nous
habitons. Quoique cette question soit
bien distincte de la première, on a
été d’avis de se proroger eoco,re à
dimanche prochain pour l’examiner de
près et peut-être d’autres questions
encore. —• 11 s’est trouvé cependant
aussi dans rassemblée des personnes
qui persuadées que nous sommes au
fond tous d’accord pour l’essenliei estimaient qu’on pourrait en rester là et
ne pas conelure. Nous dirons plus tard
quel a été le résultat final de celte
longue discussion
’''^g^omaret. — Nous pourrions raconter en détail la belle fêle des écoles
qui, celle année, a eu lieu le 22’plnlôt que le 17 qui était un dimanche.'r
Mais à quoi bon? Les 330 enfants de
toute taille et un nombre à peu' près
égal de régents, moniteurs, monitrices,
parents, amis, pasteurs qui y ont pris
une part plus ou moins active, n’bnl
pas besoin qu’on la leur raconte, et
DOS lecteurs étrangers à la paroisse
ne trouveraient probablement que peu
8
-72
d’inlérêl à un lonj^ récit. Le temps
était splendide ; il avait été généreusement pourvu au moyen d’une collecte dans la paroisse, à ce que chaque
enfant emportât comme souvenir de
celle fSle un ou deux bons et beaux
petits livres, ou traités. Les allocutions
et les chants et les récitations dans
les deux langues se sont alternés pendant près de trois heures. C’était plus
qu’il n’en fallait pour disposer celte
petite armée à se jeter avec un admirable ardeur sur le goûter frugal préparé pour elle.
Sleüue
Mtalie. — 11 règne toujours la même
anarchie, la même confusion entre les
divers partis politiques. Le ministère
n’a pas réussi à se faire une majorité
sur laquelle il piiisse compter. L’accord
entre Crispi, d’un côté, et Cairoli, Zanardelli, de l’autre , n’est qu’un vœu
que l’on n’espère plus voir se réaliser.
La réouverture du Parlement est fixée
pour le 7 mars , s’il ne survient pas
encore une prorogation.
Le conclave a duré moins longtemps
qu’on ne s’y attendait; il a nommé,
très librement, à Rome , le nouveau
pape dans la personne du cardinal
Pecci, archevêque de Perugia, cetmer, jl¡engo de Pie IX. Le nouveau pape a la
J» réputation d’appartenir au parti modéré et conciliant ; il a été élu dès le
second jour de conclave par acclamation ou par adoration, sur l’initiative
du cardinal Franchi, lequel s’est prosterné devant lui. Nous le verrons à
, l’œuvre ; nous sommes de l’avis de
ceux qui pensent qu’il suivra la ligne
de conduite de Pie IX, c’est-à-dire qu’il
sera l’instrument fidèle des jésuites
qui dominetfl, en maîtres au Vatican.
— Cependant on assure qu’il est déjà
sorti et qu’il semble montrer moins
d’opiniâtreté à se constituer le prisonnier volontaire du Vatican.
Alietnagne. — Le prince de Bismark a répondu à l’interpellation svr
la question d’Orient. Il affirme la neutralité de l’Allemagne; mais cette neutralité est sympathique à la Russie. Il
espère le nâainlien de la paix entre les
grandes puissances. L’Allemagnene veut
imposer à aucun Etat sa médiation.
Elle sait ce qu’il en coûte pati son
exemple et par celui de Napoléon après
Sadowa. Mais par là même elle se
trouve mieux placée pour continuer
son œuvre conciliatrice. Du reste il ne
sait pas quelle puissance voudrait se
hasarder à recueillir dans ce moment,
en lieu et place de la Russie, l’héritage de la Turquie.
Qtêvatiof a'O fient. — Les Anglais ont éloigné leurs vaisseaux de
Constantinople à la demande du Sultan,
à la condition que les troupes russes
ri’enlrent pas dans la capitale. On assure que la paix entre les Turcs et les
Russes est sur le point d’être signée.
Le congrès de Baden, qui doit se réunir vers le 15 ma1’s devra s’occuper
de régler les questions internationales
qui s’y rapportent.
„Ehmest Robert, Gérant et Adminislrateur,
Fignerol, Impr. Chianlore et Mascarelli-