1
Xeuvlème année
]V. 18.
Vendredi 8 Mai 18’74.
c
á
L ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialemenl consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Vandoise.
Que toutes les choses qui sont véritables........oécupent
vos pensées — ( Philippiens., IV. 8.)
§1
» :
s
PRIX D ABONMEUENT :
Italie, h domicile (un an) Vr. S
Suisse................> I
France................* I
Allemagne
Angleterre , Pays-Bas . • 1
Un numéro séparé : 5 cent.
Un numéro arriéré : 10 cent.
BUREAUX D ABONNEHEHT
PiONBROL : Chez Chiantore et
Mascarelli Imprimeurs.
Florence : Libreria Evan^elica, via doTanzani.
ANNONCES: 20 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’adresser pour l’adminiRtratieu
et U rédaction a la VirecHon
de l'Echo des Vallées, Torro
Peilice.
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3
sàomtnalre.
Bibliographie de la Révolution protestante par le Sénateur Ricotli. — La lecture de la Bible. — Nomelles religietises
el faits divers. — Evangelisation — Chronique vaudoise el locale. — Chronique politique. — Annonce.
BIBLIOGRAPHIE
De la Révolution protestante
par le Sénateur Ricotti
Si les Kéi'orinatcur, tout en
prétendant réformer l’Eglise, n’ont
réussi qu’à produire une révolution , d’après M. Ricotti , leur
œuvre a été cependant bienfaisante, car elle a obligé les institutions catholiques romaines à se
reformer, et à retirer quelques
bons fruits de la Réformation.
Le Concile de Trente a été l'un
des principaux moyens d’arriver
à £6 résultat. Ce Concile se proposait trois buts ; la réconciliation
des dissidents avec l’ancienne
Eglise, l’interprétation et la fixation des dogmes controveraés etj
la réforme delà discipliue. —M.
Ricotti reconnaît que le premier
but n’a pas été atteint; au contraire le Concile, par ses anathèmes,
et par tous ses actes, a confirmflj^''
la séparation de l’Eglise évangé^
liquo d’avec l’Eglise catholique
La réforme de la discipline n’a
pas été effectuée non plus en entier. Bien des abus survécurent,
parcequ’ils étaient trop oiiracinés'.'
Mais le Concile, d’après iM.Ricotti,
a réussi à fixer et à expliquer’le.s
dogmes, et à cet égard, il aurait
été un Concile réformateur, comme
à l’égard de quelques points dp
la discipline.
« Deux résullMs , dit en outre
M. Ricottjj^etRjprgndu mémorables
les acte^(<^j^Cô^^e do Trente.
» Pr emœré%^t i’Egl i s e r o m ai n e
s’est tou^-^1^S(^P^rée des Eglises
protestammo, lelàÎ|pellcs non seulement en îiftsrt^Kpulsées par des
décrets dogmatiques, mais par
des anathèmes répétés. ,
» En second lieu, l’autorité spirituelle du pape, fortement menacée au commencement du Con-
2
-143
cile et même dans ses dernières
années, en est sortie, d’une manière inattendue (grùce l’habileté
et à la subtile politique de la curie
romaine et à ses cajoleries) presque plus puissante qu’auparavant.
En effet le pape a conservé le droit
exclusif d’interpréter les canons
du Concile de Trente, de prescrire
les règles de la vie et d’imposer
celles de la foi. En conséquence
toute la direction de la police ecclésiastique s’est trouvée plus que
jamais concentrée à Rome ».
En conséquence le gouvernement
de l’Eglise catholi>(ue devint, de
¡ilus en plus, monarchique et absolu, au détriment de l’autorité des
évêques, les quels ont été dédommagés au détriment des laïques
et du pouvoir civil des princes.
Il nous est impossible de considérer le Concile de Trente, même
tel que M. Ricolti nous le représente, comme un moyen do réforme; au point de vue des doctrines, il a fait di s articles de foi
de beaucoup d’e;reurs qui ne l'étaient pas encü}\ et ainsi il a éloigné d'autant l'E;. lise de la Bible;
au point de vue ecclésiastique, le
Concile de Trenl •, en él.evant l’autorité du pape, a préparé le Concile du Vatican qui a proclamé
l’infaillibilité.
Nous admettons que le protestantisme ait fait surgir, dans le
sein du catholicisme, des hommes
éminents, ait poussé î’Eglise à réformer plusieurs institutions monastiques et à en établir un grand
nombre, et, dans ce nombre, celle
des Jésuites; nous reconnaissons
aussi qu’il n’y a plus eu sur le
trône papal des Alexandre VI ni
des Jules II; mais les bases du
catholicisme sont réstées les mêmes ; il n’y a pas eu progrès réel
dans la vérité ; par conséquent
pas de vraie réforme.
M. Ricotti constate que le catholicisme et le protestantisme ,
depuis la fin des guerres religieuses, sont restés stationnaires
ou à peu près; ils ont gardé les
mêmes frontières l'un vis-à-vis de
l’autre. Nous l’admettons avec lui;
mais nous espérons que la vérité
de la parole de Dieu et la charité
de Christ triompheront bientôt de
toutes les difficultés et remporteront une victoire complète sur les
erreurs de toute espèce, dans l’intérêt religieux de tous les hommes
pris individuellement; car c’est à
eux, tout d’abord, que l'Evangile
est destiné ; puis aussi dans l'intérêt civil, politique, intellectuel
et social de l’humanité. L’Evangile, qui est lumière, est la source
de toutes les lumières et de tous
les progrès.
Le lecteur évangélique fera des
réserves dans l’étude qu’il fera du
bel ouvrage de M. Ricotti, mais
il sera frappé du grand nombre
de vérités qu’il doit à son impartialité historique d’avoir trouvées.
Il n’acceptera pas tous ses jugements, sur les hommes et les choses, mais il lui sera, du fond du
cœur, reconnaissant pour la bienveillance et le respect avec les
quels il a parlé de ses croyances
et il regrettera de n’avoir pas eu
le privilège d’assister avec le public turinais aux belles conférences
que le débit de l’orateur et la
3
-143
parole vivante ont rendoes plus
intéressantes encore que le livre
Ini-même.
LA LECTURE DE LA BIBLE.
C’est VEglise Libre qui nous fournit les lignes suivantes: .
Cil ose incroyable, mais vraie
pourtant la plupart de nos pasteurs
ne savent pas lire I
Rappelez vos souvenirs. Combien en avez-vous trouvé qui remplissent convenablement ce grand
office de la lecture publique de
la Parole de Dieu ?
Celui-ci, courbé sur le livre, lit
comme clerc de notaire parcourant un contrat pour y chercher
une clause, vite, sans ponctuer
les phrases, sans accentuer les
mots, en bredouillant, comme
pressé d’arriver à la fin.
Cet autre , au contraire, lit avec
une emphase qui ne se dément
jamais. De quoi qu’il s’agisse ,
qu’il lise un entretien familier ou
les objurgations d’un prophète,
c’est toujours le même ton , ampoulé, faux, la même absence de
rapport entre la matière lue et
l'accent de la lecture.
Un troisième semble n’y voir
pas clair. Il cherche sur un texte
que l’on dirait illisible pour lui,
les morceaux épars d’une phrase
qu’il rassemble avec peine et qu’il
débite en hésitant, en ânonnant,
comme s’il avait dû la déchiffrer
à grand renfort de bésicles !
J’en passe.
Et je ne parle pas de ceux à
qui la bible inspire autre chose
qu’un profond, un religieux res
pect. Je parle des hommes chrétiens , pieux, qui voient en elle
la révélation de Dieu ; et je me
demande pourquoi donc lisent-ils
si mal ?
Quelle sainte jouissance pourtant , quelle édification quand nous
avons entendu la lecture publique
de la parole de Dieu faite au naturel, avec une claire élocution,
d'un ton approprié au sujet, rendant comme une fidèle interprétation (car c’en est une) le sens
vrai du passage !
Tous, petits et grands, lettrés
et illéttrés, s’il en était dans l’assemblée, remerciaient de cœur celui qui lisait ainsi et qui, par sa
lecture intelligente, faisait entendre en quelque sorte à l’Eglise
la voix vivante de l’écrivain sacré!
Pasteurs qui savez tant de langues mortes et tant de sciences ,
et vous tous qui avez l’honneur
de lire en public l’Ecriture sacrée,
apprenez donc à la bien lire. Vous
dites que l’on doit l'écouter « avec
attention et respect;# lisez-la de
même. Pour bien remplir votre
office, appliquez-vous-y avec soin.
Préparez-vous par une lecture privée à la lecture publique. Etudiez
en particulier votre ou vos chapitres ; pénétrez-vous des faits et
des pensées qu’ils contiennent; placez-vous et restez sous l’impression qu’ils doivent produire.
Quand, ensuite, vous ouvrirez le
Livre ayant connaissance du sujet
qu’iljtraite, familier avec les idées,
exercé àlaprononciation des mots,
vous ne lirez plus de façon à rendre impossible « l’attention » et
difficile «le respect».
4
-144
Et vous, messieurs les professeurs des facultés de théologie,
qui enseignez aux futurs pasteurs
tant de choses difficiles et profondes, oh! pour l’amour du peuple
chrétien, enseignez-leur aussi à lire.
iîoutieUed reltjgteuaed
et faits divers
•
Ecos.so. — On assure que l’œuvre
(le réveil qui s'est accomplie à Edimbourg,
depuis le départ de MM. Moody et Sankey,
est encore plus grande que celle dont ils
out été les auteurs immédiats. Ces évangélistes continuent leur œuvre avec grand
succès dans l'Ouest de l’Ecosse.
Finance. — Trois personnages marquanls à des litres divers sont en ce moment très malades: l’un est M. Guizot,
qui s'afTaiblit visiblement; l’aulre est M.
Jules Janin qui est à toute extrémité; le
troisième est M. Ledru-Rollin, à qui les
médecins auraient ordonné de renoncer
absolument è la vie publique.
Ocnòve. — Grande fermentation au
sujet de la votation do la constitution
cantonale révisée et spécialement de la
loi du culte protestant. Beaucoup de brochures ont été écrites pour et contre [la
nouvelle loi ; l’une d’elles invite les électeurs à la rejeter, parceque, est-il dit:
1. Nous ne voulons pas d’une Eglise
asservie à l’Etat.
2. Nous ne voulons pas d’une Eglise
oppressive.
3. Nous ne voulons [pas d’une Eglise
nationale dénationalisée.
4. Nous ne voulons pas d’aneJEglise
qui n’est plus une Eglise.
Venise. — Pendant l’hiver qui vient
de s’écouler, la congrégation vaudoise de
Venise a eu le bonheur de recevoir dans
son sein dix nouveaux membres.
Rlo-MLarlna. — Après le départ
de M. Et. Bonnet, le dimanche douze avril,
lorsque dans le. temple les évangéliques
écoulaient attentivement la Parole do Dieu,
une bombe placée sur l'appui de la fenêtre éclata tout-à-coup. L’émotion causée
par un si noir attentat fut très grande.
Heureusement il n’y eut aucune disgrâce
à déplorer. - C’est ainsi que les ennemis
de l’Evangile voulaient souhaiter la bienvenue au nouveau pasteur, M. Emile Long.
Ftoiïie. — On annonce la prochaine
publication d’un journal mensuel: Il Cristiano evangelico, qui sera l’organe de
l’Eglise vaudoise. I.a conférence régionale
do Turin a exprimé le désir que ce journal , que la Commission d’Evangélisation
se propose de fonder, soit une feuille hebdomadaire.
Voici, en résumé , le programme des
conférences pedagogiques qui auront lieu
à Torre Pellice du 17 au 2-2 du mois
d’août. Seront membres des conférences
les maîtres d’école au service de l’Eglise
vaudoise, la Table et la Commission d’Evangélisalion , le directeur de l’Ecole
normale.
Los questions qui attireront particulièrement l’atlenlion des membres [de la
conférence sont les suivantes;
1. Quelle marche faut-il imprimer à
l’école évangélique pour qu’elle produise
les fruits cju’ello doit produire?
2. La Bible dans l’école.
3. Nos écoles sont-elles à la hauteuT
des écoles communales ? quels ou sont les
défauts? quels remèdes propose*t-on ? ’
5
-145^.
4. Rapports du Maître avec les élèves,
leurs pareuts et les autorités.
5. Quelle est la meilleure méthode à
suivre pour l’éducation de l’enfance?
6. De l’irrégularité dans la fréquentation
des écoles élémentaires aux vallées.
7. Des écoles mixtes.
8. Faut-il au système des contributions
préférer celui de la gratuité absolue do
l’instruction ?
Comme on le voit, les questions soiit
nombreuses et variées et la conférence
ne peut manquer d’étre iulerossaule et
surtout utile.
Kloroiioe. — Le dernier ¡numéro
de la Rivista Cristiana, revue mensuelle
dirigée par Messieurs les professeurs de
Théologie, contient les matières suivantes:
» La Risurrezione di Cristo, studio apo» logelico di G. Pietro Pons (évangéliste
a à Venise ).
» La Speranza d’Israele ,* art. 2, di A.
» Rovel ( prof, de Théologie I.
» Una lettera inedita di Francesco Negri
» di K. Comba (prof, de Théologie).
» Corrispondenza sopra il simbolo apo» stolico per A. ReveI e P. Geymonat pro» fossori.
» Cenno bibliografico; Raffaello Lam» bruschini, per E. Comba. .
3 L’istruzione religiosa di L. Coppola.
* Rassegna mensile : Tempo di seminare
» — Gemiti ed opere di artisti. — Il Cor> riere di Milano o le scomunicbo man» tovano. — Speranze religioso della
» Perseveranza. — Marc Monnier ai nostri
» liberi pensatori. — Quirico Filopanti :
» lettera al Re, commento anticipato di
» Foscolo, indirizzo romano, consigli della
» Riforma o confessione dello Sbarbaro.
» — Notizie evangeliche; il meeting deWa.
» Società biblica italiana. — Estero : do» lenti note deW Osservatore Romano, morte
» di Strau.ss ».
'•»se; ,1
dhroiiiquc ®iiuboÌ6c
et locale
Itosario. ^ Bande orientale).
On no lira pas sans intérêt les détails
suivants, tirés d’une lelire particulière eu
date du 12 mars dernier, sur la dernière
récolte do blé et de maïs dans notre Colonie. « Nous n’en sommes pas au point
que nous avions espéré, .le t’avais parlé
de belles apparences d’une bonne récolté
do blé; les apparences se sont maintenues
Jusqu’au tout dernier moment, puis nous
avons perdu un tiers do la récolte à cause
de la pluie, pendant que le blé était encore sur Faire et dans la paille qu’il nous
faut laisser emporter par le vent. Or au •
lieu de vont, pendant trois longues semaines, de deux jours un, la pluie tombait à verse; et cette pluie unie à june
chaleur excessive faisait [germer en 24
heures le blé qui touchait la terre. Sur
lOo sacs que nous comptions avoir, en
travaillant plus que nos forces nous le
permettaient nous en avons à peine sauvé
70. Le reste a été perdu , sauf ce que les
cochons ont mangé.
Heureusement entre gros et petits nous
en avions huit; nos voisins ne sont pas
moins bien pourvus ; la spéculation s’est
jetée do ce côté, parce qu’il y a pou do
frais et un très fort bénéfice. Nous tirons
aussi par les porcs un fort bon profit de
notre maïs qu’on donne presque pour rien,
tant la récolte a été abondante. Sans celte
précaution l’argent serait aussi rare qu’aux
vallées. Un sac de maïs ne vaut pas plus
qu’une hémine chez vous. Ah ! comme ou
voit souvent quo l’homme propose et
Dieu dispose !
« Aux soucis, d’ailleurs supportables,
que j’ai racontés s’en ajoute un plus gros;
nous ne savons comment nous ferons instruire notre petite L.... qui est très intelligente et qui fait la joie de la maison;
selon toute apparence, [à cause de nos
désunions, nous n’aurons pas notre école
de quartier; et à l’école paroissiale, qui
d’ailleurs est trop loin pour les petits, on
ne reçoit que les enfants qui savent lire
6
-146.
et écrire. Ici aussi la vie a ses |épiiies ;
Dieu ne nous accorde pas tout ce <|ue
notre cœur désirerait, afin que nous ne
soyons pas entraînés vers l’égoisme et les
vanités mondaines ».
Tor*ro-F*ellice. — Le matin de
dimanche dernier. 3 mai, une animation
insolite se montrait sur la route de la
Tour, aux Coppiers; par un temps presiiue aussi mauvais que le chemin, tout
le monde se dirigeait au lieu dit la Molara, près de Rio Cros, ou bien en revenait
en s'entretenant d’un terrible malheur qui
y était arrivé pendant les dernières heures
de la nuit. C’était là qu’habitait la famille
Ben, dans une maison située au bas d’un
' pré en pente très inclinée et qu’un deboisement imprudent avait transformé en
une continuelle menace pour cette habitation. Il était même arrivé plus d'une
fois au père Ben de dire que ce pré là
finirait par emporter la maison. mais
certes le pauvre homme, qui la veille
encore avait voulu se réjouir en réunissant autour do lui a souper tous les
membres do sa famille, ne se doutait
guère que sa prédiction fût si près do se
réaliser. J’y penserai demain, se disait-il
sans doute en voyant une crevasse se
former dans la partie supérieure du pré.
Le lendemain, il était trop tard.
A quatre heures du matin environ, un
autre fils malade, habitant un autre côté
do la maison, entendit comme le bruit
d’un char de pierres que l’on renverse;
il se lève, et voulant entrer dans sa
cuisine, il ne la trouve plus. Il appelle
aussitôt son autre frère qui dormait dans
la même chambre, et lui dit que le feu
est à la maisop. Le frère va chercher les
voisins, qui sont dirigés dans leurs recherches par des pleurs et des gémissements qui viennent de dessous terre. —
On se hâte de faire appeler le médecin, le
.syndic, là police, et l’on procède en
attendant au dégagement d’une jeune fille
qui avait les jambes prises dans les décombres , mais que la chCtte de deux
poutros qui s’était mises en croix avait
niiracnleusemout préservée; On fouille ,
on pioche, et l’on déterre, l’un après
l’autre, le père, la mère, et trois enfants
dont l’un avait dix-sept à dix-huit ans ,
et dont le plus jeune était encore presque
au berceau. La mort de ces pauvres gens
avait dû être instantanée, sans souffrances,
car leur expression, lorsque nous les vîmo
quelques heures après, était celle du
sommeil, quoique deux d’entr’eux la mère
et son fils aîné, fussent un pou défigurés
par des contusions.
La moitié do la maison seulement était
à bas, et c’était celle qu’habitait le père
avec sa seconde femme et sa seconde
famille; un pan de mur branlait encore :
on l’abattit pour éviter de nouveaux malheurs. Que s'était-il donc passé? Il est
probable que celle fente du terrain, que
l’on avait eu le tort de no pas considérer
comme un précieux avertissement, s’était
remplie d’eau à la suite des pluies de la
journée précédente et de la nuit; et cette
terre argileuse, incessamment gonflée
par cette eau que la nature du terrain
ne permettait pas do laisser écouler, avait
fini par se détacher et former un éboulement qui, passant sans l’entamer sur la
partie inférieure du pré, détermina une
forte poussée contre le premier obstacle,
la maison, qu’elle rencontra sur sa route.
Et cette maison, aux murs de pierres et
de boue, pouvait bien résister aux vents,
mais non pas arrêter cette avalanche de
terre; le mur extérieur s’écroule avec fracas, le toit lesuit et le pré vient recouvrir
la maison.
Voisins ou non, chacun montra beaucoup de zèle dans le travail du déblaiemen t;
zèle assez mal dirigé du reste, chacun
travaillant pour son propre compte. Aussi
n’est ce que le soir vers quatre heures
que l’on parvint à déterrer une des vaches
de l’étable, parfaitement étouffée bien
entendu, et le lendemain seulement que
l’on délerra l’antre. Quant à la population
elle ne cessa, toute la journée, de se
porter sur le lieu de la catastrophe,
défiant la pluie et se moquant de la boue,
les mères y conduisant leurs enfants dans
un but d’éducation dont le sens, nous
l’avouons, nous-'échappe , à moins que
le spectacle de cinq cadavres couchés
sur une paillasse, et recouverts d'une
7
-147
couverture, ne fût destiné é tes familiariser dès le bas ége avec l’idée de la
mort. Et vraiment ces enfants avaient
l’air très familiarisés.
.Mardi, à trois heures de l’après midi,
avait lieu l’enterrement do toute une
famille h la fois et plus de trois mille
personnes suivaient ces cinq cercueils.
Le prédicaleur, M. Weitzecker, s’inspirant
de l’épisode do la tour do Siloë, rappela
à ses auditeurs iju’ils auraient été grandement dans l’erreur en s’imaginant que
parcoquo ceus-là avaient été frappés,
il fallait qu’ils fussent plus coupables
que d’autres ; tous, nous sommes pécheurs
et nous mériterions un châtiment analogue,
et le repentir est la seule voio qui puisse
nous faim espérer d’y échapper. L’oraison
funèbre fut faite en italien, e.'scellenle
idée, puisijue ces discours sur le cimetière
sont une des rares occasions (|ue l’on a
de s’adresser aux personnes qui no fréquentent pas notre culte , '.et [auxquelles
le français est fort peu familier.
Voilà donc une famille, car il en rosto
quelques membres , qui, outre qu’elle a
perdu son chef, a perdu aussi son toit,
et qui se .trouve maintenant, à ce que
nous a dit uue personne bien informée,
dans cette douloureuse alternative '. Ou
vendre les terres pour bâtir une maison,
ou travailler les terres pour en tirer du
pain et coucher à la belle étoile. Quant
à nous, nous n’osons nous dire-fâché de
mettre à intervalles aussi rapprochés, nos
lecteurs à contribution pour de bonnes
œuvres. Nous ouvrons uno collecte pour
la famille Bon ; nous n’espérons pas combler le gouffre, mais quelques petites (|uo
soient les pierres que nous y pourrons
jeter, ce sera toujours autant.
Dimanche prochain , auront lieu dans
le Temple neuf les promotions des écoles
primaires ; elles devaient avoir lieu dimanche dernier. Mais le triste évènement
que nous avons raconté les a fait renvoyer.
Le ministère, nous a-l’on-dit, a nommé
une Commission chargée de régler définitivement la question de la translocation
de notre cimetière en un lieu moins
voisin de la maison........ moins voisin
de toute habitation, voulais je dire. — Le
fait que le Syndic [a déjà dû porter à
CCS Messieurs 120 ou 150 francs, que saisje, de la part do la Commune pour frais
de voyage, cela, c’est très positif, et très
sûr. Que décidera maintenant la Commission ? On n’en sait encore rien.
Collecte pour la famille Grill
.M™' Beckwith
N. N.
Lisle précédente Fr. 333
» 10
» 2
Total . Fr. 345
COLLECTE POUR LES MISSIONS
DU SOD DB L’aFRIQUB, ANNÉE 1873 À 1874
Liste précédente L. 993 92
Une veuve » 50
l.cs enfants do l’Ecole du dimanche de Sainte Marguerite et
leurs amis » 20
La paroisse de la Tour » 100
rotai
Fr. 1163 92
A TRAVERS LES JOURNAUX
Revue potilique
Vendredi dernier, mourait à Florence,
à l’âge de 72 ans, un dos derniers de
de ceux que l’on a appelés les précurseurs
Italiens. Niccolò Tommaseo, uacquit dans
une petite ville de Dalmatie en 1802, et
se distingua par uue grande précocité
dans les éludes; à neuf ans, il faisait sa
rhétorique, à quatorze il avait fini ses
8
-148
classes ; ami de Rosmini et de Manzoni,
il dut à leur protection, moins cependant
qu’à son propre talent, de percer dans
la littérature d’alors ; il ne s’y enrichit pas
cependant, les lettres n’étant pas tout à
fait en Italie ce que l’on peut appeler une
carrière d’or. De la gloire quelque fois, mais
du pain pas toujours. Une de ses œuvres les
plus importantes fut le célèbre Dictionnaire
des synonimes, l’ornement obligé de toute
les bibliothèques italiennes. Il mourut pauvre à la suite d’une attaque d’apoplexie. La
municipalité Florentine lui fit de belles
funérailles, et le déposa , selon le vœu
qu’il en avait formulé avaut de mourir,
dans le cimetière de Sottignano, à côté
de sa femme morte une année avaut lui.
Le pape a fait de nombreuses nominations
d’évèques, surtout in partibus infidelium
ce qui n’oblige pas à grande chose et satisfait bien des pi'liles ambitions, ni plus ni
moins que les croix de S'Marin. Alphonse
Karr, le spirituel écrivain français, ayant,
dans un numéro de ses Guêpes, fait refuser
par le pape une forte somme d’argent que
lui portait une anglaise, Vltalie rapporta
le fait, quelque fabuleux qu’il dût paraître.
Aussitôt protestation delà part de l’orgaiio
papaliu VOssermtore Romano, qui déclare
que le Saint Père a accepté, sans se faire
prier , les soixante mille francs des Anglais.
Je le crois bien. '
La sauté de Bismarck continue à s’améliorer. Petite guerre avec d’Arnim, à propos de la publication faite par ce dernier
de documents regardant le concile, et d’où
il résulte que d'Arnim discernait, avec
beaucoup de perspicacité, quelles seraient
les conséquences inévitables de la proclamation du fameux dogme. Bismarck qui
prônait alors la non-intervention , et qui
peuI être ne s’eri félicite pas beaucoup
maintenant, est mécontent de voir sortir
."•□ssi des archives prussiennes un filet de
lumière. Ces indiscrétions diplomatiques
ne lui vont pas. r q
Est-il ou n’est-il pas en France? C’est
le comte de Chambord que je veux dire.
Quelques journaux assurent qu’il est à
Versailles, d’autre qu’il a pris racine à
Froshdorff. Quoiqu’il n’ait effectivementpas
grand chose à faire en France, il se peut
qu’il veuille parodier son aïeul Henri IV,
dont le panache blanc était toujours au
plus fort du danger. — Il est d’autant'
moins facile d’être au clair là dessus que
'es journaux qui se donnent comme toujours informés de tout, ont adopté le commode système de fabriquer leurs renseignements dans leurs bureaux. C’est ainsi
qu’ils donnaient force détails sur l’évasion
do Rochefort, dont ni eux ni personne
ne savaient le premier mot. C’e.st ainsi
encore que le Gaulois, annonce que Victor
Emmanuel a conféré au député Piccon le
séparatiste Niçois, la croix de Commandeur
de Saint Maurice et Lazare.
Ce (lui n’empêche pas le Gaulois de
trouver des gens qui l’achètent.
Los affaires de la légitimité no vont
pas mieux au delà qu’eu deçà des Pyrénées.
Don Carlos prétendait encore bombarder
Bilbao de la belle façon, quand déjà il
avait opéré une prudente retraite , et
Serrano et Coucha étaient entrés dans la
ville. Une dernière dépêche Carliste veut
bien eu confirmer la nouvelle; il est vrai
qu’elle ajoute que l’armée républicaine aeu seize mille morts. Mais celte nouvelle
a un tel air de famille avec celle des
carrières de Jeaumont, que nous la mettons au panier, jusqu’à plus ample informé.
A. M.
A. vonclx'e
dans Torre Pellice même
Une jolie maison de plaisance,
avec mobilier complet, jardin arrosable, serre et autres dépendances, le tout parfaitement clos et
en bon état.
S’adresser au notaire J. Vola.
---u4I-----------------—----------
E. Malan Directeur-Gerant.
Pigaerol Impr. Cfaiaotore et Mascarelli.