1
Première Année.
12 Mars «875.
N. 10.
-ÜII
«Joumal de l’tílg“llse
•^CLTÈ g'^lîq lie Vaudoîse
, t Paraissant cliaque Vendredi
Vous me serez lAnoins. Actes I. 8.
________________________ ir_______________________■
Suivant la vérité avec la ehariti.
PRll DR L* ABONNFHKNT PAR AK
Intérieur................L 3
Suisse.......................» 5
France, Allemagne » 0
f*ranHe>Bretagne et Hollande » 8
Oo «'abonne: Ä Pignerol ad Bureau de !’•<!mioiatraiion il/a«san
A La Tour chez M. l^raire.
A Turm chez M. Go«s, Tia'jPio Quinte, n. 15.
A Fomaretchez M. LANTAftl^ Paat. /iirectattr.
Pour la France les ahoiineRite'nts se font a la
Ltbr. Bonhoorh. N. «T, Rtfede Lilie, Faria.
Un Numéro séparé: 10 ceotimes.^
Annonces à la 4.e page il5 cenii-^
mes .par ligue.
On reçoit pour «bonDemeots et
ineeriions des timbres-poste de
tout paya.
Sommai z*e*
A qui la faale? — La recueil de Psanmes et caiitiquea. — Correspondance. —
Le Typhus. - Revue Politique. — SouseriplioD.
A OUI LA FAUTE?
V.
rSiiite V. .V. précédent;.
En parlant dans notre dernier
numéro de l'antipathie des' puissants dn monde contre l’Evangile,
nous avons fait des réserves très
expresses et mentionné de très
nobles exceptions. Nous ne nous
pardonnerions pas à nous-mème, si
nous ne l'avions pas fait, car, nous
nous serions rendu coupable d’un
véritable crime d’ingratitude envers
le Gouvernement de notre propre
Nous avons gardé un très vif
souvenir de la compassion quelque
peu méprisante avec laquelle un
citoyen d’un pays, libre alors (1846)
et aujourd'hui république, parlait
de l’état d’oppression où le despotisme retenait les populations italiennes. Chez nous « disait-il, cela
ne durerait pas vingt-quatre heures; mais vous autres italiens, vous
n’avez pas de sang dans les veines,
et vous porterez éternellement le
joug ..
Il y avait bien quelque apparence que ce triste état de choses
durerait longtemps encore, mais '
par un miracle de la sagesse et
de la bonté de Dieu ; par un second
miracle de la loyale et inébranlable hdélité du Roi à la parole librement donnée; [>ar un troisième
miracle de )’a"euglement stupide
des adversaires de toute liberté ; j
par un quau-ième miracle , enfin , j
du bon sens de la nation italienne
et de ses représentants , deux ans
à peine après le pronostic lugubre, le beau ciel de l’ilalie souriait
à la liberté. Voilà 27 ans que
cela dure et ce beau ciel n’a pas
été un seul instant Voilé.
Si pendant ce quart de siècle
l'œuvre d'évangélisation dans notre patrie n'a pas fait plus de
progrès, il serait souverainement
injuste d’en rejeter, même en partie seulement, la faute sur son
gouvernement. Comme il serait
absurde d'attendre que dans un
pays catholique les autorités tontes
catholiques se montrassent ouvertement et généralement favorables
à une œuvre de celle nature. Mais
ce que nous .aiRrmons haiilemeut
et sans crainte d'être démenti, c'est
que dans aucun pays du monde
il n'existe plus de vraie liberté
qu’il y en a mainlenanl en Italie,
et qu’il y a tel gouvernement de
pays protestant qui, au point de vue
du respect de la conscience et de
la libre manifestation des opinions
religieuses , aurait beaucoup à apprendre du gouvernement italien.
(A suivre J
■)
42, 84 et 138 avec les anciennes
mélodies ; par 16 nouveaux cantiques , par les psaumes 74 et 129
qui ont pour nous une importance
historique, pareequ'ils furent chantés par les sept cents Vaudois dans
le Temple de Prali le mercredi
28 août 1869; enfin, du numéro
142 à 149, par sept cantiques en
langue italienne d'entre ceux qui
sont le plus en usage —Quant à
l’exécution et au matériel de l’édition de Florence, elle laisse peu
à désirer, comparée à celle de
Lausanne.
Le Recaeil était attendu avec
; impatience , et nous ne doutons
pas que notre public religieux
s'empressera de se le procurer.
I —’ Que Dieu bénisse ce nouveau
i moyen d’édification et qii'll vivifie
■ par son Esprit le chant des Psaumes et des Cantiques , de sorte
qu’il soit de plus en plus l’expression des sentiments et des besoins
I des cœurs et non pas seulement
un fruit des lèvres , et qu’il soit
une réponse à celte exhortation
de la Parole de Dieu; psalmodiez
du cœur au Seigneur
LE RECUEIL DE PSAUMES
el Canliques
Le Recueil de psaumes et cantiques à l’usage de l’Egii.se évangélique Vaudoise (seconde édition
augmentée d'un supplétnent) vient
de paraître à Florence. L’irnprimerie Cliiudienne a imité le format
et les caractères de la première
édition publiée à Lausanne. — Le
supplément qui se compose de 20
numéros du 121 au 149, est formé
par la leproduciion des psaumes
Corrcsponbance
Hraly le i~ février 1875
Monsieur le Directeur,
Je lis dans une correspondance de
Onlx à la Gazzetta di Torino ( 20 l'ó-j vrier 4875) ce qui suit: « Non fu egli
! il notaio A. a far cessare l'almsivo insegnamento della lingua francese, ad
Olila delle opposizioni, per imporre la
I lingua italiana che era la.<ciala aliano
i in dispaile nelle scuole comunali ». Je
ì souligne quelques mots qui me l'ap' polloni lo procédé de I’ Inspoclour da
j Gouvernemenl dans uno visite léccnle
! à quelques écoles vaudoisos. Quoique
1 je n’tiabile (|u’à quelipics pas de la
2
38
. ut TÉMOIN
maison achetée pour éco^Sÿ il nV^i,pas trois ans, par le Conàstoire donf
m suis le pr^eiit , je 'ne te informé de la teite He l’IiSf eclesr que
lorsque je pas aflet \in’ assurer tpie '
trois écoles avaient été inspectées; que
dans rtine il avait dédâre bestemmia ’■
la proposition que le régent avait donnée pour modèle d’écriture à ses jeunes
élèves ; f L’Italie est belle », dans
l’autre il avait dit qu’il fallait enseigner
l’italien six jours par semaine et ensuite le français, et dans la troisième
lorsqu’une jeune fille expliquait un
mot Italien en le traduisant en bon français, il avait lâché ces mots; Sempre
U con quel francese. Dans une école
quartier, qu’il visita dans la même
matinée, il se plaignit fortement de
l’accent français qu’il fallait faire dfeparaîlre. — Comme le régent observait
que les élèves inlérrogés étaient les
plus faibles et qu’il les avaient acheminés il la lecture en commençant par
le français qu’il devait enseigner, il
déclara que c’était à lui seul à donner
des ordres pour les écoles et qu’il
commandait de faire comme il l’avait dit.
La loi veut-elle cela ? — Que les
personnes qui sont chargées de la faire
exécuter le fassent savoir à celles qui
s’occupent des écoles reconnues, mais
qu’on ne mette pas de jeunes enseignants dans le cas d’agir contrairement
à la volonté de ceux qui les ont établis
dans leur charge, leur ont procuré le
local et leur fournissent les moyens de
continuer leur œuvre. Autrement iLs
seront à jamais incapables d’inculquer
aux enfants qui leur sont confiés le
respect pour les autorités.
La loi du IS novembre ISSO, N.
3725, invoquée par les autorités supérieures auprès des municipes et dont
le Calendario Scolastico peí' l’ anuo
Í874-75, Provincia di Torino, aífiché
dans nos école.'i des quartiers les plus
éloignés, ne dit-elle pas dans son article 374:
«Nei Comuni dove si parla la lingua
francese essa verrà insegnala invece
dell’ italiana. Nulla sarà innovato a
quanto si è fin’ora praticato rispetto
all’insegnamento religioso delle scuole
deslinateparlicolarmopte all’ istruzione
elementare dei fanciulli apparlenenli
ai culli tollerali » ?
Si cela est, en quoi consiste donc Vinsegnamento abusivo della lingua francese? Kl qui aurait le droit d’excluie
la Bible des écoles vaudoises?
Que le Témoin y fasse allcnlion; il
y a pour lui une question de vie ou
de mort; car si on se conforme aux
directions, qui viennent d’être données
il sera prochainement réduit à témoigner comme l’Eglise romaine, avec sa
langue latine olBcielle, au milieu de
dix-sept millions d’illelrés.
D. Gay pasteur.
Nous remercions sincèrement M. le
pasteur Gay de sa communication et
nous sommes heureux de pouvoir dès
maiAl«^ant,4i«sipor, a# (Bains an jfuw'tie,
ses dettes «t ses apjprllénsinns.^
Ri» M’a èlë chat^ par aucuifê loi
'DouviÉe-aaix disposions des atticles
cités'Ims sa lettre, «T aucun ngent
du Gouvernement n’a le droit de les
modifier de soq autorité privée. Des
partisans de l’uniformité a tout prix
peuvent bien désirer, et nous le souhaitons avec eux, que dans un prochain avenir, la belle langue italienne
soit parlée en tous lieux dans notre
libre patrie, qu’elle le soit surtout par
ces dix müiions peut être, de campagnards, ousfême d’habitants decerlaines
villes, non seulement illettrés, mais ne
connaissant qu’un patois inintelligible
aux italiens d’une autre Province. .Mais
que le gouvernement lui-même exige
que dans toutes les écoles de l’Etat,
l’italien .soit la langue de l’enseignement et qu’il exerce une pression dans
ce sens, c’est ce que rien jusqu’ici
n’est venu démontrer. L’iUilién est sa
langue, la langue officielle dont il faut
se servir dans les rapports que l’on
soutient avec lui. Quiconque aspire à
un emploi doit la connaître et savoir
s’en servir, c’est ce que nul n’igiiore
parmi nous et que nul ne trouve mauvais. Cela veut-il dire que la langue
française doive, dans l’intention de
ceux qui nous gouvernent, disparaître
insensiblement? Il ne paraît pas que
l’on puisse raisonnablement le supposer. Aussi longtemps que , dans les
établissements d’instruction de l’Etat
et des Provinces , l’on se procure à
grands frais des professenrsetdes maîtres
de langue française et qu’une connaissance suffisante de cette langue est de
rigueur dans les concours à tous les
emplois civils et militaires, ne seraitil pas tout simplement absurde que l’on
travaillât sérieusement à la bannir des
écoles vaudoises, où cependant l’italien
occupe déjà une place considérable ?
Mais comme l'on l’encontre parfois
des hommes qui sont plus royalistes
que le roi, ainsi il peut arriver que
par excès de zèle et avec les meilleures
intentions du monde , l’on dépasse
quelque peu la limite de ses attributions. C’est probablement ce qui est
arrivé dans le cas dont il s’agit.
Il y aurait bien encore une autre
manière d’expliquer la sortie très vive
contre l’enseignement et contre l’usage
de la langue l'rançaise, et l’acte d’autorité par lequel M. rinspecleur voudrait mettre l’ilalien à sa place. Celle
explication pourra paraître impossible
à plus d’un, même absurde; aussi ne
la donnons-nous'pas pour certaine, mais
nous avons déjà tant vu de choses étranges que une de plus ne nous surprendrait pas excessivement. Et d’ailleurs la
charité chrétienne veut que l’on croie
le bien plutôt que de supposer le mal.
Sachant que les vaudois ont profité
de la liberté pour évangéliser l’iialie ,
mais qu’ils ne l’ont pu faire encore
que très imparfaitement à cause du
petit nombre d’ouvriers dont ils disposent, n’aurait-on pas pour but (sans
ravoueiy «ala.^va sans dû'«), dans celte
charge: a,fÄ contre fe français , de
les pouseir,dans celte j^oie et de les
coijlrMidre'iin quelque sorte à y marcher avec pte d’énergie? On les connaît assez poui’ savoir d’avance quel
(emploi ils feront avant lent de leur
connaissance plus générale et plus approfondie de la langue nationale. Ils
se hâteront de payer des dettes de reconnaissances anciennes et récentes en
faisant connaître à leurs compatriotes
cet Evangile, source de toute liberté et
de tonte prospérité durable. Ce ne sera
bientôt plas par dixaines, mais par
centaines que les vaudois compteront
leurs ouvriers, ministres et instilnleurs.
Après cela, il faut bien reconnaîire
qu’un peu de politesse ne gâterait rien
à la plus excellente inspeclion du
monde , et que les Gonsisloires qui
possèdent légalement des locaux , qui
placent et salarient les régents d'accord
avec les administrations communales ,
devraient au moins être prévenus quand
on entre chez eux. Jusqu’ici la propriété et le domicile sont inviolables.
Peut-être M. l’Inspecteur ignorail-il
les circonstances spéciales dan.s lesquelles se trouvent les écoles élémenmenlaires vaudoises.
Nous nous permetlons d’ajonler encore, et cela à l’usage de plus d’une
personne, que ce n’est jamais dans l’école et en la pré.sence des élèves que
l’on doit présenter des critiques si l’on
veut qu’elles soient profitables. Les
enfants, ne doivent pas s’imaginer qu’on
en appelle à leur jugement dans une
question de méthode ou même de discipline.
La Tour, le B mars ISÎ.'S,
Monsieur le Direcleur,
Je tue suis abstenu jusqu'à aujourd’hui de vous écrire au sujet de l’état
sanitaire de la Tour. Mais un plus
long silence serait, de ma pari, peu
sage, en présence des exagérations qui
ont cours et de la panique qui s’est
produite. Des journaux ont parlé d’une
épidémie qui fait des ravages e d’une
fièvre lypojidc compliquée de pielite vérole noire. Je ne veux en rien diminuQr la gravité du mal, mais je désire
le réiluire à ses vraies proportions. Et
d’abord, je me hâte de vous dire que,
grâces a Dieu, nous n’avons pas eu
jusqu’ici un seul cas de maladie grave,
provenant de ce qu’on appelle l’épidé«iie, ni dans notre collège, ni dans
notre école normale , ni dans notre
école supérieure de jeunes filles, ni
dans noire orphelinai; ainsi sur plus
de 200 personnes appartenant à celle
classe, pas une seide n’a été atteinte.
Cela devrait rassurer les parents et les
amis de nos élèves.
Ce qui a contribué à pi'oduire la
plus lâcheuse impression, et à répandre
l’alarme, c’est la mort du vicaire de la
paroisse catholique , celle du docleur
Malan e( la malaaie du professeur Laura
de ïiiriu , membre d’une Commission
3
LB TÊNÔiN
90
«nvoyée à Ja Tour pour éludier:la.cause
du mal. Le fait est que l’épidémie« si
c’en est une, est limilée jiisqu’iGi à la
classe ouvrière, à l’excefdion des personnes que je viens de nommer, lesquelles , par leur profession, ont été
particulièremenl en contact avec les
malades. Je l’ai dit et je le répété, je
ne veux pas diminuer la ;t;i’avilé un mal,
ni en rien désapprouver les mesûres
qui ont été prise par l’Autorité provinciale; au contraire je^ne puis que les
louer et qu’exprimer le regret qu’elles
n’aient pas été prises plus tôt. — ië
crois vous avoir dit que le Sous-Préfet
avait invité le conseil Gouimunal à appeler à la Tour un médecin chargé
spécialement de donner ses soins aux
pauvres et aux ouvriers; après quelques
jour d’attente et en suite des recherches infructueuses de la Junte municipale, le Préfet a envoyé un docteur
muni de pleins pouvoirs et avec d’ordre
d’agir énergiquement. Le Docl. Ferreri
a visité les malades avec M. Voile ; a
établi de concert avec le Conseil communal un lazaret; et a choisi à cet
effet la ferme des Ayrals-Blancs avec
le consentement bienveillant de son
propiiélaire .M. le pasteur Appia. Le
chiffre des malades qui y ont éle admis
n’a pas dépassé celui de onze; c’est vous
dire que l’épidémie semble être réduite
déjà a des pi-oporlions très limitées.
Du reste le nombre des décès de toute
maladie a été pour las mois de janvier
et de féviier de 34; celui de 1873 de.
27 pour ces deux premiers mois de
l’année. C’est sept de phis en 1875. —
Si nous examinons la liste des décès
de Turin et de Milan , et si nous la
comparons à celle do la Tour où sur
une popidalion d’environ 4000 âmes,
nous en avons un tous les deux jours,
nous nous convaincions que la balance
est encore en noire faveur. Il est vrai
que le nombre des malades a été par
moments considérable et sans proportion avec celui des décés.
11 fallait un grand désordre, c’està-dire, dans le cas actuel, un état sanitaire inquiélaul, pour amener le* bon
ordni. Voilà ce qu’on entend répétei"
autour de nous. Que veul-ôn dire par
là ? Nous allons es.saycr de l’exprimer
de noire mieux.
Pour une population, en grande partie
rurale , de 12 a 13000 âmes , disséminée dans cinq ou six communes et
sur line grande étendue de territoire,
il n’existe qu’une seul médecin dont
on ne peut que reconnaître l’activité,
le zèle et le dévouement; mais même
en fatiguant deux ou trois chevaux par
jour, il ne saurait s6 procurer l’iiDiquité, et se irouver à la fois à Angrogne
quelquefois à Prarnstin, à Doby et à
la Tour. Cet état de choses est iin peu
notre faute à tous, on se refuse trop
souvent à faire les dépenses les plus
indispensables, pareeque ce sont des
dépenses. — Aussi personne ne nous
plaint des fiais que l’autorité siipé■rieiire impose à notre imprévoyance.
■—U est vrai que les riches fabricants
et les chefs d'industries qui ont, eux,
les CTos proflis,. ont, les premiers, le
devml* de songér 'à l’enfreiien et à la
santé‘de ceux qui les leur procurent,
mais le devoir des richéâ industriels
ne nous dispense pas de remplir le
nôtre. — On nous assure que ces derniers, intéressés à av<oir des ouvriers
et des ouvriers bien portant.«, font
dans ces conjonclures, je ne dis pas
des sacrifices, mkis un peu de leur
, devoir. Mais ils y ont songé trop lard;
! s’ils l’eussent fait plus tôt, ceux que
I, cela regarde, n’auraient pas imposé à
leurs ouvriers, souvent à des enfants,
i 14 heures de travail par jour, et ne
; les auraient pas, dans l’iiuérél de leur
marehandise, privés d’aii’ pur. Ils se
seraient aussi demandé eux et d’autres,
s’il y a à La Tour et aux environs des
' logements suiBsants, ou si, à leur défaut, leurs ouvriers ne sont pas obligés
de grouiller dans de vrais clienils,
dormant quatre ou cinq dans le même
lit, et souvent sur un peu de paille
fétide et pourrie. C’est une belle choseqiie le devéloupeinent de rindiislrio,
mais si ce developpeinenl est au détriment de la santé, de la vie et de
la moralité, si nous ne sommes pas
prêts pour en faire noire profil , il
vaudrait mieux le ralentir jusqu’à ce
que nousfussions dans des circonstances
plus favorables. Nous manquons de
logements pour nos ouvriers; c’est là,
avec la malpropreté et les autres misères qui en sont les tristes compagnes,
l’une des causes principales de la crise
par laquelle nous passons.
Une circostance qui vient à l’appui
de ce que j’avance, c’est que au nombre des personnes nlleiiihis par la maladie , il y en a que très peu qui
apparliennenl à l’ancienne population
de la Tour, qui a des logeuieiils; presque toutes y sont élraiigéie.s. — Le
loyer de l’infection était au coiiimenceraent dans une de nos fabriques ;
de là le mal s’esl étendu (hms le bourg,
aux Appiols, jusque d.aris J’ilôpilal
de Lnserne et dans les hameaux de la
campagne. — Car si ce typhus ii’esl
pas une épidémie, il est tiès contagieux
et c’est ainsi que, dans les circonstances
défavorables où se Iroiivi; ttoire population ouvrière, il s’csl pio(iagé de l’un
à l’antre. De là la nécessité d’isoler les
malades dans un lazaret, comme on
l’a fait.
Je suis heureux de pouvoir alTlriner
que l’on n’a pas été insensible au
malheur. Les cœurs se sont ouverts;
non seuiemenl les chefs-de fabrique,
mais le conseil, et les particuliers ont
délié les cordons de la bourse. Le
Consistoire Vaudois a fait au temple
une collecte pour les malades catholiques, la Société de travail des dames
en faveur des pauvres a voté fr. 200;
tout cela est quelque chose; l’aulorilé
supérieure s’esl alarmée et a pourvu
Mais il aurait été plus lioiiorable que
nous eussions pourvu nous-mêmes; il
aurait fallu pour cela plus de prévoyance, et ])Jiis de générosité. Quoique
Le Témoin ne soit plus un journal qui
s’occupe des inléi’êts matériels des Vallées. je me permettrai, si vons le vouiez oten ; de vous envoyer encore d’autres communications de ce genre,
pareeque, ainsi oiie j’aurai l'oecaeion
de le montrer, tes intérêts matériels
sont iniiméinent liés ici avec les intérêts moraux et religieux.
Agréez, Monsieur le Directeur, mes
salutations respectueuses.. e. m.
Lfl TYPHUS
Quoique inexpert à traiter, avec
l’autorité et la logique nécessaires, un sujet de cette importance
et sentant instinctivement qn'il y
a toujours un certaiu danger à
proposer une idée neuve à l’examen
et à la critique du public, je ne puis
toutefois ne pas lui en soumettre
une qui me travaille depuis bien
longtemps et qui est d’une grande
actualité dans les tristes circonstances où nous sommes. En attendant qu’une plume plus éloquente
que la mienne propose quelque
chose de mieux, veuillez , M. le
Rédacteur, accorder l’hospitalité
à ces quelques lignes qui n’ont
d’autre but que de nous amener
à réfléchir au meilleur moyen d’isoler et de vaincre la maladie,
redoutable qui sévit en ce moment.
Comme vous le savez, M. le
Rédacteur, nous avons été et nous
sommes encore travaillés par une
maladie contagieuse qui a moissonné parmi nous de nombreuses
existences parmi lesquelles plusieurs fort précieuses. — Ce qu'il
y a de triste c’est que les adininistralions locales et les établissement de bienfaisance sont impuissants à tronquer le mal dans sa
racine et cela par la raison bien
simple qu’ils ne sont pas préparés
à le combattre dès son apparition.
Il est évident, que si l'on pouvait immédiatement isoler les cas
de maladies contagieuses, ou épidémiques , le mal pourrait être limité et. combattu , tandis que si
l’on n'y porte un prompt remède
la contagion s’étend sourdement,
mais d une manière d’autant plus
sûre, pour éclater tout à coup avec
une violence telle qu'il devient
difficile de la vaincre. Nous devons
eu outre ne pas nous dissimuler
que plus nous avancerons et plus
nous serons sujets à voir se re-
4
40
LE TÉMOIN
nouveler nos apj^isses;' que lè
fléau s’appelle typhuspetite vérole , choléra etc. peu (importe,
rennemi ne cessera de frapper
périodiquement à nos portes; il
s'agit donc de "^'Ip corobàttre et
surtout de le combattre à temps.
Plusieurs considérations plaident en faveur de mes craintes,
qui ne sont malheureusement que
trop justifiées par l’expérience
du passé et il serait inutile de
se faire des illusions à cet égard.
S’il est fort important de s’occuper, comme on le fait, à rechercher les causes premières du mal,
je crois pour le moment que cette
étude nous mènerait trop loin que
les moyens proposés demanderaient, pour être mis en pratique,
beaucoup de temps et d’ argent.
Pendant que ce travail important
s’effectue , n' est-il pas tout aussi
urgent de pourvoir au présent? Le
développement que semble devoir
prendre l’industrie de notre pays
ne nous fait-il pas une loi de songer avec tout le sérieux et l'énergie
voulue à sauvergarder notre population et surtout la classe ouvrière
des suites désastreuses qu’une agglomération de personnes dans des
Jogements insuffisants, peut et doit,
à un momdhtdonné, produire?
Mon idée serait donc de choisir
une localité reconnue des plus salubres et commodes pour 'y établir
une vaste infirmerie avec quelques
chambres pour le personnel de service. Je dis infirmerie et non hôpital, car l’hôpital est permanent
l’infirmerie ne serait que tempo
raire et pour des cas spéciaux
Elle serait construite dans les meil
leures conditions possibles d’éco
nomie et d’hygiène. Elle n'aurait
qu’un rez-de-chaussée, avec dépendances à côté et une pharmacie
élémentaire où 1’ on pourrait, en
cas de besoin, faire certaines préparations et avoir sous la main
les médicaments les plus nécessaires. Tout dans l’établissement
serait organisé de manière que
l’on pût, à un moment donné,
et sans perte de temps, offrir un
refuge et des soins à une grande
quantité de malades et isoler ainsi
la maladie dès son apparition. En
outre mon projet me paraît avoir
ceci de bbn ; C’est qu’il est ;
1° Le plus pratique;
^ Qu’ il sauvegardertrt le
roieul la‘Vesponsabilité des administratioDs et des patrons d’usines;
3” Qu’il assurerait à la classe
ouvrière des soins immédiats.
4® Qu’il rassurerait là population ;
5° Qu’à tout prendre il serait
le plus économique.
Quant aux moyens d’établir et
d'amministrer celle infirmerie ainsi
qu’ à sa direction , Jb crois que
tous ceux qui y ont un intérêt
devraient y concourir sur les bases
reconnues les plus équitables: en
premier lieu les deux communes
de la Tour Pélis et de LuserneS‘ Jean, ensuite tous les établissements industriels suivant le nombre des ouvriers qu’il emploient.
Je vois d'ici errer sur plus d’une
bouche un sourire ironique. A
ceux-là je dirai simplement : Proposez-uiieux et je me rangerai à
votre avis. Aux hommes de cœur
et de bonne volonté, je ne propose que ceci : essayons ; formons
un Comité et éludions ce qu’il y a
à faire. Si j’obtiens ce résultat,
mon but sera en partie atteint;
si non, je me verrai forcé de me
dire avec douleur , qu’ il règue
parmi nous une maladie bien plus
sérieuse que le typhus et bien
plus incurable que la phlysie, à
savoir Vindifférence.
IftcDue politique
MtnUe. — La Chambre a adopté le
projet de vente de 27 de nos vaisseaux
pai’151 voix contre 110. Le produit en
sera employé entièrement au profit de
notre marine.
Le Sénat a continué la discussion du
code pénal. Quelques journaux ont
porté l’attention du public sur la teneur
de l’article 15J conçu en ces termes.
«Quiconque fait injure, soit par des
paroles, soit pai- des actes à la Religion
de rClal ou à louteanlre religion dont le
culte est admis dans l'Etat, est piiiii par
la délenlion de 4 moisà un an et par une
amendepo uvant s'élever à francs mille».
«Quand l’outrage est fait par le
moyen de la presse la détention ne peut
dépasser trois mois». Gel article n’a pas
encore été discuté. Ce qui surprend
c’est le terme «religion de l’Ktal», mais
le mot est dans le Statut ; ce (|iii inquiète
c’est le ternie û'oHiraijc qui ne saurait
être délùii d!one manière trop exacte et
précisé.
Æitrnmmgnm. — Une nouvelle Encyclique du pape ou une nouvelle bulle
en réponse à des plaintes de l'archevêque
de Cologne a produit un grand émoi en
.\llemagne. Pie IX y pousse les évêques ,
les écclésiastiqiies et les fidèles à la désobéissance aux lois et aux institutions
de l’Etat. Aussi là Germania qui a publié celle pièce a-t-elle été séquestrée.
Les jotirnaiix assurent que le gouvernement allemand répondra à celte provocation par des mesures de plus grande
rigueur. Une lutte à mort est engagée,
et nous comprenons que Bismark, une
fois entré dans cette voie, ne saurait reculer et céder.
Parmi ces mesures on on cite une qui
nous intéresse spécialernent. On assure
que le gouvernement impérial se propose de demander à notre gouvernement
si la loi des garanties accordées an pape
va jusqu’à permettre au chef de l’Eglise
calholiqiie de prêcher la révolution chez
autrui. Cellejdeinande serait faite en voie
officieuse et amicale. On en prévoit la
réponse. Ce qu’il y a de certain, c’est
que si Bismark gouvernail à Rome, le
Pape pourrait se plaindre avec plus de
raison de n’être pas libre. — On assure en outre que le Gouvernement
prussien a V intention de rélablir le
placet royal pour raulorisalion de toutes les mesures prises par Rome concernant l’église catholique en Allemagne
et de supprimer la correspondance officielle des évêques avec Rome. — Enfin
les prêtres et les autres fonctionnaires
suspects seront mis en mesure de déclarer explicitement s’ils veulent reconnaître les lois de l’Etat et s’y soumettre,
ou leur désobéir comme le veut la nouvelle Encyclique.
Bismark, mécontent du trop de bruit
qu’on a fait sur sa maladie et sur sa
démission probable, se relire en congé
a Warzin et renvoie toute décision à
l’automne .prochain.
SOU^KIPTION
POUR UN MONUMENT À LA. MEMOIRE
DO nor.T. nil.^RLES M.^LaN
Montant'lu la lUtij précéJeiUa L 174
Madame Beclivvilh .... » 20
James M Bruce...................» 10
M. et Madame G. F. Muller . » 10
Antoine Gay.....................• 2
Madame Ad. Voile .... » 5
.Mademoiselle L. Biolley . » 1
Mad. Marg. Melile et sa famille » 5
Pasteur Davyt...................» 5
Tütai.
L. “212
F.rnest Robert, Cérant et Administniteiir.
l’igMProl, Impr. C.hianlore et Mascarelli.