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sixième année.
N. 39.
29 Septembre 1871.
L’ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de ia Famille Vaudoise.
Que toutes les choses qui août véritable.^. ocoupeot
vos pensées — ( PAt/ippiens., IV. 8.)
pBix d'abonnbmeit :
Italie, k domicile (unan)Fr. 3
Suisse....................«5
Fran«*e................» 6
A ...........................
Angleterre , Pays-Bas • 8
Tn numéro séparé : 5 cent.
Un numéro arriéré ; ÎOcent.
BOREADX d'aBONNEMENT
ToRRR-PEf.r.iCE : Via Maestra.
N.42. (Agenzìa bibliografica)
PiONRRor. : /. Chiantore Impr.
Turin :J.X via Lagrange
près lo N. 22.
Fi.orenck : Librerìa Evange-^
(tea. via de'Panzani.
ANNONCES : 5 cent. la ligo#
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S'adresser pour l’administration
au Bureau d Torr,e-PelUce,
via Maestra N. 42 — pour la
rédaction : à Mr. E. Malan
Prof * Ò. Torre-Pelice.
Sommaire.
Evangélisation — Réforme de l'Eglise catholique. — Variétés. — Chronique politique.
®0angélbatton.
Nous lisons dans le N. 38 de
L’Eglise Libre sur l’Evangélisation
de la France des observations si
justes et tellement appropriées à
notre pays, à notre Eglise, â nos
paroisses, à nos stations, et, disons-le, à nos pasteurs et ministres
en partie et à nos évangélistes, que
nous croyons utile de les reproduire afin que chacun en prenne
sa part ou du moins réfléchisse
sur ce sujet important , en en
faisant l’application à nous mêmes
et à nos œuvres. « 11 est certain
» d’abord quô l’esprit missionnaire
• fait défaut chez nombre de nos
» Eglises; elles oublient le peuple
» qui les entoure; et tandis que
» Paul eût désiré d’être anathème,
» maudit pour le salut de ses frères,
• les Israélites, ses parents, selon
■ la chair, nous voyons, sans èn
• avoir le eœar navré:, nos conoi
toyens, notre malheureuse nation
privée de Dieu et d’espérance.
Regardez: voici une pauvre petite Eglise rongée depuis dix ans
par une querelle de dogme, de
principes? Non, par une querelle
personnelle. Les uns sont partisans de Monsieur A; les autres
de Monsieur B. Celui-ci est un
chrétien avancé, mais il ne vient
plus au culte. On dépense son
ardeur dans des intrigues et des
luttes misérables. Pendant ce
temps, le grand flôt qui entraîne
les peuples vers l’éternité roule
sans cesse et il rapproche chaque
jour de l’abîme les multitudes
matérialistes et ignorantes.... Que
m’importe? j’ai obtenu que M. le
pasteur un tel donnât sa démission !
• Ailleurs, voici une centaine de
chrétiens éclairés, instruits, fermes de doctrine et de convictions , tous entassés dans la même
I ville. Sans doute ils vont rayonner, clair flambeau, sur toute
la contrée d’alentour ? Point :
dans une salle vous trouverez
vingt membres d’uue petite église
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qui se re'unissent eatr’eux; depuis longtemps ils n’ont pas vu
de nouveaux visages, et il n’y
songent même plus. A quatre
pas de là, un groupe de quinze
plymouthistes, séparés d’un autre
groupe de dix, parceque .ceux-ci
ont communié avec des gens
qui ne tiennent pas M. Newton
pour convaincu d’hérésie. Un
peu plus loin, voici douze méthodistes. Quand un de ces excellents chrétiens passe d’un
groupe à l’autre, c’est un événement notable, dont les uns
s’affligent, les autres se réjouissent.... Pendant ce temps un peuple de trente-six millions d’âmes
demeure assis dans les ténèbres
et dans l’ombre de la mort ; et
il est à quelques lieues de là de
vastes communes qui jamais n’ouïrent l’Evangile, et des départements entiers qui ne possèdent
pas une seule station missionnaire.
« Il y a donc quelque chose à
faire, cela est évident.
« Les églises, et nous ajoutons
nos stations devenues des églises
ou de petites paroisses arrangées
trop souvent pour le repos, la
conservation, si non le sommeil-,
devraient s’organiser pour le
combat, la propagande et la conquête. Bien des pasteurs (et des
évangélistes), instruits, fidèles,
habitués à manier la parole, devraient être las de leur vieil auditoire de cinquante personnes,
toujours le même, engourdi et
paralysé. Ahî que ne <ionnentils, seulement teus les mois, dans
un éndrorit nouveau^ un de ces discours que leur oongrégatiou endoïwie «’écoute plua! N'o traient
» ils pu, en vingt-ans, former un
» ou deux anciens capables de les
» remplacer, tandis qu’eux mêmes
» iraient prêcher ailleurs? Gela
» serait facile et ne coûterait rien
» de plus. N’y aurait-il pas moyen,
■ sans refuser à l’ouvrier du Sei• gneur le salaire dont il est digne,
» de faire plus de choses avec
» moins d’argent ?
« Otez le pasteur de là où les
■> sources d’édification abondent,
» et mettez-le où il n’y a rien ».
Ces observations, nous l’avons
dit, s’adressent à la France, mais
ne pourrions nous pas en faire notre
profit? Combien n’avons nous pas
de petites stations presque, (ou
sans presque) stationnaires depuis
nombre d’années, lesquelles occupent un évangéliste très capable
qui pourrait, par sa prédication,
porter plus de fruits ailleurs !
De la Réforme de l’Église catholiqne
La Gazzeita di Torino a publié
depuis le commencement de ce
mois une série d’articles, sous le
titre de Indirizzo al clero ’piemontese, du comte G. B. Michelini
député au Parlement. Cette adresse
a pour but d’engager le clergé
piémontais à se faire en Italie,
avec la société nationale émancipatrice du sacerdoce italien de
Naples, qui a pour organe l’Æ'mancipatore cattolico, l’initiateur
de la réforme de l’Eglise, sur les
traces du père- Hyacinthe et du
chanoine Dôllinger. Le noble auteur proteste de vouloir feire une
œuvre sérieuse et^ d'après tout
ce q[ue nous en avons lu, nous le
creyeas volontiers î 41-se prononce
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avec force* contre lés décisions du
dernier concile et « contre le catholicisme papal, qui est l’œuvre
du jésuitisme et que désapprouvent non seulement les rationalistes
et les déistes et ceux qui, dans
leur foi intérieure, ne sont pas catholiques, quoiqu’ils aient reçu le
baptême, (car, dit-il, le nombre
des incrédules est plus grand dans
le catholicisme que dans les autres confessions chrétiennes), mais
encore beaucoup de catholiques
sincères ».— Voici comment l’auteur caractérise cette religion papale dont il ne veut pas : « c’est
» une religion qui sent le paganis» me par ses idolâtries , qui par
» son intolérance du moyen-âge,
» que les prêtres voudraient ressu* sciter, ressemble au mahométis» me et même rappelle la religion
» d’Odin, professée par les barbares
» envahisseurs de l’Europe; il ne
» veut pas d’une religion dont le
» but est la caste sacerdotale à la» quelle on veut conserver les pri» vilèges usurpés dans des temps
» d’ignorance , incompatibles avec
» l’égalité civile; à cette religion
» il faut substituer une religion
» de charité, (nous ajoutons une
» religion de vérité) une religion
» spirituelle, qui de la terre élève
» les croyants vers le ciel, qui ne
» se contente pas de vaines for» mules ». Pourquoi l’auteur craintil de dire le mot, l'Evangile, seul
capable de changer les cœurs et
la vie tout entière, de bannir
l’impureté, la paresse et tous les
autres vices qui sont fomentés et
nourris par la superstition et par
l’erreur ?
Le clergé italien répondra-t-il,
demandé l’auteur r à l’appel des
allemands ou plutôt s’emploierat-il à la réforme du catholicisme ?
« Moralité , science , sentiments
» libéraux : tels devraient être les
» qualités du clergé. Or sous ces
» trois aspects, parlant en général,
» le clergé protestant est supérieur
» au clergé catholique ; mais il
» l’est surtout par ses sentiments
» libéraux , n’étant pas condamné
» à faire continuellement la guerre
» aux laïques. Si dans les pays
» protestants où il y a une église
. dominante reconnue par le gou» vernement et unie à lui, comme
» l’Eglise épiscopale en Angleterre,
» l’Eglise presbytérienne établie
» en Ecosse ( système destiné à
» disparaître un peu à la fois par» tout et de la disparition duquel
» existent déjà des signes précur» seurs dans les deux pays sus
» mentionnés, quelque attachés
» qu’ils soient aux anciens usages)
» le clergé n’est pas très libéral,
» il l’est cependant beaucoup plus
» que la grande majorité du clergé
» catholique ». — L’auteur passe
en revue les clergés catholiques
des différents pays; il place au
bas de l’échelle pour l’instruction
celui d’Espagne et des républiques
de l’Amérique du Sud; celui de
France est plus instruit et plus
moral, mais , depuis l’abolition
de l’Eglise gallicane, il est encore
moins libéral. Celui de la Belgique ressemble assez à celui de
France, mais le voisinage de la
protestante Hollande n’a pas eu
sur lui l’influence qu’a eu le protestantisme allemand sur le clergé
catholique de ce pays, le premier
pour la science, pour le libéralisme
et pour la moralité. — Quant au
clergé italien, le comte Michelini
4
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le croit inférieur au clergé français
pour la science et la moralité,
mais les prêtres libéraux sont
moins rares dans son soin. • Un
» des clergés d’Italie et peut-être
• de tout le catholicisme le plus
• moral, le plus instruit et le plus
» libéral, c’est le clergé lombard,
» lequel se souvenant des maximes
" de l’Empereur Joseph d’Autriche
» enseignées et défendues par Tarn» burini et par d’autres hommes
» illustres, soutenues par l’Arche
• vêque Rairusck, si différent de
» son successeur Romilli, n’ignore
» pas que l’organisation primitive
» de l’Eglise était démocratique
» et que la religion et la liberté
• non seulement ne sont pas op» posées, mais s’harmonisent par« faitement ». Il en a été de même
en Toscane sous le Granduc Léopold qui eut à lutter contre le
pape Pie VI et qui trouva un précieux concours dans Ricci, évêque
de Prato et de Pistoia et dans une
bonne partie du clergé toscan.
Mais le clergé de ce pays ne s’est
pas maintenu fidèle aux principes
libéraux, comme le clergé lombard, 11 invita les prêtres de beaucoup d’autres contrées qui se
rapprochèrent du pape, quand ils
virent les gouvernements se prononcer pour la liberté ;ies cultes.
• Si le clergé piémoiitais est in» férieur au clergé lombard, il est
• de beaucoup supérieur au romain
> et au napolitain. Dans ce pays
» les doctrines ultramontaines li’ont
» certainement pas manqué de dé
• fensenrs fanatiques . e/ nous en
■ savons quelque chose, mais il y a
» eu anssi des hommes désinté.»^ ressés. indépendants , instruits
»-et religieux qui les ont fepous
» sées et condamnées ». L*éuteur
rappelle que l’Université de Turin
a toujours soutenu l’indépendance
de l’Etat, et si Charles Emmanuel 111 et son ministre Bogino
n’ont pas eu la largeur de vues
et la générosité de caractère des
deux princes de la maison de
Lorraine , nommés plus haut et de
leurs ministres, ils ont cependant
introduit bien des réformes en
Piémont et en Sardaigne et ils
ont su préserver, aidés par le
clergé, l’autorité temporelle contre
les usurpations de Rome. Le successeur de Charles Emmanuel,Victor Araédée III, fut plus faible encore; il n’aimait pas les prêtres,
mais il ne voulait pas lutter avec
eux. En général le clergé italien
est ennemi des idées libérales; il
ne le nie pas, au contraire il s’en
glorifie. « Mais, demande le comte
» Michelini, comment les hommes
» qui professent l’Evangile peu*
» vent-ils ne pas être libéraux. La
• chose s’explique facilement: si
» le christianisme leur impose d’ê» tre libéraux , la religion qu’ils
» professent, qui est celle du pape,
» et du clergé, leur impose le
» contraire. Christ et la liberté
» voudraient que le gouvernement
» spirituel de l'Eglise fût popu» laire, que les laïques y eussent
» leur part. Le pape au contraire
■ veut dominer seul et concentrer
> en lui tout le pouvoir spirituel.
» Les fidèles, et surtout les fem» mes'en très grand nombre, n’ap
> partiennent pas à la religion de
» Christ, mais à celle du pape ;
> lesautres sont indifférents et lais» sent couler l’eau par le plus
» bas ».
L'auteur fait une rapide excur-
5
-300
sion sur le terrain de l’histoire de
l’Eglise et fait voir combien de
persécutions a suscitées le clergé,
surtout depuis la réforme. <■ C’est
» aussi à Rome, dit-il, que les
» vaudois des vallées de Luserne,
» de Pérouse et de Saint Martin
» sont redevables des persécutions
» qu’ils eurent à endurer. Car la
» maison de Savoie, entre toutes
» les maisons catholiques régnan» tes, fut une des moins intolé» rantes. Quand elle persécuta, ce
» fut par la pression de Rome ou
» d’alliés fanatiques , et en vertu
• de l’alliance inhumaine entre le
• trône et l’autel contre les peu» pies, justement condamnée par
• Dante par un nom que la pudeur
» du langage moderne nous défend
» de prononcer ».
L’auteur cite à l'appui de son
assertion des faits tirés de l'histoire
vaudoise, principalement les persécutions de Charles Emmanuel I
à la fin du seizième siècle et
celles de Victor Amédée à la fin
du 17“. « La réforme, continuet-il , a séparé de l’Eglise catholique tout le nord continental de
l'Europe, l’Angleterre et l'Ecosse.
Sontrestées catholiques l’Espagne
l'Italie et la France, malgré les
tentatives qui y furent faites,
surtout dans ce dernier pays.
Laissant maintenant de coté les
opinions religieuses que chacun
garde dans son for intérieur,
depuis près de trois siècles l’état
religieux apparent, je dirais officiel , n’a subi que de légères
mutations ; des individus ont
changé, mais non les peuples.
Les pays qui professaient le protestantisme à la fin du 17* siècle
• le professent encore et il ne
» s’est pas étendu à d’autres ».
11 faut en rechercher la cause
dans l'indifférence religieuse qui
a prévalu après les luttes de la
Réformalion.
« .... C’est par les supplices,
du reste, que l’Eglise romaine
a empêché les Espagnols . les
Français et les Italiens de devenir protestants, mais elle no
les a pas empêchés de perdre
toute religion. Ce fut un immense
malheur pour ces nations, c'està-dire pour la race latine; mais
le clergé a conservé ses privilèges dans les pays restés catholiques; il les aurait perdus, s’ils
étaient devenus protestants. C'est
là précisément ce qu’il voulait;
car la religion lui importe peu,
quand elle ne profite pas à son
avarice et à son ambition. Au
contraire dans les pays qui em
• brassèrent la Réforme, la foi
fut ravivée et les mœurs s’améliorèrent.
» Les nations protestantes non
seulement surpassent en moralité
les nations catholiques, mais encore en énergie, en amour de
la liberté et en d’autres vertus,
et par conséquent aussi en prospérité matérielle. Ainsi, celle de
l’Angleterre ne commença que
sous le règne d'Elisabeth, c’està-dire quand le protestantisme
prévalut sur le catholicisme.
Tant il est vrai que le catholicisme papal n’est bon ni pour le
ciel ni pour la terre ».
C’est par de telles considéra'tîons et par beaucoup'' d’autres
tirées, soit de l’histoire, soit du
raisonnement que le'comte Michelini cherche à engager le clergé
6
-3flO
du Piémont à sortir du catholicisme des Jésuites, de la religion
du pape infaillible, pour se ranger
du côté des «anciens catholiques ».
Sa voix sera-t-elle entendue? Nous
en doutons. Tout le haut clergé
de notre pays a accepté le dogme
de l’infaillibité, le syllabus et tout
ce qui s’y rattache; le bas clergé,
à part peut-être quelques timides
exceptions , obéit au haut clergé,
le peuple des campagnes ne voit
que par les yeux des curés; les
personnes instruites sont en grande
partie au moins indifférentes pour
les questions religieuses. Aussi
avons nous recueilli avec d’autant
plus de satisfaction cette protestation sérieuse mais isolée, et entendu avec intérêt et sympathie
cette voix « dans le désert ».
©artitia.
Instr-ixctlon pn'bllqtxie. A propos du Congrès pédagogique de Naples,
nous lisons dans VItalie:
François F, empereur d’Autriohe, visitant l’Université de Pavie en 1825, dit au
corps des professeurs qui l’entouraient et
le complimentaient : « Messieurs, je préfère
que vous me fassiez de bons sujets, plutôt que de profonds docteurs ». Ce mot
qui est rigoureusement historique ne manque pas d’un' grand sens pratique, si l’on
se place au point de vue (peu libéral) de
qui l’a.prononcé. Les temps sont changés;
toutefois nous sommes tentés d’adopter,
sauf à modifler quelques paroles, le conseil de l’empereur d’Autriche, et du l’adresser aux membres dü Congrès’ péda*gogique réuni ài Naples. Nous voudrions
leur diru; «Messieurs, nous préférons que
vous fusiez de bons citoyens plutôt que
des savants ».
Le pays entier pense comme nOus à cet
égard. En Italie, depuis dix ans, on ne
songe à faire'dé nos enfauts que des* en
cyclopédistes ; on veut qu’ils sachent tout
à l’âge de 15 ans ; et la conséquence inévitable du système en vigueur, c’est de
convertir nos écoles en une fabrique d’ignorants. Dix années de ce système ont
déjà produit de déplorables effets; dans
dix ans encore, si nous continuons ainsi,
nous aurons formé une génération d’idiots
déguisés en savants. C’est un triste avenir
que l’Italie se prépare, en croyant développer l’instruction populaire.
Nous savons fort bien qu’une grande
partie des défauts que nous déplorons ne
sont imputables ni à la pédagogie en général , ni au corps enseignant en particulier ; car la méthode d’enseignement n’est
pas, à proprement parler, la même chose
que le système ou le programme des études ; aussi notre intention n’est-elle pas
de dire que les maîtres soient coupables :
au contraire , nous voulons les prendre
pour juges. Ils possèdent eu.v l’expérience
qui résulte des faits qui se renouvellent
constamment sous les yeux, et cette expérience doit nécessairement leur donner
à la fois le courage de parler et le droit
d’être écoutés.
Il faut changer de système, il faut que
l’enseignement scolaire soit réglé de façon
à ce quel, sans fermer la voie à qui veut
devenir savant et spécialiste, il tende surtout à généraliser cette instruction dont
tout le monde a besoin dans la vie. Qui
voudra s’élever dans les régions de la
science, trouvera la science ailleurs.
Il est de mode aiqourd’hui de citer,
comme exemple, la culture allemande;
mais ceux qui l’invoquent se font une
étrange illusion, s’ils croient que les 40
millions d’allemands sont autant de savants. C’est l’instruction élémentaire qui
est généralement répandue en Allemagne.
tj© JoAne féd-éral en Suisse.
Tout acte religieux doit être volontaire et
personnel ; le culte selon l’Evangile est
un culte en esprit et on vérité. Aussi y
a-t-îl quelque chose de choqjipnt dans
l’idée d’un jeûne décrété par des autorités
civiles et politiques. Cette ré'serve faite,
nous reproduisons l’ordre suivant du Conseil d’Etat de Genève à l’occasion du
jeûne fédéral :
7
-311
Chers citoyens,
La célébratioa de la solennité du jeûne
fédéral a été fixée pour toute la Suisse à
dimanche 17 septembre.
Les événements extraordinaires qui,
durant ie cours de cette année, ont ému
et agité l’Europe entière, les luttes terribles qui nous ont enfermés comme dans
un cercle, sans nous atteindre, la neutralité de la Suisse, confirmée par des faits
qui nous out fourni en même temps, l’occasion d’adoucir quelques disgrâces dérivant de la guerre, la paix et la prospérité
publiques maintenues au milieu de cette
formidable crise, sont autant de bienfaits
qui, resserrant toujours plus les liens qui
unissent les divers membres de la Confédération, doivent provoquer un élan do
gratitude vers Dieu. Si nous considérons
plus particulièrement la situation de notre
petite république, il nous est permis de
constater que, malgré l’importance des
questions qui s’agitent au milieu de nous,
il existe entre les citoyens un esprit de
rapprochement que le Conseil d’Etat est
heureux de signaler.
Hâtons nous donc de répondre à l’appel
qui nous est adressé par le Conseil fédéral et efforçons-nous, par notre conduite,
de nous rendre dignes des bienfaits que
Dieu no cesse de répandre sur notre patrie.
Pour le Conseil d’Etat
Le Chanc. Vignet.
Chronique politique.
Turin. Pendant les fêtes de Turin
la statue de Paléocapa, a été découverte
et VEneposition des échantillons au Musée
industriel a été inaugurée. — Un incendie
terrible qui a duré près de 48 heures a
réduit en cendre les magasins de boisages
de la scierie Ferrato, dans le bourg de S‘
Sauveur à Turin et trois antres palais;
les maisons voisines ont été plus ou moins
endommagées. Les personnes ont pu être
sauvées, mais l’on a à déplorer des blessures plus ou moins graves et peut-être
la mort 4’un garde de sûreté publique.
On ignore encore les causes do ce désas'
tre; l’on croit que la perte matérielle sera
do plus d’un million. Bien des familles
sont sans toit et sans ressources. Une
souscription initiée par la Gazzelta Piemontese et poursuivie par d’autres journaux
a pour but de venir au secours des plus
pauvres.
A propos du percement du mont Fréjus,
nous extrayons d’un article du Times:
« L’œuvre fait un très grand honneur
à l’habileté et à l’énergie des Italiens, car
il ne faut pas oublier qu’elle est due à
leur initiative et qu’elle fut accomplie par
leur génie et par leur persévérance. Commencé en 1857 par le petit Etat qui devait
devenir le royaume d’Italie, comme moyeu
de communication entre la Savoie et le
Piémont elle fut poursuivie par l’Etat italien,
quoique la France ait contribué aux frais.
Le résultat est une preuve splendide de
l’énergie intellectuelle et physique des
italiens. N’étant plus comprimée par l’ancien despotisme, cette contrée renaît à
cette vie prospère qui la mettra au premier
rang des nations. Le peuple qui sait concevoir et exécuter avec une promptitude
inattendue une œuvre comme le percement des Alpes se montre capable de touto
entreprise que les temps puissent exiger
et suggérer. Si les Alpes ne sont plus pour
elle un obstacle, on ne sait quoi autre
elle ne pourra surmonter.
» Les avantages que l’on obtiendra de
cette entreprise seronteertainementgrands
et la galerie est une œuvre politique et
commerciale , non moins qu’un beau
résultat de la science des ingénieurs ».
IVaples. Le Congrès pédagogique a
été clos le 22 courant. Le prochain congrès
sera convoqué à Venise.
F*arls. Le célèbre Rochefort a été
condamné à la déportation dans une enceinte fortifiée. — Le roi d’Epagne a conféré à Thiers la croix de la Toison d’or.
Solexxre. Le 18 septembre dernier
a eu lieu dans cette ville le congrès des
délégués des v Vieux catholiques » de la
Suisse. II n'en est pas sorti une Eglise
catholique dissidente ou nationale, mais
8
-312
une société qui a nommé un comité, chargé
de poursuivre l'œuvre, et qui a désigné
des rlélégués pour le Congrès de Munich
dont la société suisse attend le mot d’ordre.
Aliiiaicli. Le Congrès des « Vieux catnlii| ies» a été ouvert le 22 septembre
dernier. Plusieurs de. leurs chefs sont déjà
inscrits pour parler sur divers sujets,
comme les suivants; calhalirAHme et nationalité ; de l'élément allemand dans le mouvement catholique: de la justification de
l'expulsion des Jésuites de l'Allemagne ; tableau de l'Eglise chrétienne primilice. Les
députés de l'Angleterre, des Pays-Bas. de
la Suisse, de l’Autriche et de l’Italie parleront en outre sur les conditions religieuses de leurs pays respectifs. — Pourquoi n’est-il pas question de l’Evangile,
de la parole do Dieu, de la justification
par la foi? C’est que, répond .M. Burnier
dans le Chrétien écangéiique, il y a parmi
ces « vieux catholiques » bon nombre de
libres penseurs. Quant aux hommes de foi,
ils sont et veulent rester catholiques. Ne
leur parlez pas de prendre pour unique
et suprême règle les Ecritures de Dieu,
c’est à leurs yeux du calvinisme; il leur
faut de plus l'autorité de la tradition ecclésiastique dans une certaine mesure. Ne
leur parlez pas non plus du dogme fondamental de la justification par la foi,
c’est du luthéranisme: il leur faut à côté
■de cela le mérite des œuvres. Protestants
catholiques, ils n’entendent pas avoir le
moindre rapport avec nous autres protestants évangéliques; ils s’estiment représenter la vraie tradition catholique. En
conséquence, ils se disent les vieux catholiques, donnant le nom de néocatholicisme
aux canons du dernier concile. — Mais
quoiqu’il en .soit, nous voyons apparaître
dans le monde catholique tout un parti
qui, sans se détacher du catholicisme
ancien, abjure ouvertement l’esprit de
domination absolue et de sauvage intolérance qui fut de fout temps le caractère
de ce faux christianisme.
xtome. La journée du 20 septembre
que l’on voyait arriveravecquelquecrainte
s’est pa.ssée très paisiblement à Rome.
Cependant la ville avait revêtu ses habits
de fête pour rappeler l’entrée des troupes
italiennes dans la ville papale. Les rues
étaient parcourues par une immense foule
qui se rendit en procession vers la Porta
Pia, o'u furent prononcés des discours
patriotiques. Dans l’après-midi eut lieu
une revue de la Garde Nationale et des
troupes de la garnison sous les yeux de
Ricolti ministre de la guerre. — Tout se
passa dans l’ordre le plus parfait. Une fois
de plus, le peuple de Rome s’est distingué
par son bon sens et par son excellent
esprit.
Nous ne pouvons nous empêcher de
penser que bien des personnes qui craignaient le transfert de la capitale à Rome,
sont revenus de leurs idées, et que .Massimo d’Azeglio lui-même, s'il avait pu
voir ce que nous voyons, se serait converti au sentiment de la majorité libérale
de la nation italienne.
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