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Année Sixième.
24 Décembre 1880
N. 52
LE TÉMOIN
ËCHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous me serez témoins. Aotbs ), 8, Suivant la vérité avec la cltariié. Ep. 1, 15*
PRIX D’ABBONNEMBNT PAR AN Italie . . "L- S Tous les pays de rUajon de poste ... »6 Amérique ... »9 On s'Hbonne ; I Pour l'Intérieur chez MM. les pasteurs et les libraires de 1 Torre Pellice. I Pour r£’a?iérjtei<r au Bureau d’Ad- ministration. Un ou plusieurs numéros sépa- rés, demandés avant le ti- rage 10 cent, chacun. Annonces: 25 centimes parligtie. Les envois d'argent se font par lettre recommandée ou par mandais sur le Bureau de Pe- rosa Argentina.
Pour la RÉDACTION adresser ainsi r A la Direction du Témoin, Poinaretto (Pinerolo') Italie. Pour rÀDMlNISTRATION adresser ainsi : A l'Administration du Témoin, Poiuaretto ( Pinerolo) Italie
xxira^lx'o *
Noël. — Im bazar vaudois d’Edimbourg.
— IJne circulairo boano à méditer. —
Du bat des études au Collège. — Noimelles religieuses. — Reme potUigue, — An
nonees.
Avis Important
Nos ahonoés en retard sont
instamment priés de nous faire
parvenir sans retard le montant
de leur abennernent. Il y en a
plus d’une centaine, et, pour
une petite feuille , s’imprimant
avec perte, ce n’est pas peu de
chose.
Et puisque le Témoin espère
commencer sa septième année ,
il serait fort reconnaissant si on
manifestait, avant le premier
Janvier, l’intention de le lire. Il
ne sera envoyé qu’aux abonnés.
On est prié de ‘s’abonner, le
plus possible, directement au
bureau du journal et par mandat
sur le biireâu de poste de PerosaArgentina.
NOEL
<1 Uû grand sujet de joie,»
pour qui ? Pour tout le peuple ,
dit l’ange aux bergers ; ce qui
veut dire, nous le savons de la
manière la plus certaine, tandis
que ce mystère n’a été révélé
qu'à un petit nombre de Juifs ,
pour tous les peuples de la terre.
Et si l’accomplissement de cette
parole a été si incomplet à l’égard du peuple' de la promesse,
de celui dont le Sauveur devait
être la gloire, avec quelle incroyable et désespérante lenteur
elle va s’accomplissant, depuis
dix-huit siècles, au sein des autres peuples , de ces Gentils qui
sont étrangers aux alliances et
aux promesses ?
H y a, à cette extrême lenteur dans l’avancement de la
connaissance et du règne de Jésus-Christ sur la terre, bien des
causes naturelles et providentielles que nous ne voulons pas énumérer ici; nous en indiquons une
seule , celle qui nous a été sug-
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^414^
gérée, ou rappelée par la parole
de l’Ange; Un grand sujet de joie.
Lajoie, dit-on, est contagieuse,
et conabien de fronts soucieux se
sont déridés à la vue des joyeux
ébats de l’enfance insouciante? Nous
nous permettons de demander à
ces chrétiens qui déplorent avec
raison que la vraie lumière luise
si peu et que les ténèbres régnent encore d’une manière à peu
près absolue chez la plupart des,
peuples de la terre; la venue du
Sauveur dans le monde , ou plus
exactement, son entrée dans votre
cœur , a-t-elle été pour vous un
, grand sujet de joie? Est-ce d’un
cœur joyeux et le visage rayonnant de bonheur que vous avez
donné, autour de vous cette grande
nouvelle?
Et si votre joie a été, à un certain moment, très réelle et visible,
combien de temps a-t-elle duré?
A-t-elle soutenu l’épreuve de l’affliction, des revers, ou simplement celle du temps, qui emporte
sur ses ailes autre chose encore
que la tristesse naturelle et mondaine ?
Nous avons connu de ces gens
qui parlent de l’amour de Dieu
en soupirant et de la gloire du
ciel en gémissant ; qui en grondant de leur plus grosse voix et
en s’arlîiant des plus-effrayantes
menaces de l’Ecriture , somment
le pécheur de se convertir, s’as* signant à eux-mêmes," le plus froidement du monde, une bonne place
dans le royaume des deux. Comment pourraient-ils faire aimer
l’Evangile qu’ils rendent si peu
aimable ?
La joie du salut doit non seulement durer jusqu’à la fin, mais
elle doit aller en augmentant
comme la lumière du jour nouveau , éclairé par l’Orient d'enhaut.
Parmi les recommandations que
St. Paul fait à ses chers Philippiens, il y en a une sur laquelle
il insiste tout particulièrement,
et c’est celle d’être toujours
joyeux. — » Réjouissez-vous en
notre Seigneur, je vous le dis
encore, réjouissez-vous. Lajoie de
VEternel est votre force, disait déjà.
Néhémie aux juifs, retournés de
la captivité. — C’est une joie bien
plus grande, une joie ineffable et
glorieuse celle qui est proposée au
chrétien , celle qu’il goûte dans
une mesure toujours plus grande,
proportionnée à sa foi.
Notre'joie n’est pas communicative parceqn’elle est trop timide
et trop faible, même lorsqu’elle ^
est de bon aloi. Il ne faut plus j
qu’il en soit ainsi et la source I
de la joie, source unique et in- !
tarissable, nous est encore ouverte.
Ce qui a donné la vie à notre
âme est encore ce qui la vivifie.
Allons à Bethlehem, et voyons les
grandes choses qu^ l’Ange a annoncées ; et qu’une joie nouvelle
plus abondante et plus intense
inonde notre cœur, A ce signe
nous saurons avec la plus joyeuse
certitude qu’un Sauveur nous est
né, que le Sauveur est né et qu’il
vit dans nos cœurs. Même au
milieu des plus douloureuses épreuves, quelques rayons se verront encore sur nos fronts courbés
sous la puissante main de Dieu,
— et cette joie sainte sera une
prédication plus puissante de l’Evangile, un témoignage ydus glorfeux et plus efScace rendu au
3
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Sauveur, que Ions nos plus éloquents discours et nos plus savantes conférences.
U um VAUDOiS D'EDlMBOmtG
Au momenl où nous écrivons ces
lignes, nous n'en connaissons encore
que les préliminaires tels que nous
les fournissent deux petits articles de
journaux et une courte lellre de notre
ami M'' W. Melile. Plus heureuse que
nous, la Famiglia Crisliana a dû l'ecevoir ces mêmes communications un
ou deux jours plus tôt, puisqu’elle eu
parle dans son numéro du '17 , ce
qu’il nous a été impossible de faire.
En revanche nous avons Favanlage
de lui emprunter son article et nous
le faisons sans scrupule.
Merciedi de celte semaine devait
s'ouvrir à Edimbourg, un grand bazar
destiné, à accroître le fonds que l’on
collecte aux Vallées et à l’étranger ,
pour élever le traitement très insuiïisant des pasteurs et ministres des Vallées. A la tête de cette entreprise se
trouvent un très l'iand nombre de
messieurs et de dames, vieux amis des
vaudois dans celle ville.
Le président du Comité du Bazar est
M'’ W, Ford, aussi connu que sa très
aimable compagne, pour la généreuse
amitié et liospilalité qu’ils accordent
depuis bien des années aux étudiants
et aux délégués vaudois à_EdimbourgLe local choisi est la grande Salle àa
musique (Gréai Music-Hall), de Georges Street, pouvant contenir trois mille
personnes.
Les Vaudois eux mêmes ont été invités à envoyer quelques objets à ce
bazar, et ils ont répondu A celle invitation au delà de noire aliente. En
réponse aux pressants appels de M'' W.
Medie, sept caisses, pleines d’objets
de toute espèce, ont pu être expédiées
et lui-même s’esl enfin décidé à se
rendre â l’invitation du Comité pour
diriger en personne celle partie de
l’immense bazar.
Arrivé à Edimbourg, il s’est aussitôt
mis à l’.œuvre, dimanche dernier, il a
prêché deux fois en anglais, le malin
dans l'Eglise du D. Gregor, devant une
assemblée de 3200 personnes; l’après
midi, dans l’Eglise Barclay, à un auditoire d’environ un |milliei‘ de personnes.
Lundi il a donné deux Lectures (ou
conférence la première sur rhistoire
des Vaudois, la seconde sur leswawdlo«
chez eux. Pour illustrer la première,
il avait apporté un bon nombre de
reliques des temps de persécutions,
recueillies dans les vallées et destinées
à être vendues au bazar, armes anciennes, balles et boulets, comme on
en trouve encore ça et là sur les cimes
de nos montagnes. C'est ce qu’on peut
justement appeler les arguments canoniques dont le pape se servait contre
les vaudois. M. Meille propose que
ces reliques soient achetées et déposées
au musée d’Edimbourg à côté de celles
qui rappellent les persécutions souffertes par les Caméroniens. Ce serait
vraiment dommage qu’elles fussent
dispel’sécs ! — Mais il est fort possible, et nous (c’est-à-dire le Témoin),
espérons qu’une autre idée prévaudra,
— celle émise par un membre de la
même assemblée, — savoir qu’après
avoir été achetée, môme à un bon prix,
celle collection retourne aux Vallées
et y soit conservée comme un monument de la constance de nos pères et
de la générosité de nos amis d’Ecosse.
La seconde lecture, dans laquelle
M. Meille a décrit la vie et les usages
actuels des vaudois, a également _ été
illustrée par beaucoup d’objets destinés
à être vendus au Bazar. — Les dames
qui vendront ces objets porteront le
costume vaudois.
A propos du Bazar d'Edimbourg et
de l’objet auquel son produit esl destiné, nous empruntons à l’Eglise Libre
quelques lignes de la correspondance
que lui adresse M‘‘ Ad, Monod, délégué
de rUnioh des Eglises de France auprès du Concile Fan-Presbyiérkn de
Philadelphie. « Sur le terrain pratique,.
» que n’ont pas oublié ses statuts, le
• Concile a créé un fonds pour élever
» à un minimum les traitements notoi-
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ï rement insuffisants des pasteurs des
» Vallées vaudoises ». — C’est la première mention que nous ayons lue d’un
fait aussi intéressant pour nous.
tine circulaire bouoc tk méditer
(Suite et fin).
« Je vous parlerai d’une autre chose
encore , mais brièvement, car je ne
voudrais pas vous ennuyer par beaucoup de paroles. Il y a deux ans, j’ai
cru qu’il m’était permis de dire que
nos églises étaient de celles « qui se
contentent trop facilement » , faisant
allusion au fait que l’admission d’un
petit nombre de nouveaux membres ,
suffisait pour qu’elles fussent satisfaites
de ce qu’elles avaient fait et du témoignage qu’elles avaient rendu. Permettez, chers frères, que j’insiste sur
ce sujet. Cherchez à fortifier le sentiment de la responsabilité qu’a chaque
membre de vos églises. Tous ne se
réveilleront pas de la torpeur qui est
un si grand obstacle à l’œuvre de Dieu
en Italie, mais dans chaque église il
V aura les trois cents de Gédéon; comIiattez avec ceux-là II n’y en aura pas
irois-cents, il n y en aura trente, il y en
aura trois, il y en aura un. Avec celui
là asiegez le trône des miséricordes
et demandez, demandez beaucoup au
Seigneur. Moody racontait qu’en traversant l’Atlantique pour venir en Angleterre en 1875, il ne cessa de supplier
le Seigneur de lui donner 30.000 âmes
comme fruit de son travail, et ij les
eut et en eut plus encore. Si chaque
Conseil d’FJglise au moins, persévérait
pendant toute l’année à demander, à
supplier, ah ! j’en suis sûr, aucune de
nos Eglises ne se présenterait au compte
rendu du mois de juin de l’année prochaine, sans avoir quelques gerbes à
apporter au grenier du Seigneur.
Quant à l’état financier j’en parlerai
dans une circulaire spéciale et j’arrive
directement à nos autres ouvriers.
Vous, chers instituteurs, vous avez
une mission plus modeste en apparence
mais que je considère comme ayant
une grande irnportance. Votre œuvre
peut vous paraître parfois ennuyeuse
et ingrate ; je,le crois, et je sympathise «
pleinement avec vous. Permetlez-raoi
de diriger votre attention sur un aspect
de l’œuvre qui ne laisse aucune place
à l’ennui et qui présente de belles
fleurs au milieu des épines. Je n’ai
pas besoin de vous dire que l’instruction que vous donnez à l’intelligence
de vos élèves ne doit-être ni le but
le plus élevé, ni Tunique que vous
vous proposiez. Nos écoles ne doivent
pas être de simples succursales des
écoles publiques. Former des jeunes
gens instruits et moraux, ¡c’est une ,
œuvre.très belle ; en faire des chré
tiens, c’est une œuvre sainte; et c’est
cette dernière qui est la vôtre.
Je vous considère, et je voudrais
que vous vous considérassiez vousmêmes, comme les premiers aides, les
meilleurs et |es plus efficaces du pasteur et de l’Évangéliste. Je voudrais,
qu’en sus des élèves de votre école,
vous considérassiez tous les enfants
des membres de Téglise comme spécialement confiés à vos soins, qu’il
fréquentent ou non votre école. Que
ne pouvez-vous faire (et peut-être
d’une manière plus efficace que le
pasteur), pour empêcher les jeunes
gens et les jeunes filles de se détourner du bon chemin , comme cela arrive trop souvent, hélasljLe plus souvent
ils ont été vos élèves et l’affection que
vous avez su leur inspirer pendant les
années ou les mois que vous les avez
eus à l’école , vous ouvrira en tout
temps leur cœur plus facilement qu’à
personne d’autre. Ne soyez saiiàfails
que lorsque vous aurez vu tous vos
élèves dans les bras de Christ et devenus des membres vivants de l’Eglise.
Ceci pour les élèves, évangéliques;
pour les autres qui, pour peu de temps
peut-être vous ont été confiés, avec
quel soin ne devez-vous pas profiter
de toutes les occasions pour faire pénétrer dans leurs jeunes cœurs Tamour
de ce Dieu qui les aime tant ! — Voltaire disait: « Donnez-moi un enfant
pendant les sept premières années de
sa vie, et je m’engage à en faire un
incrédule pour sa vie entière ». Le
philosophe exagérait; mais il y a du
5
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vrai dans ce tju’il dit. Prenez l’éngagemenl opposé a celui de VoUaire, el
appliquez voiis courageiiseirienl à une
oeuvre contraire. Le diable l’aurait aidé
j’en suis sûr * mais je suis plus sûr
encore que Dieu vous aidera, si vous
le lui demandez avec persévérance.
Ne vous êtes-vous Jamais dit que si
vous luttiez avec le Seigneur pour les
âmes de vos élèves, avec l’insistance el
la foi avec les quelles la Cananéenne
lutte pour la vie de sa fille, pour vous
aussi seraient prononcées ces paroles:
« Qu’il te soit fait comme tu le veux!
Avez-vous jamais essayé de prendre à
part, un à un vos élèves, spécialement
les plus mauvais, el de vous agenouiller avec lui , pour prier avec lui et
pour lui? Si vous ne l’avez pas encore fait, essayez; essayez en vous
confiant aux promesses de Celui qui
assure qu’il sera «donné à celui qui
demande •.
A tous, mes bien-aimés frères, je
dis; Fortifions nous'dans le Seigneur.
Il est avec nous et ne demande autre
chose que de se laisser arracher des
mains de nouvelles el plus abondantes
bénédictions. Le rapport de celle année nous révélait du progrès dans
loules les parties de notre œuvre; il
dépend de nous de faire que celui de
l’année prochaine soit plus beau et plus
consolant encore. Oui, txla dépend de
nous, puisque le secret de fa force
n’esl pas perdu. « Je puis toute chose
en Christ qui me fortifie».
Recevez et communiquez aux Eglises
les salulalions chrétiennes el cordiales
des membres du Comité et de votre
affectionné en Christ
MattSi'eu Prochet.
Du bot (les éluffes an Collège
Cher Monsieur,
J’ai, dans ma première sortie, rompu
une lance contre ceux qui veulent à
tout prix matérialiser les éludes; au
risque de passer pour tin ï)on Quichotte, je m’efforcerai aujourd’hui de
battre en bièche non pas... des moulins à vènl, mais une certaine len
dance qui est, elle aussi, bien funeste
aux bonnes éludes. Pardonnez-moi cet
invincible penchant qui me pousse aux
comparaisons, mais n’esl-il pas vrai
que ces hommes pratiques, positifs
dont j’ai parlé ci-devant, ont (oui Pair
de considêier nos jeunes étudiants
comme des boíles d'éparc/ne vivantes
et ambulantes où Pon dépose en soupirant quelques pièces avec l’espoir
qu’elles leur seront rendues en espèces
bien sonnantes, au 200 0|0? — Eh
bien ! sont-ils plus raisonnables ces
gens qui passent pour éclairés el qui
prennent les élèves pOur des... cntches, ni plus ni moins', qu’il s’agit
de remplir, ou si vous vouiez pour
des sacs qu’il faut bourrer jusqu’au
bord. On suppose toujours, cela va
sans dire, des étudiants dociles elqui
aient une certaine capacité de crâne;
ces conditions remplies on vous lui infuse la science, on la lui applique à
des doses qui paraîtraient énormes et
ridicules si l’on voulait bien y songer.
L’essentiel c’est qu’il goûte de loiit ;
il faut à tout prix lui faire avaler àulant de choses qu’il pourra. Vous êtesvous jamais arrêté à Pignerol pour
prendre une lasse ? Le g’arçon de café
invariablement vous adresse à brûlepourpoint celle question ; « vou!ez->
vous ün poc dë liiU. Un peu de' tout,
signifie pour ce pauvre garçon , du
lait, du café, du chocolat et du Sucre
par dessus le marché. Cela fait pourtant déjà une assez jolie pitance. Que.
dire el que penser ile ceux qui voudraient faire boire à nos jeunes gens
une potion où il y entre de tout : de
Omni re scibili et de quibusdam aliis,
c.-à-dire de loules les choses que l’on
peut apprendre et de quelques autres
encore. Après la grammaire avec ses
accessoires, viennent rhisloire de la
langue el de la littérature, el cela pour
le français el l’italien , pour le grec
el le latin; archéologie, géographie
ancienne et moderne, histoire idem.
Il faut partir des premiers degrés de
l’arithmétique pour s’élever jusqu’aux
plus hauts sommets des mathématiques
et de là prendre un vol pour les régions élhérées de l'astronomie; puis
revenir sur la terre pour fouiller ses
6
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enlrailles au moyen du marteau du
minéralogue et de la pioche du géologue ; découvrir les secrets, sonder
les mystères de notre planète au moyen
de la physique, de la chimie... Âh !
qu’il avait raison ce bon M. Jourdain:
il y a trop de tintamarre, trop^de
brouillanimi là-dedans. Et qu’est ce
que cela à côté de cet énorme bloc
qui s’appelle la philosophie ; [encore
qu’il fût coupé en quatre, il y aurait
de quoi assommer un crâne moyen...
N’oublions pas en effet que notre Collège n’est pas une université, tant s’en
faut ; que sa position isolée et ses
ressources, hélas! bien modestes, ne
lui permettent pas même, en dépit de
tout son bon vouloir, d’être à la hauteur d’établissements analogues qui
vivent dans un milieu favorable aux
études, et c’est- à de jeunes estomacs
que )’on voudrait imposer la lourde
tâche de digérer une viande assez solide pour mettre parfois à de rudes
épreuves des estomacs universitaires.
Il n’y a plus à s’étonner que de tels
dîners, vrais festins de Gargantua,
aboutissent à certaines indigestions
aussi mémorables que périodiques.
Après cela, on accuse de paresse ,
de mauvais vouloir. De grâce, soyons
(je bon compte. Quand il serait matériellement possible à nos étudiants de
parcourir le vaste champ qu’on leur
assigne , je soutiens qu'ils ne feront
ce tour de force qu’aux dépens des
bonnes éludes et au détriment de leur
cerveau.
ün ne prend plaisir qu’à ce que l’on
goûte et que l’on savoure et on ne
peut guère goûter une chose que dans
ses détails; une élude n’est attrayante
que lorsqu’elle livre ses secrets et elle
ne les livre qu’à celui qui les cherche
par un examen minutieux. Mais le
moyen de s’arrêter un peu longuement
sur un sujet quand on est» talonné par
tant de sciences et qu’on a l’Encyclopédie entière à ses trousses. Force est
donc de courir toujours. Il est vrai
(jue cette méthode a un avantage: elle
fait voir bien du pays. Le mal est qu’on
le voit de loin et qu’on le voit mal ,
ce pays.
On le voit en gros et ’on l’a vite
oublié. Il serait inepte d’exiger de la
part de jeunes esprits de 16 à 18 ans,
assez de' force pour embrasser dans
une seule étreinte un système de n’importe quoi ; à moins (i’êlre un génie,
chose plutôt rare chez nous, on n’est
pas capable, à cet âge, de manger une
science par le gros bout ; on ne peut
avoir des idées générales, des vues
d'ensemble justes, que lorsqu’elles sont
le résultat (i’une étude longue, patiente
et minutieuse. Cette élude, nous l’avons vu , est impossible quand il s’agit de programmes aussi mirobolants.
Qu’en résuile-t-il ? la superficialité, qui
a pour filles légitimes la vanité, l’outrecuidance et l’ignorance bouffie et
prétentieuse. On s’étonne , et l’on en
gémit parfois, de trouver dans le
monde tant de personnages qui se
croient des puits de science tandi.s
qu’ils ont un bagage assez mince d’érudition et cherchent à voiler le vide
de leur pensée par un verbiage de
perroquel. Ce sont pourtant des messieurs qui ont fait leurs classes et qui
ont peut-être même brillé in lemporihus iUis. A qui la faute? Au faux
système d’éducation dont ils sont les
victimes. On a voulu faire d’eux des
miracle.? de science, on a voulu se
servir d’eux pour construire des savants , on les a bourrés, endoctrinés;
ils ont appris un las de choses, noms,
chiffres, dates eic. etc. Après cinq ou
.six ans pa.ssés à cel atelier on a mis
en circulation ces nouveaux produits.
Hélas ! que leur est-il resté? La mémoire les trahit et les abandonne et
en fait de jugement il est resté de travers et l’esprit en écharpe. Voilà où
aboutit une méthode qui sacrifie le
solide au brillant ; on veut se hâter,
on veut surtout joamiire, on veut avoir
des fruits précoces et l’on obtient de
ces fruits de serre chaude qui n’onl.
ni consislance ni saveur. — Bien,
dira quelqu’un , je vois ce que c’est ;
nos programmes sont trop prélenlieux;
il faut se résoudre à l’aniputalioii ; mais
par où commencer? que sacrifier? serace le latin ou la physique? ou bien
esl-ce que vous iriez jusqu’à tout supprimer ? Adagio, Biagio ! pian Ba~
7
-419
stian! Supprimer, diles-vous? Non.
All fond il n’y a rien à supprimer, il
ne faut que réduire à une juste proportion. Tout ce qui s’enseigne actuelietnenl au Collège a sa valeur et son
utilité ; mais il y a des branches gourmandes , je veux dire des branches
d’études qui seraient (rès-bien à leur
place ailleurs, mais qui ne sont pas
en rapport assez direct avec le but dCj
notre établissement et qui parconséquent sont de luxe : or le luxe appauvrit. Il faut donc donner à chaque
chose sa place , son importance , son
rôle convenable et pour cela il faut
juger de chaque chose en rapport avec
le but des études... — But, but! vous
voilà de nouveau à cheval sur le but;
mais enfin quel est-il selon vous? voilà
une demi-heure que nous courons après
ce but... — Mon ami vous êtes impatient et de mauvaise humeur; cet état
d’âme, tous les philosophes s’accordent
à le dire, ne convient pas à une discussion sérieuse. Ce sera, si vous
voulez bien, le sujet de notre première
entrevue... au prochain uuméro.
Baravantanus.
Jiowu^Ues rHijbuee©
et faits divers.
Italie. — Une bonne nouvelle nous
est arrivée de Florence , la semaine
dernière. Celle que quatre d’entre les
journaux évangéliques se publiant en
Italie; Il Cristiano Evangelico, La Famiglia, La Fiaccola et II piccolo Messaggierò, s’étaient fondus, à partir du
premier janvier prochain, en un seul
qui aura pour Wlre: L'Italia evangelica,
giornale delle chiese, delle scuole e delle
famiglie, con illustrazioni.
Le nouveau journal qui paraîtra à
Florence, chaque samedi, par livraison
de 8 pages, grand in 4®, à trois colonnes ( environ le double de la Famiglia Cristiana, actuelle) aura pour
Directeuf M. Auguste Meille, coadjuvé
d’un Comité de Rédaction, composé de
MM. .A 'Revel et E. Combe professeurs
(pour l’Eglise vaudoise), Th. Gay,
pasteur (pour l’Eglise Méthodiste épiscopale italienne ) et Robert Forster ,
pasteur ( pour l’Eglise Wesléyenne ).
Le prix, à l’intérieur, en est fixé à 5
fr. pour Tannée entière ; 2,50 pour
un sémestre.
Quel est le chrétien , pouvant disposer de celte somme, qui ne voudra ,
en s’abonnant, apporter son concours
à une œuvre comme celle dont il s’agit,
œuvre d’union et de concorde au premier chef? Pour nous c’est avec une
joie sincère’et un cœur plein des vœux
les plus fervents pour sa complète
réussite , que nous avons salué celte
tentative.
— La vente annuelle qui se fait généralement à celte époque de l’année,
à Turin, au profit de la Société des
Demoiselles protestantes pour la protection de l'enfance pauvre, existant
depuis plus d’une vingtaine d’années,
dans celte ville, a eu lieu le 15 et le
16 du mois courant.
Les circonstances difficiles pécuniairemeul parlant, par lesquelles celte
ville vient de passer, pouvaient faire
craindre avec raison, que le produit
en fût cette année de beaucoup inférieur à celui des années précédentes.
Il n’en a pourtant rien été, grâces en
soient rendues à Dieu avant tout, et
ensuite à la libéralité vraiment digne
d’éloge de bon nombre de membres
de celle Eglise, et même de plusieurs
de nos frères catholiques, qui ne craignent pas de nous tendre la main secourable que nous leur demandons
pour l’accomplissement d’une si bonne
œuvre. Bien loin que la recette ail été
ce qu’on craignait, moindre que celle
des années précédentes, elle Ta dépassée de beaucoup puisqu’il est , dès
a présent, établi que, tout compte là il,
elle dépassera les 5.000 francs nets.
iKeouc
MtaMie. — La Chambre des députés
a approuvés tous les budgets/ Elle a
pris un mois de vacance et ne seta de
nouveau ouverte que le 24 janvier 1881.
8
.^420
' <<WWWWV\ri
Le Sénat yole au pas de course les
budgets à son tour.
Le voyage royale en Sicile et dans
les Calabres est définitivement fixé. —
Le départ aura lieu le 2 janvier.
De Sanctis, abandonné par une partie
des députés ministériels, des intimes
de Deprétis, a donné sa démission.
On cite pour recueillir son héritage
les noms de Coppino, d’Abignente, de
Baccelli et de Berti.
Zanardelli a présenté son rapport
sur le projet de réforme électorale
politique.
Atinonoes
Lectures illustrées. Cette modeste feuille, publiée mensuellement
à Lausanne depuis dix ans, a réalisé
. un problème qu’on s’est souvent posé
à l’occasion des publications périodiques dans les pays protestants de
langue française, savoir ; Par quel
moyen les journaux protestants pourraient-ils se suifire, tout en étant 4 bon
marché exécutés dans des bonnes
conditions?
Les Lectures illustrées sont imprimées
avec un grand soin, sur du beau
papier. Paraissant meASuellemenl en
cahier de 16 pages pelit-in-4, ornés
d’au tnoins ^ belles gravures, cç journal forme, au butlde l’année, un élégant volume de 102 pages, illustrées
d’au rppins 50 gravures.
Les Lectures Îlluslréhs se suffisent à
elles-mêmes , car , sauf les clichés que
la généreuse Société des traités religieux
de Copdres iourni.l aq Comité de Lausanne , celui-ci ne reçoit aucune allocation ; il peut, au contraire, donner
àja plupart d.e ses cpllaboraleur une
légère indenaoilé.
Les J^Vkies iUusirée^ spm cependant
d’un bon marché excessif: lé journal
est envoyé dans toute la Suisse à raison
de iO cent, le numéro, à condition
qu’on en, .prepne au rnpjns dix abonnements envoyés à la ‘ même adresse
et sous la même bande De plus les
éditeurs peuvent accorder utiepcovjsion
de 20 Oio aux personnes qui leur servent d’ipiennédiaires auprès des abpiinés.
Le comité de Lausanne est heureux
de pouvoir annoncer qu’il est en mesure de faire les mêmes conditions à
tous les pays compris dans l’Union
postale (voir les annonces); if fait
appel à toutes les personnes désireuses
de voir répandre une bonne littérature
Earmi les enfants, les priant de vouloir
ien l’aider dans son entreprise.
Lectïires illustrées. 11® Année,
— Journal mensuel destiné aqx enfants
de 8 à Î6 ans. Pelilan-i de 16pages, '
orné d’au tnpins quatre belles gravures.,
— Prix: 1 abop., 2 fr.; 2 à,9abon.,
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Lan saune.
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DANS LEDHS VALL^BS
par
H e n X* i A r IX a VI d.
Pignerol Imprimerie Chianlore et Mascareili
Prix fr.
En dépôt chez le pasteur de Pomarel
et à Genève, chez 41. Jos. Salomon,
Rue Neuve de Neuchâtel.
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pour les Ecoles du Dimanche.
Nouvelle édition ayec supplément.
Prix; 40 cent. — L. 30 le cent. Le
supplément seul: 10 centimes.
Au Bureau du Témoin et che.z le
pasteur de Pomaret.
Le prix de fr. 30 le cent n’est que
pour la vente au comptant.
EaNEST Robebt, Gérant et Administrateur
Piguerel, lmp, çhiaptore çt ftlas,qar,el!>-