1
Année Neuvième.
PRIX d'abbonnement par an
Italie , , 1«. 3
Tous les pa}'8 de {’Union
de poste . . . •
A ménque . . »
On s'Hbonne ;
Pour cbes MM.
pasteurs et les Ubmires
Torre Pefîice.
Pour VEàCtéi'ievrti.u Bureau d’AdminiâtiaiîoD.
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Un ou plusieurs numéros séparés, demandés avant le tiraire 10 cent, cliacnn.
; Annonces: 2fi centimes par ügne .
Les owuuû d'argenl se font par
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' üur la RÉDACTION adresser
ainsi : A la Direciiop du 2'émoin,
Pomaretto (Pinerolo) Italie.
Tour rAH^'IINISTRATION adresserainsi: A rAdininistratiûiï du
Témoi7iy Pomaretto (Pinerolo)
Italie.
LE TEMOIN
ECHO DES VALLEES VAUOOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous »MP sere* ¿êiiioins. AcxKS 1, 8.
1« vérité avec la charilè. Kp. 1, Iî>,
m air*e,
16 iVlars. Le jeûne — Cainil|o Didero. —
Correspondance. — Du champ tin l’Evaugélisation. -- \ bas tes éloilcs. — Huile
à la lampe! ~ Nouvelles lieUgieuses. —
Amioiico.«.,..
1.0 IVIars
LË JEUNE
Anciennement, c’est-à-dire, dans
la première moitié de notre siècle,
c’était l’Administration de notre
Eglise qui fixait le jour auquel
un jeûne général devait être célébré. Ét comme les Administrations étaient nommées pour cinq
ans, chacune d’elles n’en publiait
qu'un à Téfioque de l'année qu'elle
jugeait la plus convenable, ou la
plus comnaode pour une population
d'agriculteurs. Rarement une circonstance particulière , ou quelque funeste évènement imposaient
pour cette célébration une époque
plutôt qu’une autre. Le jeûne matériel s’observait avec une rigueur
extrême, et nous gardons un très
vif souvenir des privations très
involontaires aux quelles on astreignait, même les enfants de cinq
ou six ans , laissés à la maison,
mais avec tous les tiroirs fermés
et ne pouvant tout au plus appaiser leur faim dévorante qu’au
moyen de' quelques châtaignes
crues.
Malgré tout ce qu’il y avait de
formalisme machinal dans cejeûne
rnosa'ique plutôt que chrétien ,
notre conviction, aune 60® d’années de distance, est qu’il y avait
chez plusieurs de ceux qui le
célébraient, un sérieux véritable
qui a souvent manqué à des jeûnes
plus intelligents et en apparence
plus évangéliques. Nul ne songeait
en ce temps là à soustraire à l’empire de la loi, ceux qui n’avaient
aucune idée du salut par la grâce,
ni à leur dire: ne vous inquiétez
, lus de vos péchés puisqu’ils onlj
été expiés, lorsqu’en réalité ils
n’avaient rien compris encore à
l’expiation par le sang de Christ.
C’était avec un profond sentiment:
de leurs péchés qu’ils chantaient
« miséricorde et grâce, ô Dieu des
Cieux, un grand pécheur implore
ta clémence ».
C’est au Synode de 1855 et à
l’art. Î6 de la Constitution qu'un
2
.82™
jeûne annuel a été établi, aussi
bien que le jour même de sa célébration. Après avoir énuméré les
jours de grandes fêtes chrétiennes
consacrées par un culte public,
savoir iVoé'i, le Nouvel an, ¡’Ascension et le Vendredi-Saint, l’article
ajoute: Ce dernier est de plus
soleinnisé par un jeûne commun
à toute l'Eglise. — Quelle que
soit l’opinion ou la conviction que
l'on s’est formée touchant un jeûne
¿1 jour fixe, il nous parait hors
de doute que s’il y a, dans l’année,
un jour particulièrement propre
à disposer à l'humiliation, même
le chrétien le plus vivant, c’est
le jour auquel l’agneau de Dieu a
été immolé pour ôter les péchés
du monde. Et -si l’enfant de Dieu
ne sent que trop faiblement le
besoin de s’humilier du peu de
fruits qu’il a portés, n’aura-t-il
pas de pleurs à répandre sur
ceux qui ont méprisé l’amour de
Dieu et le don de son Fils Unique?
A l’occasion du projet de révision de la liturgie et des prières
pour le jour du jeûne, quelques
membres de notre dernier Synode,
ont émis l’opinion que ce jeûne
annuel et légal devrait être aboli,
cette institution paraissant avoir,
un peu partout, survenu à l'esprit
qui l'avait dictée. Pour peu que
la question eût été débattue (et
elle ne pouvait pas l’être légalement aux termes de la Constitution), il est assez probable que
l’avis des abolisseurs aurait prévalu et cela non seulement par le
fait incontestable que les assemblées ne supportent qu’avec peine
deux services successifs avec des
prières liturgiques d’une longueur
excessive, mais aussi parcèque,
là üû le pasteur demeure seul
chargé de le présider (et c’est le
cas presque partout), il est rare
qu’il n’en soit pas comme écrasé
et que le jour de Pâques ne le
trouve pas exténué et incapable
de s’acquitter de ses fonctions à
sa propre satisfaction. — Rien
n’a donc été statué par le Synode
et le compte-rendu ne mentionne
même pas l’entretien qui a eu lieu
à ce sujet. Mais il nous souvient
qu’une entente assez générale s’est
établie dans ce sens, que les
Consistoires seraient libres de célébrer la fête du Vendredi-Saint,
ou d’avoir ce jour là le jeûne tel
qu’il a existé jusqu’ici. — A ce
propos, il n’est pas inutile d’ob-’
server que si nous sommes une
Eglise presbytérienne, cela ne
veut nullement dire que toutes
les paroisses, ou églises particulières, se meuvent d'une manière
parfaitement uniforme. Très diverses par l’étendue et le nombre,
comme par les moyens matériels et
les ressources intellectuelles dont
elles disposent, il serait absurde
d'exiger que les plus fortes n'allassent qu’au pas des plus faibles
et que ces dernieres suivissent de
tout point le modèle de leurs
sœurs plus grandes qu’elles. Il a
donc pu arriver, plus d’une fois,
que dans telle paroisse, il n'y ait
eu qu’un seul service le jour du
jeûne. D’un autre côté, aucune
sanction pénale n’a été prononcée,
ni contre les Consistoires qui auraient entièrement négligé parfois
ces services, ni contre les individus, membre.s effectifs de la paroisse, qui n’y seraient pas intervenus. Notre Eglise n'a jamais ,
grâce à Dieu , voulu imposer la
piété ni travaillé à faire des hypocrites. — Il est plus nuisible encore qu’inutile de vouloir mettre
une pièce de drap neuf à un vieux
habit, ou du vin nouveau dans de
vieux vaisseaux. Les amis de l’époux ne sont pas disposés 'à
jeûner pendant que l'époux est
avec eux; pas plus'que ne s’y
sentent portés ceux qui ne connaissent pas l’époux et no s’inquiètent
paS' de le connaître. Il n’en de'meüre pas moiuiS vrai que c’est
un noble spectacle que celui d’une
3
.83.
Eglise petite ou grande qui se réunissant spontanément et sans porter atteinte à la liberté d’aucun
de ses membres , pour s’humilier
devant le Seigneur, confessant son
péché etimplorant, aveclepardon,
des grâces nouvelles.
CAMILLO DIDËBO
{Kôtice ndorologiqiiei
Le jeune homme, àe vingt ans,
dont nous avons inscrit le nom en
tôle de cet article, n’était connu que
d’un très-petit nombre de nos lecteurs; mais les quelques lignes que
nous nous sommes sentis pressés de
consacrer à sa' mémoire, ne seront
as perdues, nous l’espérons, pour
es jeunes gens en général, et plus
spécialement pour ceux qui parcourent, comme lui, la carrière des études.
. Fils aîné d’une famille de sept enfants, nés d’un père catholique romain et d’une mère vaiidoise, Camillo
JDidero, après avoir été un des meilleurs élèves de nos écoles évangeiiques de Turin d’abord , et de Vlstüuto
Tecnico ensuite, était entré à l’Université pour s’y préparer à la carrière
d’ingénieur, vers la quelle te poussaient, tout il la fois, ses propres
goûts et la volonté de ses parents.
Dans ce milieu, où font naufrage,
quant à la foi, un si grand nombre
de jeunes gens, Camillo se montra
toujours fermement attaché à cet
Evangile dont il avait fait profession,
à la suite d’une instruction sérieuse
et prolongée.
Au bout d’un an d’études universitaires dans sa ville natale, jugeant,
d’accord en cela aussi avec les siens,
que la Belgique, avec ses florissantes
écoles industrielles, répondait mieux
au but qu’il sé proposait, il partit
pour Liège, où il obtint son inscription parmi les étudiants de ce célèbre Athénée.
Il Y avait passé l’année scolaire 1881
ù 1882, et il venait de parcourir le premier trimestre de la suivante, quand
une épidémie de typhus scorbutique
fondit sur cette ville, si terrible que les
écoles durent être momentanément
fermées. Exhorté par son médecin à
profiter de cette suspension des études, pour venir respirer dans son
pays et au sein de sa famille un air
plus salubre que celui qu’on respirait
alors en Belgique, notre ami s’y décida. Mais hélas! il ne revenait pas
seul ; le germe fatal de la maladie
qui sévissait là bas, était entré en
lui, et il n’avait fait encore qu’un
assez court séjour au milieu des siens,
quand il dut se mettre au lit pour
ne plus s’en relever; et le 14 février
dernier, malgré les soins les plus attentifs cl les plus tendres qui lui furent prodigués par tontes les personnes de son entourage et par sa digne
mère en particulier, notre jeune ami,
— auquel Dieu fit la grâce de conserver, jusqu’à la fin, la pleine possession de soi-raêrne, accompagnée
de l’acceptation joyeuse des consolations chrétiennes, qui ne lui firent
point défaut, — s’endormit au Seigneur, laissant apqès lui, en môme
temps que les plus amers regrets, les
plus consolants souvenirs, non seulement parmi les membres de sa famille, mais parmi tous ceux qui
l’avaient connu et avaient été à même
d’en apprécier les belles et nobles
qualités.
Et cela se vit bien, le jour de ses funérailles, où, à côté do sa famille éplorée et des nombreux amis venus unir
leurs larmes à celles de ses bien aimés
les étudiants de notre Université, ses
anciens camarades, dont on eût pu
croire qu’ils l’avaient perdu de vue,
vinrent, au nombre d’une cinquantaine, avec leur bannière en deuil,
rendre, sur sa tombe, par l’organe
de trois d’enlr’eux, le plus beau témoignage qui pût être rendu, on
même temps qu’à ses talents et à son
ardeur pour l’élude, à l’exquise bonté
de son caractère et à sa riante moralité.
Car O Camille, disait l’un d’eux, la
cwi anima virhiosa era un tesoro di
morale cd il di cui labhro solo s'apriva a saviezza, dimmi con quanta
gioia abbiatno irascorso quei giorni,
4
• 84.
m cui potemmo apprezzare le dolcezze
della nostra strella amicizia.
Conosciutolo da tempo, disait un
autre, ebbi la fortuna di apprezzare
le doti squisite di cui era adorno il
suo cuore; il tesoro di affetti sinceri
che racchiudeva; le ricchezze di studio
che possedeva sua mente. In iscuola,
apprezzate le sue fatiche dai professori,
che l’additavano come modello, lui
era sempre pronto ad aiutare e soccorrere col SÎW sapere, l’amico bisognoso;
fuori, serio, meditabondo per natui'a,
aveva però sempre un consi,glio, una
parola amorosa che gli valevano la
stima e l’affezione profonda dei-noslri
mori.
Mais ces lémoignages n’ont pas été
le« seuls; ceux que s’empressèrent
de lui rendre, de loin, ses nouveaux
camarades, les étudiants de l’Université de Liège, où quinze mois avant,
il s’élait rendu seul, étranger et inconnu à tout le monde, ne furent ni
moins touchants ni moins honorables
pour celui qui en a été l’objet.
« L’Association des élèves des écoles
B écri
par l'organe de son
président, an père de notre jeune
ami, 4 a été douloureusement impressionnée en appi'enant la mort de
M. Camillo Didero. Didero était un
de ses membres les plus dévoués et
un des meilleurs élèves de notre Université; il y laisse d’universels regrets ».
La Commission permanenle des étudiants , écrivait à son tour, le président de celte corporation « se faisant interprète des senlimcnls des
étudiants de l’Université de Liège,
vient vous exprimer toute la part
qu’elle prend au malheur qui vous
frappe. Pour nous qui avons pn appi’écier les qualités si nombreuses
de notre regretté condisciple, son
cœur si généreux, tout débordant
de sentiments d’aifeclion, d’attachement, sa perte est irréparable ».
Un témoignage plus louchant encore, si possible, lui était rendu, par
la Société d’Histoire et de Géographie,
se rallaclianl également à l’Université,
spéciales de 1‘ Université d.e Liège
vait cette Société par l’organe (
écrivait au père : « Noire Société, dont
Caniillo Diaero était un des membres
les plus aimés, prend la plus vive
part à votre grand deuil. Réunie dans
sa séance du 20 février, elle a tenu
à témoigner de ses douloureux regrets. Notre président, se faisant l'organe de tous, a rendu un suprême
hommage à celui qui n’est plus. lia
rappelé les traits de cette courte vie...
Il a dit tout ce qu’il y avait en lui
de noble et de généreux, son amour
pour le travail, que secondait une si
belle intelligence, son cjiraclére affable, son inappréciable bonté de cœur.
« Notre Société a décidé d’exprimer
ses sentiments, en envoyant à Turin
une couronne qui sera déposée sur
la tombe de notre pauvre ami, par
les soins de M. le Consul de Belgique
dans celle ville. Immédiatement après,
la séance a été levée en signe de
deuil »,
Voici enfin, comme sceau mis à tout
ce qui précède, et en rebaussant encore le prix, quelques mots du pasteur
de langue française de Bruxelles, auquel Didero avait été recommandé :
h C’est avec stupéfaction, écrivait-il ù
ses parents , que je viens de recevoir
la carie qui m’apprend la mort de
notre Camillo. Je dis nôtre, pareeque
je l’estimais et l’aimais, surtout à
cause de ses sentiments religieux ».
La eouronne, dont il est parlé cidevant, a effectivement été déposée,
le 9 du courant, .sur la tombe de
notre jeune ami, par le Consul de
Belgique en personne, qui en a accompagné la remise par quelques
paroles des plus bienveillantes auxquelles ont répondu les étudiants de
rUniversilé de Turin, qui avaient témoigné le désir d’être représentés eux
aussi, avec les parents et les amis, à
cette intéressante cérémonie.
Puissent ces souvenirs recueillis
surtout en vue des jeunes gens, trouver le chemin de ' leur cœur et y
éveiller une noble, et sainte émulation ! Nous n’avons pas eu d'autre
but en les retraçant. j. p. m.
5
85
Corrcsponbaïuc
.... 12 mars 18f>3.
Mon cher Monsieur,
Vous avez eu l’obligeance de me
faire, l’autre jour, une communication que je m’attendais à trouver
dans le dernier numéro du Témoin,
car il lîie semble que tous vos lecteurs vaudois sont intéressés à savoir
ce que l'on pense et ce que l’on publie il leur sujet. Gomme il s’agit
celle fois, non pas de feuilles hostiles
à notre Eglise, mais d’un journal
très-bienveillant, de l’un des organes
d’une Eglise sœur qui dès longtemps
a pris un grand intérêt à notre mission , voua avez probablement jugé
qu’il valait mieux ne rien dire. —
S’il en est ainsi, permett.ez-moi de
ne pas voir lout-à-fait comme vous
et de relever ce que j’estime être une
offense gratuite à l’adresse de notre
Synode. C’est du reste le fait d’un correspondant mal informé, sans doute,
et non l’appréciation du journal même.
On a donc écrit de Rome à rOu/look,
journal de l’Eglise presbytérienne
d’Angleterre, que, dans une question
plus personnelle encore qu’administrative, plusieurs membres du dernier
Synode Vaudois auraient exprimé en
particulier une opinion et des sentiments qu’ils n’ont pas osé soutenir
publiquement, craignant que leur
courage ne leur coûtât trop cher. Si
ce ne sont pas les termes mêmes de
la correspondance, que je n’ai entendu lire qu’une fois, je suis sûr
d’en avoir donné le sens exact.
Or, je reconnais sans peine, que
tout n’est pas parfait dans la marche
de nos Synodes, soit à cause des
vieilles Inàbitudes auxquelles on ne
renonce pas du jour an lendemain,
soit aussi, quelquefois, par la faute
de la présidence qui n’a pas la main
assez ferme pour diriger les discussions.
Nous perdons d’ordinaire beaucoup
de temps pendant les premières séances, en donnant trop d’importance et
de place à dés questions relativement
secondaires. Il en résulte tout nàturellement que les dernières séances,
surtout la dernière de toutes, sont
chargées'à l’excès et que les questions les plus graves doivent être
renvoyées, lorsqu’elles ne sont pas
résolues avec une déplorable ‘ précipitation.
Parfois aussi il arrive que des orateurs, en veine de discours, répètent
plusieurs fois le même, avec quelques
légères variantes, s’imaginant avoir
raison uniquement parcequ’ils s’obstinent à soutenir leur opinion. Et pourquoi ne pas reconnaître que l’on
parle aussi quelquefois, quand on n’a
rien à dire, ou simplement pour affirmer ce qu’un autre a énoncé?
On pourra nous reprocher encore
notre peu d’exactitude à assister aux
séances dès leur commencement, à '
quelques-uns peut-être, leurs absences
iréquenles et prolongées. — Je pourrais enfin ajouter la grave défaille
d’introduire parfois dans des queslions de principes, des questions loutà-fait personnelles, de faire, ou de
modifier un règlement pour l’adapter
à un besoin passager. Que de règlements n’avons-nous pas déjà faits,
défaits et refaits 1 Voilà ce que l’on
peut justement nous reprocher; toutefois à la condition de mieux faire
chez soi, c’est-à-dire, d’avoir plus
d’ordre et une tenue irréprochable,
avec autant de liberté que nous.
Quant à manquer de courage moral
pour soutenir ce que l’on croit juste
et combattre l’arbitraire et le despotisme, pour défendre ses principes et
ses opinions sans aucune acceptation
de personnes, c’est le dernier reproche
que nous aurions al tendu de ceux qui
nous connaissent pour avoir assisté
au moins une fois à notre Synode. Je '
me souviens encore de l’étonnement,
je dirais presque de l’ébahissenrent
de quelques-uns de nos frères de
Suisse et de France, à l’ouïe et à la
vue de nos discussions et de nos débats synodaux. J’entends encore l’un
d'eux me dire ; merci ! comme vous
y allez ! vous ne mettez pas des gants
pour taper les uns sur les autres.
Vous allez même un peu trop loin ;
6
w w V ^ ^ V '
-P6 ........
mais nous aurions beaucoup à apprendre de vous en fait de franchise
et de liberté dans les débals, surlout
dans les questions un peu personnelles. Sa conclusion élait ; adoucissez
légèrement les formes, mais retenez
fermement le fond. La politesse ne
gâte rien, mais à la condition expresse qu’elle accompagne la vérité.
— Excellent conseil que nous avons
suivi déjà en partie.
S’il e.sl arrivé à des membres de
nos Synodes de ne pas rompre publiquement, au moins une lance en favoùr d’un ami, ou d’une cause qui
avait leurs sympathies, je ne puis
croire qu’ils raient fait par lâcheté,
mais uniquement parcequ’ils n’avaient
pas d’arguments à faire -valoir et qu’ils
. ne se souviennent pas de jouer un
pauvre rôle. ,
Si le correspondant de VOutlook
avait lui-même assisté au dernier Sy^ node Vaudois et qu’il eût pu en suivre
^ les discussions, il se serait convaincu
du manque absolu de fondement de
raccusation qu’il a porté contre nous.
Quant à la direction du journal luimême, je suis si éloigné de me
plaindre de la publication qu’il vient
de faire, queje lui en suis reconnai.ssant, puisqu’il m’a fourni l’occa
sion de rectifier une erreur involontaire, sans doute, et de repousser le
blâme que les Synodes Vaudois méritent le moins.
Je soumets ces lignes à votre jugement, si vous pensez qu’il y a le
moindre mal à les publier, jetez-les
au panier, où elles ne seront pas
seules.
Votre bien dévoue
X.
Il ne nous semble pas que personne
ail te droit de se "plaindre.
Réd,
Do. champ de rËvaiigélisalioti
Nous nous permettons d’extraire
ce qui suit d’une lettre de M" P. G.:
évangéliste à Ancône:
«..... Notre local est très-mal situé
pour rËŸàngêlîSàtidfi ;'’iî nous en faudrait un autre plus central, mais où
prendi'c les fonus ?
»A S. Valentino (Abruzzo) j’eus,
le mois dernier, plusieurs réunions
très-fréquenlécs; malbéurcusement le
voyage est long et coûteux. En retournant, j’avàis, cnlr’autres compagnons de voyage, deux prêtres. La
conversation roula sur le beau temps,
la politique et puis la religion. Un
des prêtres se plaignait des persécutions que doit endurer l’Eglise Galhblique en Allemagne, ,1e lui demandai,
tout étonné, si quelque catholique
avait été condamné au bûcher, on
aux cachots de l’inquisition. — Non,
me dit-il, mais on punit les prêtres
qui disent messe, sans la permission
du Gouvernement.
9 — Est-ce que le Gouvernement
les paie?
» — Oui. , !
» — Eh ! bien , chi furja comanda.
D —A la bonne heure, mais le Gouvernement prussien devrait cependant
reconnaître que les meilleurs soldats
de son armée sont les catholiques.
» — Et comment le savez-vous ?
» ™ Pendant la guerre contre les
français, ceux qui se sont le plus
distingués sont les soldats bavarois,
catholiques.
» — Gela voudrait-il dire que la
religion catholique est celle qui fait
les meilleurs soldats ?
i> —Sans doute.
»De grâce, alors, pourquoi les
français qui sont presque tous catholiques ont-ils été battus, par les prussiens qui sont en majorité protestants?
» Un éclat de rire des autres voyageurs accueillit ces paroles; le prêtre
balbutia quelques mots d’explication,
puis ajouta ; t C’est parccquc les
français ont élevé une statue à Vollaire, que le jugement de Dieu est
descendu sur eux ».
» — Vrai ! ? Mais il-me semble que
le jugement de Dieu est descendu
aussi sur un autre qui siégeait jadis
comme roi sur les rois de la terre
et maintenant... il est protégé par la
loi des garanties.
7
87.
» Mes deux prêli'es se turent, et à
la prochaine station, ils changèrent
de compartiment et fermèrent soigneusement la porte.
» L'Amico di Casa, se vend bien à
Ancône et mieux encore dans les environs. Le brave Pngno que le Comité
a placé ici, va de maison en maison
oiïrir II Lîtnaiio nuovo, et sait fort
bien s’y prendre avec son inonde. Il
a une mémoire de fer, connaît sa
Bible au bout du doigt et parle avec
l’accent d’un homme profondément
convaincu., J’ai fait avec lui les premières tournées à-Monte Aculo, Pirolo,
Nuraana, Loreto, Falconara, Monleinarciano etc. — Entre Nuraana et
Loreto, nous fûmes surpris par l’averse et obligés de noms réfugier chez
des paysans, qui avaient déjà ouvert
leur porte hospitalière à une vingtaine d’autres personnes, surprises
comme nous. L’occasion était propice
pour leur i-aconter quelque chose,
leur lire plusieurs beaux passages du
Nouveau Testament et les leur expliquer. Je leur demandai ensuite s’ils
voulaient élever leur cœur à Dieu ,
tous ensemble, pour implorer sa bénédiction'— Oui, répondirent-ils. Je
priai et voulais m’en aller lorsque le
maître de la maison me prit par la
main et me pria d’accepter au moins
un verre de vin, ce que je lis. Nous
remerciâmes cl partîmes chargés de
remercîments.
» Les anconilains ont fondé un
Ospkio Marina pour les enfants pauvres et m’ont fait l’honneur de me
nommer conseiller dans la Direction
de cet élablisseraenU Je crois que
c’est une marque de - libéralisme qui
n’est pas à.mépriser..... ».
A bas Iè8 étoiles
Un républicain rouge du 1793, qui
souscrivait aux principes les plus radicaux de la révolution française, disait un jour à un bon paysan de la
Vendée qui croyait encore*en Dieu ,
même après la qrande révolution de
1789:
— Nous allons abattre vos temples
et vos clochers, — tout ce qui peut
vous rappeler les superstitions des
siècles passés et placer devant vos
esprits l’idée de Dieu.
— Dans ce cas, citoyen, reprit le
bon paysan de la Vendée, jetez aussi
en bas les étoiles qui ornent les deux
et qui rappellent si bien le Dieu tout
puissant à tous ceux qui l’aiment et
qui le servent.
Les incrédules révolutionnaires ont
pu abattre des églises et des clochers,
et bouleverser la société par leurs
théories immorales et impies, mais
ils n’ont pu abattre une seule des
magnifiques étoiles qui par millions
brillent dans le firmament. Avec toutes
leurs cruautés, et malgré tout le
sang dont ils ont arrosé le sol français, ils n’ont pu abattre celle religion qu’ils n’ont pas vu naître et le
nom de Dieu est invoqué tout, comme
avant sur la terre d’où ils ont disparu
depuis longtemps.
C’est bien ici le cas de diic que
Celui qui habile dans les cieiix sé rira
d’eux; et que le Seigneur s’en mo(|iiüra (Ps. Jf, 4). Ils ne sont plus,
et les étoiles brillent encoi'e; même
les cieux racontent ta gloire de Dieu
et l’étendue donne à connaître i’œ-uvre de ses mains. (Ps. xix, 1).
E. D.
Huile à ta lampe!
Dans une réunion de mission un
pasteur faisait le récit de la conversion d’iiiie darne qui avait vécu jusqu’alors dans l’indifférence. Elle ne
pensait qu’à ce monde, et ses péchés
ne s’élaient jamais dressés devant elle
pour l’elTrayer à salut. Elle avait du
souci pour beaucoup de choses, niais
la seule chose nécessaire lui,, était
encore inconnue quoiqu’elle eût lu la
Parole de Dieu maintes fois en sa vie.
Un soir pu’ello était seule dans, sa
chambre, elle vit tout à-coup sa lampe
s’éteindre faute d’huile. La darne qui,
parlait quelques fois taule seule difc
à haute voix : . i .
~ 11 n’y a pas d’huile, dgnS ma:
lampe. L’écho répéta ces paroles dans.
8
-....88
une pièce voisine, quoique très imparfaitement, et la dame tressaillit en
pensant alors à la parabole des vierf^es
qui n’avaienl pas d’huile dans leur
lampe.
Ces paroles pénétrèrent comme une
flèche dans son âme, et elle répétait
souvent ;
— Je n’ai pas d’huile dans ma
lampe ! lîélas ! que ferai-je ? Je n’ai
pas la grâce de Dieu dans mon cœur!
La crainte s’empara d’elle, et elle
commença à prier. Le Seigneur entendit sa. voix, et exauça sa prière
en lui accordant la joie du salut.
E. li.
nouvelles reltc^teuses
Suisse. — La grande préoccupation
du moment, dans ce pays, est toujours, et l’on pourrait dire plus que
jamais, Y Armée du mluL Expulsée
pour le moment de Genève, elle a
transpoi’té son quartier général à
Neuchâtel, n’ayant pu le faire à Berne,
et menace mamtenanl Lausanne. —
Comme il fallait s’y attendre, toute
une littérature où le pour et le contre
alternent avec une vivacité qui n’est
pas toujours exempte de passion a
surgi de cette échauffourée. Quel sera
le résultat de tout cela? Nous le
pressentons, quant à nous, des plus
tristes, si Dieu n’a pitié de.son Eglise
et ne la défend contre ce nouvel assaut un des plus terribles qui lui ait
été livré, d’autant plus terrible, que
c’est au nom de Christ et sous le
prétexte du salut des âmes qu’il s’accomplit. Que Satan doit être satisfait
des ruines qu’a déjà faites et que
fera encore une armée très-sincèremént levée (nous te croyons) en vue
de le combattre !
France. — L’ex-père Hyacinthe,
maintenant l’abbé Loyson, a donné
à Marseille au théâtre des Nations,
devant un public très-nombreux, deux
conférences roulant, la première sur
Gambetta, la seconde sur la question
religieuse au siècle. Cette dernière
a été, paraît-il, l’occasion de scènes
tumultueuses et vraiment dégoûtantes, provoquées, assure-t-on, parles
extrêmes réunis : cléricaux et radicaux , aussi opposés les uns que les
autres aux théories, soit religieuses
soit politiques de l’ex-père. Vocifica*
tions, insultes de toute espèce, haricots jetés à poignées des loges sur
la scène pour couvrir la voix de l’orateur et l’empêcher de continuer,
tout a été tenté, et ce n’a été qu’à
grand peine qu’il a pu, au milieu
d’interruptions fréquentes, arriver à
la lin de sa conférence. « Je ne saurais dire, » écrit à ce propos à VEglise
Libre un de ses correspondants, là
quel point j’ai admiré, et d’autres
avec moi, ïe courage avec le quel
M. Loyson a exposé ses convictions
qu’il savait n’ôtre pas partagées par
la plupart de ses auditeurs, a parle de
Dieu , de Jésus-Christ, de l’Evangile,
du jugement qui attend tout homme
au delà de la tombe ».
ÆrviNOiMOEî.
M...Charles Gav délégué du Comité
Central International des Unions Chrétiennes des jeunes gens a été chargé
de visiter les Vallées dans l’intérêt
des Unions Chrétiennes d’Iiommes, de
jeunes gens surtout.
Son itinéraire, qui sera.en grande
partie parcouru au moment où nos
lecteui's recevront cet avis, est le suivant: les jours U et 13 mars le Villar ;
le 15 et 16 La Tour; 17 e 18 Saint
Jean; 19 Prarustin; 20 Pignerol ; 25
Bobi. Dès le 27 mars M. Gay commencera à parcourir les Vallées de
Pérouse et Saint Martin , mais en ayant
soin de s’entendre, comme il l’âiira
fait pour le Val-Pélis, avec les pasteurs de chaque paroisse, pour le jour
et l’heure des réunions dont il désirera la convocation.
Sa touimée s’àcheve'ra par la visite
des paroisses d’Angrogne, Borà et
Turin.
EhnastUobkrt, (iéran t et Administra leur
PigneruI, lmp. Chiaulore et Mascarelli.