1
Septième année.
IV. 9.
1' Mars 1873.
L’ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille \audoise.
Que toutes les choses qui sont véritables.occupeof
vos pensées — ( Phiîippiens., IV. 8.)
PEIX D ABOVNEUEMT :
Italie, k domicile (un an) Fr. 3
Suisse...................5
France.......................
Ailemagne, 6
Angleterre , Pays-Bas . * 8
Vn numéro séparé : 5 cent.
Un numéro arriéré : 10 cent.
BUREAUX D AB0MNEMENT
Torre-Peì.t.icr : Via Maestra,
N.42, (Agenzia bibliografica)
PtGNERor. : J. Chlantore Impr.
Turin '.J.J. via Lagrange
près le N. 22.
Florencb ; Libreria Evangelica, via de‘Panzani.
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Lettres et envois franco. S’adresser pour l'administration
au Bureau à Torr .e-PelHce,
via Maestra N. 42 — pour la
rédaction : â Mr. E. Malan
Prof • k Torre-Pelice.
Sommaire.
La discussion de Rome. — Correspondance. — Nouvelles religieuses. — Chronique Vaudoise. — Chronique politique.
Souscription pour ia Société Biblique de
Rome. — Souscription pour le portraits
du D' Stewart.
LA DISCUSSION DE ROUE
f Continuation V. N. 8.)
SECONDE SÉANCE.
Le père Gavazzi prend la parole et commence son discours avec beaucoup de
calme. Il avait eu, comme M' Sciarelli,
l’avantage de pouvoir préparer son discours. La différence entre nous et nos adversaires, dit-il, consiste dans la diversité
des preuves et dans celle des appréciations. Nous nions absolument la venue de
S' Pierre à Rome.
Nos adversaires n’ont su nous opposer
que l’argument de la tradition. Ils disent
que nous n’avons que des preuves négatives. Prouvez-nous, s’écrient-ils, que S‘
Pierre n’est pas venu à Rome; monlreznous une parole dé la Bible qui le dise.
Eh bien! je vous réponds que le silence
de la Bible n’est pas une preuve négative,
mais une preuve positive et des plus explicites. Ainsi, Thiers, par exemple ne
parle pas dans son histoire du ConsulaÎ
et de l’Empire du voyage do Napoléon en
.\mérique, è Washington. — Est-ce peutêtre une preuve qu'il y est allé? Non;
au contraire. — La même logique donc
nous doit faire dire que Pierre n’est pas
venu à Rome. — Les Actes des Apôtres
qui no disent pas un mot de la venue de
Pierre à Rome sont l’histoire vraie ofTicielle,
authentique, détaillée du développement,
du progrès, des persécutions et des triomphes de l’Eglise. Leur but est de faire connaître les travau.x des apôtres. Ces Actes
sont une histoire légitime, impartiale,
pareeque S' Luc était inspiré. Comment
pouvait-il passer sous silence le voyage
de Pierre à Rome, pendant qu’il a parlé
de tant d’autres villes de moindre importance, de Lidde, de Joppe, de Samarie,
de Césarée? Pourquoi n’aurait-il pas dit
qu’il est aussi venu à Rome, si réellement
il y était venu.
Nos adversaires disent que peut-être
S‘ Luc n’a pas fait mention du voyage de
S‘ Pierre à Rome do crainte de le compromettre. Mais, lorsque furent écrits les
Actes des Apôtres, le danger était passé.
Ne nous le dissimulons pas, la figure de
S' Pierre est la figure principale de l’Eglise. Pourquoi ce silence à son égard?
Le voyage de S' Paul fut décrit dans ses
plus petits détails; et cependant il n’avait
pas à fonder l’Eglise de Rome, et, à côté
de S* Pierre, S‘ Paul est une figure secondaire. Pourquoi S‘ Luc ne parle-t-il
pas de la venue à Rome de S‘ Pierre qui
2
-(66j
n 1 ¿»J I
est la figure priucipale du collège apostolique? L’accusation que l’on pourrait porter contre S' Luc pour avoir gardé le silence sur un fait aussi important est trop
grave; les catholiques, les chrétiens ne
peuvent l’admettre.
Or S' Luc est un témoin de première
main ; tous les autres ne sont que des
témoins de seconde main. Le silence do
la Bible acquiert par conséquent tous les
caractères de la preuve positive que S‘
Pierre n'est pas venu à Rome. S‘ Paul a
aussi passé sous silence, dit-on, ce fait,
afin de ne pas compromettre cet apôtre.
— Messieurs, je respecte trop S' Pierre
pour croire qu’il eût peur, S‘ Pierre n’était pas un lâche qui craignît le martyre
et S‘ Paul ne le tenait pas pour tel. Le
slleuce de S' Paul est donc une preuve
positive que durant tout le temps qu’il fut
à Rome, S‘ Pierre ne s’y trouvait pas. C’est
à Babylone que S‘ Pierre a subi le martyre et qu’il fut crucifié la tête en bas.
Du reste l’apostolat même de S' Paul à
Rome est une autre preuve que S‘ Pierre
ne l’exerça point dans celte ville. — Messieurs, ou vous a déjà dit que les juifs
qui se trouvaient à Rome quand S‘ Paul
y alla en 61, ne savaient pas môme qui
étaient les chrétiens et les appelaient une
secte : cela signifie que ni Pierre ni aucun
autre apôtre n’y avait encore été jusqu’à
celte époque. On a dit que S' Pierre eut,
de la part de Christ, pour mission de prêcher à toutes les nations. Ce n’est pas que
Pierre ne pût prêcher à toutes les nations,
mais la question ici est que S‘ Pierre n’est
pas venu à Rome. Tous les autres apôtres
sont-ils venus à Rome? Non, direz-vous.
Comment savez vous qu’ils n’y sont pas
venus? C’est que. la Bible ne le dit pas,
devrez-vous répondre. Or, si S‘ Pierre y
était venu, pourquoi la Bible ne le diraitelle pas? Ç’est que ce fut à S‘ Paul que
Dieu donna la mission d’annoncer l’Évangile à Rome. ' ■ ^ ‘ I
On nous dit que S‘ Pierre . devait s’occuper essentiellement des Juifs et qu’il J.
avait des juifs à Rome. Mais St Pipi;re, à ce
compte, aurait jdû courir le monde entier,
parcequ’il y avait partout des juifs. Il y
en avait beaucoup plus à Alexandrie oit
ils avaient leur célèbre académie. Les juifs
de Rome étaient peut-être puîs’sants par
leurs richesses, mais non par leur position
et leur influence. Leur nombre s’élevait
de 5 à 6000, au milieu de 5 millions de
romains. C’était bien autre chose dans les
proviuces babylonniennes: là se trouvaient
les brebis de la dispersion. C’est dans ces
pays qu’était le centre de la dispersion
hébraïque ; à Babylone, il y avait encore
le résidu de l’ancienne captivité. Dans
ces provincesj les juifs se trouvaient au
nombre d’environ 4 millions. S’ Pierre fut
fidèle à la mission qu’il reçut de Christ:
il resta dans l’Orient, et maintenant on
voudrait détruire la fidélité de sa mission,
en disant que la date de Babylone qu’il
mil à sa lettre est une métaphore. Messieurs, S' Pierre dit: L'Eglise qui est avec
moi à Babylone vous salue. Voulez-vous
que Pierre insultât Rome, siège de son
Eglise, en l’appelant Babylone? Qu’auraient dit ses disciples? — Mais pourquoi,
dit-on, Babylone oîi S‘ Pierre serait mort,
n’a-l-elle pas réclamé ses restes. Mais,
réfléchissez, Messieurs, que ce ne fut que
quelques siècles après la mort de S‘ Pierre
que l’on commença à prétendre qu’il était
mort à Rome. Et quand cette tradition a
eu pris de la consistance, Babylone n’était
plus qu’un diocèse in parlibus infidelium.
L’on dit encore : Il y aà Rome les reliques
de S' Pierre, donc S‘ Pierre est mort à
Rome. Mais cela ne prouve rien. A Rome,
dans une de vos basiliques, on assure qu’il
s’y trouve enseveli le corps de S‘ Etienne.
Conclura-t-on que S‘ Etienne a subi le
martyre à Rome? Les reliques y furent
apportées.
Après bien d’autres arguments de détail,
Gavazzi s’écrie avec force: La Bible est
mon guide ; par la Bible je suis persuadé
que S‘ Pierre n’est pas vequ à Rome. Je
défie tout le monde de me prouver le contraire,
Vous nous avez parlé des artistes qui
ont sculpté, peint et ciselé le fait de la
venue de S‘ Pierre à Rome. Messieurs,
laissons les artistes de côté. N’allons pas
après les fantaisies des artistes, Ils nous
ont peint les rois mages, S” Véronique ;
ils ont mis un œil dans un triangle et ont
i dit que c’est le. Père éternel. Non! non !
3
-(67)
ne faisons pas intervenir les artistes dans
la théologie !
Ne faites pas non plus appel à la gloire
des romains. La gloire des romains ne dépend pas du tout de ia venue de S‘ Pierre
a Rome. Ils ont S‘ Paul. Cela suffit! Qu’ils
lèvent la tête! Ils ne peuvent pas demander
de plus! Il n’y a pas de gloire évangélique
plus grande que celle de S‘ Paul, le plus
grand docteur de l’Eglise. Mais, dites-vous,
il est important pour les catholiques que
S' Pierre soit venu à Rome ! Mais tout serait-il perdu si S‘Pierre n’y était pas venu?
Christ n’a-t-il pas promis d’être toujours,
par son esprit, avec son Eglise? Nous
avons la parole de Christ pour le salut
des âmes et cela nous suffit.
Je conclus et je résume. Nous, évangéliques , nous nions que S' Pierre soit venu
à Rome; et nous nous appuyons pour le
nier, sur la seule histoire qui devait nous
le dire, si vraiment S' Pierre y était venu.
Si l’écrivain inspiré qui a composéles Actes
des Apôtres n’en parle pas, nous ne pourrons jamais être vaincus par nos adversaires.
Vous nous opposez une allusion, la tradition et une foule de témoignages. Mais
ces témoignages postérieurs au premier
siècle sont comme les nuages au soleil.
Les générations subséquentes les ont répétées comme des perroquets, comme
ces brebis dont parle Dante.
Soyons sérieux, Messieurs, si vous n’avez pas pour vous le premier et le second
siècle, des millions de siècles postérieurs
n’ont aucune valeur.
Je conclus: ces témoignagnes sont autant de bulles de savf n resplendissant des
plus vives couleurs, mais que le souffle
d’un enfant disperse.
La tradition n’a pas une plus grande
autorité qu’un menteur; celui-ci peut dire
quelquefois la vérité, mais, pour qu’il ait
do l’aulorité et qu’il soit cru, il faut que
quelqu’un témoigne en sa faveur.
Aussi longtemps qu’on ne nous aura
pas montré que la Bible parle de la venue de Saint Pierre à Rome, nous évangéliques, nous concluons que Saint Pierre
n’y est jamais venu.
Ce discours de M. Gavazzi dont nous
avons sommairement reproduit les prin
cipaux arguments a profondément impressionné l’auditoire.
Le curé Guidi prend ensuite la parole;
mais avant qu’il ait commencé sa réfutation, M. Sciarelli se lève pour déclarer
au nom des évangéliques que, après le
discours de M. Gavazzi, ils ne se proposent
plus de répondre, persuadés qu’ils sont
que les choses qu’il a dites ne peuvent
être réfutées Le président avertit les ecclésiasti(|ues catholiques de cette déclaration, et il est établi qu’après la réponse
de M. Guidi la discussion sera considérée
comme épuisée.
Cet orateur reproche à ses adversaires
de prendre la Bible comme preuve unique
de leur thèse. Quand il est question do
dogmes, nous sommes, dit-il, nous catholiques . les premiers à reconnnaîtro que
le témoignage des Ecritures est une preuve
certaine, devant laquelle tous les doutes
doivent disparaître. Mais s’il est question
de faits purement historiques, nous pouvons puiser à d’autres sources; l’Ecriture
n’est pas une histoire; nous devons suppléer à ce qui lui manque par l’histoire
et par la tradition. S’établir derrière l’Ecriture et exclure tous les autres arguments, c’est détruire l’histoire, c’est du
fanatisme, de la superstition. Les protestants eux-mêmes et plusieurs autres hérétiques , reconnaissant cette vérité, ont
dû tenir pour vraie la venue de Saint
Pierre à Rome et le fait que celte venue
n’est pas racontée par la Bible n’en détruit pas la vérité historique.
Le professeur Guidi, après des arguments et des raisonnements qui ne contiennent rien de nouveau, en vient enfin
à sa grande preuve: « Si, dit-il, un fait
grand, perpétuel, universel, notoire, constant, ne se peut expliquer sans admettre
un autre grand fait qui en est l’origine
nécessaire, il faut admettre ce fait. Or
nous avons, et personne ne peut le nier,
le grand fait constant, universel de l’existence et de la vie de l’Eglise Catholique,
et si vous le voulez, disons le, de l’Eglise romaine ; ce fait est uniquement
fondé sur la venue de Saint Pierre à Borne.
Ce fait de l’existence de l'Eglise de Rome
est inexplicable, si on n’admet pas la venue de Saint Pierre à Rome. Il est dond
4
-(68).
absolument nécessaire de l’admettre,
quand même les preuves feraient tout-àfait défaut (pauvre argument!). Mais ces
preuves ne manquent pas. L’orateur cite
le témoignage de Clément Romain, d’Ignace
et de Papias, et conclut en disant; « la
venue de Saint Pierre à Rome est attestée
principalement: 1. par le grand fait de
l’existence de l’Eglise catholique, fait perpétuel, constant, universel, que personne
ne pourra nier ; 2. par le témoignage des
écrivains contemporains et par le consentement unanime des Pères subséquents;
3. par la confession des hérétiques euxmêmes; 4. par le silence de toutes les autres Eglises ». La seule difliculté qu’on
nous oppose est le silence de l’Ecriture.
— Ainsi finit le discours dn professeur
Guidi. La présidence demande alors aux
orateurs des deux partis, s’ils ont quelque chose à ajouter. Les deux partis se
déclarent satisfaits.
Le président déclare que la discussion
est terminée. « Qui a vaincu? » s’écrie
une voix {hilarité générale).
On remarque que les ecclésiastiques
catholiques et les ministres évangéliques
se serrent la main, —L’assemblée se disperse et le public sort de la salle avec
ordre.
Le discours du professeur Guidi, dont
les cléricaux attendaient beaucoup, ne
répondit pas à l’attente. « Il essaya de répondre au discours écrasant de l’ex-père
Gavazzi, mais son argumentation fut si
faible que tout le monde en fut étonné, »
dit le correspondant de la Semaine religieuse de Gènove. « Grâces à ûieu, lisons
nous dans le même journal, les chrétiens
évangéliques ont remporté, dans cette
circonstance, une victoire qui, j’aime à
le croire, sera très utile au développement de notre œuvre...... La ^reur des
papistes dépasse , toutes limites. Dans la
salle même du palais des Sabins, pendant que les pasteurs parlaient, quelques
fanatiques disaient. «Il faudrait les brûler
ces gens-là! oui, les brûler! Il n’y a pas
d’autre manière sûre de les combattre ».
Le journal clérical La Frusta, nous menace amicalement d'un séjour dans le
carcere mamerlino. où fut étranglé Ju
gurtha, et oîi l’on prétend que Saint Pierre
et Saint Paul furent emprisonnés.
Nous apprenons aussi par la Semaine
religieuse que, « avant la discussion, l’amiral anglais, M. Fishbourne, avait réuni
chez lui quelques amis pour prier Dieu
de bénir ces conférences en vue de l’avancement du règne de Dieu, en Italie. Il
les a réunis de nouveau pour remercier
Dieu d’avoir donné à ses serviteurs la
force de défendre la vérité, et d’avoir
fait triompher la sainte cause de sa parole ». Voilà un puissant moyen d’action
et une condition de succès dont nous oublions beaucoup trop de nous prévaloir.
C’est un homme de guerre qui nous en
rappelle le devoir et qui nous en donne
l’exemple
Corre0pottbauce.
La fête dn 17 février à Rodoret.
« Nous avons en cette année encore à
Rodoret, notre fête du 17 février. Bien
loin de se perdre ici, cette fête semble
être célébrée, chaque année, avec plus
d’entrain.
» Dès la veille, les villages se saluèrent
par des feux; de tous côtés des chants
et des cris de joie, que répétait l’écho des
rochers, préparèrent les cœurs pour le
lendemain.
» Le matin à 10 heures eut lieu dans le
temple un culte en langue italienne. Le
pasteur lut une partie du chap. V de l’Epitre aux Galates, et arrêtant l’attention
de son auditoire sur le contenu du verset
13 en particulier, il parta de la véritable
liberté, de la liberté qui est en Christ par
la foi, laquelle a pour but dé délivrer l’âme de l'empire dn péché et de l’esclavage
du diable. Toutes les autres libertés ne
sont rien à côté dp cette liberté et sans
elle. C'est aussi la seule qui puisse nous
rendre réellement heureux. Mais on peut
aussi abuser do cette liberté, comme de
toutes les autres, en faisant do la grâce
de Dieu Tin prétexte pouf mal faire, ou
comme -le dit Saint Paul, um occasion dé
5
-(69)
tître selon la chair. La vraie liberté n’eliste que dans le bien, daes l'accomplissemeut de ses devoirs envers Dieu et envers
les hommes.
» Après le culte, tous les enfants des
écoles de la paroisse se réunirent devant
la cure où ils chantèrent quelques cantiques qu’ils avaient exercés. Conduits ensuite dans la salle de la grande école, ils
prirent ensemble leur frugal repas, en
présence des maîtres qui les servaient et
de beaucoup d’autres personnes, autant
que la salle en pouvait contenir. C’était
un bonheur et une jouissance de voir
ces enfants manger avec bon appétit le
pain de la liberté. Quelqu’un profita de
la circonstance pour leur faire sentir combien ils étaient plus heureux que nos ancêtres qui durent souvent manger un
pain mouillé de larmes. — On entendit
ensuite la lecture de quelques compositions faites par les enfants sur le 17 février, cinq en langue italienne et 6 en
langue française. C’était un concours en
petit. Deux prix furent assignés: l’un pour
le meilleur travail italien, l’autre pour le
meilleur travail français. — La fête des
enfants se termina vers 4 heures par un
chant et par la'distribution d’un certain
nombre de traités, donnés aux aînés de
chaque famille.
Le soir, un repas des plus simples, réunissait encore dans la grande école une
vingtaine de personnes, entr’autres les régents et le pasteur. Ce dernier, après le
repas, attira l’attention des amis présents
sur la discussion religieuse de Rome, en
leur lisant le compte-rendu de la Capitale. Ainsi la journée finit, comme elle
avait commencé d’une manière à la fois
agréable et utile ».
Nous savons que le 17 février à été célébré à peu près de la même manière
par un culte et par une fête des enfants
des écoles, à Pomaret et à la Tour.
On nous communique au dernier moment une lettre particulière sur la fête,
du Pomaret. Nous en extrayons les détails
qui suivent; ¡,
« A 10 heures précises, les enfants des
écoles entraient dans le temple; on en,a,
compté 250, d’où l’on conclut que presque
aucun n’avait craint ni la neige ni la
boue.... Après un chant et une prière, M.
le pasteur Lantaret lut le chapitre IV des
Proverbes; il tira de ces paroles si bien
appropriées à la circonstance; « Travaillez,
à acquérir la sagesse, aimez-la et elle
vous gardera, vous élèvera et vous couvrira de grâce, » de puissants motifs pour
profiter de l’instruction et pour se donner
au Sauveur qui est la vraie sagesse. On
n’oubliera pas facilement les mots par lesquels il termina son allocution ; « Rien ,
a-t-il dit, absolument rien, ne remplace
la sagesse qui vient d’en haut; ou ne l’achète nulle part, parce qu’on n’aurait pas
de quoi la payer. S’il le fallait, j’aurais
le courage de demander à Dieu qu’il vous
ôtât jusqu’à votre dernier centime, pourvu
qu’il vous enrichît de cette sagesse là.
Non, elle ne serait pas trop chèrement
achetée, même s’il nous fallait la payer
de tous nos biens et de toutes nos joies ».
M. le professeur Rivoir jeta ensuite un
coup d’œil sur le passé de notre église
au point de vue de l’éducation et il conclut en disant qu’aujourd’hui comme alors
les enfants doivent se préparer à combattre le bon combat, d’autant plus qu’ils
jouissent de plus d’avantages.
M. le régent Guigou engage les enfants
à jouir de la fêle qui leur a été préparée
en pensant à cette autre fête bien plus
belle que nous célébrerons durant toute
l’éternité réunis dans les cieux, si nous
aimons le Sauveur. — Plusieurs enfants
ont ensuite récité un nombre considérable
de poésies françaises et italiennes, et firent honneur à une modeste collation qui
les attendait. Chacun d’eux reçut deux
jolis traités. Pendant que les enfants prenaient , joyeux, le chemin de leurs demeures, les régents se rendaient en corps
chez le délégué du mandement, M. le
chev. Godin, qui les avait invités chez lui,
profitant de cette occasion pour reconnaître le zèle avec lequel, ils s’acquittent
de leur tâche.
L’impression laissée par la fête a été
excellente. Bon nombre de parents des
enfants, plusieurs anciens et conseillers
communaux ont honoré la réunion de
leur présence. Une collecte ouverte dans
6
-(70)
ia paroisse pour couvrir les frais de la
fête avait produit 110 fraocs. Parmi nous,
comme ailleurs, on dònne volontiers pour
quelque chose qu’On aime.
iïauüeUcs rcligteuoea
Dlsoiasslon religieuse d.’Aglra. L’abondance des matières nous a
obligé à renvoyer jusqu’à aujourd’hui de
faire connaître à nos lecteurs cette intéressante discussion dont la Gazzetta di
Messina s’ést occupée dans deux numéros
et très longuement. Cette discussion a eu
lieu entre M' l’évangéliste Aug. Malan et
l’ex-capucin De Luca Gesualdo. Plus de
deux cents personnes, appartenant aux
deux confessions, y assistaient. Il y avait,
en outre, de chaque côté un président,
un secrétaire et deux questeurs. M' Aug.
Malan a parlé le premier et a prouvé par
les Ecritures le droit qu’a tout homme de
lire la Bible. M' De Luca s’est efforcé d’établir le coniraire, mais, comme il n’avait
pas à sa disposition des passages bibliques, dont il aurait dû se servir, il
s’est perdu dans des considérations générales de peu de valeur, et a demandé
à son adversaire de lui faire connaître le
commandement de Dieu par lequel il est
clairement ordonné à tous les hommes
d’apprendre à lire pour pouvoir lire la
Bible. Il a ensuite cherché à faire rire aux
dépens des cordonniers, des bergers et
des laboureurs qui ont le malheur de savoir lire. En finissant il a accusé Diodati
d’avoir falsifié la Bible. '
M' Aug. ’Malau montra' alors par des
décrets de Conciles et par le témoignage
du catalogue des livres défendus, que
vraiment l’Église remainè ne veut pas qùe
les simples fidèles lisent la Bible; il protesta ensuite contre l’insnltedancée contre
les cordonniers et contre tous les petits
de la terre que Jésus-Christ aimait et àime,
il établit le fait de l’égalité dé ions devant
Dieu, depuis les ipapes et les rois jusqu’au dernier des hommes; et il învita son adversaire'à ' donner une selile'
preuve"<)fàe Diddàti ait falsifié les Ecritures
saihtés...........’ ■ I
Mais le curé, au lieu de répondre, prit
la parole pour porter la discussion sur
d’autres questions; sur la prétendue divinité des fêtes religieuses établies par l’Eglise romaine et sur la nécessité de la
confession auriculaire. — M' Aug. Malau
prouva encore par la parole de Dieu qu’il
n’y a qu’un seul jour de repos ordonné
par le Seigneur dans sa loi, c’est le sabbat
auquel les apôtres ont substitué le jour
du Seigneur ou le dimanche. Toutes les
autres fêtes sont d’invention humaine et
ont été établies dans l’intérêt d’une caste.
— La confession auriculaire doit aussi
être repoussée, dit-il, comme une source
de corruption et d’espionnage; et du reste
Dieu se réserve dans sa parole clairement
à lui seul le pardon des péchés.
La ville d’Agira se souviendra longtemps
de cette discussion, la première qui ait
eu lieu en Italie, après celle de Livourne
au mois d’août de l’année 1868. On n’aurait pas osé espérer que les choses se seraient passées avec un calme et un ordre
aussi parfaits. Deux partis religieux se
trouvaient en présence dans un pays où
l’uniformité romaine régnait naguère sans
partage ; et cependant il n’y eut pas une
parole d’approbation ou de désapprobation, pas un signe d’ennui ni d’impatience
de la part d’un auditoire peu accoutumé
à ces sortes de disputes, pendant les
cinq heures et demie que dura la discussion.
Chronique Cauhoier
La Table s’est rendue à Angrogne, jeudi
de la semaine dernière', en vue de la visite pastorale que nous avons annoncée.
Elle y a trouvé une assemblée très considérable, essentiellement composée d’hommes. Le sermon du Modérateur!, qui prêcha sur Jacques iv» 1-10, fut écouté avec
la plus respectueuse attention, nous aurions dit, avec recueillement. Mais.... la
Table se trouva bientôt en face d’une
grande multitude, néanmoins il lui fut impossible de réunir autour d’elle les membres de l’Assemblée de paroisse ou les
membres électeurs qui seuls ont le droit de
délibérer. Force lut fut donc de lever la
séance avant de commencer la discussion
proprement dite, et de renvoyer à une
époque où les esprits seraient dans des
dispositions plus convenables le réglement des questions qu’elle aurait désiré
pouvoir examiner ce jour même. Nous
n’oublierons pas de longtemps la triste
heure .que nous avons passée, à cette occasion . dans le temple dé S. Laurent le
plus ancien temple des Vallées. Nos lec-
7
-(71)
teurs comprendroDt pourquoi nous n’en
disons pas davantage.
Oonoou.r*s poMr deux places de professeur au Collège. La Table nous invite à
publier ce qui suit;
1) Les deux places de professeur des
classes du Collège inférieur sont mises
au concours aux conditions suivantes ;
aj Les aspirants doivent professer franchement les doctrines et les principes de
l’Eglisé Vaudoise et se soumettre à son
gouvernement;
bj Ils doivent posséder une culture classique générale.
cj Ils doivent être capables d’enseigner
en français et en italien les branches d’étude prescrits par le reglement, savoir;
la langue française, la langue italienne,
la langue latine, la langue grecque, l'tiistoire bibliiiuo, l’histoire vaudoise, l’histoire universelle, la géographie et l’arithmétique.
2) L’un des professeurs aura la direction
et la responsabilité de la classe de 1" et
de 2' année, l’autre de 3‘ et de 4* année,
et chacun d’eux devra donner 25 heures
do leç<)ns par semaine.
3) Les avantages assurés à ces postes
sont; un traitement annuel de 1500 francs
et un logement, ou une indemnité de logement de francs 300.
4) L’e.xamen de concours aura lieu dans
la seconde moitié du mois d’aoét prochain
aux jours qui seront ultérieurement fixés
et devant une Commission que la Table
nommera en temps opportun.
5) Les aspirants à ces places devront se
faire inscrire auprès de la Table avant le
Ir août.
Chronique ^ïoUtique.
I tallo. Dans cette dernière quinzaine
sont morts, presqu’en même temps, deux
hommes dont la perte a été vivement regrettée; le comm. De Foresta, premier
président du Tribunal de Bologne, et le
générdi de divi.sion Cugia, aide de camp du
prince Humbert. Le comm. De Foresta, né
en 1799 à Nice, a rendude longs et précieux
services à notre patrie, comme député,
comme ministre, comme sénateuretcomme
magistrat. Il a été favorable à toutes les lois
et à toutes les mesures libérales. Le général Cugia était député dè la Sardaigne;'*
âgé de 54 ans sq^ilement, il passait pour
un des bons officiers supérieurs de notre
armée. Le journal clérical La voce della
Veriià, parlant de cette mort, fait cette
remarque earactéristiqub ,3^ « nous vou
drions que ce premier décès au Quirinal
servît de leçon ».
Romb. Les catholiques ont repoussé le
nouveau défi des évangéliques sur le sujet de la suprématie de l’évêque de Rome.
— Il est question de la reconvocation
du Concile à Trente; ce sont Mgrs. Mermillod. .Manning et Deschamps qui y poussent. Mais on assure que Pie IX n’est pas
très ardent pour ce projet et que le chancelier d’Autriche, le comte Andrassy, n’est
pas très disposé non plus à y donner son
consentement.
Espagne. Les journaux cléricaux
et républicains en Italie et ailleurs enrégistrent avec une joie mal dissimulée les
difficultés que rencontre le roi Amédée.
Le ministère Sagasta a donné sa démission et a été reconstitué par Sagasta luimême avec des éléments progressistes et
conservateurs ou unionistes.
F*arls. — La discussion des pétitions
dos catholiques sur la politique française
en Italie est renvoyée à une épo()ue indéterminée. On sait que les auteurs de
ces pétitions ont pour but d’engager la
Chambre et le ministère à ne pas envoyer d’ambassadeur auprès du Gouvernement subalpin de Rome. D’après les
dernières nouvelles, la Commission proposerait, sur ces pétitions, l’ordre du jour
pur et simple, et le ministère aurait déclaré s’opposer au renvoi au ministre des
aftaires étrangères.
Eonclres. Le Gouvernement américain maintient la position prise dans la
question de l’Alabama.
Lord Mayo, gouverneur de l’Inde, a été
assassiné dans l’Inde même par un condamné aux travaux forcés.
Erus.se. La loi sur l’inspection des
écoles a été votée par le Parlement pru.ssien avec 207 voix favorables et 155 contraires. L’article principal est conçu ences termes ; « La surveillance de tous les
établissements, publics ou privés, d’instruction ou d’éducation appartient è l’Etat.
Les dispositions contraires sont abolies».
Ont voté contre cette loi les cléricaux ,
ayant à leur tête M. W'indthorst, etjes
ultraconservatenrs protestants dont l’or-,
gane est la Gazelle de la Croix. Ce journal
ne se propose rien moins que do dôfendro
le caractère chrétien de l’Etat»contre les
révolutionnaires, l’empereur Guillaume et
le prince de Bismark. Ainsi ces dehx personnages qui ont toujours été à la tête du
parti féodal sont poussés', malgré eux,
dans le camp du parti libéral. C’est, dit
la Nouvelle Presse libre de Vienne, un épis;
sodé important de la lutte entre le Gou-vernément de Berlin et les ultramontains..
La bataille est engagée, elle sera longue
et exigera beaucoup de sacrifices. L’altra-
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-{72)
montanisme est un adversaire redoutable
même en Allemagne, et pour M. Bismark);
car la volonté du chef suprême du catholicisme pénètre , comme un courant électrique , à travers toute son innombrable
armée jusqu’aux postes lointains les plus
avancés. Le nouveau dogme de l’infaillibilité enchaîne toute volonté individuelle
et contraint tous les membres de l’Eglise
à une obéissance aveugle envers ceux qui
commandent au nom du pape. — Une
société ainsi centralisée, qui embrasse
des centaines de milliers d’hommes est
une puissance d’autant plus terrible que
la stupidité la plus inexpugnable de toutes
les forteresses, sert de base à ses opérateurs, qu’elle enflamme ses guerriers par
le fanatisme et qu’elle emploie des armes
que l’Etat ne peut pas employer, la calomnie et l’astuce. Cependant nous espérons (jue le Gouvernement allemand réussira à avoir le dessus sur les ultramontains et leurs alliés, les vieux luthériens de
la Gazette de la Croix. Déjà ces derniers
ont changé de ton. La loi sur l’instruction
court des dangers dans la Chambre des
Seigneurs. Mais l’empereur et son ministre sont décidés à la faire passer, et on
assure qu’ils vont introduire dans cette
haute Chambre un certain nombre de
membres appartenant au parti libéral et
parmi eux de Moltke et Roon.
RECENSEMEiNT.
Nous recevons d’un de nos abonnés,
que nous remercions bien sincèrement,
les tableaux ci-dessous.
Angrogne
Maisons habitées . • • 531
Non habitées . 98
Total 629
Nombre des familles . 562
Population.
hammes femmes
Non mariés 738 641
Mariés 453 449
Veufs 54 97
« —— Total de la popul. prés. 1245 1187 =
En 1862 2465
Instruction.
hommes femmes
Savent lire 36 65
Savent lire et écrire 760 534
Ne savent ni lire ni écrire 449 588
Total 1245 1187
Evangéliques
Catholiques
Religion.
917
328
881
306
1245 1187
166
43
209
166
Total
Rorà:
Maisons habitées
Non habitées
Totale
Nombre des familles
Population.
hommes femmes
A marier . . 218 166
Mariés . . . 140 142
Veufs ... 9 33
Total de la popul. prés. 367 341 = 708
En 1862 749
Instruction.
Savent lire hommes 12 femmes 27
Savent lire et érire 247 187
Ne savent ni lire ni écrire 108 127
Total 367 341
Religion. Evangéliques 348 325
Catholiques . 19 16
Total 367 341
SOUSCRIPTIONS
EN FAVEUR
de la Sociélé Biblique italieuue
Liste précédente Fr. 49 05
M‘" Schleicher » 2
La paroisse de Pramol » 20
» de Saint Germain » 21 05
M. J. P. Trou professeur » 10
De Villar, savoir de Cath. Pascal
0 50, — de veuve Charbonnier
Durando 0 10, — de Salomon
Berton 1 50, — de A. 0 05, —
de J. P. Salomon ancien 0 20,
— de Timothée Garnier ancien
1, — de J. P. Talmon 1, » 4 35
Total Fr. 106 45
SOUSCRIPTION
POUR LES PORTRAITS DO DOCT. STEWART
Liste précédente Fr. 650 15
M. H. Jorand » 5
M. P. Charbonnier » 1
Total Fr. 656 15
E. Malan Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Chiantore.