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SPÉCIALEIENT GONSACBÉE ADI INTÉRÊTS DE LA FAMILLE TADDOISE
• Ilh dion qu' es fraudes. ..»
• Ils disent qu’il est Vaudois •
NOBLA lEYCZ ON
/ Valdesi per A. Bert ( U, article ). — Q uestions
nom avons et ce qui nom manque comme Eglise.
( tS. article). — M issions É v a n g éliq u e s : Lettre du Comité des Missiom
de Bàie. — Nouvelles religieuses. — Nouvelles politiques. —
H isto ir e V audoise :
L ocales : Ce que
H I S T O I R E T A V D O IS E
I YALDESI
ossiano i Cristiani cattolici secondo la Chiesa primitiva cc.
per A. Bert.
(H™« article).
Nous avons cherché , dans un précédent article ( voir le
N. 9, page 157), à donner une idée aussi complète que nous
le permettait le peu d’espace dont nous disposons, de la partie
narrative du livre de M. B. Mais M. B. ne raconte pas
seulem ent, il juge tout autant qu’il raconte; et nos lecteurs
n’ auraient pas de l ’ensemble de son ouvrage cet aperçu que
nous aimerions leur en laisser, si nous ne mettions sous
leurs yeux un certain nombre au moins, des nombreuses ré
flexions qui naissent sous sa plume , avec 1’ exposition des
faits.
En voici quelques unes sur une question que les événe
ments des deux dernières années ont plus que jamais mise
2
—
174
—
à r ordre du jour , et que moins que personne un historien
des Vaudois pouvait se refuser à aborder : nous voulons
parler de la question des rapports de V Eglise avec la société
civile. M. B. a consacré son^introduclion tout entière, de bien
trente-cinq pages, .à l’étude de cette question importante, et
les conclusions auxquelles il se trouve amené sont les suivantes:
1 Que les gouvernements n’ ont point le droit d’imposer
à leurs administrés une religion quelconque , . . la base de
la société religieuse étant la f o i , c’est-à-dire tout ce qu’il
y a de plus spontané , de plus indépendant de la contrainte
matérielle.
Î2. Que les religions d’Etat sont par conséquent incompa
tibles avec la vraie liberté ; qu’elles tuent la religion au lieu
de la développer, et que c’est à ce déplorable système que sont
dus, entr’autres maux, ces persécutions religieuses dont la seule
pensée fait courir dans Pâme un frisson d’horreur.
Partant de là M. B. demande :
« Que le clergé ne forme pas une caste dans l’E ta t, mais
uniquement une classe de la société , caractérisée par la nature
des fonctions qu’elle y exerce , de manière que, ce clergé ayant
un chef, une telle circonstance ne puisse jamais donner lieu à
un empire dans l’empire , chose des plus funestes par les abus
bien connus qui en dérivent «.
« Que l’état civil soit en conséquence entièrement indépendant
et distinct du religieux, en sorte que, légalement, les mariages
soient contractés devant le magistrat civil, et soient autorisés
entre personnes ne professant pas le même culte ; que les dé
clarations des naissances et des morts se fassent également par
devant ce même magistrat ; que les cimetières soient partout
ouverts aux citoyens quels qu’ils puissent être, sur lesquels ne pèse
pas une sentence infamante; que les couvents et les communautés
religieuses ne jouissent d’ aucune espèce de privilège ; que les
écoles publiques soient ouvertes à tout citoyen , indépendamment
du culte qu’ il professe ; et que l'enseignement y soit dirigé de
manière à ne blesser la foi positive de personne , tout en étant,
le plus possible , éminemment religieux . . .
« Qu’ enfin le gouvernement , comme personne morale, ne pro
fesse aucune religion positive particulière , libre à chacune des
personnes qui le composent, de se rattacher à l'une ou à l’autre
des communions religieuses existant dans l’ Etat ».
Sur la question du salaire, laquelle se rattache étroitement
à la précédente, M. B. s’exprime en ces termes :
« Si le gouvernement, pour s’assurer une plus grande influence
3
— 17S —
ne veut pas que le clergé soit indépendant, et trouve mieux
de le rétribuer comme corps constitué de l’E tat, qu’il le fasse,
bien qu’une telle manière de voir soit contraire aux principes delà
saine raison et d’une vraie liberté. . . pourvu que la religion ou
les religions de la minorité jouissent des mêmes avantages ».
L ’ accusation de rébellion tant de fois lancée, par les écri
vains catholiques, contre les Vaudois, dans le but d’atténuer
si non justiQer entièrement la barbarie des procédés dont on
s’est servi à leur égard , ne pouvait manquer d’être relevée
par M. B. Voici d’abord comment il la pose :
a Mais , dira quelqu’un , les Vaudois n’ont-ils pas mérité, en
plus d’une circonstance , les actes de rigueur dont il furent les
objets de la part de l’autorité ? . . . Pourquoi en effet lorsque tant
de fois ils reçurent l’ordre d’abandonner les terres situées au delà du
P élis, ne se soumirent-ils point? Pourquoi mirent-ils le plus
d’obstacles qu’ils purent à l’établissement de prêtres catholiques
au sein des Vallées ? Pourquoi, en dépit des défenses les plus
formelles , persistêrcnt-ils à vouloir avoir et temple et écoles à
S. Jean , et cimetière à Campillon ? Quand le gouvernement sous
lequel on vit est un gouvernement absolu , l’obéissance doit être
pareillement absolue ; et si chacun dans un Etat croyait de pouvoir
faire à sa guise , sans se soucier des ordres du Souverain, dans
quel sens dessus dessous ne se trouverait pas jetée la société »?
A celé M. B. répond par les considérations suivantes, où
la loyauté et la franchise ne sont certainement pas ce qui fait
le plus défaut :
« Il est vrai que la religion chrétienne enjoint, aux sujets ou
citoyens, respect et obéissance aux lois et à l ’autorité ; aussi les
Vaudois fidèles à la maxime évangélique, étaient-ils peut-être les
sujets de tout le royaume les moins turbulents et les plus fidèles
aux princes, et montrèrent-ils constamment un caractère paisible et
soumis. Mais jusqu’où prétendra-t-on que s’étendent les droits des
gouvernements à l’obéissance et à la soumission? Ou plutôt, n’y-a-t-il
pas un degré si bas de tyrannie, devant lequel disparaissent éga
lement et les droits imprescriptibles des gouvernés et les devoirs
les plus sacrés de ceux qui gouvernent ? Et le peuple civilisé
qui se plierait à une tyrannie si abjecte, ne se déclarerait-il
point, par cela seul, digne du plus eomplet mépris ? C’est pourquoi
quand un gouvernement, poussé par des menées et des influences
étrangères , en opposition avec ses propres inclinations , se com
porte , comme ce fut souvent le cas par rapport aux Vaudois,
avec des procédés aussi barbares qu’injustes , aucun homme de
conscience et d’honneur, réfléchissant à la misérable condition où
ce pauvre peuple était rédu it, ne pourra leur imputer à crime
une résistance qu’ils n’employèrent jamais pour attaquer leurs adver
4
—
476
—
saires , mais uniquement pour défendre leurs propres droits, leurs
terres natives et la foi de leurs ancêtres ».
« Admettons d’ailleurs que les Vaudois aient eu tort en certaines
occasions ; si nous voulons entrer dans leurs douloureuses vicis
situdes , nous y trouverons une foule de drconstauces atténuantes
et très-favorables à leur cause ».
Une de ces circonstances ( M. B . en indique plusieurs )
c ’est cette perpétuelle alternative de permissions et de défenses
contradictoires, dont se composa, jusqu’en 1 8 la législation
concernant les V au d ois, et qui devait pour le moins faire
croire à ces derniers que leur principal adversaire était ailleurs
que dans le gouvernement :
« Les Vaudois étant persuadés par tout cela que leurs princes,
quand ils les persécutaient, cédaient, bien plus qu’aux impulsions
de leur propre cœ ur, à des influences politiques et cléricales, il
ne faut pas s’étonner, si à tort ou à raison, ils résistaient quel
quefois ouvertement. . . aux ordres de l’autorité ; la tolérance
reitérée de choses défendues par la loi , et la révocation d’or
donnances répétées, ou bien la désuétude dans laquelle on les
laissait tomber , ayant pour effet de démoraliser peu à peu un
peuple , en lui ôtant toute considération pour les gouvernants,
et tout respect pour les lois qui en émanent ».
Les réflexions qui su iven t, si elles font le plus grand
honneur à M. B. comme homme, à cause de l’esprit tolérant
qu’elles révèlent, n’ont-elles pas le défaut très-grave, surtout
quand il s’agit d’histoire, d’être en complète opposition avec
les faits ?-II s’agit des cruautés inouies commises pendant le
moyen-âge et plus tard encore, au nom du Catholicisme. M.
B . ne veut pas qu’on en fasse reposer la responsabilité sur
ce dernier :
« Ces écrivains se trompent, dit-il , lesquels ont coutume d’at
tribuer au Christianisme catholique , même corrompu comme il
était anciennement, des supplices, des auto-da-fé , et toutes
sortes d’injustices ; les plus grandes de ces iniquités procédant
souvent de l’ambition ou de l’orgueil d’un seul homme , qui se
disait Vicaire de J. C. sur la terre, bien qu’il n’en eût que le
nom , et à q u i, plutôt qu’au Christianisme catholique doivent être
reprochés les guerres , les supplices , les cruautés de tout genre,
qui n’auraient pu dériver d’une religion comme était pourtant le
catholicisme romain, lequel , bien que s’éloignant à plusieurs
égards du prim itif, acceptait et accepte cependant la doctrine d’a
mour et de paix du saint Evangile de J. C. ».
Voici enfin comment le réveil religieux qui s’opéra aux
5
—
177
Vallées, il y a une vingtaine d’années environ, est apprécié
par M. B. :
« Ce fut à-peu-près à cette époque que se forma, dans les
Vallées, la secte dite des Méthodistes, ou Mômiers. Ce sont les
rigoristes parmi les Vaudois ; ils ne veulent ni danses, ni
luxe dans les habits ; ils refusent d’avoir communion avec les
chrétiens qui ne le sont que de nom , et font en conséquence
corps à part, sous prétexte qu’aux époques de communion , il
n’est pas rare de voir sc présenter à la table sacrée des personnes
qu’ils appellent indignes , et auxquelles ils refusent de donner
le nom de frères et de sœurs. Ils ont de fréquentes réunions par
ticulières pour prier ensemble et écouter la lecture do la Parole sainte,
qui est ensuite expliquée par l’un d’entr’eux. Quoi qu’ils aient été
dénigrés par plusieurs , ils sont loin cependant de mériter le
mépris des hommes de bien ; au contraire ce sont des personnes
dignes d’estime , de bonnes mœurs, et fort versées dans la con
naissance des Ecritures. Sans doute l’hypocrisie , l’ignorance et
la présomption se glissèrent plus d’une fois dans leurs rangs ;
l’intolérance et l’orgueil y eurent bien des adeptes, et les passions
humaines, dont ne seront jamais entièrement affranchis, même les
hommes les plus avancés dans la carrière de la perfection chré
tiennes, suscitèrent, dans les commencements, beaucoup d’adversaires
aux méthodistes , ce qui amena des scandales et des démêlés. ...
Mais le tort le plus grand , ou presque tout le tort était du côté
de leurs adversaires, qui ne pouvaient souffrir que d’autres se
déclarassent meilleurs chrétiens qu’eux, et les condamnassent ;
pendant que la philosophie et le bon sens, unis au vrai christia
nisme, nous apprenent à nous supporter mutuellement, et même
à supporter ceux qui nous condamnent . . .
Quoi qu’il en soit, les Méthodistes ayant été , peu à peu ,
laissés à eux-mêmes , on en parla moins, et l’aigreur qu’ils inspi
raient injustement à quelques uns tomba ; les mœurs publiques
s’améliorèrént, peut-être même ensuite de leur lente et secrète
influence ; les assemblées religieuses devinrent plus nombreuses
dans les écoles et dans les temples de l’Eglise établie ; le zèle
religieux s’accrut généralement ; en sorte qu’on pourrait presque
dire aujourd’hui, que tous les Vaudois d’une foi affermie sont
mômiers , ou méthodistes , comme aussi l’ont peut affirmer, a
quelques exceptions près, que les méthodistes sont les Vaudois qui
s’appliquent de tout leur cœur à la pratique de l’Evangile , et
qui conservent intacte et "pure dans leurs cœurs l’ancienne foi
orthodoxe de leurs glorieux ancêtres » ( La fin au prochain A®).
6
— 178 —
Q IIE S T IO IK S liO C A liE S
Ce que nous avons et ce qui nous manque
comme Eglise.
5.‘ article.
ouGiNiSATiON { Suite ). Peut-être nos lecteurs se souvien
dront-ils q u e , sous ce titre à.'organisation nous avions
entrepris de parler suecessivement du Synode , de la Table,
des Assemblées de Paroisse et des Consistoires.
La première de ces institutions a été l’objet d’un article
spécial (voir N.” 6. p. 83). Quant aux deux autres, ce
que nous en avons touché incidentellement dans les N." 9 et
10, sous la rubrique de questions locales pouvant suffire,
nous n ’y reviendrons pas. Reste donc à parler de la qua
trième , des Consistoires, et plus particulièrement des Aticiens ( 1 ).
Pour bien juger de ce qui nous manque sous ce rapport,
puisque tel est l’objet de nos recherches, rendons-nous
compte avant tout du but d’un pareille institution, puis des
obligations dérivant de ce but lui-même, et qu’il impose tout
naturellement aux personnes chargées de le réaliser, enfin
des qualités qu’à un degré plus ou moins éminent, ces per
sonnes doivent nécessairement révêtir.
Une double idée a dû présider , ce nous semble, à l’in
stitution des Anciens : 1.“ Réaliser, dans toutes ses appli
cations possibles ce principe, qui est comme la pierre an
gulaire de notre édifice religieux : gouvernement de l'E
glise par l’Eglise. 2.“ Donner au pasteur des aides dont le
concours suppléât à ce qu’il ne pouvait faire par lui-même ,
et le mit en mesure de s’acquitter mieux de ce qui est plus
particulièrement de son ressort.
( t ) On appelle Consistoire, dans l’Eglise Vaudoise, ce corps , composé du
pasteur, des anciens, du diacre et du procureur des pauvres, auquel est
confiée l’administration de chaque Eglise particulière, ou paroisse. Mais ces deux
dernières fonctions étant fort souvent remplies par des anciens, et les pa
steurs devant être prochainement l’ohjet d’une article spécial, nous nous
sommes limité pour aujourd’hui aux anciens.
7
—
179
—
Et en effet, qu’on essaie de supprimer, par la pensée,
de notre organisation ecclésiastique, les Anciens, pour aban
donner l’administration de la paroisse au pasteur seul , et
l ’on verra cette organisation tout entière se disloquer et
tomber en ruines. Les assemblées de paroisse , les synodes,
dont nous avons reconnu la haute importance , ne seront plus
qu’ une inconséquence qui ne tardera pas à disparaître , et,
au lieu d’ une Eglise se gouvernant par elle-même, nous au
rons , ou bien une Eglise gouvernée par l’ E tat, ou bien
une Eglise gouvernée par le Clergé : deux dominations
dont on ne saurait dire laquelle est la plus funeste, pour
ceux qui l ’exercent tout d’abord , ensuite pour l’institution
au profit de laquelle elle est censée exercée
D ’un autre cô té, comment le pasteur — sans le concours
que l’Eglise lui doit dans la personne de chacun de ses mem
bres , mais tout particulièrement dans celle de ses repré
sentants, qui sont les Anciens— le supposât-on le plus dé
voué et le plus exemplaire , par son activité et par son
zèle , qui se puisse imaginer — pourra-t-il jamais s’acquitter
d’une manière tant soit peu satisfaisante de la tâche énorme
qui lui est confiée ? Le m oyen, pour un pasteur se u l,
surtout avec des paroisses de mille et cinq-cents , de deux-mille,
quelquefois même de d eu x-m ille, cinq-cents âm es, dis
séminées sur une très-grande surface , comme c’est le
cas chez nous, d’avoir l’œil à tout ce qui arrive, défaire
face à tous les besoins, de rémédier à tous les désordres ,
de se porter partout où cela serait nécessaire, d’exercer, en un
mot, sur le troupeau cette surveillance active et de chaque in
stant, qui constitue une si notable partie de l ’office du pastoral?
Le moyen sur to u t, au milieu de ce gaspillage de temps
et de force, résultat obligé de son isolement, de consacrer
à l ’étude en général, et à celle de l’Ecriture sainte en par
ticulier , ces quelques heures par jo u r , absolument indispen
sables , pour que le pasteur, même le plus distingué par ses
talents et le plus capable de tirer de son propré fonds
beaucoup de choses, ne se trouve, au bout d’un court mi
nistère , épuisé et hors d’état de donner à son troupeau la
nourriture que celui-ci réclame?
‘
Puis le pasteur, au bout du compte, qu’est-il? — Un homme
revêtu d’un charge qui serait jugée trop- pesante par les an
ges eux mêmes'! Un homme faible, misérable, susceptible
8
■
_
180
—
autant que quiconque de se laisser influencer par le découra
gement , par les préjugés, par la précipitation , souvent ,
hélas l par l ’orgueil et par l’egoisme ; et q u i, tel qu’il e st,
doit cependant en conduire des milliers d’autres sur la voie
si difficile du salut ! . . . Quel besoin n’a donc pas un tel
homme de pouvoir, en tout temps et pour tout ce qu’il
veut entreprendre, compter sur le concours des lumières et
du dévouaient d’autres hommes, ses égaux en misère, il est
v r a i , mais dont l ’expérience, à tel moment donné, supplée
à la sienne , dont la foi le relève dans ses défaillances, et
en qui il y ait assez de courage et de franchise pour l’a
vertir de ses fautes, s’il en com m et, et le remettre sur
le droit chemin s’il lui arrive de s’en écarter?
La discipline, en particulier, est-elle possible autrement qu’a
vec ce concours? Et partout où le pasteur — soit parce qu ’on
lui avait abandonné ce d roit, soit parce qu’il se l’était ar
rogé — s’est trouvé seul à l’exercer, n’a-t-on pas vu , au
bout de fort peu de tem ps, la discipline, ou bien disparaître
tout-a-fait, ou bien être exercée de manière à faire regretter
qu’il y en eût une?
Pour ce qui est des obligations inhérentes à la charge d ’Ancie n , nous ne pourrions mieux le faire connaître, qu’en
citant les propres paroles dans lesquelles elles leur sont
rappelées, le jour de leur installation.
» Quant à vous, leur est-il d it, qui êtes confirmé aujourd’hui
dans la charge d’Ancien, votre premier devoir est de retenir
avec soin le mystère de la foi ; de faire luire devant les hommes
la lumière de vos bonnes œuvres; d’être en bon exemple , par
vos paroles et par vos actions ; de vous distinguer par votre pro
bité et par la régularité de votre vie, et de vous conduire d’une
manière qui vous concilie l’estime et l’approbation de tous les
vrais chrétiens. »
» Mais vous n’êtes pas seulement obligé de prendre garde à
vous même; vous êtes aussi appelé à veiller sur cette Eglise en
général, et en particulier, sur le quartier qui est confié à vos
soins. Vous devez donc, par vos exhortations et par vos conseils,
engager chacun à faire son devoir ; reprendre, avec courage et
avec prudence , ceux qui mènent une vie scandaleuse; ramener
avec douceur ceux qui s’égarent ; travailler de tout votre pou
voir à faire régner au milieu de nous, la p iété, la crainte de
Dieu et l’obéissance à ses commandements. Les pauvres et les ma
lades doivent surtout être les objets de votre attention et de vos
soins; les malades pour les visiter, les consoler et les porter à
9
—
481
—
la repentance ; et les pauvres, pour vous informer de leurs besoins,
soit afin de les assister vous-même , selon vos moyens , soit afin de
leur procurer des secours pour les soulager dans leur indigence ».
« Et comme la paix e s t, tout ensemble , une obligation trèsimportante et un bien très-précieux, vous ne devez rien négli
ger pour maintenir ou rétablir l’union dans les familles ou entre
les particuliers. C’est là un acte de charité , également avantageux
à ceux envers qui il est exercé, et à ceux qui l’exercent, selon ce
que dit J. C. : Bien heureux ceux qui procurent la p a ix , car ils
seront appelés enfants de Dieu ( 1 ) ».
Les qualités que les anciens doivent revêtir sont celles
que de tels devoirs supposent : une foi sincère et éclairée,
une vie qui , loin de la démentir , la manifeste et lui donne
gloire , du courage, de la prudence , un esprit paisible ,
un jugement sain , un âge respectable, enfin un attachement
reconnu aux formes ecclésiastiques qui nous régissent. La
fortune qui peut être très-utile, unie à ces différentes qua
lités , ne saurait en tenir lieu, et ne devra jamais être
prise en considération que tout-à-fait en dernière ligne.
Et maintenant , qu’on se représente — une pareille institu
tion étant bien comprise ; les devoirs qu’elle suppose étant
consciencieusement acceptés, par des hommes dûment qualifiés
pour s’en acquitter — le bien immense qui en résulterait
pour notre chère Église *. Qu’on se représente ce que serait
susceptible de faire , ce que ferait immanquablement —
pour la prospérité de nos institutions en général , pour le
développement des œuvres chrétiennes, mais surtout pour
le progrès de la foi et des mœurs — la présence , dans
chacune de nos paroisses, de c in q , dix et quelque fois
douze hommes , partisans déclarés de ces institutions , les
comprenant, les appréciant, et profitant de toutes les occasions
qui se présentent, pour les faire connaître et apprécier de ceux
qui les entourent ; de cinq, dix et quelquefois douze hommes
en qui les différentes œuvres obligatoires pour une Église
qui se souvient de son mandat : missions au dehors, missions
au dedans , écoles , colportage des livres saints, bibliothèques
populaires , associations de bienfaisance etc. trouveraient plus
que des approbateurs, des promoteurs zélés et infatigables ;
cinq , dix et quelque fois douze hommes, enfin, q u i, l’œil
à tout ce qui arrive , dès que quelque chose semble exiger
(1) Liturgie yaudvit«: fwmalain de l’installation des ancieDs.
10
—
182
—
leur intervention , se hâteraient d’accourir , dispensant, scion
le besoin, ici un conseil, là une réprimande , ailleurs un
affectueux reproche, à cet indigent les secours que son état
réclame , de la sympathie aux malheureux, des consolations
à ceux qui souffrent, à tous une parole de Dieu, et tien
draient le corps dont ils font partie , et le pasteur en par
ticulier , au courant de tout ce qui arrive , qui est de nature
à intéresser, de près o u ,d e lo in , l ’avancement du règne
de Dieu , et le salut des âmes ! . . .
Q u’on se représente ce que le pasteur, ou pour mieux
dire le ministère, gagnerait à ce concours, en connaissance
des vrais besoins du troupeau , en connaissance par consé
quent des moyens à employer pour leur venir en aide , en
prudence à certains égards, en courage et en hardiesse à
beaucoup d’autres , en hum ilité, en esprit de p rière, en
autorité et en efficace ! . . .
Ah ! il n ’y a qu’une vue extraordinairement superficielle
d ’une pareille institution qui puisse en faire déprécier la
haute et salutaire influence.
Mais est-ce quelque chose de pareil à ce que nous venons
de supposer , qui existe au milieu de nous ?
Nous ne voudrions pas mériter le reproche de trop de sé
vérité dans nos jugements ; nous ne voudrions surtout pas
faire de la peine aux personnes, honorables pour la plûpart,
qui remplissent au sein de notre Eglise les fonctions d’ancien,
et desquelles l’on peut dire , à beaucoup d’égards , que
ce n ’est pas leur faute , si elles ne s’en acquittent pas avec
plus de succès, ni d’une manière plus en harmonie avec
l ’esprit et le but de cette institution précieuse ; toutefois il
nous est impossible de ne pas reconnaître et de ne pas dé
clarer ouvertem ent, qu’entre ce qui est et ce qui devrait être,
sous ce rapport, la différence est certainement très-grande.
Et d’abord , la vraie notion de ce que doit être un Ancien
nous manque. On lui attribuera bien, en gros, une certaine
ingérence dans les affaires de l’Eglise ; on attendra bien de
lu i, sous le rapport des mœurs et du bon exem ple, quel
que chose de plus que du commun des fidèles , on ne se
fera point faute de relever telle manière de procéder et d’agir
comme peu digne des fonctions dont il est revêtu et de la
place qu’il occupe ; mais qu’il y. a loin de là à l ’,^ncien,
tel que nous avons cherché à le représenter !
11
—
183
—
Puis, n’est il pas vrai que les qualités que l’on recherche
dans les personnes qu’on destine à cette charge , ne sont pas
toujours, tant s’enfaut, celles que l ’on eût dû y chercher
en toute première ligne ? Ce sera bien , si l ’on veut , sur
les plus respectables que dans la généralité des cas, les
votes tendront à s’arrêter ; mais s’inquiètera-t-on autant que
de celle respectabilité de la nature , et du degré de la foi
de celui, auquel pourtant l’on va donner une part trèsconsidérable dans la direction et l’adininistralion de l’Eglise?
Les qualités ou les défauts des personnes, leur capacité ou
leur incapacité intellectuelle , morale , religieuse seront bien
ce à quoi l’on aura égard, jusqu’ à un certain point ; mais
n’en aura-t-on pas , pour le moins autant , à la fortune ,
sous prétexte que l'ancien étant Vaumônier par excellence ,
il importe d’ appeler à ces fonctions un homme qui ,
en fait de richesses , ne soit pas parmi les derniers ? La
descendance n’est-elle pas fort souvent aussi le seul titre
qu’ait à présenter tel ou t e l , pour mériter d’être revêtu de
cette charge ? . . .
Aussi quels effets résultent , dans la pratique , de ce que
nous venons de dire ? — Les seuls qui pussent raisonna
blement en résullcr : le peu ou point d’efficacité d’une in
stitution qui était destinée à en avoir une très-grande. Nous
n ’entrerons pas à ce sujet dans les détails, la place nous
manquant pour le faire ; seulement, s ’il se trouvait quelqu’un
à qui notre assertion semblât bazardée, qu’il veuille bien
relire ce que nous avons dit des avantages de toute espèce
qui devaient revenir à l’Eglise de l ’institution qui nous oc
cupe; qu’il examine, après cela, ceux qui lui en reviennent
eu réalité , et qu’il juge : nous avons la pleine certitude
que si son jugement n’est pas absolument le nôtre, il ne s’en
écartera pas de beaucoup.
De tout c e la , conclurons-nous que cette institution a
fait son temps, et qu’il n’y a plus , à son égard , d’autre
parti à prendre que de l’abandonner ? — Loin de nousmne
telle pensée. Nous croyons au contraire que, si elle n’existait
p a s , le moment serait venu de l ’inventer , comme de fait
on sent le besoin de la réaliser , partout où des Eglises se
reconstituent sous le souffle de l ’Esprit de Dieu. '
‘
Mais si nous voulons la conserver et la >faire concourir,
comme elle en est susceptible , au relèvement spirituel de
12
— ISk —
notre Eglise, U fau t, de toute nécessité, la relever elle
même de l’affaissement où elle est maintenant tombée. Cette
œ u v re, nous le savons, ne sera ni courte ni facile ; mais
courte ou longue, facile ou difficile, elle doit être faite :
l ’avenir de notre Eglise y est en très-grande partie engagé.
IHISSIOBÎS E V A W O E M Q V E S
ÆiieUre <Im C o ê n ilé O e» M iê ê io au Oe B â te
Nous avons di t, en son temps, la décision du Comité
vaudois des missions, de répartir la collecte faite cette der
nière année parmi nous, au profit de cette œuvre, entre
les sociétés de Paris et de Bâle. Voici la lettre par laquelle
le Comité de cette dernière société a répondu à l ’envoi qui
lui a été fait. Nous la publions, dans l ’ espoir que les sen
timents qu’elle exprim e, aussi bien que les faits intéressants
qu’elle rapporte, serviront d’encouragement à plusieurs au
milieu de nous, et peut-être y gagneront de nouveaux amis
à la sainte cause de la propagation de l ’Evangile.
A M. *** Sécrétoire du Comité pour les Missions évan
géliques , à la~Tour.
Monsieur et très-honoré frère!
C est avec actions de grâce et intime jo ie , que le Comité des
Missions évangéliques, à Bâle, a reçu votre fraternelle lettre du 10
avril courant, à la quelle était jointe la somme de fr. S50. dont
nous incluons le reçu.
Chers frères des Vallées Vaudoises! c’ est le premier don pour
notre œuvre des Missions que votre amour chrétien adresse à notre
société ; e t , croyez-le, ce don nous a beaucoup encouragés. Nous y
voyons d’abord un effort de charité pour les pauvres payens,
fait par des frères qui, pendant longtemps, ont eu à lutter contre
des circonstances extérieures défavorables. Nous y voyons cet
amour chrétien rompant les barrières que les différentes langues
établissent entre les divers pays; et comme ces différences sont
les suites du péché, i’ union des differents frères chrétiens est
r effet de la rédemption du péché. Nous y voyons enfin cet amour
large, franc et véritable, qui ne s’enquiert que de 1’ amour du
Christ et de la vie nouvelle dans ses enfants, aux quels il tend ses
prières et ses secours , s’ efforçant de réadiser un seul troupeau sous
un seul Berger.
Nous ne savons si la petite publication française de notre so
ciété, « la Voix des’Missions » vous est parvenue. Dans tous les
cas, vous recevrez, par l’entremise de nos amis de Genève, un
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paquet contenant les N.®* de cette publication, paras jusqu’à ce jour.
Les deux derniers ("S i et 22 ) , contiennent le résumé de l’état
de nos travaux en 1849. Nous avons mis de chacun de ceux-ci
50 exemplaires pour les distribuer ; et nous aurons som que
désormais vous en receviez autant de chacun de ceux qui pa
raîtront. Veuillez jeter un coup d’œil sur la carle missionnaire
jointe au N. 10 , et nous dire si vous pourriez en faire usage
d’un certain nombre pour vos écoles , ainsi que des explications
qui l’accompagnent.
Si plus haut nous avons parlé d’un amour large , nous pouvons
dire que cet amour seul a permis à notre société de se développer
et d’agir en Europe et dans les pays payens avec des moyens qui
vont en augmentant d’année en année. Lorsque , par exemple, en
1848, la conflagration générale de l ’Europe appauvrissait plusieurs
de nos amis, le Seigneur a ouvert les cœurs et les bourses de
nos amis chrétiens aux Indes orientales. Des Anglais , employés ,
officiers , soldats , négociants demeurant, autour et dans le champ
de travail de nos missionnaires , voyant et jugeant de près leu r
vie , leurs efforts, leurs souffrances et leurs succès , ont doublé et
triplé leurs offrandes , et sont arrivés à une somme de plus de
50,000 fr., magnifique témoignage de la fidélité du Seigneur qui
tire l ’eau du rocher ; et important témoignage en même temps
pour le caractère de nos chers Missionnaires , puisque ceux qui
voient l’œuvre de près , y prennent un pareil intérêt ! — Une
autre fois c’ est un vieil ami de notre société , le quel se rappelant,
au lit de mort , les bénédictions reçues par son moyen , prie ses
héritiers de nous remettre 10,000 fr. et la somme nous arrive sans
qu’il y ait eu d’autre formalité que celle recommandation verbale,
et avec un à propos tel que nous y voyons encore le doigt de Dieu.
Si nous avons parlé des grandes sommes , les petits et même les
très-petits dons ne sont pas ceux où nous voyons le moins l’amour
du Seigneur ; bien au contraire ! Lorsqu’une pauvre pécheresse
enfermée dans une prison, et touchée là par des récits missionnaires,
ne cesse de prier le Seigneur de lui donner quelque chose pour les mis
sions, et qu’après ses prières, elle trouve dans les balayures de la rue
quelques batz qu’elle s’empresse de consacrer à cette œuvre ; lorsqu’
une pauvre femme met une de ses poules à p a rt, pour en vouer le
produit à cette sainte œuvre; lorsqu’à l'occasion d’une convalescence,
quelque pauvre père de famille nous remet sa pite, c’est alors surtout,
chers frères, que nos cœurs tressaillent de jo ie , parce que nous nous
disons : « c’est le Seigneur 1 » .
Nous espérons que le lien que vous avez commencé à nouer
avec nous , ne fera que se resserrer de plus en plus. 'Veuillez nous
dire si vous pouvez placer plus de 80 exemplaires de nos « V oix » ,
et agréez une fois encore nos remerctments chrétiens.
En Jésus vos dévoués :
Pour le Ck>mité des Missions évangéliques.
A dolphe Chust-Samxsih Fiee~Président.
B à le, le 20 avril 1880
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X O ïïfV B Ë é ÏÏjM lS H È t ^ ïïf S M K V S X I S
V allées V acdoises — Collecte au profit des J^ongrois évangéliques:
Voici le relevé exact des collectes faites dans nos différentes paroisses , le dimanche 17 février , au proût des Chrétiens évangéliques
de la Hongrie :
fr. c.
fr. c.
Paroisse d’Angrogne
ti3 93
Paroisse de Rora
28 10
iJ.
de Boby
41 85
id.
de S.t Jean 357 56
id.
de La Tour 127 49
de S.t Germain 81 65
id.
id.
id.
de Villar
47 40
IS 02
de Maneille
id.
de Vilie-Sèche 62 00
de Massel
id.
00
id.
de Pomaret
Les enfants de l’école du
40 00
id.
de Praly
28 11
20 00 dimanche de La-Tour
id.
de Pramol
M. H***
20 00
48 60
id.
M. M*’“
député 18 21
de Prarustin 179 10
id.
de Rodoret
10 00
Total 1,200 00
les quels ont été immédiatement versés , par la V. Table , entre les
mains du trésorier de la société évangélique de Genève, charge de
recueillir et de transmettre les dons. Si l’on veut se faire une idée des
sentiments de joie et de gratitude qu’a excités, chez nos pauvres frères
dans l’épreuve, la charité des Chrétiens évangéliques de l’Angleterre, de
la France , de la Suisse et des Vallées, qu’on lise le fragment suivant
d’ une lettre écrite par le directeur de l’Institut Magyare a W.r le
Professeur Merle d’Aubigné, et dont nous devons communication, ainsi
que de la note qui précède, à l’obligeance de M. le Modérateur :
28 mars 1860.
Monsieur et cher frère,
« Il serait superflu d’exprimer les senlimens dont votre lettre à rempli
» nos cœurs. Le Seigneur est grand, très-gracieux et très-misèricordieux !
» La Commission nommée pour diriger désormais les affaires de notre
» Institut [ composée du nouveau directeur, de trois pères de famille
» de notre communauté et de moi ] était assemblée pour fixer le nau» veau programme ; l’un des membres de cette Commission demandait
» avec un peu d’anxiété ; que faire , si nous ne pouvons pourvoir aux
» frais , manque de moyens ? — Dans ce même moment la porte s'ouvre,
» et votre lettre m’est remise. Nous lisons , nous fondons en lahnes,
» et celui surtout qui venait de demander , d’où prendrons nous du
» pain ? est tout confondu. C’est le Seigneur ! il ne délaisse pas les
» siens. Nous l’adorons prosternés dans la poussière. Dimanche passé; dans
» le sermon , je parlai à ceux qui étaient nassemblés en grand nombre,
» de la charité de notre Sauveur et de celle de nos frères et de nos
» sœurs, qui tout nouvellement venait de nous être encore prouvée.
» L’émotion des cœurs était inexprimable ; tant de charité accablait tous
» les auditeurs. Dieu vous récompense ! Dieu qui est riche sur tous
» soit loué dans toute l’éternité ! »
« Dites aux frères qui ont si amicalement contribué pour notre inslitul,
» que leurs dons ont grandement ranimé l’espérance et le zèle de tous
» ceux qui parmi nous prient sincèrement et demandent que le règne
» de Dieu vienne. J ’espère bientôt vous envoyer une relation détaillée
» sur notre institut, propre à être communiquée à tous nos amis ».
« La main de Dieu -pèse encore sur nous. Les efforts immenses cor» porels et spirituels qu’il faut faire pour diriger et avancer les grandes
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rv œuvres qui ont été ici commencées et jusqu'aujourd'hui poursuivies
» au nom de D ieu , ont presque épuise mes forces. Priez pour n o u s» .
Tl uiîi — Opposition du Clergé à la loi Sizcardi sur le for ecclésiastique.
L’expression la plus crue , nous dirions presque la plus na'ive de celle
opposition , est la circulaire que le premier prélat du royaume , M .r
Franzoni archevêque de Turin , vient d'adresser à ses vicaires forains
et dont voici quelques passages :
« Comme la loi c iv ile , y-est-il d i t , ne peut dispenser des obligations
spéciales qu'imposent au clergé les lois de l’Eglise et les concordats qui
en règlent l’application , je charge 'V. S . R . de signifier ce qui suit
a iu ecclésiastiques de sa circonscription :
« 1. Que, venant à être appelés à déposer, comme témoins, par devant
le juge laique, ils aient, comme par le passé, à recourir au tribunal
areliiépiscopal pour en obtenir l’autorisation exigée » ( l’autorisation de
l'arclievèque pour obéir à la loi !).
a 2. Que , venant à être cités par devant un tribunal la'ique , pour
ces causes civiles dont la connaissance, à teneur des concordats, ( la
constitution qui veut tous les citoyens égaux devant la loi, le vêle de la
chambre des députés , celui du Sén at, la sanction royale apposée à la
loi sur le for ecclésiastique, sont tout autant de faits qui n’existent pas pour
¡M.r Fianzoni ! ) appartient exclusivement aux tribunaux ecclésiastiques,
ils aient à recourir à l’ordinaire, pour les directions opportunes ».
« 5. Qu'en cas qu’il soit procédé criminellement contre eux , par un
tribunal la'ique , hors des cas spécifiés daps la convention du 27 mars
IS iil , ils aient pareillement à recourir à l’Ordinaire, et que si le temps
ou les moyens leur manquent pour cela , ou qu’ils craignent quelque
grave préjudice d’un refus de répondre, ils ne manquent pas d’opposer
l'incompétence du tribunal , et de protester. . . qu’ils ne cèdent qu’à
la nécessité ».
« U. Une protestation semblable devra se faire de la part du curé ou
recteur d’une Eglise , toutes les fois qu’il s’y commettrait quelqu’acte
coniraire aux immunités locales... ( c’est à dire , par exemple , qu’on y
arrêterait un assassin ou quelqu’autre mauvais sujet qui s’y serait réfugié !)
et j ’entends, le cas échéant où il parviendrait à votre connaissance
que quelqu'un ne s’est pas conformé à ces dispositions , d’en être informé
sur le champ ».
Cette circulaire, vraie provocation à la révolte contre l’ ordre des
choses étab li, a soulevé dans le pays entier, chez les hommes modérés
tout autant que chez les autres, une indignation des plus profondes.
Le gouvernement en a immédiatement fait saisir tous les exem plaires,
et l’archevêque lui même est depuis samedi prisonnier dans la citadelle.
Du reste une manifestation aussi patente de l'esprit qui anime la réaction
est précisément ce qu’il y a de plus propre à favoriser la cause libérale;
et il faut qué cette cause ait fait dans ce pays de bien grands progrès,
pour que, malgré le mouvement extraordinaire que le Clergé s’est donné
pour obtenir des signatures contre la loi Siceardi , il n’ait pas réussi à
s’en procurer au delà de 800 dans tout le royaume , pendant que les
signatures en sens contraire , s’élèvent à plus de 18,000, parmi lesquelles
celles de plusieurs m unicipii !
F bance — Du 16 au V i avtdl ont eu lieu les assemblées générales des
différentes sociétés religieuses et philantropiques, dont le centre est à
Varis. L’état de ces diverses sociétés est plutôt prospère. Celle des
Missions que la crise financière des deux dernières années avait forcée
a se ^restreindre dans ses opérations , est à la veille de remettre tout
sur l’ancien pied. Ces .réunions ont feçu un degré particulier d'intérêt
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par la présence , dans leur sein , de dèus Missionnaires : M.r Casalis
missionnaire au sud de l’Afrique, et le célèbre Gutslaff que la postérité qua
lifiera du nom d’apôtre de la Chine. Le dernier jour un nombre consi
dérable de pasteurs et de fidèles des différentes communions évangéliques
se sont réunis pour prendre la Cène ensemble. —
J¥ OU rÆ Æ ,M ,Æ !S
MPOMjÆ TMQtJÆS
INTÉRIEUR.
P iémont. L’insuffisance actuelle de nos recettes ( 86 millions , environ)
pour faire face aux dépenses (116 millions, environ ) , a du faire songer
aux moyens de combler, au moins en partie, cet important déficit. Trois
projets de lo i, sur de nouveaux impôts à créer ont en conséquence été
présentes à la Chambre par le Ministre des Finances. L’ augmentation
porterait : (a) Sur les droits d’insinuation f de timbre, et de succession,
dont le produit actuel, de sept millions et demi environ , s’élèverait,
par l’application des moyens proposés, à treize millions', (b) sur la taxe
personnelle et mobiliaire, destinée à rendre environ quatre millions de
francs au lieu de 703,000 qu’elle rapporte aujourd’hui ; (c) enfin .sur le
commerce, par le moyen de patentes, dont le produit serait de
quatre millions à-peu-près. Le Ministre ne croit pas qu’il soit convenable
de toucher pour le moment à l'impôt foncier. La taxe sur les créances
lui répugne à cause du grave inconvénient qu’elle porte avec elle de
faire prendre la fuite aux capitaux. Resteraient les douanes, mais pour
toucher à cette partie de l’administration, il faut la refondre, et les cir
constances ne sont pas propices à un si immense travail.
— La Chambre des Députés vient d’être saisie d’un projet de loi de la
plus haute importance , celui sur l’instruction secondaire.
R ome. C’est le 12 avril que le Pape a fait son entrée dans sa capitale.
Les journaux de presque tous les partis s’accordent à dire que l’accueil
qu’on lui a fait a été assez froid, et nous n'avons pas de peine à le
croire. Du reste, de toutes les espérances que l’on fondait sur ce retour,
rien ne s’est réalisé jusqu’i c i , sauf les destitutions et les emprisonne
ments , qui vont en augmentant dans une proportion telle, que les prisons
ordinaires ne peuvent plus suffire.
N aples . Trente mille prisonniers politiques gémissant dans les cachots,
voilà les nouvelles qui nous arrivent de ce malheureux pays! Les pétitions
pour l’abolition de la constitution continuent de circuler , colportées
par les propres agents de l’autorité ; et il n’est sorte de menace et de
supercherie à la quelle on n’ ait recours pour obtenir des signatures.
EXTÉRIEUR.
Les nouvelles les plus importantes sont celles de France : le socialisme
vient de l’emporter encore une fois dans les élections de Paris ; et ce
qui est significatif, autant qn’ inquiétant, c’est que la moitié au moins des
goldats originaires du département de la Seine ont voté dans ce sens.
Le Gérant: J, P, UEiLLE.
AVIS. — Nous croyons devoir avertir de nouveau que la vente annuelle qui
se fait à La-Tour, moitié au profit des Missions évangéliques, moitié au
profit de l’Ecole enfantine de cette localité, est irrévocablement fixée au
premier jeudi de juin. Que les personnes qui ont la bonne volonté d’envoyer
des dons veuillent bien s’en souvenir.
Pignerol 1850, imprimprie de Joseph CMantore.