1
üumple-cuurani avec la Poste
l’HlX D’ABONNEMKNT PAR AN
Italie................ L. 3
Tous les pays de TUnion
de poste . . . . *. . » 6
Amérique du Sud . . . . v 9
On s'abonue;
Au bureau d’Adminlsiratioii;
Chez MM. les Pasteurs ;
Chez M. Ernest Robert (Pignerol)
et à l’imprimerie Alpina à
Torre Pollice.
î/abonnement part du 1. Janvier
et se paye d’avance.
Année XX. N. 11.
16 Mars 1894.
Numéros séparés dsmaudéa avant
le tirage, 10centimes chacun.
Annonces: 20 centimes par ligne
pour une seule fois — 16 centimes de 2 à 5 fois et 10 centimes pourSfoiset an dessus
S’adresser pour la BËdsction A M.
le Past. E. Bonnot Angrogne,
(Terra Pollico), et pour 1’ Administration à M. Jean Jalla
prof., Torre Pellice.
Tout changement d’adresse est
payé 0,25 centimes.
LE TEMOIN
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Jeudi
Vous me serez témoins. Act. 1,8. Suivant la vérité avec la charité. Eph. IV, 15. Que ton règne vienne. Mstth. VI, 10
At O »1 m n i r c :
De l'admission de nouveaux membres dans
l’Eglise. — Evangélisation (Gônes-Girgenti). — Nécrologie. — Revue Politique. — P’aits divers.
De r admission de nouveaux memores
dans l’Eglise
Nbüs voila à la veille du jour où
de nouvelles recrues vont entrer
dans les églises et, probablement,
s’approcher de la Table du Seigneur.
Si c’est un moment de joie et de
bénédiction pour (juelques uns; pour
combien de pasteurs et de fidèles
cette époque n’est-elle pas pleine
d’angoisses, vu qu’ils n’ont que trop
de motils de redouter l’approche de
l’heure, où un grand nombre de catéchumènes viendront professer de
bouche une foi qui est absente de
leur cœur!
En effet, comment ne [pas trembler à la vue de cea jeunes communiants, s’il est vrai que la S.-Ciène
ne soit pas un 'moyen magique pour
produire la conversion des non-croyants, mais le sceau de la grâce
l'eçue et la confirmation du pardon
obtenu par la foi au Seigneur Jésus?
Avant d’être incorporé à l’église
et de communier avec Christ, il faut
rompre avec le monde, être retiré
« de ses iniquités » (Actes 3, 26), et
devenir une nouvelle créature par
« l’Esprit de vie » qui répand dans
nos cœurs l’amour de Dieu et nous
constitue ses enfants (Rom, 5,. 5; 8,
2, 15, 17).
* *
»
Qu’il en soit ainsi, toute la Parole
de Dieu le déclare. Nous en donnerons une sêÏÏe'preÙTO, mai
ante, en rappelant ce qui a eu’ lieu
en ce jour, béni entre tous, où l’Eglise chrétienne s’est affirmée, pour
la première fois, à la face du monde
et a jeté les bases inébranlables de
son avenir éternel.
La parole de Dieu, proclamée avec
force devant la multitude assemblée,
remue les consciences, transperce
les cœurs, et contraint les âmes qui
sont douloureusement atteintes à
chercher la voie du salut.
Un cri de détresse: « Hommes
frères que ferons-nous? s’échappe
de plusieurs milliers de poitrines, et
l’apôtre de répondre: Repenlez-vous,
haïssez le mal et l’abandonnez, soyez baptisés en déclarant votre foi
personnelle au Seigneur Jésus Christ
et la rémission de vos péchés ei vous
recevrez le S.t-Esprit qui renouvellera et purifiera votre vie toute entière. En un mot, soyez sauv^: sor-
2
- 82
tez du .monde corrompu et réfucriezvous en Christ.
Voilà les déclarations faites et les
conditions, posées par l’apôtre Pierre,
aux premiers catéchumènes qui aient
été instruits par les hommes. Ce qui
en résulta est connu: il y eut environ 3,000 personnes qui reçurent de
bon cœur la Parole, furent baptisées
et ajoutées ce jour là à l’Eglise.
La suite nous apprend que ces
nouveaux membres formèrent une
société où « la vérité divine de la
Parole se déclare par les fruits qu’elle
enfante; le^ prix du culte commun
par la bénédition qui l’accompagne’
la vertu salutaire de la Cène par le
bien qu’elle fait à l’âme; la puissance de la prière, par des prières
aussisouventexaucéesqu’entendues,»
et l’amour des âmes par des conversions quotidiennes (Actes 2,37-47).
Telle a été la méthode apostolique.
Lest la bonne. Nous ne tenterons
pas de la justifier; ce serait faire
tort a ceux qui prendront la peine
de lire ces lignes, moins pour ce
qu elles valent, que pour l’importance
que leur donne — vu l’état actuel
où en sont nos paroisses — la difficile question qui nous occupe.
Aj3rés avoir contemplé ce qui s’est
passé à l’origine, quand l’Eglise a
paru dans toute la vitalité et la pureté de sa jeunesse, portons noire
regard sur nous mêmes. Ici il faut
distinguer entre la théorie et la pratique, enti'e ce que les églises vaudoises exigent en voie officielle et
ce qui se passe dans la réalité.
Bornons-nous aujourd’hui à examiner ce qui est requis de tout cachuméne qui demande à faire partie
de l’une de nos églises, plus tard,
nous verrons si ces conditions sont
fidèlement remplies.
11 suffit de jeter un rapide coupd œil sur notre Formulaire pour
recevoir les catéchumènes à la Sainte
Cène, pour se persuader qu’il exige
de tout^ candidat qui a demandé
Iadmission dans l’église non moins
que ce que les apôtres demandaient
de leuis néophytes. 11 s’agit, en elTet,
« de jouir de tous les avantages que
Jésus-Christ accorde aux chrétiens; »
— de « renoncer au péché et de
régler sa vie sur les commandements
de Dieu; » — de « s’obliger à combattre ses passions et à vivre constamment dans la tempérance, la
justice et la piété; » — de « participer à la Cène du Seigneur et de
jouir de tous les privilèges de la
nouvelle^ Alliance; » — de se conduire « à l’avenir d’une manière digne de la vocation » céleste; — de
« travailler à perfectionner sa sanctification, dans la crainte du Seigneur; >5 — de se « consacrer au
service de Dieu et de le supplier
d’èlre regardés comme ses enfants...
en ayant part aux fruits du sacrifice
de Christ et à l’efficace de son interce.ssion ».
Je conclus que notre Liturgie est
conforme à l’esprit et à la pratique
apostoliques et qu’il n’y a pas lieu
de l’amender.
Mais nous avons plus encore: Le
Réglement de la paroisse, adopté
par le Synode vaudois il y a une
trentaine d’années, est on ne peut
plus explicite sur le point que nous
traitons. Le § 4^ est ainsi conçu:
« Sont reçus comme membres de
l’Eglise Vaudoise tous ceux qui, étant
d’ailleurs généralement connus pour
avoir une conduite et des sentiments
conformes à l’Evangile, — après en
avoir fait la demande au pasteur de
la paroisse où ils résident, — ont été
exarninés individuellement par le
Consistoire, ont fait preuve dans cet
examen d’une instruction religieuse
suffisante, et déclarent professer la
foi de l’Eglise et de se soumettre à
son gouvernement ».
Il est évident que « profe.sser la
foi de l’Eglise » doit être rapproché
de la « conduite et des sentiments
conformes à l’Evangile», car si le'
sens véritable n’était pas celui-ïà, ^
j’ose dire que cette expression n’en
aurait point. ¡:-
3
F
83
Hélas 1 il ne suffit pas de faire
d’excellents réglements pour rompre
avec une routine invétérée! Trois
ans se sont à peine écoulés, qu’un
autre Synode (celui de 1866), par
son § ÌT, revient à la charge, exprimant « le vœu que pasteurs et
anciens se pénètrent bien de l’esprit
et de la portée de l’article du Réglement pour la paroisse, relatif à
l’admission des catéchumènes, afin
que cette mesure porte de plus en
1 plus les fruits excellents que l’Eglise
a le droit d’en attendre ».
Le Compte-Rendu de ce même
Synode, V, page 17®, explique l’imj. portance que l’Assemblée donne à
la recommandation qu’elle adresse
aux Consistoires, et voici dans quels
termes:«Le § 17® relatif à l’admission
des catéchumènes, s’il ne condamne
pas expressément les réceptions collectives, comme n’étant ni rationnelles, ni évangéliques, est du moins
destiné à en prévenir le retour. 11
est bon de faire observer à ce sujet
que l’art. 4® du Réglement pour la
paroisse exprime sans réserve aucune
le principe rationnel et évangélique
de l’adhésion Individuelle »(1).
Quand on pense qu’il y a 28 ans
que notre Synode a affirmé, d’une
manière ^aussi résolue, ce principe
évangélique et recommandé aux Consistoires de suivre l’exemple donné
par l’église apostolique, ou a quelque
peine à comprendre que toute une
génération ait passé, je ne dis pas
sans se soucier de le faire, mais sans
réussir à rentrer dans la voie si
clairement indiquée.
J.-P. P.
ÉVANGÉLISATION
--
Gênes, Février 1804.
Cher ami et frère, E. Bonnet.
Je ne puis me refuser à répondre
à votre aimable invitation, et je mo.hâte de vous tracer un petit tabhüiiu
(1) C’est nous qui soulignons*
de notre œuvre à Gênes et dans les
environs.
Les 2 pasteurs de Gênes ont 7
services religieux chaque dimanche ;
3 à Sanpierdarena, 4 à Gênes et 1.
à Chiavari, y compris 3 écoles du
dimanche. Notre auditoire est de 100
enfants, et de 300 adultes. Nous n'avons qu’à nous louer de la fréquentation du culte- à Sanpierdarena, où
nous avons chaque dimanche non
moins de 80 auditeurs entre les 2
cultes. Â Gênes, depuis quelque
temps nous comptons 200 auditeurs
entre ceux du matin et ceux du soir.
Nous espérons recevoir au moins 12
catéchumènes à Pentecôte.
À Chiavari, où l’œuvre a com mencé vers la fin de Novembre,
nous avons de 40 à 50 auditeurs.
Un jeune homme, photographe ambulant, ami de M. Cereghino, ayant
loué un local, nous invita à y aller
faire quelques conférences. Encouragés par le nombre d’auditeurs,
nous avons payé nous le local, ainsi
que les réparations nécessaires. Avec
le consentement du Comité cettp,
œuvre continue, et, avec le secours •
de Dieu, elle continuera.
L’œuvre de l’Eglise Baptiste à Gênes, avec son beau local, dans la
partje la plus centrale et la plus
fréquentée de la ville, continue à
prospérer. Les auditeurs y sont toujours nombreux, et les baptêmes
assez fréquents. Le pasteur Wesleyen, M. Moreno, a aussi des motifs
suffisants pour être content de l'œuvre qui lui a été confiée. Les locaux pour la prédication, sont très
difficiles à trouver dans notre ville.
Cependant le pasteur de l’Eglise Libre espère pouvoir changer de local
dans le courant de l’année; mais le
pasteur de l’Eglise Méthodiste Episcopale a demandé de pouvoir aller
travailler ailleurs, parce qu’il ne
trouve pas ici un local convenable.
Nous sommes dans de très bonnes
relations fraternelles les uns avec
les autres. Nous avons eu de bonnes réunions de prières pendant la
4
- 84
í¿ V'
SV,
•r
première semaine de l’année, et nous
en avons une chaque mois dans nos
divers lieux de culte alternativement.
Après le départ du pasteur suisse
M, Lagier, nous aurons cette année
celui du pasteur allemand D''Lessing;
celui du pasteur de l’Eglise Méthodiste Episcopale, M. Stasio, et celui
de votre serviteur soussigné, qui ne
sera laissé à son poste que jusqu’à
la fin de Juin. Monsieur A. Bert a
été renommé pasteur de l’Eglise
Suisse, avec un aide pour la prédication allemande.
Dans la plupart des familles de
Gênes l’on a eu la visite de l’influenza, dont la violence a cependant
beaucoup diminué maintenant, Dieu
merci.
Les affaires en général vont si peu
bien que je ne pourrais conseiller
ni à nos ouvriers ni à nos jeunes
commis de venir ici pour y chercher
une occupation. Par contre toute
jeune fille honnête et laborieuse,
connaissant bien les deux langues
trouve -facilement de l’emploi comme bonne, ou femme de chambre,
ou cuisinière. Il serait à désirer que
celles qui se décident à partir pour
un emploi dans une ville fussent
décidément pieuses, qu’elles eussent
fini leur instruction religieuse, et
portassent avec elles une bonne recommandation de leur pasteur. Ce
ne sont pas les plus recommandables celles qui ne veulent pas se
faire connaître par le pasteur de la
ville où elles se rendent.
Tous les Evangélistes se réjouissent en voyant dans le Témom que
le réveil a commencé et se développe dans diverses paroisses des
Vallées. Nous sommes persuadés que
les Eglises de la mission ne manqueront pas de suivre l’exemple de
cellés^des Vallées. Le réveil religieux
n’est-il pas comme le feu d’un incendie qui se communique rapidement à tous les objets inflammables?
Oh qu’elle retentisse profondément
dans nos cœurs la parole de l’apôtre;
Réveille-ioi, toi qui dors) conduisez
VOÎIS avec circonspection; rachetez
le temps, car les jours sont mauvais.
Nul ne peut nier que les jours ne soient mauvais, xnèttie très mauvais. Rachetons doue le temps et recueillonsnous, Celui qui nous le commande
par son Apôtre, veut lui-même l’accomplir en nous, si nous voulons
nous laisser conduire par Lui.
Votre bien dévoué
J. D. Turin.
X
Girgenti, Mars 189-1.
"Cher Monsieur,
Les nouvelles que je vous envoie
du fond de la Sicile serviront à donner une idée toujours plus exacte,
à nos frères, des Vallées, des difficultés innombrables que rencontre
l’évangéliste, au sein de notre patrie.
M. Muston vous a parlé, en son
temps, de l’ouverture du premier
temple évangélique à Girgenti, ainsi
que de l’émoi que causa cet événement, au milieu de la population
cléricale.
Les faits qui suivirent sont bien
digues de la prêtraille la plus fanatique et superstitieuse. L’évêque luimême donna le signal d’une nouvelle
croisade contre les hérétiques. Il tint
un discours à un auditoire plus restreint, dans son propre palais, puis
il prêcha à tous ses fidèles, dans le
dôme, contre l’Eglise évangélique.
Entr’autres choses il disait: Voyezvous, les protestants enseignent que
la Sainte Vierge fut une femme de
mauvaise vie, mère de 13 enfants!
Naturellement les femmelettes brodent encore là-dessus. Par exemple
elles se racontent à l’oreille que dans
notre salle de culte nous avons un
crucifix d’un côté, mais de l’autre,
une statuette du diable séduisant
une brebis à ses pieds; et qu’aprés
avoir craché sur le crucifix, nous
faisons la ronde en chantant autour
du diable. Aussi, une femme, me
rencontrant un jour m’apostropha
en ces termes: <•< Le diable! le diable!»
D’autres fois c’étaient des gamins de ,
5
r
8S
rue qui s’enfuyaient en criant: « Lucifer! à bas Lucifer! »
Mais la plus belle démonstration
devait être préparée par le Circolo
cattolico de l’endroit. Neuf jours
avant Noël, on a ici l’habitude de
dresser de petits autels aux principaux carrefours de la ville; le soir,
hommes et femmes s’y assemblent,
et tandis que les unes récitent leurs
litanies à la Madone, les autres allument un grand feu, qu’ils traversent ensuite en poussant des cris
sauvages. Quelques ennemis de la
Vérité se concertèrent afin d’organiser une neuvaine,ainsi appelée parce
qu’elle se répète pendant neufs soirs
consécutifs, tout prés de notre temple, afin de déranger notre culte.
Le premier soii, à l’heure où je me
disposais à connmencer l’instruction
religieuse, six jeunes gens accoururent m avertir qu’une foule immense
s’était l’éunie devant le temple et eri
empêchait l’accès aux fidèles; ils
étaient venus pour nous escorter ma
^ femme et moi. À peine étions-nous
sortis dans la rue, qu’on nous reconnut; ce fut alors un sabbat infernal de cris, de hurlements, d’imprécations contre Luther, Calvin et
tous les protestants; puis les pierres
cornmqjicèrent à voler autour de nous
et à effleurer nns chapeaux. J’eus
recours aux gendarmes; sous l'escorte
de trois d’entre eux, nous pûmes
rentrer dans le temple et avoir notre
réunion, tandis que la cérémonie
barbare continuait au dehors.
Le lendemain je me rends chez,
le préfet, afin d’invoquer la protection de la loi. 11 me reçut très gentiment; il m’écouta avec attention,
puis il dit: Cette populace est fanatique; je vous recommande la prudence, ne vous mettez pas trop en
vue.,., vous savez que dans un temps
on réservait le martyre à ceux de
votre religion.
— Certainement, M. le prél^
nous voulons bien être prudéiUs,
nous le sommes je crois même beaucoup; mais nous ne voulons ni nous
cacher, ni fuir; je citai à ma défense
l’art. 437 du Code pénal.
Le préfet ne me laissa pas finir :
Vous avez toutes les raisons du
monde! Puis il se plaignit un peu
des soucis que lui procurait la question sociale; après quoi, il me serra
à deux reprises la main, me promettant qu’il aurait pourvu à ce que
l’ordre de notre Culte ne fût plus
troublé.
Le capitaine des gendarmes, auquel je m’adressai ensuite, donna
1 ordre que l’on plaçât chaque soir,
devant notre temple, autant d’hommes qu’il en fallait pour empêcher
toute dénaonstration hostile. C’est
ainri que^ nous pûmes avoir nos réunions régulières,' grâce à la protection^ de plusieurs anges gardiens,
qui siégeaient à notre porte. Les
détnonstrations n’en continuaient pas
moins au dehors; sous prétexte de
crier: Vive la Madone! on cherchait
encore de nous assourdir. Un soir
cependant, quelques fanatiques, échappant à la surveillance de la force
publique, réussirent’ à nous casseï',
a coups de pierre, quatre carreaux;
un autre soir ce fut de la fumée qui
remplit notre salle. On sortit pour
voir ce qui en était; on vit une
gerbe de paille allumée sous le porche, dans l’intention d’incendier le
temple. Les incendiaires cependant
avaient disparu.
Il parait que ces scènes sauvages,
auraient continué, le fanatisme ne
se fatigue pas de sitôt, si l’état de
siège n’était surVenu, qui intimida
les plus ardents. Toute hostilité extérieure a donc cessé. Mais l’œuvre
de Girgenti est entravée aujourd’hui
plus que jamais par l’opposition cachée du parti clérical. Des espions
dénoncent au clergé et aux familles
puissantes les fréquentateurs de notre temple; on les poursuit alors
jusque dans leur famille, qu’on excite
contre eux, ou les prive de leur emploi, ou leur coupe les vivres. Force
leur est souvent de nous fuir, quoique plusieurs se soient démontrés
6
86
désireux de connaître l’évangile que
nous prêchons.
Somme toute, c’est pour nous un
fait encourageant qu’un temple soit
maintenant consacré à la prédication
de la bonne nouvelle, dans une ville
comme celle-ci. Que Dieu veuille
donner Lui-même le courage de
rendre témoignage à son Nom, aux
nombreux Nicodémes de cette ville,
alin que le lumignon fumant d’aujûurd’ hui, devienne une grande
flamme.
Votre dévoué
Oreste Golia Mauro.
Monsieyr Jean-David Cliartionnier
ancien Pasteur
Nos vétérans sont rappelés mois
après mois, presque jour après jour,
[.es uns sont avertis de leur départ
par une longue maladie, tandisque
d’autres sont enlevés à peu près en un
instant, sans même avoir pu prendre
congé de tous les membres de leur
famille.
C’est ainsi que M. J.-D. Charbonnier, après deux jours seulement
d’infirmité grave, nous a quitté le
10 courant.
Lundi dernier, en présence d’une
assemblée assez nombreuse, ont ! eu
lieu les obsèques. Celui qui écrit
ces lignes a présidé le culte à la
maison mortuaire, aux Ramels de
la Tour, M, le pasteur A. Jahier a
parlé sur la tombe et M. Ant. Gay,
doyen des pasteurs présents, a clos
ce, second service par la prière.
Jean-David Charbonnier, originaire
de cette paroisse, naquit le 15 Septembre 1822. Nous ne savons rien
de sa première jeunesse, mais après
avoir fréquenté les classes qui se
faisaient en ce temps-là dans notre
Collège, le jeune homme alla achever ses études classiques et suivre
le cours régulier de Théologie à l’Académie de Lausanne, où il obtjnt
le diplôme de licencié en Théologie
le 31 Juillet 1849.
Quelques mois plus tard, c’est-àdire le 4 Décembre de la même année, M. Charbonnier et M. Etienne
Malan furent consacré au St.-Ministére, dans le temple de S.t-Jean.
Les places n’abondaient pas, en ce
temps-là, quoique le nombre des
pasteurs fut peu considérable. M.
Charbonnier dut attendre plus d’un
an avant qu’un poste devint vacant.
Enfin, le 15 Décembre 1850, il put
être installé dans la charge de pasteur de Rodoret, que M. Morel venait de laisser libre pour occuper
celle de Rorà et les années qu’il y
a passées ont laissé un excellent
souvenir.
Sept ans plus tard M. Charbonnier
fut appelé à succéder à M. Muston
dans la paroisse de Pral, et il prit
po.ssession de son nouveau poste le
18 Octobre 1857. Son séjour dans la
cure la plus élevée de nos Vallées
ne fut pas long, puisque le 11 Décembre d_e l’année 1859, la paroisse
de- Rorà adressait à M. ChaiToonnier
un appel, qui réunissait à peu prés
tous les suffrages, afin de remplacer
M. Morel qui venait de se décider
à partir pour le Rosario (Uruguay),
où la Colonie Vaudoise, de fondation
récente, avait un urgent besoin de
soins pastoraux.
C’est à la paroisse de Rorà que
M. J.-David Charbonnier a consacré
la plus grande, si ce n’est la plus
heureuse partie de son ministère,
puisqu’il y est resté jusqu’au mois
de Septembre de l’année 1874, époque où il douna sa démission, en
pleine assemblée synodale.
Les évènements qui provoquèrent
l’acte décisif que nous venons de
rappeler^ se sont passés trop loin de
nous, pour qu’il soit utile et que nous
ayons la permission de porter, à leur
sujet, le moindre jugement. Nous
tenons cependant â déclarer ici,
après avoir lu attentivement les pièces du long et pénible débat qui eut
lieu avant et durant le Synode men
1
7
87 —
•ionné plus haut, que s’il y a eu des
or ls, il s en faut, et de beaucoup, ,
<|uils fussent tous d’un côté. Au
reste, la suite l’a montré jusqu’à l’é- |
vidence, à toute personne qui ne se
sert pas de ses yeux pour ne pas
voir- Mais, nous l’avons dit, à quoi
servirait un jugement rétrospectif?
Il nous sera loisible, toutefois, de
reproduire quelques expressions empruntées au Compte-Rendu du Synode de 1874, touchant l’entretien
qui a précédé la retraite de l’ancien
pasteur de Rorà; « Quoique rassemblée soit unanime à reconnaître la
parfaite honorabilité, la moralité irléprochable de M. C.., le Synode exprime 1 avis que la démission du
pasteur est le seul acheminement
possible au rétablissement de l’ordre
(la bonne entente) au sein de cette
paroisse?.,.»
Si nous avions un regret à mani- lester, ce serait celui que notre frère
ait, depuis lors, opposé un refus
net à toute offre qui lui a été faite
de continuer à travailler au sein de
^ notre Eglise, Par cette attitude trop
“ résolue, la démission de M. G. s’est
transformée en une retraite définitive dont plusieui\s, et nous sommes
du nombre, n’ont jamais réussi à se
consoler entièrement,
En traçant cette notice, forcément
avec trop de hâte, nous avons voulu
payer notre faible tribut à la mémoire d’un ancien serviteur de l’Eglise, et nous procurer l’occasion
dexpiimer nos sentiments de vive
et respectueuse sympathie à sa véneree veuve et à ses enfants, en
leur donnant à tous l’assurance que
nous partageons leur deuib
Toî're Peüice, le 13 Mars 1804
.b-P P
Revue Politique
lioinc. — Une bombe cachée
dans une caisse en bois a éclatéMe
S cour, sur la place de Montecito
110 en face du Palais du Parlement
La détonation a été entendue dans
presque toute la ville, et a fait tomber toutes les vitres des fialais qui
donnent sur cette place, à commencer par celui de la Chambre des
députés. Huit personnes ont été gravement blessées par les éclats de la
bombe et par la mitraille qui a été
lancée tout autour à une grande distance.
Voilà un étrange moyen pour ameliorer le sort de la classe ouvrière! Quand on pense que les troubles occasionnés en Sicile par les
perturbateurs de l’ordre public coûtent déjà deux beaux millions aux
contribuablesI C’est le ministre Sonnino qui la dit l’autre jour au Parlement.
La police se donne beaucoup de
mouvement pour découvrir les coupables, et un grand nombre d’arrestations ont été faites. Espérons
que les vrais coupables n’échapperont
pas !
Le Comité organisateur de l’Exposition que l’on se proposait de
tenir l’année prochaine à Rome vient
de donner sa démission. Et cela
pareeque le Parlement lui a refusé
son appui moral en ne lui accordant
pas 1 autorisation pour une loterie
destinee à aider^l’exposition au point
de vue pécuniaire.
Par contre le Parlement a accordé
le 9 cour. 1 autorisation pour intenter trois procès contre le député De
Irelice Giufïrida à cause des troubles
de Sicile.IFJt cela au grand déplaisir
d Imbi'iani et de quelques autres députés de la même couleur politique;
Le Parlement a autorisé le Ministère à garder l’honor. De Felice en
prison, ce qui implique son approbation pour l’y avoir mis.
L<oii(li*cs. — Lord Roseberry, le
nouveau président du conseil des
ministres d’Angleterre a tenu l’autre
jour un discours aux représentants
du parti libéral. Dans ce discours
le premier ministre a tait pleine
8
— 88
'üf'"*’''"'
adhésion au projet d’autonomie pour
l’Irlande connu sous le nom d’Home
Rule. La paix européenne entre
aussi dans le programme de ce nouveau chef du parti libéral anglais.
A l’heure où nous écrivons ces
lignes la reine d’Angleterre so prépare à partir pour ritalie et à l’heure
où nos lecteurs les auront parcourues, elle sera arrivée, Dieu voulant
à Florence. La reine Victoria vient
faire un séjour dans la splendide
Villa Fabbricotti située dans les environs de la capitale de la Toscane.
Afrique. — Behauzin, roi du
Dohomey vaincu et détrôné par les
IVançais, est exilé par eux dans le
Sénégal. Il voulait amener avec lui
ses trente femmes, mais le général
Dods ne lui en a accordé que quatre.
C’est encore trois de trop à notre
avis. E. B.
FAITS» DIVFRS»
Les trains de marchandises ne circulent plus en Suisse le Dimanche, et
cela par ordre du Conseil fédéral.
Le pape dépense chaque mois 350,000
fr. pour les frais de sa cour. Le pauvre homme!
Le choléra sévit à Jemoppes (Belgique) où l’on a eu dans un jour 50 cas
et 15 décès.
D’après les rapports parvenus au Ministère l’on a récolté cette année en
Italie des olives pour faire 2.000.000
d’hectolitres d’huile: c’est 300.000 hectolitres de plus qu’en 1893.
Le Free Church of Scotland Monthly -nous apprend que Gladstone doit
à sa scrupuleuse observation du rèpos
dominical d’avoir conservé jusqu’à un
âge très avancé ses forces physiques
et intellectuelles. Gladstone ne s’occupe d’aucune affaire le Dimanche,
son cabinet de travail est désert, il ne
voyage pas et il n’accepte aucune invitation. Il ne lit ce jour-là ni lettres
ni journaux, mais uniquement ce qui
a trait à l’édification.
Le Seigneur accorde ses bénédictions
et la prospérité aux nations, aux familles et aux individus qui observent
ses commandements.
La fête de Pâques tombe celte année
le 25 Mars, chose qui ne se renouvellei'a plus avant l’an 1951.
Le mois prochain, Dieu voulant, VEglise Libre sera transférée à Montpellier. La raison du transfert est toute
simple, dit M. H. Draussin : Nice n’est
pas un centre protestant et l’absence
d’une église française rendait particulièrement pénible l’isolement du rédacteur en chef de 1’« Eglise Libre », privé
de l’appui et des lumières de son regretté fondateur.
Le «Journal des Missions» contient
le rapport de M. Coillard pour 1893
sous la date du 13 Octobre dernier.
Lewanika est beaucoup mieux disposé
envers les missionnaires. Si c’est trop J
tôt pour affirmer que le roi des Barotsis est converti, il n’est certes pas
loin du royaume des cieux, à moins
qu’il ne soit un monstre d'hypoCrisie.
Les réunions sont suivies aussi par ^
les femmes et une centaine d’élèves '
fréquente l’école ouverte récemment
à Léaluv.
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Moody et Sankey ont d’excellentes /
réunions de réveil à Washington. L’immense salle est comble et des centaines de personnes n'ont pu y pénétrer ;
faute de place. |
Juifs en Palestine.
Les temps semblent mûrir pour
l’accomplissement de la prophétie
relative au retour des Juifs en Palestine. La population juive augmente
à vue d’œil. Dix ans passés il n’y
avait guère plus de 30,000 juifs dans
la Palestine toute entière et maintenant il y en a au delà de 100,000.
On, en compte 43,000 dans Jérusalem, où il n’y en avait que 12,000
dix ans passés.
J. P. Malan, Gérant
[ Torre Pellice — Imprimerie Alpina