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Première Année.
19 Février 1875.
IS. 7.
«Xoixmal do FlÉgliso Évftn^éllq[u;e Vaixdolso
Paraissant chaque Vendredi
Vou» me seres témoins. Actes I. 8.
Suivant ta vérité avec la charité.
Paix DS l'abonnsmsnt par AK
Intérieur................1. 3
Suisse.......................A 5
France, Allemagne » 6
rtrande-Bretagne et Hollande > 8
On s'abonne: i> Pignerol au Bureau de t'administraiion Afaison Mieol.
A La Tour chez M. Cittì libraire.
A Turin chez M. Goss, ria Pi» Quinto, n. 15.
A Pomnretchez M. Lantarst Past. Dirtcinur.
Pour la France les aboiniemenu se font à la
I.ibr. BornouRS. N.47. Bue de Lille. Paris.
Un Numéro séparé: 10 centimes.
Annonces k la 4.e page 25 cenii'
mes par ligne.
On reçoit pour aboiinemeola et
insertions des timbres-poste de
tout pays.
SoiiinAa I E'e.
Presbytérianisme el Congré^falionalisme.
— J’éfèro mes yeux à toi qui habites dans
le* fieux. — Coi'respondanee. — Variétés.
— Chronique taudoise. — Revue Politique.
r BESBYTÊRiAKISiiE
cl CoDgrégalioRalisme
III.
Les lacunes i\tx Presbytérianisme,
«omirte il est pr^U^ué aq, Sfijo jde
notre Eglise Vandoise, telle sera
la matière de cet article.
La première de ces lacunes, celle
qui est à la base de toutes les
autres, c'est — chez le grand nombre — une connaissance très-imparfaite , pour ne pas dire une
ignorance absolue du système luimême , au fonctionnement duquel
tous cependant sont appelés à
concourir.
Est-ce à dire que la Coiislilulion
de l’Eglise Vaudoise n’existe qu’à
l’état de mythe, d’abstraction ou
de tradition plus ou moins effacée?
— Nullement. Cette Constitution
existe tout-à-fait palpable; elle
existe imprimée à plusieurs milliers d exemplaires, d’après la réVision qui en fut faite par le Synode
constituant de 1855; de façon, parconséquent, à ce que, chacun qui
le veuille, puisse l'avoir sous les
yeux et se rendre exactement
compte de ce qu’elle renferme.
Mais avec cela, dans combien de
familles de nos seize paroisses en
t rouverait-on un exemplaire ? Les
pasteurs à part, et, avec eux, un
très"pelit noyau d'autres j ersonnes
( la pluralité des anciens euxmèmes n’est pas de ce nombre ), j
combien sont-ils ceux qui l'aient
seulement lue ? Combien surtout
ceux qui en aient fait une étude
quelque peu approfondie; auxquels
le mécanisme en soit familier, et
qui, — en fait de compétence revenant aux différents Corps qu’elle
institue — ne soient pas exposés,
à chaque inslant, aux méprises et
à la confusion les plus déplorables? — Nous l’avons dit'déjà
et nous le répétons: un très-petit
nombre. Aussi, est-ce notre conviction profonde, qu’un des meilîeii'rs ' 8érriîês'"îr rendre à^ nés
troupeaux, consisterait dans quelques conférences données, de
temps à autre, dans chacune de
nos paroisses, et ayant trait, soit
à la Constitution elle-même ; soit
aux réglements organiques qui en
découlent; soit enfin à telle ou
telle d’entre les décisions synodales jugées les plus importantes.
Une deuxième lacune, non moins
grave que la précédente, du Presbytérianisme tel qu’il est pratiqué au sein de notre Egli.se, consiste en ceci : que l'Autorité (qu’elle
s’appelle Consistoire , Table ou
Synode) n’y est pas entourée (fe
ce respect auquel elle a droit , et
que ses décisions n'y sont pas l’objet do cette déférence , de cette
soumission sans lesquelles la loi
n’a plus d'efficace, et une organisation quelconque est frappée de
stérilité et d’impu^issance.
Que cette lacune existe et qu’elle
ne date pas de hier, c'est ce que
montreront, mieux que tout ce que
nous pourrions dire nous-mêmes,
les lignes ci après extraites d'une
lettre que notre vénéré bienfaiteur,
le Général Beckvvith, écrivait en
1838 aux étudiants Vaudois de
Lausanne et de Berlin;
• Personne, parmi vous , pour
surveiller; personne, pour diriger;
personne qui ose réprimer les
méchants et encourager les bons.
Pas une âme qui veuille souffrir l’ombre d’autorité, si la
force brutale ne marche avec
elle. Baisant la main qui les
frappe de la part d’autrui, vos
gens lèvent fièrement la tète
contre l’autorité de leur choix;
contre cette autorité qu’ils devraient respecter el aimer, par
honneur, par dévouement et par
religion ».
. L’état de choses que ces lignes
caractérisent s’esl-il sensiblement
amélioré depuis qu’elles ont été
écrites? — Malheureusement, soit
ce qui s’est passé, dans le courant
de ces dernières années . à Saint
Jean d’abord , à Angrogne ensuite
et tout récemment à Rorà ; soit
l'accueil, tout autre -que respectueux, fait dans plus d’une de nos
paroisses à des décisions synodales d’une haute importance, sont
là pour démontrer le contraire.
Et patience ! dirions-nous , si
c’était de la portion la moins intelligente el la moins cultivée du
troupeau que ces exemples d’opposition à l’autorité, étaient procédés. Mais ce qui aggrave le
mal, c’est que c’est le plus souvent d'en haut, et de la part de
ceux là même qui. par leur position, devraient se considérer comme
les défenseurs attitrés de la légalité, qu’est partie la résistance.
Une troisième lacune de notre
Presbytérianisme, qui se fera sentir,
nous le craignons, pendant bien
longtemps encore , nous apparaît
dans la composition même de nos
Consistoires ou Conseils de paroisse,
et dans la conception, très inférieure
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26
LE TÉMOIN
à ce qu'elle devrait être, que les
personnes’hoDor^les qui les.cionaposent se font dereurs atlTibutions.
Un Corps d’Anciens Con vena* ■
blement recruté, et composé de
personnes, en même temps qu’intel«
ligentes, pieuses, dévouées, sincèrement désireuses de l'avancement
du règne de Dieu et du salut des
âmes; un Cofps d'Anciens qui se
considéreraient eux-mênjes et que
le public chrétien aurait de bonnes
raisons déconsidérer, non pas seulement comme des administrateurs
des biens meubles ou immeubles
de l’Eglise, mais comme des auxiliaires du pasteur, dans l’accomplissement de son ministère, voilà
ce qui fait défaut dans le plus
grand nombre de nos paroisses.
Une quatrième lacune , — la
dernière que nous voulions relever,
— qui nous a toujours frappé dans
la manière dont le Presbytérianisme est pratiqué au soin de notre
Eglise, c'est l'absence presque complète de ce sentiment de solidarité
des différentes paroisses, les unes
vis à vis des autres, qui ne devrait
exister nulle part aussi fort que
dans une église presbytérierinemeut organisée.
Grâce à cette absence, que les
choses même les plus tristes, les
pins compromettantes pour la cause
de l’Evangile, se passent dans la
paroisse X, ou dans la paroisse.Y,
ou dans la paroisse Z , — dans
l’opinion du très grand nombre
— cela ne 'regarde et n’intéresse
que la paroisse elle-même où ces
ces choses se sont passées. Les
autres ne s’en sentent ni atteintes
ni même simplement affectées.
Aussi, aucune démarche de leur
part n’est tentée — ui conseils,
ni remontrances, ni adjurations, ni
recours au trône des miséricordes,
ni humiliation au sujet d’un péché
qui plus ou moins est celui de
tout le monde, —en vue de mettre
uu terme à ce mal; aucun appui
Il est donné à l'Autorité qui s'y
emploie par tous les moyens possibles ! Le feu dévore une partie
de 1 édifice et les habitants du
reste de la maison ne s’en émeuvent nullement et n’essaient quoi
que ce soit pour l’éteindre !
Et pourtant, le propre d’un incendie, quand il n'esl pas promptement et énergiquement réprimé,
n’est-il pas de se propager avec
ç une rapidité effrayattte ? Le propre
de la contagion n’est-il ^paa de
• se répandre? Ne rien faire pour
s’opposer à leurs progrès, en même
temps que le plus coupable égoisme envers les autres, n’est'Ce pas
de la cruauté envers soi-même ?
Une famille dont chacun des membres ne pense qu’à soi , ne se
préoccupant nullement de ce qui
arrive aux autres, est-elle encore
une famille ? Or tel est malheureusement ^ spectacle que, trop souvent et à trop d’égards, nos diverses
paroisses ont présenté, dans leurs
rapports les dues vis-à-vis des
autres.
D’autres lacunes encore pourraient être signalées , toujours à
ce même point de vue. Mais à
quoi bon ? Celles qui l'ont été ne
suffisent-elles pas et au de là pour
offrir matière au zèle (fût-il même
le plus ardent) de quiconque voudra s'appliquer à les combler ?
Puisse-t-il s’en trouver plusieurs,
au milieu de nous , qui sentent
surgir en eux ce généreux désir !
Connaître son mal , c’est quelque
chose; mais ce sera peu, en définitive, si nous ne sentons, en même
temps, se former et se fortifier en
nous l’inébranlable résolution de
le combattre.
J élève mes jeux à toi qui habites
ilnns les deux.
PSAUMK
Tu pries, cher lecteur; mais
d’où vient que tu ne reçois pas
toujours oe que tu demandes ?
Cela ne peut venir de Dieu , car
il est fidèle à ses promesses et
c^est lui qui a dit: « Demandez
et il vous sera donné •- La faute
vient donc de toi. Peut - être ne
reçois-tu pas parceque tu demandes mal pour dépenser dans tes
voluptés (Jacq. 4[3). Tu désires
cependant obtenir. Apprends donc
à bien demander, Dis avec le Psaltnisle : J’ élève, mes yeux à toi
qui habites dans les cieux.
Que ta requête soit, avant tout,
individuelle. C’ est le Psalmiste
lui-même qui élève ses yeux. —
On ne peut se faire remplacer
dans la prière, pas plus qu’à table.
Le pasteur prie, diras-tu. Oh oui,
le pasteur prie pour son troupeau,
mais cela ne dispense personne
du devoir de prier. Le pasteur,
lui même , en priant, t’invite à
suivre du cœur ses paroles. Entre
dans ton cabinet, dit le Seigneur
, à tout homme , prie sans cesse ,
ffais en tout temps, par rEsprit.,
i toutes sortes de prières et de sup: plications (Ephes. 6[18).S'il nous
! est di.t de « prier pour tous les
saints » nous ne devons cepenI dant pas négliger de prier chacun
pour soi meme. Au contraire, celui
: qui prie beaucoup pour les autres,
priera beaucoup pour lui-même.
Plus qu’un devoir, la prière est un
privilège dont nous ne devons
nous dessaisir en faveur de personne. Laisserions nous au pasteur
notre part de bonheur ou notre
part de salut? Ne le laissons pas
non plus seul à prier pour nous.
Ne nous privons pas d' un entretien avec Dieu, dans lequel nous
goûtons les do-uceurs ineffables
de sa communion. Nous ne pouvons ni ne devons nous passer
de la prière individuelle; elle
doit être notre pain quotidien.
Puisque le Psalmiste élève ses
yeux pour prier, cela nous mouIre que Celui qu’on prie est infiniment au dessus de nous; il est
le Très-Haut , sa demeure est
dans les cieux. Aussi,devons-nous
nous approcher de lui avec? le plus
grand respect, nous qui ne sommes que des vers de terre et qui
l’avons si gravement offensé. —
» Quand tu entreras dans la
maison de Dieu , prends garde à
ton pied... car Dieu est au ciel
et toi sur la terre (Ecoles. 5,1,2).
Déchausse tes souliers de tes pieds ;
car le lieu où tu es arrêté est
une terre sainte » ( Exod. 3[5 ).
Humilions nous donc en sa sainte
présence,prosternons nous jusques
dans la poussière. Mais ne fléchissons pas seulement les‘genoux:
que le cœur s’humilie et gemisse
sur nos fautes.
En disant j'élève mes yeux, le
Psatmiste indique quelle attitude
il prend en priant; il regarde
vers le ciel d’où descendent les
bienfaits, il cherche des yeux le
Seigneur avec lequel il désire se
maintenir en communion. Mais si
lu n’élevais que les yeux, cher
lecteur, je comprendrais pourquoi
tn n’obtiens rien. Tu ferais seulement semblant de prier ; ce serait de r ostentation , de l’hypo-
3
LE TÉMOIN
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crisie ; tu offeoserais Di«u au lieu
de te le rendrô favorable, car tu
ne lui présenterais - que le sacrifice de Caïn. » Déchirez vos cœurs
et non pas vos vêtements et retournez S i’Eternel votre Dieu » .
(Joël 2|13y. Ne te contente pas
d'élever les yeux et les mains ,
élève le cœur. On pe prie bien*
qu’avec le cœur.
(¡Torrcs^onbancf
Livourne, îô janvieï 1S75.
Bien cher Monsieur,
Puisqu’il vous a plu de compter sur
moi pour fourair au Témoin un ai licle
de temps à aulre, je ne puis que m’y
complaire à..4non tour et vous en remercier de ioul cœur.
il est aussi juste que nature! que
ma première correspondance traile de
l’égli.se même que le Seigneur m’a
confiée. L’église de Livourne a beaucoup l'ait parler d’elle dans le passé;
depuis qiiclque temps elle semble se
« recueillir». Dieu fasse que ce recueillement prépare et produise ensuite dans
son sein une nouvelle manifeslation de
vie purement spirituelle. Les lemps sont
passés ofi 200, môme 300 et pins d’auditeurs se pressiiienl autour de la
cliaire. Nous ne savons ce que la plupart d’enlr’eux sont devenus, quoique
nous sachions qu’un bon nombie est
passé à l’Eglise Libre, avec laquelle ,
je le di.s avec plaisir, nous cntrclonons des iclalions fraternelles. Toutefois, chaque dimanche j’ai devant moi
entre 80 et 100 auditeurs dont un
^quarl, parfois un tiers, sont vatidois.
Je le dis à leur louange , les Vaudois établis à Livouiiie sont assidus
au culte (on pourrait toujours l’être
davantage) pour autant que leur condition de dépendance le leur permet.
Puisse ce fait encourager les Vaudois
épars dans les villes d’Italie être fidèles à leur Dieu et zélés pour son
culte. Nous annonçons l’Evangile et
nous ne voulons savoir autre chose
que Jésiis-Clirist crucifié, — mais nous
le faisons comme Vaudois ( le moyen
(le ne pa.s êlre ce qu'on est?) et comme attachés de cœur à noire vieille
église rajeunissante. Si donc les Vaudois, partout où ils se trouvent, partout où ils ont l’avantage d’avoir un
évangéliste des leurs', accourront les
premiers autour de la Parole de Dieu,
ils en r(!cevront du bien pour eux
mêmes, cl leur bon exemple, en encourageant leur pasteur , sera facilement suivi par leur concitoyens désireux de connaître l’Evangile.
Grâce à la générosité des amis de
l’Evangclisalion et particulièrement au
zèle infatigable du vénéré Doct. Stewart
et de .sa digne compagne , grâce aussi
au secours eiricacc que le Goniilé de
l’Evangélisation nous a prêté, nous
avons pu dans le couranf de l'été
passé lran.sformei’ en chnrmanle chapelle le local de notre propriété destiné au culte. Il est vrai que nous
avons dû nous restreindre d’un quart,
mais, point d’allarme ! c’était pour faire
place à une école.
En parlant d’une Eglise, ce qui dbil
intéresser avant tout, c’est sa vie, —
j’allais dire .sa vigueur — spirituelle.
Commençons par la vie , la vigueur
viendra après Eh bien ’. la vie spirituelle c’est la noie la plus harmonieuse, mais aussi la plus faible ! C’est
un son lointain qui charme les oreilles,
qui semble s’approcher , niais qu’on
ne peut ancore saisir dislinctenlâil.
Il faut qn’ un vent favorable , mP un
doux zéphyr ~ le soiiiBe de l’Esprit
de Dieu — passant, non pas au dessus
de nos lêles, mais à travers nos cœurs,
rapproche l’inslrumcnl divin de cette
harmonie divine , tellement que no.s
yeux le voyent, nos oreilles l’entendent
clairement, nos cœurs en lres.saillenl.
Cet instrument — ne l’avez vous pas
deviné? — c’est la personne de Christ,
c’est le Sauveur de nos âmes! Nous
aurons la vie et la vigueur spirituelles dès que, comme individus et comme Eglise, nous vivrons en Lui et par
Lui; dès que cette vie aura établi son
siège, non pas dans le cerveau ni dans
l’intelligence, mais dans sa source naturelle: le cœur !
« Les italiens ont l’c-spril fprompt ;
ils saisissent vile la différence entre
le catholicisme et l’évangelisme » —
me disait un jour le vénérable ami
nomme dans celle lettre — « c’ est
Eoui’quoi tenez-vous sui' vos gardes!
¡eu regarde aux cœurs: c’est là que
nous devons regarder aussi. Christ ne
sera noire trésor et notre vie que
lorsque nous aurons placé nos cœurs
en Lui. Les pierres vivantes qui doivent composer. 1’ édifice spirituel de
l’Eglise, ce sont les cœurs., rien que
les cœurs».
Je n’appliquerai pas ceci à 1’égli.se
de Livourne seulement; ce .seçail faire
tort à d’autres églises. J’ observerai
cependant que l’église a pris, par ci
par là, la forme à'une société comme
il s’en constitue aujourii’bui à tout
bout de ciiainp dans le monde, -ivec
ses statuts et ses rcglemenls qui servent de lien entre ses membres et où
l’Evangile est une mine d'entretiens
ulile.s, le pasteur un hommft-;i-di.seonrs.
— C'est line erreur grave, d’où il peut
résullcr qu’un tel soit condamné par
ses frères pour avoir Irangressé un
article de réglement; landi.sqn’un tel
autre qui ne vivrait pas en paiTaile
barmônic avec l’Evangile n’encomrak
pas po^r cela la peine de la suspension ou de l’exclusion.
L’Evangile seul doit êlre notre loi
i'oniiamenlalc ; .son autorité seule est
supéiicnre. Nous devons tenir infiniment plus à son observation jusque
dans les plus minces devoir.« qn’ ;i
rexéention de Ionie loi de rabricniion
humaine.. Car, dès que nous obéirons
à l’Evangile nous serons soumis aussi
et mieux à nos propes lois.
La tendance que je signale, j<; l’ai
observée sous mes yeux, et le moilleur moyen de la combattre, comme
aussi d’amener les cœurs à Jésus-Christ,
c’est de prêcher l'Evangile, de le placer
au dessus de tout, de faire do lui seul
le fondement de noti'e foL et la règle
absolue de notre vie.
Je bénis Dieu de ce qu’ il a donné
à d’autres qu’à moi le goût et le don
de la controverse. Je m’en liens è
rédificalion et je prie le Seigneur dp
bénir sa parole afin (ïue, §ur les ruines
d’un catholicisme démoli jusque dans
ses derniers fondements, s’ élève de
plus en plus le majesloeux édifice de
l'Eglise de Jésus-Christ.
Je tiendrai compte prochainement (?)
de vos exhortations à la brièveté des
correspondances... Si je n’ai rien dit
des écoles c’est qu’il vaut la peine
d’en faire un sujet de corresponiiance
à part.
Puisse le Journal de l’Efjlise évan~
riélHjue Vaudoise être Le témoin de
la vérité jusque dans les siècles fiilnrs.
La vérité demeure à toujours cl nos
Vallées demeureront autant que le
monde. Quoique leurs Echos soient
nioils, la première et les secondes
« parlent encore »,
.ègréez, cher Monsieur et frère en
J. C. les .saîulaTièns cordiales et empressées de
Votre déroné
' Bartii. Pons*.
A Monsieur le Directeur du Témoin,
Turin le Ifi février IS75
Bien cher ami et frère, '
4
Le courrier de hier a dû vous apporter , ainsi qu’à bien d’autres , la
nouvelle aussi doulouren.se qu’inattendue de la mort de notre jeune frère
et ami, le Docteur Charles Malan.
Vous savez comment ce cher et si
sympathique jeune homme a sucebmoé: victime du plus beau dévouement— d’autant plus beau qu’il était
cntièicinent gratuit — pendant l’épi-,
démie de fièvres typhoïdes, qui a si
cruellement sévi cet hiver, et sévit encore, dans la commune de Tone-Pellice.
Or, il ne faut pas que le .souvenir
d’nn si noble exemple d’abnégation
chrétienne risque de .s’effacer jamais ,
an sein de notre population.
Un moiinmenl (jui redise à ceux qui
viendront après, ce que Charles Malan
a été pour ses compatriotes, pendant
.son trop rapide passage au milieu
d’eux , (lüil êlre (;iigé*anx frais du
public, sur sa lomlie. C’est hélas!
tout ce qu’il nous c.st donné de faire
pour lui attester notre reconnaissance
et noire admiration.
.Si vous êtes, à cet égard, de mon
avis, romrne je ne saurais eu doutei',
4
28
LE TEMOIN
veuillez ouvrir une lisle de souscriptions pour cel objipt, dans les colonnes
de notre petit journal, et m’y inscrire
pour la somme de dix francs.
Tout à vous de cœur, en J. C.
J. P. Meille Pasteur.
Variétés
Après la mort du célèbre poète
Rückert, on trouva parmi ses papiers un manuscrit dont les feuilJes, jaunies'par le temps, contenaient 400 poésies inspirées par
le souvenir de deux de ses enfants qu'il avait perdus à la fin
de l’année 1833.
C'est pendant l’année ¡834 qu'elles furent écrites, mais elles ne
furent publiées qu'en 1872. En
voici quelques unes traduites littéralenient de l'Allemand. Si la
traduction leur fait perdre beaucoup de leur beauté littéraire,
nous espérons néanmoins mettre
à même nos lecteurs de saisir et
d’apprécier l’esprit de soumission
et d’espérance qui les a dictées.
La servante apporte la nouvelle de
la mort — de la petite sœur à la
troupe des enfants. — Ils s’écrient d’une
seule voix: — Elle n’est pas morte, ce
n’est pas vrai.
U la votant, les lèvres pâles — la
joue blanche dans ses noirs cheveux —
et ils murmurent doucement entr’eux :
-ir elle n'est pas'morte, ce n’est pas
vrai.
Le père pleure , car son cœur est
blessé , — la mère pleure , ils le voient
bien, — et cepenuanl leur croyance
n’est pas ébranlée, — elle n’est pas
moite, ce n’est pas vrai.
Et lorsque vint l’heure — on la mil
sur le brancard, — on la descend dans
la terre — elle n’est par morte, ce n’est
pas vrai.
. Eh! bien, qu’elle demeure dans votre
cercle —et y devienne plus belle d’année en année et qu’à chaque heure
elle vous devienne plus chère; — Elle
n’esl pas inoiTe ce n’est pas vrai.
Je l’ai dit à tous les buissons, — je
m’en suis plaint à tous les arbres — à
chaque plante verdoyante — à chaque
fleur resplendissante.
El toujours de nouveau je le dis — et
toujours de nouveau je m’en plains et
toujours, landisqne je parle — ils oublient ma douleur.
Ici bas , tu es oublié. — De la fleur,
de là plante, du buisson, de l’arbre, —
mais non pas de mon coaur. — Enfants
de mes joies et de mes douleurs !
Souvent il me semble, qu’il devrait
arriver un miracle — que le sépulcre
deyj’ait s’olivrir — que mes anges devraient en sortir — et courir dans mes
bras.
Patience! il n’arrivera pas de miracles, — cependant le Ciel s’ouvrira —
et lu verras tes anges — de là haut
s’empresser à la rencontre.
Souvent je pense qu’ ils n’ ont fait
3lie sortir, — que bientôt ils revienronl à la maison. — Le jour est
beau, &b ne l’inquiète pas ! — ils n’ont
fait qif une promenade un peu plus
longue.
Sans doute ils n’ont fait que sortir
et maintenant ils arrivent à la maison ;
— Oh! ne l’inquiète pas, le jour est
beau — iis font leur promenade vers
cette haiileiir!
Il n’ont fait que nous précéder —
et ils ne soupireront pas après la maison
d’ici bas — Nous les rejoindrons sur
celle hauteur — illuminée par le soleil ;
le jour est si beau!
Comme le figuier des Indes — enfonce dans le sol ses rameaux inférieures , — et voici , ils jettent des
racins et prospèrent; — ainsi je dépose mes plus jeunes enfants— dans
la terre, et j’espère que de même ils
y sont conservés pour vivre.
Je ne veux pas baisser tristement
la tète , mais penser joyeusement à
ceux qui m’ont laissés — et je trouverai
de la consolation dans celle image:
— Je suis comme le figuier des Indes
— qui jette dan.s le sol ses rameaux
inferieurs — et balance ses branches
élevées dans la lumière du soleil. —
Henry .Meille.
Le vénérable Docleiir AVichern, fondateur de la Mission intérieure en
.\lleinagne, se relire du champ de
baiailie où il a combattu si longtemps
et si vaillamment, laissant à son fils
la direction de l’œuvre qu’il a fondée.
Celle mission est caractérisée par un
journal comme une mission parmi les
payens d'Allemuyne , deux lois plus
nombreux, parait-il, qu’on n’aurait pu
se le figurer.
Une maison destinée à servir de
centre à la City-Mission de Londre a
été inaugurée en mai dernier, par l’illirslre promoleui’ de celle œuvre. Lord
Shaftesbury. Une seule phrase du discours prononcé à cette occasion par
le noble Lord, suffit pour donner une
idée de l’extrême importance de cette
entreprise. « Si nous n’avions pas, at-il dit, nos quatre cents missionnaire.s,
il nous faudrait quarante mille Policeman de plus •.
Ckrontque ^aubotse
Lundi soir, 8 du courant, le Président de notre Commission d’Evangélisalion, accompagné de son collègue,
M.' A. Malan de Messine, parlaient, de
Turin, pour l’Angleterre , avec l’intention de visiter, à leur retour, nos amis
de France et de Hollande. — Que la
main de notre bon Dieu soit sur ces
frères, pendant toute la durée de ce
voyage entrepris uniquement pour sa
gloire !.
Eeime poUttc|ue
MtaMie. —La Chambre a commencé
la discussion du budpl de rinlérieur.
A ce propos la gauche a formulé un
ordre du jour de blâme contre le ministère pour ingérence, illégale dans
les élections politiques. Mais la Chambre a, par J47 voix contre 100, adopté
l’ordre du jour pur et simple. Le résultat
le plus clair de ces interpellations
qui ont lieu à tout propos e.sl de retarder la marche des affaires et d’empêcher l’Assemblée d’arriver enfin aux
questions importantes et utiles.
France. — L’Assemblée de Versailles a discuté la loi de l’insliliition
de la Ilanle Cliambre ou du Sénat;
la proposition de la gauche et du centre
gauche, d’après laquelle le Sénat serait nommé, comme la Chambre législative , par le vole universel a été
adoptée par -342 voix contre 330, gi'âce
à l’abstenlion de 50 députés légitimisles et an concours de 30 bonapartistes. Le centre droit sur ce point
s’esl détaché de ses alliés d’hier. Mais
l’ensemble de la loi a élé repoussé
par la majorité; de sorte que les lois
constitutionnelles, et avec elles le régime républicain, sont de nouveau en
cause.
Après celle votation, divers orateurs
ont proposé au milieu d’un grand tumulte la dissolution de l’Assemblée;
mais celle proposition a été rejetée
à une forte majorité. — En même
temps r Académie recevait dans son
;sein .M. Alexandre Dumas, fils, qui a
fait l’éloge de son père et de son
prédécesseur M. Lehi nn. M. d’Haussonville a répondu à .M. Dumas.
E»F*>0ne. ■— La position est la
^ même à peu près Le roi Alphonse
’a fait une visile à Esparleio qui doit
avoir été sati.sfait des sentiments libéraux du jeune prince. Toutefois nous
ne serons bien arrêtés sur la marche
du gouvernement qu’ après la lin de
la guerre. Il parait certain que les
mesures réactionnaires qui ont élé
prises au moment du pronunciamenlo
ne venaient ni du roi, ni même de son
ministère, mais des autorités locales.
Ernest Robert, Gérant et Àdministraleur.
Rignerol, Impr. Chiantore et Mascarelli.