1
L’ECHO DES VALLÉES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
(le la Famille Vandoise.
Que toutes les choses qui sont véritables....... occupeut
vos pensées — i Philippiens., IV. 8.)
PRIX D ABONNEMENT :
Italie, h. domicile Cun an) Fr. 3
Suisse...................«5
France................» 6
Allemagne d
Angleterre, Pays-Bas . • 8
Vn numéro séparé : 5 cent.
Un numéro arriéré ; 10 cent.
B0HE41TX D’ABONHEMENT
Torre-Pbu.ice : Via Maestra,
N.42, (Agenzìa bibliografica)
Pksnbrol : J. Chiantore Impr.
TuRtN:7.J. Tro«, via Lagrange
près le N. 22.
Florence : Libreria Evangelica, via de’Panzani.
ligne
ANNONCEES : 5 cent, la
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’adresser pour l’administration
ail Bureau à Torr.e-PeUÎce,
via Maestra N. 42 — pour la
rédaction : â Mr. E. Alalan
F’rof. a Torre-Pellice.
Somin.aii?e.
De l'Emigration. — Con'espondance. — Le
Synode de 1871. — Chronique vaudoise —
Chronique politique. — Liste des militaires
vaudois. — Annonces.
DE L’ËHlGRATiON.
Nous avons reçu sur le sujet de
l’émigration deux nouvelles lettres
que nous ne pouvons pas publier en
entier ( on ne nous le demande du
reste pas), mais dont nous nous
proposons d’examiner brièvement
les principales idées. Dans la première, notre correspondant s’étonne
qu’on se croie obligé d’émigrer,
faute de travail, ou d’un travail
suffisamment lucratif.
Les Vallées, dit-il, manquent partout de
de bras au point qu’un ouvrier médiocre
peut gagner facilement une demi émine
de maïs par jour. Bientôt, nos terres,
toutes nos manufactures et notre commerce seront entre les mains des étrangers.
Après avoir énuméré les diverses
occupations utiles auxquelles pourraient se livrer les Vaudois, après
avoir montré les dangers de l’émi
gration dans l’Amérique du Sud et
même dans l’Italie méridionale,
notre correspondant nous engage
à intéresser les pasteurs , les régents , les syndics et toutes les
personnes influentes à travailler
afin de guérir nos compatriotes de
cette maladie de V émigration.
Tendons-nous la main, les uns aux autres , dit-il ; que les pasteurs visitent un
peu plus souvent les familles de leurs
paroissiens et manifestent de l’intérêt pour
leur état spirituel comme pour leur position matérielle, qu’ils leur apportent des
paroles de paix et d’encouragement ; alors
la paix et la gaîté renaîtront avec l'amour
du travail, dans nos villages et dans nos
campagnes, et la fièvre de l'émigration
sera calmée pour toujours.
Il y a du vrai dans la manière
de voir de notre correspondant.
Nous tenons, tout d’abord, compte
de son patriotisme. Nous sommes
d’accord avec lui qu’il y a, parmi
nous , soit dans l’agriculture , soit
dans les divers métiers, bien des
travaux qui se font mal, ou se font
par d’autres que par des Vaudois.
Mais, d’un autre côté, nous sommes
aussi convaincus qu’il y a des fa-
2
milles qui souifrent dans les lieux
les plus reculés de nos Vallées.
Pourquoi n’ eu sortent-elles pas
pour s’établir dans d’autres parties
de notre pays plus-fertiles et moins
pénibles ? C’est là la grande difficulté et nous demanderions à notre
correspondant de nous dire où et
comment il caserait les 23 familles
qui se disposent à émigrer. On peut
trouver du travail pour des individus isolés, mais non pas pour des
familles. 11 n’y a pas dans le bas
des Vallées des terrains à acheter ;
et s’il y en a. ils sont très chers.
— Nous comprenons qu’il y aurait
quelque chose à faire et qu’une
société d’utilité publique ou un
bureau de placement qui saurait où
il y a du travail et où il y a des
personnes qui pourraient le faire,
rendrait un réel service. — Nous
croyons savoir qu’il existe quelque
chose de semblable chez nos concitoyens catholiques , dans ce sens
qu’il y a qui s’inquiète de trouver
du travail pour les ouvriers appartenant à cette confession. — Mais
par ce moyen on ne pourrait remédier au mal que partiellement et
on ne pourrait satisfaire qu’une
partie des besoins. — Nous concluons donc à l’émigration comme
un mal nécessaire ; mais au moins
qu’elle ne se fasse que dans la
mesure de la nécessité et qu’elle
soit bien dirigée. C’est là ce dont
le Synode s’est préoccupé et c’est
pour cela qu’il a nommé la Commission dont nous avons parlé dans
notre dernier n° et dont le mandat
devrait être, selon nous, de se
mettre en relation avec quelque
grand propriétaire de l’Italie centrale ou méridionale, qui serait dis
posé à vendre, à longue échéance,
un terrain sain près des montagnes,
et propre à être arrosé, ce dont la
Commission devra s’assurer en se
transportant elle même, ou par délégation , sur les lieux. Peut-être
nos Vaudois pourraient-ils être reçus d’abord comme fermiers , à la
condition cependant qu’ils fussent
assurés de devenir, tôt ou tard,
les propriétaires du terrain divisé
d’avance en un certain nombre de
lots ou de fermes.
Mais n’anticipons pas trop. Nous
sommes sûrs toutefois que MM. les
Membres de la Commission nous
pardonneront d’avoir osé leur donner notre humble avis.
Nous en venons maintenant à
notre correspondant de Turin, qui
nous écrit ce qui suit :
L’émigration à l’étranger avait sa raison
d’être lorsque nous ne pouvions pas sortir
de nos étroites limites, mais elle ne l’*a
plus aujourd’hui que nous sommes libres
de déployer notre activité partout dans
notre patrie. Au lieu d’aller chercher fortune dans l’Amérique du Sud, ravagée
actuellement par la fièvre jaune, le choléra et la guerre civile, d’où l’on a si peu
de chance de revenir, pourquoi ne faisons
nous pas, nous Vaudois, comme les habitants du versant occidental du MontViso
et de nos Alpes? A l’approche de l’automne, sans autre bagage que leur honnêteté proverbiale, ils parlent, vont dans
les bons pays, s’y prêtent aux travaux les
plus pénibles, les plus rudes, et, au printemps , ils rentrent au sein de la famille
et partagent leurs économies avec leurs
femmes et leurs enfants encore trop jeunes pour pouvoir les suivre. — Il en est
de même des montagnards des Grisons,
du Tessin , du Valais, en Suisse, mais
ceux-ci plus instruits et plus fortunés ont
généralement un état dont ils savent tirer
bon parti.
Plus près de nous, les habitants de la
province de Biella, qui n’ont pas de ter-
3
-171
rains cultivables, n’émigrent-ils pas temporairement aussi, comme maçons et
comme plâtriers? Ils deviennent, plus
tard , maîtres-maçons, entrepreneurs de
routes et de bâtiments; et alors ils retournent généralement chaque année pour
passer quelque temps dans la maisonuelte,
propre et coquette, qu’ils ont bâtie et pour
y jouir de l’air vivifiant du sol natal. Tous
les porteurs de vin, la plupart des hommes de peine de Turin, où plusieurs acquièrent une position aisée, viennent du
val de Lanz, où l’émigration en des contrées lointaines est inconnue. — Avec de
l’ordre et de l’économie on peut réussir
partout. Nous en avons de nombreux
exemples devant les yeux. Je connais,
moi-même, un banquier qui remue des
millions à lui, et qui naguère encore balayait le comptoir de son principal. Mais
pour cela il ne faut pas trouver la terre
trop basse, ni aucun labeur honnête avilissant ou trop pénible.
Le dolce far nienle a appauvri nos provinces méridionales, en grande partie incultes ou peu cultivées ; l’état y vend à
vil prix tout ce qu’il y possède. Mais les
grands propriétaires en Calabre, en Sicile
et ailleurs, qui auraient tout intérêt à attirer de bons colons chez eux, voudront
dillicilement d’une colonie protestante. Je
veux croire cependant qu’il en est qui
feront exception , et il est bon de s’en
informer. — Il existe une compagnie de
colonisation pour la Sardaigne; il s’en
forme une autre à Naples, une troisième
à Rome ; et si nous voulons faire sérieusement des recherches, nous réussirons,
je l’espère, à trouver pour nos frères de
Rora, bien entendu avec le concours de
leurs bras et de leur énergique volonté,
du pain pour eux, pour leurs femmes et
pour leurs enfants.
Nos lecteurs savent déjà que
nous sommes tout-à-fait de l’avis
de notre correspondant sur les
recherches dont il parle ; quant à
ce qu’il nous dit des Vaudois qui
pourraient émigrer pendant une
partie de l’année, c’est précisément
ce qu’ils font déjà partiellement,
surtout de Rodoret. de Massel et
d’autres paroisses ; mais malheureusement ils ne retournent de ces
campagnes à l’étranger, ni bien
riches, ni meilleurs. Ils ont du reste
le grand désavantage sur les Suisses , les Biellais et autres encore ,
de n’avoir aucune profession , ni
aucun état.
Du reste , cette émigration partielle que nos Vaudois pratiquent
avec un réel désavantage doit avoir
un réel inconvénient, c’est de relâcher les liens de la famille. Nous
comprenons qu’il faille la subir ,
là où elle s’impose nécessairement.
Mais si nous pouvions venir au
secours de nos compatriotes en les
établissant avec leurs femmes et
leurs enfants dans une colonie agricole en Italie, où ils pussent labourer la terre ; nous leur aurions
rendu un service non seulement an
point de vue matériel, mais encore
au point de vue spirituel.
Corrcsponhimce.
Pomaret, 25 mai 1871.
Cher 3ionsieur et frère,
».
Permettez-moi, je vous prie, de rectifier
une erreur qui s’est glissée dans l’Echo
des Vallées du 19 mai.
La bombe qui éclata le 7 de ce mois,
à 9 h. du soir, à la porte du local dans
lequel les méthodistes célébraient leur
culte, à Rome; n’était pas en papier,
mais en verre. Pour en rendre l’explosion
plus terrible, on l’avait solidement ficelée
et remplie de morceaux de fer.
Si, comme l’espéraient probablement
les cléricaux , elle avait éclaté au moment
où la foule sortait de la salle, elle aurait
sans-doute tué ou blessé un grand nom-
4
bre de persoanes. Heureusement, l’explosion eut lieu au moment oîi le portier luiinôme se trouvait dans l’intérieur du local.
Nos frères méthodistes en furent donc
quittes pour la peur.
Après cet attentat, le Rev. docteur Lewis,
pasteur de l’Eglise libre d’Ecosse, et les
ministres des différentes dénominations
qui prêchent maintenant l’Evangile aux
romains, adressèrent au Ministre des
travaux publics. Commissaire royal à Rome,
une lettre oh, après lui avoir raconté le
fait, ils le prient de prendre les mesures
nécessaires afin que la liberté religieuse
soit, à l’avenir, autant que possible, à
l’abri dès attaques des fanatiques romains.
Je suis heureux de pouvoir mettre sous
les yeux des lecteurs de l’Echo la réponse
que le commandeur Gadda fit à notre
lettre.
La voici :
IL MINISTRO DEI LAVORI PUBBLICI
Roma, 14 maggio 1871.
Pregiatmimo Signore,
« Mi era noto lo spiacevole accaduto
» della sera del 7 corrente, ed approfitto
» dell’occasione che mi offrono le SS. LL.
» con la cortese lettera del 10 corrente,
» per assicurarle che il Governo non ccs» sera di fare le pih accurate indagini per
» rintracciare i colpevoli, ed impedire
» che tali inconvenienti si rignovino.
Preg““ sig. G. Ribetti
Pastore evangelico.
Il Ministro
Gadda ».
_ Le ton <ie cette lettre contraste singu^ fièrement avec celui que prit avec moi le
questeur Berli, lorsque, il y a environ
doux mois, je lui adressai quelques réclamations en faveur d’un colporteur qui
avait été illégalement expulsé d’Arzoli,,.,i
Grâces à DieUi les autorités de Rome
sont, en général, bien disposées à notre
égard. En voici une autre preuve. ,
L'n certain Jean Froment, gendarme en
retraite, de Cuorgné, dont la famille est
originaire de S' Jean, est, depuis quel-*
ques mois, dans la salle des poitrinaires,
à l’hôpital de Santo Spirito,, i,
Les infirmiers et lesmpines le Taissèrent
en paix, tant qu’il fut Msez fort pour repousser leurs assauts. Mais, depuis quelques jours, voyant que ses forces diminuaient rapidement, ils commencèrent à
le tourmenter pour le forcer à se confesser. A la demande de Froment, M' J. P.
Pons, qui me remplace à Rome pendant
mon absence, s’adressa au commandeur
Pantaleoni, directeur général de l’hôpital,
en le priant de donner les ordres nécessaires afin que Froment fût laissé en paix
par ces fanatiques convertisseurs. Le docteur Pantaleoni accueillit très bien la demande de mon collègue, et lui donna un
billet pour le Prioree Vlspettore, dans lequel il ordonne: 1° que le nommé Formento
ne soit plus « tormentato per affari di
coscienza, » 2’ Que M' Pons puisse entrer
à toutes les heures dans l’hôpital.
Il est bon de constater, eu remerciant
Dieu, qu’on nous accorde , de bonne
grâce, à Rome, ce qui, malheureusement,
est encore aujourd’hui le sujet de contestations interminables danscertaines villes,
qui jouissent depuis' de longues années
des privilèges de la liberté.
Agréez etc.
Jean Ribetti .
LE SYNODE DE f87i
(Suite V. N. 24.)
Le rapport de la Table sur llnstruction
primaire a donné lieu à une longue discussion sur les écoles, dites de quartier,
dont les régents sont souvent ¡mal préparés et encore moins bien rétribués, sur
la nécessité de bons livres de lecture,
sur la question de la Bible comme livre
de texte et sur la nécessité d’avoir dans
ces écoles de bons maîtres au point de
vue moral et religieux.
L’assemblée a adopté à l’unanimité l’ordre; du jour suivant: « En face de.s tendances qui se produisent en diver^ lieux
pour exclure la Bible des écoles primaires
le Synode convaincu que c’est le devoir
de l’Eglise vaudoise de maintenir la parole' dé Dieu à la base de l’éducation recommande vivement aux consi.stoires, de
5
-173
veiller à ce que le S' Livre soit lu régulièrement et avec respect dans les écoles
de leur ressort, et d’apporter, à cette
fin, le plus grand scrupule dans le choix
des maîtres et des maîtresses bien qualifiées au point de vue de la piété ».
Les écoles du Dimanche fréquentées par
environ 2000 enfants n’ont donné lieu à
aucune discussion ni à aucune résolution ;
il en a été de même de Vécole latine de
Pomaret et de Vécole supérieure des jeu• nés filles, la 1* avec32élèves, la seconde
avec 74. — L’école normale a fourni le
sujet d’une assez longue discussion, en
suite des observations assez semblables
de la Table, de la Commission examinatrice de sa gestion comme de la Commission examinatrice de la gestion d’Evangélisation. Les jeunes gens, reçus
faibles dans l’école , ne sont généralement
pas suffisamment préparés au bout de trois
ans d’étude; les paroisses manquent déjà,
par ci par là, de bons instituteurs et les
stations d’évangélisation en souffrent plus
encore,nous dit-on; il fautremédier aumal
et rendre cette importante institution capable de nous rendre les services en vue
desquels elle a été fondée; dans ce but
on proposa en l'lieu, d’augmenter d’une
année la durée des études, en second
lieu, de procurer aux élèves de l’école
des bourses proportionnées à celles qui
sont accordées aux étudiants en théologie;
et sur ce point le rapporteur du contrerapport de la Commission-d’évangélisation
s’adressait plus particulièrement à cette
dernière. Le Synode aurait eu parfaitement raison de voter cette double mesure,
s’il avait pu en même temps voter les
fonds nécessaires; mais imposer à la
Table telle charge, puis telle autre encore
sans lui donner un centime, n’est pas
une chose convenable ni digne. Le Synode
l’a senti, après qu’on lui eût fait observer
qu’il fkllait pour réaliscf cotte réforme ,
un professeur de plus, un local que nous
n’avons pas et des sommes dont nous ne
disposons pas ; et comme on a fait observer que l’évangélisation contribue déjà
aussi d’une manière indirecte à l’entretien
de l’Ecole normale, le Synode s’est contenté d’adopter l’ordre du jour suivant :
Le Synode reconnaissant la convenance,
soit dans l’intérêt des paroisses, soit dans
celui de l’évangélisation , d’augmenter
d’une année le cours des études de l’Ecole
normale , et comme conséquence , de
procurer aux élèves des encouragements
et des secours suffisants pour qu’ils puissent compléter leurs études , recommande
ce double objet à la sollicitude de la Table et de la Commission d’Evangélisation.
Et ainsi la Table et la Commission d’Evangélisatiou feront ce qu’elles pourront.
Le Collège a été l’objet d’une telle sollicitude de la part de la Commission examinatrice do la gestion de la Table que
nous nous proposons de profiter de cette
occasion pour en faire, à notre tour, la
matière d’un article distinct pour un des
N*’ prochains. Il nous serait difficile de
résumer la discussion pénible qui a eu
lieu sur l’Ecole de théologie; les professeurs sont d’accord sur les questions les
plus importantes, mais il y a une divergence sur quelques autres et particulièrement sur la manière d’apprécier les étudiants venus d’ailleurs que des Vallées
et sur celte d’assigner les bourses. Nous
aurions, nous-même, beaucoup à dire
sur ce double sujet; mais nous avons
hâte d’arriver à la fin.
Nous renvoyons aussi à une étude spéciale l’œuvre de l’évangélisation.
Nous aurions bien de bonnes choses à
dire do la gestion de nos Hôpitaux, du
rapport de la Commission et du contrerapport; nous nous bornons à une simple réflexion sur la seule question qui a
fourni matière à un entretien, ou à deux
on trois discours plutôt qu’à une discussion, c’est celle du décret d’expropriation
obtenu par le Conseil Communal de La
Tour d’une bande de terrain de la ferme
des Airals-Blancs en vue d'un chemin.
Comme contribuable de La Tour, nous
avons tout lieu d’être reconnaissant pour le
zèle de la Commune en cette circonstance
comme en beaucoup d’autres, mais malheureusement notre satisfaction n’est pas
sans mélange et ce sont des chiffres qui
viennent la troubler. Nous lisons en effet
dans le rapport de la Commission des
Hôpitaux que La Tour a fourni à l’Hôpital
6
-174
de La Tour 62 malades pendant la dernière année. Or nous nous demandons si,
comme citoyens, les pauvres malades ne
nous appartiennent pas aussi. Nous sommes persuadés que nos pères conscrits
n’ont pas fait cette réflexion, et nousmême nous ne l’aurions pas faite non
plus sans ce malheureux chiffre de 62 qui
représente plus du quart des malades
reçus dans les deux Hôpitaux de La Tour
et du Pomaret. Ces 62 malades ont coûté
près de 3500 frs., si notre Conseil avait eu
ces chiffres devant lui, il n’aurait peut-être
pas demandé ce décret d’expropriation.
Ainsi que cela arrive ordinairement, le
Synode a perdu beaucoup de temps, le
jeudi surtout, à des discussions oiseuses,
pour ne pas dire plus et il a dû examiner
au pas de course de 30 à 40 propositions,
dont un grand nombre, pour faire plus
vite, ont été expédiées par l’ordre du jour;
de sorte que le vendredi à midi l’Assemblée avait achevé sa tâche. — L’aprèsmidi de ce jour a été rempli par les nominations des trois Commissions administratives, de la Table, de la Commission
d’évangélisation et de la Commission des
Hôpitaux. — Ont été confirmés membres
de la Table: MM. P. Lantaret pasteur,
E. Malan Prof., Ant. Gay, Elisée Costabel,
auxquels a été adjoint M' Micol négociant
à Pignerol nouvel élu. — La Commission
de l’hôpital a été confirmée, et est composée de MM. J. P. Bonjour pasteur, P. Lantaret pasteur, D. Pellegrin, B. Tron Prof.
M. Bouvier instituteur. — La Commission
d’évangélisation a été en grande partie
renouvelée et est composée de MM. Matth.
Proehet président, A. Revel, D. Turin,
Emile Combe.
Ce sont les amis de M. le D' Revel qui
l'ont forcé à une retraite momentanée et
le Synode lui a voté les plus chaleureux
remercîments, ainsi qu’à M. J. Malan pour
les services qu’ils ont rendus à leur église
et a fait les vœux les plus ardents pour
que le Seigneur rende à l’un et à l’autre
la santé et la force.
Le Synode a désigné ensuite le prédicateur pour la prochaine assemblée annuelle qui se tiendra dans le temple neuf
de la Tour le premier mardi de septem
bre 1872, dans la persdnne de M. l’évangéliste Combe.
Il implore la bénédiction de Dieu sür
S. M. le Roi Victor-Emmanuel II, sur la
Famille royale , sur le Parlement et sûr
les Ministres, et forme les vœux les plus
ardents pour le maintien de la paix et
des institutions qui régissent notre patrie
et pour la prospérité toujours croissant
de la Nation.
Après ‘une prière d’aclions de grâce et
le chant du dernier verset du Tédeum,
le président a déclaré close la session
synodale de l’année 1871.
(SThront^iuc
Dimanche prochain, 4 juin, à 4 heures
de l’après midi, aura lieu dans le temple
du Ciabas la consécration de M. le candidat Michelin.
On nous communique ce qui suit :
« La vente qui a eu lieu à Angrogne
par les soins de M“' Canton a produit 278
francs qui ont été appliqués de la manière suivante :
Fr. 20 pour l’Ecole évangéliq. de Rome,
Fr. 258 en faveur des français victimes
de la guerre.
Ce ne sont pas les paroissiens d’Angrogne seuls qui ont concouru pour faire
cette somme, mais aussi quelques amis
des paroisses voisines et particulièrement
ceux de Prarustin qui y ont contribué
pour fr. 50. — Nous exprimons notre reconnaissance aux uns et aux autres.
(fflxrontc|U0 f^oUttque.
Italie. La Chambre des députés s’est
associée alix paroles du ministre des affaires étrangères Viscohti-Venosta, qui a
exprimé son horreur pour les événements
7
doDt Paris est le théâtre,son regret
pour les pertes irréparables que des assassios ont causées à la France et à la
civilisation par l’incendie de plusieurs édifices monumentaux de cette capitale.
Le Parlement a continué à s’occuper do
la question financière; —il s’est montré
bien décidé à refuser à Sella l’augmentation d’impôts qu’il demandait, sur le
sel, sur les eontribulions directes et sur
le droit de succession. Cependant il ne
veut pas de crise ministérielle et par l’organe du député Miughetti il a prié instamment Sella de ne pas mettre le pays
dans cet embarras.
— La crise ministérielle est évitée; le
ministre Sella a retiré ses propositions
d’impôts, devant le maintien hostile de
toute la Chambre. Cependant il n’a pas
donné sa démission; il s’est tiré d’affaire
en homme d’esprit et de cœur. La nation
doit lui être reconnaissante d’avoir fait
taire par patriotisme ses susceptibilités
personnelles. — Mais nous ne pouvons
qu’approuver la condition que Sella a
mise à son désistement, c’est que la Chambre s’engageât à reprendre le programme
de l’équilibre (pareggio) à l’occasion de la
discussion du budget définitif. — Il a
montré par des chiffres combien les italiens sont loin de payer ce qu’ils devraient
pour la richesse mobilière surtout. Ainsi,
dit-il, la moyenne des revenus des médecins, des avocats et des ingénieurs s’élève d’après leurs consignes, à des sommes ridicules, de 6 à 700 francs.
Ce même ministre a saisi l’occasion que
lui offrait un de ses opposants pour dire
quelques paroles nobles et bien senties
sur M. Thiers, ce vieillard presque octogénaire qui sacrifie les dernières années,
peut-être les derniers mois d’une vie laborieuse à la défense de sa patrie et de
la civilisation.
FLORENCE. Le député Bargoni qui avait
écrit de Londres, au syndic de Florence,
il y a quelques jours, que les restes mortels de Ugo Foscolo ont disparu, annonce
qu’il est sur leurs traces et qu’il espère
pouvoir s’acquitter de sa mission d’une
manière satisfaisante.
ROME. Le Cardinal Ântonelli a communiqué aux représentants des puissances à
Rome, une circulaire destinée à leur faire
connaître que le S‘ Siège repousse les
garanties offertes par le Gouvernement
italien.
IMniiiclx. M. Streber professeur de
religion et d’histoire dans le Gymnase
Guillaume a été destitué, eu suite d’une
réclamation du recteur, pour avoir enseigné le dogme de l’infaillibilité.
Constantinoplo. L’époque des
concordats parait être passée. Le Turc
lui-même n’en veut plus savoir. Le GrandVi.sir aurait déclaré aux communautés
arménienne, caldéenne et maronite qui
protestaient contre cette éventualité que
la Sublime Porto ne peut faire aucun concordat avec un pouvoir infaillible.
Sxxlsso. Les évêques suisses ont
promulgué , par une lettre collective , la
bulle de l’infaillibité et le syllabus.
Franco. Les troupes de Versailles
ont commencé à entrer dans Paris le 21
et ce n’est que le 28 que l’insurrection a
été complètement vaincue par la prise
des hauteurs de Chaumont, du Cimetière
le Père la Chaise, Villette et Belleville.
Les révoltés sont renfermés entre les versaillais victorieux et les Prussiens qui leur
barrent le passage sur un terrain de quelques centaines de mètres.
Il nous serait impossible de raconter
les divers actes de l’affreux drame dont
Paris a été le théâtre.
Nous extrayons d’abord d’une lettre do
M. Fisch, adressée à VEglise Libre sur
l’état de'Paris au 19 mai, les lignes suivantes: « Le Cri du, peuple no cesse de
répéter que l’intention de la Commune est
de faire sauter Paris. Les clubs et les
journaux populairés sont en ébullition. Le
sexe le plus faible est aussi le plus surrcxcité ; il est vraiment l’âme de la résistance.... Nos populations ouvrières ont le
sens moral si complètement faussé; de
plus elles sont tellement grisées par des
récits mensongers de victoires, que leur
enthousiasme pour la Commune n’est
point diminué. Elles acceptent tout et se
battent avec un incroyable acharnement.
8
\
11 y a lè( quelque chose de cet aveuglement qui, soutenu par les fausses prophéties des Zélotes, poussa Jérusalem à
résister à Titus et rendit Sa ruine inévitable.... La semaine qui vient de s’écouler a donné une pâture abondante à nos
foules si avides de distractions et d’émotions dramatiques; ce sont les cages
étroites ou trois religieuses des Picpus
avaient été renfermées, et ensuite les 15
squelettes de l’Eglises de S* Laurent. —
Puis pendant trois jours de suite, on allait voir tomber la colonne Vendôme.
La foule désappointée une fois, deux fois,
revenait le surlendemain. Je sens ce que
la gloire a de vain’, d’éphémère, parfois
d’odieux. Je vois la main du Seigneur
qui, après avoir effacé par la défaite la
trace de nos victoires passées, a fait renverser le monument qui les retraçait. Je
n’oublie pas ce qu’il y a de providentiel
à voir les amis de Victor-Hugo détruire
la colonne chantée par ses odes et les
obus de M. Thiers s’acharner contre cet
Arc de Triomphe, tout chargé de souvenirs
dont il a été l’historien. Et pourtant, je
l’avoue, si le châtiment est salutaire, il
n’en est pas moins bien cuisant....
— Mais les plus sinistres prévisions sont
dépassées. Nous assistons à la destruction
de Paris. De Versailles, à 20 Kilora., on
voit le ciel rougi par l’incendie qui dévore
la grande et belle capitale. La pluie de
cendres est continuelle et avec les cendres tombent des restes enflammés. —
L’esprit cherche dans son souvenir les
plus grandes catastrophes et ne trouve
rien de comparable à cette destruction de
la plus belle ville d’Europe de lannain de
ses propres habitants. Et ce n’est pas un
acte de désespoir de la part des insurgés.
La ruine a été froidement annoncée, méditée et préparée par le groupe le plus
exalté de la Commune. Voici, par exemple, ce qu’écrivait le journal le Père DucMnè, le lendemain de la chûte de la
colonne Vendôme ; « démolissons les Tuileries et sans retard, quand i ces brigands
n’auront plus de maison et qu’ils seront
obligés de louer une chambre garnie,
peut-être qu'ils resteront chez eux au lieu
de venir embêter le peuple ». — Ces con
iseils ont été tìwp bien suivis, et non seu-.
lement les Tuileries sont un monceau de
ruines, mais la Préfecture de police,.la
Cour des comptes, le Palais de la Légion
d’honneur, l’Hôtel de Ville, le Mont de
Piété, le temple de la Madeleine, presque
toutes les casernes, un nombre très grand
de maisons , dans les quartiers les plus
beaux et les plus riches, ont été la proie
des flammes. Le pétrole a été le grand
agent de destruction. Le carnage horrible
a duré 8 jours. — 64 étages, y compris
Mgr. Darboy, archevêque de Paris, ont
été massacrés par les insurgés au dernier
moment. On n’a point fait de quartier ni
de part ni d’autre. Trente mille insurgés
prisonniers ont été conduits à Versailles.
Liste des militaires vandois
F'éi'lei'-Manedlle.
1. Fkrhero J. P., soldat 46« Rég. infant,
le Comp. Sienne.
2. Constantin Michel, soldat id. id. Sienne.
3. Iron J. H. soldat id. 8® Comp. Naples.
'Vlllar-F»©llloe.
1. Rivoire J. Caporal 6® Rég. Grenadiers,
9® Comp. Caserta.
2. Vigna D. soldat 11® Rég. Artillerie, 9*
Comp. Civitavecchia.
3. Davyt J. Cavai. d’Alexandrie, 4e escadron, Brescia.
4. Albarea D. carabinier à cheval,'Paicme.
5. Auo J. carab. à pied. Gênes.
6. Alio J. caporal 56« Rég. 8« Comp. Castrovilare fCalabre).
7. Geymonat J. sous-brigadier des Cara"
biniers, Turin.
8. Geymonat Pierre, 7« Rég. Inf. 5® Comp.
Naples.
9. Gonet J., carab. S. Marco, Catania.
10. Bonjour J. carab. Rome.
Anrtonoe.
inalMoii à vendre. — Aux Appiots
de Torre-Pellice. — S’adresser pour
les conditions à M. Alexandre Bert
Secrétaire à Ferrerò.
E. Mauan Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Chiantore.