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Année XXXVIII.
13 Février 1908.
N. 1
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ECHO DES VALLEES
FÀRÀISSÀÎV'I' OHÀQUEÎ V^3Vr>RB>r>I
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\ SOMMAIRE ;
Pour la moralité publique — Je me réserve quelque liberté de pécher —
Variétés — Un anarchiste athée dans
l’embarras — Persécutions — Un
mouvement religieux en Angleterre —
'• Chronique — Xonvelles et faits divers
— Revue Politique — Annonces.
POUR LA MORALITÉ PUBLIQUE
(troisième et dernier article)
Après les considérations générales que
t nous avons résumées dans un precedent
numéro, M.me Buchner passe en revue
les principales causes qui favorisent
i’immoralité et recherche les moyens de
les combattre.
^ , La plupart de ces « causes » sont
assez visibles aux yeux de quiconque
-rt;»connaît un peu les conditions de notre
société contemporaine, pour que nous
n’ ayons pas à nous y arrêter. Telles
la presse Immonde, l’alcoolisme, les
logements plus que misérables de beaucoup de pauvres gens et la promiscuité
dangereuse qui en est la conséquence,
? l’état d’abandon moral et matériel où
vivent les enfants des deux sexes dans
les classes ouvrières et dans le prolétariat, les dangers de corruption auxquels sont exposés les jeunes gens et
. les jeunes filles dans les ateliers, dans
^ les fabriques, dans les salles de police
dans les prisons, et d’autres encore.
Mais il en est qui frappent moins l’attention et dont les conséquences ne
sont pas moins désastreuses pour la
moralité publique.
C’ est d’abord l’ignorance presque
absolue où,les éducateurs laissent croître
la jeunesse des deux sexes à l’égard
des lois de la vie sexuelle, bien qu’ils
sachent que la curiosité des enfants
est exitée de mille manières et qu’ ils
arriveront à connaître le vice avant
que les parents ne le soupçonnent.
C’est ensuite l’ignorance coupable
des parents, et spécialement des mères,
au sujet des lois de la procréation, et de
l’hygiène sexuelle, conjugue et infantile,
ainsi que leur ignorance en matière
de pédagogie. Quelques citations d auteurs qui font autorité mettent en
lumière l’importance du sujet et les
défauts du système d’éducation qui
prévaut encore généralement.
« Nous ne serons que d’abominables
Sauvages tant que nous ne prendrons
pas conscience des devoirs que nous
impose, dès notre adolescence, notre
paternité future. »
« Eh bien, chose étrange, on apprend
tout, on s’instruit soigneusement en
Vue de chaque profession, en vue du
métier le plus élémentaire, et on ne
fait aucun apprentissage d’éducation
maternelle, celui qui importerait le plus.
Chaque jour des jeunes filles se marient et deviennent mères par hasard,
au petit bonheur, pour le plus grand
malheur de leurs enfants et de l’humanité. Chaque jour aussi des jeunes filles
livrent leur corps à l’immoralité, sans
une pensée pour les intentions divines
qui r avaient prédestiné à devenir le
temple du Saint-Esprit, des êtres formés
à son image, à sa ressemblance».
«Je prétends que l’éducation moderne
ne tend pas à faire de nos filles de
bonnes mères, ce dont l’humanité a
pourtant le plus besoin. Dans toutes
les classes de la société les bonnes
mères sont très rares. Pour augmenter
leur nombre, tout en ménageant la pudeur de nos filles avec le tact délicat
dont les mères doivent posséder le
secret, il faut faire comprendre à toutes
les jeunes filles que la race dépend
surtout d’elles, qu’elles en sont responsables, solidaires, que leur fonction principale c’est la maternité dans tous les
sens de ce beau terme, et que, par
conséquent il n’ est rien ici-bas, rien,
concernant le bien de l’humanité, dont
une femme ait le droit de se désintéresser ».
« On admet maintenant d’une façon
assez générale que la femme sait penser.
On commence à comprendre qu’ elle
doit pouvoir, sans le secours masculin
et sans devenir masculine elle-même,
dire publiquement ce qu’elle a à dire.
Mais, hélas 1 on croit encore que toute
femme en sait toujours assez pour devenir mère ; et on trouverait inutile,
ou même nuisible, que les mères de la
race traitassent entre elles les questions
relatives à la production des êtres. Ce
serait, dit-on, de la plus haute inconvenance; être mère est chose si belle,
si sacrée. Que l’enfant soit malvenu,
difforme, dégénéré, n’ importe. C’ est
par un triste hasard, dit-on, ou c’est
Dieu qui l’a voulu.... ».
« La nature n’est pas régie par le hasard, mais par d’immuables lois, que
nous devons apprendre à connaître,
dans lesquelles nous devons nous instruire. Jeune fille, tu as épousé un
viveur, un alcoolique, un taré, et tu
oses prétendre à de sains rejetons ?
Et tu oses regarder ton enfant en face,
sachant ce que tu as fait pour son
malheur d’ici-bas et de l’au-delà peutêtre aussi ? »
« Ah oui c’est à nous de veiller sur
les enfants dès avant leur entrée en
ce monde et tout le long de la vie. A
nous de préparer nos âmes, nos cœurs,
nos consciences, notre foyer pour la
maternité ».
En fait de moyens pratiques, l’auteur
de cette étude voudrait qu’il y eût des
conférences populaires pour les parents
données par des médecins ; des conférences spéciales pour les maîtresses
d’école, données par des femmes médecins
ou instruites en la matière ; des leçons
sérales pour les pères et mères, données par le corps enseignant en vue de
mettre l’éducation de la famille en harmonie avec celle de l’école ; diffusion
d’un petit traité d’hygièpe de l’enfance
à l’occasion de chaque déclaration de
naissance au Municipe, et d’un petit
traité d’hygiène conjugale à chaque
mariage, etc.
Une autre cause est signalée dans
« l’erreur très répandue dans toutes
les classes de la population, que la loi
morale soit fondée uniquement sur les
dogmes religieux, tandis qu’ elle est
aussi une loi fondamentale de la nature,
une loi en continuelle évolution». C’est
de cette «erreur» que M.me Buchner fait
dériver — nous ne parvenons pas à
voir avec quelle logique — le préjugé
fatal d’un « mal nécessaire », d’une
«morale différente pour les deux sexes»
avec toutes les conséquences morales
et juridiques qui en dérivent. — C’est
encore dans la diffusion d’idées saines
et vraies par le moyen de conférences
populaires, de petits traités et de la
presse périodique, qu’elle voit le remède le plus efficace contre ce préjugé et ses conséquences.
Autre cause : l’incapacité de beaucoup
de femmes à bien diriger leur ménage.
Le plus beau logement devient vite un
séjour triste et ennuyeux aux mains
d’une femme qui n’est pas bonne ménagère ; les enfants s’en vont dans la
rue, le mari à l’auberge, et le désordre
amène le vice. Parmi les remèdes proposés, nous signalons l’introduction dans
les classes élémentaires de l’enseignement de l’économie domestique.
Enfin — laissant de côté plusieurs
autres causes qui ne sont certes pas
sans importance — « l’imprévoyance,
la légèreté, la vanité et l’ambition des
jeunes filles de toutes les classes font
que même des femmes nées et élevées
dans des familles cultivées et riches
finissent par tomber dans la boue ».
Les jeunes filles riches sont traitées
comme si elles devaient être un jouet
pour leur mari, ou un meuble de
luxe ; les pauvres ne voient d’autre
espoir d’améliorer leur sort qu’un «bon
mariage », et dépensent une grande
partie de leurs gains pour s’habiller
de manière à attirer l’attention. Aux
unes comme aux autres, on insinue
l’idée que leur premier devoir est d’être
belles et élégantes pour plaire aux hommes.
Il faut que toutes reçoivent une édu
cation plus sérieuse, qui excite chez
les unes l’enthousiasme et l’amour du
sacrifice et chez les autres l’espérance
de se faire par elles-mêmes une position
honorable.
En terminant son remarquable travail,
M.me Büchner propose, pour chaque
Ligue de la Moralité publique, la fondation d’une petite bibliothèque circulante, gratuite pour les membres de
la Ligue et avec un modeste abonnement pour les autres. Elle propose une
liste d’ouvrages traitant les divers sujets indiqués ou se rapportant d’une
manière générale aux questions de moralité et d’éducation. Choix excellent
qui suffirait à lui seul à montrer avec
quel soin et quelle compétence elle a
étudié le sujet.
Nous conseillons aux lecteurs qui
s’intéressent d’une manière spéciale à
ces questions — et pourquoi tous ne
s’y intéressent-ils pas ? — de ^e procurer le livre dont nous avons rendu
compte bien imparfaitement, quoique
trop longuement peut-être au gré de
plu.sieurs :
Atti della prima Adunanza italiana per
la Moralità pubblica. Prix : i fr. 59.
Je me réserve quelque liberté de pécher
Nous avons annoncé il y a quelques semaines
le nouveau livre de Otto Fuiicke : Propos sans
fard, que vient de publier en français la librairie
évangélique de Genève. Nous en transcrivons un
chapitre, qui le fera connaître mieux que le
meilleur éompte-rendu qu'on pourrait en donner.
Nul chrétien ne méconnaîtra le principe que nous venons de poser. En
théorie, le croyant dira toujours; «Tout
ce que je suis, tout ce que je fais, doit
être l’œuvre de l’Esprit de . Christ ».
D’où il résulte que les habitudes,, les
penchants propres à entraver l’œuvre
du Christ doivent être impitoyablement
retranchés. Ils constituent l’œil qu’il faut
arracher, la main qu’il faut couper.
Seulement, si tout cela est reconnu en
théorie, tout cela n’entre pîis aussi aisément dans la pratique. Innombrables
sont ceux qui répètent devant les exigences de l’Evangile ; « Le fardeau esj
trop lourd ! » Le jeune homme riche
de l’Evangile a bien des imitateurs. Il
était attiré par la beauté morale de
Jésus. Il s’approcha d’un cœur ému du
Sauveur et lui dit: «Mon bon maître,
que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? » Jésus lui dit : « Il te manque
une chose : Va, vends tout ce que tu
as, et le donne aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; après cela
viens et suis-moi, t’étant chargé de la
croix ». Je ne crois pas que Jésus donne
ici un ordre à tous les riches. Ces pa-
2
roles sont une exception ; elles ne concernent que le personnage venu à lui
ou ceux qui lui ressemblent. Le Maître savait bien que l’âme de ce jeune
homme était liée à la terre par ses
biens, qu’il ne se donnerait complètement à lui, que lorsqu’il aurait renoncé
à ceux-ci. La suite de l’histoire montre
que le Sauveur avait touché ce cœur
à l’endroit sensible. A l’ouïe de l’invitation du Seigneur, le personnage chancelle. Il finit par s’én aller tout triste.
« Il avait beaucoup de biens », nous
est-il dit. Ils lui étaient plus précieux
que Celui qui remplit de sa gloire les
deux et la terre.
Le malheureux ! En une heure, il a
tout perdu : Jésus et le monde. Car il
né saurait plus jouir en paix du monde.
Celui qui s’est une fois incliné profondément ému devant la grandeur du
Christ, ne peut plus s’adonner de tout
son cœur, naïvement, aux jouissances
dé la terre.
Il ne manque pas de soi-disant chrétiens disposés à concilier l’Evangile
avec le monde et le péché. D’une manière générale, et en principe, ils sont
prêts à se laisser guider par la volonté
dô Dieu, mais dans le détail, là préciséfnent où il faudrait renoncer à soi,
ils suivent leur propre volonté. Il nous
rappellent ces petits princes allemands
qili se déclarèrent prêts à se laisser
médiatiser, mais voulurent garder cependant certaines prérogatives, par
exemple celle de gouverner l’Eglise
doñt ils n’auraient jamais dû s’occuper.
'Voici un chrétien qui s’écrie: «Je
renoncerai à tous mes péchés connus »,
et il ajoute tout bas: «sauf à un seul.
Laisser celui auquel je pense m’est impossible !» Un poète religieux a dit :
ÍÍQUS nous laissons retenir
^ I?ar de très petites causes
Nous ne voulons pas mourir
Aux plus minimes des choses.
L’emprisonnement des petites habitudes est en effet ce qui vous empêche de mourir à vous même. Pour ce
motif, des milliers n’arrivent jamais à
la pleine jouissance du salut.
Permettez-moi, mon cher lecteur, de
vous exposer une vieille coutume qui
appellera peut-être le sourire sur vos
lèvres, mais qui est pleine d’une signification profonde. Elle vous fera comprendre le titre bizarre donné à ce
chapitre: Le bras droit n’a pas été baptisé.
Il y a quelques siècles régnait en
Irlande, ainsi que dans d’autres contrées. parmi les barbares, l’usage suivant : Lorsqu’ un guerrier se faisait
baptiser, il commençait par tenir énergiquement le bras droit élevé au-dessus
de l’eau, afin que celui-ci ne fût pas
touché par l’onde baptismale. Ce que
je viens de dire fait comprendre que
le baptême pratiqué dans l’île verte
était celui des baptistes, le baptême par
immersion. Je n’ai pas à dire comment
ni pourquoi le baptême par immersion,
qui me paraît avoir été l’usage primitif, est devenu le baptême par aspersion. Je n’ai pas à rechercher non
plus ici pourquoi l’on baptise les petits
enfants. Jè constate seulement que les
guerriers irlandais tenaient leur bras
droit élevé au-dessus de l’eau pour ne
pas le laisser toucher l’onde baptismale.
Leur but en agissant ainsi ? Ils voulaient garder pour leur service propre
le bras avec lequel ils avaient l’habitude de combattre, de blesser, de tuer,
le bras qui tenait l’épée. Ils consacraient tous leurs membres au Christ,
à l’exception de celui-là.
Cette coutume vous paraît grossière.
’Eï moi je vous dit que ces barbares
avaient une idée plus haute du baptême que la majorité de nos chrétiens
pour lesquels le baptême n’est qu’une
pure cérémonie, un fait de convenance
mondaine. Les naïfs géants du Nord
considéraient que le baptême est la
condamnation du vieil homme. Ils soumettaient tout leur être à cette condamnation capitale, sauf pourtant leur
bras droit, dont ils entendaient se servir tant qu’ils seraient capable de manier un glaive. C’était trop leur demander que d’exiger qu’ils missent ce
bras au service de Jésus-Christ.
Leurs prêtres, je le crois, partageaient
plus ou moins leur manière de voir.
Nulle part, nous n’entendons dire qu’ils
aient protesté contre la coutume de
tenir le bras levé à l’heure du baptême.
Le poing des prêtres Irlandais éprouvait lui-même sans doute encore une
certaine démangeaison de frapper. Ce
n’est pas eux qui auraient eu quelque
peine à comprendre la liberté que se
réservaient leurs ouailles. Craignaientils, peut-être en intervenant de tendre
la corde de l’arc jusqu’à le briser ? Je
veux dire : redoutaient-ils de ne plus
trouver de guerriers à baptiser, si l’on
avait demandé aux néophytes de plonger leurs deux bras dans l’eau. Je les
soupçonne d’avoir espéré que le bras
tenu en dehors de , l’onde baptismale
finirait par se comporter en bras chrétien. Hélas, n’agissons-nous pas comme
ces prêtres ? Maint pasteur-évangélique
n a-t-il pas le devoir de se voiler la
face en me lisant, d’avouer qu’il s’est
souvent comporté avec mollesse ? Je
le demande à mes collègues, quel est
celui d’entre nous qui, lorsqu’il s’agissait des grands de ce monde, n’a pas
fait le chemin étroit un peu plus large
que ne le fait l’Ecriture?
Ce n’est pas le bras droit que nous
soustrayons, quant à nous, à l’onde
baptismale, c’est une habitude, c’est un
goût. Demandez-vous, si vous voulez
suivre Jésus-Christ de tout votre cœur
ou bien garder dans quelque domaine
votre liberté, en disant : « Ici je ne
veux pas me laisser guider par l’Evangile ». Question importante, très importante, ainsi que vous allez voir.
La vieille épopée allemande des
Nibelung rapporte que Sigfried, le héros de la légende,^ s’étaiH baigné dans
le sang d’un mystérieux dragon, ce
qui r avait rendu invulnérable. Les
coups les [plus formidables, les traits
empoisonnés glissaient sur son corps.
Pendant de longues années, il remporta
la victoire dans tous les combats. Seule
une petite place de ses épaules n’avait
pas été baignée dans le sang du dragon, une feuille de tilleul s’étant attachée là à son insu. Le petit cercle
est vulnérable. Un ennemi eut connaissance de la chose, sut trouver l’endroit, transpercer le héros d’une blessure mortelle par laquelle s’échappa
tout son sang.
Chrétiens, nous nous baignons, pour
nous rendre invulnérables, dans le sang
du Christ, comme Sigfried dans le sang
du dragon. Mais n’avons-nous pas, le
sachant et le voulant, à l’épaule, la
feuille de tilleul dont Sigfried ignorait
la présence? Ne disons-nous pas : «Le
sang de Christ purifie de tout péché,
aussi rachetés de nos fautès, nous voudrons suivre en tout Jésüs-Christ______
Mais. i.. » Il y a un mais terrible, destiné à laisser à notre liberté de pécher
une certaine action. Comme Sigfried,
le héros allemand, nous avons à l’épaule
un endroit que le sang qui sauve ne
peut pas protéger, et nous sommes
blessés par l’adversaire, nous recevons
des coups mortels.
OTTO FUNOKE.
Nous , transcrivons 1’ article suivant
du Journal de Genève :
Cuisines et bains scolaires en Suède.
On constate que ce pays est en progrès constant dans le domaine de l’enseignement public et, en particulier,
dans celui des écoles primaires. J’ai
été très frappé par certaines innovations
qui méritent d’être mentionnées.
A leur arrivée à l’école, le matin,
les élèves trouvent des tasses de lait
chaud qui leur sont distribuées à cinq
centimes la tasse ou gratuitement, suivant les cas. L’école de cuisine y sert
maintenant, au moins pour les filles,
de diversion aux études purement théoriques. Dans le sous-sol des nouveaux
bâtiments scolaires se trouve une vaste
cuisine, où des fillettes de dix à quinze
ans préparent le repas du milieu du
jour pour celles et ceux de leurs camarades qui ne peuvent pas le prendre
dans leur famille, soit parce que la
distance de l’école à leur domicile est
trop grande, soit parce que leur pauvreté y ferait obstacle. Ces enfants du
peuple sont si bien lavées et si proprement mises, avec leurs grands tabliers et leurs petits bonnets blancs,
qu’on n’hésiterait pas à partager avec
elles le dîner qu’elles confectionnent
sous la surveillance de deux maîtres.
Devant chacun des huit fournaux potagers distribués dans la vaste cuisine
sont occupées deux petites cuisinières.
Pour gagner de la place les tuyaux
des fournaux ont été ainsi disposés
qu’ ils sont cachés sous les dalles, de
façon à emporter la fumée dans une
cheminée centrale servant d’appel pour
établir le courant. Quant à la buée, elle
s’ échappe par des ventilateurs perfectionnés inventés par M. le recteur
Sven Nilsson. Un grand tableau noir
indique le menu du jour et le détail
de la recette de chaque plat. Ainsi les
élèves qui seraient exposées à oublier
les directions de leurs maîtresses n’ont
qu’à lever la tête pour savoir où elles
en sont.
Les boulangers de Stokholm font un
pain détestable et peu nourrissant. De
là l’idée d’enseigner aux filles du peuple
à en faire elles-mêmes de mieux conditionné. Celles qui apportent de la
maison une certaine quantité de farine
ont la faculté de pétrir et de faire cuire
la provision de pain qu’elles emporteront pour la manger en famille. Notons
encore que grâce à une discipline extrêmement sévère, les maîtresses obtiennent de leurs cuisinières en herbe
un ordre parfait et une propreté irréprochable de tous les ustensiles culinaires.
Dans les pays du nord plus que dans
les nôtres, il est difficile d’obtenir un
air pur dans les classes. L’hiver étant
très long et l’air généralement vicié
dans les demeures des indigents, les
vêtements des enfants s ’ imprègnent
d’une odeur pénétrante. Pour obvier à
cet inconvénient on a installé, également au sous-sol, des bains gratuits et
obligatoires. Toutes les trois, semaines
une division est introduite dans une
étuve où les enfants se lavent à l’eau
cbaude, se savonnent et se brossent
mutuellement. Après quoi, pour la réaction, ils passent sous une douche d’eau
froide. De là ils vont prendre leurs
ébats dans un bassin assez vaste et
assez profond pour faciliter la nage ;
l’eau de ce bassin est conservée, hiver
comme été, à une température de 19
degrés. Pendant ce temps leurs vêtements ont été désinfectés dans un local
ad hoc.
Inutile de dire que cette cérémonie
du bain offre un grand charme aux
enfants qui s’en réjouissent plusieurs
jours à- l’avance.
T. Z.
Un anarchiste athée dans l’embarras
C’est du fameux Sébastien Faure qu’il
s’agit. On sait avec quelle ardeur il
va répétant partout sa conférence (payante naturellement) contre l’idée de
Dieu. Comme ses auditoires sont presque partout composés en majeure partie
de gens qui pensent plus ou moins
comme lui et que la discussion est pour
lui une excellente réclame, il a l’habitude, après un discours qui se prolonge
ordinairement jusque vers 11 heures
du soir, d’inviter les contradicteurs à
présenter leurs objections, se contentant
dans ses répliques, de reprendre brillamment ses premiers arguments, et de
passer à côté des objections qui lui ont
été faites — et le public d’applaudir.
Mais le jeu ne lui a pas réussi à
Valence, ou il vient de répéter sa fameuse conférence. Voici, d’après le
Signal, comment le fameux conférencier
a été mis dans le plus cruel embarras
où il se soit jamais trouvé depuis qu’il
exerce le métier lucratif de prédicateur
de l’athéisme.
Dans une langue élégante, le conférencier s’efforça de montrer que l’ignorance des hommes avait créé l’hypothese Dieu, en qui furent personnifiés
les phénomènes de la nature. Avec
l’age de la science moderne, l’idée de
Dieu devait disparaître, pour être remplacée par la notion des lois de la nature.
Le pré.sident du bureau convia les
contradicteurs à prendre la parole: Nous
verrons, s’écria-il avec arrogance, si un
seul d’entre eux aura le courage de
monter a cette tribune après notre éminent conférencier». Un jeune pasteur,
M. Emile Gautier, eut ce courage et
il opposa a la conférence de l’athée un
superbe discours, aussi élégant de forme
que de fond. Il sut se faire écouter et
meme applaudir, tout en parlant, pendant près d’une heure, devant un public fatigué.
Il montra que si la science moderne
avait détruit 1 idee grossière et enfantine de Dieu, celle que les peuples
primitifs avaient imaginée, elle laisse
subsister la conception philosophique,
rationnelle et morale de la divinité,
celle qu’admettent les croyants de notre génération. La science n’a pas détrôné la religion. Elle ne démontre
nullement l’athéisme et voilà pourquoi
les plus grands savants des temps modernes, ceux que le pasteur Gautier a
nommés avec raison les princes de la
science, les Kepler, les Newton, les
Linné, les J.-B. Dumas, les Darwin, les
Liebig, les Würtz, les Faraday, les
Maxwill, les Herschell, les Pasteurs, et
tant d’autres, ont pu croire en l’existence de Dieu. M. Gautier établit ensuite par une démonstration très rigou- ,
reuse, mais très abstraite, que la con-
3
3 —
il
r
ceprfon matérialiste du monde se heurte
à dé véritables contradictions et impossibilités logiques. Il termina par une
j^oquente péroraison, qui souleva les
applaudissements de la salle. Puis, pour
empêcher le subtil conférencier d’échapper aux objections, il lui remit par écrit
les cinq points de son argumentation
«afin de rendre plus facile, ajouta-t-il
avec finesse, votre réfutation ». ..
M. Sébastien Faure, dans sa réplique, dut reconnaître qu’on pouvait
être un grand savant et croire en Dieu,
puis au lieu de réfuter les thèses écrites
qù’il trouvait embarrassantes, il fit diversion et parla sur le cléricalisme des
protestants, remettant au lundi la discussion des arguments philosophiques
du pasteur.
Le lundi, devant une salle bondée,
Sébastien Faure répéta sa conférence
sur l’absurdité criminelle des religions,
autre édition de sa trop célèbre conférence sur les crimes de Dieu. M. Etienne
Causse fit une courte remarque, mais
le public attendait impatiemment le
débat qui devait s’élever entre M. Sébastien Faure et M. le pasteur Gautier.
CeTui-ci changea de tactique. Il était
onze heures et demie du soir et ne
pouvant opposer au long discours de
l’incrédule un autre long discours, il
préféra embarrasser son adversaire par
une-discussien extrêmement vigoureu.se,
l’empêchant ainsi de faire de belles
phrases et d’éviter les objections.
M Gautier réussit à merveille. En
quelques minutes Sébastien Faure était
désarçonné. Absolument abasourdi par
cette méthode, il se mit en colère et
refusa de continuer la discussion, prétendant que M. Gautier agissait à son
égard comme un professeur qui pousserait des colles à son élève. « Ah 1
ah 1 il est embarrassé... » se mit à crier
une partie du public. Le coup était
porté et Sébastien Faure ne put s’en
relever.
■-.î,-*« Toujours maître de lui, M. Gautier
annonça très calmement qu’il répondrait dans des conférences spéciales à
toutes les objections du conférencier.
he docteur Amieux ayant voulu reprendre la discussion, Sébastien Faure
perdit la tête et lui répondit par le
mot de Cambonne. Il n’y avait plus
qu'à lever la séance.
PERSÉCUTIONS
“ Passe en Macédoine, et viens nous
Actes XVI, 9
Ce cri de douleur adressé en vision
à l’apôtre Paul, est malheureusement
bien d’actualité maintenant et les Macédoniens l’adressent à tous les chrétiens, à tout le monde civilisé.
tLe Turc est toujours l’ennemi acharné
des" chrétiens, et depuis des années il
Continue à les persécuter partout où il
peut. Ces derniers temps surtout en
Macédoine ils se passe des ^ faits qui
sont une infamie non seulement pour
ceux qui les commettent, mais bien
aüssi pour les nations soi-disant chrétiennes et civilisées, qui les permettent
au commencement du XX.e siècle !
Les assassinats, les emprisonnements
en masse, les viols et toutes sortes de
cruautés sont à l’ordre du jour dans
les vilayets de Salonique, Monastir et
Cossow. Et les auteurs de tant de ruines ne sont pas de simples brigands,
mais à leur tête se trouvent des souspréfets, des commissaires de police, des
officiers et autres fonctionnaires du
gouvernement de Ahdul-Hamid, le Sultan Rouge, ou le Grand Assassin comme
l’a qualifié Gladstone.
Et les Grandes puissances, surtout
celles qui ont signé le fameux traité
de Berlin, connaissent très bien ce triste
état de choses ; la récente publication
d’un Livre Jaune, distribué au Parlement français, le prouve à l’évidence.
Et le récit de ces persécutions, publié
quinzaine après quinzaine, depuis bien
des mois par des journaux tels que
Le Mouvement Macédonien, vient d’être
confirmé par une des plus grandes feuilles anglaises le Daily News de Londres,
et ces nouvelles ont eu un écho dans
toute la presse. Il est temps que l’opinion publique s’émeuve et fasse agir
la diplomatie européenne en faveur de
ces populations opprimées, comme l’étaient jadis celles des Vallées. Et nous
Vaudois qui nous préparons à fêter
notre Emancipation, pensons au moins
à nos frères qui sont encore dans la
détresse, et demandons au Roi des rois
et des chefs d’Etats de toucher leurs
cœurs et de faire cesser ces persécutions, par le moyen de bonnes réformes,
depuis longtemps promises et jamais
octroyées. Car si ces réformes n’arrivent
à temps, la révolution va éclater en Macédoine et aussi en Bulgarie, puisque
dans cette principauté il y a beaucoup
de Macédoniens et chaque jour il s’en
ajoute d’autres. Seulement à Sophia,
la capitale, sur 70.000 habitants on en
compte 25 mille.
Si M. le Directeur le permet et si
les lecteurs de VEcho veulent bien se
tenir au courant de cette importante
question, je serai bien-aise de me faire
un petit écho et communiquer de temps
à autre des nouvelles de cet infortuné
pays.
Et voici ce que l’on vient d’écrire
au Mouvement Macédonien en date du
31 Janvier de Mekhomya, arrondissement de Raslog : «Un courrier vient
de m’annoncer que les soldats ont massacré hier sept chrétiens sur la route
qui mène de Oodlew à Batdmv. On n’a
pas pu établir leur identité, les cadavres étant horriblement mutilés ».
De telles nouvelles, en style télégraphique, malheureusement se suivent
presque tous les jours.
Q(tim,e Dranye.
Un mouvement religieux en Angleterre
On lit dans VAvant Garde :
Un pasteur congrégationaliste de
Londres, ou, plus exactement, un homme
qui était, hier encore, à la tête de l’une
des plus importantes communautés de
cette église, se propose d’inaugurer un
nouveau mouvement chrétien social,
dans l’esprit du mouvement franciscain
du treizième siècle.
Le pasteur Richard Westrope, ou,
ainsi qu’il veut désormais être appelé,
le Frère Richard, est le fils d’un fermier du Hertfordshire. Il reçut son
baptême social d’un pasteur de campagne qu’il avait l’habitude de fréquenter dans son enfance. La séparation des
classes, déjà suffisante dans les villes,
devient, à la campagne, un véritable
crève-cœur. Le jeune homme en souffrit cruellement.
Devenu pa.steur congrégationaliste, il
l’est demeuré 19 ans. Lors de sa démission, il était pasteur de la Chapelle
Westminster, fondée par un dévoué
serviteur de Jésus-Christ, bien connu
sous le nom de Samuel Martin de Westminster.
En abandonnant sa situation officielle
dans l’Eglise, le Frère Richard se défend de tout esprit d’opposition contre
elle ; mais il sent qu’une sotte de paralysie l’a envahie. «Un nouveau jour
a lui, une nouvelle note s’est fait entendre », comme il le dit, et il veut
travailler pour ce jour nouveau et parler
ce nouveau verbe. Son évangile (je le
cite encore), est le vieil évangile Galiléen du Royaume de Dieu, saisi à la
lumière des faits économiques et sociaux de notre époque, une manifestation du vrai Christ et de son message
que les hommes puissent voir, connaître et croire. Le mouvement prolétaire
doit devenir plus religieux, abandonner
son attitude haineuse et se laisser davantage pénétrer par l’esprit d’amour.
Le Frère Richard veut être un Evangéliste, allant là où il est appelé et
passant quelques semaines à chaque endroit en s’efforçant de se soumettre aux
conditions d’existence des travailleurs.
Dans une lettre adressée au journal
le Daily News, il dit que les « Nouveaux
Franciscains » s’efforceront de travailler
autant que possible de concert avec
les églises ; mais de faire aussi l’œuvre
que celles-ci semblent incapables d’accomplir. « Les Nouveaux Franciscains»
se recruteront parmi ceux qui croient
que la question sociale est une question religieu.se, qu’elle ne saurait être
résolue en dehors de l’inspiration et de
la direction de l’esprit chrétien.
Le centre de leur évangile sera «la
bonne nouvelle du Royaume de Dieu»,
l’affirmation du caractère sacré de la
vie présente, de la possibilité de sa
complète rédemption par une soumission volontaire à l’enseignement et à
l’inñuence de Jésus-Christ.
Ils s’efforcent de reprendre immédiatement l’évangile Galiléen et l’esprit
Galiléen, croyant qu’il n’y a pas de
rédemption possible sans la Croix, pas
de progrès sans le sacrifice.
« Les nouveaux Franciscains » poursuit-il s’efforceront de réaliser dans leurs
vies et dans le monde, la vie simple,
tant en ce qui concerne la nourriture
et le vêtement que pour le choix et
l’ameublement de leurs maisons. Ils
banniront tout ce qui, dans le langage
ou l’attitude, trahit le besoin de se distinguer,
Ils réclament aussi la Justice dans
les relations sociales, par où ils entendent qu’en se mettant à la place des
autres, ils apprendront à les traiter
comme ils voudraient eux-mêmes être
traités.
Cette justice les conduira à regarder
les domestiques comme des sœurs ou
des filles et les ouvriers comme des
frères et des fils.
Enfin, ces Nouveaux Franciscains s’efforceront de servir le peuple. Tous les
membres de cette société seront occupés à quelque travail qui les obligera
à passer une partie de leur temps au
milieu des ouvriers et à partager leur
manière de vivre.
Tels sont les projets et les espérances
de « Frère Richard ». Etant donné son
caractère franchement évangélique, nous
ne pouvons que souhaiter le succès de
l’entreprise.
C fi O j\ 1Q IJ E
Conférence. La série des conférences
au Collège, si bien initiée par M. le
professeur Jahier, a été continuée par
M. le professeur Coïsson, qui nous a
parlé, vendredi soir, des voyages d’exploration dans les mers polaires et en
particulier de l’expédition du Duc des
Abruzzes. Après une rapide revue des
expéditions qui ont été faites à diverses
époques surtout au siècle dernier, et
parmi lesquelles celle de Nausen a
particulièrement occupé son attention
M. Coïsson nous a décrit à l’aide d’une
carte qu’ il avait préparée à cet effet,
les diverses péripéties du dernier grand
voyage qui a été entrepris dans ces
régions inhospitalières, et qui est aussi
celui qui intéresse le plus directement
notre pays, qui en est fier à juste titre.
Suivant, et parfois citant le riche ouvrage que le Duc vient de publier, il
nous a fait assister avec émotion tantôt
aux dangers d’une situation tragique
tantôt aux déceptions des voyageurs
quand un plan devait être abandonné,
à leur douloureuse anxiété quand le
vaisseau est menacé de destruction ; il
nous a peint l’enthousiasme avec lequel
M. Cagni et ses compagnons saluèrent la victoire du drapeau italien quand
ils parvinrent à l’arborer à une latitude où personne n’était jamais arrivé
avant eux, l’attente angoissante du Duc
et de ceux qui étaient restés avec lui
en ne voyant arriver ni l’une ni l’autre
des expéditions après le terme fixé, le
sentiment écrasant pour le jeune prince
de la responsabilité de tant de vies, la
joie indicible quand ils virent enfin
revenir M. Cagni et ses compagnons,
aussitôt assombrie par la douloureuse
certitude que l’autre expédition ne reviendrait plus. En terminant, il a donné
un aperçu des résultats géographiques
de cette expédition mémorable.
L’ actualité et la popularité du sujet
avait attiré les auditeurs en foule, et
la salle était comble.
Société d’utilité publique. La section
locale de la Société Vaudoise d’Utilité
publique s’est réunie mardi soir. Comme
l’année passée, elle a décidé de prendre
l’initiative de la commémoration du 17
février par un banquet populaire et
de prier le même comité qui a si bien
réussi à organiser celui de l’année
dernière de bien vouloir encore s’ occuper de celui-ci. Nous ne doutons pas
qu’ il ne réussisse tout aussi bien et
que les Vaudois — et Vaudoises —
de la Ville et de la Campagne n’ accourent en grand nombre pour célébrer
ensemble le souvenir de l’Emancipation.
La section a accepté avec reconnaissance l’offre de M. le docteur Colombini.
de Turin, faite par 1’ organe de M. le
professeur Jahier, de venir donner une
conférence populaire sur les caisses rurales
Informée par quelques-uns de ses membres, qui font partie du Conseil communal, que M. le Syndic est disposé
à demander au Conseil provincial des
conférences populaires agricoles, elle
charge son bureau de lui faire savoir
combien elle lui sera reconnaissante
s’il met ce projet à exécution.
Une question qui intéresse la dignité
et la bonne renommée de notre petite
ville non moins que la tranquillité de
ses habitants, attire encore l’attention
de 1’ assemblée. La propreté, 1’ ordre,
la tranquilité pendant les heures destinée au repos, laissent beaucoup à
désirer. Les abords de la ville, les
promenades publiques, les bancs même,
sont souvent mis dans un état de malpropreté qui ferait honte à des villages
moins civilisés que ne prétend 1’ être la
Genève italienne. Dans la ville même.
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certaines rues et places, à certaines
heures, semblent être devenues la propriété des gamins qui s’y livrent aux
jeux les plus bruyants et les plus nuisibles à la liberté de la circulation,
tout comme s’ils étaient en rase campagne, sans parler des jeux plus dangereux comme les batailles qu’ ils sè
livrent parfois à coup de pierres. Il
n’ est pas d’heure de la nuit, surtout
du samedi au dimanche, où l’on n’entende des voix altérées par le vin chanter
en pleines rues, sans que ni sergents
de ville ni gendarmes aient jamais
l’air de s’ en apercevoir : ce qui, outre
le désordre, prouve aussi que les réglements qui exigent la fermeture des
auberges à i i heures sont loin d’être
observés. On invoque une action énergfique de la part des autorités municipales et de ceux qui ont charge de
veiller au respect des lois et de l’ordre
public, pour que cet état de choses
cesse. Nous unissons ici notre voix à
celle que la présidence de la section
fera entendre pour réclamer une plus
exacte et rigoureuse surveillance.
Pour le 17 Février.
Banquet populaire. Par l’initiative
de la section locale de la S. d’U. Publique, il s’est formé un comité ayant
pour but d’organiser un modeste dîner
populaire à l’occasion du 55.me anniversaire de l’Emancipation. Le Comité
est constitué comme suit :
MM. : Bertin, syndic de la Tour
B. Goss, ancien
P. PoËT, diacre
J. SiBiLLE, conseiller municipal
Louis Jourdan
Jean Jouve.
On s’inscrit auprès des membres du
dit comité avant lundi soir 16 c. ou
chez M. Michelin de l’Hôtel de l’Ours
où le banquet aura lieu D. V. mardi
17 c. à 12 h. H4. Cote individuelle:
2 fr., dont fr. 0,50 payables au moment
de l’inscription. •
Les dames sont cordialement invitées.
Soirée. Mardi soir 17 février, à 7
h. i\2, aura lieu une soirée donnée par
les Unions chrétiennes au profit du
Eefuge Roi Charles Albert (Lit des Unions
Chrétiennes).
Refuge Roi Charles Albert. Par
une omission bien involontaire une
liste des dons de pommes de terre de
la paroisse de Pramol n’a pas été inscrite dans les dons en nature du Rapport du Refuge.
Quatre fois déjà la Paroisse de Pramol a fourni à peu près entièrement
a provision nécessaire de pommes de
terre dans l’année au Refuge, cela a
été en :
Janvier 1900
Décembre 1900
Janvier 1902
Décembre 1902
et les quartiers qui ont donné les 100
Mgr. de la liste oubliée. sont ceux :
des Beux Mgr. 28
de la Rua » 32
, des Clôt » 18.5
des Tournim » 13
des Plenc » 31 i\2
de Peumian » 22,45.
Ce qui dépassait les 100 Mgr. a été
suivant les indications des donateurs
remis à l’orphelinat.
Nous demandons pardon de l’omission et sommes heureux d’exprimer
encore une fois toute notre reconnaissance aux donateurs, nous souhaitons
a chacun de nos chers établissements
de bienfaisance aux Vallées, à Turin,
à Bordighera et à Rome, d’être adopté
par l’une de nos paroisses comme le
Refuge l’a été par celle de Pramol,
pour être fourni par elle de sa provision annuelle de pommes de terre.
(Communiqué).
Turin, le 10 Février 1903.
Cher Echo,
Mieux vaut tard que jamais : cela
pourra intéresser tes lecteurs d’apprendre que Vassemblée paroissiale de Turin
du 22 Décembre dernier a accepté à
l’unanimité des votes des électeurs présents (hélas trop peu nombreux à notre avis, et pourtant ce ne sont pas
les avis et les invitations qui ont fait
défaut), la nouvelle constitution.
Comme ce projet de constitution avait
fait ces dernières années l’objet de
l’étude d’un certain nombre d’assemblées paroissiales, nous pouvons croire
que c’est avec pleine connaissance de
choses que ce vote a été donné.
Ce n’est pas sans une certaine émotion que nous avons vu tous les électeurs présents se lever comme un seul
homme pour donner leur vote affirmatif. Puisse cette nouvelle constitution
— à laquelle notre regretté prédécesseur, qui laisse ici une trace si profonde
et bénie d’affection, et qui est maintenant, par la mystérieuse dispensation
de Dieu, couché sur un lit de souffrance,
a consacré le meilleur de ses forces, —
être abondamment bénie pour notre
église.
L’ordre du jour suivant te dira quels
sont les désiderata à propos de la mutation des pasteurs :
«L’assemblée paroissiale de Turin
exprime le désir que la mutation des
pasteurs dont il est question à l’article
31 soit appliquée par les règlements
dans le sens que la réélection des pasteurs soit possible pour les paroisses ».
• D. P.
Nouvelles et faits divers
Italie. Nous avons sous les yeux
le Rapport (en Anglais) de VAsilo Evangelico de Vallecrosia (Bogee Memorial
Home) pour 1902. Non moins de 55
enfants peuplent actuellement l’Asile,
savoir 39 filles et 16 garçons. La marche de rétablissement a été satisfaisante. Les enfants reçoivent l’instruction dans l’asile et vont faire l’examen
aux écoles municipales ; la plupart les
passent avec honneur. Deux maîtresses
des écoles communales sont venues à
l’asile pour examiner les ouvrages de
couture des jeunes filles et ont manifesté leur satisfaction. Ces jeunes filles
apprennent la cuisine et tous les travaux domestiques, et deviennent de
bonnes personnes de service. — L’institut a perdu plusieurs amis et bienfaiteurs dévoués, ce qui a apporté une
diminution dans les souscriptions. 11 a
cependant pu clore l’année sans déficit.
Son budget est de 20000 francs, et les
parents et amis des élèves ne payent
guère que 5000 francs par an.
Paris. M. le pasteur G. Appia, qui
a eu 76 ans le 9 Janvier dernier, a
reçu pour sa fête, un don de 1000 frs.
destiné aux missions. Voilà une excellente surprise et bien employée.
Allemagne. — Le prof. Ehrhard,
de l’Université de Fribourg en Brisgau,
qui fut dans ces derniers temps, un
champion libéral dans le catholicisme,
a été appelé à Rome où lâchement il
a abandonné toutes ses idées, déclarant
hérétiques et maudits les passages incriminés dans ses livres ! Pauvres professeurs ! Avec Rome on ne transige
pas !
Revue Politique
Les bruits de crises ministérielles ultérieures sont démentis catégoriquement,
ainsi que la démission de M. Di Broglio
qui va quitter Acqui, complètement rétabli, et reprendre ses fonctions au ministère. M. Priuetti, en voie de lente
guérison, mais toujours dans l’impossibilité de s’occuper d’une manière suivie
et absorbante a été momentanément remplacé par M. Morin ainsi que nous l’annoncions dans notre dernier numéro. L’hon.
ministre de la Marine a donc assumé
l’intérim des Aff. Etrangères, pour aussi
longtemps que les conditions de santé
du titulaire l’exigeront. Un 3.me ministre atteint dans sa santé est M. Giolitti,
dont l’absence est vivement sentie et
contribue à augmenter la’monotonie des
séances, fréquentées par quelques dizaines
de députés seulement. La maladie du
ministre de l’Intérieur a obligé le »Sénat
à ajourner la discussion sur la municipalisation des services publics.
— En vue de l’agitation qui se proproduit en Macédoine pour délivrer ce
malheureux pays du joug ottoman la
Porte a ordonné la mobilisation des corps
d’armée de Monastir et d’Andrinople,
en portant leur effectif à un total de
25.000 h. Ces forcés seront à peine
suffisantes pour tenir tête aux insurgés
de l’intérieur et aux bandes de brigands
bulgares qui se préparent à envahir la
Macédoine pour leur tendre la main —
Serions-nous à la veille de nouveaux
massacres de chrétiens, que la Turquie
justifierait en prétextant la défense de
r intégrité de ^son territoire ? L’Europe
a l’air de s’émouvoir de la mobilisation
turque, mais elle s’en tiendra probablement aux simples demandes d’explication
et laissera les égorgeurs faire leur métier.
— Au Maroc, le prétendant continue
à recruter des partisans, et se prépare
à de nouveaux combats. Dernièrement
les troupes du Sultan ont subi de grandes
pertes et trois caïds auraient été tués.
— Si nos lecteurs tiennent à être
renseignés touchant les aventures de la
princesse Louise de Saxe, nous dirons
que, à la suite de l’impossibilité où la
cour de Dresde l’a mise de voir son
fils gravement malade, son état physique
s’en est gravement ressenti. Elle a donc
éprouvé, vu aussi sa grossesse, le besoin
d’un repos absolu et d’un traitement
médical approprié à son état. Voilà ce
qui l’a décidée, dit-on, à se séparer, définitivement ou momentanément c’est ce
qu’on saura plus tard, de son M. Giron
leqtiel est parti pour Bruxelles, tandis
que la princesse est entrée, dimanche
dernier à une maison de santé près de
Nyou. Les uns estiment qu’ après cette
retraite expiatoire, le prince royal outragé pardonnera à son épouse ; d’autres,
moins optimistes ne voient dans la séparation des amants qu’ une manœuvre
destinée à faciliter à la princesse Louise
une entrevue avec son fils malade, entrevue que toutes ses prières n’ ont pu
obtenir jusqu’ici.
— L’ anarchiste Rubino, 1’ auteur de
l’attentat au roi Léopold, vient d’être
condamné par les assises de Bruxelles
aux travaux forcés à perpétuité, quoique
les jurés aient exclu la préméditation.
La Libre parole prétend que les dé
putés socialistes Jaurès et De Pressensé
ont l’intention d’engager la Chambre à
faire examiner à nouveau l’affaire Dreyfus.
A cet effet, ils proposeront la nomination
d’une commission de 33 membres chargés
d’examiner les nouveaux documents qui
seront présentés.
.)• C.
INFORIW ATIONS.
La députation provinciale, dans sa
séance du 8 Janvier, a autorisé les
frais de manutention de la route de
Pignerol à la Tour — autorisé, conditionnellement, D. Beltramone à couvrir un bout de fossé gauche de cette
même route.
Dans sa séance du 15 janvier elle a
loué les terrains situés entre les remparts en amont du pont du Cluson, sur
la même route — a autorisé le payement d’un à compte sur le subside provincial à la commune de Rorà pour la
construction de la route du Lavour —
des travaux de réparation des remparts
du Cluson, sur les routes de la Tour
et de S. Second.
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