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Année Neuvième.
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HRIX D’ABRONNEMKNTPARAN
Italie . P . T B. 3
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sé'ruinsl; A rAdministration au
Témoin, Pomaretto ( Pinero'loJ
Italie,
ÉCHO DES VALLÉES VAUDQISES *
Paraissant chaque Vendredi
Kou» ,>u aeres lémoiiu. Aütbs 1, 8. Suivant la vérité avec la charité. iSv. 1, 15
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■ ..|i Soinamaire.- .
3(3 'Marsv Correspondance: — Du
champ tlo l'Evaagàlisalioii. — En altendant le train. — Donnoz gaiement. —
Mesure tes paroles. — Bien répondu ! —
Chronique mudoise.
30 IVliirs
Le cœur joyeux vaut une médecine; mais l'esprit abattu dessèche
les os. (Prov. XVII, 22).
Le monde est plus vieux de 25
à 30 siècle.s ,que lorsque cette parole a été écrite, et elle est
aussi parfaitement vraie aujourd’hui qu’elle l'était alors, qu'elle
l’a été dès le commencement,
c’est-à-dire, dès que riiomme déchu a connu la douleur physique
et l'angoisse morale, fruits amers
du péché. Ce qui impatiente les
médecins c’est lorsqu’ils donnent
des soins à des malades toujours
tristes et mécontents, abattus et
découragés, ne sachant que parler
en gémissant de leurs souffrances,
souvent plus imaginaires que réelles, et ôtant par leur agitation
constante toute efficace aux reme-,
des qui leur sont prescrits. — Par
contre lorsqu’il leur arrivq de rencontrer des mal>ades , souriant au
milieu de leurs douleurs très réelles,. patients et soumis aux pre^r.
criptions qui leur .sont faitesil?,
sont tout heureux ces : malades,
ne leur donnent point de peinep
et ils se reposent volontiers quelques instants de plus auprès d’euX;
du travail qu'ils ont fait ailleurs.
Se tenir tranquille et en ^epos,
s’attendant à Dieu, c’est bien certainement un régime souverain
qui, sans dispenser toujours des
médecines, est la meilleure de
toutes.
La diflicultô est d’avoir toujours
ce remède ou ce préservatif pour
guérir, ou pour prévenir la maladie. N’a pas qui veut ce cœur
joyeux dont parle le sage; car, il
ne#s’.agit pas ici simplement d’une
gaieté naturelle de tempérament
ou de caractère, que l’épreuve de
la souffrance et de la maladie dissipe^ parfois complètement, mais
d’un'e ijoie qui a établi son siège,
dans' le cœur, c'est-à-dire à la
source même de la vie, et qui la
pénètre toute entière. Cette joie
qui, à l’origine, remplissait le
tt
2
.98.
coeur de l’homme, a cessé de lui
être naturelle quoiqu'il lui en reste
le besoin pressant, et U n’est pas
en son pouvoir de se la donner
par sa force ou son adresse; elle
est un don de Dieu, ou plutôt
elle est le don de Dieu par excellence.
« Tu as mis plus de joie dans
mon coeur, dit le psalmiste (Ps.
IV, *7), qu’ils n’en ont au temps
que leur froment et leur meilleur
vin ont été abondants ». Cette joie
que Dieu met au cœur d’un pécheur pardonné doit être gardée
avec^le plus grand soin, dans la
veille et la prière, dans le travail
et dans la lutte, car elle peut se
perdre, non par la faute de Dieu
qui ne reprend pas ses dons , mais
par la négligence et la légèreté
de l'homme. Rends-moi la joie de
ton salut, s’écriait plus tard le
même psalmiste, humilié et le
cœur brisé, au souvenir de son
double crime, ouvrant enfin la
bouche qu’il avait tenue trop longtemps fermée, et confessant ce
péché qui avait été continuellement devant lui (Ps. li) ; car, a
dit l’Eternel, il n’y a point de
paix pour les méchants. (Esaïe
XLviii, 22).
La joie du chrétien est de même
nature que celle*qu’ont goûtée
les Israélites pieux; seulement elle
la dépasse en intensité. La grande
joie, annoncée par l’Ange aux bergers, n’est pas autre chose que la
joie du salut qui va être offert à
tous les pécheurs juifs et payons ;
et si nous avon.s pu nous rappeler, il y a quelques jours, cette'
parole du psalmiste : « C’est ici la
journée que l’Eternel a faite, réjouissons-nous et égayons-nous en
elle,» (Ps. cxviii, 24), c’est parceque la résurrection glorieuse du
Sauveur est le sceau divin apposé
à l’œuvre de rédemption qu’il a
accomplie, et qu’elle est pour
l’enfant de Dieu le gâge d’une
bienheureuse immortalité.
Mais ce n’est pas uniquement
aux jours de fête, aux jours où
le soleil de justice les illumine et (
les réchauff'e de ses rayons que *,
les chrétiens sont joyeux. St. Paul \
veut qu’ils le soient toujours. Comme le Sauveur après avoir annoncé
à ses disciples qu’ils seraient injuriés et persécutés à cause de
lui, avait ajouté: Réjouissez-vous
et tressaillez de joie car votre récompense sera grande dans les
cieux , ainsi St. Jacques veut qu'ils
considèrent comme le sujet d’une
parfaite joie lorsqu’ils seront soumis à diverses épreuves et Saint
Paul leur commande de se réjouir
toujours en notre Seigneur.
Il est relativement facile d’être
joyeux dans la prospérité; ce qui
n'est possible que par la présence
de l'Esprit de Dieu dans le cœur,
c’est de l’être même au milieu des
larmes. Cette joie-là, la joie du
salut adoucit les douleurs et les
souffrances qu’elle ne guérit pas,
c’est la médecine que les hommes
les plus habiles ne savent pas préparer,-mais que le céleste Médecin
donne gratuitement aux malades
qui s’adressent à lui.
(!Porre0|ïOttbimce
•20 mars 1S80.
Mon cher Directeur,
De ce que je me suis permis d'exprimer Irès librement mon opinion
(7 février, n° 7) sur le projet de loi
concernant une taxe militaire dont le
pays est menacé, il ne s’en suit pas
du tout, comme vous avez l’air de
le croire, que j’en doive faire autant
pour tous les projets de loi d’un intérêt général que nos Chambres seront
appelées à examiner. Non seulement
je me déclare absolument incompétent pour traiter avec intelligence
la plupart des questions soumises à
notre Parlement, mais je confesse
3
„99.^
sans rougir que je n’y ai aucun goût;
mes modestes occupations, très-régu
Hères, me suiTisent amplement et je
ne voudrais ii aucun prix les accroître.
Toutefois, comme, j’ai déjà eu l’occasion de le dire, je suis un homme,
et j’estime que je ne puis demeurer
étranger à rien de ce qui est humain, c’esl-à-dire, à rien de ce qui
intéresse mes semblables, surtout mes
frères et mes amis. Voilà pourquoi
je me rends à votre invitation, en
exprimant celle fois encore et très
libremeni mon opinion sur un nouveau projet de loi, non plus du ministre de la guerre, mais de celui de
l'instruction publiqne.
Malgré les progrès très-considérables que l’instruction populaire a
accomplis depuis 20 ans, particulièrement dans les provinces qui en
étaient presque entièrement dépourvues, les hommes intelligents et sincèrement amis de leur pays sont unanimes pour reconnaître qu’il nous
reste énormément à faii'e, soit pour
rendre l’enseignement plus simple,
plus pratique et plus bienfaisant, soit
pour ajouter à l’enseignement l’éducation sans laquelle on ne prépare
pas des hommes. C’est pour atteindre
ce but que l’on commence à reconnaître que le meilleur régent n’est
pas toujours le plus savant, que ce
sera plutôt celui qui, à des connaissances moyennes, unit l’alîeclueux
intérêt pour les enfants, le sentiment
de la noblesse du ministère qu’il est
chargé d’accomplir en leur faveur,
le dévouement, cet enthousiasme
enfin pour son œuvre, sans lequel on
n’accomplit rien de grand
Mais si le régent et la maître.sse
d’école ne doivent pas être des mercenaires, mesurant strictement leur
travail au salaire qu’ils réçoivent, ils
ont le droit, d’un autre côté, à ce
que ceux en faveur des quels ils dépensent leurs forces, pourvoient convenablement à leur entretien. — Or
comme il est universellement admis
que la plupart d’entr’eux ne sont que
très pauvrement rétribués, depuis
longtemps aussi, dans les journaux
de tous les partis, et .sur tous les
bancs de la Chambre, on a proclamé
la nécessité d’améliorer la condition
matérielle de ces milliers d’ouvriers
dont l’influence sur les générations
successives est plus grande même que
celle des Lycées et des Universités. On
attendait et l’on attend encore une
loi par laquelle le Gouvernement supplée par des subsides réguliers à l’insulBsance des allocfitions communales. Le ministre Baccelli a préparé
un projet dans ce but. Mais comme
le ministre des finances ne peut rien
lui promettre, (car l’armée et la marine ont des exigences auxquelles il
n’est pas permis de faire la sourde
oreille), pour le moment, les régents
ne doivent rien attendre du Gouvernement; l’espoir leur reste.
Par contre le projet de loi contient,
si du moins le résumé que les journaux en donnent est exact, deux dispositions que l’on a probablement
jugé très avantageuses pour les instituteurs primaires, et grâce auxquelles on pense qu’ils attendront
avec patience des temps meilleurs.
Ces dispositions sont les suivantes :
1° Les régents et régentes d’écoles
communales classifiées, c’est-à-dire,
imposées par la loi, ne seront plus
nommés par les Administrations communales, mais par la Commission ou
le Conseil scolaire, sur la présentation de trois candidats ou postulants
faite par le Syndic (peut-être le Conseil). Comme le seul membre de la
Commission, ou du Conseil scblaire
de la Province qui visite, ou est
censé visiter, une fois par an, les
écoles, est l'Inspecteur, c’est â lui én
définitive qu’appartiendra la nomination. Or comme ta plupart des renseignements que l’Inspecteur lui-même
devra nécessairement prendre lui viendront des délégués mandemenlaux
(dom les attributions n’ont jamais
été clairement définies), il est clair
que la personne choisie sera celle
des trois que le délégué aura désignée et recommandée. — Après cela,
si par aventure le régent ne satisfait
pas, la Commune ne peut pas le renvoyer, ce droit est encore réservé à
ceux qui l’ont nommé;
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aoo~
2° La Commune n’est cependant
pas dépouillée de toute ingérence dans
la marche des écoks que la loi lui
impose. Il lui reste le droit de salarier les régents. Seulement comme
il parait que l’on a constaté, quelque
part, de graves inconvénients à ce
que le régent reçoive son salaire directement de la Commune par le
moyen de son percepteur, le projet
de loi établit que les Communes transinetteront le montant des subsides
légaux au Trésorier provincial et que
c’est là que les régents iront chaque
mois les retirer. Je suppose que c’est
encore l’Inspecteur qui délivrera à
chacun d’eux le mandat mensuel de
payement. — Je ne sais pas comment
ils trouveront un jour dans la semaine pour faire le voyage jusqu’au
chef-lieu de la Province, et si douze
voyages par an ne feront pas à leur
modeste subside une brèche très sensible.
L’on peut sans témérité affirmer
3ue le but suprême de la loi est
’enlever aux intéressés toute ingérence et par conséquent aussi toute
responsabilité et tout intérêt dans la
marche de l’instruction élémentaire.
L’état que l’on travaille à reconstituer
comme il l’était à Rome payenne, il
Ïa deux înille ans, veut tout absorér, tout diriger, tout soumettre à
l’uniforme. Nous étions plus libres
lorsque personne n’osait parler de
liberté. Désormais on pourra nous
obliger à confier l’éducation première
de nos enfants à des instituteurs et
à des institutrices munis sans doute
du brévet légal, patentés pour enseigner la gymnastique, mais incapables
pour l’enseignement; dont le caractère
et les principes nous seront antipathiques, et qui se.sentant soutenus
se moqueront des plaintes et des réclamations.
Il suffit que pareille chose puisse
arriver pour que je me croie autorisé
à dire que la loi dont il s’agit, si
elle venait à être sanctionnée, serait
la plus désastreuse qui ait jamais été
imaginée. —Mais j’ai la ferme espérance qu’elle n’aboutira pas. C^est
ce qui me console et me calme car j’étais presque en colère, tellement:
Homo Sum.
Turin, le 2(> mars ISSS.
A Monsieur le Directeur du Témoin.
Cher ami et frère,
Dans l’intéressante notice nécrologique consacrée, dans le dernier numéro du Témoin, à notre frère, monsieur le pasteur A. Bert, il s’est
glissé une inexactitude que je sens
le besoin, et que je vous demande
la permission de rectifier. Elle a trait
à la mention qui y est faite de l’hôpital évangélique de cette ville. L’auteur dit de M, le pasteur Bert que
« la paroisse de Turin lui est redevable du développement donné à son
hôpital ». Or, ce n’est pas développement qu’il aurait fallu dire, mais
création, car, avant le pastorat de
M. Bert à Turin, aucun hôpital évangélique n’y avait été initié, et ce fut
(comme j’ai eu l’occasion de le dire
ailleurs (1), «en recourant à un subterfuge qui consista à louer, dans la
maison qu’il habitait lui-même, le
nombre de pièces nécessaires à l’effecluation du projet qu’il méditait
depuis l’an 1831), et se donner visà-vis de l’autorité comme recevant
chez lui, pour leur prodiguer les
soins que leur état réclamait, les
membres pauvres et malades de sqm
Eglise, que M. le pasteur Bert, avec
un dévouement que l’on ne saurait
trop apprécier, réussit à.ouvrir, le
4®''janvier 4843 le Refuge dont il avait
eu le premier l’idée »,
Et puisque j’ai la plume à la main,
permettez-moi, toujours à propos de
cette même notice, de relever encore,
non plus une inexactitude, mais une
omission que son auteur sera le premier à se réjouir de voir réparée.
(1) Hdpîtall évangélique de Tarin: courte
notice Bur cet établisiement; Turin 1873.
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-101 ™
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Elle a Irait à VEcole protestante de
celle ville dont M, Berl peut se dire
également le fondateur, et cela, (si
tristes étaient les temps d’alors au
point de vue de la liberté, et de celle
de conscience surtout!) en recourant
à un subterfuge tout semblable au
précédent, c’est-à-dire, en louant également une ou deux chambres au rezde-chaussée de la maison qu’il habitait, pour y loger son école, et en se
donnant, aux yeux des autorités,
comme l’instituleiir des enfants qui
y étaient réunis.
Avoir maintenant, dans de beaux
bâtiments qui nous appartiennent,
un‘hôpital où, de 100 à 120 malades
par an, reçoivent tous les soins corporels et spirituels que leur état exige,
et des écoles rassemblant chaque jour
de 200 à 220 enfants, le plus grand
nombre fils de parents catholiques
romains qui, pouvant les envoyer aux
écoles municipales qui sont gratuites,
préfèrent nous les confier moyennant
rétribution... qu’est-ce que cela compte, au point de vue des difFicuItés à
surmonter, en présence de quelques
malades seulement, et d’une vingtaine
à peine d’écoliers tous fils de parents
protestants, recueillis dans 4 ou 5
chambres d’un rez-de-chaussée, mais
dans des circonstances politiques comme celles que nous venons de rappeler?
C’est pourquoi, honneur et reconnaissance à ceux qui ont courageusement et vaillamment lutté, quand le
devoir ne pouvait s’accomplir qu’au
prix de beaucoup de luttes; et actions
de grâces à noire Dieu qui nous a
donné de voir des temps meilleurs,
et de pouvoir le servir dans la paix
et dans la liberté !
A vous de cœur en J. C.
J. P. Meille.
Dq champ de l'Ëvaiigéiisaliun
SAN FEDELE D’iNïBLVI.
En partant de Corne sur un des
bateaux qui font le service sur le
lac, on arrive, au bout d’une heure
environ, à Argegno sur la rive gauche. De celte station part une roule
qui n’a qu’un défaut: celui démonter, monter toujours le long de l’une
des deux montagnes entre lesquelles
s’étend l’étroite et pittoresque vallée
d’Intelvi. — Après deux heures de
marche on arrive à San Fedele où
s’élève depuis 1881 un joli tçmple
vaudois.
C’est en 1862 que trois des habitants de S. Fedele, rapportèrent de
Suisse la Bible et commencèrent à se
réunir pour la lire en commun. En
1863, le 26 décembre, M. le pasteur
Turin s’y rendit et présida un culte
dans la maison Andreetli ; et, après
lui, vinrent à tour M. le pasteur
Eug. Revel et M. Pugno. Il semblait
que les choses dussent s’acheminer
paisiblement, mais il fallut bientôt se
convaincre qu’il n’en serait pas ainsi.
L’année 1864 fut une année d’orage
pour les fidèles de S. Fedele. Nous
extrayons du Bolleltino le l'écit des
luttes qu’ils eurent à soutenir pour
affirmer la liberté de conscience dans
leur pays.
Dès le soir du 25 février les ennemis de l’Evangile commencèrent à
faire du tapage dans une salle attenante à celle des réunions.
Peu de jours après, les frères s’élanl aperçus qu’on les menaçait sérieusement, demandèrent au Syndic
de les protéger, vu qu’ils avaient la
ferme intention de continuer à célébrer leur culte. Ils ne s’étaient pas
trompés. A peine vit-on l’évangéliste
avec quelques frères se diriger Vers
le lieu des réunions, que le peuple y
accourut aussitôt et essaya par des
injures et des menaces d’empêcher
l’entrée aux évangéliques. Quand arriva Antonio Lanfranconi, alors lieutenant porte-enseigne de la garde
nationale, la foule lui demanda: où
allez-vous ? — A la réunion. — Vous
ne pouvez passer par ici. — Et vous
n’avez pas le droit de me barrer le
passage.—Après quelques efforts, il
put pénétrer dans la salle, mais pour
en sortir bientôt et se mettre a la
recherche des autres frères qui n’é-
6
.Ì02-.
taient pas encore arrivés. Il demanda
en même temps l’appui de ses hommes au lieutenant des douaniers,
mais celui-ci refusa.
On eut à peine entonné le cantique
qu’au dehors commencèrent des
cris l'éroces, des menaces, des blasphèmes et bientôt arrivèrent des pierres lancées aux fenêtres et aux portes.
11 fallut suspendre le culte et penser
à ise bafricader. On s’aUendail à un
massacre vu que le peuple s’était
emparé des fusils de la Garde nationale et les tenait prêts à quelque
distance. Sur la place publique le
curé enflammait le zèle de ses fidèles
contre les hérétiques. A la fin, le
syndic se présenta avec deux assesseurs et obtint d’entrer dans la salle.
Il déclara qu’il garantissait l’ordre à
la condition que l’évangéliste partît
avec lui. Les évangéliques répondirent qü’ils étaient bien libres de célébrer le culte chez eux et que si lui,
syndic, ri’avail pas été le complice
dés émeutiers il aurait tenu une conduite bien dilïérente.
Sur ces entrefaites, arrivent les
carabiniers qui, après les intimations
d’usage, s’écrient: au nom de Victor
Emanuel H, Roi d'Italie, retirez-vous,
ou nous allons faire feu. La foule se
retira peu à peu, les carabiniers
dressèrent le procès-verbal de ce qui
venait de se passer et l’envoyèrent
au Préfet. Quelques jours apres un
manifeste de ce digne magistrat enjoignait au peuple le respect de la
liberté de conscience, et les dimanches suivantes les carabiniers repurent
l’ordre d’accompagner nos frères lorsqu’ils se rendaient à la réunion et
lorsqu’ils en retournaient. Malgré
cela, la fureur des fanatiques ne se
calma pas.
Le mars, anniversaire du Roi,
les soldats déclarèrent au capitaine
de la Garde Nationale qu’ils étaient
résolus à se servir de leurs armes si
le lieutenant Lanfranconi osait se présenter. Le capitaine le pria de se retirer et l’oiBcier consentit. Comme il
retournait chez lui, le peuple l’accompagna en chantant une chanson
grossière (font le refrain était :
La bandera per intani
Non la porta ’Ì protestant
Se ’1 protestant si volterà
La bandera la portera.
A la suite de ces faits, l’autorité
locale demanda aux deux principaux
évangéliques qu’il n’y eût pas de réunion pendant un mois. Ils y consentirent. Mais inopinément, voici arriver
de Come, le 25 mars, M. Eug. Revel
qui n’avait pas cru devoir accepter
l’accord. Aussitôt le peuple entoure
la maison Andreelli et l’évangéliste
est conduit hors du pays et accompagné de toutes sortes d’injures jusqu’à Dizzasco où il se reiugia chez
1 avocat Curioni, conseiller provincial
et fort libéral. Malheureusement il
était absent. Les carabiniers ne tardèrent pas à mettre la main sur huit
des plus coupables mi furent conduits en prison. Le Préfet de Corne
à son tour fit publier à S. Fedele un
manifeste où il annonçait au peuple
que le dimanche suivant le paslenr
arriverait à S. Fedele escorte de 16
carabiniers qui avaient l’ordre de
faire feu sur quiconque outragerait
les évangéliques. Il ajoutait que .si
cela ne suffisail pas i! aurait envoyé
une compagnie ae soldats aux frais
des émeutiers.
Cet ordre énergique produisit l’effet
désiré, et la liberté fut dès lors respectée. Abeille.
ma äUendanl le Irain
La locomotive manœuvrait dans la
gare, et pendant que j’attendais
l’heure du départ, je regardais des
ouvriers qui par groupes allaient
prendre place dans le train pour se
rendre sur leur champ de travail.
Les uns portaient des pioches ou des
bêches, pendant que d’autres avaient
passé la truelle dans leur ceinture et
portaient leurs marteaux de maçon
sous le bras. '
Sans avoir le sentiment de commettre la moindre indiscrétion, je
'remarquai ce que ces ouvriers achetaient dans les boutiques du voisi-
7
,103.
nage. Le.s uns, paies, maigres, lacilnrnes, débiles et les yeux presque
éleinls, enti'aient clans un débit de
liqueurs et en sortaient peu après
avec quelques sous de tnoins dans
leur poche et sans avoir rien acheté
pour manger avec leur pain à raidi.
Leurs manières et leur langage étaient
peu convenables et l’on ne voyait en
eux que de faibles (races de la dignité
Sue le Seigneur a placée en l’horame.
’autres au contraire avaient un aspect jovial, et jouissaient d’une bonne
santé; au teint légèrement bruni par
le soleil, mais révélant la vigueur et
le bien être, ils ajoutaient une complexion vigoureuse et robuste. Je remarquai que ces derniers avaient des
goûts différents pour les einplelles
à faire. On apercevait des micncs de
pain d’une dimension rassurante qui
sortaient de leurs larges poches, et
comme pitance les uns achetaient
du fruit chez la revendeuse voisine
et d’autres prenaient du fromage chez
le charcutier du coin, mais pas un
n’ontra dans la buvette.
Comme je faisais part de mes observations à un ami qui voyait souvent ces ouvriers et qui les connaissait de près, il ajouta que ceux qui
n’entraient pas dans le débit de liqueurs et [qui avaient une mise et
une tournure plus recommandables
en même temps qu’une meilleure
santé, étaient précisément ceux qui
allaient plus souvent au bureau de
uosie pour ehvoyer leurs épargnes à
la famille lointaine. Les autres qui
avaient l’apparence de cadavres habillés, vu qu’ilj compromettaient leur
santé à l’auberge, n’avaient pas d’argent à envoyer à leurs familles qui
gémissaient dans la misère, et ils ne
parvenaient pas même à se couvrir
le corps de vêlements décents.
Nous pourrions dire, sans crainte
de nous tromper, que le bonheur et
la paix sont généralement bannis du
foyer domestique des personnes adonnè^es à la boisson, et que leurs familles ne les voyenl rentrer qu’avec
terreur. C’est dans ce milieu que se
récrutent bon nombre de ces malheureux qui compromettent la paix pu
blique par leurs tendances subversives et socialistes. Abrutis par la
boisson, et sans crainte aucune ni
de Dieu, ni des hommes, vu, qu’ils
sont dépourvus de tout principe religieux, ils vont terminer leur misérable carrière dans quelque hôpital
si ce n’est dans la prison ou dans le
bagne.
Heureux l’ouvrier sobre et craignant Dieu ! Il assure à sa famille et
à lui même une existence aisée et
heureuse ; il est honoré et estimé
par ses semblables, et il fournit une
carrière utile sur la terre, en attendant le repos celesle que le Seigneur
assure à ceux qui croyenf en Lui.
E. B,
L’autre jour l’on faisait ai^ temple
une collecte pour l’évangélisation, et
je remarquai avec plaisir une femme
(qui n’esl certes pas d’entre les personnes riches de la paroisse) qui,
,apcès avoir donné son obole, prit son
enfant qui la suivait et l’éleva assez
pour qxte lui aussi pût arriver an
chapeau de l’ancien et y mettre son
petit don.
Que ne sont-ils nombreux les parents qui habituent de bonne heure
leurs enfants donner quelque chose
pour l’œuvre du Seigneur. Contrairement' à ce qu’affirment les avares, et
ceux qui n’ont pas honte de beaucoup recevoir sans rien donner, les
collectes enrichissent au lieu d’appauvrir, car Dieu aime celui qui donne
gaiement {%, Cor. ix, 7) et le bénit
au point qu’il n’aiira faute d’aucun
bien. Les peuples qui donnent le plus
pour l’œuvre du Seigneur sont aussi
ceux auxquels le Seigneur accorde
une plus grande prospérité.
Ceux qui pouvant donner, refusent
leur obole aux œuvres missionnaires,
montrent clairement qu’ils n’ont, pas
encore repu l’Evangile eux mêmes et
qu’ils n’ont pas été transformés par
lui. Car tout homme qui a trouve la
paix de Dieu et qui se sent sauvé par
8
_______104,.
JésLis-Christ, éprouve le besoin de
faire pari, à d’autres de ce qu’il a
reçu de Dieu.
C’est là un moyen de manifester
notre reconnaissance et d’amener à
Jésus les âmes qui restent loin de
lui. Or ce qui est bon pour nous
l’est aussi pour nos entants, auxquels
nous devons le bon exemple.
E. 13.
Mcsnie les paroles
Quand lu parles en présence de
grandes personnes lu sens le besoin
de mesurer tes paroles ; et tu agis
sagement. Mais n’oublie pas que celte
précaution est tout aussi nécessaire,
si ce n’est davantage, quand lu parles
en présence des enfants. Ces jeunes
êtres sont tout oreilles pour entendre
ce que ^disent les personnes plus
grandes*qu’eux, comme ils sont tout
veux pour voir ce que nous faisons,
fis s’imaginent souvent, les pauvres
petits, que tout est bon quand cela
est dit ou fait par de grandes personnes, et ils n’imitent que trop le
mal qu’ils nous voyent faire ou dire,
sans se douter assez de ce qu’ils font.
D’un autre côté les impressions sont
si faciles et si durables dans ces
jeunes cœurs, qu’il est de la plus
haute importance de n’en produire
que de bonnes. Ne semons dans ces
jeunes âmes que de la bonne semence,
et arrosons-la d’ardentes prières. —
N’oublions pas que les garçons et les
filles d’aujourd’hui sont les hommes
et les femmes de demain, et que la
génération future sera en grande partie ce que nous l’aurons faite nous
mêmes. « e. b.
Bien répondu!
Un riche particulier qui aimait plus
ses richesses que le paradis, avait
un domestique chrétien qui ne voulait pas travailler le dimanche.
~ Je ferai tout ce que je puis pour
vous depuis le lundi matin jusqu’au
samedi soir, mais le dimanche n’est
pas à moi, et je ne puis le vendre,
c’est le jour dii Seigneur.
— Mais, répliqua le maître, ne
lis-ln pas dans ta Bible que si un
bœuf ou un âne tombent dans une
fosse le jour du repos, il faut les en
tirer.
— Oui, mais la Bible ne dit pas
que le bœuf ou l’âne aient l’habitude
de tomber tous les dimanches dans
la fosse pour qu’on ait à les en tirer.
Sans cela il vaudrait mieux combler
la fosse, ou vendre l’âne et le bœuf
avec. E. B.
dirouiijuc ®au^ôt0c
La conférence des paroisses du
Val-Pélis, aura lieu, D. v., lundi 9
avril prochain, à Saint-Jean. Elle
s’ouvrira à 9 heures du matin dans
le local de la grande école. Les régents sont tout particulièrement invités à y prendre une part active.
Le sujet à traiter est le suivant: Nos
écoles':
JSi
EN VENTE
A la Librairie Chiantore et Mascarelli
à Pignerol, et chez les Pasteurs de
La Tour et Pomaret:
Second livre de Lecture française, —Prix : 45 cent, et 45 fr. le 400.
L’HISTOIRE DIS ÎGLW ÏMOISES
par
P. GILLES.
Deux vol. in ^3o d'environ SOO pag. chnenn
Prix des deux volumes fr. s.
Ehnb-st Robbiit, Gérant et Adniinistralcm
Pignerol, tmp. Cliianlore et llasoarelli.