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Année Septième,
27 Mai 1881
N.'21
LE TÉMOIN
ÉCHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous me serez témoins. Actes 1, S, Suiv&ntîa ‘sériiè la charité. Ep. 1,15,
mix D'ABBONNBMENT PAR AN Italie . . L- 3 Tous les paya de rtJnion de poste . . . • @ Amérique ... » 9 On s'abonne i Pour Vlntériew chez MM. le» pasteur.s et les libraires de Torré Pelliee* ■Pour PTîsdifdfiewrttuBurea’iKVAd-' ministration. Un ou plusieurs numéros sépa- rés, demandés avant le ti- rage 10 cent, chacun. Annonces: 25 centimes par ligne. Les envois d'argent se font par lettre recommandée ou par mandats sur le Bureau de Pe* rosa Argeniina.
Pour lu RÉDACTION adresser ainsi t A 4a Bireclion du 7’émoin, Pomaretto (Pinerolo) Italie. Pour PADMINISTRATION adresser ainsi : A T Administralion du Témoin, Pomaretto ( Pinerolo) Italie
Sommaire
27 Mai. — Nos origines , Uno considèlioD do plu.s, — ColoDia Alessatidra. —
Correspondance. — üqo satisfaction du
Témoin. — Dooner tous les Dimanches,
— Un appel. — Donséos. — fieoue] polilique.
2T Mat.
Il avait bien raison le sage qui
demandait à Dieu de ne lui donner
ni pauvreté ni richesse, pas plus
l’une que l’autre, à cause des tentations qui les accompagnent et
auxquelles les chrétiens eux-mêmes
succombent si fréquemment C’est
sans doute un admirable spectacle
que celui d’un homme dont la préoccupation vi.sible et constante est
de donner le plus possible pour le
Seigneur dont il est le dispensateur
fidèle et dévoué. Nous avons eu le
privilège de connaître plus d’un de
ces chrétiens , riches en Dieu et
riches en même temps en biens de
ce monde; et nous en connaissons
encore. Un homme qui donnait probablement au delà d’un million par
an pour l’avancement du règne ;de
Dieu, et pour toute sorte d’œuvres
de bienfaisance, proposa un jour
à sa compagne de vendre un fort
beau cheval pour lequel un parent
lui offrait un prix considérable; de
celte manière, disait-il, nous pourrons donner davantage.
Gomme toutes les choses grandes
el bonnes, ce généreux renoncement, ce zèle ardent pour J|à ,gloire
de Dieu, sont rares sur la terre,
rares même parmi les chrétiens les
plus sincères. Sans qu’ils s’en doutent et sans qu’ils s’err rendent
compte il leur arrive parfois de
faire servir leurs richesses au triomphe non de la vérité, idais,d’une idée
particulière, d’une ^form^, d’une
tendance étroite ef'^,excliisive, ou
bien encore d’une entreprise dans
laquelle l’argent ne devrait jouer
qu’un rôle tout-à-fait secondaire.
Nous nous expliquons par un exempt®
La question de la révision des
anciennes versions de la Bible ou
de l’adoption d’une version nouvelle, plus rigoureusement exacte
quant au fond, et plus moderne
quant à la forme, celte question
est à l’ordre du jour au sein de
2
J 66-^
toutes les églises protestantes. Quelques timides tentatives sont môme
faites dans l’église romaine. Supposons maintenant qu’un chrétien,
possesseur d’une très grande fortune, adopte l’une ou l’autre de
ces versions, la meilleure peut-être,
mais peut-être aussi la moins bonne.
Supposons que, dans son engouement, plus ou moins intelligent,
pour cette version nouvelle et dans
son impatience de la voir prendre
la place des versions anciennes,
il prête au traducteur et à l’éditeur un concours pécuniaire si efiîcacc qu’il rende toute concurrence
fort dilficile, ou môme impossible.
Ce serait là, à nos yeux', faire un
usage illégitime des biens dont ce
chrétien est le dispensateur.
Tel citoyen du Royaume' Uni, on
de l’Amérique du Nord, aurait pu
sans la moindre peine, obtenir ce
résultat, au moins momentané. Nul
n’a osé la tenter sachant bien qu’une
protestation générale aurait fait justice
d’une pareille entreprise. C’est le sort
qu’aurait^ toute tentative de celte
nature au sein des églises de langue
française, qui ne paraissent pas plus
disposées que les églises de langue anglaise à se laisser imposer directement
ou indirectement une révision, ou
traduction , nouvelle de la Bible, qui
ne soit pas l’œuvre ou qui n’aît pas
la sanction de leurs délégués officiels: ce qui n’empêche pas que la
tentation de faire jouer à l’argent
ce rôle qui ne lui appartient pas
n’aîL pu se présenter à l’esprit de
tel Ou tel possesseur d’une fortune
considérable.
Au moraénl où nous écrivions ce
qui précède, YEglise Libre nous a
apporté ontr’autres , un arliclè signé
Léon Pilaile, duquel nous trans
crivons la fin, qui ne pouvait pas
arriver plus à propos,
« Dans une ville où les chrétiens
B tous rattachés à la môme église,
» se réunissaient le mercredi, pour
» étudier la Parole de Dieu, advint
B un jour qu’en lisant le chap. xiv
B de le Genèse, on s’occupa de
B Melchisédech. Un frère âgé, vénéré,
B très riche et très influent, souB tint que Melchisedech était Jésus
B Christ lui-même, tandis quel’opi» nion générale ne vit ¿ans ce perB sonnage qu’un type de Jésus-Christ.
B La discussion du sujet, ou pour
)> mieux dire, la conférence fut
B modérée, cordiale et finit par des
» serrements de mains.
B Cependant le mercredi suivant
B )a réunion s’esl trouvée dimiB nuée de moitié. Pendant la seB maine, le frère influent avait con» voqué tout le monde à une réunion
B rivale tenue dans ses salons, le
B mémo jour et à la même heure
B que l’autre, et jamais depuis il
B ne reparut dans l’assemblée. Mel» chisedcch, Roi de Paix, devient
B ainsi l’occasion d'une division per» manente b.
NOS ORIGINES.
Hue considération de plus.
II.
Dans un Recueil de poésies originales des Troubadours, Raynuakd a publié, en tout ou en partie, les poëmes
Vaudois, sous ce titre générique :
Monuments primitifs de la Langue
Romane. On ne connaissait alors de
la langue romane, que celle des
troubadours, et on ignorait encore
que les modifications verbales du vieux
fi-ançais ainsi que des idiomes dont il
était sorti, fussent une trace de la
3
16
/ \AA/\A/WVWVWO\A Aj
^/.AAAA.A.AA/\/^/VJ%AAi/VV>JA^»AA/\A>jVWX*AA
déclinaison latine. Lorsque cette dernière particularité eut été découverte,
on vit bien tout de suite que les
monuments primitifs d’une langue,
qui fut en pleine floraison au douzième siècle, ne pouvaient dater du
quinzième; mais on se dit: Raynouard
s’est trompé: ces ouvrages qu’il a
cru si anciens, sont relativement fort
modernes.
Depuis lors, d’autres publications
ont fait connaître d’autres idiomes,
également romans, mais de formation
diverse ; au roman provençal, qui avait
été essentiellement celui des troubadours, se joignirent les romans languedocien, gascon, normand, picard,
etc. caractérisés par des tournures,
des vocables, des accents particuliers
propres à chacune de ces contrées,
mais conservant tous cependant la
distimlion des cas\ trait caractéristique des origines de la langue française. Mais il est d’autres langues,
l’espagnol et l’italien, entre autres,
qui n’ont jamais connu la distinction
des cas, même dans les idiomes dont
ils étaient sortis.
Il y a ainsi diverses familles de
dialectes formateurs des langues actuelles. Le dialecte Vaudois a mé placé
dans la famille française, tandis qu’il
appartient à la famille italienne. C’est
ce que je'vais essayer de démontrer.
Il y à dans toutes les langues quelques mots exclusivement propres à
chacune d’elles, soit comme vocables,
soit comme signification. Tel est, en
italien,'le mot roba, employé pour
désigner toute chose visible, nous
appartenant, soit en masse, soit en
détail. La mia roba, cela dit tout.
Ce mot, typique de l’italien, se trouve
dans les “écrits vaudois; ainsi dans
Lonovelsermon, vers 131 : «Per acquistar la roba te conven gran lavor.
pour gagner quelque chose il te faut
grand travail a. Littéralement: pour
acffuérir du bien... mais le sens exact
serait: pour avoir le nécessaire; la
roba: quoique ce soit. Le mot roba,
est aussi dans lo novel confort, strophe
SS""® ; mais on le chercherait en vain
dans les idiomes romans d’origine
française.
11 n’existe également, dans ces idiomes, pas une seule de ces terminaisons en ïza, si fréquentes dans l’italien:
bellezza, debolezza, fortezza, giovinezza,
etc. — et qui abondent dans les écrits
vaudois, où la manière d’écrire est
seule modifiée : bellezza (dans le Novel
Sermon, vers 233; dans lo desprecii
del mont, vers 88, 92; dans YAvanqéli dé li quatre séménez, strophes 72,
74, etc.); fortalecía: Novel Sermon,
vers 34', 196, 235; destrecza: Novel
Confort, 67: amarecm etc.
Dans les cas où le latin avait deux
mots pour exprimer la même chose,
comme femme, femina ci mulier,
chaque langue dérivée a pu choisir
le sien. Il n’existe aucun dérivé de
millier, dans les idiomes français;
tandis que le Vaudois a molher {Avangeli de U 4 semenez, strophe 60)
encore tout rapproché de muUer;
et molie ( Noble Leçon, vers 136)
origine évidente du moglie des Italiens; ce qui prouve, pour le dire
en passant, que l’idiome Vaudois est
non seulement de formation italienne,
mais qu’il aurait contribué lui même
à former l’italien.
Au point de vue de la syntaxe, on
trouve également dans le dialecte
Vaudois, des tournures impossibles
dans notre langue, et tout ii fait
caractéristiques de l’italien; ainsi:
non pa.rlar, signifiant ne dites rien,
ne se concevrait dans un idiome d’origine française; et cette organisation
phraséologique révèle, à elle seule,
une origine italienne. Des constructions semblables abondent dans les
écrits Vaudois: Non te alegrar: % No
te réjouis pas » dans Lo Bespreezi
del mont, vers 23. — Non amar trop
lo mont: n’aimez pas trop le monde »
Lo Novel Sei'moH, vers 144. — Non
istar plus aqui: t Nô restez plus là »
dans La Barca, strophe 48: Non
laysar d'ubrir lo tio cor: « Ne laisse
pas d’ouvrir ton cœur », même ouvrage , strophe 51 : é non atendré...
« et n’attends pas*.. » ibid. str. 53.
— Racontar encor: « reconle encore »
id. str. 54; etc.
Il en est de même dans les ouvrages en prose. Non te desperar de li
4
-168
; « Ne despôre pas de tes enfants s.
Dé l’énaègnamént dé U ftlM: dans
Perrin, page âS!. Et puis, des expressions tout italiennes: nos affaires,
nostras facendas (id. p. 233), en
italien: nostre faccende; mais wsira^,
est plus près du latin. — L’église
de Christ, quoique petite... î énayma
péchinita: (c’est moi qui accentue).;
ce dernier mot n’esl~il pas tout italien? ou du moins de formation italienne, car la langue actuelle ne Ta
pas conservé.
Ges désinences, ces mots, ces constructions surtout!; si étrangères au
génie de notre langue, prouvent surabondamment, il me semble, l’origine italienne de l’idiome Vaudois.
Tel est le premier point, que je
tenais it établir.
(A suivre).
CntftDia Alessaqtiffl.
L’un de nos collaborateurs nous
communique l’exirail suivant d’une
lettre qu’il vient de * recevoir de la
Colonia Alessandra, dans l’Amérique
du Sud.
Gnlonja Alessan.drii,
Cher monsieur,
mars 1S8U
Voilà bien dix mois que vous m’avez
écrit une lettre qui m’est parvenue,
comme par miracle à cause des révolutions qui bouleversent cette République. Merci pour votre lettre et
pour les 25 exemplaires du Jour du
^qneur que j’ai distribués aux famiL
les vandoises de celle colonie, le
vous serais bien obligé si vous aviez
la bonté de m’envoyer une douzaine
de catéchismes récemment adoptés
dans l’Eglise VaudoiseDans; cette colonie les" chosqs vont
à peu près [comme dans toiites les
autres de cette importante région
de la Plata; chaque colon aspire à
s’enrichir, et se tracasse journellement pour arriver à vivre à son
aise. Mais il ntest pas facile, même
ici, de trouver la toison d’or quoi
que la plupart des colons se trouvent
dans une certaine aisance quant aux
choses matérielles. Les dix-huit ou
vingt familles vaudoises qui composent cette colonie possèdent plus de
2000 bêles à cornes {bestie bovine).
Il n’y a que deux ou trois, familles
3ui ayent de la peine à nouer les
eux bouts ; mais les autres viennent
à leur secours en quelque raesuroL’état moral laisse beaucoup à désirer. Pauvre Israël du désert, et non
pas Israël des Alpes! Il se laisse
devancer par les habitants de. la Micronésie nouvellénieht convertis au chris-'
tianisme. La vie indépendante du
Gauchos piait beaucoup à la nouvelle
génératîoh des deux sexes, Est-ce
influence atmosphérique, pu est-ce
autre chose?...
Nous avons bien une école de la
semaine, mais elle n’est fréquentée
que par Î5 élèves et quelque fois
vingt. Le culte que nous avons tous
les dimanches est fréquenté assez
régulièrement par tous no.s Vaudois.
Nous avons aussi une école du dimanche,- mais elle ne peut jeter de
profondes racines soit à cause des
grandes distances que les élèves doivent parcourir, soit à cause du peu
d’énergie de quelques parents qui
donnent plus de soin à leurs veaux
qu’à leurs enfants.
Nous avons aussi à notre portée
un temple desservi par un pasteur
anglican arrivé il y quelques semaines seulement; mais comme «ous ne
comprenons pas l’anglais, nous ne
pouvons guère profiter de ce moyen
d’édification.
W mai issi.
Mon cher Directeur,
Ce n’est proprement pas la saison
dans laquelle Phabilant dos campagnes ail beaucoup de loisir pour
écrire, ni môme pour lirq. Si en
hiver je prends volontiers les plus
5
-109.
gros volumes à notre bibliothèque
paroissiale, au print6mps je choisis
les petits et pendant l’été il m’arrive
même de n’en demander d’aucune
espèce. Mais quand on est parvenu
à un certain âge, on trouve les longs
jours beaucoup trop longs pour être
consacrés tout entiers au travail des
champs. On se repose volontiers de
temps à autre et l’on pense à toutes
sortes de choses. Si l’on a le bonheur
d’être un disciple du Sauveur, on
repasse quelqu’une des leçons qu’on
a apprises de lui. Instruit par l’expérience, on sait que ces leçons ne
s’apprennent pas toutes seules, comme nous disons, et que quand on
croit les avoir bien apprises, c’est
précisément alors qu’on risque le
plus de les oublier.
_ Je pense qu’il en est de cette école
là et des choses qu’on y apprend,
comme de toutes les écoles; les leçons qu’on apprend' avec le plus de
peine sont précisément les plus utiles
et les plus salutaires. C’est aiinsi que
j’ai toujours trouvé horriblement aifficile de pratiquer le pardon des
injures, la bénédiction en réponse â
la malédiction. Faire du bien à qui
m’a fait du mal est comparativement
facile; mais prier de cœur et avec une
tendre compassion pour quelqu’un qui
ne me témoigne que de la haîne et
qui me tuerait s’il le pouvait, c’est,
je le confesse franchement, Un exercice infiniment plus pénible que l’exercice militaire que m’enseignait autrefois un grossier caporal, à force
jurons et coups de crosse dans 3e
nos. Je me suis quelque fois surpris
à demander à Bieu pour un méchant
non pas simplement sa conversion,
mais surtout un rude châtiment qui
lui apprît à ne plus me poursuivre
de sa haine.
En y réfléchissant Un peu, je me
suis bien vite persuadé que ce n’était
pas là une prière agréable à Dieu
et qui pût être utile à mon prochain.
Mais aussi comment peut-on aimer
les méchants avant, qu’ils aient été
rendus bons ? Et pourtant la parole
du Sauveur est aussi claire que possible.' î Si vous n’aimez oue ceux
» qui vous aiment, que
« d’extraordinaire? » Quel pauvre
écolier je suis jusqu’à aujourd’hui,
malgré mes cheveux qui commeneenl.
à grisonner! Allons, je repasserai
ma leçon jusqu’à ce que je fa sache
par cœur, ou par le cœur, car je
voudrais être miséricordieux comme
l’est mon Père céleste, et exercer la
miséricorde, sentant combien j’en ai
moi-même chaque jour besoin.
C’est la première fois que je vous
parle de ces choses pour le Témoin,
— Mais vous avez voulu avoir une
lettre et je n’ai pas eu assez de
temps pour écrire sur quelqu’autre
sujet.
Yoire loiijours dévemé
Jacques.
que
faites-vous
Une sâiisÎacUnn <]ii Témom.
’ Nous avons beau être un journal
essentiellement religieux, organe indépendant d’une église qui ne l’est
pas moins, jamais nous n’avons réussi
à nous désintéresser de la marche des
alfaires de ce monde , aussi no l’avons
jamais sérieusement voulu.
Nous avons donc pris en silence
noti’e petite part des humiliations
que l’Italie a, dès longtemps, subies,
avec ou sans sa faute, mais spécialement dans ces derniers mois de la
part de la presse française et du gouvernement républicain que ce pays
s’est donné. Nous nous sommes demanaé
plus d’une fois quel démon poussait
la France à creuser jour après jour
entr’elle et l’Ilalie un abîme que rien
désormais ne pourrait combler. Enfin nous avons respiré joyeusement
en lisant dans Y Indépendant de Nice,
nouvellement né, auquel nous demandons à Dieu d’accorder longue
vie et succès croissant, le petit article
ei-aprés que nous lui empruntons,
persuadés de faire une chose trèsagréable à nos lecteurs vaudois . et
italiens.
Pas de brouille avec IItalie.
Ne nous fâchons pas contre Fitalie ;
ne soyons pas émus de la mauvaise
6
.170-
humeur qu’elle montre au sujet de
Tunis.
Après tout, nous n’avions pas plus
de droits qu’elle sur la Tunisie. Elle
avait envie autant que nous, d’y établir sa prépondérance. Personne ne
peut lui en faire un crime. Que si
cette prépondérance qui finira par
tourner à l’annexion, nous était plus
utile à cause de voisinage, elle aurait été plus agréable à l’Italie, désireuse de posséder un pied à terre
en Afrique. Des circonstances imprévues, fâcheuses en elles-mêmes, heureuses dans leurs résultats, nous ont
fait arriver les ^premiers. Ce serait
être trop exigeant que de demander
à l’Italie de s’en réjouir.
Il est vrai qu’on rappelle à ce propos la reconnaissance qu’elle nous
doit. Nous trouvons, pour notre
part, qu’on s’en souvient trop en
France. C’est le tncillcur moyen de
la faire oublier à nos voisins. Au surplus s’il est difficile d’exagérer les services que nous avons rendus à l’Italie,
on ne doit pas oublier de quelles
liuiniLiations l’empire les a assaisonnés
vingt ans durant, et de quels prix
ils ont été payés.
Laissons donc là ces comptes de
doit et avoir impossibles à établir.
L’Italie est une nation sœur, une
voisine, une amie. Elle est aussi une
égale, sinon par le nombre et la richesse , du moins par la noblesse
des aspirations libérales et l’amour
du progrès. Si ses frementi crient
contre nous, laissons-les crier, sans
répondre autrement que par le témoignage de notre estime et de notre
amitié.
Donner Ions les dimanches
Entre tous les systèmes de collecte,
je crois que le meilleur est celui que
nous recommande l’apôtre Paul dans
sa première épître aux Corinthiens
(xvi. I, 9). « A l’égard de la collecte
» qui se fait pour les saints, usez-en
» ue la maniéré que je l’ai ordonné
» dans les églises de Galatie, c’est
»que chaque premier jour 'de la se» maine, chacun de vous mette à part
B chez soi et rassemble ce qu’il pourra,
» selon sa prospérité, afin qu’on n’at» tende pas que je sois arrivé pour
» faire les collectes. »
Donner en une fois une somme,
petite ou grande qu’elle soit, c’est
souvent se défaire en une fois d’un
devoir dont nous devrions nous acquitter régulièrement et périodiquement.
C’est dans plus d’un cas renvoyer à
l’année prochaine, à pareille époque ,
l’accomplissement d’une devoir qui
devrait être constamment présent à
notre pensée.
Puisqu’il s’agit de donner périodiquement, et a un jour déterminé
de la semaine, pourquoi ne choisirions-nous pas le jour indiqué par
la Parole de Dieu, savoir le dimanche? Les collectes faites chaque dimanche ne sont pas une innovation
établie par le pasteur, mais un devoir que nous impose la Parole du
Seigneur. Si ce devoir a été négligé
dans le passé , nous ne faisons que
revenir à ce qui aurait dû être pratiqué constamment dans les limites
du possible.
Donner chaque premier jour de la
semaine une petite somme est plus
facile que de donner une forte somme
chaque année. Et d’autre part tous
ces dons hebdomadaires additionnés
ensemble formeraient de jolies sommes à la fin de l’année. Si nous exceptons les indigents, qui ne pourrait,
.sans se gêner le moins du monde,
donner un sou par semaine? Cela
ferait fr. 2,60 par an pour chacun et
n’empêcherait personne de faire bien
ses affaires. Qu’ils seraient plus considérables les chiffres annuels des collectes de chimue paroisse, si chaque
membre de l’Eglise adoptait le système
de St. Paul et donnait chaque semaine
selon la prospérité que Dieu lui aurait accordée!
Nous rappelons avec plaisir une
pauvre fille qui gâgnait péniblement
sa vie en portant l’eau de la fontaine
à quelques familles et qui donnait
« de sa disette » un sou par semaine
pour l’évangélisation. Elle est main-
7
tenant dans l’éternité, mais son exemple est là. Puisse-t-il être suivi par
chacun, pour son propre avantage!
car il y a plus de honlieur à donner
qu’à recevoir. {Actes xx. 35).
.171.
Uu appel.
Dans un pays qu’il n’est pas nécessaire de nommer, se trouve une ville
remarquable par la méchanceté de
ses habitants. Des efforts ont été
faits à plusieurs reprises pour amener
celte population à l’obéissance de Jésus Christ; et dernièrement encore
des réunions y ont été tenues. Quelques âmes furent touchées, entr’auIres celle d’un pauvre ilietlré, qui en
sortant un soir de la réunion était
particulièrement impi’essionné. Ce jeune hpmmo se mit à parcourir la ville,
et allant d’une maison à l’autre il
entrait sans frapper, et répétait d’un
ton solennel, et d’une voix de stentor;
— Que fet'ez vous quand la fin viendra ?
11 ne disait pas autre chose, mais
parcourant les rues, et entrant dans
les habitations, il criait à chacun de
ceux qu’il y rencontrait:
— Que ferez vous quand la fin
viendra ?
Ces paroles entraient dans le cœur
comme des flèches ; le peuple se souvint de son Dieu; et la ville fut en
émoi et un grand réveil s’en suivit.
Pensées.
A peine si deux personnes suivent
la même route pour aller à la perdition ; mais il n’y *a qu’un chemin
pour aller au ciel. Je suis le chemin,
a dit Jésus-Christ.
Bien que le Seigneur ait promis
de ne jamais se ressouvenir des péchés
du fidèle pour le condamner; néanmoins le fidèle se les rappelera tou' jours lui-même pour s’en humilier.
Qui veut goûter les consolations
de l’Esprit, doit craindre, par dessus
tout d’offenser cet hôte céleste ou
d’éteindre ses saintes aspirations. Le
chrétien qui se réjouit le plus dans
le Seigneur, est celui qui se tient le
plus humblement et le plus étroitement uni avec son Dieu,
Les joies cjui viennent de Dieu,
sont constamment unies à un esprit
d’adoration et de louange.
La fausse joie rend négligent à
s’approcher de Dieu.
Sir Richard Hill.
îRcwuc
Mtniie. — La crise ministérielle
continue. Sella chargé de former la
nouvelle administration, y a peiné
pendant toute une semaine sans y
réussir. Son but en acceptant son
mandat et en poursuivant fa réalisation a été du premier au dernier jour
de faire un ministère de conciliation
composé de membres de la droite
modérée, du eentre et de la gauche,
et par là même de se mettre à la tête
d’un grand parti national qui fût au
dessus de tous les petits groupes. Cette
grande idée vraiment digne de Sella
et de son patriotisme est malheureusement restée à l’état d’un simple
projet. — Les divers groupes de
la gauche , à l’ouïe de l’appel de
Sella auprès du roi, et du mandat
qui lui avait été conféré de former
le ministère, se sont réunis, et divisés
entre eux, ils se sont trouvés d’accord
pour empêcher Sella de réussir dans
son dessein; tous les membres de la
gauche et du centre se sont engagés
à ne pas transiger avec lui. Périsse
la patrie pourvu gue. le parti soit
sauvé ! Telle parait-être la devise
des soi-disant représentants de la nation. Ainsi la gauche désunie, qui
n’a pas soutenu les ministères issus
de son sein, a été et est numériquement assez forte pour empêcher que
la droite arrive au pouvoir, et qu’un
parti national se forme. Sella a dû
résigner son mandat. Alors le roi a
conféré avec plusieurs hommes politiques plus en renom q^ui lui ont désigné Mancini comme cmef du ministère de gauche. Mais Mancini, à qui
l’opinion publique était peu favorable,
8
^172»
ayant refusé, paraît-il, le roi Humbert
a appelé Farini qui lui aussi, et pour
la troisième ou la quatrième fois, a
fait il gran rifmto. Est-ce pour des
raisons de santé, mais la présidence
de la Chambre n’esf pas une sinécure.
Est-ce par modestie? Nous ne le savons.
Dans tous les cas, il nous semblé
que ne voulant pas accepter la responsabilité du Gouvernement, il devrait moins peser en faveur de la
gauche par ses conseils et même devrait laisser à un autre le poste très
en vue de président de la Chambre.
Farini ayant refusé, le roi a de nouveau chargé l’inévitable Déprétis de
lui former une adminisation. Nous
en sommes là. — En attendant les
affaires marchent comme elles peuvent. Pendant que Sella travaillait à
s’acquitter de son mandat, des démonstrations hostiles étaient faites
contre lui et contre la droite à Milan,
à Gênes, à Naples et ailleurs. Turin,
Florence, Rome ont eu assez de patriotisme pour ne pas s’associer à
ces polissonneries provoquées par une
certaine presse. A Rome il y a eu un
essai manqué comme aussi à'Palerme.
ftviMee. — Le corps législatif a
voté, en suite d'un discours de Gambetta, qui a empoi’té la pièce, le scrutin de liste.
AngteSerwe. — Le ministère
Gladstone a remMrté une victoire
importante à la Chambre des Communes (^ui, à une forte majorité, a
approuve la loi territoriale pour Tïrlande.
Rwsie. — Les Juifs sont dépouillés
et massacrés dans plusieurs provinces
du midi.
AVIS. .
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Madeleine, Lausanne.
Ernest Robert, Gérant et Administrateur
pignerol, lmp. Chiônlore et Mascarelti.