1
septième année.
Pî . 3X.
S Août 16V9.
L'ECHO DES VALLÉES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée anx intérêts matériels et spiritnels
de la Famille Yandoise.
Que toutes les choses qui sont véritables......ooou|ient
vos pensées ~ ( Philippiens.» IV. 8.)
PRIX D ABONNEMCIIT
Italie, à domicile ('vn an) Kr. 3
Suisse................* 5
France...............»6
Allemagne d
Angleterre , Pays-Bas . » .8
ün ntiméyo séparé ; 5 cent.
Un numéro arriéré : 10 cent.
i BUREAU! D ABONNEMENT
I Torrb-Peixicr : Via Maestra,
^ N.42, (Agenzia bibliografica)
5 PiONERoL : J. Chlaniore Impr.
\ Torin rro«, via Lagrange
^ près le N. 22.
> Fr.ORBNCE : Librerìa Evanges lica. via de'Paneani.
ANNON^'ES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco^ S*t'
dresser pour radministration
au Bureau à Torr.e-PelHcet
via Maestra N. 42 — pour la
rédaction : â Mr. E. Malan
Prof * h Torre-Pelice.
Sommaire.
Le SyDoile de l’église réformée de France.
— Un mot d’un Instituteur Suisse au sujet de l'instructiou obligatoire en Italie. —
Une promenade à travers Pompéi. — iVouceifes religieuses. — Faits divers. — Chronique vaudoise. — Chronique politique.
LE SYNODE DE L'EGLISE RÉFORMÉE
de France.
Maintenant que le Synode de
Paris a clos sa première session,
il nous est possible de porter un
jugement sur l’ensemble de ses
travaux. Mais, nous diront sans
doute plusieurs de nos lecteurs:
pourquoi nous entretenir si souvent des Assemblées d'une Eglise
étrangère? Ce Synode a pour nous
le plus grand intérêt pareeque, si
nous y regardons de près, il n’v
a pas d’Eglise évangélique qui ait
autant de points de contact avec
la nôtre que l’Eglise réformée de
France. Dans les temps qui ont
précédé la Réformation, les Vaudois de ce côté des Alpes, distincts
de nationnalité, appartenaient à la
même Eglise que ceux de l’autre
versant; ils eurent la même origine religieuse, la même histoire,
les mêmes souffrances, les mêmes
persécutions, souvent les mêmes
pasteurs. — Depuis la réformation
que de rapports encore entre l’Eglise réformée de France et l’Eglise Vaudoise! C’est la même doctrine, le même culte, les mêmes
persécutions; les mêmes psaujpes
sont chantés dans les assemblées
religieuses; et jusqu’au commencement de ce siècle c’est le même
sort, seulement l’Eglise reformée
de France, pluscruellementatteinte
par la révocation de l’édit de Nantes, était, sous le nom d’Eglises du
désert, beaucoup plus sous la croix
encore que la petite Eglise Vaudoise , amoindrie et réduite aux
deux Vallées de Luserne et de
Saint Martin.
Depuis le commencement de ce
siècle, grâce au concordat imposé
par Napoléon F, l’Eglise réformée
de France, existe comme église
réformée nationale; mais elle a
perdu son'indépendance, son au-
2
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tonomie; ses synodes lui étaient
bien promis, mais la promesse n’a
pas été tenue; cet état d’esclavage
que nous n’appellerons pas doré,
mais qui procurait à l’Eglise réformée certains privilèges matériels , au préjudice de plusieurs
avantages spirituels, a été cause
de l’invasion du rationalismè, décoré de nos jours du beau nom de
libéralisme, dans le sein de cette
église désarmée , sans confession
de foi, sans synode général, sans
autorité administrative supérieure,
excepté celle de l’Etat, ou du ministre des cultes , personnage politique, catholique, indifférent ou
incrédule. — Les Vaudois ont été
eux-mêmes aussi associés pendant
quelques années à ce régime triste
pour une Eglise, et ce n’est pas une
des époques les moins malheureuses de notre histoire, au point de
vue spirituel. La Restauration en
nous privant des avantages matériels , civils et politiques dont
nous jouissions sous l’Empire de
Napoléon , nous a rendu notre
liberté spirituelle; et l’Eglise Vaudoise a dès lors vécu de nouveau
d’une vie propre, bien faible sans
doute dans le commencement.
Dès ce moment. il n’y a plus
eu de rapports fréquents entre
notre Eglise et l’Eglise nationale
de France, non seulement parceque nous sommes italiens de ce
côté des .41pes et que nos frères
de France sont français ; il n’en
était pas autrement dans les siècles
précédents, mais parceque l’Eglise
réformée de France étant une Eglise nationale et sans synodes ,
ne pouvait plus, comme telle, entrer dans des relations officielles
avec d’autres Eglises soeurs. —
Maintenant le synode constituant,
rendant à l’ancienne Eglise réformée de France sa confqgsion. de
foi, sa constitution presbytérienne
et synodale, il est naturel que de
nouvelles relations fraternelles s’établissent entre des Eglises qui
ont eu et qui ont encore tant de
points de ressemblance. De là le
vif intérêt que nous portons à ce
synode et le vœu ardent qu’il porte
tous les bons fruits qu’il a fait
espérer. f A suivre ).
Uu mol d'uD Insliluleor Suisse
au sujet de riuslruclion obligatoire
eu Italie.
Ayant été maître d’école d’abord en
Suisse , ensuite en Italie , j’ai pu faire ,
mieu.v que bien d’autres peut-être, certaines observations relatives à l’obligation
ou à la non-obligation de l’instruction
élémentaire, et j’ai éprouvé plus d’une
fois le désir d’exprimer publiquement ma
pensée à ce sujet ; je ne l’ai pas fait, parceque je n’ai ni autorité ni renommée,
et aussi parce qu’il me paraît que l’on
fait en Italie fort peu de cas des observations de cette nature ; même ceux qui
devraient avoir le plus à cœur le progrès
et spécialement les améliorations dans les
choses qui regardent l’école, savoir les
maîtres d’école, ne s’y intéressent parfois
que fort médiocrément.
Mais maintenant qu’un Allemand distingué a attiré de ce côté l’attention en
Italie par le moyen des journaux, je m’enhardis aussi à dire quelques mots ; si mes
paroles doivent se perdre dans le vide,
j’aurai au moins obéi à ma conscience.
Je pense qu’on ne peut mieux saisir les
conséquences de l’obligation de l’instruction qu’en comparant les deux cas par le
moyen d’exemples tirés de la pratique.
J’ai dirigé, il y a quelques années, une
école dans le canton des Grisons, dans
un village si élevé, qu’il ne s’y trouve
3
-343
plus d’arbres fruitiers et oü la neige s’accumule en hiver à la hauteur de plus
d’un mètre, avec un froid dont on ne
peut en Italie se faire une idée. Malgré
cela, et quoique la plupart des enfants
eussent à faire un quart d’heure, une
demi heure et une heure même de chemin, par des sentiers affreux, cependant
ils manquaient rarement à l’école. Les
leçons commençaient à huit heures du
matin, toutefois les arrivés tardives étaient
très rares. midi presque tous les enfants restaient à l'école pareeque leurs
maisons étaient trop éloignées pour qu’ils
pussent s’y rendre. Ils ne retournaient
donc chez eux qu’après la clôture de l’école (à quatre heures), et ne rentraient
ainsi dans la famille que vers cinq heures, lorsque sur ces hautes montagnes,
c'était déjà nuit. — Ce sont là les effets
de l’iusiruction obligatoire. Voyons quels
sont les efl'ets de l’instruction non obligatoire.
.l’ai ensuite dirigé pemlant deux ans et
demi une école à Catane dans ce climat
si doux et sous ce ciel presque toujours
serein , mais là , y avait-il la fête de quelque saint, ou tombait-il par hasard quelques gouttes de plu'e, ou bien encore un
enfant se croyait-il atteint de quelque
bobo? c’était [assez pour ne plus se rendre à l’école. Je voulais commencer les
leçons à huit heures, du moins pendant
l’été, mais c’était impossible ; à huit heures il n’y avait qu’un ou deux élèves,
les autres arrivaient par intervalles jus<)u'à neuf heures. — Il fallait reprendre
da capo la leçon déjà commencée, pareeque plus de la moitié des écoliers ii’avaient pas entendu le commencement
et, à la fin découragé de devoir perdre
le temps inutilement, il fallut bien se résoudre à ne commencer qu’à neuf heures. J’ai vu la même chose se passer
dans l’école de M. Garnier à Florence,
Pt si l’on questionnait là dessus les maîtres d’école ils feraient tous la même
réponse.
Figurez-vous, chers lecteurs, quelle satisfaction nous pouvons éprouver , nous
maîtres d’école, de voir chaque jour une
bonne partie de notre travail perdu et d’être obligé toujours de répéter ce qui a été
di t déjà,et d'entendre le lendemain à l’heure
de la récitation les nombreuses excuses,
tefles que ; je n’y étais pas... je n’ai pas
entendu cela, etc. et tout cela'.à cause des
absences et des arrivées tardives. Avec
cela, on exige que les écoliers fassent.de
bons examens', autrement c’est le maître
qui est en faute. Les conséquences qui
résultent du fait d’aller à l’école ou d’y
manquer et d’y arriver à uue heure quelconque suivant le caprice de chacun, ne
sontjpas seulement pernicieuses aux,progrès de l’inslruction en particulier ; elles
sont funestes à la formation du caractère
de l’écolier et s’étendent sur sa vie entière. Car lorsqu’uu enfant n’a pas appris
à accomplir son devoir dans l’école, il
l’accomplira difficilement dans la suite,
comme père de famille, ou comme citoyen et soldat. — Ne croyez-vous pas,
chers lecteurs, que ces enfants des Grisous qui vont à l’école, malgré la neige
et un froid de 10 à 15 degrés, seront un
jour des hommes ou des femmes animés
d'une fermeté de résolution et d’un sentiment du devoir auquel n’atteindront jamais ces paresseux enfants de Catane et
de Florence qui ne vont plus à l’école,
pareequ’ils ont aperçu trois nuages obscurs. Fît l’on trouve encore en Italie des
pédagogues qui s’élèvent contre l’instruction obligatoire. M. Carbonati, parexemple,
dans son livre ; Elementi di pedagogia e
Didattica dit; Infatti, malgrado un lus,so
sorerchio di pene, dice l'egregio scrittore
Girolamo Boccardo , il sistema dell’ istruzione obbligatoria non ha potuto mantenersi in Francia, il che prova una volta
di più che inutili e vane sono le leggi,
quando non le preparano e non le assecondano i costumi. — Donc, parcequ’en
France on n’a pas encore pu introduire
l’istruction obligatoire , on ne devra pas
non plus l’introduire en Italie ! Il faudra
prendre la France pour modèle. Alors
adieu l’éducation en Italie ! Si un aveugle
conduit un autre aveugle, ils tomberont
tous deux dans la fosse.
J’espère toutefois que depuis que la dernière guerre à montré la supériorité physique, et intellectuelle du soldat allemand
à cause de l’éducation qu’il a reçue, ce
ne sera plus la France qu’on voudra preu-
4
dre pour modèle en fait d’instrucitSon et
d’éducation , mais bien plutôt rAllemàgne.
Or, en Allemagne l'inslruction est obligàtoir partout, et si en Italie on n’en fait
autant, jamais le peuple italien ne sera
un peuple instruit. Car avant que les habitants des campagnes et les classes ouvrières des villes comprennent la nècèssilé
d’envoyer leurs enfants à l’école sans y
être obligés, il y faudra au moins deux
siècles encore. Evangélique moi même et
m’adressant à des évangéliques, je dirai
quelque chose du devoir de l'Eglise envers l’école qui est son auxiliaire indispensable. Le premier devoir de l’Eglise est
d’organiser une école évangélique dans
chaque station d’évangélisation de quelque
importance, et de la fournir de tout le
matériel nécessaire et de lui donner un
maître tel que cette école soit supérieure
à toute autre écolo élémentaire de la localité. Il vaut mieux n’avoir point d’école
que d’en avoir une négligée et mal dirigéji.
Au lieu d’avoir 50 écoles évangéliques,
il vaudrait mieux n’en avoir que ?5, mais
fournies et entretenues comme le sont tes
écoles au de là des Alpes pour ce qüi
regarde les locaux et l’ameublement les
moyens d’instruction et le maître d’école
lui-même.
2’ Comme c’est un droit inaliénable pour
tout enfant d’être envoyé à l’école et un
devoir évident pour tout père de famille
de l’y envoyer; je proposerais, que dans
les Eglises évangéliques d’Italie on n’admît
comme membre aucun père de famille qui
ne preuderàil l’engagement d’envoyer ses
énfants à l’école évangélique (si du moins
il en existe une ) de l’âge de 6 ans à celui
de 12. On me répondra qu’il est impossible,
d’exiger cela do l’Eglise évangélique. Je
soutiens pourlaiit que cela est possible.
Si l’Eglise exige (et elle ne peut faire autrement) {jiie ses membres vivent chrétiennement, le devoir d’envoyer les enfants à l’école est déjà renfermé dans celte
exigence, car vivre chrétiennement pour
un père de famille, cela veut aussi dire
bien élever ses enfants, comme dit S' Paul
1 Tiw. 5 , 8. L’Eglise évangélique en demandant cela, ne fait rien de nouveau,
ni d’incoovenànt, mais applique simplemeat, comme dite l’entond, l’expression
« vivte chrétiennement D’ûn autre'fcMè
il est également possible à un père de famille, quand il le veut, d’envoyer ses enfants à l’école de lèor 6' à leur 12' année.
Si cela est possible en Suissb et en Allemagne, pourquoi serait-ce impossible en
ItalieTJ’ai connu des pères aussi pauvres
qu’il est possible de l’êire et qui cependant
ont envoyé leurs enfants à l’école pendant
ce laps de temps. Pour l’Italie l'envoi régulier des enfants à l’école est seulement
une chose nouvelle, mais nullement impossible.
3” Partoutob existe un école évangélique,
il devrait y avoir aussi un conseil scolaire
dont le pasteur serait le président et qui
aurait pour attributions de visiter l’école,
d’en favoriser les progrès et d’encourager
les maîtres.
J’aurais aimé m’étendre beaucoup plus
sur ce sujet qui me tient fort à cœur,
mais la place qu’on veut bien me céder
ne me le permet pas. Suivant l’accueil
qui me sera fait je reviendrai ou non à
la charge. Eu attendant je fais appel à
tous les maîtres, les pasteurs, les évangélistes, pour qu’ils se préoccupent sérieusement des conditions de l’école, car
c’est une nécessité. Je remercie, pour ma
part, M’ E. G. pour les articles qu’il a fait
paraître dans cette feuille sur l’éducation.
Puissent plusieurs’ autres l’imiter sans
retard. Ne l’oublions pas et répètons-le
souvent: l’avenir d’un peuple (et nous
ajoutons l’avenir d’une Eglise ) est sur les
bancs de l’école.
J. A. Ruggle.
lue promenade à travers Pompei
('Suite V. N. 24 J
J’en étais là de mes réflexions. lorsque
je me trouvai sur le trottoir d’une maison
à deux étages: mon guide, interrogé,
m’apprend que je suis devant la maison
de Monsieur Arrius Diomede.s, une maison
de campagne, s’il vous plaît, ce qui, par
la chaleur qu’il fait dans la rue des tombeaux, n’est point chose à dédaigner.
Lecteurs, entrez sans façon et prenez
la peine de vous asseoir, pendant qne
5
votre cicérone dévoué, s’en va prendre
un croquis du lieu. Vous n’avez pas manqué d’observer que nous sommes entrés
par des marches revêtues de marbre et
qu’avant de trouver une chaise à vous
offrir, j’ai dû longuement la chercher
dans un labyrinthe de 14 colonnes; à
droite de l’atrium, oîi je vons ai introduits,
—, de nos jours on dirait l’antichambre,
— se trouvent les salles des esclaves, à
gauche l’appartement du bain , au milieu
Vimplumum, où l’on recevait les eaux de
pluie; dans le fond, un jardin.
La cave, qui se trouve au dessous de la
cour intérieure, est encore garnie de petites
amphores qui, comme pittoresque, font
peut-être meilleur effet que nos tonneaux,
mais qui ont l’inconvenieut d’être beaucoup plus petites, et j’cn sais qui les regarderaient, de ce chef, avec le plus dédaigneux mépris. On a trouvé, non loin
de lé, dix-huit squelettes formant un groupe
qui évidemment cherchait à prendre la
clef des champs, mais qui n’a pas su la
trouver, tandis que d’autres, plus heureux, ou plus sages, réussirent, les experts en sont maintenant convaincus, à
tirer du feu non seulement leurs personnes',
mais aussi leurs épingles; ce qui explique
pourquoi l’on a trouvé à Pompe! si peu
d’objets précieux, les habitants ayant assez
peu de délicatesse pour réunir leur avoir,
sans le moins du monde songer à la
postérité.
Mais revenons à notre premier étage
qui se divisait en deux appartements, l’un
disposé autour de l’atrium, l’autre donnant
sur le jardin et formé d’une belle salle
de compagnie [exedra], de quelques cabinets ou salles à coucher, d’une belle
galerie couverte, d’une grande salle commune appelée œcus, et enfin de plusieurs
terrasses ayant vue sur la mer. On devait
s’y trouver confortablement. Tout à côté,
le bain avec ses trois robinets à trois eaux
différentes: la calidaria, la tepidaria et la
frigidaria: puis le sudatqrium où les esclaves enlevaient la sueur à l’aide de
strigiles et frottaient le corps d’essences;
enfin le tepidarium, dont les parois sont
creusées pour livrer passage au calorique.
Le second étage ne diffère pas sensiblement du premier; sans nous arrêter, de
scendons en les marches quatre à quatre
et nous nous trouvons en face du mausolée
de la famille Arria, propriétaire de la
maison de campagne. Diomedès l'affranchi,
avait huit ou neuf filles et je ne sais combien de garçons, tous dormant avec lui
do l’éternel sommeil, dans un tombeau
sur lequel se lit cette épitaphe:
M ARRICS C. L. UiOMEDES
SIBI SCIS ME.MORIÆ
MAGISTER. PAG. AL'G. FELIC. SUBURB.
en mauvais français : «> A Marius .Arrius
Diomèdes, affranchi d’Arrius, maître du
bourg Augustes Félix suburbain, à sa
mémoire et à celle des siens.
Dans la foule des tombeaux, blancs ou
noirs, fails do briques ou de marbre, qui
ont donné leur nom à la rue, celui de
Scaurus se fait remarquer par sa grandeur,
ses trois marches de marbre, ses basreliefs de stuc, dont il ne reste hélas! plus
que la place et qui représentait des
luttes de gladiateurs, mausolée consacré h
transmettre à la postérité la plus reculée
la mémoire du nom des Scaurus; il nous
aurait du moins conservé bien des choses,
si les Pompéiens n’avaient eux mêmes
pris la peine de les déterrer. M. le Commandeur Fiorelli, Directeur des fouilles,
lorsqu’on déblaya ce tombeau, eut la désagréable surprise de constater qu’il avait
été déjà parfaitement fouillé et retourné.
Ces gens là ne respectaient même pas
leurs morts, que je me hâte de quitter du
reste, car, si j’ai bonne mémoire, il me
reste à parler des temples et des thermes, .
du théâtre et du forum : Faire ses dévotions, se baigner, s’amuser et se disputer,
voilà le plus clair de la vie des Pompéiens.
( à siiiere ).
Üouüciks reitigtcueeô
Le Synode de l’Eglise luthérienne de
France a dû être réuni à Paris la semaine
dernière.
üu meeting des catholiques anglais sous
la présidence du duc de Norfolk, a adopté
6
des résol 11 lions condamnaot la suppression
désordres religieux à Rome et les mesures
concernaut les jésuites en Allemagne. Cette
réunion a été tenue à Londres. .M. Manning
y a parlé avec force contre les adversaires
de la papauté.
Le soi-disant pasteur évangélique Elbani,
arrêté dans les troubles de Piazza Navona à Rome, a été pendant quelques
mois au service de l’Eglise des Baptisles
é Rome. Il fut renvoyé parceque sa conduite n'était pas droite. Il n’a cependant
jamais été considéré comme ministre écangélique, et il est à craindre qu’en se disant tel, il n’ait cédé à la tentation de
discréditer ceux qui lui ont fait du bien.
— Il n’est pas nécessaire d'être clérical,
ni d’être taxé d’aristocrate pour souhaiter
qu’ou soit prudent dans l’emploi, même
momentané de certains ouvriers dans l’œuvre du Seigneur à moins qu’on ne veuille la
faire tomber sous le poids du ridicule. Ce
n’est pas seulement à Rome, où l’on est le
plus en vue, mais aussi ailleurs, que l’on
place des ouvriers qui ne font,que compromettre ou par leur ignorance ou par
leur manque de droiture, ou par leur
grossièreté et par leur esprit de secte
borné, la sainte cause de l’Evangile.
France. — Quelques consistoires
libéraux ont déjà protesté contre les actes
du Synode. Celui de Nîmes les tient pour
non-avenus. En conséquence il a « résolu
que l’adresse du Synode aux Eglises ne
serait pas même lue du haut des chaires
de son ressort » et celui de Saint-Maixent
« proteste au nom de l’Evangile contre les
actes du Synode, répudie sa confession
de foi et refuse de la recevoir ». L’Eglise
réformée nationale de France est dans ce
moment une vraie Babel, une maison
divisée contre elle-même. Position franche,
séparation , tel devrait être le mot d’ordre
de tous les membres orthodoxes de cotte
Eglise à quelque nuance du parti évangélique qu’ils appartiennent, et même de
toutes les personnes conséquentes et honnêtes.
M. Guizot, dans la lettre qu'il a adressée
au Modétaleur du Synode de Paris, pour
lui annoncer qu’il se voyait ^obligé de
donner sa démission, à cause de la fatigue
et de son grand âge de 84 ans, dit en
terminant; « Je rends grâces à Dieu d’avoir permis que, si près du terme de ma
vie, je fusse appelé à rendre ^moignage
de mou ferme attachement à la foi chrétienne et do ma confiance dans le .synode
général do l’Eglise réformée de France ».
Maison de Santé Évangéuqde de JércSALEM. Pendant les deux dernières années,
la « Maison de Santé Evangélique » de
Jérusalem a reçu 1414 malades. De ce
nombre 922 mahométans, 12 abyssins, 4
coptes, 6 arméniens, 332 grecs, 4 juifs,
47 arabes protestants, 23 allemands, 63
catholiques, 1 moronite. En outre plus
de 400 pauvres sont allés chercher à l’hospice des conseils et des remèdes qui leur
ont élé accordés gratuitement Le nombre
des décès ne s’est élevé qu’à 46.
Société Biblique Italienne. Nous lisons
dans la correspondance de Rome de VEco
délia Verità : « Plusieurs amis de la Société Biblique se seront déjà plus d’une
fois demandé: Que fait le comité? ne
donnera-t-il pas bientôt quelque signe de
vie? A ces demandes je réponds que le
Comité a enfin pu prendre une détermination sérieuse et mettre la main à l’œuvre. L’impression des 10000 exemplaires
du Nouveau Testament aura lieu à Rome
même à la typographie Coltellini et Bassi,
qui se trouve en face de l’Eglise de Saint
Pierre et près du Vatican ». Ainsi que
nous l’avons déjà annoncé, un chrétien
américain a donné pour cet objet à la jeune
société 10000 francs et nous apprenons
avec plaisir que la Société Biblique Britannique et Etrangère a voulu y contribuer en fournissant le papier. — Nous
sommes heureux de pouvoir donner cette
nouvelle à nos lecteurs; car plus d’un
croyait déjà en effet que la Société Biblique avait passé nel nocero dei più.
Genève. M. O. Coucourde prêche chaque
dimanche ou à l’Oroioire ou à la Rive
droite, serait-il pasteur de l’Eglise libre
de Genève?
Ftspagne. — La confession de foi
de l’Eglise évangélique d’Espagne, adoptée
dans une Assemblée générale tenue en
avril dernier, renferme 23 articles sur les
7
-247
points de doctrine qui suivent: Inspiration
divine des livres canoniques de l'Ancien
et du Nouveau Testament, règle unique
et infaillible de la foi et de la morale. —
La nature de Dieu. — La création. — La
chute de l’homme. — La promesse d'un
Sauveur, accomplie en Jésus-Christ, en
qui se trouvent unies la nature divine et
la nature humaine. — La rédemption en
Jésus-Christ mort, ressuscité et glorifié.
— Le Saint-Esprit et son action sur les
âmes. — La régénération. — La justification
par la foi. — La sanctification. — L’assurance du salut en Christ. — La foi, don
de Dieu. — La foi se manifestant par les
œuvres. — La loi morale résumée dans le
décalogue. — L’Eglise visible et l’Eglise
invisible, dont Christ est le seul chef. —
L’adoration de Dieu seul et la sanctification du dimanche. — Le ministère par les
pasteurs et les diacres. — Les sacrements
en général. — Le baptême. — La Sainte
Cène. — L’immortalité do l’âme et la résurrection des corps. — Le jugement et
la vie éternelle, heureuse ou malheureuse.
L'hUtoire du Synode constUuanl de l'Eylüe réformée de France en par -M'
Eugène Bersier, est sur le point de paraître, eu un beau volume (jui eontieudra
r Une introduction histori(|ue; 2" La reproduction intégrale des discours; 3" Les
documents officicl.s et pièces justificatives
nécessaires à l’intelligence du Synode.
IVevicliHtel. — Le Synode de l’Eglise nationale de Neuchâtel, réuni le 11
juillet, s’est occupé, presque uniquement
de la grave question de l’enseignement
religieux dans les écoles et a adopté, à
cet égard, entr’autres, ce qui suit: «.A
tous les enfants qui fréquentent les écoles
du jour devront être offertes au moins
deux heures, et aux autres au moins une
heure de leçon de religion chaque semaine,
non compris les catéchismes et les leçons
du dimanche, qui continueront cà avoir
lieu comme par le passé ». On s’est aussi
préoccupé du désird’intéresser directement
les pères de famille à l'enseignement religieux de leurs enfants; en leur confiant,
par exemple, une part de surveillance
dans cet enseignement. Sans arriver à une
solution définitive, on a voté la proposition suivante : « Le Synode se réserve
J'examiner plus tard, suivant le résultat
e l'expérience, la convenance d’adjoindre
aux Collèges d’anciens., pour la surveillance de l’enseignement religieux, quelI ques membres choisis parmi les pères de
. famille qui s’intéressent à cet enseignement.
ÎHiÎB bbers
On lit dans l'Eglise libre: Voici l’étrange
calcul qu’on viioit de faire: On compte
dans certaine ville 200 cabarets par 10000
habitants. Admettons que la moyenne ne
soit <|ue de moitié, et que diaciue cabaret
produise au plus bas 20 fr. de recelle
brute, par jour. En adoptant seulement la
moitié de ce chiffre, on arrive au calcul
suivant: Eue population de 10000 âmes
dépense quotidiennement 1000 fr. au cabaret; c’est donc 3.500.000 francs par jour
pour la France entière, ou 1281 millions
par an !
Le temps pas.sé au cabaret fait perdre
à l’ouvrier une somme équivalente au
moins à la dépense qu’il [y fait, ce qui
double le total ci dessus et donne la somme réellement perdue par lui de 2 milliards 565 millions.
La pierre de tocche du Malais. — Un
capitaine do navire américain visitant
l’Indochine, logea chez un riche négociant
malais qui lui demanda s’il n’avait pas
des traités anglais à lui vendre. L’américain , ne pouvant comprendre le motif
d’une telle question, lui demanda ce qu’il
voulait en faire, puisqu’il ne pouvait pas
les lire. « Il est vrai, répondit te Malais,
(luo je no puis pas les lire; mais ils me
sont néanmois très utiles , et voici comment: Chaque fois qu’un anglais ou un
américain se présentent che/, moi pour
allaires, j’ai soin de leur offrir un de ces
petits livres; puis jo les surveille avec
soin. Si je vois (pi’ils les lisent avec attention, j’en conclus qu’ils sont sérieux
et qu’ils ne me tromperont pas; mais s’ils
les mettent de côté avec des fiaroles ilo
mépris ou do blasphème, j’en conclus que
je ne dois point avoir affaire avec -eux ,
pareequ’ils ne m’inspirent aucune confiance.
Le journalisme en Italie. Il se publie
en Italie 765 journaux, 349 politiques, 133
littéraires, 43 artistiques, 132 de commerce ou d’industrie, 69 scientifiques, 19
administratifs et 20 humoristiques, et religieuxUn petit nombre sans doute. En
èffet les journaux religieux cléricaux sont
plus politiques que religieux.
Palerme. Sur 8911 mariages du l'janvier 1866 au 31 décembre 1871, 28.39 ne
sont qu’ecclésiastiques. Il y a ainsi à Palerme 2857 familles qui ne sont pas eu
règle aux yeux do la loi et dont les enfants sont privés des droits reconnus aux
enfants nés de mariages légitimes.
8
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(¡ritrontque Slaubiobe
La Table a fait une visite pastorale régulière à Praly. — Pour cette fois, elle
aurait tort de se plaindre de manque d’intérêt et de mutisme. Sur l’invitation du
Modérateur, non seulement les membres
électeurs, mais tous les membres de la
paroisse', hommes et femmes’, qui étaient
présents au nombre de 200 à 250J, se sont
arrêtés après le culte et ont suivi la discussion qui a duré plus de deux heures,
presque jusqu’à la fin. Nous recommandons aux autres paroisses l’exemple que
nous a donné, la première, la paroisse
de Praly. — Plusieurs membres électeurs
ont pris part à la discussion avec franchise et liberté, sans que le ton ait jamais cessé d’être convenable, soit dans
le reproche, soit dans l’éloge. Ainsi les
femmes ont pu entendre les conseils pressants qui ont été adressés à elles-mêmes
comme à leurs maris sur la nécessité de
la lecture de la Bible et du culte de famille , comme aussi sur les efi'orts que
les parents doivent faire pour ne pas priver leurs enfants, comme cela a généralement lieu dans ce moment, à la montagne , et à Praly on particulier, de la
fréquenlation des trois écoles du dimanche
dont deux ont dé être suspendues, faute
d’élèves pendant que la troisième, celle
de la ville, est réduite à n’eu plus avoir
que 7 ou 8.
Chronique politique.
Rome. Les ministres se sont entendus sur les divers points de la loi pour
la suppression des corporations religieu.ses de la province de Rome et le ministre
de grâce et justice', de Falco, a été chargé d'en rédiger le projet.
— Des adresses de félicitation fort nombreuses sont parvenues au roi Victor Emmanuel et au roi d’Espagne au sujet du
danger auquel ce dernier a providentiellement échappé dans l’attentat contre sa
vie et celle de la reine.
— Dans les élections municipales, le
parti clérical est généralement battu; —
ainsi à Livourne, à Venise et ailleurs. Il
n’aurait obtenu quelques avantages par '
tiels qu’à Nola et à Gaeta. On attend avec
confiance dans le camp libéral le résultat
des élections de Naples et de Rome.
— Mgr. Hassoun, exilé de Constantinople,
est arrivé à Rome et descendu à la jpropagande, jusqu’à ce qu’on lui ait préparé
un logement dans le Vatican.
France. L’emprunt des trois milliards a été ouvert le 28 et le 29 juillet.
Quatre milliards étaient déjà souscrits à
la fin du premier jour. — Après cet emprunt , la dette de la France sera de 19
milliards, 480 millions], près d’un milliard
d’intérêts.
Espagne. — Le ministre Zorilla a
publié une circulaire au sujet des prochaines élections. Il veut qu’elles soient
absolument libres II recommande aux
fonctionnaires de ne pas y intervenir, et
leur défend de mettre l’influence du Gouvernement au service d’aucun parti. La
Chambre qui sera nommée représentera
vraiment le pays, et, si elle soutient le
Gouvernement il sera d’autant plus fort
qu’il a donné l’exemple d’une impartialité
et d’un libéralisme dont on n’avait pas d’idée en Espagne et dans bien d’autres Etats.
Russie. Il y a eu en Russie quelques tentatives en vue d’obtenir une constitution. Elles ont échoué.
Belgique. — Les jésuites expulsés
d’Allemagne se rendent en Belgique où
ils possèdent plusieurs établissements
d’instruction très renommés. Il est particulièrement question de transférer le collège qu’ils possèdent à Metz dans une
ville de la province de Liège.
Allemagne. — Le Gouvernement
poursuit son œuvre contre le jésuitisme
et le parti clérical en général. — Lord
Shaftesbury, dans un récent discours,
citait les paroles suivantes, dites par Bismark à un des amis du noble lord ;
« Croyez vous, lui demanda ce dernier,
que pour l’Europe le danger vienne de la
France? Non. De la Russie? Non. De l’Allemagne? Non. Le danger pour l’Europe
vient de l’audace et des progrès du parti
ultramontain.
Le comte Audrassy chancelier de l’Empire d’Autriche ne paraît pas être de l’avis de Bismark sur ce point. Il croit que
le mouvement clérical n’est pas si dangereux et surtout ne mérite pas l'importance qu’on lui donne dans l’Empire
d’Allemagne. On ne doit pas, a dit Andrassy, tirer des coups de canons contre
les moineaux, et ce mot du comte a fait
fortune en Autriche. Cependant il semble
à plusieurs feuilles libérales que c’est un
optimisme périlleux que de l’appliquer,
dans le cas actuel, au parti clérical.
France. M. Guéroult qui a fondé
VOpinion nationale, dont il était le rédacteur vient de mourir à Vichy à l’âge de
62 ans. Il laisse de nombreux amis en
Italie, où sa mémoire sera toujours ho*
norée. Son nom mérite d’être signalé à
la reconoais.sanco des italiens dont il a
défendu constamment, dans .sou journal,
les droits et les libertés.
E. Malan Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Chiantore.