1
Cumpte-courant avec la Poste
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Italie.............. L, 3
Tous les pays de TUnion
de poste . . . . . . • » 6
Amérique du Sud . . 9
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Au bureau d’Adininislration;
Chez MM. les Pasteurs ;
Chez M, Ernest Robert (Pignerol)
et à l’imprimerie Alpina à
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et se paie d’avance.
Année XVlll. N. 44.
27 Octobre 1892.
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le tirage, 10 centimes chacun.
Annonces: *20 centimes par ligne
pour une seule fois — 15 centimes de 2 à 5 fois et 10 centimes pour 6 foie et au dessus
S’adresser pour la KcdacUon AM,
le Past, H. Mfsîlle, Torre Pellice
et pour l’AdniliiLsiratiou à M
Elisée Coslabol, TorrePelHcc,
Tout changement d’adresse est
payé 0.25 centimes.
LE TEMOIN
ÉCHO HES VALLEES VAUHOÏSES
Paraissant chaque Jeudi
Vous me sBiez témoins. Act. 1,8 Suivant la vérité avec la charité. Bph. IV, 15, Que ton règne vieuae. iSaUli. Vl,10
K » m m a ire:
L’avenir de nos jeunes filles — XIX® Assemblée Générale de l’Eglise Libre —
Missipns — Congrès de l’Egliso Anglicane — Chronique Vaudoise — Revue Politique — Avis.
L’avenir de nés ieaaes filles
Je ne veux pas parler ici de la
popululton rurale, mais de celle
pai'tie de noire jeunesse féminine
qui a entrepris la carrière des éludes. Prise à ce point de vue, la
question se rattache forcément à
celle de l’Ecole Supérieure de jeunes filles, qui, depuis deux ans
conséeülifs, attire sur elle ralletition de notre Synode. En face
de la diminution croissante d’élèves
dans cet établissement, on s’est demandé, avec autant de raison que
d’anxiété: Est-ce qu’il ne répond
plus aux be.soins du moment, ou
bien n’offre-t-il pas assez d’issues à
celles de nos jeunes ^ filles (|ui le
fi'é<|uenlent dans l’espoir de s'a.ssurer une position dans la vie? Tel
qu’il avait été fondé par le Général
Beckwith et dans la pensée de ce
bienfaiteur , le Pensionnat devait
av.jir un but bien plus éducatif
qu’utilitaire : fournir aux Vaudois
les moyens de donner chez eux h
leurs enfants l’instruction .secondaire
que l’on devait aller ehei'cherà l’étranger... quand on en avait les moyens. Cela permettait aussi aux
jeunes filles qui avaient pour cela
une vocation spéciale, de se préparer à occuper à l’étranger ou
en Italie la place d’institutrice ou
de maîtresse d’école, au lieu de
rentrer dans leur famille.
C’était le moment où, par l’intermédiaire d'hommes tels que
Gilly, Beck'with, Gutlirie et Robertson, riiitérél public commençait
à s’éveiller en faveur des Vaudois,
et il était lout naturel que des portes s’ouvrissent en Ecosse et en Ir-.
lande pour les jeunes filles munies
de leur brevêl de la Table, dont on
n’exigeait, en dehors d'une culture
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iDoyemi'j, que renseignement du
français, et {[ui étaient traitées,
dans ces familles, comme des amies
plus encore qiie comme des institutrices. La Hollande ne tarda pas
à se peupler de la même manière:
puis, les besoins de l’Evangélisation
se faisant plus pressants de jour en
jour, non seulement notre Eglise
mais encore d’autres dénominations
s’estimèrent heureuses de prendre
dans notre pépinière de la Tour des
plantes vigoureuses pour les transplanter dans les terrains où devait
s’initier le mouvement scolaire évangélique italien.
Plus de quarante ans se sont écoulés depuis lors: qu’est-il arrivé?
De nos jours on est devenu beaucoup plus difficiles en fait d’institutrices à l’étranger. Il faut pouvoir
enseigner la musique, posséder deux
ou trois langues, l’usage du monde,
des brevets supérieurs et que saisje encore? Faudra-t-il donc changer
le programme et la tendance de
l’Ecole, y introduire de nouvelles
branches d’étude pour mettre les
jeunes filles, qui se destinent à ,1a
carrière d’institutrice, à même de
répondre aux exigences des temps
actuels? Impossible,, avec les moyens
dont nous dispo.sons. Mais alors, ne
pourrait-on pas lui donner un autre cachet, supprimer les branches
de luxe, et en faire une école normale préparatoire? Et à quelle fin?
1/Evangélisation vit, quant au
[jersonnel, de ses propres rentes,
c’est-à-dire qu’elle trouve dans les
églises mômes de la mission, et à
rie meilleures conditions financières,
les éléments qu’il lui faut pour son
oeuvre: il n’y a de ce côté-là que
peu au point de débouché: pas beaucoup plus aux Vallées. Du reste nous
soutirons d’un mal assez répandu.
L’Eglise Lib7'e ne disait-elle pas
l’antre jour que, pour 39 places de
maîtresses d’école en France, il ne
se présenta pas moins de 3500 concurrentes? Pourquoi ces hécatom bes en masse lors des derniers examens de brevèt à Pignerol et ailleurs, sinon parceque, ainsi que
le disait un Inspecteur, le Gouvernement a besoin de mettre une
écluse à cet envahissement magistral en épurant les vocations et
en rendant l’accès à la carrière de
r enseignement toujours plus difficile?
Ce n’est donc point dans une modification radicale de l’Ecole Supérieure de jeunes filles qu’il faut
chercher le remède, ou plutôt le
dérivatif aux inconvénients et aux
lacunes que nous avons relevé.
Qu’elle doive être en mesure d’acheminer notre jeunesse à l’une ou
ràutre des .vocations susindiquées,
qu’elle doive adapter son programme aux exigences des temps présents dans les limites de ses ressources, c’est cho.se praticable et par
conséquent désirable. Mais l’Ecole
doit rester ce qu’elle est de par
sa fondation: une inslUution destinée à donner à nos jeunes filles, en
général, une culture suffisanle pour
en faire des femmes inslruiles, utiles, et chrétiennes, lindépendamment
de tout autre but uLilüaire. Gela admis, la difficulté n’ en reste pas
moins forte: Où trouver un moyen
de donner à nos jeunes filles qui
ont profité de l’école supérieure
et qui ont besoin de gagner leur
3
-»I.
347
vie ailleurs qu’à l’étranger et dans
l’enseignement — puisque ces portes semblent se fermer chaque jour
davantage — une occupation lucrative conforme à leurs aptitudes et
à leurs circonstances}? C’est la question que nous voudrions voir étudiée
et discutée par ceux qui ont à cœur
les intérêts de la famille Vaudoise!
W. M.
XIX' ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
de L’EGLISE LIBRE
La XIX® A-ssemblée Générale de
l’Eglise Libre a eu lieu la semaine
passée à Florence. Elle a été des
plus importantes, soit pour le nombre des délégués, 42, soit pour les
questions débattues. Les travaux commencèrent le 11 par un discours
de M. S. Beruatlo et terminèrent le
14 Odlobre. Lé bureau fut élu dans
les personnes de MM. D. Borgia,
président, P. Mariani, vice-présid, et
M. Marini et A. Lenzi, secrétaires.
Une séance particulièrement édifiante a été celle de l’aprés raidi du
12, où l’on entendit des amis d’autres dénominations: MM. Geyraonat,
Gount, Powell, Ravi, Taylor, Eager,
Petocchi, Meille et Jalla. Une cinquantaine de lettres venant d’églises et de société religieuses, ont été
lues à la même occasion.
Des réunions spéciales d’évangélisation ont eu lieu Mardi, Mercredi
et Jeudi soir.
Le nouveau Comité exécutif de
l'Eglise Libre se compose de MM.
D. Borgia, L. Conti, S. Fera, P. Mariani, F. J^agomarsino.
Le Piccolo Messaggero nous donnera des détails sur les débats proprement dits.
MISSIONS
Nouvelles de M. B. PASCAL
Missionnaire au Lessouto
Sébapala, 13 Septembre 1B92.
........ L’œuvre missionnaire
ici est loin d’être achevée. Je vis
complètement au milieu de païens,
car si, dans la statistique, la Sébapala
compte plus de 200 communiants,
ces membres d’églises, jadis rattachés à Massitissi, sont à peu prés
tous sur l’annexe de Poutseng, de
l’autre côté du torrent de la Sébapala. Mon district, au point de vue
de la population, est on ne peut
plus bigarré; pour m’en tenir à la
station proprement dite, j’ai au-de.ssus de moi des Matébélé, au-dessous
des Batepu, à droite des Ba-Tloqua
et à gauche des Bassouto et Baphuti. En fait de langage, c’est une
vraie tour de Babel, cependant le
selloqua et le sessouto sont à. peu
prés identiques ; d’autre part Matébélé, Batepu et Baphuti peuvent se
comprendre. Tous enfin ont subi
l’influence des maîtres du pays et
comprennent le sessouto; les Batepu
seuls s’obstinent généralement à ne
pas le parler, je ne .sais si c’est par
En tous cas, ce
orgueil de race,
fragment de tribu est. on ne peut
dans
plus dégradé: seuls dans tout le
pays, les Batepu hommes vont complètement nus. Les Baphuti peuplent le côté droit de l’Oiange; les
enfants de leur grand chef Moorosé,
décapité tout près d’ici pendant la
guerre, n’ont presque plus de pouvoir et les chefs bassoutos tendent
de plu.s en plus à les substituer.
C’est ainsi que j’apprends que, malgré le mécontentement des habitants, Lerotholi va placer son fils
Griffith, jeune vaurien, parmi eux.
J’ai eu dernièrement, chez les Baphutis, deux bonnes réunions à l’occasion du baptême de quelques convertis, parmi lesquels une fille de
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Moorosi. Bien (|u’il faille se méfier
du patois religieux des indigènes,
il y a cepenilanl lieu d’être reconnaissant envers Dieu, car son œuvre
se fait dans les cuiurs. Cette pauvre
tille de Mooi'osi, lépreuse depuis six
ans, vit avec sa mère dans un village complètement païen r|u’elle ne
quitte plus. Jadis mariée, il lui. reste
un enlant de 7 à S ans, lépreux
comme elle, et qui ne peut absolument pas bouger de place. Et cependant c’est elle -qui me disait
n’avoir jamais été aussi heureuse
que depuis sa conversion. Jadis tille
respectée d’un grand chef, mariée,
saine de corps.. tous ces biens sont
effacés par l’espérance du salut. Ce
ne sont que de simples heures parci par-là, mais, au milieu des ténèbres épaisses, comme elles réjouissent l’âme qui, par la foi, peut
conlempler déjà l’aurore d’un beau
jour ! A l’occasion de ce baptême,
coïncidant avec l’ouverture de la
chapelle de Pbamony, le chef Molsnenakaba a amené pour la collecte
annoncée un joli bœuf,
conseillers ne l'en a pas
pris en disant: « Bœuf,
loi-même, c’est toi et
qui devez entrer à l’ég
votre bétail ».
Ce travail matériel occupe une
bonne partie de mon temps, car
tout marche au pas de wagon dans
ce pays. Et pour mes chapelles,
quel tracas] d’autant plus qu’ici, le
'wagon n’y arrivant pas, il faut tout
faire à dos d’homme ou de bœufs.
Cela me rappelle le temps où, avec
mon père et mes sœurs, nous venions chercher le ciment au Perrier
pour l’école des Fontaines. Mais
aux Vallées la vie est joliment plus
rude; les Vaudois pourraient envier
la position des Bassoutos qui avec
un travail moyen peuvent vivre dans
l’aisance. Mais le paganisme.... oui
c’est affreux sous ce rapport et le
Eessouto a bien besoin des prières
et des sympathies de quiconque
s'intéresse au salut des âmes.
Un de se.s
moins reque tu es
Ion peuple
ise, et non
Martyrs parmi les Falasclias
Les Juifs d'Abyssinie se nomment
« Falaschas » et sont an nombre
d’environ 200.000. Ils affirment que
leurs pères émigrèrent dans ce pays
à l’époque de la caplivilé. En 'JSKI
le D'' Sterne commença à leur prêcher Christ. Depuis la guerre anglaise d’Abyssinie en 1868, il n’a
été permis à aucun missionnaire
Européen de travailler parmi eux.
Mais la cause de l’Evangile a fait
des progrès. M. Flad de Cornibal a
visité plusieurs fois les abords du
territoire et s’esl entretenus avec
les évangélistes indigènes à Massaua.
Plusieui's centaines de Juifs Falascbas croient en Christ, et malgré
la famine, la peste et la guerre,
sont demeurés fermes.
DernièremenI, lorsque les troupes
du Mahdi envahirent le pays, elles
obligèrent tous, sous peine dè mòri,
à confesser Mahomet, Une famille,
Falascha refusa disant: Jamais rions
ne renierons celui qui est mort sur
la croix "pour nous. Nous sommes
nés Falaschas, mais nous avons été
convertis à CbrisL Jl est rioti’e Sauveur et non pas Maliomel. Les cinq
enfants furent alors rnis en pièces
tandisque leurs parents le.s encoul'ageaint par ces paroles: i « Obi ce
n’est rien qu’une aoulli'ance bien
courte et vous obtiendrez la couronne de la vie éternelle ». Le mari
fut ensuite obligé d’être témoin du
supplice de sa femme qui s’écria:
« J’aime Christ, je ne crains jras la
mort ». On offrit alors à l’homme
non seulement la vie, mais de la
fortune, s’il voulait embrasser. l’Islam. «Non, dit-il, vous pouvez
me torturer, vous pouvez mè mettre en pièces; je ne lenierai pas
Celui qui est mort pour moi». Nobles martyrs, parmi les pauvres populations ignorantes Falaschas des
hauts plateaux de l’Abys-sinie!
5
r'
- 34Ô
Nouvelles de VOuganda
l.es missionnaires évangéliques
sont bien décidés, quoiqu’il arrive,
à ne pas abandonner leurs posles.
Ils sont occupés actuellement à finir
la traduction du Nouveau Testament
qui sera prête vers le printemps et
qui assurera l’avenir de la mission.
D’après les dernières nouvelles, le
roi Mwanga aurait échappé au parti
catholique, aurait repris les rênes
de l’étatàMongo, aurait bissé le drapeau britannique et se serait déclaré
protestant.
Réveil à Madagascar
A la suite de prières - unies et
persévérantes, un grand mouvement
religieux s’est produit parmi les indigènes. I-a puissance du S.l Esprit
s’est manil'estée en ceci que nombre
de cœurs se sont, pour ainsi dire,
Tondus. Quelques centaines ont déclaré, ¡être passés de la mort à la
vie. Le mouvement a été plus prononcé dans la capitale. Les anciens
croyants ont été réveillés et ils disaient par la bouche de 'l’un de
leurs pasteurs les plus estimés:
■T’ai été un chrétien pendant bien
des années; mais j’ai lésolu qu'à
riivenir les paroles de St. Paul seront les. miennes plus qu’aiiparavant: «Pour moi, de vivre c’est
Christ ».
CONGRÈS
de r Eglise Anglicane
Le congrès de l’Eglise Anglicane
vient de se réunii' à Folkestone sous
la pi'ésidence de l’archevêcjue de
Cantorbery. Nous cmprun.lons à une
correspondance de YEgliae JÀbre. la
narration d’un fait, corfiique en ap^
parence, très sérieux en réalité qui
marqua l’ouverture de ce congrès
et qui en dit beaucoup sur l’état
des esprits en Angleterre. Nous assistons à une véritable rescousse de
l’évangélisme contre le ritualisme.
Il en était temps.
«La procession du Congi’ès (c’est,
je crois, la première de ce genre)
se rendait du Palais de l’exposition
aux églises où des sermons de circonstance-devaient être prononcés
par des orateurs désignés d’avance.
Pi'ocession sémi-catholique, frf est
ridicule, n'ayant ni la pompe, ni
l’éclat, ni la musique, ni les chants
dont le papisme revêt ou entoure
les simagrées et les niaiseries de
ces sortes de ma,scarades.
En tête, marchait un pi-être portant au bout d’une hampe une
grande croix de métal doré, ouvragé et incrusté. Puis venaient
successivement et sans heaucoup
d’ordre , le Comité organisateur
du Congrès; les maires de Folkestone et de la petite ville voisine,
Hyte, précédés de leufs manier.s; le
chœur et le clergé de chaque église
de la ville; l’archevêqueœt son chapitre; enfin tous les membres du
Congrès qui avaient voulu processionnel'. Non seulement tous ces
gens là sont en surplis; mais les
chœurs et les clergés des églises
ont des robes rouges ou bleues,
voire des étoles et, des détails do
costume chargés de signes dorés.
Des bannières les précédent: voici
un Apôtre, un Saint ou une Sainte
et parmi eux la Sainte-Vierge. Devant l’archevêque et les prélats qui
le suivent, on j orle sa bannière
pins grande et plus chargée que
toutes les auti'es de ligures et d’inscriptions.
C’est peu, diront les catholiques;
c’était assez pour scandaliser les
protestants et indigner les plus zélés, On l’a bientôt vu. En effet, tout
à coup sur le passage de l’archevéque, qui vient de sortir de l’enceinte
réservée à l’Exposition oü au Con
1
■: -f
6
- :î5o
gHês, s’élève une gigantesque iiun- ,
riière, large bande de calicot blanc
de 3 mètres sur % tendue et portée I
entre deux hampes. On voit, au
centre, deux martyrs de la Réforme
attachés au poteau sur le bûchei' j
enflammé et on y lit en grosses j
lettres: Protestant churchmen stand
faSt in the Truth}. Remember the
fiTBS of Smithfieldl We protest againts idolatry, Priesterafl, Biiualism and Popish l\ocessionsl Anglicans protestants , soyez fermes
dans la vérité! Souvenez vou.s des
bûchers de Smilhfield ! Nous protestons contre l’idolâtrie, les intrigues
des prêtres, le ritualisme et les processions papistes.
Cependant rarchevêque passe, affecte de ne rien voir, la (lueue de
la procession passe aussi, et voilà
que les protestants protestalaire.s,
portant leur bannière déployée, veulent suivre et prolonger le cortège
à travers la ville. Mais à peine .sontils descendus du trottoir sur la
chaussée, qu’une bigote s’élance vers
la bannière et s’y suspend. En même temps des prêtres ritualistes
furieux quittent la procession, accourent et cherchent à se saisir de
la bannière pour la déchirer. Les
porteurs et leurs amis défendent
leur bien et leur droit, qui est indubitable, contre les violateurs de
la propriété et de la loi. On se bouscule, et comme je suis dans la mêlé© je reçois et je rends ma part de
pou.seée. Mais les manifestants .sont
en petit nombre. Il est 10 h. 1[2,
le© ouvriers et les boutiquiers sont
à leur travail; il n’y a dans l’avenue que des me.ssieurs et surtout
des femmes. Les ritualistes ont réussi non à déchirer, comme on l’a
dit, mais à déclouer la bannière.
N’Importe, les manifestants suivent
et, comme* ils cherchent à tendre la
bahniére entre eux, le combat continue à mesure qu’ils avancent. En
lace de VEglise de Christ des bravos
saluent la bannière. Elle est comme
le premier drapeau de la première
bataille. Elle ne sera pas la dernière.
J’ai, moi aussi, .suivi la bannière.
Nous revenons enfin à son point de
départ (Emmanuel Cburcb), et tandis qu’un homme la recloue aux
hampes et que, pour la seconde fois,
les manifestants haranguent le peuple dans la rue, un chant de canli
que s’élève. C'est le commencement
d’une réunion de prières que préside le pasteur. Dix hommes ont.
prié dont deux éiaient les porteurs
de la bannière; priére.s ferventes,
sans rancune, animées même de
l’esprit fraternel envers les adversaires.
La manifestation que je viens de
raconter a eu pour suite un grand
meeting qui s’est lenu hier à l’Hôtel-de-Ville. On y a proteslé énergiquement contre les empiètements
du ritualisme et mis en demeure
ceux qui sont chargés de laire respecter la foi et les règles de l’église Anglicane, d’obliger lés romanistes à se souraetti'e ou à se démettre.
CÉSAR PASGAL.
..O. G- o.._ a.. G_O , a..a_a. o- ^ a...« o.
€IIR0]\1QIË VâUDOISK
MASSEL. Conférence du Val S.t
Martin. — La conférence se réunit
Mardi à 9 h. dans l’école du Robert
à Massel. M'' Ribel jun. pié.side et
après la prière nous parle sur Jacques I, 22-25: « Mettez en exécution
la parole, et ne l’écoutez pas seulement etc. » Comme un miroir, l’Ecriture nous montre ce que nou.s
sommes, mais c'est un miroir moral;
c’est un miroir qui agit non par
réflecLion, mais par description et
par comparaison. L’Ecriture représente Vhomme et nous nou-s y reconnaissons; elle représente Christ
et nous voyons, par contraste, tonte
notre mi.sère et combien nous sommes loin de ce que nous devrions
7
■ ■'■■ ^-...
■ •';/ . 'Æ.
- 351
être. I>es personnages de l'Ecriture
nous instruisent, les uns négativement en nous mettant en garde
contre le mal, les autres positivement en nous attirant vers le bien.
Si un homme se limite à regarder
dans le. miroir, il regarde inutile
ment. A quoi servent les cultes et
les lectures, s’ils n’aboutissent pas à
la rénovation de notre vie, à la sainteté, à une existence riche en obéissance et en bonnes œuvres? Cette
vanité nous la sentons, le monde l’observe et Dieu la juge. Celui qui en
agit ainsi sent qu’il vit dans l’illusion et non dans la réalité, il est
mécontent, il éprouve un sentiment
d’incertitude et de vide, il est malheureux. Par contre, pour celui qui
unit l’action à la profession, tout est
en harmonie dans sa vie, il po.ssède
la i-éalité, il se sent sûr et heureux.
M. Ribet termine par une pressante
exhortation à être saintement égoïste en se préoccupant de mettre
d’accord sa vie avec la doctrine que
l’on professe, en se préoccupant d’atteindre la sainteté.
Après une prière de M, G. A.
Tron, M. J. J. Matthieu lit le procèsverbal de la dernière séance du 31
Mai 1892; puis M. Ribet lit un travail sur le sujet à l’ordre du jour;
Accord entre la profession et la vie
et traite successivement 1“) L’idéal
à réaliser; 2“) les motifs qui nous y
poussent; 3“) les moyens à employer. 1“ Ce qui caractérise le cbrétien c’est la sincérité absolue, la
pureté, la patience. Il est alfectueux,
doux, conciliant, surtout au sein de
sa famille. Dans l’église il est actif;
dans la société il est juste^ il est
charitable, il s’oublie pour ses frères; vis-à-vis de la patrie il est le
citoyen honnête, l’ami de l’hurnanité
par excellence. Le chrétien est un
Christ toujours vivant à travers les
âges. Nous Vaudois ne nous distinguons pas assez des callioliques. i.a
vérité gêne trop encore nos commerçants; les rapports entre voisins sont
trop tendus, très souVerit déplora
bles ; l’amour envers les faibles, les
soulTrants, les égarés n’existe que
chez un petit nombre. 2^ Il faut
sortir de cet état: afin de ne pas
mériter le nom d’hypocrites et d’imposteurs; afin d’être délivrés du
péché et atteindre la sainteté sans laquelle nul ne verra le Seigneur;
afin de remplir les devoirs de solidarité qui lient le chrétien à ses
semblables; il doit être le sel de
ceux qui l’entourent; afin de montrer iioti'e reconnaissance envers
Dieu; afin de nous procurer la véritable félicité; afin d’être sauvés.
3“ Il y a chez nous des désirs, de
bonnes dispositions; mais comment
irons-nous plus loin, jusqu’au but?
Pour cela il faut; nous humilier,
nous repentir, renoncer à ce que
nous sommes, et après avoir obtenu son pardon, ne vouloir que ce qu'il
veut; nourrir cette nouvelle vie de
l’esprit; exercer nolie nouvel organisme spirituel en faisant le bien;
apprendre à ce nouvel homme à respirer l’air du ciel par la prière ;
porter les fardeaux de iios frères.
Après la lecture de cet excellent
travail la parole est donnée aux
membres de l’Assemblée. On remarque que nous ne restons pas
assez longtemps en présence de la
parole, que nous ne sommes pas
as,sez assidus dans la lecture de
i’ Ecriture. On met en l'elief les
inconséquences dans la conduite
des Vaudoi.s, en général. L’ effet
en est que notre église capable
d’évangéliser au dehors, en est incapable parmi nous. Sur le 3® point
on observe que le commencement
d’une nouvelle vie ne peut être
qu’une nouvelle naissance qui ne
vient que de l’Esprit, mais qui peut
être demandée. D’autre part copiraent pourra-t-on faire pénétrer
l’Esprit chez les pécheurs avoués et
qui ne le demanderont .jamais? Il
faut que ceux qui ont l’Esprit du
Seigneur prêchent par l’exemple.
Quant a ceux qui déjà ont reçu
l’Esprit du Seigneur, mais qui on^ à
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- 352
s’humilier à cause rie leur froideui'
et (le leurs iniidélilés, il l’aut qu’ils
raniment leui' jiremiei- amour pour
Dieu, en ranimant en eux le sentiment <le l’amoui' que Dieu leur a
témoigné, par une lecture assidue
de l’Evangile faite après avoir irn,ploré l’action de l’esprit dans leurs
âmes.
MM. G. A. Tron et Bonnet saluent la Conférence de Val Saint
Martin de la part de celles de Val
Pélis et Val Pérouse. M. Roslan
transmet les salutations fraternelles
de M. B. Pons. La prochaine conférence aura lieu à Villesèche dans
la 2^1® moitié de mai. Le sujet Irailé
sera :
U Education de i’enfance.
Ke vue lie
Italie — Fervel opi/s. Nous avons
vu les landaus des candidats h- la
députation parcourir nos routes.
C’est maintenant le toui' de nos
murailles d’ôtres [tlaoardéés d’affiches de diiïérenles couleurs, prônant
les mérites de chacun. Quelque progi'és qu’aient fait les candidatures
nouvelles, nous ne croyons pas nous
tromper en prédisant que la majorité fies électeurs portera l’ex-député
Peyi'ot. Au pis aller, il pouirait y
avoir ballottage entre .celui-ci et le
Marquis de Rorà, c’est-à-dire entre
l’ex-député libérai et le candidat porté
sui' les boucliers du cléricalisme. Mais
le résultat définitif de la lutte ne
nous semlile pouvoir être douteux
(|iie si certains compromis entre
les partis en minorité avaient lieu,
coui[)romis auxquels nous ne pouvons nous résigner à croire, car ils
nous rappelleraient ces jours bien
Iriste.s. de notre histoire où les Vaudois ne retirèient que de sérieux
dommages de leurs divisions. Chose
étrange! S’il y a des leçons qui devraient convaincre tout le monde et
eeqiendânt ne semblent jamais rien
a|)prendriî ;'i personne, ce sont celles'
de l’histoire!
Il y a eu ces derniers temps une
véritable pluie de discours polili(pies. f>es plus marquants sont ceux
de Colombo, Pelloux, Zanardelli,
P’ortis et la lettre-programme de
Rudini.
— Un terrible ouragan a dévasté
les villages de San Sperate, Samatza\, Senorbi, San Basilio (Prov. de
Cagliari). Beaucoup de maisons ont
croulé. Le nombre des victimes
s’approche de la centaine.
X
y%lleuiag;ne —■ La Kölnische Zeitung a réussi à se procurer le nouveau projet de la loi militaire que
le Gouvernement tenait encore secret. D’après ce projet, le nombre
annuel des con.scrils, de 4892 à 1899,
serait de 492,068. Le service de
l’infanterie serait réduit à deux années. Dans 24 ans d’ici l’Allemagne
pourrait .mettre sur pied un elïéclif
de guerre de 4,440,000 soldats.
X
l'i'iuiisvniicaMic — Un eiïroyable tremblement de terre a détruit
plusieurs villages dans la région de
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AVIS
MademoisriHe Raohei de Grellet ayaat
vu que la lecture des Mémoires de son
père «Etienne de Grellet, Quaker Français»
avait été en bénédiction à plusieurs personnes en a fait faire une 2.de édition.
dont elle offre gratuitement un exemplaire
aux pasteurs, évangélistes, unions' chrétiennes, bibliothèques circulantes, laïques
pieux, etc., désireux de tiré ou de faire
lire cet ouvrage. — Ceux qui peuvent en
pàyei- le port sont priés d'envoyer 0 fr'70
en timbres quelconques à
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Miidauio Dalencüiirt,
Rue Mouton-Duvernet, PARIS.
J. P. Malan, Gérant
Toire Pellice — imprimerie Alpina