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Seconde Année.
15 Septembre 1876.
N. 37.
LE
f
•Jou.i:*nal do l’ISg’lise Évang'éliqwe Vaxxcloîise
Paraissant chaque Vendredi
Voug me serez témoins. Actes I. 8. Suivant la vérité avec la charité.
Prix db l’abonnbmknt par an Italie . . . L 3 On s'abonne: à Pigueroî au Bureau de l’ad- miniatraiion Jtfaison àftcoL Un Numéro séparé : 10 centimes.
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poste (Europe} . . » S A Turin chez M. Goss, via Pio Qiiinto, n. 15. mes par ligne.
Etats-Unis .... . >8 A Pomaretchez M. Lantaret Pa»t. Directeur.
Sommai x*e.
le Synode de 1876. — Le dimanche chez
les anciens Vaudnis. — (Joe fête aux vallées vaudoisps. — Nouvelles religieuses et
faits-divers. — Revue politique.
LË SYNODE DE 1876
Le Synode de 1876 a êié ouvert, ainsi que nous l’avons annoncé dans le temple neuf de la
Tour par une prédication de M.
Ang. Malan évangéliste à Messine.
M. Aug. Malan a choisi pour texte
de son discours ces paroles de
S Panl 2, Cor. 4, 5: • Car nous
ne nous prêchons pas nous-mêmes,
mais nous prêchons Jésus-Christ
le Seigneur ». Après le sermon
le Corps des Pasteurs, composé
d'environ 40 ministres de la parole, parmi lesquels se sont trouvés M. Mourgues de Marseille et j
G. Appia pasteur Paris, a
procédé à l’imposition des mains
de M. Jules Bonnet élève de l’Ecole de théologie de Florence et '
de M. Auguste E. Malan élève de j
l'Oratoire de Genève. De nom- i
hreux chants préparés pour la
circonstance ont été exécutés par
un chœur sous la direction de M. !
l'instituteur Forneron. j
La session synodale proprement '
dite a été ouverte par M. le pro- !
fesseur Rollier . le plus âgé des
ministres de la Parole en activité i
de service, qui a présidé le bu
reau provisoire composé en outre
des deux plus jeunes ministres et
du plus jeune député laïque.
Après la vérification des mandats des députés et la constatation
des membres nés de l’assemblée,
le Synode s’est trouvé constitué
au nombre de 98 représentants,
dont environ 75 seulement ont
fait acte de présence. Après la
décision de deux questions préliminaires, le Synode a procédé à
l’élection de son bureau qui a été
composé de M. le Doct. Lnntaret
président, E. Malan professeur,
vice-président. MM. Beux pasteur,
Selli professeur et P. Long évangéliste, secrétaires, MM. Forneron
instituteur et Z)' Aïharin député,
assesseurs.
Deux questions préliminaires
proposées par le bureau, en vue
de gagner du temps, en ont fait
perdre helTucoup trop, c’est celle
de la limite extrême des délibérations qui a été fixée à vendredi
à 4 heures de l’après-midi et celle
de la suppression pour cette année
de la lecture et de l’examen des
rapports de deux paroisses et de
deux stations. Cependant, après
une trop longue discussion', l’assemblée a décidé que la lecture
des rapports en question n’aurait
pas lieu. L'heure avancée n’a pas
permis à l’assemblée d’entendre '
la lecture du contre-rapport de la
Commission examinatrice de la
gestion de la Table; cette lecture
a dû être renvoyée au mercredi
matin.
Avant de passer à l’examen de
l’administration de la Table, nous |
croyons devoir donner une idée '
de son rapport. 1
La Table déclare que sa tâche ■
a pré.senté cette année des difficultés exceptionnelles et graves
qui ont absorbé beaucoup de temps
et de force. Pour rétablir l’équilibre dans ses finances elle a délégué outre mer son secrétaire
avec mission de collecter en faveur de nos établissements d’instruction; il ne s’est guère adressé,
dit la Table, qu’à des membres
de la Société des Amis pour lesquels il avait de bonnes recommandations. Dans l'espace de deux
mois environ , grâce à beaucoup
d’activité et de savoir faire, il a
recueilli à Paris fr. 2280, 70 et
dans la Grande-Bretagne au delà
de 17000 francs.
La Table mentionne ensuite les
diverses députations qu’elle a envoyées; la première à Milan pour
saluer l’Empereur d'Allemagne ,
composée de MM. Charbonnier
modérateur, Prochet président de
la Commission d’Evangélisation,
des pasteurs Lantaret, Meille, Turin et Weitzecker. Cette députation a été reçue avec beaucoup
de bienveillance par S. M. Impériale; M. le Doct. Lantaret a re.
présenté notre église au Synode
des Eglises presbytériennes d'Angleterre, M. le Modérateur à celui
de l’Eglise libre du Canton de
Vaud et le pasteur Micol, vicemodérateur, aux assemblées de la
Société Evangélique de Genève.
Si la Table n’a pas organisé
dans le courant de l’année dernière une tournée de prédications
extraordinaires, c’est à cau.se de
la difficulté de déplacer les pasleurs et les professeurs et des inconvénients qui résultent de l’abandon de leur poste.
Le rapport parle ensuite de
l’état religieux de l’église et elle
le fait en donnant un extrait'des
rapports des Consistoires. Les cultes sont généralement fréquentés,
le nombre des communiants considérable dans bien des paroisses,
les contributions volontaires tendent s'accroître', la vie religieuse
et ecclésiastique semble être ea
progrès dans plusieurs églises;
elle est stationnaire dans ^uel-
2
146
LE TÉMOIN
ques-unes. Lst sanctificaüon d»
jour du dimanche,laisseià délirer
dans bien dea pàroisses; il y a
du mieux dans quelques-unes. Les
intérêts matériels absorbent beaucoup les coeurs, dit un rapport,
les affaires,temporelles les absor*
bent, dit un autre; les biens de
la terre font souvent négliger les
biens célestes, dit un troisième;
l’amour de l’argent, un sot orgueil
et le contentement de soi tiennent
trop la place du renoncement et
de l'humilité qui doivent caractériser le chrétien, dit un quatrième.
— Il est bien difficile de résumer
en quelques mots, d’après les rapports, assez différents, l’état religieux de nos seize paroisses. Il
y a encore bien du formalisme,
mais en général il y a partout de
précieuses habitudes religieuses.
Vivifiées par l’esprit de Dieu ,
unique source de la vraie piété
et de la vraie moralité, elles feraient de nos paroisses des églises
vivantes et véritablement réveillées.
Il y a dans toutes nos églises
des écoles du dimanche plus ou
moins prospères.
Le dernier Synode avait recommandé à la Table d’organiser des
conférences libres. Cinq paroisses
seulement ont jusqu’ici mis la
main à l’œuvre et se sont fait représenter dans la conférence de
Massel qui s’est occupée de la
Cène, sous les trois points de
vue suivants; » Qui sont ceux
que l’on doit admettre à la Sainte
Cène? — Que doit-on en faire
pour ramener ceux qui s’en éloignent ? — Et enfin que nous dit
la Sainte Cène ? — La prochaine
conférence se réunira à Villesèche
et traitera de la sanctification du
jour du Seigneur et des écoles
du dimanche.
La Table mentionne ensuite les
visites pastorales qui ont été au
nombre de six. Rien de saillant,
dit-elle, n’a été remarqué au sein
des paroisses visitées à l’exception
pourtant de celle de Périer-Maneille et de celle d’Angrogne où
la Table a dù s’occuper de deux
cas de discipline qui ont fait l'objet
d’un rapport spécial au Synode ,
concernant le pasteur dans la première et un ancien dans la seconde.
Passant ensuite à la Colonie
du Rosario, le rapport de la Table
rappelle qu’elle est sans pasteur
et qu|», l’état de noa £rère$ d’Aiiiiéri(||® au point'de vàe religieux
i^t di^rie de coramisé^tion. Nous
h’avoQ® rie| de spéeml à oièntionner ici au sujet de la Colonie
vaudoise de Marseille dont nous
parlerons à propos du rapport de
l’Evangélisation.
Le Rapport passe aux œuvres
de bienfaisance et s’arrête plus
longuement à l’Orphelinat dont il
signale la marche très satisfaisante,
soit au point de vue du développement physique et intellectuel ,
soit à celui de la discipline et de
la conduite des jeunes filles. Les
dépenses de l’année se sont élevées
à 10.400 francs auxquels il faut
ajouter pour impôts et intérêts
environ francs 1000. Le produit du
travail des orphelines s’est élevé
à environ 1110; mais 10 sur 50
sont seules capables d’un travail
lucratif.
L/i Table ne fait que mentionner
nos Hôpitaux et la maison des Artigiauelli.
Elle passe en revue les divers
établissements d'instruction . et
parle d’abord des écoles élémentaires avec leurs 4200 élèves. Elle
signale les efforts louables qui ont
été faits par les instituteurs à la
Tour, à Pomaret et à Prarustin
pour l’amélioration du chant; dans
la discussion on a ajouté à ces
trois paroisses celle d’Angrogne.
L'Ecole Normale a compté 24
élèves dont 22 ont l'ail des examens satisfaisants La bourse Meek
a été accordée à trois élèves qui
la conservent encore l'année prochaine.
Le pasteur de la Tour, a conservé la direction de l’Ecole, mais
la plupart de ses leçons ont été
données par M'' P. Chauvie-Calvino.
D’autres maîtres non mentionnés
se sont occupés de l’Ecole Normale, et spécialement M. l’instituteur Costabel Le synode n’a rien
changé à l’état provisoire de cet
établissement.
L'Ecole supérieure des jeunes
filles a été fréquentée par 65 élèves, dont 51 seulement ont persévéré jusqu’à la fin de l’année et 42
ont été promues; deux ont obtenu
le diplôme.
Le Rapport signale quelque progrès dans la marche éducative de
l’établissement.
Il n’y a encore rieu^^ nouveau
au sujet de ^érection ÿnn nouveau
Pensio»nat,:^\ ce n’e^ des vœux
et des espéfaoce»,»
La marche de VEcole latine de
Pomaret a été bonne; 21 élèves
ont subi leurs examens et 20 avec
succès. La conduite des élèves a
été digne d’éloges.
Le Collège a été suivi par 77
élèves ; mais ce nombre s’est réduit à 61 à la fin de l’année; 54
ont obtenu la promotion avec des
chiffres plus ou moins élevés. La
conduite a été généralement bonne
L’Ecole de théologie a compté
14 étudiants réguliers, dont trois
ont été malades et dont 7 seulement ont obtenu la promotion en
juin dernier.
La discipline dans l’Ecole, et
de la part des étudiants , dit le
Rapport, a laissé un peu à désirer.
L’intervention du Conseil a été
nécessaire.
Nous passons sous silence les
questions spéciales et la provenance
des fonds, et nous donnerons dans
un prochain article quelques détails sur l’examen de la gestion
de la Table.
LE DIÍII4KCHE
chez les ancieos Vaodois
Nous avons publié, à la fin de
notre dernier numéro, la lettre
d’un quidam, arrivée trop lard
pour trouver place dans le précédent. Quoique le but de cette lettre fût essentiellement d’appuyer
la proposition faite par un autre
correspondant de préparer dans
nos Synodes une bonne place à
l’édification, elle n’en touche pas
moins à deux questions d’importance inégale, mais qui méritent
l’une et l’autre que nous nous y
arrêtions quelques instants.
Celle de la doctrine évangélique
professée, selon nous, par nos pères dès le douzième siècle sera
l’objet d’une étude spéciale. Nous
nous bornons pour aujourd'hui à
déclarer que notre conviction à
cet égard ne se fonde pas uniquement, ni même essentiellement,
sur la confession de foi et autres
documents portant ladate de 1120,
puisque nous savons très bien que
cette date est contestée, et est selon
toute probabilité , d’un siècle ou
3
LE TÉMOIN
147
deux antérieur à la rédaction des
documents dont il s’agit. En ci'
tant la confession de foi avec la
date qu’elle porte chez nos historiens, nous n’avons pas eu l’idée
de l’admettre comme un fait acquis et incontesté.
L’autre question, celle sur laquelle nous tenons à compléter
notre pensée c’est celle du dimanche ; dans le numéro 34 du
Témoin, t\ propos des actes du
Synode de Chanforans, nous avons
exprimé des doutes sur la correction de l’art. 6. conçu en ces
termes: fa cessation du travail le
jour du dimanche n'est pas défendue de Dieu au chrétien, ce
qui signifierait que la règle et
l’usage auraient été le travail en
ce jour là; et nous avons annoncé
la supposition que le terme de
commandée doit être substitué à
celui de défendue.
Or tel ne paraît pas être l’avis
de notre honorable.correspondant
(le Quidam) qui fait allusion, à
ce propos, à la manière dont les
Réformateurs, et surtout Calvin,
se sont prononcés au sujet du di.
manche. Nous l’avons dit déjà,
nous ne croyons pas possible que
jamais, même avant la Reformation . les Vandois des Vallées et
lieux circonvoisins aient pu se
distinguer des catholiques par une
apparence de mépris du jour du
Seigneur tel qu’il était d'usage
général de la distinguer des autres jours. Comme en écrivant les
articles relatifs au Synode de 1532
nous n’avions pas sous les yeux
notre vénérable historien Gilles,
devenu si rare qu’il est presque
impossible de se le procurer, nous
avons été très heureux de recevoir
de hr Et. Peyrot du Villar deux
informations précises au moyen
des quelles nous complétons notre
exposé et pour lesquelles nous lui
exprimons notre sincère reconnaissance.
D’après Gilles , la teneur de
l’article de ce Synode , relatif à
l’observation du dimanche est la
suivante : Quon doit au jour du
dimanche cesser des œuvres terriennes pour vaquer au service
spirituel de Dieu. Pourquoi le
Synode qui a passé sous silence
un grand nombre de doctrines
importantes et de pratiques chrétiennes contestées ou contestables.
a-t-il arrêté son attention sur la
question du dimanche f De ..deux
choses l’une: ou bien les Réformateurs avaient trouvé chez les
Vaudois une pratique anti-évahgélique et contre laquelle ils s’efforcent de réagir, ou bien ce sont
les ’Vaudois eux-mêmes qui maintiennent et affirment de nouveau
solennellement en opposition à
une tendance trop libre des Réformateurs, un usage vénérable
auquel ils doivent peut-être en
grande partie leur persévérance
dans la vérité. Nous n’hésitons
pas, quant à nous, à adopter cette
seconde alternative et à voir dans
l’usage que nos pères faisaient du
jour du repos le moyen principal
par lequel la piété véritable a été
conservée parmi eux, comme nous
sommes persuadé que sans l’emploi plus fidèle de ce même moyen
il est impossible que de nos jours
la piété revive et s’affermisse.
La lettre de Et. Peyrot
comble aussi une lacune de notre
article du numéro 33, et nous
transcrivons ici la fin de cette
lettre. » Les noms de.s deux principaux contradicteurs qui allèrent
porter leurs plaintes en Bohême
sont Daniel de Valence et Jean
de Molines, venus de dehors des
Vallées... Les dits deux Barbes
en rapportèrent des lettres écrites le 27 de juin 15.33 par les
pasteurs prêchant l’Evangile par
le royaume de Bohême et Marquisat de Moravie.... pour les
présenter à l’assemblée générale
des pasteurs et autres conducteurs des Eglises des Alpes ».
Cette assemblée générale • fut
convoquée au val S' Martin pour
le 15 d'août 1533, où fut oui,
lu et examiné tout ce que les ;
dits deux Barbes avaient rap- j
porté des pasteurs Vaudois de
Bohême, et reconnu que les dits !
de Bohême, pour n’avoir été
bien informés de tout, les exhortaient de faire ce qu’ils avaient
déjà fait presque de point à
point ■,
Uoe Tète aax Vallées vaadoises
Le journal de Genève du 29
août publie sous ce titre une lettre
datée des Vallées et que nous mettrions volontiers toute entière, n'é
tait (l'exiguité de notre feuille ^
sous les yeux de nos lecteurs vau»
dois. C’est en observateur attentif
et ému que le correspondant parcourt pour la première fois une
partie importante des lieux qui
furent le théâtre de ces luttes
glorieuses et de ces délivrances
merveilleuses qu'il connaissait depuis longtemps par les livres.
C’est aussi avec une bienveillant
intérêt qu’il assiste dans deux de
nos temples à deux actes réligieux
de caractère divers, la prédication
de deux sermons d’épreuve dans
le temple de Pomaret (21 août),
et la fête qui fournit le titre de
sa lettre et que le mauvais temps
a forcé de faire dans le temple du
Chabas. C’est cette partie de la
correspondance que nous transcrivons ici après.
« La réunion d’avant hier n’a
rien présenté de particulier en dehors de ce qu’elle devait aux circonstances qui l'avaient motivée.
Un certain nombre d’appels sérieux marqués au coin de cette
raison calme et sévère qui me
semble caractériser l’esprit vaudois, un épisode des persécutions
raconté par un régent des vallées,
quelques mots de salutation et de
sympathie chrétienne prononcés
par deux représentants tout-à-fait
inofficiels des Etats-Unis et de Genève, des cantiques exécutés avec
un admirable entrain par une assemblée de 6 à 800 personnes, il
n’y a rien dans tout cela qui
ne rentre dans le caractère des
réunions religieuses du genre de
celle qui nous occupe, mais tout
cela élevait l’esprit et faisait battre
le cœur,
» Tous les discours prononcés
dans cette occasion l’ont été en
français. On éprouve un étrange
sentiment de surprise quand en
arrivant de Turin dans les Vallées Vaudoises on se trouve toutà-coup au sein d'une population
de langue française; pour qui ne
comprend ni l’italien , ni le piémontais, c’est comme une oasis
dans le désert.
Par quelle étrange anomalie le
français se trouve-t-il être la langue de celte province reculée ?
C’est ce qu il faut demander aux
malheurs des temps, à la peste
et aux persécutions, car c'est un
fait parfaitement établi (?) que
4
148
LÉ TÉMOIN
l’Eglise vaadoise à l’origine parlait italien. *
• Aujourd’hui que cette Eglise a
sa place au soleil de la liberté,
que son droit à l’existence ne lui
est plus contesté, qu’elle n’est
plus une étrangère sur le sol où
elle a pris naissance et qu’elle
est devenue le centre de l’évangélisation protestante en Italie,
elle fait un effort pour revenir,
sur ce point, à ses origines. Ses
pasteurs dont la majorité étudie
à Florence, manient l’italien plus
facilement que le français; dans
les temples où depuis si longtemps
on ne prêchait qu’en français on
a établi depuis peu des services
en italien (un par mois dans 3
ou 4 temples); dans les écoles la
plus grande partie des leçons se
donnent en italien et l’on a pu
dire, non toutefois sans quelque
exagération: « si vous voulez encore entendre parler le français
dans les Vallées, c'est le moment
d’y aller ». — Une preuve de
cette préoccupation que j’indique
m’a été donnée ce matin même.
J’assistais, à Pomaret, à deux sermons d’épreuve prononcés devant
une délégation du Corps des pasteurs et devant le public de la
paroisse, par deux candidats en
théologie, MM. Aug. Malan et
Jules Bonnet. Ces deux Messieurs
pouvaient prêcher dans la langue
de leur choix, le premier a fait
son discours en français, le second
en italien.
“ La difficulté la plus sérieuse
que l’italien rencontrera à devenir
la langue du culte se trouve dans
la force de l’habitude. Les Van
dois, depuis de longues générations, célèbrent leur culte en français; ils consentiront volontiers
(et la force des choses devra les
y amener) à se servir de l’italien
pour leurs transactions; mais employer dans l’église une autre
langue que celle qu’ils ont toujours entendue paraîtrait à plusieurs changer de religion, ce que
les enfants des persécutés sont
aujourd’hui moins que jamais disposés à faire i>.
Douüelie0 rdtjgtcuaeô
MlMiame. — On sait que le 15 août,
l’Kglise catholique fêle l’Assomption de
la Vierge Marie. Or les bains de LuiheiTî ^Lucerne) sont dotés d’une vieille
fondation qui assure une indulgence
plénière aux fidèles qui.s’y livreront
pendant une*denii-journée à la prière
et k des exercices pieux en l’honneur
de la Vierge. Naturellement la foule
se pressait le 15 août à la chapelle
de Lulhern, et nalurellemeni aussi dans
l’auberge. Lorsque le schnaps eut commencé é opérer sur les cervelles de
tous ces pèlerins, une querelle s’engagea entre les gens de l’Enllebuch
et ceux de l’ilinterland, probablement
sur le point de savoir quels étaient
les meilleurs catholiques. Les combattants discutèrent bientôt la question
à coups de poing.s, de gourdins et de
couteaux, et ce iiil une vraie bataille
dont une lienlaine d’individus sont
sortis plus ou moins blessés ; deux
d’enlr’eux le sont si grièvement qu’on
désespère de les sauver. Tous les carreaux des fenêtres de l’auberge de la
localité bombardée par les gens de
l’Enllebucli ont été brisés, et les parois des deux chambres du Liitherbad
étaient couvei les de sang et de touffes
de cheveux arrachés dans la mêlée.
Une femme accouchée depuis peu et
son nourri.sson ont échappé à la mort
comme par miracle. Une pierre pesant
un quintal a pénétré par le toit et est
tombée au rez de chaussée en crevant
le plancher dos deux étages. Une enquête judiciaire a été ouverte.
(Du Journal de Genève).
W'ê’atme. — .^ll milieu des douloureux liraillernenls auxquels continue
à être en proie l’Eglise réformée de
ce pays, l’œuvre de Dieu poursuit son
cours, et plus d’un témoignage de la
bénédiction d’en haut vient relever
le courage de ceux qui commençaient
à désespérer. — C’est ainsi que dans
le courant des deux derniers mois
trois nouveaux temples ont été consacrés au Seigneur, dans trois localités
où il n’en existait plus depuis longtemps, si même il eu avait jamais
existé. L’un de ces temples a été solennellement ,inauguré le 23 Juillet à
Aix en Provence, eç présence des autorités locales: préfet, maii’e et colonel
de la garnison et d’une nombreuse
assemblée. Le second l’a été à Doullens (Somme) le 15 août, et la troisième, une petite, mais charmante chapelle à Evian flInule-Savoie), le 13
du même mois. Puissent ces trois
mai.sons de prière, par la prédication
qui y seia faite de l’Evangile de la
grâce de Dieu, en J. C. devenir comme
«la porte des cieux > pour un grand
nombre d’âme.s !
Angleterre. ■— Une grande réforme, presqu’une révolution vient de
s’accomplii- au soin de l’Eglise méthodiste d’Angleterre. Jusqu’à maintenant les Conférenees de cette Eglise
(correspondant à nos synodes)^n’élaienl
composées que d’ecclésiastiques. Les laïques en étaient exclus. Le 8 août,
après une discussion approfondie, et
qui n’a pas duré moins de trois jours,
la confei’ence brilanntqtre, réunie i
Nettingham, a volé par 360 voix contre
48, le principe de la représentation
laïque dans la conférence.
— A Leeds se trouvaient dans une
maison, autour d’une cour, quatorze
logements, dont treize habités par
des personnes malfamées. Le 14* était
vacant. Un agent de la Misssion intérieure l’a loué, y a établi des réunions, et, au milieu de tout ce monde,
bientôt le chant des cantiques remplaça
les chansons et les cris aéréglés.
(Eglise Libre).
Ecouc politique
Mtalie — La question de la dissolution de la Chambre n’esl pas encore résolue d’une manière définitive,
c’est-à-dire que le décret n’a pas encore paru ; cependant on l’atlend incessamment. Nicolera qui paraissait y
être le plus opposé aurait fini par
céder à ses amis de la gauche avancée
et aux autres membres du cabinet,
malgré l’opposition du centre de la
Chambre et des Toscans qui auraient
fini, excepté Ricasoli, par être gagnés
par le ministre de l'inlérieur.
— Le comte Ponza di S. Marlino vient
de mourir à Dronero où ses funérailles
ont été célébrées d’une manière imposante. Un autre vétéran de nos libertés qui n’est plus.
Angteterre. — Gladstone vient
de publier un livre sur les horreurs
de la Çulgarie et le gouvernemeut de
Turquie , dans lequel il montre que
ce gouvernement , plus encore que
celui des Bourbons de Naples, est la
«négation de Dieu». Il reproche au
gouvernement anglais d’avoir soutenu
la Poote au préjudice des chrétiens.
L’agitation contre la politique traditionnelle de la Grande-Bretagne est
très grande.
Qnemtion A'Orient. — L’œuvre
de pacification de la Sei bie et du .VJonténegro avance lentement. L’opinion
générale en Europe est qu’il est nécessaire que les divers états de la Mer
Noire à l’Adriatique dont la population est en majorité chrétienne, obtiennent leur autonomie.
Le nouveau sultan Harnid 11, en
j montant sur le trône a promi.s par
une proclamation, des franchise.s assez
semblables à celles des Etals cons'italionnels.
Ernest Robert, Gérant et Administrateur
Pigûerol, Impr. Cbianlore et Mascarelli.