1
Année Iluilième,
PRIX D’ABBONNEMKNT PAR AN
Ualifl . . .. I,. 3 i
Tous les pays de TUnion
de poste ... *
Amérique ...»
On a'ftbonne :
Pour Vïntérieur chez MM. len
pasteur.q et les libraires de
Ttirre l’ellios.
Pour VlSûCt.éyiei(ya\\ Riireau d'Administiatiou.
N. 85.
Un ou pinsieur.s numéros séparés, doitmmlés avant I« lira^e 10 cent olmnun.
Annono.es: 'if> centi me h par ligiiti.
I.es i^ntJoi.s (l'argetif se toni par
lettre yeronriYiaruiee o-u par
mandant sur Ih Burenu de /'«•
rosa Argentina.
Pour la RÊDA(’TI0N artre-seT
ainsi : A la Pirec ion du Témoin,
Pomaretto (Pineri lo) Italie.
Pour r ADMINISTRATION adresserainsi ; A rAdministration du
V Septembre 1882
Témoin y Pomaretto [Pinerolo^
Italie.
LE
ËCHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous me seret témoins. Actbs 1» S.
SU't)ani la t’ér?/e avec la charité. Ei*. 1,15
O m iiri a 11? O.
1' Septembre. ~ Les missinns aux îles
Fiitji, —Les Temples «i’Angrogiie. — Correspondance — Un martyr hugnoiiol. —
Aiiiiüiice.
Le vieux pasteur wurteinbergeois
Flaltich, était un jour assis à la
table ducale, dans le château de
Stuttgart, Comme dans son modeste costume il avait tout l’air
d’un paysan,,son voisin, un ministre, pensa qu’il pourrait se divertir im peu à ses dépense».
« Monsieur le pasteur, lui dit-il,
vous êtes très-savant et vous pourrez, sans doute, me mettre au
clair. Savez-vous quelque chose
de tout-à-fait certain sur ce que
sera l’homme après la mort? Aucun
pasteur n’a pu jusqu’ici me renseigner à ce sujet; vous seriez Îe
premier à le savoir.
«Sans doute, sans doute,» répond le vieux Flattich à l’Excellence as.sise â côté de lui; «je sais
•luelque chose de très-sûr ». —
«Oui , mais il faut que ce soit
parfaitement sûr, dit le ministre.
— Sans aucun doute, répliqua Flattich , c’est absolument certain.—
« Alors dites le moi ».
Le pasteur fixa un moment son
Voisin, puis il lui dit: « V'^otre
Excellence croit-elle qu’après la
mort, dans l’autre monde, elle
sera encore ministre? » — « Non ,
cela va sans dire, répondit l’ExcelleOce ». — Alors, dit le pasteur,
« vous savez quelque chose de
très-certain sur l’étal de l’homme
après la mort. Et maintenant réfléchissez â ce que vous serez,
lorsque vous ne serez plus ministre ». — Là dessus l’Excellence s’essuya plusieurs fois la bouche ; puis
il lui prit ce que les allemands
appellent: la toux de l’embarras.
C’est par cette curieuse anecdote que le pasteur Otto Funke
de Brême commence le nouveau
volume qu’il vient de publier sous
ce titre : Veux-tu Être guéri ? Il y
a chez cet auteur, populaire dans
l’Allemagne évangélique, et déjà
si connu du public religieux français par ses rencontres et souvenirs, ses méditations sur Jonas
et sur .Si. Paul sur terre et sur
■mer, une originalité de bon aloi,
une fraîcheur de sentiment et une
richesse d'expériences chrétiennes
2
„271..
aus-Sfi bien que d’observations spi*
rituelles , qui nous font vivement
souhaiter que son dernier ouvrage
trouve bientôt un traducteur.
Ce n’est pas cependant pour
annoncer ce livre à nos lecteurs
que nous lui avons fait cet emprunt; le Ï’émoï« laisse volontiers
ce soin à des journaux plus con
sidérables et plus compétents;
mais il nous a paru que les paroles du vieux pasteur et son
sérieux avertissement à un des
grands de la terre, tout en formant une introduction très originale au sujet du livre: Veux lu
être guéri? étaient d’une application bien plus générale et qu’il
valait la peine d’y rendre attentif.
Si les puissants du présent siècle
sont amenés, soit par l’exercice
du pouvoir et le succès de leurs
entreprises, soit parles flatteries
des courtisans, à se persuader que
la puissance elle-môme est une
vertu qui, au besoin, tient lieu
de toute religion et de toute moralité, et si le devoir sacré de
ceux qui peuvent leur parler est
de les avertir de leur fatale erreur,
beaucoup d’autres aussi, môme
aux degrés moyens et inférieurs
de l’échelle sociale, ont un urgent
besoin d’ôtre avertis comme eux.
— Prenons les professions que l'on
nomme libérales, sans que nous
ayons jamais su voir qu’elles le
fussent plus que d’autres, et adressons à ceux qui les exercent la
question du vieux pasteur souabe:
«croyez-vous que, dans l’autre
inonde, vous serez encore avocat,
notaire, médecin, peofesseur, pasteur ou officier d’armée?» Non
sans doute, répondront-t-ils, nous
ne serons plus rien de tout cela.
En effet, dans le ciel, il n’y aura
plus de cause à plaider, plus
d’acte à stipuler, plus de malade
à guérir ou à laisser mourir, plus
d’élèves à instruire, plus de pécheurs à évangéliser, plus de
guerre ni offensive, ni défensive
h soutenir. Mais alors, leur dirons-nous , avec le vieux Flaltich,
« songez ;’i ce qui restera de vou.s
lorsque vous ne serez plus cela».
— Ce n’est pas la profession,
quelle qu’elle soit et quel que soit
le talent et le succès avec lequel
vous l’aurez exercée qui vous
donnera accès dans le séjour du
bonheur parfait et de la gloire
souverainement excellente. Les
applaudissements qui auront ac,cueilli votre parole, les louanges,
qu’on nous aura prodiguées, l’estime que vous aurez conquise,
son des titres qui, lorsqu’ils sont
seuls, n’ont aucune valeur dans
le monde à venir; il faut autre
chose encore pour que tout le
travail auquel vous vous serez
livrés ne soit pas vain auprès du
Seigneur. « Tout ce qui ne se fait
pas avec foi (ou par la foi) est
un péché et nul ne peut être
agréable à Dieu sans la foi ». —
Que la chose vous paraisse raisonnable ou absurde, cela ne
change absolument rien à l'immuable volonté du Créateur lequel n’a pas pris conseil de sa
créature pour établir, d’acçord
avec elle, les lois du monde moral.
Descendons encore et adressons
à l’agriculteur, à l’artisan , au manœuvre, cette même question embarassaute : que restera-t-il de
vous dans l’autre vie lorsque vous
ne serez plus ce que vous êtes
maintenant? Car vous savez bien
qu’au ciel vous n’aurez plus à labourer, ou à piocher, à tisser ou
à coudre, k construire des habitations, ou fabriquer des meubles.
Que serez-vous alors et quelle
raison pourrez vous alléguer endisant; «Seigneur,Seigneur, ouvrenous?» Direz-vous que vous avez
été habiles dans votre profession,
ou dans votre métier, que vous
avez constamment travaillé? Ce
sont des titres que vous pouvez
faire valoir auprès des hommes .
mais ce n’est pas sur la recom-
3
375.....
mnndation des hommes que vous
serez admis dans la maison du
Père. Il n’y a là de place que pour
ceux auxquels Jésus-Christ est allé
préparer le lieu.—Songez y, et
halez-vous de travailler aussi pour
la nourriiure qui est en vie élernelle.
Descendons enoqre, ou plutôt
remontons si vous le voulez bien,
tous les degrés de l’échelle. Partout nous rencontrons des pères
et des mères de famille, et dans
le nombre, plusieurs de ceu.x que
l’on voit dépenser avec un parfait
dévouement leurs forces et leur
vie afin de pourvoir aux besoins
de leurs enfants et même de leur
rendre l'existence aussi douce que
possible. On passe facilement sur
beaucoup de défauts lorsqu’on
peut dire d’un homme qu'il est
■ bon père de famille. On va peutêtre jusqu’à dire : bienheureux
sont les bons pères de famille,
car ils iront sûrement au ciel! —
Eh bien I à ,ces pères et mères de
famille qui sont, aux yeux du
monde, des modèle.s de sollicitude
et d’abnégation , nous voulons
enfin adresser aussi cette double
question du vieux pasteur allemand : « Après votre mort, dans
le monde à venir, pensez-vous
que vous serez encore pères et
mères de familles, occupés au
siècle des siècles, à nourrir et
élever vos enfants? — Non, sans
doute, diront-ils. Mais alors songez un pen à ce que vous êtes
maintenant pour Dieu en dehors
de cette qualité, ou de ces fonctions de chef de famille, et à ce
qui restera de vous lorsque vous
serez dépouillé de ces fonctions.
m missions aux \m fidji
II.
Ün n’a jamais vu de changement
plus grand ni plus rapide chez aucun
peuple, que celui dont, le missionnaire llunl, a eu le privilège d’êtiT.
le témoin. Pendant les six dernières
années de sa carrière laborieuse, ce
fidèle serviteur de Dieu ii’a presque pas quitté Pile de Somo Sovio,
où il avait établi une presse, sauf
pour évangéliser quelques îles voisines, Outre le travail considérable ^u’il
lui a fallu accomplir pour posséder
la langue, l’écrire, traduire et imprimer le Nouveau ’feslaraent, il a
trouvé le temps de préparer un grand
nombre d’ouvriers indigènes, et celui
d’instruire le peuple et de fonder et
visiter les écoles.
Tant d’efforts ont eu leur récompense dans le merveilleux changement
qui s’est opéré chez les cannibales
de Viwa. Hunt vil s’opérer un réveil
extraordinaire en réponse à ses réunions de prières (réunions de repentance comme on les appelait), qu’il
tenait chaque samedi soir. Encouragés
par cette bénédiction visible, on organisa , soir et malin, des réunions
pareilles, dans presque toutes les maisons, et ce peuple, comme les Niniyiles des temps anciens, s’humilia
jusque dans la poussière, demandant
grâce et miséricorde. Ces sauvages
meurtriers paraissaient se rendre
compte, pour la première fois, de
leurs énormes crimes. Brisés et repentants, ils venaient se prosterner
devant le Dieu des chréliens, suppliant, avec larmes, que leurs péchés
leur fussent pardonnes. Les plus féroces parmi ces caiinibale.s étaient
si affligés de leur état, qu’ils oubliaient de prendre la nourriture nécessaire et qu’il fallait les y contraindre. Ce combat, pour ne pas dire celte
agonie , se prolongea plusieurs jours,
durant lesquels les affaires, le sommeil , et les repas étaient, complètement oubliés. Le cri de ce peuple a
été entendu et une abondante paix,
— cette paix qui surpasse toute intelligence, — est descendue sur l’île
et a rempli les cœurs ! Ce changement et ce réveil remarquable fùssenl-iis les seules grâces dont nous
sommes redevables à la mission des
îles Fidji, encore devions-nous nous
4
216-.
écrier que les vies de Cross, Hunt ,
Haziewood, Polglaze et Baker, morts
au poste, n’ont pas été en vain consacrées à cette oeuvre.
Qiielques uns partin' les agents indigènes, ont rendu tes plus grands
services à l’œuvre de la mission.
Miss G C nous entretient longueinenl de Joeli (Joël), c’est te nom que
cet homme avait reçu le Jour (k; son
baptême, lequel a travaillé pendant
80 ans, au milieu des scènes de cannibalisme et des difficultés de toute
espèce. Il a été le maître du vieux
rpi, et s’est acquitté de bien desde
voirs difficiles. Joël est entré dans
son repos à Raii, le 7 mai 1877, regretté de tout le peiqtle , et pleuré
par le roi et sa famille dont il avait
été l’ami et le ministre fidèle.
Miss G. C a eu l’aviinlage d’assister
à une assemblée de missions, à laquelle prenaient part seize villages.
11 y avait au moins 2000 personnes le
premier jour. Le Jour suivant dix
autres villages envoyèrent des auditeurs. Chacun apportait son offrande
dans sa bouche (bourse tout-à-fait
nouvelle) et tel donnait une pleine
bouchée, savoir de 4 à 5 fi'. Les fêles
de cette nature réunis.sent toujours
de deux à trois mille personnes, et
se tiennent naturellement en plein
air.
La mission wesleyenne , dan.s l’espace de quarante ans, a exercé une
influence salutaii e sur une population
de; prés de 100.000 habitants, qui
étaient tous livj'ésaux dernières horreurs du cannibalisme. Elle a formé
un immense corps d’agents indigènes
et réussi à établir des écoles dans
chaque village Le peuple a bâti des
Eglises partout et chaque maison, ou
peu s’en faut, a son culte de famille
— ce qui ne se pratique pas dans
les maisons des blancs.-, des îles Fidji.
.1. P. P.
Les Temples d'Atijirogne
(Voir le N. 3S).
HL Histoire des temples.
Ce fut un vrai chagrin pour la
cour de Rome que de voir les vaudois
se multiplier, tenir des assemblées publiques, faire de nombreux prosélytes
parmi les papistes, et même pousser
l’audace Jusqu’à construire des temples. Aussi incita-l-elle, par le moyen
de ses nonces, Henri H roi de P’rance
et la cour de Tui’in à trancher la
tête à l’hydre de l’hérésie vaudoise.
Le Parlement de Turin envoya donc
dès le mois de mars de l’an 1556 son
Président Barthélemi Aimé, seigneur
de S Julien, et le conseiller Augustin
De Ecclesia, avec la mission d’amener
les Vaudois dans le giron de l’Eglise
Romaine. Ces dignitaires vinrent à
Luserne et le jour après Pâques ils
montèrent à Angrogne, avec une
nombreuse suite de nobles, de moines
etc. dans le but de frapper l’imagination de ces montagnards.
Ils entrèrent dans le temple d’Angrogne- et y firent prêcher l’un de
leurs moines en présence des pasteurs
et du peuple vaudois. Lorsque le
moine descendit de la chaire, le peuple
demanda qu’on y fit monter un ministre vauoois, d’autant plus que le
moine avait avancé plusieurs choses
contraires à la Parole de Dieu. Le
Président refusa, et ordonna aux
Angrognins, au nom du Roi, du maréchal de Brissac, lieutenant d’Henri H
en Piémont et du Parlement de Turin,
d’embrasser la religion romaine, sous
peine d’une destruction semblable à
celle qui venait d’être le partage de
leurs coréligionnaires de Provence.
Les Angrognins répondirent qu’ils
étaient déterminés à vivre d’après les
enseignements de la Parole de Dieu
et dans l’obéissance à leurs supérieurs
en toutes choses possibles dans les
quelles cependant ils n’offensassent
pas le Seigneur. Ils ajoutèrent que
sJ on avait pu leur démontrer, au
moyen de la Parole de Dieu, qu’ils
étalent dans l’erreur, ils étaient prêts
5
,277~
à se corriger. S. Julien ripondil. que
sur ces matières il aurait fallu discuter, non pas à Angrogne, mais à
Turin, à Pignerol ou à Luserne. Les
ministres et le peuple acceptèrent
pour cette dernière localité, mais le
Président ne voulut plus en entendre
parler, et s’en retouiaia à Luserne
vers six heures du soir '
Quatre ans plus lard, Emmanuel
Philibert, qui avait succédé en J553
à Charles 111 son père, lança, depuis
sa résidence de Nice, un édit de
persécution contre les vaudois qui
porie la date du 15 Février 1560.
L’éxecution de cet édit fut confiée à
un prince du sang... Philippe de Savoie comte de Raconis, et h Georges
Costa comte de la Trinité. Ce dernier,
qui se rendit plus lard si tristement
célèbre, arriva ii Bibiane le 1'' Novembre, et lança son armée sur Angrogne avec des prêtres qui profitnèrent notre temple en y disant la
messe (Monaslier i. p. 252).
Dans une autre expédition faite peu
après, le comte poussa jusqu’aux
l ochers des Casse, un peu au dessous
de la Vacira, avec intention de se
jeter sur Pra-du-tour. »Mais il fut repoussé avec des pertes considérables,
et dans sa retraite il ravagea et
détruisit tout ce qu’il trouva sur son
chemin. 11 lit même abattre quantité
d’arbres et incendier des centaines
de maisons et de granges. Le temple
d’Angrogne et celui du Serre ne
furent pas épargnés, pas plus que la
maison du pasteur. Les papistes mirent le feu à ces édifices, mais ils
ne réussirent pas à les détruire complètement , peut-être à cause . des
prompts secours apportés par les
Angrognins (Gilles i. p. 2.S6). En
démolissant, il y a sept ans, le vieux
temple du Serre pour le rebâtir h
neuf, nous avons trouvé des traces
évidentes de ces incendies à savoir
du charbon et des poutrelles carbonisées. Nous avons .trouvé aussi des
morceaux de bois imparfaitement
carbonisé en creusant les fondements
du mur d’enceinte qui entoure le
temple d’Angrogne.
En décembre 1628 le comte Philippe
Marquis d’Angrogne fit appeler à
Luserne les principaux d’entre les
Angrognins, et les pressa de faire
bon accueil aux moines, et de leur
permettre de dire la messe dans leur
vallon. Les vaudois d’Angrogne répondirent au marquis que s’il lui
plaisait à lui de monter parmi eux,
sans prêtres, ni moines, ni messe, ils
le recevraient honorablement comme
toujours; mais que s’il y allait pour
introduire des prêtres et des rnoinc-s
à Angrogne et pour y faire dire la
messe, ils le priaient de ne point
s’offenser si personne ne se présentait
pour l’accueillir, ne pouvant le faire
en bonne conscience (Gilles ii. p. 348).
Néanmoips le samedi 30 décembre
plusieurs nobles, des prêtres en grand
nombre et une foule considérable de
papistes montèrent à Angrogne pour
être témoins de l’installation des
moines, et pour entendre la messe
sur le sol vaudois. Ils firent porter
avec eux des provisions en abondance
pour fêter le grand évènement par
une riboie. Arrivés à Angrogne, ifs
U'ouvèrent toutes les portes fermées
« tellement qu’il ne fust possible d’y
« trouver où mettre un homme, ou
» un cheval à couvert. Par quoi ils
dirent leur messe comme iis peu» reni, dans le chemin au dessous du
» temple, puis rebroussèrent inconti» lient chemin en bas, la plus grande
» partie tremblant de froid ou de
»panique terreur, et chacun chercha
î> en bas vers Luserne un lieu plus
» propre pour manger leur disner.
» Et ne leur voyage n’en firent point
»de resjouyssaiice le soir». (Gilles
II. p. 252).
Le comte Coprés, gouverneur de
Pignerol, qui avait vainement essayé
de faire accepter les moines par íes
vaudois d’Angrogrte, envoya dans celte
localité .son secrétaire qui y mónta
le dimanche 14 Janvier 1629 accompagné de plusieurs personnes de qualité II.Ç arrivèrent vers la fin dn
prêche, juste .à temps pour trouver
le peuple réuni dans le temple, et
pour l’exhorter h faire bon accueil
aux moines et à la messe. Mais ils
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durent s’en retourner à Pignerol avec
la conviction bien arrêtée que c’était
peine perdue que de parler de moines
et de messe à des gens qui savaient
si bien ce que valent l’une et les
autres. (Gilles ii, p. 366).
Le terrible fléau ae la peste répandu
en Piémont en 1630 par les troupes
françaises fit un grand nombie de
victimes dans nos Vallées. Le 16 Juillet
elle enlevait Barthélemi Appie et dès
le dimanche 21 , les temples d’Angrogne durent être fermés comme
tant d’autres ; ce qui fit que les
a.ssemblées religieuses se formèrent
de-nouveau en plein air. (Gilles ii.
p. 399).
Après avoir été profané par le.s
moines et incendié, le temple d’Angrognc fut encore employé comme
caserme par les ennemis. Le 11 juillet
1655 les vaudois étaient campes sur
la Vacira avec le colonel Andrion et
le modérateur Jean Léger (pii venait
de rentrer aux Vallées, Craignant
d’être attaqués pendant la nuit, les
vaudois envoyèrent deux explorateurs
chargés d’épicr les mouvements de
l’ennemi; et c’est au milieu des ennemis qu’allèrent tomber à leur insu
nos deux explorateurs environ deux
heures avant l’aube. L’armée du
marquis de Pianezza était campée,
dit Léger (ii, p. 195) autour et dam
ks masures àa. temple d’Angroqnc.
Puisqu’on 1655 nolie temple n’était
plus qu’une «mwiwî; , il est évident
que cet édifice sacré avait beaucoup
souffert pendant les persécutions qui
venaient d’avoir lieu, et qu’il avait
été mis hors d’usage par le vandalisme
des persécuteurs.
Les soldats de Pianezza qui renconirèrent les explorateurs vaudois les
prirent pour deux dedeurs camarades
et leur parlèrent piémonlais. Et ce
fut aussi en piémontais que répondirent nos deux Angrognins; même
ils s’assirent sur l’herbe avec le.s
autres et continuèrent la conversation
pour ne pas être reconnus. Mais
lorsqu’ils eurent découvert dans le
cours de la conversation quels étaient
les projets des persécuteurs, ils .s’évadèrent à la faveur des épaisse.«
ténèbres qui les enveloppaient, el
montant par les prés des Albarins,
un peu au dessus du temple, ils
hâtèrent le pas dans la direction de
la Vacira. Les coups de fusil des
papiste.S revenus un peu tard de leur
méprise, nq les atteignirent plus;
mais les détonations avertirent les
vaudois de la présence de l’ennemi.
Cet avertissement fut salutaire , car
dès le point du Jour nos pères durent
soutenir le teirible choc de l’armée
du marquis de Pianezza aux barricades
des Casse et au donjon de la Vacira.
L’histoire du temple du Serre est
en bien des points semblables à celle
du temple d’Angrogne, comme le
lecteur a déjà pu s’en apercevoir. Il
a été visité aussi par S. Julien et
profané par les prêtres qui y ont
prêché et dit la messe; et les flanimes
l’ont plus d’une fois réduit à l’état
de ma.sure. ' (A suivre).
Corrc0|)onbance
iio août
Mou elher Momicur.
Je pense que vous n’cMes pas encore
de retour, puisque votre absence devait durer nuit jours; j’espère donc,
que ma petite lettre voiis seiài remise
à vous-même, coque, par la raison
(pic vous savez, je préfère toujours.
Ce que j’ai à vous dire aujourd’hui
n’a pas précisément une très grande
importance aux yeux de certains gens
pour qui la question principale, ou
unique, est; que mangerons-nou.s,
que boirons-nous, comment parviendrons-nou.s à gagner d’avantage et à
mettre on sûreté ce (lue nous aiiron.'^
eu moyen de gagner? Mais pour vou.«,
commè pour moi, qui savons que
l’homme ne vît pas setUement de pain,
il on est tout autrement et nous ne
saurions être indifférents à ce qui .se
passe encore sur plus d’un point de
nos vallées. Voici ce que c’est. —
Ayant eu l’occasion de me rendre
dans une de nos paroisses, assez
voisine do celle à la quelle j’appar-
7
-..m—
tiens, jé suis entré pour affaires,
chez un homme qui n’est au dernier
rang, ni pour l’instruction, ni pour
la forlune, n’étant d’ailleurs ni riche,
ni lettré, comme vous allez voir.
Vous connaissez les habitudes du
pap. Un contracl quelconque n’est
définitivement conclu que s’il est convenablement arrosé, non pas avec de
l’eau , car tous ceux qui ont h vendre un objet de quelque valeur, vache
ou veau , ne sont à sec de vin que
vers la fin de l’été. — Il a donc fallu
s’asseoir à table, manger un ou deux
morceaux d’un pain fort bon, et boire
quelques verres d’un petit vin qui
pendant quelque temps semblait ne
pas pouvoir me désaltérer. Il est vrai
que la journée était chaude et que
j’étais venu d’assez loin; Dans le
courant de la conversationj’eus d’occasion de demander à det bom-me,
à son fils de 17 ii 18 ans et ii une
fille un peu plus jeune, s’ils aimaient
la lecture et ce qu’ils lisaient habituellement. [Quelquefois, surtout le
dimanche, un chapitre ou deux de
la Bible, me fut-il répondu. L’embarras visible avec lequel cette réponse fut faite, me fit craindre, peutêtre à tort, qu’elle ne fût pas très
sincère. Du reste on se bâta d’ajouter
que l’on n’avait guère le temps de
lire, tant il y avait de travail pour
tous et à toute.s les saisons de l’année.
Le fils avait cependant suivi, pendant deux ou trois ans , l’école paroissiale. Ne lisez-vous pas notre petit
journal vaudois, leur demandai-je?
Ils en connaissaient à peine le litre.
Connaissez-vous notre histoire? Pas
le premier mol ; simplement que les
anciens vaudois ont eu beaucoup à
souffrir pareequ’on voulait les contraindre d’aller à la messe. — Personne ne vous a-t-il jamais parlé de
notre journal et des livres qui ont
été publiés loucbanl l’bistoii'e. de
l’Eglise Vaudoise? Personne, me fnlil répondu.
.l’ai naturellement fait de mon mieux
pour réveiller chez ces braves gens
un peu de curiosité et un peu d’inlérêl pour les bonnes lectures, sans
savoir .si je n’aurais pas perdu le
peu de temps que j’ai pu employer
a cette œuvre charitable. En rentrimt
chez moi, et plusieurs fois depuis,
j’ai repensé à cet entretien, et je me
suis demandé à moi-même, s’il est
possible qu’il y ait aux Vallées un
.seul pasteur qui ne trouve, pas ou
qui ne cherpbe pas l’occasion d’encourager à la lecture tous ceux de
ses paroissiens qui .savent lire el tout,
.spécialement s’il y én a qui ne donnent pas toute l’importance qu’elle
mérite h la lecture oc noire propre
histoire. Je crois encore que l'honime
dont je parle n’a pa.s voulu se souvenir de ce que, sans doute, il avait
plus d’une fois entendu. Comme il
pourrait toutefois que dans cerlainc.s
parties de nos Vallees, on se fût jusqu’ici trop peu soucié de savoir si
les livres vaudois sont lus par une
bonne partie de la population, je;
prends la liberté d’assurer à nos cher.';
pasteuixs, que la connaissance de
noire histoire est un puissant riioyen
d’édification et que la prédication de
l’Evangile est précieuse et salutaire
surtout â ceux qui savent ce qu’il en
a coûté à nos prires pour nous l’assurer.
Votre tO’iyourH dévoué
Jacquk,»;.
Un ntiriyi' liUüficJitM.
Voici coimnenl M., le pasleui Benoit
raconte les derniers moments d’un
martyr liugiienol, du nom de Fulcran
Rey, qui fut le premier pasteur français condamné a mort après la révocation de l’édit de Nantes;
L’heure était venue d’aller au
supplice. Il y marcha avec une contenance calme cl assurée, chantant des
psaumes et repoussant les moines qui
l’importunaient de leurs discours et
qui raccompagnèrent jusqu’au pied de
la potence. «Retirez-vous, leur disaitil, vous êtes des consolateurs fâcheux.
11 n’y a rien ici à faire pour vous ».
Ayant rencontré quelques frères qui
pleuraient, il les salua, leur lais,saut
pour adieu des paroles d’encourage-
8
-280..
w
ment. En sortant par la porte Beauregard, il vit la potence dressée devant
lui. Celte vue ne fit que lui inspirer
des transports de joie: «Courage!
s’écria-t-il, courage! C’est ici le lieu
que je m’étais depuis longtemps proposé! Qu’il me paraît agréable! J’y
vois les deux ouverts pour me recevoir et les saints anges, qui me
tiennent compagnie» tout prêts à m’y
enlever. »
« ]1 voulut chanter un psaume; mais
les officiers de la justice s’y opposèrent. Au pied de la potence, il se
franchit avec
vit que
A TS O IN OE
mu a genoux, puis il irancJ
joi^ies degrés de l’échelle. Il
les moines montaient après lui; comme
ses mains étaient encliaînées, il leur
fit signe du pied de se retirer; «Je
vous l’ai déjà dit, je vous le dis
encore, s’écna-t-il, je n’ai pas besoin
de votre socours; ¡’en reçois assez de
mon Dieu pour faire le dernier pas
qui me reste à faire, afin de remplir
toute ma carrière, n
« 11 voulut parler pour édifierencorc
ses frères avant de rendre le dernier
soupir; mais le roulement d’un grand
nombre de tambours étouffa sa voix;
et c’est au milieu de ce bruit qu’il
rendit sa belle âme à Dieu. Trois ans
auparavant, le martyr Homel, au
milieu des souffrances inexprimables
de la roue, avait harangué le peuple
de Toiirnon, et ses accents émus
avaient longtemps vibré dans les âmes.
On ne voulut pas courir do nouveau
le risque de transformer en cliaire
l’échafaud. Mais qu’importe? pour
tous ceux qui en furent le témoins,
la mort de Kulcran Rey fut la plus
éloquente de ses prédications, Des
catholiques romains eux mémos avouèrent qu’il était mort en vérilable
martyr. «Son air, dit Jurieu, ses
yeux, ses mains parlèrent de son courage, de sa foi et de sa constance, et ce
langage fut si efficace que la ville de
Beaiicaire, loule plongée dans les
ténèbres et dans les préjugés du papisme, en fut émue d’une manière
extraordinaire. »
SOCIÉTÉ ÉVANGÉLIQUE DE GENÈVE
Feule (le Tliè'iliiirir.
La Faculté, sans se rattacher à aucune
église particulière, a pour but de
former des pasteurs évangéliques.
Ancien Tkstament; Exégèse; M. Barde
prof., M. Ch Ed. Marlin. ~ Interprélation: M Tissot prof. — Archéologie hébiaique: M. Ch. Ed. Martin.
Nouveau Testament: Exégèse; Introduction; llerméneirtique: M. Barde
professeur.
Théologie Histoiuque: Histoire du
Christianisme: M Ruiïèt prof. —
Histoire des Dogmes : M. Tissot prof,
- Patristique: M. Durand, ancien
pasteur à Liège.
Théologie Systématique : Dogmatique ; Apologétique; M Thomas proL
— Symbolique; M, Tissot prof.
Théologie Pratique; Le Ministère:
M. Tissot prof. — Eludes homilétiques ; Exercices eatèchétiqiies :
M. Barde prof
Cours e\lraor(liiiaire8:
Exégèse de l’Ancien Testament. —
Hygiène. -- Diction. - Chant.
L'Kcaie i'réjjiiraDiifp
est divisée on 3 degrés. Les élève.«
reçoivent un enseignenieni biblique,
littéraire, pbiloiogiqne (latin, grec,
hébreu, allemand), scientifique et
sont placés sous une direction affectueuse et chrélienne..
Lès étrangers peuvent être reçus
dans une maison d’étudiants, tenue
ar M. Durand, ancien pasteur h
iége.
Les cours s'ouvriront le 3 octobre.
S’adresser, poui' les admissions, à
M, le prof. Tissot, président du département de théologie et, pour le
programme, à M. le pasteur Rimond
(Oratoire Genève).
Kh«kst Hdiiiur, Gérant cl Adniinistraieiir
Pignerol, Inifc Chianture el Jlascarolli,