1
sixième année.
IV. 44.
3 Novembre 1871.
L'ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Yaudoise.
Que toutes les choses qui sont véritables.occupent
vos pensées — ( Philippiens., IV. 8.)
PBIX D ABONNEMEHT :
Italie, h domicile ('un an) Fr. 3
Suisse...................*5
France...................»6
Allemagne 6
Angleterre, Pays-Bas . • 8
Cn numéro séparé : 5 cent.
Un numéro arriéré : 10 cent.
BCBEADX d’aBONHEIHEIIT
ToRRp-PEr.T.iCE : Via Maestra,
N.42. (Agenzia bibliogra/ica)
PiGNERoL : J. Chiantore Impr.
TuRtNiJ.J. Tron, via Lagrange
près le N. 22.
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lica, via de'Panzani.
ANNONCES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’adresser pourTadministration
au Bureau à Torr.e-Peiiice,
via Maestra N. 42 — pour la
rédaction : â Mr. E. Maïan
Prof * à Torre-Pelice.
S O ixi na a 11? e.
L'évangélisation en Italie. — L’évangélisation en Espagne. — Assemblée des évangéliques d’Allemagne à Berlin. — L’Abyssinie.
Nouvelles religieuses. —Chronique Vaudoise.
— Chronique politique.
NOUVELLES DE L’ÉVANGÉLISATION
eu Italie
Nous n’avons pas, il est vrai,
des nouvelles aussi réjouissantes
à donner sur l’Evangélisation en
Italie, que celles que les journaux nous apportent d’Espagne,
cependant le témoignage est rendu
à l’Evangile, la vérité est prêchée
de Pignerol à Bari et de Como à
Palermo et à Catania; et bien des
âmes sont rendues attentives à la
grande question de leur sàlut. Notre devoir est de travailler avec
zèle et avec fidélité « pendant
qu il est jour; » et de répandre
la bonne semence, quand même
nous aurions à nous appliquer la
parole que notre Sauveur rappelle:
l’un sème et l’autre moissonne
( J. V.-37). Cependant le Seigneur
noua donne de voir de précieux
fruits du travail de nos Evangé listes; en Sicile, plus que dans aucune autre région de l’Italie, des
besoins religieux se manifestent,
à Palerme, à Catania et surtout
à Messine qui est, avec Venise
peut-être, notre poste le plus prospère. Nous avons aussi sujet de
nous réjouir des progrès des écoles
évangéliques; car nous sommes entièrement de l’avis de M. Edward
Clarke de La Spezia que c’est sur
la jeunesse, et sur les enfants surtout, que nous devons fonder notre
espoir d’une régénération de l’Italie
au point de vue de l’Evangile , à
moins qu’il ne plaise au Seigneur
de répandre son esprit et de rendre
à la vie les os desséchés.
Parmi les stations dont les écoles
sont particulièrement prospères
nous devons mentionner Turin,
puis Venise ; dans cette dernière,
le nombre des enfants qui fréquentent les écoles vient de s’accroître
considérablement et les journaux
j de la ville ont parlé d’elles d’une
manière très favorable, particulièrement la Stampa dont nous extrayons les quelques lignes qui
2
-346
suivent: • hier, y est-il-dit, a eu
lieu au Palais Cavagnis l’examen
annuel des écoles italiennes évangéliques. Nous dirons seulement
que ces écoles gratuites, dirigées
par un comité spécial, sans aucun
esprit de prosélytisme, ont fait,
pendant la dernière année, des progrès sensibles dans les branches
les plus importantes de l’enseignement , et contiennent dans ce moment plus de 80 enfants de 5 à
14 ans, divisés en 4 classes et
instruits par deux instituteurs et
deux institutrices. La distribution
ordinaire des prix n’a pas eu lieu
et on l’a remplacée par une espèce
de fête de famille pour tous les
écoliers au Lido ». Après une courte
description de cette fête, le journal
exprime le vœu que cette manière
d’encourager et de réjouir les enfants après les promotions soit
imité par les directeurs des écoles
publiques de la ville; persuadé
quelle ne peut qu’exercer une
excellente influence sur la jeunesse,
A Livorno les écoles évangéliques , soutenues par un comité
local, sont très prospères et le
nombre des élèves est déjà de 60
plus élevé que celui de l’année
dernière, c’est-à-dire qu’il n’est
pas éloigné du chiflre de 330. —
Nous avons déjà annoncé qu’à
Rome l’école de M“® Gould s’est
élevée, en moins d’une année, au
chiffre de 80 élèves des deux sexes
et que M. Garnier régent à Florence a été appelé dans la nouvelle capitale afin d'y établir une
autre école. — Mais c’est à RioMarina que les écoles ont pris un
développement surprenant, eu égard
à l’importance numérique de la
congrégation elle-même. Les écoles
comptaient déjà à l’époque du dernier synode 190 enfants, dont à
peine 50 appartenaient à des parents évangéliques ; l’Eco délia
Verità nous parle de l’ouverture
d’une 4® école rendue nécessaire
par le nombre considérable des
enfants de l’école enfantine, lequel
dépasse la centaine. Ce sont là des
résultats vraiment satisfaisants,
car nous savons que dans ces
écoles; il y a, à côté de l’instruction, une éducation chrétienne qui
a encore un prix supérieur à nos
yeux.
L’EVANGILE EN ESPAGNE
L’Evangile en Espagne ! L’Evangile à Rome ! Ces impossibilités
de quelques années passées sont
des réalités en 1871. Oui le pays
dé l’Inquisition, des auto-da-fè est
évangélisé; et le roi qui occupe
le trône de Philippe II accorde la
liberté de conscience et de culte
à ses sujets ! Nous avons vu tant
de choses extraordinaires se passer
sous nos yeux que nous ne nous
étonnons plus de rien et que nous
oublions de rendre grâces à Dieu
de qui ces choses procèdent. —
En Espagne, comme en Italie,
les diflicultés de l’œuvra sont grandes, c’est d’un côté la superstition
des masses, de l’autre le matérialisme et l'jncréduliW, tristes fruits
du despotisme civil et spirituel
qui a pesé sur ce, pays et qui en
a dénaturé le caractère jadis chevaleresque et généreux. Les congrégations évangéliques d’Espagne
se divisaient en deux groupes disstincts. celui d’Andalousie, désigné
sous le nom dCEglise réformée es-
3
-M1
pagnole organisée sous l’influence
de l’Eglise libre d’Ecosse, et celui
de Madrid et des Castilles connue
sous celui d'Eglise évangélique espagnole. Au Synode de Séville du
mois d'avril dernier, ces deux
groupes consentirent à tenter une
fusion sous la dénomination nouvelle , mais moins bien choisie,
d'Eglise chrétienne espagnole.
L’Eglise chrétienne espagnole
comprend aujourd’hui douze églises; celles de Séville, de Cadix,
de Malaga, de Grenade , de Cordoue, de Huelva et de Constantine
qui appartenaient au groupe d’Andalousie et celle Madrid, de Saragosse , de Camunias , une 2® de
Madrid et celle de Carthagène,
qui appartenaient, au moins les trois
premières, au groupe castillan.
D’autres églises ou postes d’évangélisation se joindront à ces douze
à mesure que leur organisation se
complétera, et parmi elles celle
de Barcelone qui est sous les soins
de M. le pasteur Empeytaz. Cette
dernière église vient de recevoir
une extension imprévue; elle a
deux chapelles à Barcelone même,
deux annexes et trois écoles de
semaine avec deux instituteurs
seulement et un seul pasteur. —
Plusieurs de ces Eglises sont très
prospères et comptent déjà de 4
à 500 membres effectifs et plus
de mille auditeurs, ainsi celle de
Madrid.
Durant l’année dernière 14000
exemplaires de la Bible , 10000
du Nouveau-Testament et près de
54000 Evangiles et portions de la
Bible ont été distribués ou vendus
en Espagne. Ces chiffres dépassent
de beaucoup ceux que peut fournir
la même œuvre en Italie; mais il
faut considérer que le colportage
biblique se fait depuis beaucoup
plus longtemps dans notre pays.
Du reste pourquoi ne reconnaîtrions nous pas avec actions de
grâces que en Espagne les cœurs
semblent plus particulièrement préparés à recevoir la bonne nouvelle
du salut! Notre Seigneur l'a dit:
les derniers seront les premiers.
ASSEMBLÉE
des Chrétiens évangéliques d’Allemagne
à Berlin
L’unification politique de l’Allemagne,
réalisée en si peu de temps d’une manière
presque miraculeuse, devait naturellement faire naître l’idée et le désir de
l’unification sur le terrain religieux. C’est
pour essayer de réaliser cette idée que
des chrétiens évangéliques de toutes les
contrées de l’Allemagne et appartenant
aux différentes confessions et aux différentes directions théologiques, mais unis
pourtant sur le fondement d’une même
foi au même Sauveur Lieu manifesté en
chair, se sont adressés à tous les chrétiens de l’Allemagne pour les inviter à
prendre part à une grande assemblée
devant se tenir à Berlin, dans la grande
et belle église de la’garnison, les jours
10, 11 et 12 octobre 1871. L’appel fut entendu et l’on vit accourir à Berlin des
réprésentants de toutes les parties de
l’Allemagne, du Mecklembourg et de la
Bavière, du Holstein et du Wurtemberg,
de Bade et de la Poméranie, de la Prusse
orientale et des provinces du Rhin. Leur
nombre fut plus grand qu’on n’avait osé
l’espérer ( environ 1400) puisque les cartes
d’entrée que l’on payait un thaler, ne furent pas suffisantes.
Le service divin qui devait précéder
l’ouverture de l’assemblée eut lieu dans
la cathédrale à 9 h. du matin. Le surintendant-général D' Hoffmann prêcha sur
Jude v. 2 « que la miséricorde, la paix et
la charité vous soient rhultipliées ; » son
4
-348
discours simple et substantiel, très adapté
à la circonstance, exprimait le vœu que
cette assembée qui, par la mviéricorde do
Dieu, avait pu se réunir, fût fortifiée dans
\npaix et couronnée par la charité. A peine
le service divin fut-il terminé que la foule
se précipita vers l’église de la Garnison.
L’assemblée s’y constitua oKiciellemeot
eu élisant, par acclamation, comme président le ministre d’Etat de Bethmanntlollvveg, qui choisit, à son tour, quatre
ou cinq vice-présidents appartenant l’un
à Kiistrin, l’autre à Magdebourg, le troisième à Erlangen, le quatrième à Stuttgart.
Après avoir exposé en quelques mots
le but que devait se proposer cette assemblée, il laissa la parole au docteur Ahlfeld
pasteur à Leipzig qui traita le sujet suivant; que deoons nous faire afin que notre
peuple conserve un héritage spirituel des
grands événements de 1870 et 18711 quoique
ses idées si profondes et si saines et exprimées avec tant de clarté et de chaleur,
soient surtout importantes pour l’Allemagne, elles ne sont peut-être pas sans
intérêt pour plus d’un lecteur de VEcho j
aussi qu’il me soit permis de les résumer
en quelques lignes. j
Après une introduction historique oh il
rappelle les grandes choses que l’Eternel
a faites pendant les deux dernières années, en faveur de la natjpn allemande,
l’orateur se demande : dans quel but Dieu
nous a-t-il comblés de tant de grâces non
méritées? Est-ce peut-être pour que nous
soyons enrichis de deux nouvelles provinces et de. cinq milliards enlevés à l’ennemi? ou bien est-ce peut-être pour que
les allemands, après avoir vaincu et humilié ce grand peuple qui. depuis plus de
deux cents ans, avait marché, presque
sans interruption, de victoire en victoire,
deviennent, à leur tour, une nation guerrière et qu’ati lieu d’êtrfe le cœur de l’Europe ils, en deviennent le poing? Non,
bien loin de là! Si Dieu nous a permis
de jeter un coup d’œil sur l’abîme daps
lequel notre voisin d’outre Rhin est tombé,
c’est pour que nous prenions garde de
n’y pas tomber à notre tour; voilà le but
que notis devons poursuivre, nou seulement nous pasteurs, mais nous tous chrétiens évangéliques qui ayons un cœur
ur le royaume de Dieu.
Et, pourjatteindre ce but, il faut que
toutes les classes de la société en Allemagne se persuadent qu’elles ont une
tâche à accomplir. Le nouvel empereur
en accordant à toutes les confessions ( en
ce moment l’empereur entre dans l’église,
l’orateur continue) l’empereur en accordant à toutes les confessions et même aux
Juifs, la même protection, le même droit
de ne faire des conquêtes que par l’épée
de la parole de la vérité. Que Dieu préserve la maison de Hohenzollern, s’écrie
l’orateur, de viser jamais à la réalisation
de l’unité de l’église, comme le. tirent la
cour de Bysance, Louis XIV et la maison
de Habsbourg. Une église nationale serait
pour r.Allemagne le plus grand des malheurs, et le premier devoir du nouvel empire, eu matière religieuse, est d’être équitable envers toutes les confessions. — Le
devoir de l’armée qui, dans cette dernière
guerre, a vu la ruine d’un peuple chez
qui la crainte de Dieu a disparu, le devoir
des officiers et de chaque soldat c’est de
ne pas oublier que la croix de fer qu’ils
ont gagnée sur les champ de bataille leur
rappelle la croix do Golgotha et le crucifié doit être leur amour
Der am Ereuz ist meine Liebe,
Meine Lieb'ist Jesus-Christ.
Ils doivent se souvenir du capitaine Corneille et du capitaine de Capernaüm et
dire avec Josué: moi et ma maison nous
voulons servir l’Eternel.
Le devoir des Chambre.s, c’est de prendre en considération les misères de la
classe ouvrière et d’abord de travailler à
la solution do la question sociale qui prend
de jour en jour un aspect plus inquiétant,
plus formidable. Un coup d’œil sur les grèves et sur VInternationale pour qui Dieu, foi
et patrie ne sont plus rien, nous montre
qu’il n’y a pas de temps à perdre pour
porter du secours à notre prochain qui
souffre. fà suivre J P. Chidvie.
LES ABYSSINIENS
L’Abyssinie, ou la hante Ethiopie, est un
royaume de l’Est de l’Afrique qui a une
superficie d’environ 197 mille lieues carrées, et une population de 3 millions d'ha-
5
-349
bitants. Ce pays est borné au N. par la
Nubie, à l’E. par la mer Rouge, à l’O.
par le Kordofau et au S. par la contrée
des Gallas.
Les Abyssiniens sont divisés en plusieurs tribus; la couleur des uns est d’un
noir pâle, celle d’autres d’un brun olive,
d’autres encore sont bronzés et même
noirs tandis qu’on en trouve d’aussi
blancs que les Européens. Ces hommes
grossiers, paresseux et sales sont de remarquables cavaliers. N’ayant aucun respect pour leurs femmes et leurs filles, ils
■s’on servent comme d’esclaves. Par exemple, les hommes de condition ne veulent
pas môme se donner la peine de se nourrir eux-mêmes : deux femmes de leur famille doivent se tenir à leurs côtés et
leur mettre dans la bouche tous les morceaux. Lorsque le maître a assez mangé,
sa femme et ses filles peuvent se rassasier des restes.
Les maisons couvertes de chaume sont
petites, sales et sans agréments. Les habitudes des habitants sont grossières et
dignes d’une vie à moitié sauvage; lorsqu’ils sont malades ils ont recours à toutes sortes d’habitudes superstitieuses; par
exemple, ils rassemblent tous les plus
beaux vêlements des malades, ainsi que
leurs joyaux et ce qu’ils peuvent emprunter du même genre à leurs voisins ; ils
étalent cela autour d’eux dans l’espoir que
cette vue touchera le mauvais esprit et
l’engagera à abandonner sa proie. Ensuite
ils font un terrible tintamarre avec des
tambours et des trompettes et en poussant
des cris de toute espèce afin de faire fuir
bien loin ce mauvais esprit. Mais si la
mort arrive, les cris dépassent tout re
que l’on peut imaginer; les pleureurs se
jettent par terre , s’arrachent les cheveux
et se déchirent avec des instruments tranchants jusqu’à ce que tout leur corps soit
eu sang. Plus tard, on lave le mort, on
le coud dans les habits qu’il avait l’habitude de porter, et l’on va l’ensevelir. Des
pleureurs payés pour cela, suivent le cortège en poussant do profondes lamentations , jusqu’à ce que la terre ait recouvert le corps. Ensuite tous ceux qui ont
assisté à la cérémonie retournent à la
maison et l'on célèbre une fête en l’honaeur du mort.
L’Abyssinie a beaucoup attiré l’attention
dernièrement à cause de la guerre que
les Anglais ont fait à son roi Théodoros.
Cet homme qui avait d’abord été chef de
voleurs, gagna une telle influence qu’il
pût rassembler de nombreuses armées ,
vaincre tous ceux qui s’opposaient à lui
et devenir roi. Pendant un certain temps,
il permit aux missionnaires de continuer
leur œuvre parmi son peuple; mais plus
tard, sous prétexte que le gouvernement
anglais ne le traitait pas avec respect, il
les flt mettre en prison en compagnie
d’autres employés anglais. D’abord, on
traita les captifs avec une certaine bonté,
mais plus tard, on leur mil des fers très
pesants, et chaque fois que le roi était
do.mauvaise humeur, il ajoutait quelques
souflrances, non seulement à ceux qui
l’avaieut offensé, mais à tous les prisonniers sans exception.
Les maisons de boue et de ronces qui
formaient la prison, étaient fermées chaque nuit, mais dès que le soleil se levait
ou les ouvrait et l’on pouvait y entrer
pour y passer la journée. Les diverses
huttes des prisonniers étaient surveillées
par une nombreuse garde et chaque soldat risquait sa propre liberté s’il laissait
évader un des hommes confiés à sa charge.
Plus tard les prisonniers furent traités
plus cruellement que de grands criminels.
On ne leur permit plus de se réfugier dans
la prison commune pour se mettre à l’abri
du soleil, de la pluie ou de la fraîcheur
des nuits; ils durent rester en plein air
dans un enclos. On ne flt pas la moindre
différence pour les femmes et les enfants,
même les plus petits, et ce ne fut qu’après
bien des jours qu’on leur permit d’élever
une espèce de tente en attachant un morceau de toile contre la palissade. C’est
sous ce misérable abri que les prisonniers
passèrent quinze mois ; pendant les sept
premiers mois, ils n’étaient enchaînés que.
par les pieds, mais ensuite on leur mit
aussi des menottes. Toute la journée ils
étaient en butte à la curiosité des indigènes qui venaient les regarder comme
on le fait pour les animaux sauvages dans
les jardins zoologiques. Mais au lieu de
les admirer, les indigènes leur prodiguaient les sarcasmes, disant .qu’ils avaient
6
-350
les chereux Comme les singes, des yeux
comme les chats, un teint comme du lait,
et ils se demandaient les uns aux autres,
si, malgré la ressemblance évidente qu’il
y avait entre ces êtres et eux, on pouvait
être certain que c’était aussi des hommes.
Les troupes anglaises après avoir vaincu
les armées abyssiniennes, s’emparèrent
de la capitale et délivrèrent les prisonniers. Théodoros, le roi, perdit la vie; sa
femme, qui, paraît-il, était beaucoup plus
avancée dans la connai.ssance de l’Evangile que ses compatriotes, ne lui survécut
pas longtemps; mais avant de mourir,
elle mit son fils entre les mains du général anglais, en lui disant: «Prenez-le,
élevez-le chrétiennement, et ensuite, s’il
plaît à Dieu, qu'il revienne faire du bien
à son pauvre peuple. Le général amena
le petit -\llu-Mayn en Angleterre, oîi il fut
placé de manière à être élevé convenablement. Un jour, un pasteur voulut lui
parler de l’amour que Dieu nous a témoigné en envoyant son fils sur la terre pour
nous sauver. Le jeune prince ne comprenant pas encore l’anglais, le capitaine
Speedy qui prend soin de lui. traduisit
les paroles du pasteur. Le 'jétine prince
écouta avec la plus grande attention, et
ses yeux se remplirent de larmes; puis
il dit nu capitaine ; « veuillez dire à cebón
monsieur que je le remercie infiniment;
j’ai beaucoup de joie à l’entendre parler
ainsi, car c’est justement ce que ma mère
m’a répété maintes et maintes fois. Elle
me disait constamment que Jésus m’aime,
et que si je voulais aussi l’aimer et le
prier de tout mon cœur, il me rendrait
sage, et me préparerait pour aller lors
<pie je mourrai, vivre à toujours avec lui.
Puisse ce jeune prince apprendre à connaître le Seigneur Jésus, et devenir un
missionnaire pour son peuple!
{Lectures illustrées J.
Dans l’année 1870 ont été répandus en
Italie, 5448 Bibles, 14,383 Nouveaux Testaments, et 11,420 portions détachées de
l’Ecriture Sainte. • < -o- '
Nous lisons dans Lu Croix sous le titre
de Bonne Nouvelle l’article qui suit; La
prophétie nous dit que dans les derniers
temps l’Eternel hâtera son œuvre de rédemption. Le chapitre 49“ d’Esaïe, par
exemple, parle de multitudes qui arrivent
sans avoir été appelées: « et Sion dira en
son cœur: qui m’a engendré ceux-ci? Le
Seigneur répond : Voici je lèverai ma main
vers les nations et j’élèverai mon enseigne
vers les peuples ». C’est encore, par une
action directe de l’Eternel sur les âmes
que s’explique cette autre parole du chapitre 66“ d’Esaïe : Elle a enfanté avant que
de sentir le travail. Qui entendit jamais
une telle chose?
Ne voyant rien de semblable, nous avons
perdu de vue ces grandes promesses, ne
prenant des Ecritures que ce qui s’applique
à notre moment.
Il en est do même de celte promesse du
Sauveur: «Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : ils chasseront les démons en mon nom ; ils parleront de nouvelles langues; ils saisiront
les sergents, et quand ils auront bu
quelque chose mortelle, elle ne leur nuira
point; ils imposeront les mains aux malades et ils seront guéris ».
Ces paroles sont si peu en rapport avec
notre piété protestante, que je propose de
les etfacer de nos Bibles.
Mais non ! Voici que des faits viennent
nous rappeler et appliquer la prophétie
d’Esaïe et les promesses du Christ pour
ceux qui croiront. Ces faits nous viennent
de l’Inde, d’un peuple bien déchu, pour
nous rappeler celte autre parole du Sauveur: Les derniers seront les premiers.
« Un missiounaire stationné parmi les
Cools raconte qu’ils viennent, par centaines
à la fois, de leurs forêts et de leurs gorges,
oîi jamais missionnaire n’a pénétré, et
demandent à être baptisés. Ils disent:
Nous voulons devenir chrétiens pour être
délivrés de la puissance de Satan et être
placés sous la garde de Dieu. Ils sont
persuadés que du moment que le missionnaire a inscrit leurs noms, cette protection de Dieu leur est si réellement acquise
que si, par exemple, ils sont mordus par
un serpent venimeux, il ne leur arrive
rien; que le même secours les délivre èt
7
-351
Jes garde de maladies et antres malbenrs.
Et il leur arrive selon leur foi I L’ivrognerie est grande parmi eux; mais du
moment qu’un homme a fait inscrire son
nom, il ne boit plus. S’il arrive, par rare
exception, qu’un homme succombe do
nouveau, il vient, dans un deuil profond,
demander que sou nom soit rayé. Voilà
de la réalité! Voici la puissance et la
gloire de Dieu ! et ces réveils se manifestent sans que l’action de l’homme y soit
pour quelque chose ; c’est la puissance
de Dieu qui, directement et mystérieusement, amène ces païens des ténèbres
à la lumière ».
Voilà ce qu’on écritde l’Allemagne d'après
les récits d’un missionnaire. Si cela est
exact, j’ose dire que depuis le temps des
apôtres rien d’aussi grand n’est arrivé;
si ces bonnes nouvelles sont confirmées,
vendons ce que nous avons, quittons
nos filets, et allons de lieu en lieu pour
dire aux gens; Les temps sont accomplis,
le royaume des deux s’approche, amendez-vous et croyez à l’Evangile l
ïNîmes. Le 25 et le 26 octobre dernier ont eu lieu à Nîmes les conférences
évangéliques nationales. Les questions à
l’ordre du jour ont été les suivantes : —
Vécangélisation de la France, la séparation
de l’église et de l'élat au point de vue de
ses avantages et de ses inconvénients, la
translation de la faculté de Montauban à
Paris, la fusion de l'Eglise luthérienne et
de l'Eglise réformée en France, la convocation des synodes, etc.
îVlaasamet. — Le synode de l’Union
des Eglises s’est ouvert le 19 courant à
Mazamet sous la présidence provisoire de
M. Daniel de Robert. M. Pozzi a été élu
président et MM. Fisch et Grüùer viceprésidents. L’aspect du Synode, dit l'Eglise
Libre, révèle des dispositions ferventes,
élevées, et l’impression où l’on est qu’un
grand effort est néce$saire pour le relèvement moral de la nation, et que tous
les cœurs doivent s’unir pour le su.sciter.
Syrlo. Le missionnaire Waldmeyer
écrit de Damas en date du 24 juillet 1871 :
« Vous seriez étonnés et surpris si je
vous disais qu’ici à Damas il y a un mouvement magnifique parmi les Uahométans,
tellement que trois mille demandent à devenir chrétiens. Ils ont des réunions de
prières régulières et ils prient notre Seigneur Jésus-Christ qu’il veuille se révéler
à eux comme leur Sauveur et les conduire des ténèbres à la lumière et à la
vérité. Ce n’est pas une histoire sans fondements ni preuves que je vous écris là,
non, c’est un fait certain. Le consul do
S. M. britannique, le capilaine Burton, en
a été avisé, et il prend le plus grand intérêt à cet étonnant mouvement. L’ancienne loi musulmane condamne à mort
quiconque devient chrétien ; cette mesure
peut s’exécuter contre quelques individus,
mais que faire avec trois mille ? Et les
missionnaires me disent que ce nombre
s’accroît rapidement. Quelle sera la fin
d’un réveil si surprenant parmi les Mahométans? Il y a aussi un réveil parmi les
Juifs; les Druses attendent avec anxiété
leur Sauveur qui doit venir do Chine. En
Perse, il y a aussi un grand mouvement
religieux dans l’attente d’un Rédempteur.
Un jour nouveau et meilleur va-t-il se
se lever pour l’Orient? Les prome.sses des
Ecritures commenceraient-elles à s’accomplir T Prions et travaillons car ce sont des
jours privilégiés que ceux dans lesquels
il nous est permis d’agir».
Un ami nous prie d’attirer l’atteulioa
des chrétiens de France et du Piémont
sur l’évangélisation du val de Fénesirelle,
autrement nommé le Pragelat, pays catholique situé en Italie près de notre frontière,
et oU l’on parle français.
(Eglise Libre J.
Trois membres du consistoire de Genève,
MM. Rossi, Plantaraour et Tournier, ont
donné leur démission de la Commission
exécutive par suite du vote sur la question des liturgies.
Cltrontc|ue
Bool© Ae tlxéologl©> — Les
cours suivant seront donnés dans l’école
de théologie évangélique à Florence pendant l’année scolaire 1871-72 :
8
-352
Par le Prof. Geymonat ; la dogmatique
( prolégomènes et première partie); l’histoire
de l’Eglise (de Grégoire le Grand à la Réformalion); la liturgique, la catéchétique,
la polémique et l’exégèse de l’Epître aux
Hébreux.
l'ar le professeur Revel Albert: l’histoire
dos dogmes; l’introduction spéciale aux
livres de l’Aucion Testament; l’exégèse dos
premiers chapitres de l’Exode et de la seconde partie d’Esaïe (chap. XL à la fin);
exégèse des Actes dos Apùtres et des épîtres de S' Pierre.
L’Ecole de théologie possède déjà une
bibliothèque théologique de 4 à 5000 toIumos, elle a été enrichie par l’achat des
livres du D' Desanctis et par le legs que
le D’ Revel lui a fait de tous les siens.
Le D' Slcicarl. On a reçu des nouvelles
très réjouissantes de la sauté du D' Stewart.
Des lettres d’Ecosse annoncent qu’il est
en voie de guérison, que les médecins
l’ont déclaré hors de danger, et que si le
mieux se maintient, nous aurons bientôt
la joie do le savoir de nouveau à Livourne.
Ouo Dieu eu soit loué !
®hrontc|ue politique.
Oenèvo. Le grand Conseil a discuté
la grande question de la séparation do
l’Eglise d’avec l’Etat. Plusieurs orateurs
ont pris la parole pour et contre la proposition; ont surtout parlé contre M. Fazv,
Hartung, Chenevière et un orateur catholique. JH Am. Roget ne pense pas que la question soit mûre et voudrait qu’on la mît à
l’étude pour ne la résoudre que dans 4
ou 5 ans. Au contraire, MM. Charnel, Carteret et plusieurs autres insistent pour
qu’ou mette immédiatement la main à
rœuvre, et parmi ceux-ci. les uns veulent
qu’on laisse à l’Eglise les biens qu’elle
possède, les autres au contraire demandent qu’on la dépouille môme de ses presbytères et de ses temples. Les partisans
du statu quo sont eux aussi dirigés par
des mobiles fort divers, les uns par l’amour et le respect de l’institution nationale, [les autres par la crainte que les
églises étant libres ne soient trop puissantes. Comment pourra-t-on empêcher
l’installation à Genève d’un évêque catholique et l’entrée dans le grand Conseil
e.t dans le Gouvernement des ministres
des différents cultes, citoyens libres à
l’égal des autres? Telle est la crainte do
plus^d’nn.
Amériiïue. Il s’est formé dans les
états du sud des Etats-Unis la société des
Ku-Klux qui commet des actes de brigandage sur les nègres dont elle a à se plaindre. Le président Grant a suspendu à
cause de cela l’acte d'habeas corpus qui
garantit la liberté personnelle, c’est-à-dire
qu’il a établi une espèce d’état de siège
dans la Caroline du sud ; mais l’œuvre de
sang des Ku-Klux continue et le Gouvernement n’a pas encore réussi à y mettre
un frein.
ISTo-w-Yor-lc.— La loi en vigueur
dans les Etats-Unis contre la polygamie
a été proclamée dans l’ütah contre les
Mormons. Plusieurs arrestations ont été
faites, eutr’autres celle de BrigbamYoung,
chef ou premier président de cette secte
et D. U. àVelles, syndic de la ville du Lac
Salé.
Cliicago. Les souscriptions en faveur des pauvres incendiés s’élevaient
déjà d’après un dernier télégramme à plus
de 15.000,000 de francs. La même dépccho
ajoute ces paroles énergiques dans leur
brièveté : Les habitants manifestent une
activité etun courage sans pareil. Les journaux reparaissent. Les affaires reprennent
leur cours. La ville est en état de siège.
Plusieurs incendiaires et plusieurs voleurs
ont été arrêtés.
Ariti^iclxo. La crise ministérielle a
éclaté. L’empereur s’étant déclaré pour
la politique libérale du chancelier de l’empire, M’ de Reust, Hohenwart a offert sa
démission, et Schmerling a été chargé do
la formation du nouveau ministère.
ERRATA.
Page !^51 exhoibitant, — lisez: exorbitant.
• 3;"2 plaît, — * plaint
• 354 I-uty , — » Lutz.
• 354 Siinptson, — ■ Simpson.
Il vient de paraître un
ABRÉGÉ
DE L'HISTOIRE DES YAUDOIS
depuis les temps les plus reculés,
jusqu’à l’an 1871.
Prix 1, 25.
S’adresser à Turin, à M' Hermann LoeSCHER Editeur, — à Pignerol à M’ J.
Ghuntore Impr. Libraire, — à Torre-Pcllice à M' J. Benech Libraire.
E. Mal.vn Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Chiantoro.