1
(Année Neuvième.
PRIX 0'ABBONNEMBNTPARAN
Itiitie . . . . i,. 3 I
TotiB 1b9 de l'Union (,
de po&te . . ‘ J
Amérique - . . » 9
On s'abonne : |
Pour VJiitérieuv chez MM. les
pasteurs et les Mbrairea de
Torr» Pôliicô.:
Pour i’i^a3£sï*î«urau Bureau d’Administration.
N. 28.
18 Juillet 1883
Ua OU jjlugiéws nupnéfos s^p«r ;,
rés, demaiidóa àvaut'l« tli
. rafì-e 30; ue'nt(j$Ìm9un. ... • 1
Annonoei: 25 ceùtìmespar Ugno. '
I;OS fpnt , |
letii'è recómmàit^ée oa
wc?n<ífl¿s ,siiir IjeBuMay ^ V/S'.
rosa Aryéntina. ' ’ ‘
Po.Ur la .BÉDÀOTiON s’adirefa^a» j •
aitisi : A laDireciion du Té'múiúy
Pomaretto (Pineroloì Jlalie.-i:i’our l'AbMlNlSTRATION adres- '
' serainsi; A rAdminjsfcration da,
r¿jní>in, Pomaretto (Pinerdfó;
Italie.. ,. ! ‘ ‘ ‘
ËCH0 DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous me serez témoins. Actiîs 1, S
■ '■'ni. :
Suivant î« vérité &vec Za charité. Eph. iv, 15
Sommaire.
13 ( Juillet. — Correspondance. — Notre
colohie du Rosario Oriental. — Du champ
de l’Évangélisation. — Une raine d’or dans
la vallée d’Angrogne. — Ée jour du jugement. -r Becîie politique.
''Ir';'!’ f; r ■ . V •:
13 jxiillet
VEvangile que j’ai prêché n’est
pas selon l’homme (ou n'a rien qui
soit de l’homme, Oltramare). Dilates J, 11.
Si la vie éternelle c'est « que
les hommes connaissent le, .seul
vrai Dieu et.le Messie pour celui
qu’il a envoyé » (Jean xvii, 8), et
si nul ne connaît,le Père que leFils, et celui, à .qui le Fils r,nura
voulu révéler » (Luc,x, 32); il est
évident que l’Evangile n’e.st pa,s
de l’homme, comme pro.cq^ant
de: lui, ni scion le cœur (Je l’iiomme,. ^en, .sorte qu’il l’accepte, et
qu’ilij, croie sans effort étj sans
s’imposer la moindre, contrainte,
«Ce sont dos choses que l’œiln’a
point vues, que l’oreille, n*a|point
I 1,1 M
entendues , et qui ne seraient snontées ait cœur d’aucup
rhoimpe avait pu faire l)Èvang,ite,
il l’aurait fait tout autrertieni»
I ;, iî.:f. .U*. •'
c’est-,à-:dir,e , ,.a-, la manière des:
payons. Ne se .sentant aucune dis-j
Ro.sition. à devenir serablabie, à
^ • ■ ■ " ‘ r ' ’ .1^ ' i' '
Bieu en sainteté, il, se sera^ fait
t :t i i,u,y ’ f
un,;DieU’a son image, avec^toutç^
ses convoitises et toutes ,sés pasL|
sions. charnelles, Dieu facile,pt
boii..e,ul'ant., le ,Diêu,^|des 'bonpes
gens, qui,|jpurit, des peccadilles d.é
ses créatures. I qui ,va jusqu’àjmenacer, en ‘faisant grbffder soff
n erre, mai s rare m eût j u s q u*^à, châtier,,et â, (Consumer Je,’,coupable.’
Avec un:L>iiju parej,l ir'n’y ,a' pâs
à trop. 8'inquiéter' ,d^. ses ’ .f?utes_|
la, notion mémô du.pécTiè est tel
, f"; .....
lenient .vague _quç,,la, repentance
ne trouve pas de place,dans,ffes
préoceupations^de rhommp pffchpur. ,. .J,,;;*,.-* . h!, J.'Vtf
.„p.q
plutdl payehne,' c’est qu’elle' est
2
218.
dans l’impossibilité, de satisfaire
le besoin de joie et de paix, de
bonheur parfait, inné chez l’homrae. Le vrai Evangile a seul pu
mettre en évidence devantles hommes la vie et l’immortalitp, après
leur avoir révélé leur corruption
entière et le salaire qu’il? ont mérité. La conviction sérieu.se et
complète de péché n'est pas même
produite parla loi seule, quoique
par elle le péché ait abondé et
qu’il ait été rendu excessivement
péchant. C’est la croix maudite
à la quelle le Messie a consenti à
être cloué, accomplissant ainsi
la volonté du Père, c’est le saug
du Calvaire qui ouvre les yeux
du pécheur sur l'énormité de ses
transgressions. — Jamais homme,
civilisé ou barbare, n'aurait imaginé un pareil moyen pour toucher de componction le cœur de
la créature déchue.
Après cela que les souffrances
expiatoires du juste soient imput
tées au criminel, et qu’il puise
sa vie dans la mort du Fils de
Dieu, voilà qui n’est certes pas
selon le cœur de l’homme naturel.
Il comprend, à la rigueur, cette
alternative, que le coupable soit
pardonné, ou qu’il reçoive le juste
salaire de ses transgressions. Mais
ce qui dépa.sse son intelligence,
c’est que la justice du Dieu miséricordieux exige que la dette soit
payée, sinon par le débiteur luimême, au moins par son répondant. — Et que dire de la nouvelle
naissance, sans laquelle nul n’entrera dans le royaume de Dieu !
Ce n’est pas un homme quelconque, le premier ignorantyenu^qui
\/-%^vwyvw
dira: « Comment ces choses se
peuvent-elles faire? » C’e.st un'docteur de la loi, un pharisien de
la meilleure espèce, un homme
qui cherche la vérité et qui no
l’a trouvée, ni dans Moïse, ni
dans les prophètes qu’il a soigneusement étudiés.
Et si l’Evangile que Paul prêche
ne vient pas de l’homme et n’est
pas selon le cœur de l'homme,,
dans ses doctrines fondamentales,
c’est-à-dire dans ce qu’il enseigne
touchant les rapports de l’homme
avec Dieu, dans l’état de chûte
et dans les conditions de relèvement de la créature, il l’est, si
possible, beaucoup moins encore
dans les préceptes moraux qu’il
proclame comme la règle absolue
de la vie de ses disciples. Et comment le serait-il puisque à toutes
les convoitises mondaines, à tous
les vices, il oppose des dispositions et des vertus qui en sont
la négation absolue? E.sclave de
l’orgueil, de la vanité, de l’avarice, de la mondanité, le racheté
de Jésus-Christ se revêt à son
école et dans la communion avec
lui, d’humilité, de douceur, de
renoncement à soi-même et au
monde, de bienveillante libéralité,
ce que les mondains né peuvent
pas s’expliquer et qu’ils taxent
volontiers de fanatisme et de folie.
Le monde ne connaît pas plus les
chrétiens qu’il n’a connu le Messie
lui-^même.
St. Paul a pu dire, dans un autre
sens encore, que son Evangile,
n’était pas selon l’homme, parceqju’il ne l’avait reçu d'aucun homme, mais directement de Jésus-
3
2d9.
Christ. C’était certainement un très
grand privilège, et nous nous
expliquons mieux comment il a
pu dire: Si un ange du ciel vous
annonce un autre Evangile que
celui que je vous ai annoncé, qu'il
soit anathème! Toutefois cette dispensation du Seigneur en faveur
de son apôtre, n’est pas un privilège, tellement exceptionnel que
nul ne l’aît possédé soit avant,
soit après lui. Lorsque Pierre confesse sans hésitation que Jésus est
le Christ, le Fils du Dieu vivant,
lé Sauveur lui dit; «Tu es bienheureux, Simon fiis de Jona, car
ce n’est pas la chair et le sang,
mais l’Esprit de mon Père qui te
l’a révélé ». — Et n’en est-il pas
toujours encore ainsi pour quiconque a entendu l’Evangile? Il
ne le comprend et ne le reçoit
à salut, que lorsque l’Esprit du
Seigneur lui-méme le lui enseigne
dans le secret du cœur; en sorte
que lui aussi peut dire après Saint
Paul; L’Evangile auquel j’ai cru,
dans lequel je vis, ne m’est venu
d'aucun homme, mais du Seigneur
Jésus-Christ lui-raéme.
(!Pon*e0|)onbance
ü juillet 1883.
Mon cher Monsieur,
I! serait tont-à-fail. inolile et pou
intéressant pour les. lecteurs du Témoin, d’énumérer les causes de'mon
silence prolongé; il suffira, pour
m’excuser, d’en indiquer deux. L’une,
la principale, est que je n’ai jamais
promis, ni eu l’intention de devenir
votre collaborateur régulier. L’autre,
presque aussi bonne que la première,
est que vous devez avoir encore, s‘
vous ne les avez pas détruites, deux
de mes lettres, et que vous êtes san.s
doute dans l’abondance, tandis que
je manque .moi-même du nécessaire
pour écrire un peu lolérablement. —
Si je me décide enfin à vous adresser
une lettre celle semaine, c’est surtout
à .cause du sujet même que j’ai choisi,
que j’ai étudié assez longuement et
avec’un très grand intérêt; je yeux
parler du rôle qui revient à la femme
dans l’enseignement religieux, et dans
rédification au scin des églises évangéliques.
Je n’ni lu aucun livre traitant spécialement cette question; ce que j’en
connais c’est dans la Bible seule que
je l’ai puisé cl je pcn.se que c’est la
source la plus sûre dans celle matière.
Ce qui m’a décidé il mettre aujourd’hui la main à la plume, c’est .l’arlicle, ou plutôt la correspondance
que je viens de lire et que vous avez
empruntée au Journal de Genève,
touchant la trop fameuse Armée du
salut. Ce que vous en ayez dit précédemment, m’avait, dès le tout premier commencement, causé une répulsion involontaire. Car dans ces
représentations, brujantes, à ce qu’il
paraît, et plutôt faites pour le théâtre
que pour l’église, ce sont les femmes,
et de jeunes et .jolies femmes, qui
jouent le rôle principal. On ne peut
que déplorer l’aveuglement enthousiaste qui recourt h de pareils moyens
pour servir la cause de TEvangile et
qui ne peuvent que le rendre mépri.sable et ridicule. — On me dit
que bien do chrétiens éprouvés ont
donné leur approbation et l’appui de
leur parole à. l’œuvre des salutistes;
j’espère qu’ils auront, plus lard, ouvert les yeux et regretté leur précipitation. Même s’il en était autrement
et que les hommes les plus éminents
dans les Eglises évangéliques persistassent à approuver, je ne serais pullerncnl ébranlé dans ma conviction ;
savoir que l’Evangile répudie les
moyens mis en œuvre par VArmée
du Salut, et que, en particulier, le
rôle de la femme dans cette campagne
4
.220.
'religieuse la rabaisse au lieu de l’élever. Or je la respecte trop pour ne
pas souffrir en la voyant compromettre'Oa dignité de 'son sexe. Je
l’admire et Îa vénère lorsqu’elle s’assied au chevet d’un malade; qu’elle
exhorte et prie, même dans un cercle
deinombreux malades, qu’elle descend
dans les I lieux où croupissent, par
contrainte ou par goût , les êtres les
'plus abjects, s’efforçant de soulager
leurs misères physiques et de fa'ire
dû bien â leurs âmes, sortant de ces
antres infects plus pure encore et
plus noble qu’en y entrant. Je l’admiré'encore et je l’aime lorsque,
entourée de petits enfants, elle leur
parle, comme aucun homme ne sait
' le' faire, du Sauveur, arni des enfants.
Sürtout je la bénis lorsqu’elle s’acquitte, avec l’esprit paisible et doux
tjui.'est le privilège de la femme chrétienne; de ses devoirs d’épouse et de
rhère.
' Mais lorsque, non contente de la
part si belle que la nature et l’Evan' gile lui' ont assignée, elle aspire h
briller,' à attirer sur elle les regards
admirateurs du monde; en particulier lorsque, négligeant, peut-être,
, l’acconiplissement de ses devoirs les
- plus sacrés; au sein de sa famille,
lâ femme ne; craint pas de se produire dévarit le grand public, je cesse
"de radfnifer et'je commence à la
' 'jilâindre^ j’en viens i même cà penser
'« qu’elle*n’a pas sü garder son ori
gine'
Mais est-il vrai, comme je sais que
quelques-uns l’affirment, que la pa"role de Dieu autorise et justifie cette
'‘usurpation par la femnle des attribu'tions spéciales de l’homme? Ni Marie
là sœur de Moïse, ni Anne la mère
‘de Samuel ne peuvent "être alléguées
'comme des exemples à suivre. La
''première était, lorsqu’elle prit en
*main Un tambourin et sortit avec des
"/feUimes pour célébrer elle aussi le
'pàssagè de la mer rouge, comme venait
d’è''le faire'fout le peuple dans un
beauf’Canti que (Exode xv, 20, 21),
lUe 'prononce que ces simples paroles ,
en fèpb'rise'! à celîes que chantaient
' ''ses compagnes : « Chantez â l'Eternel
car il s’est hautement élevé; il a
jeté dans la mer le cheval et celui
qui le montait». — Elle était d’ailleurs , à cette époque, une vieille et
respectable dame de 90 à 100 ans,
et je pense qu’il n’y aurait aucun inconvénient à permettre aux personnes
de son sexe et de cet âge, de parler
et de prêcher aux grands et aux petits. — Il ne faut pas oublier que
cette même Marie, lorsque, cédant à
un mouvement de vanité et d’ambition tardive, elle prétendit ayoir le
même droit que Moïse de parler au
nom de l’Eternel, fut châtiée par une
plaie de lèpre et séquestrée pendant
sept jours hors du champ. (Nombres
XII, 14).
(juant à Anne, la mère de Samuel,
elle a été grandement bénie de Dieu
et honorée d’une direction spéciale
■du St. Esprit pour exprimer les sentiments de reconnaissance et d’adoration dont son cœur débordait pour
la grâce qui lui avait été faite d’ôter
son opprobre et de lui donner un
fils qu’elle lui consacre à son tour
selon le vœu cju’elle avait prononcé
dans son ardente prière. Nul doute
qu’elle n’ait raconté de bonne heure
à son enftmt les circonstances si intéressantes de sa naissance, et qu’elle
ne lui ait parlé du Dieu qui l’avait
miséricordieusement exaucée. Mais
rien n’indique dans le récit que Samuel lui-même a dû transmettre jüsqu’â nous, qu’elle ait parlé et prié
en présence d’une assemblée pour
l’instruire et l’édifier. C’est à Iléli
qu’elle-.s’adresse; tout au plus pouvait-il y avoir avec eux son mari
Elkana., Qui pourrait se représenter
cette femme humble et timide parcourant les tribus d’Israël pour raconter les grandes choses que le
Seigneur avait opérées en sa faveur?
Je ne me suis pas arrêté à Débora;
la propbétesse femme de Lappidoth, laquelle jugea Israël au temps de Jabin,
roi de Canaan, parceque c’est un cas
unique dans l’iiistoire du peuple de
Dieu et que la seule leçon que l’on
pu-isse tirer de son ministère fidèle
et béni pour Israël, est que si les
hommes n’ont plus de courage, Dieu
5
i^»,A-rwr».rwV,iVv/Vv»vA.ivi\ I
peut donner à une femme l’intrépide
énergie et l’impitoyable esprit de
vengeance qui sembleraient convenir
si peu à son sexe. C’est une honte
pour îe peuple de Dieu d’avoir été,
par sa propre faute, réduit à cet
état de pauvreté.
Si beaucoup plus lard, aux jours
de Josias roi de Juda, Dieu se servit
encore d’une femme, savoii' de Ilulda
la prophétesse (ii, Hojs xxn, ii),
pour dénoncer à Juda et à Jérusalem
ses terribles jugements et adresser
une parole de paix au jeune roi qui
s’était humilié, cet exemple non plus
no peut pas être invoqué anjourd’nui ;
car si alors la parole de Dieu, écrite
ou parlée, était exlrémemcnl rare,
nous la possédons aujourd’hui dans
sa lotalilé, et nous pouvons hardiment l’interroger pour être renseignés
sur les voies du salut.
Mais je m’aperçois, un peu tard, que
ma lettre s’est allongée beaucoup plus
que je ne l’avais cru, et pour ne
pas lasser la patience des lecteurs
du Témoin, jç laisse pour plus tard
la partie la plus importante de mon
sujet. Yolre dévoué
Y,
I\oli'c (loloilie du Rosario Oriénlal
Les quelques lignes d’une correspondance particulière, publiées par
VKalia Evangelica, nous ont vivement
intéressé. Le Président de la République de rUrug’uay a visité la Colonie
Vandoise; il-s’en est même peu fallu
qu’il ne s’assît à la table, naturellement très frugale, de nos deux pasteurs, logés encore, pour quelques
semaines seulement, sous le meme
loit. Le Président s’est informé de
tout, et a paru prendre intérêt à tout
ce qu’il voyait et entendait. Ayant
appris que quelques uns des colons établis à Cosm-opolita, s’y trouvant trop
à l’étroit, songeaient a se transporter
dans la République Argentine, il a
promis de leur faire trouver dans
l’Uruguay même un établissement tel
qu’il le désirent.
Deux choses nous ont frappés dans
celle démarche et dans cette promesse
du premier Magistrat de l’IIruguay.
D’abord sa visite qui est un très honorable témoignage en faveur de notre
Colonie. Ont la connaît, on la regarde
même comme une colonie agricole
modèle. Les colons sont respectés
comme des hommes d’ordre, laborieux, intelligents, chez lesquels
l’esprit de parti .en politique, n’a
pas encore pénétré. Le gouvernement
serait heureux d'avoir sur son vaste
et riche territoire un grand nombre
de groupes pareils. Il a tout intérêt
à favoriser raccroisserhenl numérique
et la prospérité matérielle de nos
colons, et il est animé d’un esprit
assez libéral pour ne pas s’inquiéter
si les prêtres, là bas plus qu’aiileurs,
pareequ’ils sont plus ignorants, professent une profonde aversion pour
les hérétiques. — Si donc, en ourant
des terrains sur d’aytres point.s de
l’Etat, et à des conditions très favorables, le gouvernement parvenait
à y former bientôt le noyau d’une
colonie pareille à celle que le Président vient_ de visiter, le pays même
y gâgneï’ail, et notre conviction personnelle est que les colons n’y perdraient pas.
Nous voudrions nous persuader de
la possibilité de fonder, en Italie
même, une colonie vaudoise, mais
nous n’y parvenons pas. Que quelques
familles un peu à leur aise, étayant
plus de bras qu’il ne leur en faut
pour travailler leurs propres terres,
trouvent leur convenance à devenir
propriétaires, là où les terrains coûtent à peine la dixième partie du prix
qu’ont atteint dans nos vallées les
terrains médiocres, nous le croyons
possible, et nous les encouragerions
de tout notre cœur, à la condition
expresse qu’il fût pourvu à leurs besoins religieux et à rinslruclion de
leurs enfants. Il n’est pas impossible,
d’un autre côté de réunir même une
cinquantaine de familles des vallées
mais tout à fait pauvres, et aux quelles il ne faudrait demander que leurs
bras. S’il se trouvait un 'homme assez
riche et assez généreux pour tenter
6
répreuve,^préparé d’avance à ne la
voir réussir rju’cn parlic, nos meilleurs vœux accompagneraient celle
entreprise.
Mais comme la moitié des pauvres,
parmi nous, comme partout, le sont
devenus par leur faute, c’esl-.Vdire,
par paresse ou par imprévoyance,
par stupidité ou par inconduite, il
arriverait infailliblement qu’une moitié de ces 50 familles, dégoûtées du
travail régulier auquel on'voudrait
naturellement les astreindre, reprendraient l’une après l’autre le cliemin
de leurs montagnes, quittes à se
nourrir de pommes de terre assaisonnées d’air pur cl d’eau fraîche. ■—
L’autre moitié de ces cinquante familles sortirait probablement avec
honneur de l’épreuve, s’acclimaterait,
adopterait à la seconde génération
les mœurs et la langue des habitants
du pays et pourrait devenir un peu
de bon levain pour faire lover la pâte
environnante. Mais à la condition,
beaucoup plus difficile à remplir
cru’on ne le pense généralement,
d’être elle-même pénétrée du levain
de l’Evangile.
Mais pourquoi se faire des illusions
et se payer des mots? Si, comme le
disait S. Paul de ceux de sa nation,
tous ceux qui sont d’Israël ne sont
pourtant pas Israël, il serait absurde
de s’imaginer que cinquante familles
de vaudois formeraient une colonie
évangélique devenant bientôt un centre d’évangélisation. Au lieu d’attirer
à eux qui que ce soit d’entre leurs compatriotes ils risqueraient plutôt d’être bientôt annexés et absorbés, pour
peu qu’il ne pussent pas être euxmêmes régulièrement instruits et
évangélisés. — Le très grand privilège
dont jouit notre colonie de l’Uruguay,
c’est celui de posséddi’ un ministère
régulier et actif aidé d’écoles assez
nombreuses pour que tous les enfants
puissent apprendre au moins ce que
l’on enseigne aux vallées dans les
bonnes écoles de quartier. — Le
jour viendra probablement bientôt
où les deux ou trois petits groupes de
colons vaudois qui se trouvent déjà
dans la République^ Argentine pour
ront se rapprocher et former une
colonie capable de se constituer en
église sous la conduite d’un pasteur.
Jusque là, il faudra que nos jeunes
frères de TUruguay les visilenl'à tour
de temps à autre.
Du diamp de l’Êvangélisalion
Le Bullelin de la Mission Vaudoise
résume, dans le numéro de juin, les
principaux faits relatifs à la fondation
et au développement de l’Eglise de
Milan.
Voici un des épisodes des premiers
temps de la mission.
«Dans l’été de 1802, un capucin
prêchait contre le protestantisme sur
la place de l’église du Gentilino. M.
Turin s’y rendit, avec plusieurs amis,
afin de pouvoir réfuter les erreurs du
moine dans la conférence du soir. La
Êremière fois, tout alla bien. Mais le
imanche suivant, les évangéliques
étaient attendus par une foule d’enragés cléricaux prêts à «leur donner
une leçon ». A peine avait-on pris
place et le prédicateur avait-il commencé à parler des protestants, qu’un
auditeur éleva la voix et dit: «Souvenez-vous, Monsieur le prédicateur,
que nous sommes des évangéliques
et non des protestants». — Celte
interruption fut le signal de l’assaut.
Ce fut une pluie de coups de bâtons,
tandis que le moine du haut de sa
chaire de pierre, brandissait son tabouret et excitait les siens à venger la
religion offensée.
« Déjà l’on avait aperçu l’évangéliste
et l’on criait: « Celui-ci est le chef! »
« Déjà même un homme avait levé
le bras pour le frapper, lorsque M.
Turin lui dit: «Si vous êtes un italien et non un autrichien, vous devez
respecter la liberté garantie par Victor
Emmanuel ». — Bien, je vous laisserai
aller à la condition que"vous partiez
de suite. — Et pourquoi ne pourrais-je
pas rester pour m’instruire? — Nous
ne voulons pas que vous veniez ici
pour réfuter ce soir ce que dit notre
prédicateur.
7
.„„223
M'T. se retirait, lorsque un prêtre,
saisissant de ses deux mains une chaise,
lui donna un grand coup sur l’épaule
gauche qui demeura livide pendant
huit jours. Ce prêtre le voulait frapper
à la tête, mais une femme en louchant la chaise, fit dévier le coup. —
Plusieurs autres frères, encore en
vie, furent aussi maltraités.
Los journau.x politiques furent unanimes à condamner ces violences et
même un journal illiisiré publia une
gravure représentant le pasteur évangélique menacé par la chaise du prêtre
avec ces paroles pour commentaire:
«Argumentscléricaux». Ce fait, cependant, loin de nuire aux assemblées
du culte, ne fit qu’accroître le nombre
des auditeurs.
Ceux qui firent le plus de mal à
l’église vaudoisc de Milan, ce furent
les plymouthistes dont la haine pour
notre église leur permettait d’employer contre elle les moyens les plus
déloyaux.
En 1862 notre œuvre comptait h
Milan 80 auditeurs au culte et 50 communiants. En 1882 elle était arrivée
a 2.84 communiants tandis que l’école
du Dimanche avait 90 élèves. De plus,
tandis que l’œuvre avait commencé
dans une petite salle près de S. Giovanni in Conca, ce temple restauré, est
aujourd’hui la propriété de l’église
Vaudoisc. Abeille.
Monsieur de Rochas bien connu
dans nos vallées qu’il a visitées plus
d’une fois et dont il a publié une
carte très détaillée, la metlleure probablement qui existe, nous a envoyé
la notice suivante que les vaudois
liront avec intérêt. Nous la publions
persuadé que si le titre est destiné
a faire battre le cœur de quelques
chercheurs de mines d’or qu’il y a
encore à Angrogne. et ailleurs, la fin
de l’article calmera leur ardeur ensorte que nul d’enlr’eux ne sera assez insensé pour tenter une aventure
devant laquelle le ministre des finances du roi de France a prudemment reculé.
Réd. .
Une mine d’or
dans la vallée d’4ngrogne
Henry de Rochas seigneur d’Oyglun,
conseiller et médecin du roi Louis XIII,
raconte dans un de scs livres (1) que
son père, .ingénieur en chef des mines
de Provence, l’envoya en l’année 1603,
à Luzerne pour prendre des informations sur diverses mines qu’on disait
avoir trouvées dans les Vallées Vaudoises.
Henry de Rochas, qui était alors
fort jeune, se lia à Luzerne avec le
fils du médecin do la ville qui étudiait la médecine sous la direction
de son père et, travaillant avec lui,
il le fit avec tant de succès que bientôt
il fut appelé en consultation avec les
autres médecins du pays et ce fut là
qu’il puisa les premiers éléments de
la science qui devait plus tard le
mener à une très-haute position.
Pendant ce temps il continuait ses
recherches de mines et on le conduisit à une mine d’or qui se trouvait
« au long de la montaigne qu’on
appelle de Pleine Scille » dans la
vallée d’Angrogne.
On parvenait au filon par une caverne naturelle fort profofide, dans
laquelle on descendait par des degrés
naturels et par des échelles. Henry
de Rochas en recueillit plusieurs
échantillons, les analysa et constata
3u’ils contenaient trois pour cent
’or cl huit d’argent.
On renonça toutefois à mettre celle
mine en exploitation à cause des frais
considérables qu’entraînait sa position
et pareeque tous les bénéfices auraient
été prélevés par le duc de Savoie.
Le jour (lu jugement
Le jugement dernier est l’une des
vérités les plus solennelles, en même
temps que l’une des plus clairement
révélées dans la Bible. On entend par
là le temps qui succédera à l’etat
actuel de choses pendant lequel Dieu
jugera les hommes et tes anges.
(1) La démonstvcitive, p. C. et siiCQi
Paris 1643,
8
.'V'yv»
f'*
, /Î-.V
La justice de Dieu requiert un lel
jour, attendu que le Seigneur n’exerce
pas cet attribut d’une manière complète dans l’économie actuelle. L’inlustice perce de toutes parts, même
là où l’on aurait le plus de droit,
d’attendre 1a ¡ustice et l’équité. D’un
côté les méchants vivent dans la prospérité, jouissant d’une paix extérieure
et passant leurs jours en la possession de ce qu’offre le monde séducteur à leur insatiable cupidité. Et de
l’autre nous voyons parfois les enfants de Dieu luttant au milieu des
difficultés de la vie, sous l’oppression
et dans l’opprobre.
Plusieurs criminels an ivent au terme de leur existence ici-bas sans
avoir reçu la punition de leurs rnefails. Plusieurs enfants de Dieu sont
persécutés jusqu’à la prison et même
jusqu’à.la mort.
Et puisque la justice de Dieu n’est
exercée ici-bas que d’une manière
limitée, il faut qu’il y ait après celleci une autre économie dans laquelle
la, justice de Dieu soit pleinement
exercée. C’est alors que les torts seront redressés, et que les pécheurs
orgueilleux et violents porteront la
juste peirre de leurs crimes.
La conscience et la raison demandent aussi à grands cris un jugement,
tellement il est vrai que ce jugement
est une vérité gravée dans le cœur
de tous les hommes. Nous jugeons
et, condamnons nous mêmes nos actions qui ne sont point bonnes, tellement nous sentons qu’eiles-doivent
être jugées. Et si notre cœur nous
condamne, certes Dieu est plus grand
que notre cœur et il connail toutes
choses. Si notre cœur ne nous condamne pas, nous avons assurance en
Dieu, mais si nous nous sentons coupaj)les la crainte s’empare de nous,
précisément pareeque nous redoutons
le jugement de Dieu. Si nous pensons
avec horreur et avec terreur aux péchés de notre vie, c’esi pareeque
‘notre conscience nous dit que Dieu
jugera Je monde en justice.
Les Saintes Ecritures, tout autant
que Injustice de Dieu et la conscience
témoignent en faveur de la nécessité
d’im jugement à venir. Il a arrêté
un jour auquel il doit juger selon
la justice le monde universel par
l’Homme qu’il a destiné pour cela ;
de quoi il a donné une preuve certaine’à tous en l’ayant ressuscité d’entre les morts. Le Seigneur sait ainsi
délivrer de la tentation ceux qui l’honorent, et réserver les injustes pour
être punis au jour du jugement. Tous
seront jugés au jour que Dieu jugera
tes secrets des hommes par JésusChrist selon mon Evangile. Nous devons tous comparaître devant le tribunal de Christ. Il est imposé à tout
liomrne de mourir une J'ois après quoi
vient le jugement. Je vis aussi les
morts grands et petits, se tenant
devant Dieu ; et les livres J’urent ouverts; et un autre livre fut ouvert
qui était le livre de vie; et les morts
furent jugés sur les choses qui étaient
écrites'dans les livres, c’est-à-dire,
selon leurs œuvres.
C’est pourquoi, mes bien-aimés,
en entendant ces choses, faites tous
vos efforts, aiin qu’il Vous trouve
sans tache et sans reproche dan| la
paix.
Eeüuc poUtic|wc
— S. M. le roi Humbert est
parti de Rome pour Monza, d’où il
se rendra à Valsavaranche et à Valdieri.
Déprétis est aussi parti pour Stradella, où il va s’occuper du mouvement préfectoral.
Le Parlement , le Sénat et la Chambre des députés sont en vacances pour
un temps indéterminé, probablement
jusques vers la mi-novembre,
Le, choléra continue à sévir dans
quelques régions de l’Egypte surtout
à Damiette et à Mansuran; il est. en
décroissance dans la première de ces
villes, et augmente dans la seconde,
Notre Gouvernement a établi une
quarantaine de 21 jours pour tous
les vaisseaux venant d’EJgypte, même
à Brindisi pour la malle des Indes,
ce qui ne plait pas aux anglais.
ErnestRodeiit, Géranlel Adminisiraleur
Pignerol, lmp. Chiantore et pMascarelli.