1
Septième année.
IV. 33.
7 Juin IS'7’3.
L'ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBD0MAD.4IHE
Spécialeineiil consncrée aux intérêts matériels et spirituels
(le la Famille \aiiiloise.
Qiie tuuCâs les choses qui sope véritables.occupent
vos pensées — ( PAt/ippiens., IV. 8.)
PRIX D ABONNEHENT :
Italie, a domicile Cwn au) l‘>. 3
Suisse..............
France..............
\llemajrne . . , . .
Angleterre . Pays-Mas
Ü7i numéro séparé : 5 cent.
Tu mmiéro ai'7'iéré : lOcent.
BDUEAUX D’aBONNEMENT
ToRRR-l^Ef.r.rcE ; Via Maestra,
N.42. (Agenzia bibliografica)
PioNERou ; J. Chlaiìiore Impr.
Turin Tron,v\à. Lagrange
prés le N. 22.
Fr.ORiCNCK : Libreria Ei'ange^
lira, via de'Panzani.
ANNONCES 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’a*
dresser pour l'adrainisiralion
rtti Bio’eaw d î’orr ,e-Peîlicc,
via Maestra N. 42 —pour la
rédaction ; à Mr. E. Malan
Prof • A Torre-Pelice.
îSorimiair'e.
I.’mstruclioü obligaloire. — Correspondance. — L« Lcssouto l't los Uassoulos.
— Noncelles religieuses. — FaiU dicers.
Chronique politique.
L I^STRICTIO^ OBLIGATOIRE
Un officier distingué de l’armée
prussienne , qui se trouve actuellement à Rome, nous adresse la
lettre suivante;
Monsieur le Directeur,
On a déjà beaucoup parlé, en
Italie, de l’instruction obligatoire;
mais il paraît que, jusqu’à présent,
l’on n’a pas trouvé les moyens
pratiques propres à résoudre cette
grave et intéressante question.
Bien que les partis existant en
Italie tendent à des buts différents,
tous reconnaissent, pourtant, que
l’instruction obligatoire est une
chose nécessaire et un moyen propre à donner au peuple une éducation saine et morale.
Les véritables amis de leur pays,
qu’ils soient allemands ou italiens,
se trouvent complètement d’accord.
quand il s’agit de doter leur patrie
d’une amélioration aussi importante. L’Europe, du reste, par l’organe de ses Chambres, a reconnu
déjà la nécessité de l’instruction
obligatoire et obtenu des résultats
indiscutables.
La main puissante d’un des plus
grands et des plus habiles organisateurs contemporains, est arrivée, par le moyen du service
militaire , à donner l’instruction ,
qui seule peutrendrel’hommedigne
de vivre dans les temps présents,
en se rendant utile à lui-même et
aux autres.
L’armée est la seule école qui
existe en Italie pour l’instruction
(JU peuple. Mais on prétend qu’il
manque les éléments nécessaires
pour y introduire l’instruction obligatoire. Quelles sont donc les forces
instructives de l’armée? N’est-ce
pas les officiers qui, outre leur
propre service, assument volontairement la mission civilisatrice ?
Dans un pays où chaque citoyen
se vante d’être ^un patriote, les
éléments de l’instruction' populaire
pourraient-ils jamais manquer? Non
2
-ITO
certainement; et c’est pour cela
que je demande que le patriotisme
se traduise en faits.
Que tous ceux qui occupent un
emploi public, soit en ville, soit
à la campagne, à Rome ou bien
au fond de la plus petite bourgade
des Abruzzes, que tous ceux qui.
sans avoir un emploi, possèdent
une instruction suffisante, se mettent à instruire leurs concitoyens
les plus mal partages. Mais, m’observera-t-on, comment rendre pratique une pareille idée?
Je commence par dire que, si
l’idée ne m’eût pas paru réalisable,
je ne l’aurais pas émise.
Que les préfets des provinces
ordonnent à tous les fonctionnaires
de leurs districts et à tous les
habitants influents de leur territoire de se faire inscrire au bureau
de l’école. Que tous les jeunes
gens illettrés se réunissent à une
heure fixée, et après avoir terminé
leurs travaux du jour, dans ce
bureau d’instruction publique, pour
y apprendre à lire, à écrire et à
faire les comptes.
Si ces leçons ne pouvaient avoir
lieu deux ou trois fois par semaine,
que l’on profite au moins des jours
de fêtes et que l’on consacre deux
heures du dimanche à cette oeuvre
méritoire.
Les maîtres y feraient des lectures ne durant pas plus d’une
demi-heure, et choisiraient pour
sujet quelques chapitres de l’histoire
nationale ; on frapperait l’esprit des
élèves par la narration des faits
glorieux de leurs ancêtres et l’on
éveillerait en eux l’amour de la
patrie.
Onileur donnerait aussi les premières notions géographiques de
l’Italie, quelques éléments d’arithmétique, etc., etc.
Quel vaste champ pour l’activité
et le dévouement des patriotes du
royaume! •
Que l’on ne me dise pas que la
jeunesse ne répondrait pas à l’appel
de ses bienfaiteurs; elle accourra,
au contraire, nombreuse et pleine
de bonne volonté.
Les citoyens qui se dévoueront
ainsi à l'avenir de la patrie, s’empresseront de faire les petites dépenses nécessaires pour l’acquisition du matériel des écoles.
Quant aux locaux, les écoles
ordinaires peuvent y suppléer aux
heures où elles se trouvent innoecupées. On pourrait aussi se servir
d’autres locaux appartenant à la
Commune.
11 serait opportun, au début,
de promettre quelque prix aux
élèves les plus studieux; un livre,
par exemple, ou une petite somme
en argent.
Par ce qui précède, je n’ai voulu
qu’indiquer sommairement la mamière dont on pourrait remédier,
avec facilité, au manque d’instruction dans le peuple, jusqu’au jour
où l’on sera à même d’introduire
en Italie l’instruction obligatoire.
Maintenant, que les hommes les
plus compétents développent les
idées que je viens d’émettre.
J’ai écrit ces lignes uniquement
parce que j’aime.
.... Il bel paese
Ch’Âppennin parte, il mar circonda el’.4lpe.
et que je crois exacte cette sentence de Plutarque:
« Si un peuple veut améliorer
son armée, ses finances, son administration et sa politique, il doit
commencer par faire en sorte que
3
-179
toutes les classes soient instruites
et morales, parce que les fruits d’un
arbre sont toujours semblables à
l'arbre qui les produit ».
( L'Italie J.
L'Italie fait, sur cette lettre*
entr’autres, les observations suivantes; «• Les idées qui sont développées, ci dessus, sont excellentes, et il est certain que si ou
les appliquait, elles donneraient
promptement le plus beau résultat.
Mais l’estimable auteur de la lettre
dont MOUS nous occupons, nous
semble avoir supposé, peut-être,
que ce qui est facile en Allemagne
doit l’être également en Italie. —
Ce qui s’opposerait à la réalisation
de cette eccellente idée c’est, suivant ce journal , le manque de
discipline des italiens et leur faux
esprit d’indépendance qui forcera
le Gouvernement à arriver à ce
but par des moyens indirects plutôt que par des moyens directs.
(iï^orrespon^ance.
Monsieur le Rédacteur.
Turin, le 27 mai 1872.
Depuis longtemps on regrette la malheureuse et [persistante liabitude (ju’ont
un trop grand nombre de personnes de
s’arrêter à causer devant le temple pendant presque tout le temps que dure la
lecture de la Parole de Dieu ; c’est-à-dire
jusqu’au moment où le Pasteur monte en
chaire. C’est bien regrettable, en effet;
mais, à ce mal, n’y a-t-il pas de remède?
Oui. Si on avait, ce me semble, davantage, chez nous, l’habitude do se dire et
i de se laisser dire ce qu’on pense sans se
‘ cabrer (juand ou se trouve d’avis contraire, celte lacune n’existerait plus depuis bien longtemps. Nous oublions trop
facilement que lorsqu’il s’agit des intérêts
de PEglise, chacun dé ses membres n’a pas
seulement le droit, mais encore le devoir de
dire et de faire tout ce qui peut concourir à
son plus grand bien. Dans le cas actuel,
d'où vientcettelacnnoque chacun regrette ?
Pour autant que mes souvenirs peuvent
m’aider à la découvrir, je crois la trouver
dans une autre lacune que j’ai raison de
croire antérieure à la présente. J’essaye
de m’expliquer: Pour quel motif, pendant un temps beaucoup trop loug (à supposer que cela n’ail jjlus lieu), le pasteur
s’est-il cru tenu de n’entrer au temple
que lorsque deux et (jiielque fois trois
chapitres de la Bible avaient été lus? Il
est reconnu que pour un grand nombre
de personnes, le culte ne commence que
lorsque le pasteur est en chaire. Aussi
que pourrait-on trouver à redire à ces
personnes qui sont assez complaisantes
pour l’attendre et lui témoigner le respect qu’elles ont pour sa charge et, qui
sait? peut-être même pour sa personne,
ou qu'elles s’empressent d’entrer à sou
arrivée? — Ceci nous explique encore
autre chose; ceci nous explique pourquoi
on a l’habitude d’appeler aux Vallées aller au Sermon ce que des étrangers appartenant à des églises plus vivantes que
la nôtre appellent aller au culte. En elïet,
du moment qu’on ‘se permet de ne pas
écouter la Parole de Dieu, il ne reste que
la parole de l’homme, le sermon. Le mal,
cependant, est loiu d’êtro irrémédiable.
Que Pasteurs et troupeaux où cette lacune
existe encore, descendent sur le terrain
des concessions réciproques, et ils ne
tarderont pas à se donner la main. Le
Pasteur qui, comme tel surtout', est loin
de prétendre à l’infaillibilité, sera loin
aussi d’affaiblir son autorité en donnant
l’exemple de la franchise, en reconnaissant et en regrettant d’avoir concouru
pour sa part au maintien de cette lacune.
Le troupeau de son côté, reconnaissant
sont tort à son tour, so trouverait dans
l’impossibilité de lui refuser le concours
de sa bonne volonté pour atteindre le but
qu'on se propose en commun, la correction des abus. Une fois les choses à ce
point, un coup de cloche, cinq minutes
avant l’ouverture du culte, donnera le
signal de l’entrée presque totale; le Pasteur aura la douce satisfactiOD de'voir
4
-180
son auditoire en place, Dieu qui n’arrive
jamais trop tard, se trouvera là aussi
pour ouvrir Lui-même le culte en disant
au cœur de chacun: « Ecoule, Israël»,
et les enfants d’Israël qui auront fait ce
généroux effort pourront lui répondre :
«Parle, Seigneur, ton serviteur écoute».
Je n’aimerais pas que mes frères vaudois crussent (|ue j’ai voulu dans cette
lettre faire de la polémique. J’aurais mauvaise façon, moi qui ai l’habitude de ne
faire do la polémique qu’avec des enfants
de 10 à 14 ans. — Je n’ai voulu ni accuser, ni défendre personne; je n’ai d’autre intention que de signaler, non pas le
moyen, mais ce que je crois un moyen
de guérir un abus qu’un grand nombre
de mes frères do .la famille Vaudoise déplorent avec moi.
Croyez-moi votre dévoué frère en .1. C.
J. D. Prochet.
Nous remercions notre correspondant
d’avoir mis sous les yeux de nos lecteurs
ce côté de la (|uestiou du culte, la(|uelle
est à l’étude. Les colonnes de notre petit
journal sont ouvertes à quiconque a (jiielque chose d’intéressant (et d’utile à dire
sur ce sujet important. (lUdJ.
Monsieur le Rédacleiir,
Praly, le mai 1k72.
Je savais que l’examen des jeunes gens
qui veulent être admis à la Sainte Cène
à Rodoret avait lieu deVant un public invité à y intervenir, et je ne pensais nullement à combattre celle idée, car il est
très-bon que nos paroissiens s’intéressent
aux questions qui concernent l’église. Je
crois même qu’un certain public est utile
dans bien des cas sans exclure celui de
l’examen des catéchumènes dans nos paroisses.
Si votre espoir que l’exemple de Rodoret soit suivi par beaucoup de paroisses
est un vœu qu’elles prennent un intérêt
réel à l’admission-de nouveaux membres,
je m’y associe, mais .si c’est une invitation aux Consistoires d’engager le public
à intervenir à cet examen je me permets
do vous dire pourquoi je ne crois pas
devoir l’accepteir pour ou>d conapto. 4
On peut bien obteniriplusieurs résultats
en poursuivant un but, mais il est au
moins douteux qu’on puisse atteindre deux
buts que l’on aurait en vue en faisant un
travail uuii|ue. ün vénérable professeur
qui a joui de l’eslimo de beaucoup d’élèves nous disait; il ne faut pas poursuivre deux lièvres à la fois. — Ce qui
importe, dites-vous, c’est que l’examen
ait un caractère toujours plus individuel,
c’est-à-dire, si je ne défigure pas la pensée
du maître, (|ue l’examen devra avoir pour
but essentiel de constater les connaissances et les dispositions religieuses de chaque catéchumène par ceux qui ont l’obligation de prononcer un jugement au nom
de l’église.
La présence d’un public peut faciliter,
ou bien aussi gênei', si l’on veut, influencer l’appréciation de l’examen par le Consistoire, mais il ne devra jamais troubler
la fonction principale, l’exposition des idées
et la manifestation des senlimenlsde chacun de ceux (|ui sont interrogés. Il ne
dépendra donc pas de moi d’inviter on de
renvoyer un public quelconque, mais de
veiller à ce (|iie l’examen se fasse dans
les conditions les plus favorables, et qu’il
soit le plus complet possible, afin ,que
chaque individu s.oit admis ou renvoyé
par lies raisons pondérées. — Il ne s’agit
pas d’un examen de promotion dans lequel un professeur ou un instituteur fasse
résulter dans l’exposition des élèves l’étendue et Ips qualités de son cours. —
Il faut arriver à une appréciation individuelle dans laquelle le dégré de connaissances a sans doute une grande valeur,
mais elle n’est qu’une partie de ce qui
doit décider le vote. Il y a une partie de
renseignements individuels qui ne résulte
pas de l’interrogation des catéchumènes,
et qu’on n’expose pas devant le public
avant la votation, mais qu’on peut faire
connaître pour expliquer le vote; je crois
qu’il -est toujours bon d’exposer les motifs
du Consistoire dans sa décision relativeà chaque catéchumène, et cela dans l’intérêt des examinés, do leurs parents et
du public. C’est selon moi le vrai moyen
de faire taire celte critique malveillante
que l’on serait tenlé d'éviter p?ir un examea public. Los esamioateurs qui s’ha-
5
-181
biluent à rendre raison do leur vole sont
ceux (|ui s’ell'orcont de toujours mieux
remplir leur^devoir; et en le faisant ils
rendent certainement service à celui qui
est renvoyé puisqu’on a occasion de lui
dire ce qu’il n’aurait jamais mieux été
préparé à entendre , savoir , ce (|u’on a
besoin de trouver en lui pour que sa demande soit satisfaite, comme aussi à celui
qui est admis en ne lui [icrmetlant pas
de compter trop sur son savoir qui ne
marche pas toujours de front avec la
piété.
Je. ne crois pas (|u'il faille engager les
catéchumènes à dire ce qu’ils pensent de
la confession de foi de l’église et de son
gouvernement parccque je craindrais do
dévier l’examen do son vrai but (lui est
de reconnaître si Jésus-Christ est en eux,
et si son amour a passé ilans leur cœur:
je le dis au risque d’ètre accusé de me
mettre en opposition avec l’article de nos
réglements qui les amène devant le Consistoire. Je me justifierai une procliaine
fois, s’il le faut, et pour ne pas trop prolonger ces lignes je termine en me disant
Vülrc décoxé
D. Gay.
Il ne nous est pas venu à la pen.sée de
faire une règle générale de la manière
d’agir du Consistoire do Rodoret dans l'examon des catéchumènes. — Nous nous
sommes réjoui du séiieux do cet examen
et de l’intérêt que semblent y avoir pris
les membres de cette paroisse. Tout progrès dans cette voie est important pour
nous. Nos lecteurs savent que si nous
sommes contents d’apprendre que les
Consistoires font subir l’examen prescrit
par nos réglements, d’une manière sérieuse, une fois par an, nous le serons
encore davantage quand ils auront fixé
quatre époques d’examen pour chaque
année; et nous le serons entièrement lorsque le catéchuménat, tel qu’il existe, aura
été aboli; que les consistoires admettront
à confesser leur foi et à entrer comme
i membres actifs dans l’église, les personnes qui ont été instruites dans la doctrine
par les pasteurs, toutes les fois, et à quelque époque qu’elles en fassent la demande.
Car alors on aura vraiment compris qu’il
n'est pas nécessaire pour être citoyen ,
conseiller communal, même syndic, d’avoir été admis à la communion à l’Age
de 16 ou 17 ans; alors l’on saura vraiment que pour être membre de l’Eglise,
la chose essentielle c’est une foi vivante
et véritable en Jésus-Christ et en son
œuvre rédemptrice. — Mais en atlendant
(]ue ce but , dont nous sommes encore
très éloignés, soit alleint, nous appiaudissons à chaque manifestation (pii nous en
rapproche en queh|ue mesure et qui nous
éloigne d’autant de la vieille routine.
IJ LESSOITO ET .LES BASSOITOS
I.e pays habité par les Hassoulos, ou le
l.essoulo, est celui oîi la .Société des .Missions de Paris a entrepris son œuvre
(¡u’elle poursuit avec succès. C’est un
pays où il n’y a point d’arbres, peut-être
parccque de, temps à autre les prairies
sont incendiées dans le tint de fertiliser
le terrain. Les maisons sont bâties avec
de la terre glaise et recouvertes de plaques de fer (ju’on fait venir d’Europe ou
d’Amérique. Il n’existe pas de routes et
le seul moyen de lrans[iort consiste à se.
servir des bœufs qui sont [dus petits que
les nôtres. Des attelages de 20 liœnfs ne
sont pas rares, pour trasporter dos voyageurs et leurs effets.
Les hassoulos sont noirs ; ils sont capables de devélopperncnt; ils apprenneni
facilement les langues, la géographie,
riiistoire, mais ils n’ont pas la bosse de
l’arithmétique, ce qui dénoterait un degré
inférieur d’intelligence; ils ont une aptitute toute spéciale pour le chant; doués
généralement de très belles voix, ils saisissent facilement les airs et les mélodies
les plus compliquées. Cependant ce ne
sont pas les oiseaux qui forment l’oreille
de ces enfants de la nature; car les oiseaux ne chantent pas; ils sont nombreux,
mais ils sont muets.
Les hassoulos sont accessibles à l’Evangile. Les missionnaires français ont établi
parmi eux plusieurs églises”prospères, et
pour ne citer ici qu'un seul exemple: M.
Paiü Germond qui a commencé l’œuvre
deTliabana-Morena, possède, après douze
années de travail, qui peuvent être ramenées à sept ou huit, si nous dédui.sons
les deux années nécessaires pour apprendre la langue et les 2 A 3 années lie la
guerre, un vrai petit diocèse, avec cinq
ou six stations à la tête desquelles se
trouvent des pasteurs et des évangélistes
indigènes dont l’activité produit les plus
beaux fruits. Cette œuvre indigène est en-
6
-18î
Ireteaue uniquftraenl par les habilanls du
pays, ensortc qu'il est permis d’entrevoir
l’instant oli les missions du sud de l’Afrique ne cofileront rien au Comité de Paris
et se sufliîront à elles mêmes.
M. 11. C.erraond qui donnait dernièremont ces détails dans une réunion d’enfants, nous a vivement intéressés. Il a
ajouté que les Basso>itos ont une très
haute opinion d’eux-mèmes, de la beauté
d(' leur pays et de l’excellence de leur
climat. Ils pensent et disent que les missionnaires qui travaillent cher, eux et pour
eux, au milieu de tant de privations, ont
été attirés dans ces contrées par ces avantages extérieurs. 1,’un (les fruits, et pnutf'iri' le plus réel, du voyage de, Sékélo.
fils de -Mosesch , en Europe, a été de se
convaincre lui-même et d’avoir pu convaincre ses compati'ioles <|ue les missionnaires f|ui pouiraient halnter de belles
maisons dans leur patrie, ont été conduits
dans le. Lessouto probablement dans un
autre but que pour y profiter des avantages temporels que ce pays leur offre et
(|ue ce but unique c’est l’obéi-ssance au
Seigneur et l’amour des ilmes.
M. 11. Germond terminait, trop tôt pour
son jeune auditoire, sa conférence par le
récit des adieux touchants, affectueux et
pleins de résignation clirétienne ,et d’espérance que. les Bassoutos ont faits à son
frère M. P. Germond, lors de son départ
pour l’Europe. — Nous formons le vom
que ce iTiissiounaire. vienne au milieu de
nous, afin do nous donuer des renseignements sur la mission du sud de l’Afrique (|u’il connaît si bien, de réveiller
l’intérêt pour celte, œuvre et de donner à
(jnelqn'nn de nous le désir de s’y consacrer; car, comme cela a été remarqué,
il y a des vaudois éparpillés dans toutes
les parties du monde et occupés è toute
espèce de travaux et dt; professions, mais
il n’y on a pas un seul qui soit mission. naire parmi les païens.
iiouïïcUcs reUgteueee
Espagne. — Tandis qu’à la grande
joie des feuilles cléricales et ultrarépublicains, la guerre civile désole une partie
de l’Espagne , le protestantisme y opère
de pacifiques conquêtes. Lorsque le culte
évangélique a été ouvert à Carlhagène ,
il y a eu 20 assistants le premier jour et
160 le Second. Aujourd’hui l’école est fréquentée par une centaine d’élèvesj, dont
un quart de jeunes fllles. — A Cordouo,
le 21 avril» viogl-siK t^ersouae» des deux
sexes ont communié. — A Malaga, la
chapelle vient d’etro agrandie, et l’école
compte 72 enfants ; ce qui est beaucoup
trop pour le local. — A V^euce, il n’y
a pas encore de culte public, mais un
des pasteurs de la nouvelle église protestante d’Espagne, une des victimes des
persécutions qui ont si honteusement illustré les dernières années du règne d’Isabelle II, M. Trigo, y a commencé une
œuvre de propagando.et d’évangélisation,
de maison on maison qui promet de bons
ré.sullals. (Luz)
Dans une relation d’un voyage que le
Doct. Livingstone fit dans l’inlérieur de
l’Afrique, près de la chute du Zambese,
appelée Victoria , l’illustre voyageur raconte (|u’il fut parfaitement accueilli par
les indigènes', qui espéraient que la prédication de rEvaiigile arrêterait les guerres et les dépréiialions. Une femme lui
exprimait sa satisfaction par ces paroles:
« Il sera si bon de pouvoir dormir en paix
sans rêver qu’un homme vous poursuit
de sa lance». — line autre ajoutait : « Je
vais cultiver beaucoup de maïs, pareeque
nous pourrons manger et dormir sans
inquiétude». — Enfin le voyageur, comparant à ce pays ceux (¡u’il avait déjà vus,
s’écrie : « La façon dont on offre les vivres
dans presque toutes les proviuces de l’iutériour qui n’ont pas eu de relations avec
les européens est tellomeul remplie de
délicatesse qu’on les accepte avec un vrai
plaisir». (Gazelle de France l
M. Clair, ancien membre du clergé catholique de Lyon , ancien professeur de
théologie, communique à VEglise libre sa
lettre d’adhésion au manifeste de l’Abbé
Michaud :
« Depuis quelques temps, dit-il, rallié à
l'Eglise primitive, champion par la nécessité de ma position et le devoir d’une
conscience convaincue de la liberlé de
l’Evangile, zélateur de la purification de
l’Eglise dan sa foi, sa discipline, sa liturgie et sa morale qui réclame impérieusement la séparation do la religion et de
la politique, je suis à vous. Comptez, sur
moi ».
7
-183
Oa assure que le Père Hyaciothe, rentré
à Paris’, va se joindre à l’Abbé Michaud
pour organiser dans cette ville le culte
des vieux catholiques. {Eglise libre J
Dans le canton de Zurich, la loi concernant les écoles, et (|ui en bannissait
tout enseignement religieux dogmatique ,
vient d’être rejetée par le vote populaire.
{Ici. J
Dédicace d’un temple protestante à Nazareth. Le 1' octobre dernier a eu lieu h
Nazareth la dédicace d’un temple protestant. C’est le premier temple d’une communauté arabe protestante en Patestine.
« Lorsque je visitai Nazareth en 1848, raconte à ce sujet un voyageur, ce n’était
qu’un pauvre village sale, et o'u l’étranger
ne trouvait qu’avec peine un gîte pour la
nuit. A première vue, on se rappelait involontairement la question de Nathanaël :
<! Peut-il venir quel()ue chose de bon de
Nazareth ? » Mais dès lors, l’aflreux village
est devenu une jolie petite ville de 6000
habitants, où les chrétiens sont en majo.
rite, et où ils jouissent do plus de liberté
que dans aucun autre endroit de la Palestine. Qui eût pu croire alors (jue Nazareth deviendrait le centre de l’œuvre missionnaire en Galilée, la ville située sur la
montagne et brillant comme un phare au
milieu des ténèbres de l’Islamisme et de
la chrétienté déchue de cet antiijue Orient?
C’est pourtant ce qui est aujourd’hui;
et la dédicace que nous annonçons à nos
lecteurs est un gage d’un avenir plus
glorieux encore. La cérémonie a eu lieu
sous la présidence de l’évêque Gobât, en
présence d’une foule à la fois compacte
et émue, et de manière à laisser dans le
cœur de chacun des assistants les impressions les plus profondes et les plus
bénies. Le texte du discours prononcé à
cette occasion par le missionnaire Klein,
de Jérusalem était bien choisi, puisqu’il
était tiré des paroles de Jésus dans la
synagogue de Nazareth {Luc, chap. 4, v.
18 et 19J.
{ilissiom écang. au IX Siècle J
Chronique poUtiqiti.
Italie. — La Chambre a discuté le
budget du ministère do la justice, et à
cette occasion, quelques orateurs ont insisté sur l’urgence de la présentation do
la loi sur les corporations religieuses promise par le discours de la Couronne. La
discussion a été très vive. Plusieurs ordres du jour ont été présentés, dans le
but de fixer au ministère l’époiiuo ii laquelle il devait remplir celin promesse.
Lauza les a repoussés au nom de ses co+lègues , mais s’est engagé à soumettre à
la Chambre ce projet avant la fin de la
session do 1872, ou au commencement
de celle de 1873. Ensuite de son discour.s,
la Chainhre a adopté, avec 12 voix de
majorité sur 300 votants, l’oriire du jour
suivant : La Chambre, ouï les déclarations
du ministère, passe à l’ordre du jour. —
Le but de cette toi est d’appli(|ucr aussi
à Kome ta loi sur les corporations religieuses, telle qu’elle existe déjà pour le
reste de l’Etat; seulement pour Rome il
y aura certaines exceptious et certains
ménagements exigés par la loi des [>riviléges accordés au Vatican , par le fait do
l’existence d’établissements qui appartiennent à l’église romaine toute entière et
par les relations internationales.
Une autre (lueslion <|ui a aussi préoccupé tes représentants du pays, c’est celle
du mariage civil. Il paraît que le 25 0|0
des mariages en Italie ne sont qu’ecclésiastiijues , et à Rome le 60 OiQ. On s’est
demandé ce qu’il y avait à faire pour remédier à uu tel désordre (]ui peut avoir
de très graves conséquences au point do
vue des intérêts matériels. Kaut-il punir
les délini|uants? mais il y en aurait d’autres qu’il faudrait punir avant eux. Eaut-il
punir les ecclésiastiques? Mais ce serait
contraire à la séparation de l’Eglise d’avec
l’Etat et à la liberté de l’Eglise. Faut il
établir, comme en France, (jue l’on ne
doit contracter le mariage ecclésiastique
qu’après l’accomplissement du mariage
civil? On se trouve en face de la même
diflicullé. C’est consacrer le principe do
l’immixtion de l’Etat dans lus fonctions
ecclésiastiques. Aussi la Chambre, après
8
-184
avoir consfaté le mal. n’a-t-elle accepté
aucun »'’émèfie. Elle a pensé pour le moment qu’il valait niieui mettre sa confiance flans la puissance des intérêts,
dans celle do l’instruction et des lumières. — Ce remède est sfir, mais il est à
craindre qu’il n’agisse que bien leutemeot.
La Chambre, après avoir achevé la discussion du budget de la justice, a entrepris celle du budget de la guerre. Lamarmora a attaqué les réformes du ministre
Ricotti, et a proposé un ordre du jour
d’après lequel une'Commission devait être
nommée pour l’examiner. En suite de l'éloquente repense du ministre, cet ordre du
jour a été retiré par sou auteur.
■’ Ls roi Victor Emmanuel est rentré à
Rome de Naples et a passé en revue la
garnison et la garde nationale à l'occasion
de la fêle du Slatulo. S. M. laissera bientôt Rome pour le Piémont.
France. — L'Assemblée nationale
discute i.la nouvelle loi militaire. Le duc
d’Aumale se prononce pour l’incorporation
totale de tous les jeunes gens aptes au
service et pendant cinq ans; il fait l’éloge
de la bannière tricolore, symbole de concorde et engage l’Assemblée à adopter le
projet de la Commission. Un discours de
M. Rouher en faveur du gouvernement
impérial a fait beaucoup de bruit et a
provoqué des réponses très vives.
Espagne. L’insurrection des Carlistes paraît être près de finir. La convention que Serrano aurait fait avec eux
et par laquelle une amnistie, serait accordée aux chefs militaires compromis, a surpris les Cortès. Serrano doit se rendre au
milieu des députés pour donner des explications. Le bruit a couru (|ue don Carlos
blessé serait mort dans un village sur la
frontière française.
Berlin. On prépare des lois relatives à la question ecclésiastiquè : — la
question spéciale de l’expulsion des jésuites est ajournée. — Les journaux sont
remplis de détails sur la brillante et cordiale réception qu’ont reçu, dans la capitale de l’Allemagne, le .prince Humbert
et la princesse Marguerite, do la part de
l’empereur, du prince impérial, du prince
Frédéric-Charles et des autres princes et
princesses, comme de la part de la population. Les fêtes succèdent aux fêtes et
aux splendides revues des troupes. Ce voyage ,de leurs Altesses royales est une
con.séquence de la visite du prince impérial en 1868, lors du mariage du prince
Humbert et de la princesse Marguerite,
comme aussi de celle que le prince Frédéric Charles a fait aux priricipales villes
d’Italie l’hiver dernier. Ce voyage n’a certainement aucun but politique, mais il
est un témoignagé et un gage d’amitié entre
les deux maisons régnapte^ et; tes deux
nations qui ont, dans ce moment, comme
(’ont dit, presque en même temps', M'’’de
Bismark et Visconti Veno'slà, le même ennemi à combattre, l’ultramontanisme ou
le jésuitisme.’
Etats-Unis. L’agitation électorale
pour l’élection du futur président à commencé. M. Grant pose de nouveau sa candidature; une partie des radicaux, alliés
à un certain nombre de démocrates, loi
opposent M. Horace Creely, .né eu 1811 à
Amherst dans le New-Hampshire, d’une
famille de fermiers établie dans cet état.
Apprenti imprimeur à 16 ans, bientôt
après journaliste, rédacteur en chef du
grand journal La Tribune, membre du
Congrès, homme très simple, très original,
possesseur d’une immense fortune, M.
Creely, n’a pas do chances de succès,
maisj eu divisant les votes des républicains, il pourrait donner gain de cause
aux démocrates qui ont pour candidat
M. Adams le premier diplomate américain.
Autr-iclie. L’archiduchesse Sophie,
princesse de Bavière, mère de l’empereur
François-Joseph , vient de mourir à i’age
de 67 ans. Elle a été pendant toute sa
vie le soutien de la réaction et de la camarille cléricale en .Autriche, soit sous
son beau père Francois f, soit sous le
précédent empereur son beau frère, soit
pendant la première partie du règne de
l’empereur actuel qu’elle fit monter,
eucore enfant, sur le trône en 1848,
après avoir forcé Ferdinand I à abdiquer
et après avoir exclu du trône son propre
mari François Charles. François Joseph no
fut pendant les premières années de son
règne que le docile instrument de sa mère.
Ce fut elle qui mit l’Etat entre les mains
du clergé, par le concordat de 1854. Même
après 1859, époque à laquelle François
Jo.seph, après avoir perdu la Lombardie,
fut obligé do donner une vraie constitution à ses peuples,l’archiduchesse essaya,
encore plusieurs fois, de faire triompher
le parti clérical,- mais tenue en éctiec,
ces dernière années, par de Beust, maladive depuis la mort tragique de son second fils Maximilien du .Mexique, elle est
morte après une longue agonie et en appelant ce tils qu’elle a longtemps pleuré.
Turqu-le. Les armèni,eus catholiques de la Turquie se sont entièrement
émancipés de l’obéissance à Rôme’et ont
refusé de reconnaître pour leur patriarche
Hassoun, nommé à celte charge par le pape.
Le gouvernement a autorisé (es arméniens
à se choisir un antre patriarche dans la
personne de l’évêque Diarbéksr. La SuDlime Porte a approuvé cette nomination.
E. Malxn Directeur-Uérant.
. Pignerol, Impr. Chianlore.