1
■ V. année
21 Mai I860.
iv.“ a«.
L'ECHO DES VALLÉES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille V'audoise.
Que toutes les choses qui sont véritables..... eccupout
vos pensées — ( PhiHppiens., IV. ?.)
PRIX D ABONNEMENT :
Italie, a. domicile (nn un, Fr. R
Suisse................» 5
France................» R
Allemagne . . , . . . » fi
Angleterre, Pays-Bas . » 8
î’n numéro séparé : 5 cent
Vn numéro arriéré : 10 cent.
BUREADX D ABONNEMENT
ToRRK-FEr.r.iCE : Via Maestra,
N. -1*2. (Agenzia bibliografica)
PiCiNRRoL ; J. Cklantnre Impr.
Tvrin .J.J. Tron, via Lagrange
près le N. 22.
Fr.oRENCR : Libreria Evangelica, via de’Panzani.
< ANNONf'ES ; 5 cent, la ligne
' ou portion de ligne.
\ Lettres et envois franco. S’ aI dresser pour l'ailministration
\ au Bureau à Torre^PeÎlire ,
i via Maestra N. 42. — pour la
rédaction : â Mr. A. Revel
Prof, il Torre-Pellice.
SOMMAIRE : — Avis. — Idées claires pour les esprits peu au clair (IVu — Rapports des Consistoires à la Table. — Fondation de l’hôpital \audois.
— Agriculture: Les hannetons. — Un coup d œil sur les Vallées.
— Faits divers. — Chronique locale. — Chronique politique.
AVIS.
Messieurs les abonnés de /’Echo des l'allces yt// n’ont pas
encore versé le prix de leur abonnement sont priés de le faire
sans retard aux adresses indiquées.
Prix du présent Numéro : lO ooiit.
et a partir du 28 mai p. v. 20 centimes.
La collection des trois premières années do VEcho des Vallées
(1866, 1867, 1868) est en vente au Bureau du journal (Agenzia bibliografica ).
Année 1868 2 francs
Année 1867 2 francs, 50 cent.
Année 1866 3 francs.
Les 3 années réunies. . . 6 francs.
Brochure ou demi-reliure.
2
— 154 —
Idées claires
pour les esprits peu au clair.
f V. N 13, 16, 17J.
IV.
Fanl-il parler on se taire?
Nous avons conclu notre précédent article en affirmant qu’ii faut parler,
mais par devoir. — Mais, dira un ami de la paix à tout prix, même sous
les auspices du devoir et de la conscience, la vérité peut soulever des
orages, et les orages sont un élément de trouble. — Nous allons essayer de
réfuter cette dernière objection des âmes timorées qui crient de bonne foi :
Paix! Paix! là où il n'y a point de paix.
Entre gens épris de la vérité, ou sincèrement résolus à l’accepter, la libre
manifestation des convictions, et en particulier des croyances, est, à tout
prendre, plus favorable que contraire à la douceur des relations mutuelles.
Chacun peut, sur cette question, demander conseil à .ses souvenirs. Quel
fut, dans les rapports sociaux de chacun de nous, le meilleur gage de paix,
le plus utile médiateur? fut-ce la franchise ou la réticence? Et lorsque,
entre nous et ([uelqu’un de nos frères , s'est élevée en silence, et pourtant
au su de chacun de nous, une opposition de sentiments ou de principes,
de quoi nous sommes-nous en général mieux trouvé, de parler ou de
nous taire? Un instinct confus a pu parfois nous commander le silence;
était-ce le goût du repos, était-ce l’amour de la paix? N’importe; nous
n’avons sauvé ni la paix, ni notre repos.
Comment cela ? C’est ce que nous allons brièvement expliquer. — Pour
un motif ou pour un autre, vous vous ôtes obstiné à garder le silence ;
vous avez dû faire par conséquent un effort plus ou moins énergique pour
captiver une pensée rebelle qui toujours tendait à s’échapper. A cette pénible contention d’esprit sont venues s’ajouter la réserve et les précautions
qui s’imposaient à tous vos entretiens. — Devant cette double contrainte,
c’en est fait de l’intimité et de la cordialité; il se crée à la longue une irritation mutuelle; de part et d’autre on emploie des précautions offensantes
que l’on ne sait point pardonner; de part et d’autre on est à l’affût dies
allusions et dos attaques obliques; il n’est pas possible que notre cœur,
n’ayant pas voulu s’ouvrir, no se trahisse ; et que notre prétendu silence ne
soit une manière de penser sans clarté, sans franchise et sans courage.
Une position pareille, qu’est-elle autre chose que la négation de l’amitié et
de la société? Où serait la raison d’un rapprochetneat entre des âmes qui
n’ont plus rien à se dire et qui, lorsque le hasard les fait rencontrer, n’ont
d’autre soin que de maintenir la distance qui les sépare? Il vaut mieux
se toucher, môme en se heurtant, que de s’éviter toujours. Un éclat vaut
mieux que cette défiance hostile, qui s’aigrit par sa durée môme, et de-
3
— 15Ó —
vient dans notre cœur une haine sans motif et sans nom. Le premier choi
peut être bien rude; mais on se connaît du moins; on n’a plus d’arrièrepensée à supposer. Les discussions (pii en résultent peuvent être vires ,
aigrissantes ; mais beaucoup moins ([ue le re.ssentiment et le dfipit cpii s’accumulent dans un cœur fermé.
Reste la seconde partie de l’objection ; les orages sont un élément de
trouble.—A qui la faute? Doit-on l’imputer à ceux ([ui cherchent et qui
disent la vérité, et en absoudre ceux (¡ni la méprisent et la repoussent?
Singulière justice ! Et [loiirquoi ne p.is accuser du mal dont ou se plaint
ceux-là précisément qui s’en plaignent ? Il y a deux moyens d’avoir la
paix: 1°) que ceux qui savent la vérité se taisent; 2o) (pie les autres la
laissent dire et l’écoutent. N’est-ce point le second qui est seul naturel
et seul équitable? Et ne faut-il pas reconnaître que la paix, puisqu'il
s’agit de paix, doit-être achetée par l’attention des uns plutôt que par le
silence des autres ?
Cessez donc de vous alarmer: les orages de l’atmosphère ne sont pas
plus nécessaires à l’économie de notre globe que ne le sont à la société
humaine les orages de la pensée. Là comme ailleurs, c’est le mouvement
qui conserve, c’est le repos qui détruit ; ce mouvement c’est la vie. La
paix n’est donc point le silence, l’ordre n’est point celui qui règne au
tombeau. — Et par là nous terminons ce que nous avions à dire de la
conviction en général, pour nous occuper prochainement de la conviction
religieuse, eu tant (ju’elle crée un devoir plus absolu, plus important, plus
sérieux, plus sacré.
R4PP0RTS DES CONSISTOIRES A LA T. TABLE
Au moment où les représentants des i'glises se trouvent
réunis pour s’occuper de leurs intérêts économiques et surtout de leur état spirituel, il nous a paru nécessaire de
mettre sous les yeux de nos lecteurs les documents même
sur lesquels doit se fonder toute enquête sérieuse, — à
savoir les rapports adressés à la Table par les Consistoires.
Il va de soi que personne ne trouvera ici ces rapports en
leur entier; mais nous les avons compulsés avec soin, et
en avons extrait toutes íes données qui peuvent jeter du
jour sur notre situation intérieure. Les détails statistiques
4
— ]56 —
onl été mis à profit pour un tableau d’ensemble servant
d’appendice.
Nous nous sommes abstenus de tout commentaire ; la seule
chose que nous nous soyons permise est de renvoyer le
lecteur à tel ou tel numéro de VËcho, afin de n’avoir pas
il répéter ce que, déjà précédemment, nous avons eu occasion de porter à la connaissance de nos lecteurs.
En nous aidant du Rapport de la Table, et de la discussion au sein du Synode , nous viendrons plus tard formuler
notre propre jugement.
1. Aiigr-oj^iv©. Les cultes sont Irès-fréqucntés, sourtout celui de 11 h.
a. m. au temple de S Laurent; celui de 9 h. a. m. dans le temple du Serre
l’est moins. — Les réunions de prière qui ont lieu alternativement dans les
(juartiers pendant les soirées d’hiver sont, peut-être, celles qui conviennent
le plus à notre population, le service étant plus simple et les instructions plus
familières. Elles sont présidées ordinairement par le pasteur; elles le sont
aussi quelquefois par les membres les plus intelligents de la paroisse, et elles
réunissent beaucoup de monde. — Chaque premier dimanche du mois a lieu
un service de missions qui paraît intéresser la partie la plus intelligente de
la population. — Les distances ont rendu nécessaire l’établissement de plusieurs écoles du dimanche, dirigées par des régents de quartier ou par d’autres
personnes qui s’intéressent aux enfants. — Une trentaine de catéchumènes ont
été admis à confirmer le vœu du baptême. Le Consistoire s’est demandé s’il
devait être très-sévère ou indulgent à cet endroit; dans le premier cas, il y
aura toute une population appartenant par quelque côté à l’église, à savoir
par le baptême, mais qui ne se trouve pas dans l’église, puisqu’elle n’a pas
satisfait à toutes les exigences. Tant mieux, diront les uns; c’est un moyen
d’écarter les éléments nuisibles ; — tant pis, diront les autres, car ce bien
prétendu ne contrebalance pas le mal que vous faites en vous aliénant les personnes qui vous ont demandé d’être placées sous l’influence de l’Evangile. — Les
communions sont très-peu nombreuses, comparativement au chiffre de la fré((uentation des cultes; il n’y a guère qu’un quart de l’assemblée qui s’approche de la table du Seigneur. On se demande encore ici: que doit-on penser
d’un pareil état de choses? Si d’un côté il faut redouter les communions qui
ne sont pas des communions; doit-on être satisfait quand un nombre considérable de personnes négligent les bénédictions qui sont renfermées dans cet
acte ? L’éloignement de la table du Seigneur tient, il nous semble, aux mauvaises dispositions provenant de frottements pénibles ou d’intérêts lésés, ou
bien de rincjifférence à l’égard des intérêts spirituels. — La bibliothèqw pa-
5
— 157 —
roiisialf compte maiutcnanl 400 ouvraROS et une 20® d’abonnés. — Les examens de Vécole paroissiale oX àe Vérole des filles ont donné de bons résultats,
nous avons pu nous convaincre que les soins assidus et consciencieux de
ceux qui les dirigent ont été couronnés d’un plein succès. — Les écoles de
quartier marchent bien, sauf une ou deux exceptions. — On connaît l’arbre <\
ses fruits, et les œiitres de bienfaisance sont certainement un de ces indices
qui nous montrent que ceux qui savent faire des sacrifices sont rcconnaissanis
de ce (jui a été fait pour eux. Et parceque, comme église, nous avons élé
habitués à beaucoup recevoir, et qu’en revanche nous nous sentons pou disposés à donner, cela explique dans une certaine mesure la faiblesse des sacrifices que nous savons nous imposer pour des œuvres que nous devrions
entretenir. Nos collectes sont très-faibles. Le Consistoire, estime que la Commission des hôpitaux aurait du continuer ilans la bonne voie d’adresser un
appel direct aux églises, par circulaire; il est assuré que la collecte eôt été
plus abondante. — En résumé, si pour se faire une idée de Vétat relinieux
do la paroisse, on devait en appeler à certains faits seulement, on pourrait
dire que les choses vont passablement; car les services religieux sont trèsfré([uentés et l’on recherche, en général, avec empressement les moyens d’édilicatiou; dans un grand nombre de familles on lit la Bible et « d’autres ouvrages religieux». Mais le culte do famille qui est la pierre de touche d’une
piété vivante n’est pas pratiqué , sauf de rares exceptions.
2. Bo'bljio-F'ellîco. Les services religieux sont fréciuentés avec régularité et la prédication de l’Evangile rencontre généralement des auditeurs
attentifs et sérieux. La Bible est lue dans la plupart des familles, et nous voudrions pouvoir en dire autant du culte domestique. — Les écoles du dimanche
progressent; et nous remarquons également un goôt plus prononcé pour la
lecture d’ouvrages d’instruction et d’édification. — Mais nous sommes convaincus que le peu de respect que l’on a parmi nous pour \ojour du Seigneur est
un grand obstacle au développement de la vie chrétienne. Que nous serions
heureux si nous pouvions une fois convaincre notre population de la grandeur du privilège, pour le chrétien , d’avoir un jour do repos, pour retremper
ses forces et surtout pour le bien de sou âme! — Un autre obstacle au développement de la vie reugieuse est sans contredit le nombre eflrayant do nos
administrés qui se rendent à Marseille (1). Le moment ne serait-il pas venu,
pour l’Eglise, de donner enfin un pasteur aux 2000 Vaudois qui vivent dans
cette ville corrompue? L’honorable M'' Alphonse Baux, membre du Cousistoiré
de Marseille, nous écrit: « Vous avez bien raison de désirer que les gens des
» Vallées oublient le chemin de notre ville 1 Hélas! que de misères morales !
» Comment la Table Vaudoise ne met-elle pas au premier rang, dans ses
» œuvres les plus pressantes 1 d’avoir ici un missionnaire ou Evangéliste pour
» les Vaudois ! Que d’âmes se perdent ici ! Dites-le bien autour de vous ». Oui,
Q) Voir une correspondance insérée dans le N" 19 de l'Erlio.
6
- ].)8 —
l’impureté qui fait parmi nous des progrès effrayants, est en partie le résultat
du séjour de nos jeunes gens dans une ville qui compte des milliers de prostituées. — Les malades sont régulièrement visités; et certes ce n’est point
l’œuvre la moins bénie pour le serviteur de Dieu, et pour ceux aux quels il
est chargé d’apporter les promesses et les consolations de l’Evangile. — La
tâche de la commission de bienfaisance a été rendue plus facile cette année,
grâce à la bonne volonté et à l’empressement d’un grand nombre des membres de l’Eglise. Ils n’ont pas attendu que nous allassions heurter à leur porte;
ils nous ont porté spontanément leurs contributions. — Nous avons un bon
témoignage à rendre aux personnes chargées de Vinstruction', nous pouvons
dire ((u’elle a marché. Mais nous sommes toujours plus convaincus de l'absolue nécessité d’un programme pour l’enseignement primaire à ses divers degrés.
3. Massol ( Val S. Martin). — Le niveau moral se relève; l’esprit de libéralité chrétienne se fait jour; les assemblées religieuses sont bien suivies; la
discipline est exercée; les procès, les scandales, deviennent toujours plus rares;
le jour du Seigneur est, si non sanctifié par tout le monde, au moins respecté,
et la Bible est lue assidiiment dans un bon nombre de maisons. En sorte que,
à en juger par les apparences, nous paraissons être dans la bonne voie. Mais
les moyens de grâce que Dieu met à notre portée, nous le craignons, ne sont
encore saisis que d’une manière superficielle, en vertu de l’habitude et de la
routine. Il y a cependant au milieu de nous, Dieu en soit béni, un bon nombre de personnes et de familles qui s’efforcent de servir le Seigneur et qui
croissent en connaissance et en fidélité. Qu’elles apprennent à travailler aussi
pour leur entourage, et qu’au lieu de s’isoler, elles se mettent courageusement
à l’œuvre pour amener des âmes à l’obéissance de Jésus-Christ.
4. I^orrior-jManeille (Val S. Martin).—La fréquentation du cuitó
public est très-satisfaisante ; — les collectes sont un peu plus abondantes que
l’année dernière ; — les procès sont en diminution ; il n’est pas de cas spéciaux de scandales, ou de profanation du dimanche. — Le revers de la médaille
est attristant ; le culte de famille est négligé ; les réunions de prière sont peu
goûtées et peu fréquentées; l’intérêt pour Vinstruction religieuse des enfans
est peu senti; le goût pour la lecture est presque nul. C’est que la préoccupation des intérêts matériels est absorbante ; et qu’au formalisme s’ajoutent des
rancunes invétérées et incurables. Ah ! nous semons dans un terrain ingrat
et bien souvent avec larmes; mais ce que Dieu demande à ses serviteurs, ce
n’est pas le succès, mais la fidélité. — En matière d’admissions nouvelles
dans l’Eglise, le Consistoire ne s’est point laissé effrayer par les menaces des
parents, alors qu’il s’est vu dans la nécessité d’écarter certains catéchumènes.
Il a trouvé une compensation suffisante dans ce fait, que les élèves renvoyés
l’année dernière ont été, cette année-ci, plus réguliers, plus appliqués, et
nous le disons avec bonheur, ils ont davantage profité. Rien ne saura le faire
dévier de l’observation stricte et consciencieuse de la sage loi du Synode sur
cette matière.
7
- 159 —
5. 1 »omarot ( Val Pérouso ). — L’on a remarqué avec salisfaction que
certaines personnes, professant ouvertement l’incrédutité, ont cessé d’accomptir un acte de honteuse hypocrisie en s’excluant elles-mêmes de la Table du
Seigneur. Nous demandons à Dieu du fond du coeur qu’il ouvre les yeu.x de
tous ceux qui ne communient que par habitude ou par imitation, et ne discernent point encore dans la Cène le corps et le sang du Seigneur; eu sorte qu’ils
se jugent eux-mêmes et s’éloignent de la table sacrée à laquelle ils n’ont pas
le droit de participer, —jusqu’au jour où ils choisiront sincèrement et joyeusement Jésus pour leur Sauveur. — La fréquentation du culte principal a été
très-satisfaisante, si nous nous en tenons au chitfre de 300 auditeurs (voir le
tableau ). Cependant les assemblées pourraient être plus nombreuses encore.
.V l’égard des fo«ír¿óitíí'o?i.s colo7itaircs (voir le tableau) l’on a procédé ainsi:
l’on a aboli toutes les collectes, y compris celles des communions, et on les
a remplacées par une souscription fixe, annuelle ou hebdomadaire, à laquelle
tous les membres de la paroisse ont été invités à prendre, part. Chaque ancien
fut donc muni d’une liste des communiants de son quartier, et seul, ou accompagné du pasteur, il a dù s’occuper du soin, assez pénible parfois, de
recueillir les souscriptions. Les examens de quartier ont fourni une occasion
favorable et qui n’a pas été perdue. Malgré l’abstention de 93 membres inscrits, qui n’ont pas d’ailleurs manifesté l’intention de se tenir obstinément h
l’écart, la mesure dont nous avons pris l’initiative a eu un succès qui dépasse
notre attente. La somme souscrite par 630 personnes s’élève à fr. 742. Nous
avons lieu de croire que les souscriptions se sont faites en général de la manière la plus spontanée, et que personne ne regrettera l’engagement qu’il a
pris. Bien plus nous avons la ferme espérance que tels souscripteurs qui se
sont tenus, pour le moment, sur une trop prudente réserve, sentiront le devoir d’élever le chiffre de leurs contributions. Fort peu de personnes ont allégué leur pauvreté; et plusieurs ont devancé de plus riches qu’eux. .Vinsi, dès
le premier essai, se sont entièrement dissipées les appréhensions de plus d’un;
ainsi cette parois.se peut s’estimer heureuse d’êlte entrée dans la seule voie
propre à assurer matériellement son avenir. Persuadés comme nous le sommes de l’excellence de notre réforme, il nous sera bien permis de souhaiter ,
sans ombre de vanité , que notre exemple trouve beaucoup d’imitateurs. 201
fr. ont été affectés au fonds de la paroisse; 100 fr. aux hôpitaux; 100 fr. aux
missions; 195 fr. aux pauvres etc. — L’examen de Vécok paroüaiale a donné
des résultats très-satisfaisants pour tous les élèves diligents et appliqués. —
Quelques faits affligeants se sont produits. Il y a chez beauconp do parents faiblesse et négligence. — La sanctification du jour du repos ne s’est pas encore
imposée à la conscience du plus grand nombre, surtout parmi les jeunes gens.
—• L’attachement excessif aux biens de la terre e.st, chez plusieurs, un interdit
qui les tient éloignés de l’Evangile, — et pour plus d’un chrétien sincère, une
lourde chaîne qui entrave ses progrès dans la sanctification. — Malgré le mal
que nous avons signalé, nous ne pouvons cependant passer sous silence le
bien qui s’est produit. Il est des signes extérieurs qui dénotent un intérêt véri-
8
— 160 —
taille pour les choses de Dieu, comine il y a uue manière de donner qui révèle
le principe même de la libéralité. Et si nous ne nous faisons itlusion, il y a un
progrès réel au double point do vue de l’attachemeut à la Parole de Dieu et de
l’intérêt pour toutes les œuvres chrétiennes, et spécialement pour la diCfusion
lie l’Evangile dans le monde.
6. F‘r'ali (Val S. .Martin). — Le premier fait sur lequel le Cou.sistoire attire l’attention, c’est que 3 quartiers n’ont pas d’anciens, soit par suite de
décès, soit par suite de démissions. Le second, c’est que l’idée de collecter
pour le fonda dit de paroisse est en défaveur; « il y a, dit-on des honoraires
réguliers, et pour le reste c’est l’atfaire de la commune»; — deux villages ont
cependant fait la surprise de réparer à leurs frais leurs propres écoles. — Un
troisième fait c’est la persistance à se faire admettre dans l’église, à côté d’un
éloignement, très-prononcé chez plusieurs, à l’égard de la participation à
In S‘^ Cène. On remarque peu de respect pour la sanctification du dimanche,
surtout chez les jeunes gens. — Le nombre des enfants des écoles du dimanche
a plus que doublé en deux ans. — Les collectes pour les missions ont donné un
jiroduit un peu supérieur à celui des deux années précédentes.
7. r*ram.ol (Val Pérouse). — (Voir le compte rendu de la visite pastorale dans le N° 5 de VEcho ).
8. F*rar*ustln. — (Voir les N. 5, 6 et 8 de VEcho ). Le Consistoire constate avec regret une participation moins régulière à la S'« Cène, bien que le
culte soit fréquenté par un nombre assez considérable d’auditeurs. La religion
et la piété ne pénètrent pas assez dans la vie, dans le langage et dans les habitudes de tant de personnes qui réclament volontiers le titre de chrétiens. —
Les bénédictions temporelles et même les libertés politiques sont pour plusieurs un obstacle au lieu d’un encouragement. — On regrette la facilité avec
la quelle les parents allèguent leur pauvreté pour se dispenser d’envoyer leurs
enfants à l’ecoZe, ou se déchargent de leur responsabilité propre sur l’Ecole
et sur l’Eglise.
9. X^odoret (Val S‘ Martin). Le nouveau pasteur a été installé le 6 décembre 1868. La paroisse lui a fait un très-bon accueil. — Tous les membres
de la paroisse se font un devoir d’assister régulièrement au culte, et de participer au sacrement de la Cène; les services de l’après-midi sont très-suivis,
de même que les 2 écoles du dimanche, et les réunions de prière, (tant sur semaine que le dimanche ). Le pasteur espère surtout pouvoir établir des réunions régulières spécialement consacrées à [’œuvre des missions, tant à l’intérieur qu’à l’étranger. On remarque, à propos de la bibliothèque paroissiale
que le nombre des abonnés a plus que triplé, à dater du don de 40 nouveaux
ouvrages fait par la Table. Observation qui s’applique du reste plus ou moins
à toutes les paroisses, favorisées d’un don identique. La bibliothèque de Ro-
9
- 161 —
dorel ne comptait en février que 5 abonnés; elle en compte actuellement 17.
Ceci prouve que ce n’est pas le goût de la lecture qui fait défaut, mais un
choix de bons livres populaires. — Les contnbuti/jm volontaires, bien ()ue trèsfaibles, ont produit néanmoins dans la petite paroisse de Rodoret, fr. 145 pour
œuvres de bienfaisance; et l’année dernière le fonds de paroisse s’élevait à
130 fr., dont la moitié à été consacrée à diverses réparations. — Rodoret a
beaucoup de pauvres et la bourse de la Diaconie s’en ressent. — Les examens
des écoles ont été, eu général, satisfaisants.
10. Rora. — Le rapport est antérieur à la visite pastorale dont il est fait
mention dans le N“ 16 de VEcho. Une fois les résultats de l’enquête connus,
nous reviendrons sur la situation de cette paroisse.
11. Ooi'malix (Val Pérouse). — Le temple est ordinairement rempli,
et, dans les occasions extraordinaires, la place fait défaut. Et partout oîi il y
a quelqu’un pour diriger un culte d’une manière édifiante, il ne manipio pas
des personnes qui le fréquentent. — Los fonds pour la paroisse et pour la
retraite des régents, sont à venir; le Consistoire n’a rien pu faire à ce sujet.
— (Quant à Yétat moral et relirjieux, ont est prié de s’on référer au N° 9 de
VEcho, où se trouve le compte-rendu de la visite pastorale).
12. S. Oiovannl Rollico. On remarque; 1“) que le chiffre des
membres de l’Eglise (1069) n’est pas effectif; car un certain nombre de personnes se rattache à d’autres centres de réunion, sans avoir demandé cepedant leur radiation du catalogue; — 2°) un (piart à peine des électeurs prend
une part active aux affaires de l’Eglise; — 3°) Il existe une grande dilférence
entre le chiffre des membres de l’Eglise et celui des communiants; un tiers à
peine des auditeurs prend part à la Cène. Le Consistoire , tout en déplorant le
fait, y voit un progrès, progrès négatif, s’entend, en ce que les personnes
qui ne sont pas dans les dispositions voulues pour communier s’excluent ellesmêmes de la communion. — Les écoles du dimanche avec leurs 300 enfants
sont la partie la plus réjouissante de notre œuvre et celle qui nous procure
le plus de satisfaction.—Ce n’a pas été sans peine que nous sommes parvenues
à recueillir le montant de nos collectes', la plupart des anciens ont déclaré
qu’ils ne se sentaient pas le courage de recommencer chaque année le métier
de mendiant. Aussi sommes-nous décidés à proposer à l’assemblée paroissiale
de suivre l’exemple d’autres paroisses, c. à. d. de faire un souscription annuelle afin de pourvoir à tous les besoins de l’Eglise. — ( Sur les écoles, voir
le No 19 de VEcho ).
13. Torre Rolllce. — (Voir le N® 15 de VEcho). — Notons fétat florissant de la bibliothèque paroissiale ; elle se compose de 900 volumes et compte 57 abonnés. — Au point de vue administratif, on signale la démission de
deux anciens (sur la cause do cette démis.sion, voir les N. 15 et 17 do VEcho).
10
— 1R2 —
— Le Comité de l’^coie enfantine ne pouvant plus, faute de ressources, continuer la tâche qu’il accomplit depuis 25 ans, s’est déchargé de sa responsabilité à partir du 30 septembre prochain; le Consistoire veut bien prendre sur
lui de fournir 100 fr. sur les 400 qui sont nécessaires pour soutenir cette
œuvre intéressante.
14. Tixrin (Voir le N» 14 de VEcho) Le nombre des présents au culte, est
allé en augmentant d’une manière assez marquant, surtout (fait intéressant et
qui donne beaucoup à espérer) pour la partie masculine de l’auditoire. — Les
réunions de prière ont été continuées, non sans fruits, croyons-nous, pour
plusieurs de ceux qui y ont pris part; une par mois continue d’être consacrée
à l’œuvre des missions parmi les païens, œuvre qui est loin encore, malheureusement, d’exciter toute la sympathie et tout l’intérêt dont elle est digne. —
Les écoles élémentaires ont donné aux examens des résultats fort satisfaisants.
— Le montant des collectes pour le culte, pour les écoles et pour les diverses
œuvres charitables, indique un état temporel très prospère. — Le sentiment
de ce que nous devrions être et ne sommes pas, préoccupe parmi nous bien
des âmes, et nous savons que des efforts sincères et persévérants sont faits
par un bon nombre, pour le devenir. Que le Seigneur bénisse ces efforts et les
rende de plus en plus efficaces ! Qu’Il donne la vie à ces os secs au milieu des
quels un frémissement salutaire s’est déjà fait sentir ! Alors notre beau rôle de
2mste avancé do l’Eglise Vaudoise, qui nous était rappelé naguère par une
voix autorisée, ne sera plus une épithète stérile, il sera devenu une réalité;
Jésus-Christ aura en nous des témoins fidèles; sa vérité et sa saiinteté, de
fervents et intrépides apôtres.
15. Villax'" r^ollieo. Les réunions d’édification se sont multipliées;
mais les bals ont continué d’être fréquentés le dimanche, surtout au printemps , dans chaijue quartier à l’occasion de la fête du Geai. Heureusement
plusieurs protestent contre cette profanation du jour du Seigneur, et le consacrent tout entier à l’édification. — Si quelques uns ont été sans miséricorde
pour les pauvres, d’autres ont donné abondamment, non seulement aux pauvres , mais à toutes les oeuvres de bienfaisance, et ils ont donné sans que la
main gauche sache ce que fait la droite. Même la veuve a mis de son nécessaire. — Peu de familles ont un culte domestique régulier et journalier; mais
la Bible est lue dans beaucoup de maisons le dimanche soir.
16. 'Vlllesèolx© (Val S‘ Martin). — (Voir le N» 11 de YEcho).
F'oiKiation
dL© l’Hôpital vaixdLois.
« L’un sème et l’autre moissonne ». — Vraie au temps oü elle fut prononcée,
cette parole ne l’est pas moins aujourd’hui, et peut certes s’appliquer aux
Vaudois autant qu’à personne du monde. Il est pourtant encore des âmes qui
11
— 163
ne se contentent pas de jouir du travail d’autrni, et qui se croient obligées de
semer aussi quelque chose pour les générations à venir. Telle fut Charlotte
Geymet née Peyrot. Ce qu’elle planta, il y a près d’un demi siècle, n’était
gland, ainsi qu’elle le disait elle-même; mais le gland a grandi, et gré ce à
la bénédiction du Seigneur «qui lui avait mis au cœur celte idée, » l’auteur
do la lettre que nous publions pour la première fois, pourrait voir maintenant
son gland devenu chêne, et un chêne plus grand encore qu’elle n’avait osé
l’espérer.
A Monsieur Cellérier, Ministre à Genève (1).
Le 5 septembre
Monsieur, n’ayant eu l’avantage de vous voir qu’un instant lorsque les malheurs de notre pays nous obligèrent à fuir, je suis pour vous une étrangère ;
mais il n’en est pas de même de vous'. Monsieur, pour moi. Outre les entretiens que nous avons souvent avec mon mari au sujet de son ami Cellérier,
tous les jours une de mes douces récréations est de lire et relire vos précieux
sermons, où votre âme est si bien peinte , et d’après cette connaissance, je
viens avec confiance vous faire part, Monsieur, d’un plan qui me tient extrêmement à cœur, depuis longtemps et pour lequel je demande vos conseils et
votre aide.
Vous connaissez sûrement. Monsieur, notre position par rapport à la religion; en santé tout est supportable. Nos Vaudois sont en général charitables et
assistent leurs compatriotes malheureux; mais que la maladie, les accidents,
{comme membres cassés et autres maux auxquels notre pauvre corps est exposé 1 se joignent à la misère , c’est alors que ta classe mendiante des Vaudois
protestantes est vraiment à plaindre , sans hôpital ; comme d’une religion différente, on ne les reçoit pas à ceux de Pignerol et de Turin.
D’après cet exposé, vous voyez, Monsieur, combien un hôpital serait
nécessaire pour soulager l’humanité souffrante de cette portion d’habitants
vraiment à plaindre par leur position, n’étant pas de la religion dominante. —
Voici donc quelle serait mon idée que j’ai communiquée à tous les anglais et
missionnaires qui sont venus nous visiter dans des vues bienfaisantes pour
no.tre pauvre patrie ; ce serait de faire une collecte dans des pays protestants,
Genève, la Suisse, la Hollande, l’Angleterre, Lyon, Paris, où il y a des églises
protestantes, la Pru.sse...; dans chacune de ces villes ou états, il sera necessaire d’avoir pour protecteur un digne ministre du saint Evangile qui ait la
charité d’aider à cette pieuse entreprise en faisant un sermon préparatoire à
ce sujet. On annonce la collecte pour le dimanche ensuite,en mettant une
(1) Cette lettre , ainsi que celles qui suivront peut-être . sont tirées d'un petit
cahier appartenant à le pharmacien David Muston de La Tour, et ayant pour titre
« Copie de quelques lettres adressées à M' Cellérier père, pasteur à Genève., écrites
en 1821 et 1822, par Charlotte veuve Geymet.. Le cahier contient aussi les réponses
de M' Cellérier ». ■
12
164
corbeille sur la table devant la chaire ; un des anciens voudrait bien y assister.
On mettrait un papier et une écritoire pour ceux qui préféreraient s’inscrire
pour telle ou telle somme. La collecte finie, le Consistoire en ferait le compte
et le pasteur en remettrait le montant à un négociant, qui le ferait tenir de
suite au banquier de l’hôpital projeté.
Votre sauté vous permettrait-elle, Monsieur, d’être le bienfaisant coopérateur
de cette bonne œuvre? Pour le sermon sur le sujet ci-dessus mentionné qui
doit être annoncé à Genève, de votre part il me semble qu’il aurait tout l’effet
désiré.
Oserai-je, Monsieur, vous prier de me faire une réponse le pins tôt possible,
en me faisant part de vos sentiments, sur ce sujet ; et en me disant quel serait
votre jugement pour la réussite de cette importante affaire pour le soulagement de l’humanité souffrante’ — Je ferai, avec l’aide du Tout-Puissant, toutes
les démarches nécessaires à cet objet. J’ai achevé la grande tâche que le ciel
m’a donnée pour ce monde. Mes huit enfants sont tous, grâce à Dieu, sains ,
dispos, établis ou gagnant leur subsistance. Il ne me reste à la maison qu’une
de mes filles qui a vingt-cinq ans et qui est autant à même de tenir un ménage que moi-même : je puis donc chanter le cantique de Siméon, et m’occuper désormais principalement de ta chose nécessaire ; j’ai lu et relu avec
un plaisir infini votre excellent sermon sur ce te.xte. Quoique à l’âge de cinquante six ans , j’ai, le Seigneur en soit béni, une bonne santé, de sorte que
j’ai lieu d’espérer que je pourrai supporter le voyage qu’il faudra que je fasse
pour la réussite de mon projet. Mon mari ayant son collège et étant sujet aux
douleurs de goutte sitôt que le froid se fait sentir, ne pourra pas toujours
m’accompagner; alors un de nos bons Vaudois m’accompagnera.
Quelle somme croyez-vous , Monsieur, qu’il faudrait pour douze lits, six
d’hommes et six de femmes ? Pour les cas les plus urgents, les malades de
surplus seraient assistés chez eux par le chirurgien et le médecin, et par la
pharmacie affectée au dit hôpital , en leur donnant les autres secours nécessaires, comme bouillon, soupe, linge, etc. — Nous avons un local en vue
{ maison Obriber ) ayant un grand enclos devant la maison au midi, qui, je
crois", sera du prix de sept à huit mille francs. Quelques personnes faisaient
montería somme qu’il faudrait à deux cent mille francs; mais, comme on dit,
Rome n’a pas été bâtie d’un jour. — Une fois la chose établie, l’acquisition du
local faite , ce sera, avec l’assistance du Seigneur, un gland qui deviendra un
chêne. Je l’ai planté du moment que Dieu m’a mis dans le cœur une idée qui
ne me quitte presque pas, depuis près d’une année ; et si le Seigneur me fait
la grâce de voir notre hôpital établi', lorsqu’il sera rempli de nos pauvres malades , je demanderai l’agrément à notre Modérateur de faire planter mon
chêne devant la porte du dit hôpital.
Les personnes pieuses et généreuses (et notre pays visiblement protégé du
Tout-Puissant, nous en fait connaître chaque année davantage) donneront,
laisseront à l’hôpital des pauvres vaudois ; et j’espère qu’en peu d’années, au
lieu de douze lits, on pourra en établir le double.
13
— 165 —
Persuadée, Monsieur, de l’eflicacité de vos prières auprès de l’Auteur do
toutes choses , je vous prie de joindre les vôtres aux miennes, pour demander
au Seigneur sa protection pour les démarches à faire en vue de la réussite de
ce projet. Dans la douce espérance de le voir réussir , je me dis avec une
vraie satisfaction, une parfaite considération et profond respect
Votre très-humble serrante et amie
Charlotte Geymet née Peyrot.
Agriculture.
Les hannetons.
Dans un article de la Ilecue des deux Mondes M^ Payen donne au sujet du
hanneton (juclques renseignements que nos agriculteurs seront bien aises de
connaître. Les voici en abrégé :
Les dégâts causés à nos arbres par les hannetons sont bien connus. Chaque
troisième année , au mois d’avril, ils sortent par myriades du sol, ou ils ont
mis un millier de jours à se développer en passant de l’état d’œufs à celui de
larves, puis à celui de nymphes, pour arriver enfin à l’état d’insectes ailés,
— exactement comme font nos vers-à-soie. — Ils ravagent alors tout ce qui
porte feuilles. — Peupliers, hêtres, chenes, cérisiers, ormeaux, rien n’échappe
à leurs fortes mandibules. Cependant le mal que les hannetons font aux
arbres ne peut encore être comparé à celui, qu’ils ont déjà fait aux récoltes ,
lorsqu’ils habitaient sous terre à l’état de larves, rongeant les racines des
plantes fourragères et des céréales. Les diverses métamorphoses de ces coléoptères embrassent en effet un espace de trois années pendant les(|uels ils
UC cessent de montrer une voracité extrême.
Quand les femelles sont .sur le point de pondre , elle choisissent un terrain
léger ou ameuhié par la culture, s’y enfoncent et déposent leurs œufs. En
moyenne chaijue femelle en a (piarante. Au bout de trente sept jours les
petites larves éclosent. Elles ont déjà de fortes mandibules munies d’une dent
taillée en biseau ; elles sont par conséquent très-bien armées pour trancher
aisément les racines, et elles se mettent immédiatement à la besogne. Les
insectes demeurent à l’état de larves durant deux ou trois ans, selon la température à laquelle ils sont soumis. Les larves s’enfoncent à mesure que la
température devient plus rude], et remontent quand’elle s’adoucit.
Ainsi, d’après Payen, ces vers blancs que la cbarrue met à nu sur la terre
fraîche aux époques de labourage, et qui ne sont autre chose que les larves
du hanneton, seraient encore plus funestes aux racines de nos plantes que
l’insecte ailé ne l’est aux feuilles des arbres. L’agriculteur a donc tout intérêt
à ce que ce grand ennemi de ses récoltes soit détruit, d’autant plus qu’une fois
morte la larve aussi bien que le hanneton peut fournir un engrais des plus
riches que l’on connaisse. Mais comment s’en défaire ? Il fut un temps en
14
— 166 —
France et ailleurs, où des tribunaux se croyaient en devoir de faire leur procès
aux'chenilles et aux insectes malfaisants et de prononcer leur condamnation en
toute règle : l’autorité ecclesiastique arrivait à son tour, et lançait contre ces
animaux nuisibles les foudres de l’excommunication. — Aujourd’hui l’on croit
plus simple à la fois et plus sage de cueillir dans des paniers tant le ver blanc,
que le hanneton, pour le tremper ensuite dans des chaudières d’eau bouillante,
et les en retirer aussitôt pour en faire de l’engrais. C’est ainsi qu'en Suisse des
règlements spéciaux et rigoureusement obligatoires ont à peu près fait disparaître le hanneton , dont les dégâts étaient devenus redoutables. — Y aurait-il
beaucoup de mal à imiter cet exemple ?
m C0li> D'ŒIL m\ LES VALLÉES
Ou nous écrit ;
Après vingt ans de liberté civile et politique, où en sont les Vallées vaudoises?
La population, au lieu d’augmenter, a diminué d’un cinquième ; les uns ont
- été chercher un gagne-pain à Marseille, les autres ont émigré en Amérique
pour aller défricher les pampas de la Plata; — et nous avons encore un cinquième de notre sol natal (lui est demeuré inculte !
Nous avons quantité d’écoles petites et grandes, et plus d’un établissement
d’instruction secondaire ; et ce n’est pas moi, certes, qui songerais à m’en
plaindre. Nous avons lieu d’être reconnaissants , profondément reconnaissants
de tout ce qui, depuis quarante ans, s’est fait au sein des Vallées pour l’insstruction et l’éducation. Mais si nous quittons le terrain ecclésiastique pour
nous placer sur le terrain de la société civile, où sont, demanderai-je, nos notaires, nos arpenteurs, nos sécrétaires communaux, nos administrateurs, en
un mot, les représentants autorisés et capables de nos intérêts matériels? Les
Vallées vaudoises voient l’élite de la jeunesse se consacrer au saint ministère,
ou à l’instruction ; elle ne fournissent pas mal d’instituteurs et d’institutrices...
à l’étranger ; elles fournissent des colons à l’Amérique du sud, et des garçons
de café etc. à la ville de Marseille. D’où vient qu’il leur reste si peu d’hommes
capables de contribuer efficacement au progrès du commerce, de l’industrie,,
de l’agriculture ? L’homme, je le sais, ne vit pas de pain seulement; il me
paraît néanmoins évident que tout le côté matériel de l’existence est chez nous
très imparfait et presque nul.
Eh bien, me dira-t-on, que prétendez-vous faire ? — D’abord, je veux attirer
l’attention sur un point, à mon avis, beaucoup trop négligé, et je me suis,
dans ce but, servi sans scrupule de VEcho des Vallées, qui n’est pas un journal
exclusivement religieux. Peut-être mes préoccupations seront-elles partagées
par plus d’nn ; peut-être se trouvera-t-il des jeunes gens qui comprendront
que le Christianisme, « sel de la terre, » est appelé à tout pénétrer pour tout
sanctiffer ; et que si notre Christianisme est de bon aloi, il doit féconder les
vocations les plus diverses, celle du savant, de l’artiste, du négociant,
15
— 167
de l’ouvrier, de telle sorte que les Vallées Vaudoises possèdent beaucoup
A'hommes, et puissent jusqu’à un certain point se suflire à ellos-mèincs.
Ensuite.... Mais je reviendrai là-dessus une autre fois.
Yolre dévoué etc.
faits biücrs.
Ohomliis <lo for do l'Inde. Parmi les causes qui concourent à la régénération politique, sociale et religieuse de l’Inde, les chemins de fer sont appelés à jouer un grand rôle. Ils s’étendent comme
un vaste réseau sur l’Inde entière, et déjà la longueur totale des huit
principales lignes est de 1500 lieues, dont plus de 800 étaient déjà ouvertes au Ir janvier 1863. Les grands centres ( Calcutta , Delhi, Lahore ,
Bombay et Madras) se trouvent reliés par des voies ferrées. Et, chose
remar([uable , les Hindous en protitent neaucoup plus qu’on n’aurait osé
s’y attendre. Puis, dans les wagons hindous, toutes les castes sont pêlemêle et se touchent, en sorte que déjà un proverbe brahmane aflirme
que « les chemins de fer rompent la caste ». — Battu en brèche par
les voies ferrées, assailli par la prédication de l’Evangile qui retentit aux
Indes avec tant d’éclat, envahi par une nuée de journaux soit anglais,
soit indigènes, le Brahmanisme est ébranlé aussi par la publication de savants ouvrages, tels que les Textes Sanscrits de .M. J. Muir, où il est
démontré que l’institution des castes n’est aucunement justifiée par les
plus anciens textes des Védas, livres sacrés de l’Inde, et que le brahmanisme actuel est aussi éloigné de l’antique religion que l’Occident est
éloigné de l’Orient. L’hindouisme actuel est donc en voie de dissolution
et ne peut manquer de s’écrouler bientôt.
(S)ltront(|ue locale.
Torr-o-F'ollioo. Nous apprenons que le Consistoire de La Tour vient
de publier une nouvelle réponse à nos articles, sous le titre: Deux mots à
l’Eeho des Vallées. Nous le félicitons très-sincèrement d’être courageusement
entré dans la voie de la publicité; cela vaut mieux que d’aller pleurnicher
auprès de l’Administration ecclésiastique, et de tenter de la faire intervenir
dans le débat, au grave détriment de la liberté de la presse. — Au revoir dans
huit jours.
Chrontc|ue ]poiUtc|tte.
La recomposition du Ministère a eu lieu le 13 de ce mois par l’admission de
quatre ministres nouveaux; le comm. Ferraris à l’intérieur, M'le cbev.
Marco Minghetti au dicastère de l’agriculture et commerce, M>' Mordini aux
travaux publics, et l’avocat Bargoni à l’instruction publique. Le premier et les
16
— 168 —
deux derniers arrivent au pouvoir pour la première fois. On annonce que le
garde des sceaux Defilippo cédera prochainement aux sénateurs Conforti ou
De Falco le poste que par déférence au président du Conseil il a continué
jusqu’ici d’occuper. L’impression que ces remaniements politiques ont produite
dans le royaume est difficile à définir, et les organes les plus autorisés de la
presse portent sur eux les jugements les plus opposés. Il est sincèrement à
désirer que les personnages qui forment ce nouveau cabinet puissent amener
la fusion réelle des différents partis qu’ils représentent, et qu’ils ne soient pas
pour la patrie ce que souvent des médecins nouveaux sont pour des malades ;
l’occasion d’une fin prématnrée. — La lassitude et le découragement du pays
se communiijuent à la Chambre. Voilà trois jours qu’elle n’est plus en nombre
pour voter la nomination d’une Commission examinatrice du budget préventif
de 1870.
Espagne. La proposition de remettre à un plébiscite le choix de la
forme du gouvernement a été repoussée aux Cortès par 156 voix contre 73. —
Les députés républicains menacent d’abandonner leurs sièges aussitôt que la
monarchie aura été proclamée ; — Silvela les conjure de ne le pas faire afin
d’éviter la guerre civile. Là, comme partout ailleurs, les prêtres travaillent
énergiquement à la réaction. On en voit qui, à la tête de leurs paroissiens,
parcourent les campagnes armés de trabucos et aux cris de rire Charles VU !
Er-aiico. Les dernières réunions électorales de Paris ont été cause d’assez graves désordres. Des rassemblements d’ouvriers chantant la Marseillaise
ont ré.sisté à la poli ce qui leur intimait de se dissoudre. L’activité des agents
du gouvernement fut depuis lors redoublée, üne circulaire du Ministère de
l’intérieur iuvite tous les préfets de l’empire à défendre toutes réunions pendant les cinq jours (¡ni précèdent le scrutin.
Angleterre. O’Sullivan , le maire de Cork, que la Chambre des Communes avait appelé à venir présenter devant elle sa propre défense, a jugé
prudent de donner sa démission. Gladstone a parlé de cet incident avec beaucoup de sagesse, et a obtenu le renvoi à quatre semaines de la lecture du bill
qui s’y rapporte.
IrS.ovxnianle. — A l’occasion de l’ouverture des Chambres, le prince
Charles a prononcé un discours dans lequel il se montre satisfait de voir que
les représentants de son peuple continuent leur confiance en son gouvernement. Si ce que l’on rapporte est vrai, le souverain des deux principautés
unirait prochaiuement ses destinées à celles de la jeune princesse Thyra, fille
cadette du roi de Danemark et sœur de la princesse de Galles, de l’archiduchesse de Russie, et du roi Georges de Grèce,
Egypte. Le vice roi a entrepris un voyage en Europe. On l’attend à
Venise, puis à Florence et à Marseille, d’où il se rendra à Paris, à Berlin et
à Vienne afin d’inviter les souverains de l’Occident à l’ouverture solennelle de
l’isthme de Suez.
Pignerol, J. Chiantore Impr.
A. Revel Gérant.