1
Année Huitiênie.
PRIX D'ABBONNEMENT PAR AN
Italie < . .. L. 3
Tous les pays de rtJjiioïi
de poste ... * fl
Amérique ... » 0
Ou s’nbouue :
t'our l’iiïterieî!»’ c1i«k MM. ii*.\
)iaste.urs at les lilifHirea de
Torre Pel lice.
Pour VEàCtérietiY’snì Bureau d’Administtacion.
N. 52.
Un ou plusieurs numéros séparés, demandés avant le tirage 10 cent, chacun.
Annonças: 25 centime» par ligne.
Les ennuis d'avge^t ae font par
lettre recommandée ou par
mandais sur le Bureau à« Pefosa Argentina.
Pour la RÉDACTION adresser
ainsi : A la Direciîon du Témoin,
Pomaretto ¡’Pinerolo) Italie,
Pour l’ADMlNISTRATlON adresser ainsi l A r Administration du
Tdwoi«, Pomaretto (Pinerolo)
Italie.
LE TEMOIN
ECHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Voux tnt xet'ez témoins. Actbs 1. S.
Suivant îa vérité avec in charité. Itlv
Sojuanïalre
29 Décembre. — Missions du Léribé et
du Zambèze. — L’armée du salut. — A
propos de quelques observations surTantiquité des Vamiois, d’après leurs anciens
manuscrils. ftmilej. — Bibliographie. —
Uemie pvlUique.
Ayîs ImpoiMant
Prière aux abonnés en relard,
nationaux ou étrangers, de transmettre au plus tôt le montant
de leur abonnement.
L“e premier numéro de 1883
sera adressé à tous les anciens
abonnés qui n’ont pas déclaré
vouloir se retirer ; ils voudront
bien le refuser à la poste s’ils
né sont pas disposés à continuer
leur abonnement. *.
âO ! Déoemlbre
Mieux vaut la fin d’une chose que
son commencement. Ecct.' vn, 8,
Quelquefois VEcclésiaste motive
lui-même ses sentences et en donne
l’explication. Ainsilorsqu’ilqflSrme
qu’il vaut mieux aller dans ,une
mai.son de deuil que d’entrer dans
une maison de festin., il en donne
la raison ; c’est que dans celle-là
est la fin de toutes choses , et que
le vivant met cela en son cœur.
Ou encore, lorsqu’il dit: « qu’il
vaut mieux être chagrin ,q.uh, de
rire,» il ajoute : « à cause que.par
la tristesse du visagh, le,,cœur
peut devenir joyeux ». é’p;S,t .comme
Jésus a déclaré ; « hiéphenreux
ceux.qui pleurent, par.cequ’ils seront consolés ». ;(.;■«*»' ■
Mais à la parole que nous avons
inscrite en tête de ces lignes» il
n’ajoute ni explication ni restric¡tioo îielle a cependant besoin de
l’une et.de l’autre et il ne sera
pas inutile d’i£diquer dans quel
sens et jusqu'à, quelle limite cette
parole est la vérité même. ,,
Il va sans dire que la fin d’une
maladie douloureuse, ou d’une
pénible épreuve, vaut mieux que
2
w,.
^412..
son commencement, et qn’il est
bien plus agréable de moissonner
avec des chants de réjouissance,
qu’il ne l’a été de semer avec larmes. On est plus joyeux lorsqu’on
est venu à bout d’un travail long
et difficile, qu’on ne l’était en le
commençant, Quoique, à la rigueur, l’on puisse affirmer que
lorsqu’on a commencé joyeusement et courageusement une œuvre, et qu’on l’a poursuivie en y
mettant tout son cœur, l’on puisse
éprouver un véritable regret le
jour où on l’achève.
L’Ecclésiaste aurait-il voulu répéter, sous une autre forme, ce
qu’il avait dit un peu auparavant,
savoir: « que le jour de la mort
vaut mieux que celui de la naissance? » Mais c’est alors surtout
que des restrictions et des explications deviennent indispensables.
Si, comme le pensent follement
un grand ,nombre de personnes,
même parmi celles qui se disent
chrétiennes, la mort met fin à
l’existence elle-même, ou tout au
moins aux misères et aux souffrances qui souvent l’accompagnent, il est évident que l’ou peut
dire que la fin vaut mieux que le
commencement. Pour l’homme le
plus sobre, le plus modéré, le
plus réglé dans sa vie, s’il vit
longtemps , les années arrivent
auxquelles il dira : je n’y prends
plus de plaisir. Et- comme, dès
les premières années de famine,
les Egyptiens avaient oublié les
sept années d’abondance, ainsi
l'homme quia vécu longtemps paisiblement peut être tenté de s’écrier, lorsqu’il ne peut plus jouir
de la vie , qu’il vaudrait mieux ne
pas être né que d’être réduit à
ce pauvre état, ensorte qu’il dira
avec tristesse, que pour lui la
mort est préférable à la vie. En
réalité si la mort n’est pour lui
que l’affranchissement de ses ÎDr
flrmités , la fin de ses souffrances
physiques, on ne peut pas dire de
lui que la fin lui vaut mieux que
le commencement de sa vie.
Et l’homme qui, non seulement
vit dans l’oubli de Dieu, mais qui
se moque des choses saintes, buvant l’iniquité comme de l’eau,
n’ayant d’autre Dieu que son ventre, ou son coffre-fort, pourra-til considérer cette fin qui s’approche irrésistible et inexorable,
avec la pensée qu’elle vaudra
mieux que le jour de sa naissance ?
Et ceux qui savent que c’est une
chose terrible de tomber entre
les mains du Dieu vivant, pourront-ils demeurer indifférents i
la vue d’une pareille démence, et
se dire qu’il vaut mieux pour cet
impie que sa vie de péché finisse
bientôt? Quelque misérable qu’ait
été le commencement de la vie
du pécheur impénitent, quelque
agitée et tourmentée qu’ait été la
continuation de cette vie, la fin
en sera mille fois plus affreuse,
car c’est la mort seconde, les
pleurs et les grincements de dents'
aux siècles des siècles.
Pour qui donc et dans quelles
conditions la fin vaut-elle mieux
que le commencement? Saint Paul
a dit qu’il désirerait déloger de
sa tente terrestre, ou de ce monde,
et être auprès du Seigneur, ce qui
lui serait beaucoup meilleur. Nous
ne doutons pas que VEcclésiaste,
fatigué de la vie et dégoûté de
toutes les vanités de ce monde,
n’ait vu aussi dans la mort autre
chose que la fin des souffrances
et des déceptions dont la vie est
remplie. Conduit par l’Esprit de
Dieu, il a cru et souhaité pour'
lui-même le repos auprès de sou
Dieu, là où il n’y aura plus d’agitation ni de deuil, parceque le
péché ne sera plus. — L’homme
qui naît pour s’agiter comme l’étincelle pour voler, lorsqu'il ouvre
son cœur à l’Evangile, trouve la
paix javec Dieu par notre Seigneur
Jésus-Christ; il revêt cette piété
qui, avec le contentement d'es-
3
■ ni#**'*-«
' '4#‘
,413-
prit, est un grand gain. Non seulement il ne tremble pas en entendant cette parole de son Seigneur:
«Voici, je viens bientôt!» mais
il peut s'écrier joyeusement luimême : « Oui , Seigneur Jésus,
viens ! »
' .Permettez-nous, chers lecteurs,
de faire à nous-même, aussi bien
qu’à vous, une application particulière de la parole qui vient do
nous occuper. N’èst-il pas vrai
que la fin de chaque aipée que
Dieu ajoute à notre pèlerinage icibas devrait être meilleure que son
commencement? Pouvons dire, à
la louange de la grâce de Dieu,
qu'il en est ainsi de celle qui va
finir? Nous ne demandons pas si
les témoignages de la bonté du
Seigneur ont été plus nombreux
que pendant les années précédentes.
Le fait seul que nous avons été
gardé, jusqu’ici, témoigne de sa
providence fidèle et miséricordieuse. Et s'il nous a donné notre
pain quotidien, il nous a constamment parlé de différentes manières , surtout par sa parole. Ses
appels et ses offres de grâce n’ont
jamais cessé -de nous être adressés. Il n’y a aucun pays au monde
où la liberté religieuse soit plus
scrupuleusement respectée qu'elle
ne l’est parmi nous. Nous allons
jusqu'à dire, qu’il y en a sans
doute bien peu, surtout dans la
saison où nous sommes, où Ja
bonne parole de Dieu soit offerte
comme le lait des petits , le pain
et la viande solide de.s hommes
faits, dans plus de lieux et aussi
fréquemment. — Comment avonsnous su profiter de l’abondance
des biens spirituels que la bonté
de Dieu a mis à notre portée?
Avons-nous fait des progrès dans
la Connaissance et dans la grâce,
dans la piété véritable et dans la
sainteté? — Nous n’osons pus répondre pour vous , chers lecteurs ;
. c’est à peine si nous le pouvons
pour noua-même. Que chacun s'éprouve sur ce grâve sujet, en la
présence du Seigneur, et à la lumière de sa parole. Ce qui est
incontestable c’est que nous avons
fait un grand pas vers la fin qui
e.st proche, et qu’il nous faut
prendre plus sérieusement à coeur
l’exhortation de l’Apôtre: «Soyez
sobres et vigilants à prier ».
Missions dii Léribé et du Zambèze
Nos lecteurs seront, comme nous,
très reconnaissants à nos amis M. et
M“® Weitzecker, d’avoir eu l’heureuse
idée de nous communiquer ta plus
grande partie d’une lettre qu’ils venaient de recevoir du missionnaire
Er. Coillard. Cet homme de Dieu a
laissé trop d’affectueux souvenirs dans
nos Vallées, pour qu’on n’y recueille
pas avec joie tout ce qui vient de
lui. Voilà un homme sur la parole
du quel on peut compter ! Pour encourager sou successeur à hâter son
départ afin que lui-même puisse hâter
le sien pour le Zambèze, il lui écrit
que tout est sombre au Lessouto,
que l’œuvre a bien souffert, qu’elle
est à refaire, que le paganisme a
partout levé la tête, qu’il est plein
d’arrogance, que M''W. doit se préparer à une tâche difficile et ingrate.
Eh bien ! qu’y a-l-i! là d’effrayant
pour un messager de la bonne nouvelle, accoutumé à déplaire aux hommes et à devenir leiu' ennemi, en
leur disant la vérité? Paganisme, ou
matérialisme impie, n’est-ce pas ce
qui so rencontre un peu partout?
— Nos chers amis Weitzecker n’ont
plus besoin d’être encouragés à aller
avec confiance au devant de celle
lâche qu’ils ont acceptée. Si la décision première a dû beaucoup leur
coûter, l’exécution même de leur dessein leur sera bien plus facile, car
le Seigneur, au service duquel ils
veulent vivre et mourir, ira avec eux,
se tiendra auprès d’eux, leur donnant , selon le besoin, sa joie qui
sera leur force. — Et puis ils no se-
4
'-"AAAiA/MV'i^AAA'VUV'AAAAA'VAi'VXAAAAAAy’VSyt/VVjViyvVVWMWXjViAArlVxAW'.''
ront pas seuls, puisque, très probablement , M. Coillard laissera auprès
d’eux sa chère compagne pour être
leur diaconesse, et quelle diaconesse!
Autant nous félicitons nos amis de
cette perspective qui leur est ouverte,
autant nous sommes touché de la
grandeur du renoncement dont monsieur Coillard fait preuve en se séparant, même mornenlanément, de sa
noble épouse. C’est un douloureux
sacrifice qu’il s’impose pour l’amour
de sa chère station de Léribé, autant
que pour l’amour de sa fidèle compagne, à laquelle il voudrait épargner
les épreiives de toute espèce au devant
des quelles il lui tarde de marcher.
Nous ne nous avançons pas outre
mesure, en promettant à nos chers
missionnaires du Zambèze et de Léribé que tous ceux qui au sein de
notre Eglise travaillent et prient pour
l’avancement du règne de Dieu, les
suivront par de leur affectueuse sympathie et de leurs prières, prenant
part du fond du cœur à leurs épreuves et à leurs succès, pour autant
qu’il leur sera donné de les connaître.
Réd.
Lérilji, 19 Octobre 1882.
Mon bien cher ami.
Je ne vous dirai pas ce que nous
avons éprouvé à la lecture de votre
lettre du 10 septembre. Vous le devinez. 11 a donc fallu que votre vocation missionnaire fût.sanctifiée par
le deuil! Vous avez toute notre sympathie, mais ce serait peu de chose
si vous n’aviez la présence même du
Maître et ses consolations puissantes
abondant dans votre âme. Oui, que
Dieu soit votre force comme il a été
votre lumière!
Quel événement que votre vocation,
pour l’Eglise Vaudoise et quelle joie
pour nousl Votre lettre nous.arrivait
en même temps qu’une du Zambèze
que j’envoie à M" Boegner pour nous
dire qu’on nous y attend. Une troisième m’annonçait un don versé pour
la construction d’un presbytère au
Zambèze. — Nous étions si émus, ma
414.
femme et moi, que nous sommes tombés à genoux et avons béni Dieu.
Que Dieu vous guide, chers amis,
dans tous vos préparatifs et vous soutienne à l’heure du départ. Il sera
alors plus près de vous qu’aucun ami.
J’espère que vous pourrez bâter
votre arrivée ici. Et cependant il faudrait que la crise politique que nous
traversons lut passée. Tout est bien
sombre maintenant au Lessouto. Nous
ne savons trop.'^e que l’avenir nous
réserve pour la nation. Le slaiu qm
ne saurait durer longtemps elje'vohs
en écrirai. . .ü
L’œuvre aussi a bien souffert. Nous
ne reconnaissons pas 'Léribé. C’est
une œuvre à refaire. Le paganisme
a levé la tête partout et e.st plein d’arrogance, Préparez-vous à une tâche
dimeile et ingrate.
A propos de Léribé, je ne dois pas
oublier de mentionner une question
de principe qui a surgi à votre propos, c’est que c’est à la conférence
que revient le droit de placer les
missionnaires et de pourvoir aux postes vacants. Je me suis donc empressé de communiquer avec elle par
sa commission exécutive et je ne doute
pas que tout ne s’arrange selon nos
désirs.
Je pense me mettre en roule en
Mars. Vous serait-il possible de hâter
votre départ pour pouvoir passer quel
Sue temps avec nous? Si j’ai la joie
e vous avoir comme successeur, je
partirai heureiix et sans la moindre
arrière pensée pour le Zambèze et il
est très probable que ma femme restera ici. Dans ce cas, elle sera votre
diaconesse et pourra vous rendre bien
des services soit pour la langue, soit
pour l’œuvre. Ma nièce se chargerait
de Técole...
(Suivent divers conseils relatifs“ à
l’équipement etc. de Monsieur cl Madame Weitzecker ).
Ce sera un beau jour pour pous,
chers amis, que celui où nous pourrons vous souhaiter la bien venue
ici. J’espère que vous ne serez pas
trop désappointés. Le changement et
le contraste seront si grands. Puis-
5
-415
siez-vous établir au Vallées ce «courant» dont on parlait tant....
Adieu J chers amis, jeneveuxpas
manquer cette poste. J’aime mieux
envoyer ma lettre telle quelle. ...Que
Dieu, que s‘à joie plutôt soit votre
force 1
Au revoir
Votre bien affectionné
F. CûILLARD.
L'armée du salut
' L’armée du salut, tel est le nom
que l’on donne à une nouvelle manifestation de la vie religieuse qui,
partie de l’Angleterre où elle a été
et est encore l’objet de jugement trèscontradictoires, tend à s’étendre sur
le Continent, et s’est produit à Paris
sur tout, avec assez d’éclat pour attirer sur elle l’attention de la presse
même politique. Le jugement qu’en
porte un des correspondants du Journal de Genève, jugement très-pondéré
et reposant évidemment sur des informations très précises, nous a paru
ce qu’il y avait de plus propre à
mettre nos lecteurs exactement au
courant de cette manifestation. Le
voici dans ses principaux aperçus:
« Je ne reviens pas sur l’origine de
l’armée du salut en Angleterre. On
sait qu’ellé a été inaugurée par un
ministre wesleyen, M. Booth, dans
le désir très louable d’atteindre la
partie la plus misérable de la population. On ne peut qu’approuver un
tel dessein; et s’il ne shagissait que
des intentions et de l’inspiration première de l’œuvre, la sympathie et le
respect pour une telle œuvre seraient
sans réserve. C’est sur la question de
méthode que les divergences commencent. L’armée du salut forme une
corporation laïque, constituée pour
la discipline comme un corps militaire avec ses grades, son drapeau,
sur lequel sont inscrits ces rnots: Sang
et feu. Le principe d’autorité y fonctionne d’une taçon presque aussi
rigoureuse que dans une «congrégation catholique. Le général Booth,
passionément assisté et conseillé par
sa femme — personne très remarquable à tous égards — dirige l’armée
absolument comme un chef de corps
en campagne.
« Tout nouveau converti est enrôlé
comme soldat et revêt Î’uniforme; une
fois nommé officier, il consacre tout
son temps à l’œuvre commune. La
propagande, se poursuit par tous les
moyens imaginables pour fixer l’at- '
tention du public et pour le retenir.
De là le caractère théâtral des processions de l’armée et surtout de ses
meetings. Les trompettes et la grosse
caisse accompagnent des chants d’un
caractère étrange et qui sont calculés,
surtout par des répétitions excitantes,
pour agir sur les nerfs.
« La lecture des saintes Ecritures
occupe une place relativement très
petite dans ces meetings où les allocutions tendent à produire le même
effet que les chants, qui sont parfois
accompagnés de danses frénétiques,
les rondes de VAlleluja.
« Tout l’effort de ces.réuaions tend
à produire des conversions instantanées qui doivent se révéler immédiatement. Les nouveaux convertis viennent sur l’heure s’agenouiller devant
l’assemblée et la victoire remportée
est célébrée par l’orchestre. L’armée
du salut a renconlrç en Angleterre
les plus vives sympathies, spécialement dans l’Eglise anglicane qui espère
par son moyen reconquérir en quelque
mesure les classes populaires et un
appui financier considérable qui lui
permet d’ouvrir d’immenses locaux.
On ne peut lui reprocher de , mettre
ses lumières sous le boisseau ; car elle
ne cesse de proclamer ses triomphes
dans ses meetings et ses joiirnaux.
Personne ne conteste qu’ellé n’ail
produit quelques bons résulpals, qu’on
peut attribuer au fond chrétien qu’elle
conserve et à l’ardeur de son zèle,
mais ce qu’il s’agit de savoir, c’esf si
ces bons résultats doivent faire passer
sur ses méthodes.
« Bien qu’elle les ait appliquées à
Paris avec une certaine modération,
elle n’y a pas moins conservé son
caractère propre. L’embrigadement,
6
I AiW\y*
l’excitalion nerveuse, la lentalive incessament renouvelée de produire et
de manifester sur l’iieure et sur place
la conversion, rien ne lui a manqué,
fille a eu la bonne fortune d’être
dirigée par une jeune femme digne
de tout respect par la pure ardeur
de son zèle, lichement douée au point
de vue intellectuel et vraiment éloquente. Mistress Booth a beau avoir
pris le litre de maréchal, le ridicule
ne saurait l’allcindrc. On ne peut
s’empêcher d’être ému en l’entendant
et en voyant ses beaux traits animés
de la flamme intérieure. On dirait une
Sibylle chrétienne. A l’occasion du
séjour de sa mère â Paris, une
réunion très iiiléressanle a été tenue
le mardi 14 novembre dans la chapelle
méthodiste de la rue Roquépine. La
femme du général, qui est pour le
moin.s son bras droit, a présenté l’apologie de l’armée du salut et a répondu
séance tenante aux objections qui
lui ont été faites. Elle a invoqué les
actes étranges de quelques prophètes
de l’Ancien Testament à l’appui des
excentricités reprochées à l’œuvre
qu’elle dirige. L’exemple desprophélesses de l’ancienne et de la nouvelle
alliance lui a paru justifier amplement
le rôle prépondérant réservé aux femmes dans l'armée du salut.
« Elle a soutenu que la sainte Cène
était célébrée par celles-ci aussi bien
que par les hommes en dehors de tout
ministère régulier, et que l’esprit
général de la corporation tendait à
enlever toute importance au baptême.
«Madame Booth n’a rien dit de
l’objection si Juste que soulève la
tentative de provoquer le plus grand
phénomène spirituel par des excitations nerveuses et de le forcer à se
produire sans délai et sans respect de
ce qu’on peut „appeler la pudeur des
âmes. Il résulte, en tout cas, de ses
explications que l’armée du salut constitue bien véritablement une sorte
d’Eglise nouvelle qui prétend renouveler la chrétienté, car Madame Booth
n’a pas hésité à déclarer dans une
image familière que le christianisme
avait été changé en nourrice.
«La question qui se pose actuèllement est de savoir si l’ardeur d’un
zèle incontestable et l’éclat d’un succès
incontestable aussi doivenlfaire passer
sur de telles méthodes qui sont en
opposition directe avec la haute spiritualité des méthodes de la mission
chrétienne au temps des apôtres et
aux grands jours de la Rélbrmation;
— si le protestantisme veut avoir ses
convulsionnaires et parler aux yeux
et aux nerfs comme certaines missions
catholiques; — si la lin, qui est
excellente, doit faire passer sur de tels
moyens — et s’il ne vaudrait pas mieux
chercher à ramener l’armée .du salut
dans les voies de la sagesse chrétienne
qui n’exclut point les généreuses imprudences de la charité que de l’encourager et de la suivre dans ses
excenti'jcilés. Il ne s’agit pas de lui
faire opposition au nom d’un cléricalisme gourmé. L’accueil fait à Paris au
grand missionnaire populaire Moody
et la collaboration sympathique accordée à la belle rai.ssion de M. Mac
Ail parmi les ouvriers., écartent toute
idée de ce genre, mais il-est permis
de penser avec Vinet qu’il est inutile
d’ajouter à la divine folie de la croix
des folies de notre invention.
{ prnptis (le quelques ohsenalions
sur l’untiqoité des Vaudois,
d'après leurs anciens maiiuscrils
/'Suite, eoir N. ai J.
La manière dont les divers opuscules manuscrits, attribués aux 'V'aiidois , ont été réunis en volumes,
offre des particularités non moins curieuses que leur récension.
Aucun de ces volumes n’est consacré, en entier, au développement
contenu d’une matière déterminée.
Chacun d’eux est un recueil de morceaux différents , souvent incomplets
et sans rapport !es.uns avec les autres.
Les pages du même morceau sont
quelquefois interrompuespar l’intercalation d’un ou de plusieurs feuillets appartenant fi un autre ouvrage.
On dirait que ceux qui ont formé ces
volumes, n’en comprenaient pas !c
7
.417.
contemi, ou que du nioins ils n’en
avaienl plus rinlelligence. C’est, du
reste, ce dont les lecteurs vont juger par quelques faits.
Dans le MS. de Genève, n. 208,
se trouve au verso du quatorzième
feuillet, le commencement d’un morceau , intitulé ; Circa la varíela de
las cosas eniergènt] mais lorsqu’on arrive à la fin du seizième feuillet on
voit que ce morceau n’a pas de suite.
La suite est pourtant contenue dans
le volume, mais pour la trouver il
faut revenir en arrière, et reprendre
la lecture au premier feuillet, puis
continuer'jusqu’à la fin , en omettant
toutefois le huilièrae feuillet, qui se
rapporte à un autre sujet.
Cette pièce est la cinquième du volume. La scplièrac, intitulée: de la
pàiiUnce, n’occupc d’abord que huit
pages; mais le même sujet est repris,
dans les trente dernières pages du
volume, qui semblent ainsi devoir
faire suite aux huit premiers. — Ce
traité fie la Pénitence, se retrouve
partiellement, dans les MS. 207, et
209, de la même bibliothèque. Monsieur Tron, professeur du Collège de
La Tour, et l’auteur de la notice la
plus complète qui ait été faite sur
Valdo, ayant bien voulu, lorsqu’il était
à Genève, comparer sur ma demande,
ces diiférentcs versions, a transmis
en ces termes le résultat de son examen : 1 Le traité de la Pénitence,
renfermé dans le MS. 208, est le même
que celui du MS. 209; avec celle diflérence que toute la première moitié,
qui est relative à \a. fausse pénitence,
manque dans le n. 208, qui en revanche est plus étendu que les deux
autres, pour ce qui concerne l’oracio«,
à propos de la pénitence extérieure.
Mais ce que renferme le MS. 209,
dans la seconde partie de ce traité,
parait être un abrégé de celui qu’on
lit dans le 207 ; et ce dernier a, de
moins que le 209, ce qui est intitulé :
Pénitence esterior ». Un pareil traité de la Pénitence,
existe dans le T. iii de MS. vaudois
de Cambridge, et dans le T. in, de
ceux de Dublin. *
Les feuillets du MS. 209, de Genève,
sont également fort en désordre. La
première page du livre, est une suite
de la sixième. C’est la troisième page
qui devrait être la première; et ellemême h’esl que la fin d’un article
dont le commencement se trouve à
la 40™* page ; il se rattache pour la
continuité du sujet, à un paragraphe
situé tout à fait à la fin du volume,
et intitulé : de ralmosina. (De l’aumône ).
,1e n’ai pu voir les MS. de Dublin ;
mais j’ai sous les yeux (pour quelque.? uns du moins ), une table détaillée des pièces qu’ils renferment ;
lesquelles, autant qu’on en peut juger à distance, paraissent aussi n’elre
parfois que des fragments hétérogènes, de travaux diiTcrenls , réunis
comme par hazard. J’en vais citer un
exemple. a m.
( Suite ).
6ibltog tñ pitte
Lettres à un Vaudois sur le devoir
de consacrer au Seigneur tme portion
du ramm, par Henri Bosio, pasteur.
— Florence, Irap. Claudienne, 1882.
Le joli petit volume de 131 pages,
dont nous venons de transcrire le
titre, était attendue avec impatience,
par tous ceux qui se préoccupent de
l’importante question qy’il est destiné
à éclairer. Nous sommes heureux de
pouvoir dire, après l’avoir lu, qüe
nous désirons le relire; et nous pensons que les centaines de familles
vaudoises, au sein desquelles il a
rapidement pris sa place, en feront
autant.
Nous ne doutons pas que cet excellent ouvrage ne contribue puissamment, avec la bénédiction de Dieu,
à développer et augmenter la libéralité chrétienne dans toutes nos Eglises. Le devoir et le privilège de
donner pour le Seigneur, une portions des biens qui nous sont confiés,
n’auraient pas pu trouver un avocat
8
v418~
S lus fidèle et plus convaincu que
I' le pasteur Bosio. A la simplicité
de la (orme, ce bon livre joint l’avantage d’être tout pénétré du plus pur
enseignement biblique. (7est là ce
qui lui assure une force de persuasion, qui ne peut manquer de porter
des fruits, auprès de toutes les personnes pour lesquelles tout ce qui
procède de la Parole de Dieu doit
être reçu et pratiqué.
Ce n’est pas pour recommander les
« Jjetlres à un Vaudois » à ceux qui
les possèdent déjà, (car elles se recommandent d’elles-même) que nous
écrivons ces lignes. C’est plutôt, pour
inviter les familles vaudoises qui n’ont
pas voulu, ou pas pu, jusqu’ici, s’en
procurer un exemplaire, à ne pas se
priver, plus long temps, de cette
lecture saine, agréable et utile. C’est
encore pour remercier publiquement
M. le pasteur Bosio de son travail,
où tout le monde, les pasteurs aussi
bieu f|ue les moins intruits parmi
les fldeles, trouveront instruction solide et directions éclairées, pour faire
avancer et pratiquer le devoir de la
libéralité chrétienne.
La préface des « Lettres à un vaudois » dit à ceux qui l’ignorent encore, que c’est à l’initiative et à la
généreuse coopération de notre ami
et bienfaiteur Je Rev. D. Miller, de
Gênes, que nous devons le livre dont
nous avons entretenu le lecteur. En
effet, c’est M Miller qui a fait publié
le concours^ dont l’ouvrage que nous
annonçons est le produit; c’est encore
M. Miller qui l’a lait imprimer et
qui le fait l'épandre, au sein de nos
paroisses, à si bas prix, que tous
ceux qui le veulent réellement, peuvent se le procurer. Que M. Miller
nous permette de lui présenter, par
l’organe du Témoin, l’expression de
nos sentiments de vive gratitude .jpour
ce nouveau témoignage de l’inlépêt
sincère qu’il porte à notre Eglise.
J. P. P.*
i^oitttquc
Mtatte. — La Chambre des députés
a pris ses vacances jusqu’au 18 janvier prochain, après avoir voté l’exercice provisoire pour deux mois. Elle
avait aussi approuvé le projet de loi
du serment des députés, à propos
refus de Falleroni, à une très forte
majorité. Le ministère Déprétis a obtenu à cette occasion un vote de confiance de 324 voix sur 390 députés
présents. — Ce qui est le plus important dans ces discussions ces sont
les discours de Déprétis, de Zanardelli et de Mancini, du premier surtoqt, qui parait avoir décidément
rompu avec les radicaux et avec tous
les meneurs des partis extrêmes. Aussi
les modérés ont-ils presque tous voté
pour le ministère.
Le Sénat doit avoir approuvé ces
jours ces mêmes projets de loi sans
de longues discussions.
Le nouvel ambassadeur de France
M. Decrais a été reçu par le roi,
comme Menabréa a été reçu par
Grévy, le président de la république,
Æ'rance. — Les nouvelles de la
santé'de Gambetta sont contradictoires. Selon quelques journaux son état
ne serait pas sans gravité.
On a arrêté le prince russe Krapotkine accusé de menées internationales. Il sera jugé à Lyon.
Lefèbre est le nouvel ambassadeur de France auprès du Vatican.
Il a aussi été reçu par le pape.
AulrieAe. — Oberdank, accuse
d’avoir deserté en présence de l’ennemi, et d’avoir conspiré, a été condamné à mort par un tribunal militaire à Trieste, sa patrie. L’intervention de Victor Hugo en sa faveur a
hâté son exécution. Oberdank, a été
étudiant.à Rome^.fians bien des villes,
et surtout à Ron^è at à Turin, les élu •
dianls ont fait ^^cles démonstrations
contre l’Autriche. Il y a eu des arrestations. . . ‘
_________■ . ■ . i;i ._________________
E BN ES T l{ O B E Ht-, a n / e i 4 drninis traten r
^gnejol, lmp. Chiaotore et Mascarelli.