1
Olnqulème année.
IV. ST.
8 Juillet 18TO.
L’ECHO DES VALLÉES
FEUILLE HEBD0M.4DAIRE
Spécialement cnnsacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Yaudoise.
Que toutes les choses qui sont véritaltles....... occuprnt
vos pensées — ( Phiiippiem., IV. 8.)
PRIX D ABONNEHEHT :
Italie, h domicile (un an) Fr. 3
Suisse....................*5
France.................» 6
Allemagne 6
Angleterre , Pays-Bas » 8
Vn numéro tèparè : 5 cent.
Vn numéro arriéré : 10 cent.
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ToRRK-PEt.r.iCE : Via Maestra,
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au Jinreait à Torre^Peliice ,
via Maestra N. 42.— pour la
rédaction : â Mr. A. Revet
Prof, h Torre-Pelllce.
Sommai r*e*
Apicnlture. — Les écoles mixt€s. — Euangeîitation. — Correspondance, — Chronique poÎtUque, — Souscr. pour le Rosario. —Annonce.
Aui Abonnés de VEcho.
Le retard qu’a subi l'expédition
du No 26 est dû à des circonstances tout-à-fait indépendantes de
notre volonté.
La Rédaction.
L’APICULTURE
«Il l’aisance à côté de la mais«D.
(Suite V. n" 21)
§• XI.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
sua LES RUCHES.
Nous avons suivi l’essaim d’abeilles depuis sa formation jusqu’à
son établissement dans une habitation quelconque ; — jetons
maintenant un coup d’œil rapide
sur quelques unes des ditfe'rentes
ruches qui ont été inventées^ pour
servir de demeure à l’incomparable
insecte qui "nous occupe : — nous
ferons ensuite un choix de celles
qui nous paraîtront réunir les plus
grands avantages et dont l’emploi
soit en même temps à la portée de
tout le monde.
Mais avant tout, qu’étaient les
abeilles avant leur arrivée à l'état
de domesticité où nous les avons
trouvées? — Nous avons lieu de
croire que. quoique sauvages, elles
vivaient en société ; mais obligés
de se procurer d’eux-mêmes un
asile, les essaims s’établissaient
dans la fente des rochers , dans le
creux d’un arbre à demi pourri et,
faute d’abri, la plus grande partie
d’entr’eux étaient souvent forcés de
demeurer suspendus à la branche
d’un arbre jusqu’à ce que les orages les eussent fait misérablement
périr,
La rencontre d’un essaim dans
un vieux arbre et dont la provision
de miel aura coulé sous la hache
du bûcheron, a sans doute dû suggérer aux hommes l’idée de se
rendre maîtres des essaims sauvages et d’en tirer parti. Dès lors
les premiers qui s’en emparèrent
prirent évidemment pour modèles
2
-210
de ruches le tronc de l’arbre où
ils trouvèrent du miel. Au reste
l’état de domesticité de la mouche
à miel paraît remonter aux temps
les plus reculés. Cela dit, venons
aux ruches.
Trouver une demeure à l’abeille
qui soit d’une construction facile,
peu coûteuse et dont les villageois
puissent faire usage, où l’on puisse
prendre connaissance du travail
des abeilles, les diriger selon notre
volonté et à notre avantage sans
nuire à leur prospérité, faire la récolte du miel sans les étouffer,
voilà , à peu près , le grand problème des apiculteurs de tous les
temps et de tous les lieux. Une
nuée de savants, allemands, anglais et français se sont donnés
une peine inouïe pour arriver à
la solution d'une question pareille.
Ont-ils réussi ? — On le pense , et
on le dit, mais leurs ruches si
ingénieuses, si agréables à la vue,
si utiles, sont loin d’être à la portée
des campagnards, c’est pourquoi
la vieille routine continue presque partout à demeurer ferme sur
son trône.
Jusqu’à Huber , les ruches étaient un livre fermé aux yeux des
observateurs. Ce savant en imagina une à tiroirs verticaux assemblés au moyen de petites charnières s’ouvrant sur le derrière
comme une espèce de grand livre,
et chaque tiroir ou Cadre a tout
juste l’épaisseur voulue pour un
seul rayon et le passage nécessaire aux abeilles. Avec une pareille ruche on peut à son aise ,
moyennant l’adresse voulue examiner en toute saison l’état des
abeilles, des provisions de miel,^
remplacer des tiroirs pleins par
des vides et réciproquement ; mais
la ruche Huber, plus utile à la
science apicole qu’à l’intérêt général et bien entendu des propriétaires d’abeilles, nous paraît
plutôt convenir tout particulièrement aux observateurs.
Les mouches à miel ne sont
pas difficiles pour ce qui concerne
leur domicile ; pourvu qu’il soit
spacieux et propre, elles y travaillent avec zèle sans trop s’inquiéter
de sa beauté et de la matière dont
il se compose. 11 y a néanmoins
des ruches où elles paraissent
prospérer davantage, et l’on doit
nécessairement leur donner la préférence. Trois ruches différentes,
à bâtisse fixe sont en vogue aujourd’hui par la France, ce sont:
la ruche ovoïde, la ruche en cloche
et la ruche à hausses. Nous en
empruntons la description à M.
le Pasteur Bastian de Wissembourg,
1. • La ruche ovoïde, c’est-àdire celle qui a la forme d’un
œuf, dont on a enlevé la partie
pointue pour la mettre d’aplomp.
Cette ruche est le moule de la
grappée formée par l’essaim suspendu à une branche d’arbre. L’instinct, qui porte les abeilles à
s’accrocher les unes aux autres en
forme de grappe ou de cône renversé , n’est aucunement contrarié
dans la ruche ovoïde. A ce pre-.
mier avantage il faut en joindre
trois autres : a) la ruche étant
évasée par le haut, les abeilles
peuvent y amasser de riches provisions d’hiver. Le froid le plus
rigoureux ne saurait les empêcher
de s’en emparer au fur et à me-
3
-211
sure de leurs besoins î car la chaleur produite par la ruchde monte
naturellement et entretient à la
partie supérieure une température
suffisamment élevée pour la vie
des abeilles; b) une large place
est donnée au couvain d’ouvrières,
tandisque le couvain des mâles
déposé dans la partie inférieure ,
c’est-à-dire, la plus étroite de la
ruche, est maintenu dans de justes
limites; enfin, cj \a, chaleur est
distribuée également par toute la
ruche. Cependant comme la ruche
ovoïde est nécessairement d’une
seule pièce , elle a le grand inconvénient de ne pouvoir être ni
agrandie ni diminuée , suivant la
force du peuple qu’elle est destinée
à recevoir. Nous lui préférons pour
cette raison la ruche à hausses •.
Un Apiculteur.
LES ECOLES MIXTES
L’absurde préjugé qui s’oppose
à l’organisation des écoles mixtes
devra céder tôt ou tard à des considérations de l’ordre matériel non
moins que de l’ordre moral.
On ne lira pas sans intérêt la
lettre suivante, adressée au journal
La Scuoia Evangelica, par un de
nos instituteurs les plus capables :
Pregialüsimo ùg. Direttore,
Firenze, 19 aprile 1870.
Le nostre scuole sono, ch’io mi sappia,
tutte dirette da un maestro solo o da una
maestra sola ed esse sono divise in parecchie sezioni o classi. Il maestro o la
maestra devono naturalmente pensare a
spezzare il pane a tutte queste sezioni in
modo equo e ragionevole ed avvertir bene
éi non far loro soffrire la fame o produrre
un’indigestione. Lavoro difficile assai che
richiede molta fatica per parte dell’insegnante. Dico lavoro diSìcile per non dire
impossibile, quantunque io creda che realmente sia tale. Il maestro coscienzioso
porta al disimpegno delle suo funzioni la
più seria attenzione. Egli mira al maggior
bene della sua scolaresca ; ma per conseguir quel bene non credo che l’attuale
ordinamento delle nostre scuole sia il miglior modo di conseguirlo. — Di fatti supponendo una scuola composta di tre classi,
come può il maestro occuparsi di tutte
con lode e vero profitto? È vero che vi
possono essere i monitori, ma per quanto
sia efficace l’opera loro, nou potranno mai
prendere il posto del maestro. Come farà
dunque egli ? Mentre si occupa della prima
bisognerà necessariamente trascurare la
seconda e la terza, e trascurar la prima
quando si occupa delle altre. Mentre insegna Geografia alla classe superiore, non
può dare i rudimenti deU’.àrimetica, di
Grammatica od altro alle classi inferiori
e queste devono necessariamente stentare.
Nè si dia la colpa di questo male alla incapacità del maestro. No ! che anche il
meglio dotato e di sapere e di buona volontà e d’intelligenza va incontro a quegli
scogli.
A questo male c’è un rimedio e rimedio
efficace, a parer mio. S’introduea il sistema delle scuole miste! So che questo
sistema è stato messo in pratica in diversi
luoghi della nostra penisola e che ha dato
soddisfacenti risultati. Ed invero non può
essere altrimenti. Il maestro, secondo
questo sistema, prende sotto la sua direzione i bambini e le bambine più avanzate : la maestra i bambini e le bambine
più indietro, e, convenevolmente disposto
l’orario, si tira avanti di passo celere
sopra un terreno meno spinoso.
È questa, sig. Direttore, la mia opinione
sorta visitando l’anno scorso le scuole
parrocchiali di S. Giovanni Pellice, dove
quel sistema è stato adottato ed in cui si
sono constatati floridi risultati. Non mi
erigo a Maestro; esterno il mio modo di
vedere e sarò grato a chiunque volesse
in proposito farmi conoscere le sue vedute.
Gradisca, sig. Direttore, i sinceri saluti
del Suaaff'." G. Gabnibk.
4
-212
©tïanjilbatton.
'F'iorence. Ecole de Théologie. —
Nous apprenons, par l’Eco della Verità,
que les examens annuels de FEcole de
Théologie ont donné un très-bon résultat.
Les treize étudiants réguliers ont obtenu
un chiffre de succès dont le minimum
n’est pas inférieur à 81(100, et dont le maximum a atteint et même dépassé 91(100.
Les professeurs ont rendu à leur conduite
nn excellent témoignage; elle n’a pas
donné lieu au plus léger reproche.
Le programme pour l’année 1870-71 est
fixé comme suit:
Hist. de l’Eglise, 1”
partie.
Encyclopédie théol.
Apologétique génér.]
Homilétique.
Exégèse delaPassion]
» 1 Jean.
Polémique. \ P- Geymonat.
Hist. des livres de
l’A. T.
E.xégèse de Job. i-xiv.
» 1 Sam. i-xvi.
> Actes i-xi. 18.1
» 1 et II Pierre.
M. le Docteur
J. P. Revel.
M. le Professeur
A. Revel.
IMllati. les Eglises libres. La conférence des Eglises libres, réunie à Milan,
doit avoir pour but principal la discussion
d’un projet d’organisatinn élaboré, dès
1864 par le Docteur Louis Desanctis et M.
A. Gavazzi. Ce projet se divise en trois
parties.
La première consiste en une profession
de foi en xn articles exprimant les principes fondamentaux de l’Evangile en un
langage clair et grave. Les Eglises libres
ont compris qu’elles tenteraient en vain
de se grouper et de s’organiser si elles
ne se donnaient en premier lieu une base
doctrinale franchement évangélique.
La seconde partie traite de la discipline
et établit les règles de la correction fraternelle, du maintien de la doctrine, du
culte, de l’admission à la S“ Cène, de
l’expulsion des membres indignes. p
La troisième partie renferme un plan de
constitution, et traite successivement de
l’Eglise, du Présbytérat, du Diaconat, et
des Assemblées, tant générales que particulières.
Nous reviendrons sur ce sujet, alors
que seront connues les délibérations de
la conférence.
F»ad,OYXo. Les Eglises Méthodistes. —
Au mois de mai, a eu lieu, à Padoue, le
Synode annuel des Eglises Méthodistes de
l’Italie du Nord, aux mêmes jours que le
Synode Vaudois, — mais exclusivement
formé par les conducteurs des Eglises.
Il résulte du rapport publié par le Corriere Evangelico que les Eglises méthodistes , du Nord et du Midi, sont au
nombre de 15 stations, et qu’elles ont
un total de 17 ministres et Evangélistes,
10 Ecoles, 450 élèves et 685 communiants.
Toutes. elles marchent dans la voie des
contributions volontaires. Toutes doivent
être, à l’avenir, plus ou moins calquées
sur le modèle de l’organisation Wesleyenne,
tout en jouissant d’une certaine autonomie. Il est question de rédiger un projet
de liturgie qui sera soumis au prochain
Synode.
Les Eglises italiennes commencent, on
le voit, à se grouper d’après des types
distincts. Nous sommes déjà assez loin du
jour oü les erreurs de doctrine, le désordre ecclésiastique, et les luttes intestines suivies de divisions et de subdivisions , résumaient l’état des congrégations
naissantes. On s’éloigne toujours plus de
celte misérable époque oh l’on croyait reproduire l’idéal de l’église primitive en
dénigrant toute étude, toute science théologique, et en proscrivant toute règle,
toute organisation, toute confession de
foi. On échappe ainsi à l’influence d’une
erreur radicale érigée pendant longtemps
•en sy.stème, erreur importée par un zèle
fort peu éclairé et souverainement anarchique. L’expérience fait enfin valoir ses
droits, et nous pouvons, dès aujourd’hui,
assister à un travail d’épuration et de
rénovation qui, avec la toute puissante
assistance de l’Esprit Saint, produira des
fraits savoureux à la gloire do l’Evangile.
5
-213.
Correspondance.
Monsieur le Rédacteur.
Je viens de lire, dans le numéro 24* de VEcho, une lettre qui
m’intéresse tout particulierèment,
et j’espère que vous voudrez bien
donner aussi une petite place dans
votre journal à ces quelques mots
de réponse.
Je trouve que l’auteur de cette
lettre a un peu trop exagéré, soit
dans ce qu’il dit de moi, soit
dans ce qu’il dit du troupeau que
le Seigneur m’a confié. Autant.
d’une part, élève-t-il le pasteur,
autant, d’autre part, abaisse-t-il le
troupeau: «le pasteur, dit-il, ne
s’épargne pas; c’est lui et lui seul
qui est à tout et partout.... Le
troupeau, pour le moment, est
aussi passif que possible___ Le
consistoire, le régent, les catéchumènes , brillent par leur inertie. »
Je dis qu’il y a là de l’exagération;
et si l'auteur de la lettre en question nous avait honorés de sa
visite plus tôt, avant les grands
travaux de la campagne , il aurait
pu s’assurer par lui-m^me que le
pasteur n’est pas seul à agir, mais
qu’il est secondé et aidé dans son
œuvre. •
Et d’abord , grâce à l’activité
du régent paroissial , le chant
religieux a fait des progrès et le
séryice divin, au temple et dans
les écoles, y a gagné. — Outre
les leçons de chant, confiées à la
charge du régent, il y a eu, durant tout l’hiver, dans deux quartiers de la paroisse, les réunions
du soir, où. le pasteur n’intervenait que très rarement. Elles étai
ent présidées par le régent de
l’endroit ou par l’ancien. Au lieu
de passer toutes ces longues veillées d'hiver à ne rien faire, les
hommes, jeunes et vieux, ont pris
la bonne habitude de se réunir
dans l’école du village pour s’édifier et s’instruire. C’est dans
ces réunions qu’on profite le plus
des livres de la bibliothèque paroissiale , et des journaux religieux
que l’on peut se procurer. Dans
les réunions présidées par le pasteur lui-même, il y a ordinairement à la fin du service proprement dit, ce que j’appellerai un
second acte. La parole est à ceux
qui ont quelques chose à dire ou
à demander; et quelque fois ce
second acte est aussi long que le
premier.
Quant aux écoles du dimanche,
c’est bien le pasteur qui en a la
direction, mais il n’est pourtant
pas seul au travail. En hiver surtout , alors que le nombre des enfants est le plus considérable, il
est aidé par le régent paroissial
et par quelques régents des écoles
de quartier.
Quant aux collectes enfin, le
pasteur a soin, comme il est de
son devoir, de les recommander
et de tenir, s’il le faut, des réunions pour cet objet spécial; mais,
cela fait, il se retire et laisse ordinairement aux anciens le soin
d'agir dans leur quartiers respectifs et de recueillir les dons
de ceux qui s'intéressent aux œuvres-chretiennes.
Le pasteur n’est donc pas seul,
* k tp.ut et partout. » Et le troupeau, d’autre part, n’est donc pas
non plus aussi: paœif que l'a cru
6
-914
remarquer notre honorable frère
dans son aimable visite.
Agréez, monsieur le Rédacteur,
les salutations de votre tout dévoué
J. P. M.
li’Ossnaire de Solferino.
Monsieur le Rédacteur,
Brescia, 28 juin 1870.
Vendredi dernier, 24 juin, pendant que
pas à pas , avant le lever du soleil, je
me rendais de Castiglione à Solferino, ma
pensée se reportait à nos Vallées et leur
Echo n’était pas oublié.
Vous le savez, ce jour était destiné à
l’inauguration solennelle des chapelles de
S. Martino et de Solferino où reposent les
restes glorieux des combattants de 1859.
S. A. R. le Prince Humbert, avec sa suite,
les représentants des puissances belligérantes, quelques ministres d’Etat, etc. devaient présider à la fête et attirer une
grande partie de l’attention publique.
Mais quel rapport pouvait-il y avoir entre cette solennité et nos Vallées? — Je
vous le dirai, si vous ne l’avez pas trouvé.
Tout ce monde qui, par une fraîche brise,
au lever de l’aurore, traversait les campagnes et affluait sur les chemins’, me
rappelait vivement l’aspect de la colline
d’Angrogne au matin du 15 août. C’était
un même spectacle ! Ici, l’on se réunissait sur des lieux devenus célèbres dans
l’histoire de l’indépendance italienne; làhaut, notre peuple accourait en foule sur
le théâtre de quelque fait saillant dans
notre histoire... que les étrangers connaissent mieux que nous ! Ici, comme
chez nous, on venait honorer la mémoire
de ceux qui donnaient leur vie pour la
liberté. — Je sentis au fond de l’âme que
j’appartenais moi aussi à la nation italiene, et que, bien qu’inaperçu parmi tant
de monde , mon devoir était de tourner
ma pensée vers ceux qui, au prix de leur
sang, ont apporté la liberté dans ces contrées , et qui sans s’en douter, ont contribué à ouvrir de nouvelles portes à
l’Evangile. Mate je sentis non moins profondément que ¡^dans mes veines cohlaft
un pur sang vaudois., et qu’il m’était
donné, quoique faible créature, de porter
ici le trésor que Dieu avait confié à nos
pères : la Bible, la connaissance du vrai
Dieu et du vrai Sauveur ! Je me souvins
ensuite du bienheureux Général Beckwith
qui toujours nous montra l’Italie comme
notre champ de mission, et de cet ami
étranger qui, à notre Synode, compara
l’Eglise Vaudoise à la brillante étoile qu'il
avait aperçue depuis la plaine au dessus
de notre Vandalin. « Il faut que vos rayons
arrivent jusque là-bas, » disait-il à notre
Eglise en parlant de l’Italie. Maintenant
la voie est ouverte , les rayons peuvent
arriver jusque là-bas : il faut que l’étoile
brille !
Pendant que ces pensées s’agitaient en
moi, le soleil s’était levé pur et radieux.
Je levai les yeux et je découvris la mémorable tour de Solferino. Un même vent
y agitait les bannières italienne, française
et autrichienne , comme un même soleil
en faisait resplendir les diverses couleurs.
Ah ! pensai-je, quelle frappante image de
la bonté de Dieu dont les bienfaits se répandent en abondance et en égale proportion sur tous les peuples de la terre !
Il fait lever son soleil sur les bons et sur
les méchants !
Le village de Solferino, depuis quelques
jours, offrait un aspect insolite. La solitude avait été changée en multitude. On
évalue à 30,000 le nombre des personnes
rassemblées en ce lieu. Toute cette masse
de monde fourmillait dans le village, montait vers la Tour ou vers le sanctuaire
qui devait être inauguré, se répandait sur
les pentes de la colline cherchant une
ombre difficile à trouyer, car le soleil
était brûlant, et la végétation fort peu
élevée.
A l’arrivée des princes et hauts personnages, le canon tonna et léVeilla en sursaut de nombreux dormeurs fatigués de
leur course matinale. Les cris des vendeurs do toute espèce de comestibles vous
assourdissaient. On avait amené ime quantité de vivres dont une partie très-minime
fut vendue chèrement, le reste dût être
remporté ou abandonné, au grand domrààgfe des vendeurs. •
7
-215
La cérémonie de l’inauguration terminée, les invités montent sur la magnifique
plateforme où est situé l’église paroissiale,
et où un appétissant dîner les attend. Souhaitons bon appétit à Leurs Altesses et à
Leurs Excellences et laissons-les boire
à la santé des morts. Visitons l’Eglise de
S. Pierre assise sur une petite élévation
à l’orient de Solferino et où la piété des
vivants a recueilli les restes des morts.
Vous avez vu une bibliothèque : eh bien,
faites en disparaître les milliers de volumes , placez-y tout autant de crânes humains et vous aurez l’aspect intérieur de
l’ossuaire de Solferino, — comme aussi de
celui de S. Martine. 2500 crânes sont ainsi
rangés dans l’hémicycle do la chapelle, et,
môme à distance, vous en trouverez de
fêlés, de troués, de cassés, de brisés....
parle plomb ennemi. Environ 3500 autres,
dont un grand nombre est réduit en pièces,
sont conservés dans une crypte. Quant aux
autres parties du squelette, on les voit
liés en faisseaux séparément; ici les côtes,
là les tibias, ailleurs les fémurs, plus loin
les homoplates, et ainsi de suite ; ou bien
elles sont mêlées et disposées de manière
à former le dessein d 'une croix ! La même
distribution se retrouve à S. Martine où
l’on compte 2000 squelettes environ. Inutile d’ajouter que la Chapelle est dans tout
son style catholique munie de trois autels
et de trois grandes croix noires.
J’ai eu tort de commencer mes réflexions dès le malin. J’aurais dû garder
toutes les forces de l’esprit pour ce moment. En face de tant de dépouilles mortelles, l’âme se sent insensiblement saisie
par de tristes réflexions. On peut bien dire :
voilà ce qu’ftsi l’homme ! — mais on peut
aussi ajouter ; voilà ce que vmt l’homme !
Il y a en nous un instinct cruel, sanguinaire ! Les ossuaires de Solferino et de
S. Martine sont des monuments élevés à
la plus flagrante contradiction des temps
modernes : celle qui existe entre la guerre
— et cet ensemble d’idées humanitaires
que l’on comprend sous le nom de progrès.
Mais il y a plus : on y voit le péché dans
ses affreuses conséquences, car c’est de
là, c’est du péché que sont nés tous les
maux qui affligent l’humanité. Le péché
lui-même n’est-il pas une guerre, et une
guerre contre Dieu ? — Nous voyons sur
ces ossements la terrible vérité de cette
parole : Tu mourras de mort ! — mais
nous ne voyons pas tout; et ce qui reste
à voir, c’est le pire, peut-être, et dans ce
cas, que Dieu fasse que nous ne le voyons
jamais I
Sur la façade de la chapelle mortuaire
se trouve l’image de S. Pierre de grandeur
naturelle {?); au dessus deux passages
des Ecritures d’après la Vulgate : « Ceux
que tu avais fait mourir vivront » ( Esaie
XXVI, 19). « La trompette sonnera et les
morts ressusciteront incorruptibles et nous
serons changés Ce dernier passage a été
attribué à S. Jean écrivant aux Corinthiens
XV, 52 {Joh. ad Cor. xv, 52) ! Je fis observer
celte faute à un prêtre, mon voisin, qui
parut fort étonné de la découverte. Je lui
demandais si ce n’était pas S. Paul qui
avait écrit aux Corinthiens. — Mah!.. mi
pare... — répondit-il ! — En voilà un docteur de la Loi !
N’ayant pas autre chose d’intéressant
à ajouter, je clos cette lettre , espérant
qu'elle ne se trouvera pas trop hors de
place dans votre agréable journal.
Croyez-moi votre très-affectionné
Barth. Pons.
Clxrimtque
Italie. — Entr’autres mesures, la
Chambre a voté, le 28 juin, la réforme du
tpif télégraphique; elle a alloué aux télégraphes 1 million 800 mille francs, — et
prorogé les facultés accordées au Gouvernement pour le recouvrement de la
taxe sur la mouture.
Le tarif télégraphique est de 1 fr. pour
tout le royaume, pour chaque dépêche
de 15 mots. En sus, l’on paiera 50 centimes pour chaque groupe de 5 mots.
— Le 2 juillet, la Chambre a voté le
traité de commerce et de navigation avec
l’Espagne.
— Le Gouvernement a signé avec la
France une convention pour l’extradition
réciproque des malfaiteurs. Cette convention doit entrer en vigueur le 10 courant.
— Il est institué à Gênes une école
navale supérieure, ou école normale nau
tiqueu;.,,^! î-firiin • • : ' 'x
8
-216
Xt.oxne. — L’opposition da cardinal
Guidi an dogme de rinfaillibilité a rendu le
pape malade. Mais cette maladie ne fera
que hâter la solution de la question.
— Les évêques, à bout de forces par
ces temps caniculaires, crient-ils grâce
et pitié, et demandent-ils un ajournement
du Concile, 1e père Veuillot s’écrie : « Pourquoi ne se hâte-t-on pas d’en finir? C’est
bien fait.... Si la définition ne peut mû
rir qu’au soleil, eh bien on grillera.
— Or voici à quel soleil elle va mûrissant. Un prêtre florentin, docteur en théologie , écrit à {'Italie du 4 juillet que l’adhésion des prêtres et des clercs au dogme
projeté n’est ni spontanée, ni volontaire,
ni libre. Ils ont reçu une formule imprimée
qu’ils sont obligés de signer sous peine
d’encourir l'indignation de leurs supérieurs
et de s’attirer la persécution des jésuites,
— formule dont voici le texte:
« Les soussignés prêtres et clercs du
diocèse de Florence, répondant à l’invitation faite au clergé italien . offrent au
concile œcuménique leur modeste obole
pour le soulagement de ¡'auguste pauvreté
du vicaire de J. C., et saisissent avec empressement cette occasion nouvelle d’affirmer leur dévouement à sa. personne sacrée , leur zèle pour ses droits sacrosaints
et leur foi inébranlable en son infaillible
autorité,
Il faut donc s’attendre à une très-prochaine proclamation du dogme. Ce moment arrivé, s’il ne s’ensuit pas la séparation de l’Eglise et de l’Etat, c’est qu’il
n’y a plus de logique dans ce monde.
France. La sécheresse sévit avec
intensité et la politique ne va pas.
— La pétition des princes d’Orléans au
Corps législatif, demandant l’abrogation de
la loi qui les exile, a été repoussée par 174
votes contre 31.
— L’Empire s’est fait adjuger le droit
de nommer les maires.
Flspagne. Le serment de fidelité à
la Constitution rencontre les résistances
persistantes du clergé, surtout en .Castille..
— Les agents de Prim ont offert la cou
ronne au prince prussien Léopold deHohenzollern (33 ans ), frère du prince Charles
de Roumanie. Le prince Léopold a accepté, ,
— Sur ces entrefaites, Isabelle a abdiqué
eu faveur de son fils Alphonse, bambin
qui songe pins à s’amuser qu’a ceindre
la cQuronne,,,:, i- n eob-î
Svilss&. Neuchâtel. “Lte Grand Conseil
s’est occupé de la séparation de l’Eglise
et dè l*Etat. Llittmenâe mmorf té s’est déclarée favorable au principe. Trois éta'“
quatre voix seulement sè sont élevées
pour:défendre le principe de l’union. On
a généralement reconnu que l’Eglise ne
jouit pas actuellement d’une vraie liberté,
et qu il est anormal qu’une assemblée politique fasse la constitution intérieure de
l’Eglise.
Su.èd.e. Une ordonnance royale a
consacré le droit des femmes d’exercer
la médicine.
Angleterre. Le 27 juin est mort
Lord Clarendon (né en 1800), homme
d|état éminent du parti libéral, ami sincère et dévoué de l’indépendance et de
la liberté italiennes, plusieurs fois ministre , et naguère chef du ForeignrOffi.ee.
Jamais, probablement, dit le Times, il
n’y eut un plus rude travailleur. Il écrivait avec une facilité et avec uu bonheur
extraordinaire. Sa correspondance embrasse toutes sortes de gens, de conditions
et de sujets. C’était un causeur admirable
et, ce qui peut-être aussi rare, un auditeur des plus patients. Avait-il quelque
chose à apprendre du plus ennuyeux visiteur, il s’abstenait de toute marque de
fatigue, suivait son interlocuteur à travers
les digressions les plus inutiles, le ramenait adroitement au point intéressant,
et de tant de boisseaux do paille savait
extraire le seul petit grain de blé qui s’y
trouvait. Personne n’était plus gai, plus
dégagé, mieux pourvu d’exemples heureux et d’anecdotes agréables; personne
ne savait plus habilement faire tenir tout
un argument dans une épigramme, ou,
quand l’occasion l’exigeait, s’exprimer
avec plus de poids et d’autorité.
Souscription pour le Rosario
(temple, écolp centrale, presbytère)
Report du N. 36 . fr. 196
M“* Marguerite Meille » 5 i
M' J. Weitzecker » 3
Total fr. 204
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