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Première Année.
2á Janvier 4875.
N. 3.
LE TEMOIN
«Jovimal cio l’Ég’lise 'Évang'élîcj^ue Vaxidoîs©
Paraissant chaque Vendredi
Vous me serez témoins. Actes I. 8.
Suivant la vérité avec la charité.
Prix de l’abosjieiiknt par an
Intérieur.................L 3
Suisse....................>5
France, Allemagne ■ . s 6
Grande-Bretagne et Hollande s 3
On s’abonne: h Pignerol in Bureau de l'administraiion Uaiaon Uieùl,
A La Tour chez M. Cilli libraire.
A Turin chez H. Goes, ri^Pio Quinto, n. 15.
A Pomaret chez M. Lantaret Pasteur.
Pour la France les abonneinenta se font's la
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Ub Numéro séparé: 10 centimes.
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On reçoit pour abonnements'et
insertions des timbres-poste de
tout pa^s.
_ Sommalz'e.
•
A qui la fant^? -- La société Gnstave
'Adolphe. — Suivant la vérité avec la
charité. — Correspondance. — Faits divers. — Pensées sur le Ministère. — Revue
PoUlique.
A QUI LA FAUTE?
B'où vient que l'Evangile, que
l’apôtre Paal appelle la puissartce
et la vertu de Dien, marche si
lentement, et si péniblement, semble-t-il, à la conquête do monde?
D’où vient que sû d’un côté
rapports des sociétés missionaires,
constatent chaque année quelque
victoire nouvelle sur le paganisme, au sein des peuples qui se
disent chrétiens, même au sein des
sociétés qui s'appellent Eglises
chrétiennes, les manifestations de
l'incrédulité et de l'impiété semblent se multiplier en acquérant
chaque année, par le nombre ou
la qualité de leurs auteurs, une
grâvité plus affligeante ?
Comment se fait-il que la grande
masse de ceux qui se réclament
«lu nom de Jésus-Christ , s’agite
ou végète dans une parfaite indifférence pour les choses du Ciel,
et qu’une imperceptible minorité
de croyants honore seule par sa
vie ia doctrine du salut découlant
fie la croix?
Serait-ce la faute de l’Evangile lui-même? Aurait-il fait son
temps, comme l’affirment, sur
tous les tons, les prophètes d’un
prétendu libéralisme ? Après avoir
servi aux desseins de Dieu, comme
1 alliance de Sinaï, devrait-il, de
aos jours , céder la place à ce
quelque chose de nouveau, que
i on n’a pu formuler encore avec
précision , mais qui fera, dit-on,
fejltrer l’humanité dans des voies
nouvelles?
Serait-ce la f»ute de Dieu qui,
pour des motifs dignes de son
inânie sagesse, ne donnerait plus
à la prédication de ta croix la
puissance efficace qui l'accompagnait aux temps apostoliques et
aux jours bénis de lA réformation?
Ou bien enfin est>^ce le livre Inimâme qui renferme les oracles de
Dieu et la manifeiftation de sa
grâce salutaire dont le langage
ne serait plus adaptó aux besoins
et aux asptratttms tlewtempw modernes, en sorte qu'il ne put plus
être compris?
11 est à peine nécessaire de dire
qu'à ces objections de la sagesse
mondaine et d'une science faussement ainsi nommée , nous opposons la dénégation la plus absolue
L’Evangile n’a pas fait son temps,
car il est éternel ; Dieu ne peut
pas, après avoir juré par lui-même
« qu’il ne veut pas la mort do
pécheur, mais sa conversion et
sa vie » enlever toute énergie au
moyen de salut choisi par lui. Et
quant à la parole de Dieu , elle
conserve, après deux ou trois mille
! ans de durée, un fraîcheur inimitable, et une simplicité qui la met
' à la portée des petits enfants, unie
i à une profondeur telle . que les
I plus puissants génies se sont in! clinés devant elle.
Mais si rien n’est changé dans
' la volonté miséricordieuse du Seij gneur , si l’Evangile prouve cha! que jour encore qu’il n’a rien
; perdu de son efficace et si l’épée
I à deux tranchants de la parole n’a
I pas été ébréchée par un long usage,
i d’où vient que Je règne de Dieu
! se fonde avec une si prodigieuse
lenteur? C’est la question à laquelle nous nous proposons de répondre prochainement.
LA SOCIÉTÉ 6USTAVE AD0LPBI
( Voir /V. précédente^.
Plus de trente délégués ont pu
prendre la parole, exposer l’état de
l’œuvre que chacun d’eux représentait, et présenter leurs demandes de secours. Nous notons
parmi eux MM. Mayer de Lyon,
Gujer de Marseille, Ehni de Genève, FHedner pour l’Espagne, et
pour l’Italie MM. Emile Combe
professeur et P. Calvino évangéliste.
Nous donnons, en terminant cet
article déjà trop long, mais qui est
cependant encore très insuffisant
pour donner une idée de cette belle
fête religieuse et de l’œuvre de la
société Gustave-Adolphe. un résumé succinct des discours des délégués de l’Eglise vaudoise.
M. Combe, interprété par le
Doct. Grossmann, parle en langue
italienne dont, au dire du président,
tous sentent la soavità, mais que
tous ne comprennent pas. Il salue
l’Assemblée de la part de l’ancienne Eglise des vaudois. 11 la
compare au Nil dont les sources,
jusqu’à aujourd’hui . ne sont pas
encore découvertes. Comme il y a
un grand nombre de savants qui
sont allés à leur recherche , il y
en a aussi à Rome un grand
nombre qui s’occupent de l’origine
des vaudois. Le jésuite Perroue a
dit que « cette origine est introuvable , mais que, eu tout cas, elle
e.-st dans l’étude de la Bible*.
Cette histoire a été écrite eu effet
par le doigt de Dieu depuis le
2
10
LE tEhOIN
commenceuveDt ju8<{u’à nos jour?.
Les vaadois ont subi 33 periécu*
lions et en outre une captirité,
mais ils n’ont pas été détruits^ U
en est de l’Ilalie comme de l’ancienne Palestine, où un grand
nombre de juifs se disaient enfants
d’Abraham et ne ne l’etaient pas.
Je rends grâce à Dieu de ce qu’il
a permis que dans les vallees italiennes un peu de feu sacré se
soit conservé. Le vent du Seigneur
a soufflé, la flamme s'est élevée, et
de là la lumière de la connaissance du Seigneur s’est répandue
sur l’Italie toute entière. Le nombre de nos Eglises a été porté de
15 à 55. C’est là le fruit de l'œuvre de l’Evangélisation par l’organe de l’Eglise vaudoise.
L’orateur parle ensuite des
écoles et de leurs progrès, et cite,
à propos de celles de Naples qui
sont très prospères , ce mot que
Cavour prononça dans son délire,
peu de temps avant de mourir;
« O toi ! pauvre Naples, tu serais
facile à gouverner par des gendarmes, mais mieux encore par
do bonnes écoles!» Le vœu de
Cavour s’est réalisé, en partie du
moins. ' •
Après avoir annoncé que l’on
songe sérieusement à bâtir un
temple évangélique vaudois à Naples, — M. Combe parle encore de
i’Evaogélisation en général et affirme que l’Italie n'a été renouvelée ni par l’Evangile ni par la
Réformation. Ses écrivains , dit-il ,
le reconnaissent. L’un d’eux disait
dernièrement; • Nous n’avons qu'un
christianisme apparent; au fond nous
sommes encore païens ». 11 prie,
en finissant, ses auditeurs de ne
pas désespérer du salut de l’Italie
et de se souvenir de ce mot de
Luther; • Si un italien est bon ,
il l'est tout-à-fail » .
M. Calvino, qui a parlé le jour
suivant, dit que l’idée d’être appelé à représenter pour la seconde
fois d Eglise vaudoise auprès de
l’Assemblée générale de la Société
Gustave-Adolphe l’a rempli d’effroi, mais que, dès qu’il a eu l’avantage de voir les bonnes et bienveillantes figures de ses auditeurs,
tout motif de crainte a disparu.
Il a un triple mandat à remplir ;
en premier lieu, celui de saluer
l’Assemblée de la part de l’Eglise
vaudoise et de la Commission d’E
vaugéiisatioo, de remercier la se>
âété pour tout le bien qu'elle
sous 3t eufin de lui présenter
une demande ds eoaeours peur
l’achat d'un lieu de culte pour
notre église de Naples. « Aideznous, dit-il, à bâtir ce temple, afin
que le Seigneur ait aussi une vraie
église au milieu d’un peuple qu’il
a si richement béni à tant d'égards ».
Le président, M. le professeur
Batr, a répondu ; « Notre société
est parvenue maintenant à l'âge
que votre grand compatriote Dante
a désigné par ces mots ;
Nel mezzo del cammin di nostra vita.
Elle n'a pas abandonné son premier amour, et ^elle se réjouit
d’être arrivée par la grâce de Dieu
à l’âge de maturité; Elle est heureuse de pouvoir saluer des témoins
fidèles de la vérité venus de l’Italie , lesquels sont pour elle une
garantie que les grains de semence
de la vérité évangélique , que le
grand poète Florentin avait déjà
semés dans sa Divine \Comédie,
ont levé et grandi dans nos vallées
du Piémont et dans les Eglises
des vaudois. Si maintenant ^vous
heurtez à la porte de la Société
Gustave-Adolphe, vous pouvez être
sûrs de ne pas y trouver écrits
ces mots;
Lasciale ogni speranza, voi ch’entrate,
mais bien plutôt ceux-ci; Non disperate: Emportez dans votre patrie
l’assurance que nous maintiendrons
vivant le lien de la charité chrétienne et de la bienfaisance fraternelle.
Snivaot la vérité avec la cbarilé
(Eph IV, Î5jr
Comme le inonde serait plus beau
et la vie plus agréable, si chaque homme i
si au moins chaque chrétien, renonçant |
au mensonge parlait en vérité chacun j
à son prochain! (Eph. IV, 2.5). Commi^
le ministère des serviteurs de Dieu se-^
rail plus agréable si chacun suivait
la vérité avec la charité! Chaque père, j
comme chaque pasteur, serait si heu- '
reux de pouvoir dire avec S. Jean » Je |
n’aijîoinl de plus grande joie que d’apprendre que mes enfants marchent
dans la véritén (3 Jexn v. 4).
Mais liélas! le monde, et quelque fois
même l’Eglise, offrent un tout autre |
spectacle par le manque de sincérité i
et de charité qui se révèle chez leuis
membres. N’enlend-l on pas bien sou
vent des paroles de meosonge sortir
de la bouche de qui avait promis, si
ce n’est juré, de dire la vérité,
toute la vérité et rien que la vérité?
Combien de fois la sei-disant parole
d’honneur ne cache-t-elle pas un mensonge? L’homme a-t-il peut-être dent
paroles à sa disposition' pour s'eh
servir alternativement selon les circonstances? Une serait donc la parole
d’honneur, et l’autre?.. . J’avoue que
quand mon prochain a besoin , pour
que l’on prête foi à ses paroles, de recourir aux expressions en vénié, en
conscience, parole d’honneur, etc, etc,
c’est alors que je commence à douter
de sa sincérité. Que votre oui soit oui,
que votre non sois non; car ce qu’on
ail de plus vient du malin.
Donnons nous garde de nous ranger
sous le noir drapeau du père du mensonge qui est le diable. (Jean Vlll, i't).
Ne nous laissons point tenter, mais
soyons en toutes circonstances, dans les
pelite.s choses comme dans les grandes,
tes imitateurs, les disciples et les enfants
du Dieu de vérité (Deux. XXXII, 4).
Nous devons suivre la vérité et ne
pas vouloir la précéder. Elle élail avant
nous, elle est éternelle et divine comme
la charité. Laissons nous guider par
elle en toutes choses, et soyons un peu
moins tendres à l’endroit de nos opinions particulières. Ne cherchons jamais, quelque chères qu’elles nous puissent être. à les faire prévaloir contre la
vérité infaillible de Dieu.
Disons la vérité. Ta grande vérité de
l’Evangile. «Sème la semence dés le
malin,' et ne laisse pas repo.ser les
mains le soir». (Ecoles. XI, 6). .àprés
avoir semé arrosons par de fréquenle.s
et fraternelles exhortations, par des
supplications ai denles jusqu’aux larmes
s’il le faut, et prions Dieu de donner
l’accroissement. Disons-la au pécheur
celle vérité ; disons-la lui loute entière
même ce qu’il n’a pas envie d’entendre.
Pour son vrai bien , pour le salut
éternel de son âme, dévoilons-lui tout
le conseil de Dieu. Toutefois avec douceur, avec charité, sans le blesser pour
autant que faire se peut , et sans l’éloigner; nous souvenanique, nous aussi,
nous sommes pécheurs el avons besoin de la divine miséricorde.
Disons la aussi aux adversaires cette
vérité de Dieu, mais avec beaucoup de
patience et avec beaucoup de charité;
« instruisant avec douceur ceux qui
sont d'un sentiment contraire, afin de
voir si Dieu ne leur donnera point la
repentance pour connaître la vérité ;
ensorle qu’ils se réveillent el qu’ils .se
dégagent du piège du diable par lequel ils ont clé pris pour faire sa volonté ». (2 Ti.m. 2, 25. 20).
Mais d’un autre côté disons la vérité
sam faiblesse; point d’ambages, pas de
circotilociilions, pas de charité mal entendue. El ce serait une charité mal
entendue que celle qui consisterait à
céder, ne fut-ce qu’une ligne de la vérité , pour faire plaisir aux homine> ,
pour nous concilier leur bienveillance
3
LE TEMOIN
li
OU pour favoriser nos intérêts partieuliers.
En faisant adhésion à la vérité, à la
docti'ine évangélique, soyons pleins de
charité les uns envers les autres. On
ne comprendrait pas des disciples du
Dieu de vérité qui se mordent et se
mangent les uns les autres (Galat 5,
15 L Ayant donc pnritié nos âmes en
obéissant à la vérité par l’Esprit, pour
avoir un amour fraternel et sans hypocrisie, aimons-nous les uns les autres
d’un cœur pur, avec une grande affection (1 PlEB. d, Î22).
Comeponbance
Florence,le ¡1 janvier 18“").
Voilà notre semaine de prières écoulée! Si je ne devais me restreindre
aux étroites limites d’une correspondance, j’aurais a vous donner plusieurs
détails, comme aussi à vous présenter diverses ,observations qui m’ont
été suggérées par la marche de ces
réunions, mais outre que je dépasserais les bornes que je me suis prescrites , je ne ferais , je crois , que
répéter plusieurs choses que mes lecteurs ne connaissent que trop par
l’expérience qu’on en a fait d§ns tontes
nos Eglises en de pareilles circonstances. Qu’ il me sumse de vous dire
qu’elles ont été assidûment suivies par
les chrétiens évangéliques de toutes
les dénominations: les différents locaux où elles se sont successivement
tenues étaient à peu près toujours
combles. Certes si tous ces cœurs
avaient été animés d’un même élan ,
s’ils s’étaient sentis plus élroitemenl
unis par les liens d’une même foi et
d’un même esprit de piière, je ne doute
nullement que ces quelques heures
Basées en.semble sous le regard de
ieu, ne fussent devenues une source
de bénédictions bien plus abondantes
qu’elles ne l’ont été; mais que de fois,
avec ce mutisme qui lend a devenir
incurable , avec la désolante habitude
de laisser faire aux autres, ces réunions onl-elles été froides et languissantes! Que de fois bien des personnes qui auraient pu apporter leur
contingent d’édilication, se sont tues
ei ont laissé la parole à des gens ...
qui ont beaucoup d’initiative, pour ne
pas diie iiiilre chose! Hélas, c’est un
mal a.ssez répandu et qui ne disparaîtra que quand nous vivrons d'avantage « Alere (lammatn • voilà quelle
doit être notre prière de chaque jour
au Seigneur; alimenter celle flamme
qui brille et qui réchauffe dans d’aulres
K, et qui pourrait tout aussi bien
er dans le notre. 11 est vrai que
depuis quelque temps on fait à Florence des effolU dans ce bul. Depuis
le mois do novembre dernier des réunions de prières pour ' le reveil ont
été établies par 1’ initiative, non d’un
€ Comité de prières, cardans de telles
choses il n’y a rien qui fasse autant
de mal que les Comités, ''mais d’un
docteur en médecine qui éprouve autant, sinon plus, d’intérêt pour l’âme
des bien portants que pour la santé
de ses malades ».
Tous les lundis à 8 heures du soir
la chapelle Ecossaise de Lung’ Arno
Guicciardini est ouverte aux membres
des différentes Eglises de Florence, qui,
il faut le reconnaître, y accourent avec
assez d’empressement.'Peut-être le fait
de se trouver sur un terrain neutre
dissipe-t-ii les germes de discorde qui
ne régnent que trop eotre une dénomination et l’autre: le fait est que l’on s’y
fait beaucoup de bien et cela est si vrai
que l’on a décidé de prolonger de telles
réunions jusqu’à la lin d’avril. Elles
ne peuvent durer au delà d’une heure :
ceux qui voudraient indiquer un cantique, lire quelque chose d’édiflanl ou
olii'ir une prière, ine peuvent parler
plus que cinq minutes , mais tout le
monde a la parole, et certes ce n’a pas
été un des traits les moins émouvants
que d’entendre, il y a deux ou trois
semaines, un jeune homme catholique
faire, en s’adressant à Dieu à le seconde
personne plurielle, une prière courte,
mais qui a louché bien des coeurs.
Pourquoi ne pas voir dans ce fait
une réponse du Seigneur à nos supplications, |et un encouragement qu’il
nous donne dans sa miséricorde?
Voilà pour le côté les plus intime,
011 mieux pour la marche spirituelle
de l’oeuvre. Quant à la siliialion ecclésiastique elle n’a p,as subi de changement notable. Je crois qu’après Rome,
qui est le vrai < siège de toutes les
nuances de la chrétienté », Florence est
la ville qui réunit les plus de dénominations du pi'olestanlisme : il ne
manque que l’essentiel , l’union sincère des coeurs, pour en former une
vraie Alliance Evangélique. D’un còle
de la ville l’Eglise libre lialienne sectionnée en deux parties depuis tantôt
deux ans, et dont le local officiel est
l’Eglise de S. Jacopo tra i Fossi, avec
écoles y aliénantes. A quelques minutes (le là l’Eglise de S. Elisabella
avec 120 membres et une école dn Dimanche où se réunissent pins de 50
enfants, à gauche de l’Arno le Sai viali
dont la congrégation est maintenant
dirigée par les trois anciens que l’Eglise s’est donnés: plus loin 1’Egli.<e
Plymonlhisle, el puis, adossées, pQiir
ainsi dire, les unes aux anircs, cinq
ou six églises étrangères, tellement que
ce quartier de la ville n’est plus connu
par les florentins que sous le nom de
» flheUo protestante » Dernièrement encore les méthodistes épiscopaux dirigés par M' Veriion, tout en conservaiil
leur local de la Barriera delle cure, se
sont transportés plus au centre, en via
del Gifjtio, où ils ont ouvert une charmante petite chapelle , meublée avec
beaucoup de goût, el à laquelle il ne
manque rien... qu’un peu de public.
Eniiii, pour compléter la statistique,
on annonce l'arrivée d’un évangéliste
méthodiste pur, mais pour le moment
la chose n’e$t qu’à l'étal de < pio de
siderio ».
Vous voyez par là que ce ne sont pas
les locaux pour prêcher l’Evangile qui
manquent: il y en a suffisamment, et
même à satiété: il s’agit de les remplir, et ce n’est pas chose facile, car
j’ ai rarement vu un peuple aussi indifférent pour tout, el surtout pour les
choses religieuses, que le peuple toscan,
el je ne sache pas que ce fractionnement du protestantisme contribue beaucoup à le secouer de sa torpeur.
X.
Angrogne le 9 JaiiTier 1S7&.
La plupart des lecteurs du Témoin
savent déjà qu’une chapelle-monument
avec une école y annexée, va être érigée à Pra-del-Tomo pour rappeler à
la postérité les délivrances uonl nos
pères ont été l’objet el pour répondre
aux besoins actuels de celte localité
historique. Un appel a été fait aux
Vaudois pour les inviter à contribuer,
selon leurs moyens, à la construction
de cet édifice; el nous sommes heureux d’enrcgistier déjà les prémices
des dons de provenance vaudoise. Lorsque le soussigné demanda au notaire
la note des frais pour l’instrument
d’achat du terrain, il reçut avec reconnaissance les mots suivants :
.... Total L. 13, 70, que le soussigné offre comme sa contribution personnelle pour rEgfise el l’école à bâtir à Pra-du-Tour, et dont il passe par
conséquent quittance au pasteur d'Angrogne, Mons. Et. Bonnet. , f
Luserne-S-Jean, 11 décembre 1874.
Av. Josué Vola.
La lettre suivante, qui nous a été
communiquée par M. le Modérateur,
nous a tant réjoui que nous ne voulons
Cas en priver les lecteurs du Témoin.
a voici :
Momieur le Modérateur
de FEglise Vaudoise.
Les soussignés s’estiment heureux
de pouvoir concourir, dans la mesure
de leurs faibles forces, à l’érection d'une
chapelle el d’une école dans notre antique el inexpugnable boulevard du ,Pré
du Tour Nous fai.'^ons des vœux pour
que celle manifestation de la famille
vaudoise soit le commencement d’une
vie nouvelle.
Nous souhaitons que chacun de nous
apprenne à unir les immortelles vertus
de nos pères à l'activité moderne, pour
êiK3 loujoiirs plus digne de la grande
patrie italienne, tant illustrée par ses
martyrs de la liberté de conscience el
de la liberté politique, et qui aspire
mainleiianl à une illiisliation nouvelle
ni sera le l'riiil des pi'incipes chrétiens,
e l'insiniction el du travail constant
de ses lils.
C’est égalenienl avec joie que nous
saisissons l’occasion de vous présenter
3.
4
LK TEMOIN
l’expression de nos sentiments de pro/bnaeet lidéie affection en nous disant,
Très honoré Monsiuer,
vos très dévoués serviteurs
les Alpinistes Vaddois.
Chivasso 2 Janvier 1875.
Pariseli. Fourrier. Fr. 4 Gay Fr. Cap. Maj. jf 1 —
Jourdan J. id. > » 25
Malan M. Caporal » ï 50
Bertalot J. id. » .» 50
Cairus J. id. ' » » 50
Brunet J. id. » > 25
Rostagnol P. trompette. » » 25
Coslahel Pr. Appointé. » ï 50
Benech J. id. » 9 50
Coisson Laur. id. » 9 25
Morel D. sapeur. » 25
Albarin D. soldat. » » 25
Janavel P. id. 9 25
Tourn H. id. » 9 50
Constantin P. id. » » 15
Bostan J. id. » î 20
Constantin J. id. » » 10
Croff Pierre id. B » 15
Fr. 10 00
Nous enregistrons d’autant plus volontiers ces deux lettres qu’elles sont
les premières démonstrations d’un intérêt vraiment pratique venant de notre
patrie en faveur du monument à élever
a Pra-del-Torno. En remerciant et M.
J, Vo|a, et nos amis sous les armes,
nous espérons que leur louable exemple
trouvera de nombréux imitateurs au
sein de la famille Vaudoise.
E. Bonnet, pasteur.
laits btoecs
Affreuse famine dans l’Anatolie. —
U correspondant de Turquie au Journal de Genève donne à cette feuille,
sous la date du 31 décembrejéchu, de'
nouveaux détails sur la famine qui ravage en ce moment une des provinces
de l’Empire Turc, l’Anatolie.
Qu’il suffise de dire que, d’après ce
correspondant, les sept dixièmes de la
population sont absolument dénués de
moyens de subsistance; que les sentiers et les ravins de l’Anatolie centrale sont jonchés de cadavres d’émigrants, morts d’inanition, avant d’avoir
atteint les localités oùils s’imaginaient
follement trouver du pain.. que des
parents arrêtent les passants qui leur
paraissent un peu aisés, et leur ofTienl,
pour rien, leurs enfants en bas âge,
£l pour quelques écus leurs fils adolescents et leurs tilles nubiles!!
Jusqu’ici parait-il, l’Angleterre et surtout l’Ecosse, sont les seuls pays de
l’Europe qni se soient iuléressés à
cette immense calamité. Quant à tous
les autres, ils ont semblé ignorer que
des millions de créatures humaines
meurent, â la lettre, de faim et de
ji'oid, aux portes de l’Europe.
Nous rerpprcions sincèrement M P.
Peyrot, inslituteur à Livourne, des novelies et faits divers, qiTil a glanés au
profit du Témoin, et nous extrayons, dès
aujourd’hui, de la lettre qu’if nous a
adressée, la partie qui nous parait devoir intéresser tout, particuliérement la
plupart de nos lecteurs.
La colonie la plus prospère de la
Banda orientale (Uruguay) est la colonie vaudoise de La Paz. Les fermes
y sont magnifiques: l’école est très bien
tenue; les élèves y font leurs leçons
en français les trois premiers jours de
la semaine, en espagnol le trois derniers.
(Tour du Monde, n. 728).
Ce témoignage rendu à nos compatriotes qui vivent dans la lointaine Amérique, par un journal étranger aux questions religieuses, nous a réjoui, et nous
faisons des vœux pour que dans le Nouveau monde la lumière de l’Evangile
pénètre dans le cœur de tous nos chers
coréligionnaires, en sorte qu’il deviennent le témoin de la vérité et que le
Seigneui’ leur accorde en grande abondance ses bénédictions temporelles et
spirituelles. P. Pevrot.
Pensées sur le Ministère
Entre un pasteur, sincèrement, ardemment désireux du salut des âmes
qui lui sont confiées, et tremblant qu’il
y en ait d’enlr’elles qui se perdent, et
un pasteur limitant son office à s’acquitter, avec plus ou moins de régulaiité
et d’exactitude des différentes fonctions
inhérentes à sa charge, la différence
n’est pas seulement de degré, elle l’est
de substance. Le premier est véritablement un pasteur ; le deuxième n’est
plus qu’un mercenaire.
Une Eglise a raison d’attendre beaucoup de son pasteur; mais elle aurait
tort d’en attendie trop, au delà de ce
que l’homme peut donner.
Un autre tort de la part de l’Eglise
serait d’attendre uniquement, et de ne
jamais rien donner à son tour.
Une église qui prie pour son pasteur,
aura très probablement un pasteur qui
priera pour elle: ce qui est beaucoup.
Une église qui prie pour son pasleur, prie pour elle-même.
Quelle consolation, et partout quelle
vigueur , quel courage , quel zèle fait
passer dans l’âme d’on pasteur la certitude que son église prie pour lui!
Si lorsque je me dispose à monter
en chaire, j'avais la certitude que les
prières si non de tous ceux qui sont
réunis pour m’écouler, au moins du
plus grand nombre, m’y ont précédé,
la crainte de ne pas leur parler comme
je le dois, d’une manière vraiment pro
fitable à leurs intérêts éternels , m’abandonnerait entièrement.
ISetme politique
MtnUe. — La Chambre des députés
a repris ses travaux le 18 courant. Le
projet de loi de sûreté publique êt les
questions de finance l’occuperont essentiellement. On attend Garibaldi à
Rome où on lui prépare des ovations.
— Le ministre de rinstruclion publique
a visité les principaux établissements
d’instruction de l’Italie septentrionale.
frnnen — La situation politique
de la France , après le message de
Mac-Mahon et le vote de l’Assemblée
qui a eu pour consécpience la démission du ministère, a été résumée par
ce mot de M. de Castellane: t Quel
gâchis î — M. de Broglie a déclaré
qu’il ne pouvait pas former un nouveau
ministère jusqu’après la discussion des
lois constitutionnelles. En attendant les
anciens ministres gardent leurs porlafeuilles.
— Le nouveau roi a fait
son entrée à .Madrid, au milieu des
ovations. — Malgrés sa promesse de
respecter la liberté de conscience et de
culte, Kon^arrivée a été précédée par
la suspensmn de journaux évangeliliques et par l’interdiction de plusieurs
réunions religieuses. Mais il parait que
pour le moment les ministres trop zélés
du jeune roi ont dû rapporter quelquesuns de ces décrets, entr’ autres celui
de l’arrestation du pasteur Baptiste de
Linarès, citoyen des Etats-Unis. — Voici
un passage de la première circulaire
du ministie de la justice aux dignitaires ecclésiastiques « Si l’Eglise et
la nation ont souffert des effets de révolutions stériles, l’avènement au trône
d’un prince catholique, décidé à réparer les injustices , leur donne l’espél ance de meilleurs jours. Les relations
avec le S.-Siège seront rétablies. L’Eglise catholique et ses ministres jouiront de toute la protection qu’ils
ont droit d’espérer de la part d’une
nation éminemment catholique ». La
signification de ces paroles n’ échappera à aucun de nos lecteurs. —Aussi
les journaux les plus ultramontains se
consolent-ils de l’échec de don Carlos.
Mais ce dernier n’en prend pas aussi
facilement son parti, et dans une proclamation il parle avec mépris de son
royal cousin, contre lequel il ne veut
protester qu’à coups de canon
AMetnagne. — L’Allemagne, d’accord avec r Autriche et la Russie, se
dispose à reconnaître le nouveau gouvernement espagnol. Toutefois Bismark
a déclaré franclicmenl qu’il ne le reconnaîtra que lorsque la liberté de conscience sera assurée dans toute la
péninsule.
F.hnkst Robert, Gérant et AdininùtraCtiir.
l’igni'rol, Impr. Chianlors et Ma.<rarPlli,