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Année Septième,
1! Novembre 1881
N. kk
LE
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
' Paraissant chaque Vendredi
Voui me serez témoins. Actks J, 8.
Suivant ia vérité avec la charité. Bi*. ],16,
Un ou plusieurs numéros sép®-,
rés, demandés avant le tiraire 10 cent, chacun.
Annonces: 35 oeniimej» par
Ues eni/üis d'argenl se font par
lettre recommandez ou pat
iHrtttiia/s sur le Bureau de perosa Argeniina.
Pour la RÉDACTION adresser ainsi; A la Direction du Témoin, Pomaretto (Pinerolo) Italie.
Pour ^ADMINISTRATION adresser ainsi : A l’Administraliou d» Tawoîjr, Pniraretfo Piuerulo; Italie
PRIX D’ABBONNBMENTPAR AN
Italie . ■. L. 3
Tous les pays rie rUûion
de poste ... * 6
Amérique - ■ • > fl
On s'abonne :
Pour VIntérieur chez MM. les
pasteurs et les libraires de
Torre Pellice.
Pour r^cctérieurB.» Bureaud’Adîuinistration.
^orrumair'e,
A travers lo val l’ô. — Un appel en
faveur dos Vaudois français. — Le Synode
Provincial des Eglises Réformées, de Moravie. — Chronique vanduise. — iVouvel/es
reliffieiues. — Revue potiliçne.
A TeAVËAS ÎE VAL PO
(V^oir N. «j.
III.
Nos plans étaient fort beaux.
Nous avions l’intention de passer
le col des Sagnetles et de nous
rendre à Château-Dauphin , dans le
Val Maira. Le soir nous avions
exploré tous les coins du ciel et
fait nos braves pronostics pour le
jour suivant; mais dans la nuit, le
bruit monotone de la pluie tombant
des gouttières, nous rappela la parole de Saint Jacques: «Vous ne
savez ce qui arrivera demain ». Il
n’est pas agréable de voir nos projets renversés; aussi, lorsque au
malin, nous nous vîmes entourés
d’un épais brouillard, nos visages
n’offraient pas précisément l’iniage
de la gaieté.
Notre hésitation ne fut pas longue. Au lieu de prendre la gauche
pour aller du côté du Viso, nous
montâmes à droite du côté du Granerò avec l’intention de visiter d'abord le col des Traverselles. Comme
nous .ne pouvions jouir du panorama des montagnes, notre aUention
s’arrêtait sur de»Jid9j«l* 4e moindre apparence; sur ces charmantes
fleurs, aux couleurs si fraîches,fqui
venaient d’éclore là où la neige avait
à peine disparu. Notre botaniste
nous eu indiquait les noms , mais
je me souviens seulement que la
plupart de ces jolies fleurs étaient
qualifiées d’alpim ou de glacialis.
Avec les fleurs, les marmottes, qui
à mesure que nous avancions donnaient leur signal d’alarme avec un
sifflement aigu. On dit: dormir comme une marmotte, mais on pourrait
bien dire aussi ; veiller, comme une
marmotte, car si à l’approche du
danger toutes les sentinelles du
peuple de Dieu étaient aussi promptes à jeter leur cri d’alarme, l’ennemi remporterait moins de victoires.
A neuf heures nous déjeunions
à la fontana d'l’or di, à quelques
2
-3b4~
iniiiules dii Col des Travers elles. Le
soleil déchira un instant les brouillards et nous aperçûmes los massifs
nus du Gi'anero et de la Maïdassa.
Le col est à 3000 mètres au dessus
du niveau de la mer; mais on se
sei't de préférence , pour traverser
la montagne, du tunnel creusé dans
les rochers, là toul près. 1! a 70
mètres de long. Nous y entrons et
le traversons en glissant la main
le long d’une rampe en fer qyi
nous conduit sains et saufs à l’autre bout.
Pour le coup, nous avions réellement changé de pays. D’abord ,
nous étions sur la terre de France,
puis les hauteurs sauvages de la
Vallée du Guil, nous apparaissaient
éclairées par les rayons d’un beau
soleil. Le brouillard, comme s’il
avait voulu respecter la frontière,
à peine arrivé sur l'arête, rebroussait en tourbillonnant. Le lunncl
nous fournissait ainsi une image de
la « porte étroite qui mène à la vie »,
d’un côté nous avions les ténèbres,
de l’autre la lumière.
Au bout de quelques instants il
nous fallut songer à rentrer en Italie,
ee fut le premier pas du retour.
Si nos projets n’avaient pas été tous
réalisés, du moins avions nous été
jusqu’à l'exirémilé de la Yallée du
Po. Dans l’après midi nous arrivions
sur les hauteurs de la Combe des
Charbonniers, et le soir nous jouis ■
sions de l’hospilalité vaudoise à
l’Alpe de la Diana. Ce trajet ne
fut cependant pas fait“ sur la montagne, aussi .vile que sur le papier,
car notre guide s’égara et nous
avec lui, de sorte que si un berger
ne nous eût remis sur le bon chemin, au bout de plusieurs heures
de marclie fatiguante, nous nous se^
rions retrouvés au col des Traverseltes d’où nous étions partis.
Du Vallon de la Giana, retraite
de Janavel, nous passâmes, le jour
suivant, dans celui de la Ciabiaressa. Le Friolanl était découvert.
Trois heures nous auraient sufti
pour le gravir. Nous priâmes un
vieux berger de nous accompagner;
mais au bout de deux heures, le
brouillard l’enveloppa et il nous fallut renoncer à jouir d’un coup
d’œil sans doute splendide.
Notre nouveau guide connaissait
mieux son affaire que celui du jour
précédent. 11 nous conduisit à travers
les hauteurs escarpées de la Combe
de Lioussa, jusqu’à l’arôle (|ui sépare le Villar des Alpes de liagnol.
De là nops n’eùmes pas de diliicullés à descendre dans le Agallón
de Rorà, puis à Luserne, pour rentrer chez nous, — J’ai souvent
pensé depuis à nos deux guides cl
et leur histoire m’a semblé iiislniclive. Au milieu des obscurités de
la vie présente il ne manque pas
de guides qui égarent les voyageurs
en route vers rélernilé.’ vm seul
nous peut conduire sûrement dans
le chemin qui mène à la maison
paternelle. C’est celui que 'David
appelait <i une lampe à ses pieds,
une lumière à ses sentiers », la
Parole de Dieu qui peut nous rendre
sages à salut. h. b.
m APPEL
en favenr des Yaudois français
La Semaim religieuse , dans un
supplément à son N. 44, publie
cet appel, que nous avons eu d’abord
l’idée de résumer et que nous nous
sommes décidé à reproduire en
3
enlier, malgré sa longueur el l’exiguilé de noire feuille. H s’agil de
membres de noire famille el les
Vaiidois , d’Italie merveilleusement
bénis de Dieu en plusieurs manières,
regarderont comme un devoir, presque comme un privilège, de lémoigner leur cordiale el active sympathie à leurs frères des Haules-Aipes,
spécialement à ceux d’enlr'eux qu’une
nécessité inexorable oblige à diercher une patrie sous un ciel plus
doux.
Nous n’avons jamais été partisans
de l’émigration, dont le seul but est
d’améliorer une position modeste
el à l’abri du besoin. Mais H y a
des circonstances, dans lesquelles
nous voyons avec évidence une direction du Seigneur à qui la lerre
appartient el qui veut qu’elle soit
en tous lieux peuplée.
Lorsque,'il y a quelques années,
nous eûmes le privilège de visiter
pour la première fois ces églises
vaudoises des Hautes Alpes, et tout
particulièrement la vallée de Freissinière jusqu’il Dormiihouez, nous
avons remporté de.celle visite l’impression irès-arrêlée que celte dernière localité était devenue inhabitable el qu’une lutte inégale avec
• les rigueurs excessives du climat et
la pauvreté croissante du sol avaient
abattu le courage el brisé l’énergie
des liabitants, en sorte que, même
au prix de sacrifices continuels el
toujours plus grands, les amis de ces
familles vaudoises ne réussiraient
pas à les y maintenir. Les circonstance.s sont un peu meilleures pour
les habitants des Yiolins, au milieu
de la vallée el pour ceux de PAions
dans sa partie inférieure, mais la
fertililé du sol n’est point telle qu’il
y àît lieu d’espérer que ceux qui
le cultivent avec le plus de soin
parviennent à conquérir une aisance
relative. L'idée de leur céder les
terres de Dormilhouze qu’ils coriverliraienl en alpages nous paraît excellent et très-réalisable.
Nous faisons donc les vœux les
plus sincères pour que l’appel ci-api'ès
soit parloul entendu, en sorte que
le projet des amis qui le signent
.se réalise bientôt. Et si, comme nous
l'espéron.s, il est bien accueilli par
beaucoup de Vaudois d’Italie, la direction du Témoin .sera heureuse de
recevoir et de transmellre leurs
dons, comme les colonnes du journal sont ouvertes pour les inscrire.
brs YiUiilais îr!iiiç»ts.
Monsieur le Bédadeur,
Les Vamiois françai.s, primilivcmeru
aussi nombreux que ceux du Piémonl,
louis frèi’es, plus nombreux même, si
l’on en juga par i’éleridue du lerrimire qu'ils occupaienl dans les Alpes
du Daiipbina, élaieni rédiiils à '1200;
quand Félix Nelï devint leur pasleur,
ils ne sont plus aujourti’hni que 8 à
900.
La premièi'o moitié, disséminée dans
les hantes vallées du Queyra.s, vers le
mont Viso, se maintient par le travail
sur un sol encore as.sez prodnclif;
mais la seconde établie au val Freissinière, vers le mont Pelvotix, dépérît
l'apidernenl au milieu des rochers où
l’a refoulée une perséeulion impitoyable, Les terres de la basse vallée avant
élé saisies et. disiribnées à leurs advei'saircs, la plupart des ancêtres de cos
pauvres familles durent se fixer dans les
lieu.x où ils avaient élé amenés par ];i
fuite, le-s' uns dans une gorge étroite et
nalsaine, les autres plus liant, à üormiibo:u/je, dans im de ces alpages dénudés, froid.s, iinproduclifs, aux pontes
abruptes, qui partout ailleurs sont
baitilés .-ieuleineiU l'élé pour l’exploitation pastorale, 11 fallnt, pour avoir
4
_______356--^
du pain, défricher el meure en cullnre
les meilleures parties de ce sol imiqueraeiU pour le pâturage. Aujourd’hui,
épuisé par le ravinement et le lavage
séculaire des pluies, ce maigre sol,
exposé, en outre, aux gelées précoces
de l’automne et aux gelées tardives
du printemps', ne donne jamais complète la récolte du seigle'el de pommes de terre qui compose, avec quelque laitage, toute l’alimenlaiion du
pays. Le pain manque régulièrement
dès le mois de mai à la plupart de
ces pauvres gens, dont l’existance devient, dès lors, un problème des plus
difiîciles à résoudi’e. Leur santé ne
peut résister à celle épreuve, èl. la
morlalilé s’accroit chez eux d’année en
année; elle aurait été bien plus grande
encore .sans les fréquentes distributions
de pommes de terre, de riz el autres
secours en nature, qui leur oui été
faites, grâce à la générosité des amis
chrétiens qui depuis longtemps s’intéressent à eux.
Ces dernières années ont été particulièremeiil désaslreiisos : des hivers
très rigoureux, des avalanches multipliées, les terres ravinées ou recouvertes par des graviers, la perle d’un
tiers, au moins, du bétail, à cause
■du retard forcé de la rentrée des foins,
récronlemeni de plusieurs maisons
sous l’accumulation des neiges, enfin
la destruction réitérée, presque annuelle de leur unique chemin, ont
mis le comble à la misère et au découragement de ces malheureux Vaudois. Leur siluaiion est vérilablerhenl
désespérée; c’est comme un gonifre
que les secours les plus abondants ne
pourraient combler, tout en absorbant
dans une courte période plus d’aumône.s que n’en demanderait un effort
unique el décisif.
Le temps semble venu où ces antiques témoins de l’Evangile doivent
abandonner un pays où ils ne peuvent
plus vivre qu’avec des secours toujours renouvelés. Ceux qui les connaissent le mieux , qui se sont le plus
occupés de leur sort, qui ont essayé
de les relever sur place el qui auraient
le plus tenu à les voir se maintenir
sur ce sol historique, illustré par des
souvenirs si chers, sont conduits,
malgré eux, à reconnaître la nécessité
d’une émigration.
Il faut donc qu’une partie au moins
des Vaudois du Val Freissinière abandonne le village de Dormilhoiize pour
trouver ailleurs des moyens d’existence
el laisser un plus large espace â ceux
qui resteront. Ils acceptent eux-mêmes
avec résignation celte dure nécessité;
mais l’émigration est coûteuse; ils ne
peuvent tirer aucun parti de leurs propriétés ruinés, car personne ne veut,
ni ne peut les acheter lâ haut; il ne
leur reste que des bras el de la bonhc
volonté, el il est urgent que leurs
frères plus favorisés les tirent genéreiisernenl do celle siluaiion désastreuse, s’ils ne veulent avoir la douteur
de voir ainsi souffrir el s’éteindre peu
à peu ce dernier reste d’une antique
Eglise, qui se recommande d’une manière si pressante au monde chrétien
par son histoire anlanl que par une
misère qui défie toute comparaison.
Après en avoir souvent conféré avec
eux et pris l’avis d’hommes pratiques,
nous nous sommes arrêtés au projet
de faire émigrer en Algérie un certain
nombre de familles qui y ont consenti.
Elles s’établiront sur des''terres qui
leur ont' été concédées aux Trois-Marabouts, province d’Oran, h cinq kilomètres de la mer, dans un lieu sain,
où elles trouveront encore la patrie el
seront visitées par des pasteurs. La
question a été étudiée à tous les points
de vue, par une longue information,
par une correspondance suivie avec
MM. les pasteurs d’Oran el de Moslaganem, el par l’envoi, pendant deux
hivers, de quelques-uns de ces Vaudois
sur les terres mêmes qui leur sont
offertes el dont ils ont pu apprécier
las avantages.
Trente à quarante mille francs seraient nécessaires pour accomplir celle
œuvre, tout en permellanl de secourir
d’une manière indirecte ceux qui resteraient. 1° On pourvoirrail aux nécessités d’établissement de ceux qui
partiraient (construction des maisons,
acquisition d’instruments agricoles, de
semences el de bétail, etc,). 2® On
recevrait d’eux, en échange, tes terres
5
:.35T-™
abandonnées qui seraient converties
en pâturages au profil de ceux qui
resteraient et dont la situation serait
ainsi rendue supportable, surloul si,
avec une fruitière, on pouvait les
doter d’une industrie.
On trouve des soiumes égales pour
construire des temples de pierre, ne
les trouverons-nous pas pour relever
de ses ruines un petit édifice d’âmes
Vivantes, et pour conserver à l’iiistoire
et à l’Eglise ce précieux reste de l’une
des plus antiques et des plus glorieuses
communautés chrétiennes ?
Il ne s'agit, il est vrai, que d’une
poignée d’humbles montagnards, ruais
d’une poignée de descendants de ces
héroïques Vaudois dont le cotii'age,
la jmlienee, la fidélité à l’Evangile ont
fait de siècle en siècle l’admiration
de l’Eglise chrélienne, et qui ont été
conduits à celle situation désespérée,
non par leurs fautes, mais par des
vertus dont nous avons eu, dans une
grande mesure, le profil. Ils ont vi-aimeni droit à la sympathie et à la bienfaisance de tous. Ce sei’a un honneur
d’avoir contribué à les sauver: ce sel’ait un grand regi’el et une grande
humiliation de tes avoir laissés plus
longtemps en proie au dépéi’issement,
surtout à notre époque où la famille
pi'Oleslanle jouit, pai’loul ailleurs ,
d’une prospérité matérielle relativement grande;, et ori il serait peu honorable qu’un de ses rameaux les plus
vivaces tût réduit à une permanente
indigence.
Que Celui dont la bénédiclron seule
enrichit veuille prendre sous sa pi-oleclion cet appel, fait en son nom et
■tu profil de pauvr’es gens qui sont
bien évidemment du nombre de ceux
que .léstts a appelés • les plus petits
de ses frèr'es,» et qu’il r'ecommanrlc
3UX siens avec sollicitude en y joignant une promesse spéciale (Mailh.
XXV, 37-40).
Quelques amis des Vaudois français:
■\lexis Müston, pasteur ft Bordeaux
(Drôme) autour de Vl.sraëldes Alpes,
— Eugèno Arxaud, paslour. pro~ sirloiit, h Brest (Drôme), auteur de
VHisluire des Proteslanls du Oau
phiné. — Raoul ue CAZE^ovK. du
lîomité des Droloslants disséminés
de Lyon. -- Edouard MrcsoN, négociant, à Lyon. -- .1-PhtI. DarurErt, pasteni'. Société évangélique,
Genève. — Eug. BÉviirt.LAUt), directeur du Siqnal, Ver.satlles. —
ScHATZMAKN, professeurd’écotiomie
alpestre et directeur dn ia lailene
modèle, à l.aiisanue. — Louis Bhu¡SKL , pasteur de l’Eglise de l'roissinière (Haules-Alposj. — Benjamin
Tournier, ancien pasleur dans les
llaules-AIpps, à Pressy (Genève).
A'fi. La publication de cet appel ,a été
retardée à caiisn rie la collecle failo pour
les vielimos de la cafaslropbe d’Elm.
F,os dons peuvent être adressés aux
signalaires do cet appRl. ou déposés , soit
il In litirairio Boroiid. Gorralerie, soit
ilans les Boîtes de la ■Semaine 7‘eU.qieuse.
le Synode l’nivincial
des Eglises ItéTormées de llloravie.
S?Û et 23 septembre LS81.
Le mardi, dès neuf heures du malin, le .Synode, inauguré le lundi soir,
reprend ses travaux. L’on ouvre la
séance par un culte; l’un des setitores
prononce un éloquent discours qui
produit une profonde impression, pour
autant qu’il m’est permis d’en juger
d’après l’analy.se que m’en a donné
un interprète fidèle et la vue de l’auditoire, qui est suspendu aux lèvres
de l’oraleiir. Le temple est, celle
fois encore, loiu-à-fail comble, car, à
ce que l’on m’assure, une grande partie
des auditeurs de la veille qui n’habitent pas à KIobouk, y ont cependant
passé la nuit, afin de ne pas manquer
la séance du' lendemain.
Le culte terminé, le pasteur Cisar
donne lecture des mandais qui accrédileiU les dix ou douze députés étrangers présents, et fait connaître plusieurs
lettres qui excusent ou jusliflenl l’absence de plus d’un délégué. Ensuite Monsieur le président Benès (prononcez Beiiecb) par un magnifique
discours latin, souliaile la bienvenue
à chacun des frères venus du dehors.
I.a joie qui déborde de son cœur,
donne au siirinlendanl des accents si
6
..1^58™
loucliívnls,‘que nous sommes Ions émus
en serninl la main fie ce pieux set vilenr île Jésiis-Chi’isl.
Cela fait, Moiisieur Benès donne la
parole aux dépiilés .élrmipei’s, etjcelui
de la pins ancienne des églises évangélifiucs est inviié le premier à la
Iribune. Je n’avais pas oublié que,
quelques mois aupai'avanl, dans une
autre assemblée j’avais été le vingt
(kuivièine el. dernier oraieur. Un peu
eonlns de l’insigne déférence que tios
amis de Moravie lémoignaienl à leur
sœur aînée, je ne pus m’empêcher
d’éprouver une petite salisfaclion. Selon
les lieux el les personnes à qui vous
aurez à faii'c, sachez occuper le dernier rang, sans vous senlir liiimilié,
el prendre la place d’honneur sans
vous enorgueillir ! Je puis dire de
l'avoir j'ait.
Ce que je ne saurais dire, ici, pour
ne pas irop rn’élendre, ce sont les
paroles de cordiale fralcrnilé el de vive
sympathie que j'étais chargé d’apporter
à nos frères, apiès 250 ans que Ionie
relation officielle avait cessé entre les
Vallées' el la 'Moravie. Après avoir
évoqué ces précieux souvenirs du passé
et donné un aperçu de l’élal présent
de noire Eglise el de sa Mission bénie,
auprès de nos concitoyens, j’émis le
vœu que les relalions maintenanl renouées, grilce à l’initiative des Kglises
de Bohême cl de Moravie, fnssenl rendues permanentes, je les invilai à se
faire représenter prochainement à notre
Synode.
S’il est permis d'en juger par l’acciieil qu’il a reçu, mon pelil discoiirs,
prononcé en langue italienne, a dft
joliment gagner, en passant par la
honclie de mon aimable interprète,
monsieur le pasteur Cisar!
.Le doclenr Marsiiall Lanz, délégué
de l’Eglise Ih'ésbyiérienne établie d'’Ccosse, me succède à Ja iribune. Dan.s
lin beau discours en langue anglaise,
inlerprélé aussi par le pasteur de
KIobouk, l'oi'aleiir donne aux proleslanls réformés de Moravie el de Bohême
l’assnraticc que la sympathie el te
conconi's de rCglise élahlie ne leur
fera pas défaiii. C’est ce que lui el un
ancien de son ligtise, qui va adresser
bientôt la parole à l’assemblée, sont
chargés de déclarer, en l’absence du
vénérable docteur Roberlson, auquel
l’Age avancé el la faligne d’un voyage
aux Vallées n’ont pas permis de se
rendre à KIobouk.
~ L’Eglise Presbytérienne Unie d’Ecosse
est représenlé par le docteur ScoU
du Gia.sgow. Les paroles chaleureuses
de ce vénérable vieillard à cheveux
blancs, soni accompagnées d’un don de
dix à douze mille francs que le docleur Scoll dépose sur la table du président, en disant, que ce sont là les
prémices d’un inlérèt qui , chaque
jour, va croissani au sein de l’Eglise
Unie. Voilà un nionvemeni oratoire
qui pour loiiglemps encore .sera interdit
aux délégués Yandois! Ce généreux
don esl, en grande [lartie, destiné à
élever un temple à KIobouk, vu que
la chapeile actuelle est bien loin de
suffire aux besoins du onlle. — Bien
d’antres paroisse.s, sur les 23 qui se
irouvenl en Moravie, sont dans le
même cas. Là où ils existent, les
temples sont en mauvais élat ou toiilà-fail iusuffisanls.
Nous ne pouvons que nous réjouir
et bénir Dieu, de ce que les Eglises
de Moiavie el de Bohême sont parvenues, -au moyen de quelques nus de
leurs jeunes pa.sleiirs tels que monsieur Cisar et M. Kaspar (Bohême), à
allirer raltènfion el à se captiver la
bienveillance de nos généreux frères
d’Ecosse el d',Angleterre. Une œuvre
de relèvemeni esl commencée el nous
ne douions pas que Celui qui vedle
sur ses enfanis, ne leur fournisse
tout, ce qui esl nécessaire pour la
poursuivre el l’acliever.
Sept on huit antres dêiégtiés ont
encore présenté des salutations et des
ericoiiragemenls. Citons an moins les
noms, bien connus el aimés des Vaudois,
du révérend pasteur Liindie de Liverpool, du révéïend Pirée, missionnaire
parmi les Juifs à Prague, el l’excel
lenl monsieur Smilh, ancien de l’église
presbytérienne d’.Anglelerre.
Allemand, ilalieii, anglais, tout a
été Iradiiil par monsieur Cisar, aussi
bien que le.s dix ou douze réponses
du président, qui faites, en langue
7
-359.
..-v-WnAî^/- jv/
ichèque, nous étaient rendues en anglais. Quant à la foule qui remplissait
la chapelle, elle eiil le courage d’écoiiier, pendant plus de six heures de
suite, sans donner le moindre signe
de fatigue, un long sermon et plus de
quarante discours, dont la moitiéétaient
pour elle incompréhensibles! Voilà des
auditeurs d’une espèce rare; maison
ne célèbre le cenienaire qu'une fois
chaque cenl ans, et l’on n'a pas tous
les jours le bonheur de posséder des
frères, venus de bien loin, pour apporter l’assurance de leur amitié et
de leur coopération efticace. C’était
même la première fois que des délégués étrangers figuraient à un Synode
des Eglises Réformées de Moravie.
L’accueil qui leur a été préparé^celle
armée, nous autorise à dire qu’à l’avenir, les églises se feront un devoir
de donner ou de renouveler le témoignage de leur solidarité' chrétienne à
ces descendants d’un peuple de martyrs.
Oserai-je encore ajouter quelques
mots, la’ semaine prochaine, sur l’état
actuel des églises de Moravie ?
C’est ce que monsieur le directeur
de ce journal, qui connaît la puissance digestive de ses lecteurs pourra
seul mè dire
J. P. Pons.
ftom)ellc0 reUigi0W0C0
Itaue, — Le Pape a pris son parti;
parait-il, de la loi qui oblige tous les
insegnanli, qu’ils soient écclésiasliqiios
ou laïques à se munir d’un brevet de
capacité délivre par le magistral civil
qui préside à l’inslruclion. En effet
line lelll-e de lui, aux évêques de l’Italie, contient l’injonciion formelle que
désormais les ordres ecclésiastiques ne
soient conférés qu'à des individus qui
parmi les documents donnant la preuve
des éludes qu’ils ont laites , puissent
produire la patente gouvernementale
de maître élémentaire.
C’est habile, mais parfaitement correcl.
France. — One des lumières les
plu.f éclatantes et les plus bienfaisantes
du protestantisme français, vient de
s’éteindre sur la terre, pour allerbriller
dans sa vraie patrie. M. John Rosi le
célèbre fondateur des neuf asiles de
La Eorce, est mort à Paris où il était
allé plaider la cause de ses déshérités,
mardi dernier 1r novembre. Ce départ
laissera dans la direction de ces .Asiles
un vide qu’à vues humaines, on pourra
difficilement combler. Mais Celui qui
a donné Elisée pour successeur à Elie,
pourra bien susciter à M. Bosl un
liommo animé du même zèle , de la
même cbarilé el de la même foi qui
ont fait sa force pendant tant d’années. Puisse-l-ii le faire !
— Deux autres Synodes, en sus de
celui de Marseille, se seront ouverts
ces jours-ci, mais à Paris; celui de
V Union des Eglises évangéliques libres
de France el celui de l’Eglise Lulhérienne. La prédication d’ouverture de
la première de ces assemblées seia
faite par M. le pasteur Léopold Monod
de Lyon. Plusieurs questions Irès-iniportantes pour l’avenir des Eglises que
ce Synode représente, sont à son ordre
du jour, celle entre autres du principe
de la liberté des Eglises ci sa réalisation actuelle.
Le Sénat à peine réniii, a adopté
la loi déjà volée par la Cbambre des
Députés, portant abolition de Part. 15
du décret de prairial, au Xll, .«;ur les
cimelières. D’après ce décret, dans les
Communes, où l’on professait plusieurs
cultes, chaque culte devait avoir un
lieu d’inhumation paiticuiier; et dans
le cas où il n’y aurait eu qu’un seul
cimetière, on devait le partager pai'
des murs, haies ou fossés, eu autant
de parties qu’il y avait de cultes différents, avec une entrée particulière pour
chacun; absolument ce qu’a copié le
décret Minghetlj, qui nous régit eu
Italie. Çe que de la part d’autorités
fort souvent liges du clergé pjtpiste ,
une disposition pareille attire d’ennuis
aux familles, daris les circonstances
où l’on aurait surtout besoin dé consolation, nous en savons quelque chose,
nous chrétiens évangéliques de ce
côté des Alpes. Aussi est-ce de tou!
cœur que nous nous associons aux
nobles pai'oles de M. Draunin , dans
8
.360—
VEÿlise Libre, à l’occasion de la loi
qui vient d’êlre volée; « Désormais, le
cimetière communal n’aura plus d’étiquelle confessionneile, et l’on démolira les murs de séparation que l’esprit
sectaire avait élevés entre tombes catholiques et lombes protestantes ou
juives; la ville des morts sera simplement un annexe de la ville des vivants
et non plus une succursale de l’Eglise.
Le prêtre pourra bénir chaque fosse
où sera déposé un de ses paroissiens;
mais à côté du lieu où il aura récité ses
prières latines et fait ses aspersions,
voire au même endroit, s’il s’agit d’un
caveau de famille, le pasteur aura la
faculté de faire entendre la Parole de
Dieu et d’édiiier les âmes des vivants v.
€/hrouicjue Baudot se
Patnaret. — L’Ecole de Méthod ®
qui s’est ouverte lundi malin 31 octobre et s’est terminée le vendredi soi*’
4 novembre, a rassemblé celte anné®
encore la piesque totalité des régents
de quartier de ces deux Vallées, c’està-dire, 75. MM. Hivoir et Guigou de
l’Ecole latine , Marauda ministre , et
Peyrot, régent paroissial, sur qui a
pesé celle année toute la charge de
donner des directions et des soins à
celte intéressante classe d’ouvriers de
l'Eglise ont été unanimes dans leurs
appréciations. La grande majorité de
ces régents commande l’estime et le
respect par sa capacité intellectuelle ,
te sérieux et la manière dont elle prend
à cœur son humble et belle tâche.
Notre vœu le plus ardent est que le
Seigneur nous accorde de pouvoir répéter d’année en année ce même témoignage.
Mais parmi ces 75 régents il y en
avait 20 qui l’étaient pour la première
fois et 10 pour la seconde, et si même
parmi ces loiu jeunes on a été heureux d’en voir un certain nombre attentifs et désireux de s’instruire, la
plupart se sont plutôt faits remarquer
par leur étourderie , leur inalleniion
et leur zèle à se dispenser d’assister
à Iouïes les leçons pour peu que la
chose leur parût faisable. Lorsqu’il
s’«8t âgi de prendre la petite gratifi
cation que la Table accorde , pas un
n’a manqué. Il y aura à cet égard et
pour l’avenir une mesure rigoureuse
à adopter.
En al tendant nous recommandons
très instamment aux Consistoires de
suivre de très près surtout ces régents
novices, qui bien dirigés peuvent se
former mieu.'i qu’on n’oserait respérer.
itatie. — Les ministres, sont tous
renlré.s à Rome à l’exception de lîaccarini, lis ont eu une réunion du
conseil dans laquelle Déprélis et Mancini ont I endu compte de leur vo-yage
à Vienne. Ce voyage est encore l’objet
des commentaires et quelquefois de
la critique de la presse.
Le roi Humbert doit venir à Turin
pour assister à la pose de la première
pierre du nouvel hôpital de l’Ordre
des Sis. .Maurice et Lazare. 11 reloitrnera bientôt à Monza, d’où il rentrera
avec là relue à Rome, le 15 courant.
Les Chambres doivent s’ouvrir le
17. Déjà l’on annonce des ¡interpellations sur la politique élrangère.
Le miiiislre de la guerre Ferrerò
propo.sera beaucoup de modifications
dans l’organisation de l’armée, en vue
d'en augmenter reffeclif.
Prince. — Les Chambres se sont
occupées des inlerpellalions sur l’expédition de Tunis. Jules Ferry et le
général Fane ont répondu aussi bien
qu’ils l’ont pu, mais sans avoir réussi
à désarmer les adversaires du .Ministère.
Le cabinet Ferry est considéré
comme démissionnaire quoiqu’il ne le
soit pas encore officiellement. L’on
nomme déjà les principaux membres
du ministère Gambetta.
Le traité de commerce entre l’Italie
et la France est signé, et, à cette occasion, M. Barthélemy St. Hilaire, Féraud et les délégués italiens ont riva-,
lisé de conrloisie et se sont fait force
compliments.
Ernkst liOBERT, Gerani et Administrateur
Pigaerol, lmp. Chianlore et Mascarellî.