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iTeutlle Mensuelle
SPÉCIAIEHBNT CONSACRÉE AUX INTÉRÊTS DE LA FAMILLE VADDOISE
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ILh dion qu’ es la u d e s .
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« Ils disent qu’ il estVau do is »
Nobla leyczon.
SOMMAIRE: Les Vaudois d’Allemagne. — De l’usage de la langue
française dans les Vallées. — Un soldat Vaudois. — Lavater et
sa lemme. — La fin du marin-blanc. — Pensées économiques
extraites de Benjamin Franklin. — Nouvelles religieuses.
Mie» WuuOai» a ’A99eimagi»e
Dans notre dernier numéro, grâces à l'obligeance de notre
vénéré compatriote, Mr le pasteur Appia, nous avons pu of
frir à nos lecteurs des détails pleins d’intérêt sur l ’une des
I k églises vaudoises réfugiées en Allemagne.
L ’obligeance d’un autre de nos compatriotes, Mr l ’étudiant
Geymonat du yiUar, nous permet de compléter aujounTTiui
ce qui aTâpporl à ces intéressantes colonies qu’il a lui-méme
récemment visitées. Les détails qui suivent sont extraits presqu'en entier d’ une lettre que notre jeune ami a bien voulu
nous adresser sur cette visite ; et nous sommes assurés que
ce serait pour son cœur une joie bien douce, s’ils contri
buaient à réveiller au milieu de nous, pour ses frères exilés,
toute la sympathie et tout l’intérêt auquel ils ont droit de
notre p art, et que malheureusement il faut le reconnaître ,
nous ne leur avons pas toujours accordés au moins au degré
qu’il aurait fallu.
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— Ik —
L'établissement îles colonies vaudoises en Allemagne remonU*
à l’an 1 6 9 8 , quelques années seulement après la glorieuse
rentrée. A cette époque, le roi de France, Louis XIV — le
même q u i , non content des horribles violences ordonnées
contre ses propres sujets de la religion évangélique, avait im
posé au duc de Savoie , Victor Amédée l, de traiter de la
même manière ceux de ses sujets vaudois qui ne voudraieni
pas embrasser le catholicisme — ayant renoué alliance avec
ce prince, mit au nombre des conditions du traité, l’expul
sion des états du duc, de tous les Vaudois, originaires de
France (1), qui avaient trouvé un asile dans les Vallées. Trois
mille personnes, parmi lesquelles plusieurs pasteurs et Henri
Arnaud lui-même, le héros de la Rentrée, durent ensuite de
ce décret reprendre le bâton de pèlerin qu’ils venaient à
peine de déposer, et se remettre en quête d'une patrie où la
faculté de servir Dieu selon leur conscience leur fût accordée.
Ce fut dans le duché, maintenant royaume de Würtemberg,
ijuc Dieu la leur avait préparée et qu’ils la trouvèrent. Une
longue guerre y avait laissé ineultes des étendues de terrain
considérables ; le duc les offrit aux exilés qui y dressèrent
leurs tentes. La plupart espéraient que ce ne serait que
pour quelque temps, et que les événements venant à chan
ger, ils ne tarderaient pas à regagner leurs fertiles et riantes
vallées; mais bientôt, comprenant qu’une telle espérance ne
leur était plus permise , ils se décidèrent à se fixer où ils
étaient, et à y bâtir des villages auxquels, par un sentiment
touchant et triste â la fois, ils donnèrent les noms des lieux
qu’ils avaient quittés.
Telle fut l’origine des colonies de Villar,- Pinache, le Serre,
Luserne , aussi appelée Wourmberg , le Queyras, Pérouse ,
Bourset autrement Neu-Hengstett, Mentoule aujourd’hui Nordhausen, la Balme et les Mûriers ou Schôenberg. Ce fut de
cette dernière communauté qu’Arnaud fut le p asteur, et là
qu’il termina sa laborieuse carrière.
« Dans l’humble enceinte du temple, aux murailles d’ar» gile, dit Mr Monastier dans son excellente histoire des Vau» dois, surmontées d’un clocher qui ne dépasse guère les
« cerisiers du village, la reconnaissance et le respect ont as» signé une plaee honorable à la dépouille mortelle du grand
(i) La plupart d’eutr’eiix étaient originaires des Vallées de Pragela et de Pérouse,
à cette époque incorporées, en tout ou en partie, au royaume de France.
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— 75 —
» homme, pour qui la modeste houlette de berger des âmes
n cul plus d’attrait qu’un grade élevé dans l’armée , que
O l’honneur, que la gloire et la faveur des cours. Ses cen>> dres reposent au pied de la Table de communion Une gra■> vure suspendue sous le pupitre de la chaire, reproduit les
» traits qui distinguèrent le héros de Salabertraud et de la
» Balsille ; tandis qu’une inscription latine, gravée dans la
» pierre qui couvre sa tombe , rappelle ses exploits : Sous
» cette pierre repose le vénérable et vaillant Henri Arnaud,
» pasteur des Faudois du Piémont, aussi bien que colonel.
» — Tu vois ici ses restes mortels ; mais qui pourra jamais
» dépeindre ses hauts fa its , ses luttes et son courage iné» branlable? Seul, le fils de Jessé combat contre des milliers
» de Philistins , et seul ü tient en échec et leur camp et
» leur chef: il mourut le 8 septembre 1721 dans la 80'”*
» année de son âge ». Tom. 11, p. 167.
En 18!t6, nous écrit Mr G***, aussitôt que je fus arrivé
à W ürlemberg, je m’informai du lieu où se trouvaient ces
colonies ; cl dès que je commençai à comprendre et à parler
quelque peu la langue allemande, je partis pour les visiter...
En prenant pour point de départ Stuttgart, la capitale du
royaume, on a devant soi un grand cercle à parcourir, pour
les visiter toutes. Je l’ai parcouru dans mon 2™« voyage.
Après une marche d’environ sept heures, j ’arrivai dans une
forêt, au sortir de la quelle on aperçoit, au milieu des champs,
un village régulièrement b âti, contenant une population de
3 à itOO âmes : c’est Neu-Hengstett ou Bourset. Dirigés pen
dant longtemps par le Kév. pasteur J. P. Geymonat, natif du
Villar de Bobi, et décédé il y a environ dix ans , les ha
bitants de cette commune possèdent une connaissance assez
exacte de nos Vallées, et s’intéressent vivement à tout ce qui
s’y passe (1). On y parle assez généralement le patois, et la
( i) Mr G. cite comme preuve de cet intérêt qu’en i845, lors de la mort si
tragique du pasteur de Rodoret, Mr Bufifa, le régent de cet endroit, Mr Per
rot, 6t chanter dans son école des cantiques en signe d’humiliation et de
deuil, comme pour malheur domestique. Si notre mémoire ne noos trompe,
c’est ce même régent qui, au nom de plusieurs chefs de famille, adressa, il
y O quelques années, à ¡’un de nos notables vaudois, une lettre remplie de
détails intéressants sur les colonies vaiidoises d’Allemagne, se terminant par
une invitation pressante à leurs frères des Vallées, à ne pas les abandonner,
mais à entreprendre plutôt avec eux des communications régulières et fréquentes.
Nous 110 savons s’il a été répondu à celte invitation; mais ne serait-il pas
temps encore de le faire, et la Table on s’en chargeant ne ferait-elle pas une
chose honorable autant qu’utile à notre Église. 11 est étrange en effet qu’ayant
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—
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—
langue française, parlée par les gens les plus instruits, est com
prise par la plupart des personnes qui dépassent l’âge de 36
ans. A mon arrivée le régent H. Perrot (non Peyrot) eut
hâte de prévenir tous les particuliers que le soir il y aurait
dans l’école un culte en français, qu’un étudiant des Vallées
parent de leur ancien pasteur dirigerait. Après la prière on chanta
plusieurs versets d’un de nos psaumes; puis quand ils eurent
donné essor à leur joie et chanté aussi longtemps que leurs
cœurs le désiraient , je me levai pour faire la lecture d’un
chapitre des S. Ecritures et leur adresser un discours. Il
n’était pas besoin d’éloquence pour les émouvoir: la présence
seule d'un vaudois du Piémont, l’expression de l’affection qui
l’avait conduit au milieu d’eux ; la proclamation en langue
française de la bonté , de la patience et de la fidélité de Dieu
envers ceux qui s’attachent à sa parole et se consacrent à
son service, suffisaient pour faire couler de leurs yeux des
larmes d’attendrissement et de joie.
« INeu-Hengstett est le seul endroit où j ’aie pu prêcher
» en français. Partout ailleurs, j ’ai été réduit à dire quel« ques mots dans des réunions allemandes. A Pérouse un
« seul homme nommé ^mçon comprend le français, et deux
« femmes âgées, nommées Simondet parlent le patois. Au
« Serre qui est une annexe de Pinache, le patois est encore
« parlé par les petits enfants. En y arrivant, je vis un jeune
« homme qui ramassait du chanvre dans un champ, et lui
« demandai en allemand le nom du village voisin. Sur sa
« réponse je lui dis: Saveou encà parlà patois? et d’un air
« tout stupéfait: il me dit: Oui, mus san encà. Bientôt
« après, sa sœur qu’une petite fille avait été chercher, arriva
« en disant: i m ’han die que la gli èra eiqui un Felsch ({)
« que parlava tou coum noû. Ce langage, comme on peut le
« voir par ces quelques mots, diffère si peu de celui des
« communes du val-St-Martin, que nous pouvions parfaite« ment nous entretenir ensemble. Mais, chose curieuse et
« surprenante, Pinache situé à un quart d’heure seulement de
U lâ, a un patois si mélangé d’allemand qu’il n’est presque plus
« intelligible. A Queyras et à Luzerne, il n’est resté de
des relations plus ou moins oiilcielles avec la plupart desËglises Evangéliques,
nous n’en ayons point avec celles de toutes qui devraient nous être les plus
chères !
Réd.
(i) Eux-mêmes sont appelés l^elsch par les Allemands qui donnent ce nom à
tous les Italiens.
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Vaudois que le nom. A Schoënberg, à Pelit-Villar et à
Grand-Villar où cependant il y avait dernièrement encore un
pasteur natif deBobi, Mr Mondon, l’allemand est la seule langue
qui soit comprise et parlée; tandis qu’à INordhausen qui
est une commune tout-à-fait isolée des autres, on rencontre
bien des personnes qui parlent allemand, français et
patois ».
« En voyant cette grande diversité dans le langage, on
serait porté à croire qu’il n’existe aucune relation entre
ces colonies........ Il n’en est pourtant pas ainsi: les habi
tants de ces différents villages se connaissent, et, dans leur
idée, il y a toujours plus d’honneur à s’allier entre vau
dois qu’avec des Allemands. Aussi vont-ils quelque fois
jusqu’à une distance de dix lieues chercher une compagne
vaudoise ».
(la fin prochainement)
D e Vtneage a e la ta n g u e fr a n e a is e g a n t te » V a llée»,
Que de personnes (et probablement est-ce le cas de toutes
celles qui n’ont pas fait de l’histoire des Vaudois une étude
un peu particulière) qui croyent que l’emploi de la langue
française dans les Vallées vaudoises est aussi ancien que cette
langue elle-même, et que, depuis le Roman dans lequel sont
écrits nos vieux documents, il n’en fut jamais parlé d’autre.
— C’est pourtant une erreur. Le français, loin d’avoir au
milieu de nous une existence très-ancienne, n’y fut introduit
que vers le milieu du xvii siècle, c’est-à-dire, depuis environ
200 ans, et voici à quelle occasion :
L’an 1630 , la peste qui alors ravageait toute l’Europe ,
fut si violente dans les Vallées que, non seulement beaucoup
de peuple, maistous les pasteurs, à l’exception de deux : Gilles,
l’historien d # T au d o is, et un autre de ses collègues, appelé
Gros,, moururent. « Il fallut alors, dit Léger, avoir recours
en France et surtout à Genève pour en avoir d’autres. Et au
lieu que jusqu’alors il n’y avait pas un seul pasteur qui n y
prêchât en italien, il fallut en recevoir avec actions de grâces
une dizaine qui ne prêchaient qu’en français ». Naturellement
pour être en état de les comprendre on dut s’appliquer' à
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—
78
—
leur langue, et voilà le français introduit et remplaçant peu
à peu l’ilalien, non seulement dans le culte, mais dans les
écoles et jusque dans les relations de la vie privée. Cette
transformation dut même s’effectuer avec assez de faeilité, car
tout la favorisait: les écoles italiennes étant fermées à nos
coréligionnaires, c’était vers les Académies de la Suisse ou de
la France qu’ils devaient se tourner pour recevoir quelqu’instruction ; nos pasteurs surtout n’avaient, comme ils n’ont
encore aujourd’hui que ce moyen de faire leurs études, et
l’étal d’isolement, auquel nous étions condamnés, nous fai
sait peu sentir le besoin d’une langue par le moyeu de laquelle
aucune de nos facultés ne trouvait à s’exercer.
Tel est le fait : fut-il un bien ? fut-il un mal ? — Nous
croyons, quant à nous, que, eu égard aux circonstances dans
lesquelles l’Église vaudoise s’est trouvée jusqu’à ce jour, il
fut un bien, nous disons même un grand bien.
Qu’on se représente, en effet, ce q u e , sous le rapport des
moyens d’édification, nous serions devenus, sans le secours de
la langue française, durant cette longue suite d’années, où
il n’était pas permis de publier en italien une seule ligne ,
dans le sens des doctrines évangéliques! Qu’on se représente
ce que nous serions devenus , séparés par la langue de tous
ceux avec lesquels nous étions en communion de croyances,
et par cette même langue confondus avec des populations qui,
non seulement ne partageaient pas nos convictions, mais qui
leur étaient hostiles ! Les circonstanees étant ce qu’elles étaient,
nos rapports avec l’Italie n’auraient-ils pas été pour nous des
rapports plutôt nuisibles qu’avantageux, et l’événement qui
nous arracha, pour ainsi dire, à ces rapporte, ne doit-il pas
être envisagé comme une de ces dispensations providentielles,
si nombreuses dans notre histoire, par lesquelles Dieu nous
donna en tout temps des preuves de sa paternelle protection ?
Maintenant (et c’est avec actions de grâces que nous le
reconnaissons) tout est bien changé. Après les^grands événe
ments qui viennent de se passer, non seuiemeiit en Italie ,
mais dans le reste de l’Europe, et quand ceux qui se préparent
encore seront accomplis, la position de la population vaudoise
ne sera plus la même, et rien par conséquent ne s’opposera
à ce que, sous le rapport de la langue, nous nous abandon
nions librement à nos instincts qui bien certainement ne sont
pas Français, mais Italieris...... Cela souffrira d’autant moins
7
— To
ile ililficullé que , dans celle position nouvelle, nos inslinets
liarmoniseronl de tout point avec nos .intérêts , aussi bien
qu'avec nos devoirs.
Nos intérêts en effet nous sollicitent très-fortement à l adoption de la langue italienne; car comment sans celle lan
gue, serons-nous mis en état de profiter des droits civils cl
politiques qui nous ont été accordés? Ces droits devant s’exercer
en pays Italien, ce n’est pas avec la langue française que
nous nous en assurerons la jouissance.
Mais le devoir, plus énergiquement que tout le reste, nous
pousse de ce côté. 11 n’en était pas ainsi quand la patrie mé
connaissant ses obligations à notre égard, nous excluait de
toute participation à ses affaires et nous défendait, pour
ainsi dire, de nous intéresser cà ses destinées. Mais maintenant
que la patrie, devenue pour nous aussi une mère, nous de
mande, comme à ses autres enfants, le concours de notre intelli
gence, de nos talents, de notre travail, de tout ce que nous avons
en vue de sa plus grande prospérité, nous refuser à quoi que ce
soit de ce qui pourrait rendre ce concours le plus efficace
possible, serait un véritable crime. — Or la langue n’est-clle
pas l’inslrumeot par excellence, par lequel notre action peut
se faire sentir au-dehors? et si nous voulons que cette action
s’exerce aussi complète et aussi salutaire que faire se peut,
la première condition n’esl-elle pas, que nous en rendions
l’instrument tout-à-fait familier ? — Le Synode a donc fait
une chose excellente en autorisant la Table à favoriser l’em
ploi de l’italien, soit dans les écoles, soit dans le culte, par
tout où la chose serait praticable; et la Table a montré
qu’elle comprenait la pensée du Synode en s’empressant d’ac
cepter les offres généreuses du constant bienfaiteur des Vaudois, le Major-Général Beckwith, d’envoyer en Toscane quatre
d’entre les professeurs et recteurs de notre collège pour pré
parer les voies à cette transformation, de laquelle datera
certainement une nouvelle phase de notre histoire.
I7m S a t A a t F «itM lo< s
Daniel T***‘ à la mémoire duquel ces lignes sont consacrées,
était depuis un certain nombre d’années commis dans une
maison de commerce à Turin, quand, en 1847 , la con
8
— 80 —
scription l’appela sous les drapeaux. A un âge et dans un
milieu où tant de jeunes gens ne rêvent que plaisirs et
voluptés, Daniel T**‘* nourissait en son cœur de tout autres
pensées. Le fragment suivant d’une lettre qu’il écrivait à l’un
de ses frères, au mois de mars 1845, nous montrera quelle
était à cette époque la nature de ses préoccupations.
« J’ai été longtemps avant de penser à ma fin, ni de considérer
« que j ’allais bientôt être appelé en jugement ; que j’étais chargé de
« souillures et de péchés, et que je devais bientôt en suhir la peine.
« Le Seigneur a commencé par me faire la grâce de me réveiller
« d’un long sommeil; mais lorsque j’eus connu dans quel danger
« j’étais, je ne savais comment l’éviter, comment fuir la colère à
« venir. J’étais tremblant devant la loi de Dieu...... car je cherchais
« à me sauver par mes œuvres. Mais Dieu m’a exaucé; car après
« que j’eus longtemps prié il m’a envoyé un ami, un frère ( le
« même qui te remettra cette lettre ) qui m’a montré que Jésus
« est mort pour mes péchés, et qu’en croyant en Lui, j’aurais la
« vie. Le Seigneur a daigné bénir ces paroles, et elles sont
M maintenant mon seul espoir de salut. Rends grâces à Dieu avec
« moi pour les biens qu’il m’a faits, et prions-le de se faire con« naître â tant d’autres pêcheurs qui ne le connaissent point eni< core. »
Ce fut dans ces dispositions que Daniel T***‘ partit pour
l’armée. Là comme au comptoir, sa conduite fut exemplaire;
et là comme au comptoir, il sut se concilier l’estime et
l ’affection de ses supérieurs, au point, qu’avant un an de
service, il était déjà parvenu au grade de sergent-fourrier.
Hélas ! sa carrière m ilitaire, si bien commencée , ne devait
pas être longue. Atteint comme tant d’autres de 1a fièvre,
sous les murs de Mantoue, dans ce mois d’août de funeste
mémoire, où notre armée dut battre si précipitamment eu
retraite, il put encore arriver jusqu’à Tortone. De là il écrivit à un de ses frères, l’informant de s(m état et le priant
d’aller le visiter. Mais quand celui-ci, parti en toute hâte ,
arriva , il n’était plus. Douloureux sacrifice pour son cœur
affectueux de mourir ainsi seul, loin de ses montagnes, loin
de tous ceux qu’il aimait ! Mais non, il n’était pas seul :
Celui en qui il avait cru était près de lui et ne l’abandonna
pas à cette heure suprême. Les promesses de sa Parole furent
la lampe qui dissipa, pour notre jeune ami, l ’obscurité de
la sombre vallée. Aussi longtemps que ses facultés le lui
permirent, il ne cessa de la lire, alternativement avec un
court recueil de cantiques, co'pié de sa main, qu’il portait
9
—
81
—
partout avec lui. Voici celui qu’en expirant il pressait encore
de ses mains défaillantes: nous ne pouvons résister au désir
de le transcrire, parcequ’ en même temps qu’il est une preuve
de la foi de notre jeune ami, il ôte à la mort toute sa
tristesse et la fait ressembler à un triomphe.
Je vais enfin quitter la terre;
Je vais enfin entrer aux Cieux.
Là tout est paix, tout est lumière
................................................................... (
1)
Des premiers nés, quelle assemblée !
Au milieu d'eux, règne l'Agneau.
Leur sainte ardeur est redoublée
Entendez-vous leur chant nouveau !
Ne pleurez pas sur moi, mes frères:
Je vais aussi crier : Victoire!
Soyez heureux de mon départ.
Et partager leurs saints transports ;
Loin du péché, loin des misères,
Je vais aussi, vêtu de gloire.
Je vais saisir la bonne part.
Unir ma voix à leurs accords.
L'aube s'en fuit: je vois l’aurore
Briller sur la sainte Cité.
Voici le jour!.... il vient d’éclore....
Mon âme, c’est l’Eternité !
Laissez-moi donc, pesantes chaînes !
Chair de péché, tombe et finis !
Travaux, douleurs, terrestres peines
C’est pour toujours que je vous fuis !
Quand la veille de sa mort, un prêtre vint pour lui ad
ministrer l’extrême-onction, notre ami avait depuis un jour
perdu entièrement la parole et ne put que par des signes
de tête exprimer son refus de cette cérémonie, mais le
prêtre insistant, l ’émotion que le mourant en éprouva fut
si forte, qu’elle lui redonna assez de voix pour faire en
tendre ces mots: « Lasciatemi in pace, non voglio farmi
cattolico«. Le prêtre alors le laissa; mais truand il fut mort,
au lieu de la sépulture honorable qui lui était due comme
soldat et comme citoyen, si le fanatisme ne permettait pas
qu’on la lui accordât comme chrétien, on ensevelit son ca
davre hors du cimetière, dans un champ, le long d’un
chemin! Pauvres aveugles! Heureux serez-vous si, au jour de
Jésus-Christ, vous pouvez avoir une place à côté de cet élu,
objet de vos mépris! — Quant à nous, s'il est un vœu que
nous formions, c’est que jiarmi nos jeunes frères, qui chaque
année sont appelés sous les drapeaux, il y en ait un grand
nombre qui y apporte les sentiments de celui que nous
regrettons. Alors le Roi sera fidèlement servi et Üieu sera
glorifié.
|i) Ce vers manquait dans le manuscrit.
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— 82 —
Mjavatet' et sa fetntne
Lavaler, dont le nom est écrit en tête de cet article, fut
|iaslcur à Zurich (Suisse) entre les années 1769 et 1801.
Un des savants les plus distingués de son siècle il en fut
aussi un des chrétiens les plus éminents et combattit vail
lamment pour J-C. dans ce temps où il fallait baucoup de
courage pour le confesser.
Dieu lui avait donné pour ce combat un puissant auxiliaire
dans l’humble compagne de sa vie, dont la piété égalait
pour le moins, si elle ne la surpassait, celle de son mari.
Le trait suivant que nous extrayons du Journal de Lavater
lui-même en est la preuve. Nous ne connaissons quant à nous,
sur l’influence sanctifiante et bénie de la femme chrétienne,
rien qui puisse valoir ce simple récit que nous recommandons
instamment à la méditation de toutes les femmes, mais
de cellcs-là particulièrement qui comme
Lavater, sont
appelées à partager la vie et les travaux du IVlinistre de J-C.
« A dîner, ma femme m’a demandé quel était le passage de
l’Ecriture que j’avais choisi pour aujourd’hui. — Une autre fois,'
chère amie, lui ai-je répondu, nous prierons et nous lirons en
semble le matin, et nous choisirons aussi notre passage en commun;
je me suis déjà adressé des reproches aujourd’hui de ce que nous
ne l’avons pas fait plus souvent. Mon passage d’aujourd’hui est:
Donne a celui qui te demande et ne te détourne point de celui qui
veut emprunter de toi. — Et comment faut-il comprendre cela? a-t-elle dit — A la lettre, ai-je répondu — A la lettre ? cela serait
étrange. — Au moins, chère femme, comme nous comprendrions
ces paroles si nous les entendions sortir de la bouche même de
Jésus. A ce que nous recevrions si nous l’entendions de sa bouehe,
nous devons le recevoir quand nous le lisons dans sa parole
écrite ........ Le maître m’ordonne de donner à celui qui me de
mande et de ne pas me détourner de celui qui veut emprunter
de moi. Aussi longtemps que je pourrai donner et prêter, je devrai
le faire envers celui qui ne possède rien ; ou en d’autres termes,
si j ’ai deux robes, je dois en donner une à celui qui n’en a point,
lors même qu’on ne me la demanderait pas et à plus forte raison
si on me la demande.
Cela me paraissait si clair que je l’exprimai avec une chaleur
inaccoutumée. Ma femme a répondu seulement qu’elle y réfléchi
rait. A peine m’étais-je levé de table qu’on m’a annoncé une femme
âgée. Je l’ai fait entrer dans ma chambre — « Pardonnez-moi, mon
bon Monsieur, pardonnez-moi je vous en supplie. Hélas! je n’ose
11
—
83
—
presque pas le dire; je dois payer le prix de mon loyer, et il
me manque encore six écus. J’ ai été malade tout un m ois,
et mon pauvre enfant ne se traîne encore qu’avec peine ; je mets
chaque écu de côté, mais j ’en prends Dieu à témoin, il me mancjuc
encore six écus, et il faut que je les aie aujourd’hui ou demain.
Ecoutez, mon bon Monsieur, (ici elle a tiré un paquet et le dépliant)
voici le psaume garni d’argent dont mon bienheureux défunt me
fit présent lorsque nous fûmes fiancés. C’est tout cc dont je puis
me passer, et véritablement je m’en sépare bien à regret; mais
je sais bien qu'il ne suffit pas, quoique j ’ ignore comment je
pourrai payer le reste. Ah ! mon cher Monsieur, ne sauriez-vous
pas m’aider? — Mon Dieu, ma bonne mère, ai-je répondu, je ne puis
vous aider, et en disant ces mots j ’ai fouillé, je crois, d’habitude,
dans mes poches, et tâté mon argent qui ne se montait pas à plus
de deux écus et demi. Cela ne suffirait pas, ai-je pensé, il faut
qu’elle ail la somme tout en tière, et quand même celle-ci lui ai
derait , j ’en ai besoin moi-même. « N’avez-vous point de protec
teur ou de tuteur qui pût vous donner cette bagatelle? » lui-dis-j? —
« Non, je n’ai personne, et je ne puis me résoudre à aller de
maison en maison ; je travaillerai plutôt toute la n u it. On m’a dit
que vous étiez si bon Monsieur. A la garde de D ieu, si vous
ne pouvez m’aider ; pardonnez-moi la peine que je vous ai causée.
Je verrai ce que je pourrai faire, le bon Dieu ne m’a jamais aban
donnée, et il ne commencera pas à me tourner le dos dans ma
soixante-seizième année ». Dans ce moment est entrée ma femme.
J’étais, ô cœur trompeur! j ’étais honteux et de mauvaise hu
meur, et je l’aurais volontiers renvoyée sous quelque prétexte,
car ma conscience murmurait doucement; Donne à celui qui le
demande, et ne te détourne point de celui qui veut emprunter de toi.
Ma femme me dit à l’ oreille avec un accent irrésistible: C’est
une femme honnête et pieuse, il est certain qu’elle vient d’être
malade ; aide-la si tu peux. — La honte, la jo ie , l’avarice, le dé
sir de secourir se succédaient dans mon âme avec la rapidité de
l’éclair. Je n’ai guère plus de deux écus, lui ai-je répondu tout
bas, et il lui en faut six. Je m’en vais donc lui donner cette
bagatelle et la laisser aller. Ma femme m’a pris la main à moiHiême, elle m’a souri doucement, m’a regardé d’un œil cares
sant, et sa bouche a répété ce que ma conscience me disait tout
bas : Donne à celui qui le demande, et ne te détourne point de celui
qui veut emprunter de toi. J’ai souri, et lui ai demandé malicieu
sement si elle voudrait ôter son anneau et le donner — « Avec
joie « a-t-elle dit en tirant l’anneau de son doigt. La bonne vieille
était l à , assez simple pour ne rien remarquer, ou assez discrète
pour n’en prendre pas le moindre avantage. Au moment où elle
allait sortir, ma femme l’ a appelée en la priant d’ attendre un
moment dehors. Est-ce sérieusement, ma femme, lui ai-je demandé,
que tu parles de donner ton anneau ? Bien séiieusement, a-t-elle
repris, je m’étonne que tu puisses me le demander. T ’imaginestu que je joue à la charité? Souviens-toi de ce que tu m’as dit
12
—
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dil il y a un quart d’heure ; je te supplie, ne fais pas de l’Evangile
une parade. Tu es bon à l’ordinaire, comment trouves-tu donc
tant de difficulté à aider cette pauvre femme ? Pourquoi ne lui
as-tu pas au moins donné ce que tu avais dans ta poche? ne
savais-tu pas que tu avais encore plus de six écus dans ton bu
reau, et que notre quartier arrive dans huit ou dix jours? — J’ai
embrassé ma femme, et une larme s’est échappée de mon œil :
Tu vaux bien mieux que moi, je te remercie, garde ton an
neau , je suis honteux........ et aussitôt me tournant vers mon
bureau, je pris ces six écus, et au moment où j’allais ouvrir la
porte pour appeler la veuve, j’ai été tout d’un coup saisi de la
pensée de mon entier oubli de Dieu, lorsque j’avais répondu;
Mon Dieu, je ne puis vous aider. O langue trompeuse ! ô cœur
trompeur ! « Voici ce que vous demandez » ai-je dit à la pauvre
femme. Elle n’a pas pan d’abord comprendre de quoi il s’agis
sait, elle croyait seulement recevoir un petit secours; puis elle
m’a baisé la main et est demeurée muette d’étonnement dès
qu’elle s’est aperçue qu’elle tenait la somme entière. « Mon
Dieu, comment vous remercier? Je ne puis pas seulement vous
le rendre, l’avez-vous compris? Je n’ai que ce pauvre livre de
psaumes, mais il est vieux — Gardez le livre et l’argent pour tou
jours , et remerciez Dieu et non pas moi ; car en vérité je ne
mérite point de remerciement, puisque j’ai tant hésité à vous
secourir. Allez-vous en à la garde de Dieu et n’ajoutez rien de
plus !I)
J’ai fermé la porte , et j’étais si honteux que j’osais à peine
regarder ma femme. « Cher ami, m’a-t-elle dit, ne t’afflige pas
d’avantage, tu as cédé tout de suite. Vois-tu mon bien-aimé, tant
que j’aurai au doigt un anneau d’or, et tu sais que j’en ai plu
sieurs, tu ne dois pas dire à une pauvre ame: je ne puis pas vous
secourir ». Je l’ai embrassée en pleurant et dès que j’ai été seul,
j’ai écrit ceci dans mon journal, afin d’humilier mon cœur.
Recherches su r le
JU ariat^M anc C^J
{suite et fin).
1“ Lorsque le marin-blanc a déjà infecté les vers-à-soie
dans les années précédentes, laisser fermenter une quantité un
peu considérable de foin dans les lieux où on les a tenus, ou
bien passer une main de chaux récemment éteinte, sur les
murs et même sur le sol de l’appartement, et avoir soin
également de bien laver et de faire même passer sur la flamme,
les planches et les différents ustensiles qui ont déjà servi
avant de les employer de nouveau.
4
(^i) Voir N ” a. page 29. et N® - P*B®
13
8!i
Eviter aulanl (jue possible de tenir les vers-à-soie dans
les lieux où le toit n’est pas suffisamment élevé par rapport
aux échaffaudages que l’on doit y construire; surtout lorsqu’il
11’) a autour de la maison aucun arbre dont l’ombre serve
à tempérer pendant les heures les plus chaudes de la journée,
l’action brûlante des rayons du soleil sur les ardoises (1), mais
|)rendro garde en même temps que les arbres dont on utilise
ainsi la fraîcheur, ne soient du nombre de ceux à l’abri des
quels l expérience démontre qu’il serait dangereux de se tenir,
tels que le noyer et l’acacia, par exemple.
5° Puisque le marin-blanc peut être attribué en partie
à un excès d humidité ou d’acide carboimique concentré dans
la maguanière et provenant du manque d’air, il serait imjiortant, toutes les fois qu’il n’existe pas de moyens plus simples
d obvier à cet inconvénient, de se ménager au-dessous du plancher
un vaste courant, avec lequel l’air de la chambre pût être
en communication à l’aide de quelques interstices laissées entre
les planches du sol, ou pratiquées tout exprès et à travers
lesquelles les miasmes putrides ainsi que les autres exhalai
sons pernicieuses plus pesantes que l’air, pussent aisément
passer, et tomber à mesure qu’ il s’en forme ; pendant
que l air pur et frais viendrait à son tour les remplacer constam
ment. Si pour des raisons particulières , cette précaution ne
(i) Un éducateur de vers^à^soie, de beaucoup d’experience, nous racontait il
n’y a pas longtemps l’anecdote suivante que nons rapportons à l’appui de ce
que nous conseillons ici: « J ’avais été invité par un de mes amis à visiter son
(( établissement infesté depuis plusieurs années consécutives du marin-blanc^
(( quoique auparavant jamais aucun symptôme de cette maladie ne s’y fut ma« oifesté. Je ne savais à quoi attribuer l’invasion subite de ce üéau et sur<( tout la persistance avec laquelle il continuait à sévir dans la magnanière.
» Rien n’avait été changé, ni dans la disposition intérieure de l’appartement,
U ni dans les soins que l’on avait précédemment donnés aux vers-à-soie, et
« déjà je m’en retournais sans avoir pu trouver aucune explication quelconque
(( du fait que j’avais été appelé à examiner, lorsque, au moment de sortir de
la cour, j’eus l’idée de prendre encore à part le ^ranger et de lui demander
si réellement, malgré ce qui m’avait été assuré jusque là et par lui et par
son maître, rien absolument n’avait été modî6é dans l’intérieur de l’<éta(( blisscment. -- Absolument rien, me dit-il, absolument rien^ mais voyez,
« depuis que mon maître a fait abattre ce bienheureux châtaignier qui
« se trouvait là tout près de nous, tout est allé de travers dans nos vers-à*
(( soie. Il ne m’en fallut pas davantage pour deviner quelle pouvait être la
<( cause du mal et en trouver bientôt le remède ».
Ces précautions, il est vrai, ne sufBsent pas toujours: il esl des années où
les chaleurs sont si excessives qu’il faut de toute nécessité que les parties
succombent, et surtout celles qui sont en retard. A ce mal il n’y a qü’un
remède; une éclosion aussi hktive que possible^ dùt-on en être réduit à nourrir
pendant quelques jours avec des bourgeons à peine développés. Ce serait une
perte sans dout^, mais bien petite ea ceuaparaison de celle que par là l’on
aurait chance d’éviter.
14
— 8G —
püiivail être employée et même avec cette précaution, nous con
seillerions encore de tenir dans chaque coin de l’établissement un
petit tas de charbon concassé que l’on aurait soin de remuer au
moins une fois par jour. Comme il est reconnu que rien n’est plus
propre que cette matière à absorber les miasmes putrides et
l’excédant de l’humidité de l’air dans les appartements, nous
sommes persuadés que non seulement les vers-à-soie, mais les
personnes mêmes qui sont appelées à les soigner en éprouve
raient de salutaires effets.
4“ Nous n’insisterons pas sur l’utilité de beaucoupd’autres moyens, depuis longtemps conseillés et en partie em
ployés parmi nous^ pour donner plus d’action à la cir
culation de l’air dans les appartemens et maintenir la sa
lubrité des étagères mêmes, tels que la précaution de tenir
les vers-à-soie, autant que possible, clair-semés, le délitement
fréquent, un espace plus considérable établi entre les différents
étages de l’échaffaudage, le soin d’arroser souvent le sol, sur
tout dans les grandes chaleurs, préférablement à l’emploi de
la feuille mouillée au moyen de laquelle on prétend quel
quefois rafraîchir les vers-à-soie, pendant que, au contraire
on les expose à périr ensuite par l’effet de l’humidité qui
pénètre dans la litière et les miasmes qui en proviennent; les
parfums, le feu, etc. Seulement nous ferons remarquer que
si tous ces moyens sont bons, ce n’est qu’autant néanmoins
qu’ils sont employés avec discernement, et que très-souvent
même ils peuvent devenir tout-à-fait nuisibles quand on y
a recours mal à propos. Nous ne saurions, par exemple,
trop blâmer le peu de soin qne l’on met chez nous à pra
tiquer des cheminées dans l’intérieur des magnanières pour y
maintenir le feu destiné à en épurer l’air, et l’habitude que
l’on a de boucher toutes les ouvertures possibles de la chambre
lorsque la touffe survient; dans le premier cas il est évident
q u ’on nuit presque autant à la santé des vers-à-soie par la
fumée presque continuelle à laquelle on les expose, qu’on
peut leur être utile par cette espèce de courant d’air (tou
jours moins régulier et moins continuel que celui d’une bonne
cheminée) qu’on s’efforce d’établir dans quelque coin de
la chambre; et dans le second, il est également certain que,
au lieu d’empécher, comme on devrait chercher à le faire,
l’humidité extérieure et les principes pernicieux que l’atmo
sphère contient, de pénétrer dans l’appartement, on en favo
15
—
8
/
—
lise au contraire I accès, et l’on en augmente, par là même,
1action.
Sur ce. point comme sur bien d’autres, nous le savons ,
bien des personnes auront de la peine à se ranger de
notre avis. 11 faudrait ne |)oint connaitre quels sont en tout
lieu, et 1a force des préjugés, et la puissance de l’habitude
pour nous flatter qu’il en fût autrement. Nous osons cepen
dant espérer (pie plus d’un de nos cultivateurs assez sage
l»our oser s’allranchir des lois d’une aveugle routine, voudra
bien consentir ù soumettre nos avis à l’épreuve de l’expé
rience; et cette prétention nous parait d’autant plus légitime
que nous tenons à déclarer ici que la plupart de nos assertions
s’accordent parfaitement avec le sentiment de plusieurs auteurs
judicieux qui se sont occupi*s du meme objet, et parmi les(piels nous mettons en première ligne Mr J. M. Robert, dont
les savantes recbcrclies publiées l’année passée dans le Courrier
(le Marseille, nous ont beaucoup servi.
PEiVSEESi ECOnfOlVllQlJES
extt'aitem <fe B e iija ïu in f r a n k l i n
— Si un homme ne sait pas épargner à mesure qu’il ga
gne, il mourra sans avoir un sou après avoir été toute sa
vie collé sur son ouvrage. Plus la cuisine est grasse, plus le
leslamenl est maigre; et si vous vous voulez être riche, n’ap
prenez pas seulement comment on gagne, apprenez aussi
comment on ménage.
— Renoncez à vos folies dispendieuses, et vous aurez
moins à vous plaindre de la dureté des temps, de la pesanteur
des impôts et des charges de vos maisons, car, comme dit
le bonhomme Richard, il en coûte plus cher pour entretenir
un vice, que pour élever deux enfants.
— Un peu répété plusieurs fois fait beaucoup. Soyez en
garde contre les petites dépenses.
— Si bon marché que vous paraissent les objets qui ne
vous sont pas nécessaires, ils seront toujours trop chers pour
vous. Réfléchis toujours avant de profiter d’un bon marché;
car si lu achètes ce qui est superflu pour toi, tu ne tarderas
pas à vendre ce qui l’est le plus nécessaire. J ’ai vu quantité
de gens ruinés pour avoir fait de bms marchés.
16
88
ir O V V E tjK ^ B S HÆ!Æ,MeiMJEUSÆS
V allées V audoises La Table vient iTauloriser l’envoi en Toscane de
quatre d’entre les professeurs et recleurs de notre Collège MM. Malan,
Meille, Gay et Tron, dans le but de s’y perfectionner dans la connais
sance de l’italien, et par les mesures que la Table jugera les plus
convenables, de préparer les voies à l’introduction de cette langue dans
nos écoles.
Rome. Le Pape ^ publié il ^n’y a pas longtemps un décret de canoni
sation du Père Claves de l'ordre des Jésuites. Dans sa réponse au
Père Postulateur, il s’est plaiôt,,de l'introduction du protestantisme dans
toute l’Italie et dans Rome même.
F kance . Synode des Églises réformées: L’opinion qui voulait que la
question d'une confession ou profession de foi fût réservée, c’est-à-dire,
renvoyée à d’autres temps l’a emporté à une tres-grande majorité. Après ce
vôte deuji Comissions ont été nommées ; l’ une pour rédiger un projet
d’organisation pour l'Église ; l’autre pour rédiger un projet d’adresse
aux. Églises, comme préambule à mettre en tête de son projet d’ or
ganisation. Chacune de ces commissions a rendu son travail. Le pro
jet d’ organisation se discutant maintenant, nous renvoyons à la
fin de la discussion de le faire connaître à nos lecteurs. Le projet d’a
dresse aux Églises lequel a été voté sans discussion, contient d’excel
lentes choses, contient des paroles fort belles et tout-à-fait chrétiennes
et qui eussent peut-être suffi sans les négations de toute espèce dont
elles avaient été précédées, non seulement dans le Synode, mais avant,
cl non seulement de vive voix, mais dans des écrits. Mais les circon
stances étant ce qu’elles sont, nous ne pouvons nous empêcher de re
gretter de tout notre cœur que le Synode se soit ainsi arrêté à moitié
chemin. Les positions équivoques ne valent rien pour personne, et elles
sont d’nn pauvre profit à la vérité. Puisse le désir de conserver l’union
n’avoir pas été payé trop cher par une partie de l’assemblée!
A ngleterre . Mr Thomas Buttler, prêtre catholique à Liverpool, auteur de
plusieurs ouvrages de controverse contre le Protestantisme, vient d’abjurer
le Catholicisme pour entrer dans l’Église Anglicanne. Cette conversion
a produit une certaine sensation.
Le Gérant: J" REVEL.
Ce Journal paraît le premier Jeudi de chaque mois, par livraisons de i6 pages in 8°
Prix de l’abonnemeat franco-frontière, a fr. 5o c.
Pour les abonnements et les réclamations, s’adresser au bureau do Journal, à
La Tour, vallées vaudoises. Le^res et envois franco.
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Pigneiol i8^8. Imprimerie de Paul Ghighetti.