1
Année Huitième.
PRIX D'ABBOMNEMENT PAR AN;
Uaiic . .. Ì.
To-U8 les pays de rUinon
de poste ...»
Amérique ...»
Ou s'eboniie :
i'i<>ur l'huérieur
pasteurs et les
Torre 'Pellice.
Pour ï’i?içièrt,eMriiu Bureau d'Ad
mioUti acioD.
N. U.
7 Avril 1882
I llü ou plusieurs rjuméres sépiI îés» demandés avaoi U -tirage iO ueût d>acu».
.A nnonce s : 25 c enti ni e« par 1 i gne.
I.es envois d'firoeni se font par
lettre recotnimindee ou par
f tnanctais sur le Bureau de/V-.
rosa Argentin-a.
^'o^lr ia RÉDACTION adresser
J ainsi : A la'DjfeCiiolii du -reTirow»
Pomaretto (Pinerolo) Italie.
iPoür I’ADMINISTRATION adreaI serainsi; A rAdministration du
I Témoi»i/Pomâfet6o vPînàfwIfeJ
I Italie.
LE TEMOIN
ËCHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Yotts ii-u! aerei tétnoins. AcfBS ], S.
îSofiiiuaii'o.
7 Avril. — Correspondance. ~ A propos
(lu projnt (le I.ilurgic. — Quelques noies
sur rhisloiro des Communauiés du ValI.usei^no (Pétis). — yomclles religieuses.
Ohr&nique vaudoise. — Revue polilîque.
i^iAiiiiouce.
U'-l
7 A.vril.
Esuïü I.UT.
Bienheureux est le rainistre de
l’Evangile qui jamais n’a dû répéter
avec un douloureux élonnemenl la
parole du prophète: « Qui esi-œ
qui a cru à notre prédication? »
Sans doute il faut pour cela que
le bras de l’Eternel se manifeste à
ceux , et en ceux qui renlendenl :
« nul ne vient à moi, m le Père
qui m’a envoyé ne l’attire », a dit
le Sauveiir cl pendant qu’il invilail
avec une si tendre compassion les
pécheurs à venir à lut, il a dû plus
d’une fois manifester, lui aussi, son
élonnemenl de l’incrédulité et son
indignation de l’endurcissement que
l’on opposait à ses appels pressants,
— Quinconque a sondé son propre
ÎU'Uani la vérité avec lu charité. Kr. î ^15,
cœur, en même temps que les voies
par lesquelles le Seigneur l’a anaené
à lui, malgré ses résislauces, n’aura
aucune peine à comprendre que
l’Evangile ne dise pas comme un
fameux général romain : je suis venu,
f ai m, f ai vaincu. s
Si la bomne nouvelle proclamée
par la bouche divine de Celui qui
parlait, comme jamais homme n’avait parlé, ne parvenait pas toujours
ni à convaincre les intelligences, ni
à gagner les cœurs, les disciples
lie doivent pas avoir la prétention
d’être plus puissants que le maître
lui-même , eux qui, dans le meilleur des cas, sont environnés de tant
de iaiblesses, et d’imperfections !
Pleins de confiance dans sa parole
il ne se lasseront donc pas de jeter
le filet et de semer la bonne «emence qui leur a été confiée, résignés, s’il le faut, à ce qu’un autre
moissonne après eux là où ils auront semé péniblement mais avec
foi.
Si l’infirmité de l’ouvrier et l'incrédulité universelle de l'horome expliquent surabondamment la lenteur
2
400.
des progrès de l’Evangile dans le
monde, el tout parlieulièremerit chez
les nations payennes auxquelles il
a été apporté, nous pensons qu’il
y a, au sein des Eglises chrétiennes
de toutes dénominations, qui sont
pourvues, même abondamment, du
ministère de la parole, et où la vie
chrétienne va s’éteignant plutôt que
d’augmenter, une cause particulière
et puissante d’affaiblissement spirituel, expliquant en même temps Tinsuffisance de la prédication. Voici
ce que nous voulons dire, .
il nous est quelque fois arrivé
d’entendre parler avec une éloquence
émue et avec des images admirablement choisies, de Jésus, le grand
prophète de Nazareth , de Tardent
ami des pécheurs, du modèle inimitable, rfuoique proposé à notre
imitation, de patience inaltérable, de
douceur surhumaine, d’humilité, de
brûlante charité, envoyé au monde
pour révéler aux hommes la vérité
aussi bien que la sainteté, également
obscurcies et souillées par le péché,
leur montrant le chemin du Ciel et
y marchant devant eux. — Tout
cela était très beau, mais avant d’en
jouir sait.s réserve, nous attendions
quelque chose qui ne venait pas,
non pas même par allusion. Ce quelque chose, sans lequel les plus merveilleuses pièces d’éloqueqce ne sont
pour nous que comme Tairain qui
résonne, c’est ce que nous lisons
dans cet admirable chapitre lui
d’Esaïe, particulièrement au v. 5:
« Or il était navré pour nos forfaits, et froissé pour nos inhpntés:
l’amende qui nous apporte la paix
a été sur lui, et par sa meurtrissure, nous avons la guérison s. —
Voilà l’Evangile qui repousse, ou qui
subjugue, amenant loule pensée cap
tive à l’obéissance de la foi. —
Coupables nous devrions être battus,
débiteurs nous devrions payer celte
dette qui nous entraînait dans Tabîme. — Le saint el le juste, le
Fils bien-aimé du Père s’est mis
à noire place, s’est chargé de la
malédiction qui pesait sur nous ; il
a été balln, navré el meurtri à notre
place; en un mol, il a été la vicctime de propitiation pour nos péchés. — Nous voulons bien qu'on
nous présente le Messie comme le
plus beau (moralement) de tous les
fils dos hommes, qu’on adore el
qu’oii exalte son immense charité;
mais un christianisme où manque
le sang de l’agneau de Dieu qui
ôte les péchés du monde, demeurera éternellement une doctrjne impuissante à remuer la conscience ,
à faire trembler le pécheur, à T|iumilier à sàlul, à le jeter sans réserve dans les bras d’un Sauveur
parfait, à remplir son cœur de paix
de reconnaissance et de joie. —
Partout où l'on travaille à abolir le
scandale de la croix, c’est en vain
que Ton attend une seule conversion
véritable.
Béni soit Dieu de ce que, sans
une seule exception, du haut de
toutes nos chaires, c’est Jésus-Christ
crucifié qui est annoncé aux pécheurs , Christ livré pour nos offenses, ressuscité pour notre justification. Et si, en ce jour doublement
solennel, les assemblées qui se presseront dans nos temples se>ont invitées à s’humilier dans le*senlimenl
de leur grande indignité, c’est encore au Sauveur crucifié qu’elles
seront pressées d’aller pour obtenir
une nouvelle et plus abondante part
à Teflicace de son sacrifice.
3
... '
(iTorrcopnbiincc
La lettre suivante est vieille de six
semaines et nous en avons une seconde qui n’est pas beaucoup plus
jeune. U serait oiseux d’expliquer
comment nous les avons gardées si
longtemps en portefeuille. Nous avons
été puni de ce retard involontaire,
en ce que, notre ami ne nous a plus
donné depuis , aucun signe de vie.
Mais comme il n’est pas rancunier et
qu’il sait mieux que personne ce qui
nous a empêché de publier plus tôt
ces deux lettres, nous sommes persuadé qu’il profitera avec plaisir de
quelqu’une de ces bonnes journées
de pluie qu’Avril va nous donner
pour s’entretenir un peu avec les lecteurs du Témoin.
. . . It; Ifl î‘-'vrii.’i- i^S-Î
Mon cher Directeur,
Il y a, dans notre petit monde, autant de préjugés , d’erreurs populaires et de croyances superstitieuses que
dans les mondes beaucoup plus vastes
dont nous entendons quelque fois
parler ; tout comme lors qu’on y
regarde de très près, on découvre
chez les populations, comparativement
simples, de nos campagnes, les mêmes passions qui se montrent ailleurs
avec plus de violence. Qu’on les prenne
où l’on veut, le cœnr d’un homme
répond à celui d’un autre homme.
J’ai lu dans un livre une expression
que j’avais très souvent entendue autour de moi, et une ou deux Ibi.s, tors
d’un service funèbre. « Cet enfant, ce
jeune homme, celle jeune fille, cette
personne enfin, que la mort vient de
moissonner, élaii trop bonne, ou trop
belle- pour notre monde itouillé ; te
Seigneur en avait besoin et nous l’a
reprise -n. — Cette manière de s’exprimer au sujet d’un mort m’a déplu
dès le coramenceraenl, sans que j’eusse
pu rendre compte de ma répugnance,
et il m’a fallu y réfléchir longtemps
et consulter soit quelques amis, soit
sui tout ma Bible, avant d’arriver au
clair , comme je le suis maintenant
et d’oser exprimer librement mon
opinion à ce sujet.
Il n’est pas nécessaire d’être savant
théologien pour découvrir dans les paroles que j’ai rappelées ci-dessus plusieurs erreurs très graves qu’il faut
travailler à déraciner, an lieu de
s’employer à les maintenir.
C’est une erreur de croire et
d’enseigner que le Seigneur a besoin pour un service quelconque, dans
le ciel, de quelqu’une de ses créatures , ni môme de quelqu’un des rachetés qui sont sur la terre. ÎG’est ici
bas que s’accomplit leur service raisonnable , volontaire et obligé à la
Ibis : à la mort, ils enlrent dans leur
repos. Il me semble que l’on devrait
moins parler de ces tendres fleurs
que le jardinier céleste vient cueillir
à peine écloses, dans nos jardins terrestres, pour les transplanter dans le
sien; comme s’il voulait pour lui seul
tout ce qu’il y a de beau et de bon
dans sa création.
2" C’est une crroiir tout aussi évident de croire qu’une personne éiaii
trop bonne pour ce monde et que c’est
pour cela que le Seigneur l’a rappe*
lée. Sans m’arrêter a ce qu’il y a
d’absurde dans l’idée que quelqu’un
sur la terre peut être trop bon, ou
même simplement bon, «( nn seul est
bon, c’est Dieu », la Bible me parait
enseigner d’un boni à l’aulre et avec
une parfaite évidence, que lorsque
Dieu rend bon un homme, c’est tout
d’abord pour qu’il Tassc luii'e sa bonté
‘ sur la terre, et parmi les antres hommes ,1e crois bien que Dieu pourrait,
s’il le voulait, retirer à lui un mort
aussitôt après qu’il l’a rendu vivant,
et répéter ce miracle un nombre infini de fois. — Mais il ne parait pas
qu’il le veuille aujourd’hui plus qu’il
ne l’a voulu dairs les temps anciens.
Il serait au moins étonnanl que le
Sauveur eût dit à ses disciples qu’ils
étaient le .sel de la terre, la lumière
du monde , après les avoir salés
du Saint-Esprit et illuminés intérieurement pour connaître et aimer la
vérité , il les avait repris à lui pareeque « le monde n’en était pas di-
4
..m'
gne *. N’est-il pas beaucoup plus simple, plus raisonnable et plus vrai de
dire, oue si une personne est réellemenl nonne, c’est la meilleure des
raisons pour qu’il la laisse le plus
longtemps possible dans le monde
mauvaisi Car que deviendrait ce
monde corrompu si les méchants et
les impies y restaient seul ?
3® Que ce qui est beau n’ait pas
place dans ce monde perverti et défiguré par le péché, c’est encore une déplorable erreur. Parmi tant de choses
laides qui sont l’œuvre de l’homme,
tant d’empreintes ignobles que la corruption a gravées sur les traits du
visage, les membres du corps, la démarche deses esclaves,n’est-il pas consolant de pouvoir reposer la vue sur
des objets véritablement beaux?. Et
si à la Éeauté extérieure, qui recouvre
souvent la laideur morale , s’unit la
beauté de l’âme, n’est-ce pas un spectacle que la bonté du Seigneur accorde quelque lois à ses élus pour
réjouir leurs yeux et leurs cœurs?
— J’ignore s’il y a des hommes qui
soient insensibles à la beauté ; je suis
plutôt porté à croire que le Créateur
en a placé le goût en chacun de nous,
et que l’amour du beau est très proche parent de l’amour du bon. Pour
moi j’éprouve un vif besoin de rencontrer l’un et l’autre sur mon chemin et je considérerais comme une
offense à la sagesse et à la bonté de
Dieu d’admettre qu’il est jaloux de
nous et nous ravit impitoyablement
tout ce qui dépasse en bonté 'et en
beauté la généralité des êtres qui
nous entourent. Et s’il ne le fait pas
gardons-nous de le lui allcibuer.
Votre dévoué Jacques.
P
A prn|ios du projet de Liliirgie
< S’ils se taisent, les pierres parleront ». Cette parole du Seigneur,
(Luc. XIX, 40) s’est d’elle même présentée à notre esprit, en lisant, dans
le N. \\ du Témoin, l’article de monsieur Armand-Hugon, notre zélé pasteur du Rosario, intilulé : Une ooser
vation à propos du projet de Liturgie.
Non que l’idée ait pu nous venir d’échanger M. Armand llugon pour une
pierre (quoique la remarquable fermeté et énergie qu’il déploie dans
l’accomplissement de sa grande tâche
lui mérite bien quelque peu ce titre);
mais, en voyant ces observations sur
le projet de Liturgie — demandées ,
en vain jusqu’ici, soit à nos anciennes paroisses des Vallées, soit à nos
stations d’Evangélisation en Italie, —
nous arriver du fond de la république
de l’Uruguay, nous n’avons pu retenir
celle exclamation : « ceux qui auraient
dû parler les premiers se taisent,
patience ! mais « les pierres, » c'està-dire, dans ce cas , ceux de qui on
l’aurait le moins attendu «parlent, »
et c’est tant mieux! Qui sait que
l’exemple nous venant de si loin ne
nous erneuve à jalousie, et qu’une
chose, comme la Liturgie, qui, plus
que beaucoup d’autres , doit être
l’œuvre de tous , n’obtienne enfin,
de notre part aussi, un peu de l’intérêt dont die est digne ! »
Et maintenant, de ces impre.ssions
qui sont le secondaire, passant à l’essentiel, aux observations qui les ont
produites, nos lecteurs se souviendront
q u’e 1 les po rient exclus i v e m enl su r deu x
points relatifs à l’administration, l’un
du Baptême, l’autre de la Sainte-Cène.
A Vadministration, disons-nous, car
quant an formulaire en lui-même il
n’est nullement en question dans les
observations de M. Armand-Uugon.
Ce que notre frère critique, pour
ce qui a trait au Baptême, — c’est
la rubrique, et tout spécialement cette
partie qui porte que, « le baptême,
sauf des circonstances exceptionnelles,
devra être administré au temple, pendant une assemblée de culte, afin qne
cette fonction soit, de la part des
parents, un témoignage public de leur
foi au Seigneur Jésus et de leur désir
que cette foi soit un jour celle de
leur enfant; et pour l’Eglise une oc
casion de s’édifier et d’unir ses prières
à celles qui sont présentées à Dieu,
à celte occasion ».
Cette rubrique fait l’effet â;M. Hugon
d’une entrave à la liberté du pasteur
5
...,109-^....
qui, dans tello eirconslancfi donnée,
peut juger plus utile, que si elle était
laite au temple même, la célébration
du baptême « réunissant, dans une
maison particulière des personnes
étrangères à l’Eglise, et qui, à cette
occasion , écoutent la prédication de
la vérité, * ou encore «la célébration
de ces baptêmes, qui se font avec le
plus grand recueillenient, quoique
dans une maison particulière, et qui
sont accotnpapés de ta leclui'c et de
l’explication de la Parole de Dieu ,
et souvent même du chant ». Et pareeque la rubrique parle de « circonstances exceptionnelle.s » dans les quelles il est l'ucullatii' au pasteur de
contrevenir à la règle, M. Hugon
parle « d’obligation imposée aux pasteurs de procéder, chaque fois qu’il
s’agit de baptiser un enfant à la maison , :’t une investigation mimitieuse
pour s’assurer ■» si ces t circonstances
exceptionnelles » existent réellement,
on si elles ne sont qu’un prétexte.
Mais que notre frère nous permette
de lui dire que les difficultés contre
les quelles il se bat, c’est lui-même
qui se les est créées.
Éa seule chose à la quelle vise la
rubrique critiquée par M. Jlugon,
c’est, — en çonformité du § 83 des
Actes du Synode de 1878, — de remédier, pour autant que faire se
pourra, à ce désordre qui tendait à
se généraliser dans nos paroisses, du
Baptême célébré par tout ailleurs
qu’au temple et au sein de l’assemblée
des fidèles, et cela sans aucun motif
valable de^Ja part de ceux qui agissaient de cette manière; au.contraire
pour les motifs le.s plus futiles.
Quant aux « circonstances exceptionnelles ïi qui autorisent le pasteur à
tolérer une contravention à la règle, il
ne nous semble pas qu’elles exigent,
dans aucun cas, de sa part, cette « investigation minutieuse > dont parle
monsieur Hugon, et ne lui impose pas
une responsamililé au dessus de ses
forces, en lui en laissant le jugenoent.
L’homme, en effet, qui, par la nature
même de sa charge, est dans le cas
de devoii’ sc prononcer sur tant d«
questions bien autrement importâmes
et délicates, ne le sera-t-il pas, pour
Line question, à tout prendre, aussi
secondaire que celle dont il s’agit?
Toutes les fois donc que notre frère,
dan.s ses courses à cheval, à travers
les steppes du Parana, croira devoir
célébrer un baptême, plutôt qu’au
temple et en un jour de dimanche,
dans une école, s’il y en a une, ou
dans une, maison particulière, s’il n’y
en a nas, et un jour sur semaine,
qu’il le fasse en toute tranquillité de
conscience: l’idée ne viendra à personne et à celui qui écrit ces lignes
moins qu’à quiconque, qu’il foule aux
pieds, en faisant cela, l’ordre établi, et
qu’il est en conséquence à reprendre.
Et ce que nous disons pour moli
sieur Hugon, nous le disons pour tous
nos pasteurs ou évangélistes qui se
trouveraient dans un cas anâlogue
au sien. Que la règle soit là rè^le,
et que la contravention à la règle
soit réellement l'exception, ei encore
une exception réclamée par les circonstances, c’est tout ce que nous
demandons, et tout ce que revendique la rubrique incriminée.
Dans un prochain article, nous répondrons aux observations de monsieur Hugon , relatives à certains
détails de la célébration de la SainteCène.
QtlKLQUES KOTËS
sur l'hisloire des Gnnimuoaiiléji
du \'al-Lus«ri|c (l’élis)
11.
Roba.
11 y eut à cette époque, comme
partout dans nos Vallées, plusieurs
martyrs dont Léger nous a conservé
les noms. Citons seulement celui de
Jacques Honé, maître d’école, homme
rempli de zèle et doué d’une grande
piété. Après l’avoir mis nu comme
un ver, on lui fit des trous aux
mains, aux pieds, aux oreilles, on
lui mit une corde autour du ventre
pour le traîner sur la place de Luserne. Tandisqiie les soldats le frappaient ; ils lui disait : e ben barbet
6
aio
anderes-lu a la messa ? el lui répondait constamment più prest la mort
que la messa. Enfin arrive un massacreur des plus signalés, mii en le
voyant s’écrie: a mi a mihuminist
de Rorà, et il acheva de le tuer, puis
il fut traîné jusques sur le pont de
La Tour, et jeté dans la rivière,
Vers la nn-juillel 4663, le comte
de St. Damian sortit de Luserne à la
tête de quinze cent hommes, afin de
venir s’emparer de Rorà. Quinze Vaudois et huit français défendaient la
petite commune. « Ils luttèrent penuant six heures, et furent tons taillés
en pièces, sauf un seul qui fut fait
prisonnier ».
En 1686, sur 205 individus, 112
moururent en prison, 88 sortirent du
pays, 5 furent enlevés ou disparurent,
un certain nombre aussi céda et consentit d’aller à messe. Barthélemi
Salvageot en nous racontant ses propres vicissitudes et ce qu’il avait vu,
nous fait assister à la désolation de
nos Vallées en ces temps malheureux.
Par le moyen d’un certain Marlina
de Lusernetle, il s’était rendu prisonnier volontaire, il avait fait appeler
à ldi sa femme et sa fille, et avait
pour compagnons de captivité de la
commune de Rorà Louis Tourn et sa
femme, Barthélemi Ruel, sa femme
et sa fille, Jacques Bergiron et sa
femme, Daniel Rivoire, Joseph Pelenc,
Jean Tourn, Pierre Mondon et Louis
Durand, De ces douze, dix moururent
en prison, Daniel Rivoire leur survécut et en apporta les nouvelles.
M. Muston a publié presqu’en entier
les mémoires de Barthélemi .Salvageot (1).
Pendant l’exil , Rorà était peuplé
par treize familles venues du dehors
et quelques catliolisés.
Au mois de septembre 1689, le
petit camp volant de quarante, qualrc
Vaudois, se rendit aussi à Rorà , y
tua plus de .30 personnes, renversa
0^ A la page ofifi, lignes iî à Tume n,
il doii y «voir une erreur, car U copie du
miiuuacrit quo nuns avons, clil tout simpiement : non si poteva avere paglia per denari,
tntli qüfllt cho si fiiceviDi uftvici fliveniarono i/ti»
mici e ctiaì. facero vedere la ¡oro crudeltà.
l’église, brûla toutes les maisons,
même les forges.
Au mois d’Aoûl 1690, cinq cents
Vaudois se réunissaient sur les hau
teurs de Rorà, sous la conduite du
chevalier Vercelli, pour aller s’emparer du fort St. Michel et de Luserne,
alors au pouvoir des français.
Dans la seconde moitié de juillet
1706, Victor Âmédée II, celui-là même
qui avait persécuté les Vaudois, étant
battu par les français, se retirait
dans nos Vallées. Il monta jusqu’à
Rorà et logea chez la famille Dui’andCanton. La tradition rapporte qu’il y
avait alors une question à propos dë
remplacement du cimetière. Les Canton profilèrent de la présence du duc
pour lui demander l’antorisâtfion d’ensevelir leurs morts dans leur jardin(1i)i
Le duc la leur accorda et leur laissa
en outre en souvenir une coupe et
une cuillère en argent. Ils jouissent
encore de leur privilège. Le 14 février
derniier, l’on y ensevelissait un vieillard de quatre-vingt douze ans. Peu
de jours avant sa mort, quelqu’un
lui demandait: « Y avait-il des personnes converties au temps de Vdlrti’
jeunesse? Il répondit; s Je n’avais
jamais entendu parler de conversion
jusqu’au temps où M‘' A. Blanc vint '
tenir des réunions à Rorà ». Je lui
demandai : qu’est-ce que se cqpivertir?
Il me répondit : n Convertissez-vous
et vous saurez ce que c’est».
La fin du siècle dernier et le commencement de celui-ci ont été marqués par quelques cas de catholicisation, entr’autres par celui dUin Tourn
devenu prêtre et qui a exercé longtemps son office à Rioclaret. Nous
avons entendu dernièrement une anecdote assez curieuse au sujet
de Vaudois passés au catholicisme.
Un prêtre rencontrant l’un d’eux lui
dit ; « pourquoi ne viens-tu pas à
messe? — .le suis boiteux. — Achètetoi un àne (una hestia). — Je n’ai
pas de foin , et la pauvre bête mourrait de faim. D’autre part il disait à
ses voisins : « laissez-moi encore lire
;,r !>û ]jarlie du juvilin, devenue cinitilii'rr
nicsiHH 18 niî'tres de longueur sur 8,ôi) de
largeur.
7
un
une fois dans le livre dru ». La messe
ne contenait aucune nourriture pour
son âme, il regrettait les « parcs herbeux » de la Bible.
liouocUcd reÜ^ieuoeô
Itaue. — Lundi prochain, 10 courant s’ouvrira à Rora, la 14'^ Conférence du Val-Peilice; elle se continuera
le mardi â 9 heures du matin. Le
sujet est le suivant:Lesjetmes membres
de l’Eglise.
— La 4“’''' année de « VAnnuario
» Evanaelico ad uso dei ministri e dei
» membri delle Chiese Evangeliche
» d’itaiia », vient de paraître, sous le
patronage cette fois de la Société des
(traités religieux de Florence, en jolie
brochure de 56 pages, et pour le prix
de cent. 50.
— La Société des Traités religieux
de Florence, : a imprimé, dans le courant de 1881, et en sus de scs deux
jourhaux, rjtoiia Evangelim et Tiimieo dei fanàuUi, de la Slrenna et
de VAlmemàeeo di casa 202,000 ex. de
livres, et trSilés divers et a encaissé,
de la vente de ces mêmes publications, la somme de fr. 28.929,18, supérieure de 4280,98 à celle de l’année
précédente.
— A Ferrara, le lieu de réunion
des Fratelli a été l’objet d’une dévastation complète, à la tête de laquelle
se trouvait un certain nombre déjeunes gens du gymnase communal. La
fréquentation ne ce culte par ,un de
leurs professeurs paraît avoir été la
cause de cette indécente manifestation.
France. — Ce que nous faisions
pressentir, il y a quelques semaines,
quant à TEglise Réformée de Paris,
e.st maintenant un fait accompli. Le
décret présidential portant le fractionnement de la paroisse unique de Paris,
en 8 paroisses distinctes, ayant pour
centre comme paroisse consistoriale
celle de l’Oratoire, a paru au Journat
officiel du 25 nàars; C’est une grande
victoire pour le parti libéral, à qui
cette mesure offre beaucoup plus de
chances, surtout grâces au vent qui
souffle, de peupler de ses partisans
les Conseils d’Eglise et arriver par
là à reconquérir les chaires desquelles,
depuis des années, il aurait été complètement exclus.
Réussira-t-il dans ses projets ? C’est
ce que diront, en partie du moins,
les élections des 8 Conseils presbytériaux et du Consistoire, qu’on suppose
devoir se faire dans les premiers
jours de mai. Ce qui est fort douteux
c’est que la mesure arbitraire au premier chef, que vient de prendre le
Gouvernement, soit de nature à rendre
la paix à cette Eglise.
Ce même décret porte la constitution en une nouvelle Consistoriale ,
ayant pour siège Versailles, des différentes paroisses de la banlieue, auparavant rattachées à la Consistoriale
de Paris.
Suisse. — Population de la Suisse
au point de vue religieux. D’apres le
récensement fédéral de dSSO, il y aurait en Suisse sur une population de
2.507.170 habitants : 1.476.982 protestants, c’est-à-dire, environ 58 0io;
1.023 430 catholiques, c’est-à-dire à
peuprès 40 0|o; 0-866 individus appartenant à d’autres confessions chrétienhés ét 4 216 Israélites.
Pour le canton de Genève en particulier, sur une population de 101
mille et .595 habitants, le récensement donnait : protestants 49.359 ;
catholiques 51.557 ; appartenant à
d’autres confessionschréliennes 1.017;
israélites 662.
iSKroniquc ©nuboiec
La Société d’Hisloife Vaudoise est
convoquée en Assemblée annuelle à
la Tour, dans la salle dite du Synode
te jeudi 13 avril prochain à 3 heures
précises de l’après-midi.
L’Ordre du jour qui a déjà été publié dans le N. 6 au Témain est le
suivant :
a) Rapport du Bureau sur sa
gestion ;
b) Discussion et adoption éventuelle du projet préparé par le bureau.
8
c) Examen de propositions, s’il y
en a, qui aient été préalablement présentées au bureau.
d) Acceptation de nouveaux membres.
e) Budget.
f) Nomination du Bureau.
N.B. Ne seront admis à voter que
les membres qui auront payé leur
contribution. Le Bureau.
UC politi que
Les Chambres s’étant pris dix-buit
jours de vacances, les nouvelles poli•tiipes sont peu importantes.
Pajorme a célébré le sixième centenaire des vêpres siçiliens. Tout s’est
passé jusqu’ici dans l’ordre le,plus
parfait, malgré les fouies acconrues
de toutes les parties de l’ile et du
continent. — Garibaldi a voulu assister à celte fêle. Il a été reçu d’une
manière presque royale par les autorités et les corporations ouvrières.
On à eli soin, para:it-il, d’éviter
dans les dîseburs tout ce qui aurait
pu blesser les susbeptibîlités des français qui, après 1789, -1830 et 1848,
auraient bien mauvaise façon de nous
en vouloir pareeque nous rappelons
le souvenii' de la punilion infligée à
des tyrans et à leurs suppôts. Du
reste le Gouvernement est resté étranger il cette commémoration qui est
l’œuvre d’un parti, auquel la Sicile
toute entière a fini par s’associer.
Garibaldi dairs toute cette affaire a
été plus mené qu’il n’a mené et dirigé, Il se moutre très satisfait de
l’attitude de Paierme qui.a en effet
monii'é qu’elle savait .se conduire
d’une manière digne d’un peuple
libre.
France. — Le Sénat IVançais a
accepté aprè,s d'assez vives discussions
à la majorité de 60 voix, le traité de
commerce avec l’Italie. Bufl'et et Saint
Vallier ont„,fait une opposition violente au li'aité qu’il.s considèrent
comme trop favorable à l’Iialie, II est h croire que notre Chambre
des députés et notre Sénat netai'deront pas d’accepter à leur tour ce
traité dont on parle depuis si longtemps.
Freycinet se montre favorable h
l’Italie dans bien des circonstances,
et même dans la question de Tunis
qu’il lui tarde de voir résolue même
en nous faisant d’importantes concessions.
Ætlemnffne. — L’empereur a. remercié particulièrement le Syndic et
les conseillers de la ville de Berlin
poul ies vœux qu’ils ont fait pour lui
a l’occasion de son anniversaire.
M"*® de Keudel, femme de l’ambassadeur d’Allemagne à Rome, vient de
mourir à l’âge de 38 ans après peu
de jours de maladie Les restes seront
transportés à Berlin.
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