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Cinquième Année.
14 Février 1879
N. 7
LE
ÉCHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous me seres témoins. Actes 1, S,
Sui'nant la vérité avec la charifé, Ep. 1, 15;.
PRIXD'ABBONNEMENT PAR AW
Italie . '■ . ? . . L. 3
Toni les pays de rUnien ;
da póste
Âiôériqiae
Oq s'eboQne :
Pour Vlniérienr chez MM, les
pasteurs et les libraires de
Torre Pellice.
, Pour l'Æ'scieriswr ou Bureau d’Ad*
miuistiation.
Ùn oil pftTsieiirs numéros- séparés, demandés avapt le ti' rage 10 oent. chacun.
Aimonces; £5 ccutimes par ligné.
Ees envois d'argent se font par
lettre r'eccmmandée ou par
mandats sur le Bureau de Perosa Argentina.
Pour la RÉDACTION adresser ainsi: A la Direction du, Témoin» Poiriaretto.(PineroIo) Italie. ^ -,
Pour 1’administration adresseraiûsi : ArAdrainifitralion du Tewoin, Pomaretto (Pjueroloj Italie.
Soramaix'^f.j y I, 'iü-j
Pierre Valrlo et: les pauvres tie Lyon.
-- Le Rocher de* siècles. Pédagogie
pratique. — Uibiiographie, — Noxmelles
religieuses êt faits dite fs. Remis poli
tique.
HERRE
et tes pnvreS' de Lyoo: î ; î
if..;. ' ' ii ! ‘ y ; H . il ,, ‘. ;. . . . ■ ■ • ; i i '
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■ ' ', ’ ‘ ‘ i’, j ' :La ^Pdfùle ' de pieu. ' ' | ‘ ' y ' '
Pierre Valdbi élail de plus' en plus
ébranlé; mais U était' naturel que!sur
un sujet de celle' imporiance il sentît
le besoin de consulter Uné atiloi’ilé
plus compétente qùe celle'du• pauvrei
troübadpur. 11 ne perd il point de ¡ le m ps
et dès lé lendemain il sé rtíndU auprès
d'un professeur de ihéologié pbur avoir!
de luiiquelques lumières nouvelles. Le¡
théologien parla plutôt longuement'èt
à Son aise, passant pour ainsi dire en
revue tes voies diverses que les hommes
ont: coutume de suivre pour aller au
ciel. : « Mais enfin, dit Pién'e; qui avait
besoin d’une réponse positivev de laUij
de moyens de sauver notre âme leijuet'
est donc , à' votre avis',' le ptus'sûr i
«Eh 'bien\ reprit lé docteur, écoutez'
ce que vous dit le Seigneur Jésus* '
'■"i ' ■ ■ . ■
Christ; «Veux-tu être parfait ? Vends
tout ce que tu' as et le donne aux
pauvres, et tu auras un: trésor dans le
ciel ; après cela; viens, charge la croix
et me suis». (Matth. xxix et Marc xj.
Celle parole liP’atlrista poinç le; riche
Lyonnais ; pn,dirait au Gontraire qu’elle
ne fil que fortifier èn . lui le désir, de'
voir, ce Livre où l’on peut s’instruire
de ¡ la .bouche même du Seigneur, Il
renlrei cbeZj Jui|.heùreiix,,de voir qu'un;
chemin ¡eommence à s’puvrir..devant
.ses yeux, j L’hisiôi re d u jeune Seigneur
de, Jéricho l’avait,frappe cpmrne si elle*
ayaiiiètê lécrile pour le marchandyie^i
bords, du Rhône; il faut qu’il l;a,j]ehsej;
et ce . fut sans doute par celv,endroit
des. Écnlures .qu’il aura, commencé.
Ouvrons hoir,e Bible, et tisons avec lui :
c’est presque so,n hialoire anticipée. i
Voici doiicYMARC.xl nu jeune homnaç
riche qui ^ vient, se^jeter aux pipds de
Jésus en lui disaM • qé' itpn 1
que ferais-je pour obleniyia viè ^éternelle?» , Oh ,cohnmt, Îa . lépôdsé et
l’effet qu’elle produidi, f-; -Mais écou-^
tons encore : ,«fjAlpré Jésqs ,_‘ regardaht
autour de.lui,, dit. à,ses disciple? : qu^^
est difficile a c'eux qui oqldés, richesses
d’entrer dans te 1‘dyaume ,dé pieu l.y
Ët les disciples furent'élôhnés' dé ce
discOhrs." — ‘ Maïs’ J’éstiy. ' Ve'pfeharil ' la
parò,lé;'; léur dit;''ffies enfanté,’;qu’il est,
difficile à céui.'quisé confient'cri leurs
ricbeSseC d’’éhtrer'dâhS le' rci^àdthé'fdé’
iDieu ! Il est pliis aisé 'ii ùri chameau
2
.50
de passer par le trou d’une aiguille...
Et ils furent encore plus étonnés, se
disant l’un à l’autre : qui donc peut
être sauvé? Et Jésus les regardant leur
dit: quant aux hbmmes, c’est impo.ssible, mais non pas quant .à Dieu ; car
à Lui toutes choses sont possibles. —
.i Alors Simon Pierre, prenant la parole,
dit; Voici nous avons tout quitté, nous,
et nous t’avons suivi. Et Jésus lui répondit; je vous dis en vérité, qu’il
n’y a personne qui ait quitté maison,
ou frères, ou sœurs, ou père ou mère,
ou femines ou enfants, ou des terres,
pour l’amour de moi et de l’Evangile,
qui n’en reçoive dès à présent, enee
siècle, cent fois autant, des maisons,
des frères, des sœurs, et père et mère
et enfants et terres.... avec des persécutions ; puis dans le siècle à venir,
la vie éternelle. — Mais plusieurs qui
sont les premiers, seront les derniers ;
et ceux qui sont les derniers, seront
les premiers».
Valdo était bien préparé pour comprendre ce langage. La tristesse du
jeune homme riche, et le danger des
richesses, et l’étonnement des disciples , et la prompte obéissance des
apôtres, qui ont tout quitté, et celte
croix qu’l! faut charger pour suivre
Jésus, et celle ample récompense......
avt^c des persécutions ; puis pour lin
la vie éternelle et un trésor dans le
ciel : tout cela dut, à ce moment de
sa vie, répondre singulièrement au besoin de son âme. Aura-t-il également
senti la profonde vérité de celle parole :
t Quant aux hommes cela est impossible ? * Nous n’oserions l’assurer.
Ce qui est certain!, c’est qu’à partir
de ce jour, le Saint Livre ne fut plus
refermé, et que le pieux négociant continua de s’appliquer à la lecture et à
l’élude de la Parole de Dieu, y trouvant toujours plus de bonheur. Ce qu’il
ne comprend pas maintenant, il )e
comprendra plus tard.
En attendant, toute la vie de son
Sauveur lui redisait de mille manières
la nécessité de rompre les liens qui
le retenaient enchaîne au service d’un
maître dont il sentait chaque jour davantage l’exigence et la tyrannie.
«Mon ennemi, s’écriait-il un jour,
mon grand ennemi, c’est l’argent; or
assez longtemps j’ai été .son esclave... »
Mais il ajonlait : » Nul ne peut servir
deux maîtres, Dieuet .Mamipon», Quand
le riche Lyonnais voyait son Seigneur,
— pour parler avec un traité vandois,
qui pouvait bien lui être redevable de
quelque chose, — quand, en parcourant les saintes pages, il voyait son
divin Maître «placé dans la crèche et
enveloppé de langes... fatigué du voyage
ou tenté par le Diable, avoir faim pour
nous, et pour nous avoir soif, s’entendre appeler par les juifs le fils du
charpentier, le fou , le possédé.... se
voir excommunié; puis, comme un
meurtrier, livré par l’nn de ses disciples ; pour nous abandonné, pour
nous condamné, méprisé, bafoué, couronné d’épines, percé d’un coup de
lance au côlé » ; qmand il voyait enfin
ce Jésus • nous délivrer de la mort
par l’effusion de son sang», ce spectacle ne pouvait que le loucher profondément et le couvrir de confusion
an milieu de ses richesses. — Esl-il
nécessaire après cela de supposer avec
quelques auteurs que Ip futur réformateur aurait dès le début été encouragi dans celte direction ; d’idées par
une communauté dissidente alors déjà
répandue? Les manifestations religieuses en dehors de l’église romaine n’ont
assurément pas fait défaut au XII®siècle.
Moins de cinquante ans avant la conversion de Valdo, la Provence et le
Dauphiné avaient retenti des prédications , bibliques de Pierre de Bruis,
brûlé à St. Gilles en U26, — Son compagnon de travaux Henri de Lausanne,
quoique moins scripluraire, avait fait
le tour de la France en signalant une
infinité d'abus, et fini ses jours en
prison, au moment même où, de l’aiure
côlé des Alpes, Arnaldo da Brescia était
consumé par les flammes sur une des
places de Rome (an 1155). Les Cathares, ou Albigeois, malgré bien des
erreurs, avaient pourtant mis en quelque évidence les Saintes Ecritures ;
ci’autres sociétés encore ou d’autres
missionnaires d’un caractère tout biblique , étaient alors très nombreux
des deux côtés des Alpes, et connus
3
de tout le monde. U était donc nature!
de penser que \ialdo aurait pu recevoir
quelques excitations de ce côté, d’autant plus qu’on le vil peu après en communion étroite avec d’aulres cliréliens
qui partageaient ses convic)ions._
Cependant ce que nous connaissons
de cet homme et de la manière dont
il fut amené à s’occuper de son âme ,
nous porte à croire que, dans l’origine
du moins , Dieu ne fil usage , à son
égard, d’autres moyens que de ceux
que nous avons indiqués; ils suffisent
amplement pour expliquer le changement qui s’est opéré jusqu’ici dans
son cœur, et même pour en faire attendre de plus grands à l’avenir. Dans
l’arbre circule déjà une sève nouvelle
les circonstances pourront influer sur
le développement de ses branches,
mais les fruits ne sauraient manquer
désormais d’apparaître en leur saison.
Laissons donc pour le moment notre honnête Lyonnais seul avec sa Bible (1) et sans autre secours que celui
de l’Esprit Saint. 11 n’a , selon tonte
apparence, sous les yeux qu’une Bible
latine, et quoique passaWemehl inslniil,
il n’avance pas sans quelque difficulié;
les pages qu’il parcourt sont d’ailleurs
simplement écrites à la main, antre
cause dé lenieur. Aussi’, pour quelque
temps « il ne paraît pas qu’il ait fait
autre chose que de lire assidûment
l’Ecriture Sainte pour lui-même et de
l’expliquer à sa famille », heureux qu’il
était d’avoir trouvé ce trésor pour lui
et les siens.
il ) Valdo, dit Bérardf dins ses Jîecifs historiques, Valdo brûlait du désir de connaître
les Maintes Kcritures elles-mêmes et do les
lire dans leur entier. A force de persévérance
il parvint à se procurer le livre de vie. I.'e*
xempîaire était usé, vermoulti. détérioré par
le temps et par l’iuciîrie, bien plus que par
l’usure. Il U paya sans hésiter au poids de
l'or. — Nous ignorons à quelle source ont
été puisés ces renseignements.
LE ROCHER DES SIÈCLES
Pour quiconque prend son plaisir
dans la loi de Dieu , il est impossible
de vivre au milieu de nos montagnes,
sans être frappé de la manière dont
les Saintes Ecritures se servent des
rochers et des pierres comme terme
de comparaison. 11 y a là d’abondantes
matières à réflexion.
Le rocher indique la solidité, la fermeté, la durée. Tout change ou se
renouvelle sur la terre. La plante germe
fleurit et disparaît dans le courant de
quelques mois, certains arbres devenus
séculaires finissent par tomber, tes animaux se succèdent par génération,
les hommes de même, avec tous leurs
travaux les plus solides s’en vont, mais
les rochers demeurent.
L'Ecriture dit de Dieu: il est la rocher. Deut. xxxu, et, il n’y a point
de rocher comme notre Dieu, 1, Sam. ii.
Qui est Dieu, si ce n’est rÉlernel?
et qui est un rocher si ce n’esl notre
Dieu? Ps. xviii.
Dieu s’appelle eu effet: je suis. On
ne peut lui assigner un jour de naissance , ni indiquer le jour de sa mort.
Il est le premier et le dernier, il n’a
point eu de commencement, et il n’aura
point de fin. « L’Eternel est le rocher
des siècles, » Es. xxvi. Qui pourrait
être semblable à Lui? Les hommes
ont entassé beaucoup de divinités. Mais
elles étaient toutes l’œuvre de leurs imaginations!, comme leurs idoles étaient
l’œuvre de leurs mains. Et elles ont
disparu et disparaissent encore, comme
les plantes d’herbe au pied d’un rocher
et comme ceux qui les oui faites ou
inventées. — Il y a eu et U y a de
grandes et de puissantes nations, mais
« voici les nations sont devant l'Mernel,
comme une goutte d’un sceau , elles
sont comme de la poussière sur une
balance ». Il y a eu et il y a de grands
empereurs et de grands conquérants.
Mais ils passent comme tous les autres
humains, tandis que VEternel règne
éternelletnent. Son royaume ne peut etre
ébranlé. La terre elle-même avec ses
montagnes et ses rochers, les cieux
4
mêmes que nous voyons, passeront,
car ils sont réservés pour le feu; » les
cieux passeront avec un siiïlemenl, les
éléments embrasés se dissoudront, et
la terre sera consumée avec tous les
ouvrages qu’elle contient *. Mais Dieu
demeure le rocher des siècles, le rocher du sailli.
Lorsque David fuyait de devant Saûl
il se relirait dans les monlagnes, dans
les lieux inhabités et se cachait dans
les cavernes ou au milieu des roches
qui devenaient pour lui son refuge et
ses forteresses. Cependant s’il échappait aux poursuites de Saûl, il n'en
allribuail pas la cause aux rochers où
il s’était retiré, mais il proclamait Dieu
comme son libérateur. Ainsi lorsque
cherché par Saûl jusques sur les rochers des chamois, il aurait pu le tuer
tandis qu'il était entré dans une caverne,
le laissant aller il cria après lui et lui
dit entre autres ces paroles; « l’Elernel
sera juge et jugera entre moi et loi;
et il regardera et plaidera ma cause,
et me garantira de la main », 1, Sam.
XXIV. Et lorsqu’il fut délivré de la main
de tous ses ennemis et principalement
de la main de Saûl, il prononça un
cantique où nous lisons; « l'Elernel
e?t ma roche', et ma forteresse, et
mon libérateur; mon Dieu fort et mon
rocher, je me confierai en lui. il est
.... ma haute retraite • « vive l’Eternel
et béni soit mon rocher, » Ps. xviii.
Nos ancêtres ont de même trouvé
très souvent une retraite, un refuge et
une défense dans leurs rochers. Ceux
de Rumer, de Sibaoud , de Gaslelus,
de Pra du Tour, de la fialsille, soûl
encore là pour en témoigner. Et s’ils
pouvaienl parler, ils nous diraient sans
doute que leur écho a répété;
Je faimerai, Seig:fieur, d'un anutur tendre
Toi dont le bras me sut si bien défendre
Dieu fut toujours mon fort, mon protecteun
Ma tour» ma rocllie et mon libérateur.
Dieu, le rocher des siècles, a délivré David, il a délivré nos pères;
quiconque le prend pour son rocher,
pour sa haute retraite, sera sauvé.
Mais l'Elernel est au ciel, et je suis
sur la terre i, il est Saint et je ¡ suis
52.
pécheur, qiii me fera arriver jusqu’à
lui? — Invoque-le comme David;
Du bout de la terre, je crie à loi,
le cœur abattu; condui.s-moi .sur ce
rocher, qui est trop élevé pour moi ,
Ps. 61.
Il le fera connaîlre la pierre qui ja
éié détachée de la montagne sans main
d’hommes, il l’attirera à Christ, le
rocher d’où jaillissent les eaux vives
pour quiconque croit en lui. Christ,
le rocher de notre salut, s’esl abaissé
jusqu’à nous, afin que par lui nous
soyons élevés jusqu’à Dieu. El fondés
et affermis en lui, nous pourrons dire;
« quoiqu’il en soit, mon âme se repose sur Dieu; ma délivrance vient de
lui. Quoiqu’il en soil, il est mon rocher,
ma délivrance et ma haute retraite ;
je ne serai pas beaucoup ébranlé , »
Ps. 62.
Du rocli&r de Jacob, toute î'ceuvre est
[ parfaite
Ce ciue sa bouche a dit, sa main l'accomplira.
Alléluia, Alléluia.
Car il est notre Dieu, noire haute retraite.
Pédagogie praliqne
L’autre soir on triait les noix chez
mon voisin ; la société était nombreuse et de bonne humeur. Le sexe
fort, sauf quelques louables exceptions,
lançait des bouffées de fumée par la
bouche et le sexe faible loussail et se
sentait mal à l’aise. Quelques uns des
moins grossiers parmi les fumeurs
avaient songé à demander aux femmes
et aux filles .si la fumée du tabac ne
leur répugnait pas trop. Mais celles-ci
craignant de déplaire et n’osant priver
la société d’une jouissance (?}, eurent
la faiblesse de ne pas protester assez
énergiquement, et bientôt on aurait
pu couper la fumée avec le couteau
tant elle était épaisse. Détestable jouissance qui fait souffrir le sexe faible,
et ne fait pas de bien au sexe fort.
Voilà un gamin qui ne m’arrive pas
aux épaules, et possède déjà une pipe
et une large blague de tabac qu’il met
généreusement à la disposition de ses
voisins.
5
.53,
-- Où a-l-il pris rargenl pour acheter
tout cela ?
— On ne l’a pas dit. Qui oserait
mellreen doule Ja moralité d'un gamin
dans le siècle où nous sommes? Qui
oserait porter alleiute à la dignité de
ces personnages imberbes ?
Voilà les fruits du mauvais exemple
donné parfois, même par ceux dont
on a le droit de n’en attendre que de
bons. On a tant parlé de la dignité
humaine, des droits des citoyens et
si peu de leurs devoirs que l’opinion
de bien des gens est maintenant, fourvoyée et qu’on ne peut guère reprendre
les gamins déréglés , sans s’exposer
à une réplique imperlinenle de leur
part.
Quelqu’un le fit pourtant, et demanda au fumeur imberbe si vraiment
son père lui permettait l’usage du
tabac.
— Il fume aussi lui. Telle fut la
triste réponse de l’enfant.
Et, c’est vrai, le père fume aussi.
Où peut-il donc s’appuyer pour défendre la'pipe à son fils? Ayant une poutre
( une grosse pipe ) dans son œil, comment s’y prendra-t-il pour éler le fétu
( une petite pjpe ) de l’œil de son fils?
Voilà une leçon de pédagogie très difficile à donner, et qui donnée ne produit pas grand chose , si le père ne
jette d’abord sa pipe aux orties.
ra plxie
Le Catéchisme, ou Manuel d’ImLruclion chrétienne^ d’après ta Parole
de Dieu, par J. P. Meille pasteur.
Storia dei martiri della Riforma
italiana , dei prof. Emilio Comda.
— Tomo I, — Introduzione. — Fascicolo
Ce n’esl jamais sans beaucoup d’hésitation , et sans nous être fait une
certaine violence, qüë nous nous décidons à annoncer et à apprécier publiquement un ouvrage d’un autetir
vivant, surtout quand cet auteur est
de nos amis. D’un Côté nous avons
une légitime défiance de nous-même
et de notre capacité pour bien juger.
D’un autre côté, et parliculièremenl
dans le cas d’un livre écrit par un
vaudois, nous craignons à la fois les
deux extrêmes d’une indulgence excessive et d’une trop grande sévérité.
Pour celle fois cependant le danger
n’esl pas considérable et notre lâche
est comparativement facile.
Le catéchisme de M. Meille est depuis
quelque mois entre les mains de la
plupart des pasteurs des vallées, et
par conséquent entre les mains aussi
de plusieurs centaines de catéchumènes.
Il a donc été mis à l’épreuve, et quoique nulle part peut-être, on n’aU encore eu le temps de l'étudier en entier,
il est déjà possible d’en parler avec
connaissance de cause.
Pour ce qui nous concerne, nous
confirmons pleinement l’appréciation
que nous en avions faite après une
rapide lecture, et nous constatons avec
une réelle satisfaction que cette seconde édition française du catéchisme
de M, Meille réalise un notable progrès sur la précédente. Nous entendons
parler uniquement de la disposition
de la matière et de la forme ; car
quant au fond nul ne s’attendait à ce
qu’il pût être grandement modifié. La
doctrine est parfaitement scripturaire
et correcte, on savait d’avance qu’il
ne pouvait pas en être autrement. La
distribution des sujets est naturelle et
bien proportionnée. Nous avons cependant observé , et d'autres l’avaient remarqué avant nous, que Va justification, la régénération et la sanctification
sont un peu trop à l’étroit dans une
seule section ( la 46* ) et encore dans
l'une des plus courtes. — H n’est pas
toul-à-fait exact de ratt.acher l’institu tion du baptême à l’ordre de JésusChrist; Allez etc. — Car si d’après
St. Jean ce n’était pas Jésus, mais ses
disciples qui baptisaient (ch. iv, 4, â,
comparé avec in, 22, 26), il est évident qu'ils ne le faisaient pas sans .son
ordre et sans ses directions.
Les demandes et les réponses sont
plus courtes, plus précises et plus elaires aussi. Le passage ajouté in extenso
après chaque réponse, et choisi avec le
6
>54.
plus grand soin, esl d’un secours élonna.nl pour donner rinlelligence de la
vérilé que l’on expose. i
Malgré ^ l’incontestable .progrès que
réalise celle nouvelle^ édition , d’où
vient donc que les caiécliuinèncs, de
nos paroisses onl lellemenl de peine
encore ii coînprendre eP à apprendi-e
bien leur catéchisme? La cause principale de ce l'ail qui nous afflige et
nous, humilie p.i'ofondémenl c'esl sans
donle le développernenl loujours plus
imparfait des jeunes gens qui se présenlenl pour recevoir l'inslmclion religieuse. Plusieurs d’enlr’eux, la plupart quelquefois, o,nl suivi pendant
plus ou moins longtemps une école
du dimanche,, mats à ce qn’il semble,
avec peu de prolil. A l’école, la place
que l’on donne à lu Bible lend à devenir de plus en plus insufiisanle. Dans
la famille , absence presque, complète
de toute instruction et de (oui encouragemenl à la^ piété. Quoi d’élonnant
si, lorsque.dpul; pour ainsi dire est à
comtneiocer et qn’il y a en outre à
InUer contre les difliciillés d’nne langue
que les enfants ne parlent pas, le pas
leur regarde rinslructiori des caléclnimènes, même lorsqu’il met dans leurs
mains le meilleur des catéchismes,
comme la partie de beaucoup la pins
pénible de son tnini.sière.
Mais que notre vieil ami M. Meiile
ne se fasse pas ilinsion sur son œuvre
— nous. so.rnmes sûrs qu’ibne.s’en fait
pas, — .et qn’il ne pense pas.avoir
atteint la perfection ! Avant que nous
ayons louché au but que tous nous
nous proposons:, il nous faut encore
plus d’une édition revue.el-corrigée (pas
angmenlée, diminuéepossible) essenliellemenl au point de vue du langage.
Le français des villes n’esl pas celui des
campagnes, et c'est ce dernier que
M..Meille devra de plus en plus adopter.
C’esl-â-dirfi qu’il bannira d’une prochaine édition beaucoup d’expressions
telles que : éléments, catégories, caraçlères etc. qui ne disent absolument rien
à l’esprit de nos enfants. Si nous ne
voulons pas être obligés de revenir an
caiéchistne de Piciel nos efforts les
plu.s sérieux et, les plus constants doivent, .tendre à introduire dgris notre
enseignement religieux une très grande
clarté et une parfaite simplicité. Si
nos collègues des vallées qui se servent déjà du caléchi,sme de M, Meiile
voulaient noter soigneusement ( comme
nous l’avons enirepris) les ob.servalions qu’ils font à ce point de vue et
les communiquer A M. Meiile , ils feraient une chose très agréable à l’aulenr du catéchisme et d’une très grande
utilité pour notre Eglise.
Que notre frère M. le professeur
Comba nous pardonne si nous renvoyons ,à un prochain n° ce que nous
avons à dire sur le grand ouvrage dont
il a commencé la publication.
Nous annonçons avec plaisir, et c’est
par oubli que nous ne l’avons pas fait
déjà depuis quelques .semaines, que la
paroisse de La Tour a intégralement
satisfait à l’engagement pris à l’égard
de son pasteur et dont une lettre de
M. le prof. Jean Rével demandait des
nouvelles.
itoutïeUes reUgicuees
et faits divers
Italie. — V abolition du culte de
la Saielte donnée comme chose cei'tainc
par \e Messager de Toulouset était une
fable. On. avait cru à une question religieuse et de culte, c’était nue erreur.
La question était tout bonnement de
figiirino. Il s’agissait de remplacer la
sialue actuelle sous la quelle la Vierge
est. l■6présenlée et adorée paC une
autre, jugée de meilleur goût par la
congrégation des rites, et. qui. serait
procÎiainem'enl couronnée. — lit. en
face de pai'eille niatseriés si bien laites
pour discréditer jusqu’à l’idée de religion, on se plaint au Vatican que
l’incrédulité fasse des progrès! S’il
y a une chose dont il faille s’étonner,
c’est qu’elle n’en fasse pas davantage
encore.
- Le ‘projet de loi relatif au maet Itappant d’une peine tout ec-
7
clésiaslique, fi quelque culte qu’il appartienne, qui célébrerait religieuse'r
ment an mariage qui n’aarail pas été
au préalable célébré ctm/emeni, a été
déclaré d’urgence, par la Chambre,
et immédiatement remis aux Bureaux
qui, au nombre de six déjà, en ont
volé l’approbation.
Allemagne. — Diaconesses. — Une
conférence générale des représentants
des maisons de Diaconesses a eu lieu
récemment à Kaiserverth (Prusse Bliéinane).
Des données recueillies à celiò occasion , il résulterait qu’il y a maintenant dans le monde évangélique 51
maisons-mères et 3900 diaconesses. En
1875, on n’en complaît encore que
3239. Quel est dans ce nombre le contingent fourni par l’Ëglise Vnudoise ?
France. Un fait bien digne d’attention et qui fait le plus grand honneur
au proteslamisme est celui de la composition aclueüé du Ministère français',
dont 5 des membres qui le compo.sent
appartiennent à la communion évangélique, et parmi eux le président luimême du Conseil. A propos de ce
dernier dont la mère passe l’hiver à
Florence, ]a Famiglia Cristiana raconte
qu'unrami se félicitant avec M*" WaddinglOn de la diaule position qui était
échue à son fils, celteêscelienle chrétienne lui répondit; «Oui, j’en suis
contente moi aussi; mais Jeu même
temps j’en ai peur. Toutefois je l’ai
confié au Seigneur et mon iils' sail,
lui aussi , où chercher et trouver la
vraie force dont il a besoin »,
— La Statistique témoignant en faveur du mariage. Sous ce litre le Christianisme du 7 février publie un article
fort curieux d’après lequel il serait
démontré jusqu’à l'évidence, par Ionie
une série de faits bien avérés et également constatés dans les principaux
pays de l’FiUrôpe , qu’au triple point
de vue de la longévité ; du suicide ,
et de la criminalité, l’avantage est
tout du côté du mariage et au détriment du célibat. Ainsi, pour Ce qui
est de la longévité^ il est prouvé que,
sur 1000 vivants, il en meurt de 20 à
25 ans, 10 célibataires contre 6 marié?d;
,55------
de 45 à 50 ans', 20 célibalaires contre
il mariés, et ainsi de suite, jusqu’à
la vieillesse la plus reculée. Avant 20
ans seulement, les jeunes époux, prémalnrémenl mariés, meurent dans des
proportions effroyables, emportés snrloul par la phlysie.
La condition des veufs est pire encore, h ce point de vue, que celle des
célibataires, puisque de 25 à 30 ans
il meurt 6 époux seulement, contre
22 veufs, sur 1000 vivants.
Pour ce qui est du suicide les veufs
y sont deux ou imis fois plus portés
que les hoinme.s mariés. Pour les uns
comme pour les autres cependant , l’existence des enfants atténue celte Irjsle
proportion. Ainsi sur un million la proportion est pour les époux qui ont
des enfants, de 205 suicides; pour les
époux sans enfants, de .470 ; celle des
veufs ayant des enfanis, de 526 ; et
pour les veufs sans enfauls de plus de
1000. — Pour les veuves le [»héüoraène serait le même, quoiqu’en proportions moindresi I,|:
Pour ce qui est enfin de la criminalilé voici quels seraient les résultats
fournis par la statistique ; _Poür un
million de vivants, 403 ciNuiÎnels chez
les célibataires, 287 chqz les époux ;
262 chez le.s veufs sam enfants, et
237 chez les veufs ayant des enfants.
Quelle confirmation, fournie par la pratique et par la science de la .parole
prononéle^ if y a 6000 Ü n’est
pas bon que l’homme .soit seul! •
dxroiùquc ©auboiec
M, J. Ribelli, Evangéliste Vaudois
à Rome, ayant adressé à Sa Majesté
le Roi Humbert son opuscule iniiiulé:
Dove trovasi il rimedio di nwM della
Società? il a reçu du Ministre de la
Maison Royale la lettre suivante , que
M. Ribelli a bien voulu nous coininü.
niquer et que nous publions avec plaisir, en la tradiiisani de l’Italien.
Rome'l- Fâvrier leva,
Sa Majesté a reçu l’exemplaire du discours que vous avez prononcé lorsqu ë
8
■56'
l’Eglise Vaudoise à Rome rendit de
solennelles actions de grâce au TrèsHaut, de ce que Sa Majesté avait
échappé an grâve danger du 17 novembre dernier.
Sensible au tribut d’affectueux dévouement que vous offriez à sa Royale
Personne et à l’Auguste Dynastie de
Savoie, notre Souverain bien-aimé a
daigné me charger de vous exprimer
sa satisfaction et ses remercimenls
Avec une parfaite estime
Le Ministre
Visone.
Àu irès-diÿne
Mona. Jean Ribetti
Pasteur Evangélique
ROME.
" U
— Nous npuls ’Hmilons pour aujourd’hui à mentionner (nousréservant d'en
parler plus longuement une autre fois),
L'adresse au Peuple vaudois que vietinent de publier les deux membres
laïques de la V. Table, Mess. Vola et
Olivet, et destinée à plaider auprès'de
la population de nos vallées la causé
de l’augmenta|ion du traitement dé
ses pasteur#) aU'gmentation , disent les
auteurs de l’adresse, « devenue non
seulement nécessaire, mais urgente».
JftaUe. L’événement de la semaine
est la lettre adressée par l’honorable
Sella à l’honorable Cavalletto. Cette
lettre est considérée comme le programme politique et financier de l’opposition constitutionnelle dont Sella est
le président. 11 repousse la tendance
de la gauche qui, s’organisant sous
un chef sympathique ( Cairoli ), ne lu!
paraît pas s’ilispirer à urie prudence
suffisante. Il repousse également le parli
conservateur catholique, peu nombreux
aujourd’lioi, el^ qui poqrra être li és
nombreux demain ( parti Masino', Alfieri, Stuart) parceque , tout en déclarant respecter nos înslitulioris et
l’abolition du pouvoir temporel des
papes, il désire l’influence de l'autorité ecclésiastique dans beaucoup de
parties de la chose publique et qu’il
nous ramène en arrière l’ingérence
de l’Eglise dans les affaires fde I'Etai,
— Dans la question financière [Sella
dit que son parti a eu pour principal
objectif le développement économique
et t’équilibre. — Cet équilibre obtenu, il veut le conserver intact el ne
pas permettre l'abolition ou la réduction d’aucune taxe avant qu’on fy oit
pourvu autrement. Il ne repousse pas
la réforme ou la suppression des taxés
les plus nuisibles au développement
économique du pays, dès, que les conditions du budget le permettront.
Les journaux, des différents partis
approuvent , commentent et critiquent,
selon* leur couleur, cette importante
lettre.
— Le gouvernement conlinue[â prendre contre l’invasion de la peste des
mesures de précaution. Les nouvelles
officielles sont rassurantes , les informations parlicnlières le sont beaucoup
moins.
— Les Chambres ont poursuivi leurs
travaux. Aucune loi importante encore été discutée,
jPr««cç. — Le président Grévy a
chargé M. ,WaddiDglon de la formation du ministère* Sans intention sans
doute , il se trouve qqe la moitié du
ministère est compose de_protestants
Waddinglon, Le Royer, Léon Say, Jaurigauberry et Freycinet ; et les autres
ministres ne sont, assure-l-onpas
très catholiques. —t Le message du
pi ésidem Gi'évy est digne,, modéré. Il
a été généralement approuvé, si ce
n’est par les partjs exirêtries, et surtout par les partisans déj l’amnistie
générale en faveur de tous les communards et par ceux qui au raie rit vbufu
mettre sous procès lés ministres du
16 mai, de Broglie et Pourlou enIr’autres. 11 est probable que les deux'
Chambres seront de, nouveau transférées à Paris ; mais la chose ne pourra
avoir lieu, qu’après
' ■ ! . ^ T- ^ T—r I •
Ernest .Robert, Gérant eiAdministralextr.
Pigrierol. Tinpir. Chiantoré et Uascarélfi.