1
Com pie-courant avec la Poste,
t^KIX D’ABOHNÏMKNTPAR AN
Fr.
Italie
Etranger
Allemagne, Autriche-Hongrie,
Belgique, Brésil, Daïiemark,
5’iSypîe, Hollande, Suède,
âuieee , par abonnement
bostal selon V Accord de
Vie^n^ Fr.
Oq s'abonne:
bureau d'Adminiiitra’lioa;
t^hez MM, les Pasteurs ; et à
rioip. Alpina à Torre Pellice.
L-'abonueme^ût ji^paye d'avance.
année XXXIII N, 50.
15 Décembre 1898
Numéros séparés deirimdàs avaa
le tirage, 10 centimes chacun
A nnonccÊ. iO centimes par espace
de ligne pour 1 fois — lA centimes de 2 à 5 fois et 10 cen«times pour 6 fois et audeasuî.
S’adresser pour la Bédaetloe ù M.
N. Tourn, prof., Torre FelHce
ei pour [’ AdmlnlstrattOB à M.
Jean Jalla, pràf.yTorre Pelticf,
Tout changement d’adresse coûte
15 centimes, sauf ceux du commencement de l’année.
L’ECHO
IMiS VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Jeudi
Voub Ilio sorez Léinoinii. Act. I, 3. Suivant ï;i vôrltû avec la charité. Eph.IV, 15. Que tou rfegne vienne. Mattli. VI, 10
' ü <> III Iti n i r U ■:
Primo à nos abonnés de 1899 — liclios de
la semaine: l'enseignement religieux
à la Cliambre — Visite aux Orplielinats de Bristol — Elle parle encore
~ Le Jubilé de l'Eglise indépendante
de Neuchâtel ~ Aux membres de la
Soeiétc d’Utililé publique — Revue
politique ~ Annonces.
[ i NOS ÜBOitS DE
A la duile il'un accord avec l’auleuf, M, le pi'oresseui' Comba, nous
ollrons à nos abo7'més de 1899 qui
auront payé leur abonnemcnl ' avant
le 15 janvier le.s deux ouvrages
suivani.M à un [>rix de faveur, savoir
1“ liitrodiictioii à l’iiistoire dos
Vaiidois, prix (V. 3,50, ponr 2 francs.
2” Claudio di Toriiio, piix 1,50,
pour 50 cçiitimes.
Envoyer, avec le prix d’abonnelïient, celui du ou des ouvrages que
l’on dé.sire à t’Admisiration de VËcho
des Vallées vaudoises, forte Pellice.
Kclios (Iv la sciuaiiie
IjH discussion du budjel de l’insO'uctioii puî)!ique à la Cbanibre des
députés a anriené sur le lapis la
question de l’enseignement religieux
dans les écoles. C’est un député de
Naples, M. Blanchi qui l’a soulevée.
Nous n’avons pas le .texte de son
discours, qui, paraît-il, a. été remarquable et remarqué, mais nous
pouvons juger, même par le compterendu trop sommaire qu’en donne
la gazette officielle, qu’il a été aussi
vrai dans la substance qu’élevé
dans l’intonation. Il a exprimé la
conviction que l’école italienne n'arrive pas à de bons résultats pour
l’éducation populaire, et cela en
grande partie à cause de l’antagonisme entre l’Eglise et l’Etat,*qui a
conduit celui-ci à abolir dans les
écoles tout enseignement religieux.
[.’Etat comptait sur Faction éducatrice des familles, celles-ci .sur Faction
éducatrice de l’école; et dans cette
double confiance, nullement justifiée,
l’éducation des enfants italiens a été
abandonnée ou négligée. La grande
erreur de la législation italienne a
été de viser presque exclusivement
à la culture de l’intelligence, Nous
devons peut-être en attribuer en
partie la faute au moment historique où la législation scolaire a été
foncièrement modifiée jusqu’à permettre aux instituteurs de nier l'existence de Dieu et d’altirmer seulement le libre arbitre de l’individu.
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1
— 394
Les conséquences de ce défaut
de moralité dans l’éducation publique se font sentir parlout: dans
toutes les écoles, dans la polique,
dans l’administration, dans le commerce. L’orateur est convaincu
« qu’une saine éducation pratique
et religieuse peut être puisée dans
la Bible » et il croit qu’une influence
éducatrice doit être exercée non
seulement par l’école primaire, mais
aussi par l’école secondaire.
A ces paroles pleines de franchise
et de vérité, le ministre Baccelli a
répondu en reconnaissant lui aussi
Fimporlance de l’éducation morale.
Il veut l’éducation du cœur autant
<|ue de l’intelligence; il professe un
grand respect pour le sentiment
religieux, pour « cette foi qu’ont
professée les plus illustres de nos
pères », et ne veut pas que personne attente au principe religieux.
— Mais il s'en tient là. Tout au
plus, reconnaissant l’opportunité d’un
traité de morale civile dans les écoles, promet-il d’y pourvoir par le
projet de loi qu’il prépare sur l’école populaire. Pauvre remède, en
vérité, à de si grands maux. Malheureusement, le mal est encore
plus profond que ne le signalait
M. Blanchi; il faudrait commencer
par le haut de l’échelle pour faire
¡’éducation du peuple, et ce n’est
pas avoc te cléricalisme fanatique
d’un côté et le scepticisme égoïste
et corrompu de l’autre qu’on pourra
jamais la faire avec fruit.
11 y a cependant quelque chose
qui doit nous réjouir dans des discussions comme celle que nous venons de rappeler. Elles prouvent
que les besoins religieux ne sont
pas tout-à-fait éteints dans la partie
la plus cultivée de la population,
et qu’on y sent le besoin d’un retour à des principes plus solides
que ceux au nom desquels on a
cru pouvoir élever le peuple italien
à la hauteur de ses destinées, pour
employer une phrase à la mode,
Qe besoin, nous en avons la per
suasion, se fera de plus en plus
sentir. Le cléricalisme se prépare
avec une persévérance infatigable à
l’exploiter à son t)tolit quand le
moment .sera venu. Notre devoir, à
nous évangéliques,' est de travailler
de toutes nos forces pour faire comprendre à nos concitoyens que la religion n’est pas le papisme et qu’il
est possible en Italie comme ailleurs
d’avoir de vrais principes religieux
et une foi vivante et d’être en même
temps d’excellents patriotes. Nous
souhaiterions que ceux de nos frères,
et ils sont nombreux, qui ont des
plumes bieti taillées, fissent plus
souvent entendre leur voix par le
moyen de la presse, qui ne nous
est pas toute hostile, grâce à Dieu.
Des occasions comme celle-ci sont
précieuses, il faut en profiter. Nous
espérons aussi que le sujet reviendra
plus d’une fois au parlement, et que
notre honorable député, le seul à
notre connaissance, qui soit bien
placé pour avoir là-dessus des idées
parfaitement claires, des principes
parfaitement sûrs, ne man(juera pas
de les affirmer hautement chaque
fois que l’occasion lui en sera offerte.
Quand on atteint les hauteurs
d’Ashley Down, on se rend compte
d’un coup d’œil de la grandeur de
l’œuvre : cinq immenses édifices
avec leurs dépendances apparaissent
comme tonte utie ville. La simplicité
des consti'uctions trappe autant que
leur grandeur: pas le moindre ornement, la stiicte utilité partout.
Il y a quelques années, ces édi'
lices étaient au milieu de vertes
(1) Nos tecteurs nous .sauront gré de leur
donner cette page du livre de M. ChChalland George Muller et son œuvr®>
dont nous avons parlé dans le numéro
précédent.
3
395
prairies ; maintenant leurs fenêtres
ouvrent de tonies parts sur des rangées d’élégantes villas.
Char|ue orphelinat a son jour de
visile; que vous soyez prince ou
paysan, aucune exception ii’est faite
à la règle. Le N® 1 (300 enfants)
doit être visité le mercredi après
9iidi; le N° 2 (400 enf.), le mardi
après midi ; le N® 3 (450 enf ), le
jeudi après midi; le N° 4 (450 enf.),
le vendredi aprè.s midi ; le N® 5
(450 enf ), le samedi après midi.
Le premier groupe de visiteurs
Piisse à 2 heures et demie; le second
^ 3 h. ; et le troisième, quand il y
a un, à 3 h. et demie. On mei
ooyirori une heure et demie pour
visiter chaque maison. Eu hiver, on
•»’admet que deux groupes de visiteurs, qui passent à 2 h. et demie
ot 3 heures. Le N® 1 est la maison
gu’on visite de préférence, vu qu’il
contient les trois classes d’enfants:
hébés, et garçons et filles plus grands.
L’enti'ée obtenue à la maisonnette
du portier', vou.s rencontrez des orphelins transformés pour l’iieure en
gardiens; vous admirez les jardins
potagers qui entourent la maison
dont la tenue est irréprochable,
yous pénétrez à l’intérieur de l’édi•oe et, avant même d’avoir atteint
1^ salle d'attente, votre impi'ession
‘•^accentue : une propi'eté parfaite,
ordre, le bon goût, l’esprit de méoode se monti'ent partout et ne
‘••issent rien à désirer
A l’heure précise, une des nom'•'euses aides apparaît à la porte
la salle d’attente et fait signe
visiteurs de la suivre. Vous êtes
'jonduit à travers les dortoirs qui
^Contiennent jusqu’à .soixante et dix
‘ds. Chaque lit est recouvert de son
tcotit tapis blanc comme neige ; les
draps, les coussins sont d’une propreté irréprochable ; les parquets...
du a peine à croire <|ue jamais per*Jdnne ait marché dessus ; les mu•'ailles agréablement peintes ne prél^sutent pas la moindre tache, pas
® •noindre détérioration. Il est clair
que tout ici inspire l’ordre, la propreté, la méthode. Sur un écriteau,
à la tête de chaque lit, est peint le
chilfi'e que chaque enfant reçoit à
son entrée dans rinstitutiom Les
dortoirs, comme toutes les autres
salles, sont spacieux, très élevés,
bien éclairés et bien aérés. Mais
nulle part d’ornements, Leschambres
où sont les garde-robes montrent
de même une propreté, un ordre
et une convenance exemplaires. Il
est peu de familles, dit-on, qui puissent montrer des effets aussi bien
tenus, Chaque enfant a un compartiment numéroté où se trouvent
ses vêtements. Six orphelins de
chaque section sont nommés en
même temps pour prendi’e soin de
la garde robe de la section; quand
leur temps de service est expiré,
ils sont remplacés par six autres.
Chaque garçon a trois habillements ;
les filles, qui font et qui raccommodent elles-mêmes leurs vêtements,
en ont cinq... Chaque enfant a trois
paires de souliers,
I,a SSursery, partie affectée aux
bébés, est particuliérement intéressante. Il fait bon voir ces centaines
de petits êtres jouer contents et heureux. Ils n’ont parfois que quelques
mois quand ils sont reçus dans l’établissement et ils y restent jusqu’à
l’âge de quinze et dix-sept ans. Aucune recommandation n'est iiéce,ssaire à l'admission des enfants; il
suffit qu’ils n’aient ni père, ni mère,
que le besoin soit urgent et qu’il y
ait place dans les orphelinats. Souvent tiois ou quatre, et même cinq
ou six enfants de la nqême famille
sont reçus en même temps. On
désire les garder unis; loin de se
relâcher, les liens de famille doivent
se fortifier.
Un grand nombre de ces enfants
sont issus de parents qui ont succombé à la phtisie, et leur conslitutiou est délicate; mais le bon air,
la nourriture saine et la vie régulière dont ils jouissent les fortifient
d’une manière remarquable. La pro-
4
- 396
portion des décès est très fail)le
dans les asiles, lait qui proclame
bien haut l’excellence de l’institution.
Les enfants se lèvent à 6 heures;
leur toilette s’achève-vers 7 heures,
les plus âgés assistant les plus jeunes. De 7 à 8, les filles tricotent et
les garçons lisent. A 8 heures, déjeuner, De 8 1|2 à 9, culte domestique du matin, A 9 h., l’école ; ceux
des plus âgés qui sont de service
pour faire les lits ou vaquer à d’autres travaux de la maison, ne s’y
rendent qu’à 9 h. Ii2. Les leçons
sont terminées à midi et demi. De
12 1|2 à 1 h., jeux en plein air
(dans les cours, playgrovnds). A 1
heure sonne la cloche pour le dîner.
A 2 h., l’école recommence et se poursuit jusqu’à 4. De 4 à 5 1|2, de nouveau les jeux dans les playgrounds.
De 5 1|2 à 6, culte domestique du
soir. A 6 h., le thé. Le reste du jour,
les filles font des Iraveux à l’aiguille,
tandis que les garçons tiavaillent au
jardin. A 8 h. les petits se couchent,
à 9 h., les grands.
Quand le temps le permet, les enfants, sortent en longues files, ce qui
est une joie pour eux.
Pa.ssonsaux repas. Eléjentier : soupe
à la farine d’avoine. Repas du soir:
thé, pain et beurre. Quant au dîner,
il varie. Le lundi, le mercredi et le
samedi, il se compose de pommes
de terre et de viande; le mardi et
le jeudi, c’est de la soupe renfei'mant de la viande; le vendi'edi et
le dimanche, c’est du riz avec de la
mélasse. Ce dernier repas est de
rigueur le dimanche, afin de diminuer le travail, et que chacun puisse
participer au culte.
Le dimanche, quand le temps est
beau, une partie des enfant les plus
âgés se rend dans l’une des chapelles de l’église dont Muller était
pasteur. Pour ceux qui restent, des
services sont tenus dans les dilï'érenles Maisons par des chrétiens
éprouvés appartenant à diverses dénominations évangéliques. Le ,soii',
se tiennent de nouvelles réunions
religieuses.
Passons maintenant aux écoles. A
notre entrée, dans l’une d’elles, à
l’heure des leçons, tous les enfants
se lèvent, et bientôt Tinstituteur ou
rinslituti'ice nous montre ce que
ces petits savent en fait de chant.s
et d’exercices divers. Ils chantent et
manœuvrent admii'aMernent, Dans
les écoles enfantines surtout, l’on est
régalé de récitations et de chants
délicieux. Ces productions partent
d’une rangée de bambins dont les
faces joyeuses et les regards expressifs, lancés à leur chère maîtresse, en disent long sur les soins
aiïectueux dont ils sont l’objet.
Nous visitons ensuite les cliambres
réservées aux jeux des enfants et
toujours nous ne pouvons qu’admirer la propreté, le bon goûl, ¡’ordre
parfait qui l'égnent partout: pas la
plus petite chose qui ne soit à sa
place! Nous visitons enfin les cour.s
réservées aux récréations, les salles
de toilette, les magasins, la salle à
manger, si belle dans sa simplicité,
la lingerie si bien tenue.
Les orphelines sont élevées pour
taire de lionnes servantes; mai.s
beaucoup d’entre elles parviennent
à des positions plus élevées, grâce
à l’éducation qu'elles reçoivetil. Elles
apprenueut la grammaire, la géographie, riiistoire d’Angleterre, un
peu d’histoire universelle, les travaux à l’aiguille, ainsi que tous les
travaux utiles dans un ménage.
ftNons avons pour but, dit Cieorge
Muller, que nos orphelins deviennent
des membres utiles de la société,
et que, si i’un d’enire eux tourne
mal lemporellement ou spirituellement, ce ne soif en ri'en notre
faute ». l.es garçons apprennent à
raccommoder leurs chaussettes, à
faire leuis lits, à culliver le jardin,
etc. La santé et le développement
des enfants sont pris en considération quand U s’agit de fixer l’époque de leui' sortie de rétablissement; mais eti génér'al les tilles
5
397
!t! (initient à 17 ans et les garçons
entre 14 et 15. Geiix-ci (leviennent
iipprentis dans le métier de leur
(dioix.
Plusieurs centaines d’entre eux
nnt prospéré dans les allaires; quelques uns sont devenus associés rie
grandes maisons de commerce; d'auIres, commis, instituteurs, évongéustes, missionnaires. Le premier
enfant reçu dans ia maison N” 1 est
maintenant pasteur anglican.
CiT. ClIALLANn.
Il s’agit d’une
mère
en
Israël,
(•alherine Cif/noni née Prosperi, qui
fl été parmi les plus fidèles membres de l’Eglise de Rio Marina et
(|ui v'ietit de mourir en Es[)agne à
Rai'celone où les aiï'aires ont conduit
enfants depuis quelques années.
Il y a 33 bonnes années que nous
là connaissons et nou.s pouvons dire
qu’elle fut toujours parmi les plus
«'éguliéres au culte et parmi les plus
exemplaires dans l’accomplissement
de ses devoirs domestiques. Très
ponctuelle dans ses dévotions quand
olle était encore calholique romaine,
olle mollira un allachernent constant
pour l'Evangile dés qu’elle l’eut conOu et goûté.
Lorsque le capitaine Giovanni Cignoni apporta à l’île d’Elbe la Rible
qu il avait achetée à Nice du colpor'eur Fr.incesco Madiai et qui donna
|iaissance à l’Eglise de Rio Marina,
Luigi Ciguoni mari de Catherine
dit un des quatre liommes ijui s’en‘ormaient dans la .salle à manger
pour y lire le volume sacré qu’ils
Cachaient ensuite dans le mnr pour
police ne pût pas le trouver,
n’osaient pas encore admettre
dans leur secret leurs femmes, craipiant d’être dévoilés dans la confission que celles-ci faisaient très
‘'fihgieu^ement au prêtre Idopold.
ELLE PARLE ENCORE
II régnait encore en Toscane et les
prêtres y étaient tout-puissants.
« Nous désirions pourtant savoir,
me disait Catherine Cignoni, ce que
faisaient nos maris dans leurs salles
a manger, nous allions regarder par
le trou de la serrure et nous voyions
nos homtnes assis devant un gros
volume ouvert sur la lahie, lis lisaient, ils échangeaient leurs pensées puis ils s’agenouillaient pour
prier.
— 11 s’agit donc de religion, pensionsyiüus en nous mêmes, de quelque fausse religion qu’ils onf été
pêcher l’oii ne sait dans quel port
où leur navire a jeté l’ancre. Nous
pensions alors que la religion des
prêtres est la seule vide puisque
nous ne connaissioms pas encore
celle de Jésus Christ. Nous étions
inquiètes et nous allions nous réunir
dans la cuisine pour demander nu
Seigneur et à la Madone de ne point
permelire que nos maris tussent
pervertis par une fausse religion,
[..es tparis de leur côté demandaient à Dieu d’éclairer leurs femmes et de les rendre accessibles à
la vérité qui sauve: Dieu les exauça
dus, les maris et les femmes lurent
bientôt ensemble la Parole de Dieu
et ils devinrent tous avec leurs familles des membres vivants et fondateurs de l’Eglise de Rio Marina.
Le culte de famille se faisait régulièrement chez les Cignoni, et
quand le vent tourbillonnait avec
violence, la digne mère priait avec
ses enfants pour le père qui était
sur mer exposé aux tempêtes. Elle
ne pouvait pas dormir, et un soir
elle vit l’une de ses fillettes se lever,
s’agenouiller sur son lit et dire en
langage enfantin «ü Seigneur! dis
» au vent qu’il s’apaise, et permets
» à mon papa de relourner sain et
» sauf à ma maisons. Dieu entendit
la prière de la chère enfant; le
vaisseau fit naufrage il est vrai
dans le golfe du Mexique, mais le
capitaine !.. Cignoni put se sauver
à la nage.
6
3Ô8
Devenue sourde quelques années
plus tard, Catherine Gignoni n’en
continua pas moins à fréquenter les
cultes plus régulièrement que tant
d’autres qui ne sont sourds que
quamt ils le veulent. Elle n’oubliait
pas à la maison sa Bible ni son
cantique, Une voisine lui cherchait
le chapitre qu’elle lisait pour sa
propre édification pendant que le
régent lisait pour l’assemblée. U
n’était pas question pour elle de
chanter, mais elle tenait à lire ce
que les autres chantaient. Elle se
levait avec les autres pour la prière
et faisait monter vers Dieu ses supplications, sans entendre la voix du
pasteur qui priait avec l’assemblée.
— (( Bien que je n’entende rien,
» me disait-elle, je jouis en me trou» vant dans l’église avec mes sœurs
» et mes frères en la foi ».
Il ne faut pas que le juste meure
sans que nous y prenions garde.
Bien que morte, cette mère chrétienne parle encore, par le bon
exemple qu’elle a donné dans l’église
et au sein de sa famille. Ses enfants
connaissent tous le Seigneur et ils
marchent sur les traces de leurs
dignes parents. Qu’ils reçoivent ici
l’expression de notre aiïectueusesympathie au moment de leur épreuve.
E. B.
Le Jubilé k l'Eplise Indépenilante
de Neuchâtel
lies petites dimensions de notre
feuille nous forcent souvent, à notre grand regret, de donner une
place trop restreinte aux nouvelles
concernant les églises sœurs de la
nAlre. C’est la seule raison pour
laquelle nous n’avons pas parlé plus
tôt des fêtes jubilaires de l’Eglise
évangélique de Neuchâtel indépendante de l’état, qui ont été célébrées
à la fin d’octobre et au commencement de Novembre. C’est, en etlet,
en septembre et octobre 1873 que,
les tendances dites libérales s’accentuant dans l’Eglise nationale
neuchâteloise, plusieurs de ses pasteurs, suivis par une fraction importante de leurs troupeaux, se séparèrent d’elle et fondèrent l’Eglise
indépendante. Dès le 3 novembre,
la nouvelle église tint son premier
synode et élabora la constitution qui
la régit encore aujourd’hui. Elle eut
à soutenir beaucoup de luttes; c’est
avec le bâton du pèlerin (comme
le disait récemment l’un d’eux) que
les pasteurs démissionnaires sortaient
des cadres de l’Eglise officielle pour
se soustraire à un compromis que
leur conscience ne pouvait accepter.
Mais la lutte a été féconde, et non
seulement l’Eglise indépendante a
vécu, mais elle a exercé une heureuse inlluence sur l’Eglise nationale
I elle-même.
Elle a fait beaucoup de progrès
pendant ces vingt-cinq années. Le
nombre de ses électeurs, qui en 1874
était de ‘2879, est aujourd’hui de
4425; celui des dames inscrites dans
ses régistres, c’est-à-dire ayant formellement adhéré à sa constitution,
s’est élevé de 2600 à 6146; des paroisses nouvelles ont été fondées et
plusieurs temples et presbytères ont
été élevés. Nous ne parlons pas de
sa faculté de théologie, qui, pendant
ce quart de siècle, a eu sous sa direction 253 étudiants et auditeurs, délivré 91 diplômes de « licencié en
théologie » et fourni des pasteurs à
plusieurs cantons de la Suisse, à la
France, à la Belgique, à l’Allemagne même, et 13 missionnaires au
monde païen
En 1881, la jeune église commença à prendre une part directe
à l’œuvre missionnaire fondée en
1873 par l’Eglise libre du Canton
de Vaud : elle eut (ainsi que sa sœur
de Genève) deux représentants au
sein de la «Commission des Missions».
Elle ne s’en tint pas là. Les contributions de Neuchâtel et de Genève
augmentant chaque année, il y eut
une nouvelle convention en 1883, â
I
7
— 399
Is suite de laquelle la Mission prenait le nom de « Mission des Eglises
de la Suisse romande» et devait
être administrée par un conseil composé de délégués des trois églises.
L'union devint complète en 1896,
et la Mission romande (c’est son
nom officiel depuis 1895), a maintenant à son service 14 missionnaires, dont 6 neuchàtelois, 7 demoiselles, dont 3 neuchâteloises, plus
3 jeunes gens itricrits au rôle des
candidats, 2 desquels sont membres
de l’Eglise neucbàteloise.
A l'occasion de ces fêtes M. le
professeur Monvert a été chargé de
retracer l’histoire des graves évènements qui ont précédé et préparé
la. fondation de l’Eglise indépeiiT
dante. Les journaux s’accordent à
dire qu’il l’a fait avec une distinction,
une impartialité et une exactitude
dignes des plus grands éloges.
Le nombreuses délégations d’églises suisses et étrangères sont venues appoi'ter à la jeune et vaillante
église les témoignages de leur sympathie, et l’assemblée a été particulièrement réjouie par la présence
de M, Goillard.
La Commission synodale avait
adressé à toutes les paroisses de son
ressort une noble circulaire dont
nous aimons à citer la conclusion.
«Cherchons à mettre en lumière la
beauté de nos principes, à les rendre
aimables en nous elîbrçant d'être
nous-mêmes des chrétiens aimables
St aimants, humbles et larges, vivants et joyeux, et que, par la grâce
de notre Dieu, notre Eglise devienne
toujours davantage un foyer où brille
®t s’alimente la flamme de la piélé,
nne^ source de vertus féconde.s, une
pépinière d’hommes utiles à la patrie
®t zélés pour l’avancement du légue
de Christ».
AUX^ MEMBRES
OE la société D’UTILITÉ PUBLIQUE
Le « Guide des Vallées Vaudoises »
paraître incessamment: l’impres
sion en est presque achevée et nous
espérons pouvoir le mettre en vente
avant les lêtes de Noël. Ce volume
.compte uii [)eu |)lus de 300 pages
de texte; il est orné de trente belles
gravures en pbotolypie, et accompagné d’une carte coloriée à une
grande échelle.
l.e prix de cet ouvrage a été fixé
pour le public à 3 fr.s, franco de
port; mais tout membi'e eu règle
avec la Société, c’est-à dire ayant
payé sa coniribulion pour l’année
1899, aura droit à un prix de faveur
et n’aura qu’à payei' deux francs
pour l’ecevoir le livre francò ; même
rabais d’un (Vane pour les exemplaires reliés.
Cette publication, faite aux (rais
de la Société, pèse lourdement sur
son bubjet; ses rinances en sont non
seulement obérées, mais exposées à
un fort déficit. Aussi faisons-nous
un chaleureux appel aux membres
pour qu’ils veuillent bien verser au
plus tôt leur contribution. Nous leur
rappelons à cette occasion que le
clntfre d’un franc n’a été fixé que
comme un minimum, et nous serons
fort reconnaissants à tous ceux qui
voudront l)ieii veiser une cotisation
plus élevée.
Le Président
D.'' D. Rivom.
Keviie Poliliqiie
On dii’ait que le Parlement fait enfin de
la bonne besogne à en juger par l’activité
déployée pendant ces dernières semaines.
En effet la Chambre a bientôt épuisé la
discussion des bilans de la Guerre, de la
Marine, des Travaux Publics, de l’instruction, de l’Agriculture, et on a lieu de croire
que les autres bilans passeront avant les
prochaines vacances. Le mal est qu’ilj ne
s’agit que d’uiie activité apparente vu
que, comme nous le remarquions dans
notre dernière Revue, nos honorables représentants n’assistent que fort irrégulièrement aux séances et que les suprêmes
intérêts de l’Etat ont l’air de passionner
médiocrement ceux-là même qui semblent
prendre une part active aux discussions.
8
— 400
Le bruit court que !e ministre de la
Guerre, le général S. Marzano va donner
ses démissions, puisqu’il vient d’être nommé
secrétaire général de l’ordre S.t Maurice
et Lazare ; le général Afan de Rivera le
remplacerait au miniatóre.
Nous lisons dans les journaux de Rome
que le sous-secrétaire à l’intérieur, M.
Marsengo Bastia, est atteint depuis quelques
jours, d’une flèvre rhumatismale. Nous
formons les vœux les plus sincères pour
sou très prochain rétablissement.
La Cour de Cassation de Paris a enfin
arraché le colonel Picquart des griffes de
l’Etat Major qui voulait à tout prix le
sacrilier en le livrant au Conseil de Guerre.
Malgré les lenteurs inévitables de la procédure, on est désormais à peu près sûr
que ce vaillant champion de la vérité et
de la justice sera sauvé. Cela ne fait pas
l’affaire de la Gazette de France, du Gaulois, de la Libre Parole, de l’Intransigeant
ni de tous les énergumènes vendus aux
•lésuites qui voulaient se sauver en le
perdant. On réclame maintenant la liberté
provisoire de Picquart, et il est possible
que le Gouvernement, qui va se retrancher
derrière l’arrêt de la Cour de Cassation,
aura le courage de l’accorder.
On parle aux Pays-Bas des prochaines
llançailles de la jeune reine Wilhelmine
avec le prince de Wied, et ce ne sont pas,
semble-t-il, des bruits dénués de fondement.
Jeudi 8 c. le traité de paix hispanoaméricain a été signé à Paris; traité de
spoliation dit un jouriiali.ste; vu que les
Etats-Unis ont voulu abuser jusqu’au bout
du droit du plus fort. Les clauses du traité
contemplent l’abandon de la souveraineté
de Cuba, ainsi que la cession de PortoRico et des Philippines, moyennant, pour
ces dernières, une compensation de vingt
millions de dollars. Les Etats-Unis refusent
de reconnaître la dette des Philippines et
ne mentionnent pa.s seulement celle de
Cuba. Les commissaires espagnols ont signé,
bien entendu, mais'en protestant « au nom
de la conscience internationale contre
l'abus du droit des gens dont ils sont victimes» et en rejetant tonte responsabilité
à l’égard de l’explosion du Maine. L’Espagne a quelque raison de protester contre
la conduite peu chevaleresque des vainqueurs tout-puissants ; elle oublie cependant que les conquérants espagnols au
Mexique et ses gouverneurs des colonies
de l’Amérique du Sud, voire même de
Cuba et des Philippines se sont conduits
pendant des siècles d'nne faeou absoluraent
analogue. Aujourd’hui le.s rôles sont renversé,s, et l’Espagne a fort mauvaise grâce
d’oublier sou histoire.
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GUIDE DES ÏALLÉES VADDÛiSES
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.DU CANTON DE VAUD
Ce jounial, qui vient de terminer
sa 73® année, paraît tous les quinze
jours, par numéros de 16 ou 21
pages, lormaut à la fin de l’année
nn volunae de 576 pages. Il est
, étranger aux questions ecclésias; tiq ues et aux discussions religieuses :
I son but est exclusivement l’édification, sous forme de méditations,
explications bibliques, lettres, biograpliie.<, nouvelles, récits de fails
intéi'essant le l'ègne de Dieu, enu'
prunlés à l’bisloire de 1 Eglise, ®
celle lies œuvres cbrétieunes, ou démissions évangéliques.
Prix de l’abonnement annuel :
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