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Année Sixième.
23 Oclobre 1880
N. A3
ECHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi '
V’ous mê sefes tévnoins. Actes 1, 8. 'véTiiè la charité. Er. I, 15
PRIX D'ABBONNEMENT PAR AN Italie . . L. 3 Tous les pays de l’Union de poète ... . >6 Amérique ... » 9 On s'abonne ; | Pour VIntérieur chez MM. les pasteurs et les libraires de | Torre Pellice. ' V*Q\iv VÊ3iiérieur au Bureau d'Ad* | minîstration.- : | Un ou plusieurs numéros sépa- rés» demandés avant le ti- rage 10 cent, chacun. Annonces; 25 centimes par ligne. Les envois d'argent se font par lettre refomfnandée ou par mandats sur le Bureau de Pe- : r^sa Argentina,
Pour lu RÉDACTION adresser ainsi: A !a Directiön du l'emoirt ». Pomaretto (Pîfterolo) Italie. Pour ¡’ADMINISTRATION adresser ainsi : A i'Admiriistraiioji du Pomaretto (Piuerolo; Itali^
Sommaix*e.
Lo Synode de 1880. — Artigianelli Vaidesi. -7 Nos ttodles de quartier. — Une
réligion qui amuse et une réligion' qui
occupe. —' Un vaudois et un prêtre. —
Bévue poUlique.
____iLAt— . =
U SYfim DE 4880
( Suite V. N. 4Ò )
Les. ministres honoraires.
Nous avons vu pendant quelques
^ années figurer au catalogue des
pasteurs vaudois, après les minis. très en activité, et les éinérites ,
une, troisième catégorie, celle des
. ministres en congé.
C’était upe belle et bonne fiction
imaginée <Îans un but spécial’ et
acceptée par complaisance plutôt
jqqe par convictiop, mais qu’il n’aù*
rait pas été prudent de laisser sub,sister plus ,lphgtemps. Le but que
l’on s’était,,Proposé et qui n’avait
¡ rien que de très avouable, était
-,d’ouvrir une porte par laquelle
pussent rentrer légalement deux
hommes, qui après avoir pendant
un temps plus au moins long, consacré leurs talepts .et leur remarquable activité au sejrvice de l’eglise , Vaudoise , s’ étaient crus
appelés à exercer leur ministère
au sein d’une autre église, ou au
service d’une société chrétienne.
Quoique ni l’un ni l’abtre n’eussent songé à demande^, l’autofisation de quitter le poste qu’ils
occupaient , leurs amis qui les
voyaient partir avec un vif regret,
avaient aussitôt imaginé;,'dans l’espoir de les voir, bientôt revenir
à nous, d’ouvrir pour eux la petite
porte dont nous avons parlé; eu
quoi le sentiment a plus de
part que Îa raison ; c’est ce qu’euxmêmes ne contesteront pas.
Si du moins ron ayait imposé
à ces frères , qui dépensent momentanément leurs forces à l’étranger, la deciaratiohformellé que dans
leur intention .très sérieuse, leur
éloignement n’ést que temporaire
et que s’ils reçoivent un appel de
leur église ils s’einpressefont d’accourir ; si ensuite on avait demandé d’eux une participation
régulière aux charges que suppor-
2
.342..
tent les autres ministres, leur
position vis-à-vis de l’eglise vaudoise serait, devenue à peu-prôs
régulière, quoic[u’elle constituât
toujours pour eux une sorte de
privilège à côté de leurs collègues
demeures au service de leur église.
Mais il suffisait, à teneur de l’ancien acte de Synode, qu’ils demandassent chaque année à la
Table d’être maintenus sur le rôle
à la catégorie des ministres en
congé; car il aurait été fort difficile à la Table de ne pas faire
droit à cette demande. Et d’ailleurs
lorsque l’on ouvre une porte de
'secours, on ne sait jamais au juste
qui s’introduira à la suite de ceux
pour qui elle a été ouverte. Un
réglement adopté à l’occasion d’une
personne, et pour un cas spécial,
constitue un véritable privilège;
or le privilège devient bientôt
gênant aussi bien pour qui Taccorde que pour celui qui en jouit.
Le dernier Synode a donc eu
grandement raison en remplaçant
la catégorie des ministres en congé
par celle des ministres honoraires,
et à ce titre membres honoraires
de nos Synodes. 11 a fait mieux
encore, en déterminant d'une manière suffisamment claire, mais nullement étroite et exclusive les
conditions à remplir pour être
inscrit sous ce titre au rôle des
pasteurs Vaudois: ils auront pendant un certain temps rempli
' honorablement les fonctions publiques au service de notre église
et ne les quitteront que pour entrer au service d’une Eglise soeur.
Enfin, et c’est là ce qui constitue
à nos yeux le côté le plus important delà délibération Synodale,
c’est le Synode lui-même qui
décidera pour chaque cas particulier, s’il y a lieu d’accorder le
congé demandé, ou d’accueillir
une demande de réadmission, au
service actif de notre église. Autant il est fâcheux de voir un Synode s’occuper , autrement que
comme Cour d'appel, de questions
purement administratives , autant
il est convenable qu’il ne charge
pas ses administrations d’une responsabilité qui ne revient qu’à lui
seul.
11 est arrivé au commencement
du siècle passé que les Eglises
évangéliques de Suisse, touchées
du dénuement dans lequel se trouvaient nos pères, par TexU de
la plupart de leurs pasteurs,
ont répondu à T appel de nos
Synodes en nous, prêtant pour
quelques années plusieurs de leurs
propres pasteurs. Nous sommes
aujourd’hui, en égard à-notre petitesse numérique, Tune des églises
les "plus Tiches ,en ministres de
la parole, tandisque dans beaucoup
d’autres, la disette semble aller
en augmentant. Si donc un jour,
un député d’une Eglise soeur venait dire à notre Assemblée Synodale ; Frères Vaudois, que le
Seigneur a honorés et bénis en
vous confiant une grande oeuvre
et vous fournissant une abondance
d’ouvriers, que depuis longtemps
nous ne connaissons plus , faitesnous part de vos richesses et
prêtez-nous, ou donnez-nous quelques uns de ces jeunes hommes
que vous avez formés pour Tœuvre
du ministère et dont vous n’avez
pas un urgent besoin ; qui oserait
dire que cet appel ne viendrait
pas de Dieu, etfqui ne s’empresserait d’y répondre de son vôte
3
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et s’il le fallait de sa personne?
C’est dans ce sens que nous comprenons ce nouveau titre de Ministres vaudois servant le Seigneur
au sein d’une autre Eglise, mais
avec l’autorisation du Synode .
auquel il n’ont pas cessé d’appartenir comme membres honoraires.
—■ Quant aux congés temporaires
d’un mois ou môme d’un an, que
les Consistoires et la Table ont
le pouvoir d’accorder à un passteur , à certaines conditions, ils
sont déterminés par un règlement
particulier et ne sauraient jamais
priver, môme momentanément ceux
qui en jouissent de leurs droits
de ministres au service actif de
l’Eglise,
AKTiGIANËLU \4LDËSI
Nous avons sous les yeux le vingtième rapport sur l’institution dite des
Arligianelli valdesi du 1' janvier au
31 décembre 1879 présenté par le
Comité directeur aux amis et bienfaiteurs de l’œuvre; et nous croyons
faire une chose utile et agréable cà nos
lecteurs en leur en donnant un résumé.
Le nombre des élèves n’a jamais été
si considérable que cette année, puisque 35 ont passe par l’établissement,
dont 25 s’y trouvaient dejii au 31 dè* cembre et 10 sont entrés depuis.
De ces 35 élèves 9 ont quitté l’établissement dans le courant de l’année
1879, 1 enlevé par la mort, 5 pour
avoir terminé régulièrement leur apprentissage et 3 par mesure disciplinaire. Il serait difficile que cette dernière catégorie n’existât pas; il est
même étonnant qu’elle ne soit pas
plus considérable encore et que sur
35 enfants 32 sejsoient conduits d’une
manière satisfaisante.
Il est bon de rappeler à ce propos
que personne ne doit échanger l’établissement des Arligianelli contre une
maison de correction fondée et organisée en vue d’enfants vicieux et incorrigibles. Elle n’est point cela. Fondée
dans le but de favoriser l’introduction
et le développement de l’industrie privée dans les vallées vaudoises, et
obligée, faute d'ateliers lui appartenant
en propre, d’envoyer les enfants qui
lui sont confiés dans les ateliers de
lajville, c'est-à-dire hors deTinlluence
directe de la direction, la maison ne
saurait être en aucune façon ce qu’il
faut à des enfants de la nature de
ceux dont nous venons de parler.
Les enfants auxquels l’Etablissement
peut être réellement utile, ce sont des
enfants pauvres , sans famille , n’ayant
personne pour prendre soin d’eux,
mais honnêtes, désireux de réussir et
susceptibles d’apprécier le bienfait d’un
foyer domestique vraiment paternel et
d’une vie de famille où la liberté se
concilie avec la règle, et où ceux qui
président n’ont qu’un désir: celui de
faire des enfants qui leurs sont confiés
mieux encore que des bons ouvriers,
des chrétiens tout pénétrés de la saveur
de l’Evangile et riionoranl par une vie
qui y soit conforme.
Des 35 éléves ci-devant mentionnés,
sept appartenaient à la paroisse de
Turin, huit venaient des Stations d’Evangélisalion et vingt étaient ressortissant desifamiilcs vaudoises des vallées.
Les professions embrassées sont celtes
de menuisier, ébéniste, serrurier-mécanicien, cordonnier, maçon, tailleur,
lithographe , pelletier , sculpteur en
bois, tapissier, ferblantier, jardinier,
graveur, tonnelier, relieur et fabricant
de parapluies.
La santé de la généralité des enfants
a laissé fort peu à désirei' et il n’y
a eu qu’un seul cas dé décès', le 2®
qui se soit vérifié depuis l’origine de
rétablissement (octobre 1856 }.
Le nombre des journées de présence
a été de 9-410 (1030 dé plus qu’en
1878 ), et la dépense de fr. 9475 70.
Les trois quarts du produit du travail s’est élevé à fr. 1208 05 et l'autre quart est à titre d’encouragement
abandonné aux élèves, à la double
condition pourlanli: 1° que ce quart
soit converti en livret sur la caisse
4
-344v
d’épargne ;,â® que ces élèves seulement
y ftlenl/défiBitiveinenl droit,, qili sortent dé' J’Etablissemenl régulière me ni,
une foi .leur apprentissage achevé, et
avec le consentement du Comité directeur,
Ep sus des souscriptions annuelles
rEiablissemenl a reçu en 1879 une
allocation de 1200 francs de la part
de,,la Société des demoiselles protestantes pour la protection de l’enfance
pauvre ; deux legs : Tun de 200 fr. de
feu M. le pasteur Davyl des Vallées
Vaudoises et l’aulre de 3000 de la
digne, veuve du regretlé 0/ Revel. —
Un ancien élève, maintenant h la tête
d’une fabrique de tricotsdans lesVallées,
s’ést souvenu du bien qu’il avait reçu
dans l’établissement et a témoigné de
sa reconnaissance en envoyant quelques
produits de la labrique que Dieu lui
a permis d’acheminer, savoir : 12 paires
de baSj 12. gilets et 12 paires de caleçons tricotés.
Ceci nous amène à observer qiie les
dons en nature, aussi bien que ceux
en argent, sont reçus avec reconnaissance, et que bon nombre de vaudois
ne feraient que mieux leurs affaires,
en envoyant des châtaignes, des pommes de terre et d'autres dons en nature ou en argent.
Celui qui donne au pauvre prête à
l’Elernel. Ël le Seigneur rend toujours
et bien souvent le 100 pour 1, même
le 1000 pour 1.
l\os écoles de quartier
Nous risquons fort, en voulant traiter ce sujet, de ne dire que des vérités
connues de chacun ou faciles à trouver;
mais le proverbe a raison, qui dit
que certaines choses gagnent à être
répétées ; le 1er aussi demande à être
battu, pour se ramollir: il faut donc
le battre et qui plus est le' battre tandisqu’il est chaud: or nous voici précisément arrivés à l’entrée de l’iiiver,
c’est-à-dire à l’époque où nos écoles de
quartier vont s’ouvrir; dans une quinzaine de joursleurs régents se réuniront
pour l'école de melhode: le moment
semble donc venu dé s’intéresser à
leur œuvre et d’en discowir.
Serait-ce perdre., sa .peine et . mal
employer son temps que d’attirer l’attention des vaudois sur leurs écoles
de quartier? Il y en a qui intefrôgés
là-dessus répondraient iitd, mais par
des raisons loul-à-fait opposées. Les
uns en effet voient tout en beau, et
parmi eux il y a surtout nos vieux:
de leurs temps, école voulait dire
écurie, étable ou quelque chose de
bien approchant, si ce n’esl de pire;
le maître bien souvent avait reçu toute
son instruction à Vécok des chèvres et
savait, plus qu’autre chose, manier
vigoureusement la baguette: aussi les
petits écoliers d’à prèsénl passent-ils aux
yeux de leurs gfands-pères pour dé
vrais enfants gâtés: que veulent Ils de
pins? ils ont pour maître un savant,
pour école un petit palais et des livres
de lecture de 200 pages? Tout va le
mieux du monde dans les meilleures
écoles possibles cl ceux qui, le nient
sont des trouble-fête qui ne sont jamais contents.
. Heureusement que ces derniers sont
encore nombreux parmi nous et au
fond la plupart de nos gens comprennent fort bien que si l’on a déjà l'ail
des progrès en fait d’insiruction, c’est
une fort bonne raison de copiiniièi',
au lieu de .s’arrêter en si bon chemin;
la génération présente compte un certain nombre de personnes assez instruites, assez clairvoyantes et réfléchies
pour voir les lacunes de liotre enseignement élémentaire.; elles désirent
beaucoup le voir s’améliorer, elles.ont
peut-être fait quelques iouables efforts
dans ce but; mais leurs meilleures tentatives sont venues se heurter contre
l’indifférence, l’indolénce qui fait le
fond du caractère vaudois et Tinerlie
de la masse a arrêté leur élan. Ils
ont tiré de cela la conclusion désoianle
qu’il n’y a rien à faire avec des parents
si peu soucieux de l’inslruclion dé
leurs enfants; parler à de telles gens
de ces sortes de choses, c’esl, disentils, la même chose que prêcher à dés
sourds.
Eh bien, soit, mais même avec des
sourds ou finit toujours par se faire
5
~345
comprendre, avec de la bonne volonté
cl de la palience. Ne nous lassons
donc pas de paider ; insiriiclîow à nos
gens, jusqu’à leur en rebalire les
oreilles; et pour atlrapper le bon bout
nous croyons qu’il faut commencer par
les écoles de quartier. En eflél l’école
de théologie est trop éloignée et trop
haut placée pour que noire peuple y
prenne uniinlérêl vivani, direci, immédiat. Il en est de même du collège
que la plupart ne connaissent que de
nonfi;: mais les écoles élémentaires ^
surtout celles de quartier, chacun les
voit, les connaît: chacun en a besoin
et peut avoir son mot à,dire là dessus;
il n’y a personne qui ose en contester
l’utilité ou en dire du ¡mal; il y a
bien par ci par là quelques meneurs
Taux amis des lumières, qui, s’ils osaient dire tous ce qu’il pensent,, proposeraient peut-être qu’on les suppi'ime,
mais ils ne sont appuyés dé personné;
nos villageois tiennent mordicus à leurs
écoles de quartier el ils ont raison.
Malgré cela , disons-nous , on ne donne
pas'assez d’importance à ces écoles:
elles en ont beaucoup, beaucoup el
encore beaucoup, el nous ne saurions
assez les soigner.
Elles sont petites, il est vrai, mais
n’allons pas juger de l’importance des
choses d’après leur grosseur; ne faisons
pas comme tels abilanls d’un de nos
villages qui en voyant leur école petite,
humide, mal éclairée, mal aérée, disent
cepèndànl d’un air tout réjoui : Bab !
elle est assez bonne pour nous: elle
fait assez; c’est vraiment être trop
modestes, ou plutôt c’est une fausse
modestie qui vient de l’ignorance; de
tel propos sont après lotit excusables
dans la bdliche d’un agriculteur qui
manque d’argent el d’instruction: ce
qui étonne à bon droit c’est de voir
ce préjugé partagé par des personnes
instruites et éclairées, lesquelles vouent
tous leurs soins aux autres écoles el
négligent les écoles de quartier, comme
si ces dernières étaient indignes de leur
intérêt et qu’il ne valût pas la peine
de s’en occuper.
Les Synodes de ces dernières années
ont témoigné un vif intérêt pour tout
ce qui louche à l’Ecole de théologie
et au collège: on a remanié les programmes, refondu le pian des éludes,
on a rajeuni, retrempé, créé: à nouveau pour ce qui concerne l’instruction
secondaire, mais nos écoles primaires
n’ont pas fait un pas en avant et soni
restées à peu de chose près ce qu’elles
étaient. Or il est permis de dire que
toutes ces réformes sont inutiles si
elles ne s’étendent pas à la base même
de l’instruction, c’est-à-dire à nos
écoles de quartier elies-mètnes. En
effet chacun a pn observer que les
discussions synodales sur ce sujet, se
réduisaient à ceci:
L’Eglise constate un certain abaissement dans le niveau des éludes théologiques cl par conséquent elle interpelle directement l’école de théologie;
celle-ci prend la balle au bond el
la renvoyé au Collège, en se plaignant
de la faiblesse des jeunes L/ijcéens qui
débarquent à Florence. Le Lycée à
son tour inet toute la faute sur le
Gymnase d’où les élèves arrivent, dit
il, mal préparés. Mais, répondent les
professeurs du Gymnase, comment
voulez vous que nous préparions convenablement des jeunes gens qui nous
arrivent du dehors et entrent au Collège dans un étal de faiblesse déplorable: adressez vous aux régents paroissiaux : à eux la fiiule.
Pour le coup, on pourrait croire
que nous sommes au bout de la chaîne:
pas du tout ; les régents paroissiaux
ne se tiennent pas pour battus:. Mais,
répondent-ils, vous messieurs les professeurs de théologie,, qui vous plaignez
d’avoir à enseigner à des jeunes gens
non suffisamment préparés à recevoir
votre enseignement, que serait-ce de
vous si vous eliez à notre place, nous
qui devons apprendre les quatre l ègles
à des enfants qui ne connaissent pas
la numération ; allez.enseigner convenablement rorlhographe et lagrammaire
quand’il faut pres^ie revenir à l’alphabet. Ah! ces régents de: quartier 1
Et voilà comment on a beau tourner
et retourner, on en revient toujours
là. L’école de quartier: voilà la vraie
base de rinsLruclion.chez nous; c’est
elle qui en snpporlo tout l’édiiice,
c’est sur elle que repose l’avenir de
6
-346*
noire peuple el de noire église; or si
la base n’esl pas solide, loul l’édifice
croulera avec elle; ou pour employer
une image empruntée au règne végélal
et que tout cultivateur comprendra
facilement, noire inslruclion c’est cet
arbre que vous voyez ; Les rameaux
et branches avec les fleurs el les fruits:
voilà l’école de théologie; le tronc, voilà
le collège; ces grosses racines à fleur
de terre el qui s’enfoncent dans le sol
voilà nos écoles paroissiales; mais qu’y
a-t-il encore au dessous? Ah! voyezvous ces petites racines, minces comme
des poils: on y fait presque pas attention et pourtant c’est par elles que
l'arbre vit el lire de la terre sa subsistance ; sans elles l'arbre périrait bien
vite faute d’aliments el les grosses
racines elles-mêmes se dessécheraient
l)ienlôl. Kh bien, ce que sont à l’arbre
ces petits racines, nos écoles de quartier le sont poui’ notre église et pour
notre peuple.
Gullivons-les soigneusement afin qu’elles deviennent toujours plus ce qu’elles doivent être et elles seront alors
pour nos vallées une source féconde
de bénédictions spirituelles, de progrès
intellecuiels, et aussi de prospérité et
de bien-être temporels.
II.
m fiBLiGION m AIHV8Ë
d une réligion qni occupe
Lorsqu’un Vaudois entre dans une
église catholique, el qu’il voit autour
de l’autel une demi douzaine de prêtres
occupés à dire ou chanter messe, el
que., tournant ses regards autour de
lui, il voit les génuflexions el les signes
de croix, el entend les murmures parfois
désordonnés des assistants,«il ne peut
faire'à moins que de laisser échapper
celle exclamation: « Que de gestes• El
si parfois, il a l’occasion de voir de
près la fêle patronale de telle ou telle
paroisse, à moins qu’il ne soit plus
catholique que protestant, il ne peut
que sentir son âme navrée d’une pareille profanation des sentiments religieux.
Une lecture faite, aiin qu’on n’y
comprenne rien, dans une langue morte,
prononcée aussi mal que possible, des
ministres qui changent à chaque instant
de costume el de position,; des ornements de toutes sortes, des draperies,
des tableaux, des statues, des fleurs,
des guirlandes, des couronnes, des
chandelles, des candélabres, l’odeur et
la fumée de l’encens, le son des clochelies el|des cloches, l’orchestre,
el parfois les détonations des mortiers,
en voilà bien assez pour rendre une
réligion amusante et même étourdissante. El comme si cela ne suffisait
pas, ajoutez les amusements hors des
temples, les processions, les illuminations, les pèlerinages, el aussi le carnaval, qui quoiqu’on en dise el malgré
le'carême, est inlimément lié à l’organisme de l’église romaine.
El ce qu’il y a de plus frappant el
de plus misérable, c’est que l’on a
réussi à amuser même les douleurs el
les disgrâces.
L’église romaine a été el est à cet
endroit d’une fécondité, extraordinaire.
Elle a fait une application merveilleuse
du principe de la division du travail,
el assigné à chaque madonne, saint ou
sainte, une charge spéciale à remplir,
de sorte que l’un guérit les aveugles,
un autre les sourds, l’un guérit les
maux de tête, un autre renvoie les
boiteux sans béquilles, l’un protège
contre la peste , un autre contre n’importe quel accident. Et pour cela l’ou
a tel sanctuaire à visiter, telle eau à
boire, tel morceau d’os à baiser, telle
calotte ou tel chiffon à vous appliquer.
Il Y en a pour tous les goûts, el si
cela ne guérit pas, du moins cela
distrait.
11 y a, il est vrai, dans l’église
romaine, des associations, qui sont
admirablement calculées pour resserrer
les liens du papisme, mais encore, il
y a à loul la fêle, le divertissement.
Et si parfois l’on donne une occupation aux membres laïques de l’église,
vous pouvez être sûr que ce n’esl jamais
en ce qui concerne le ministère ou le
gouvernement de l’église, ni en .ce
qui louche sa vie religieuse el morale.
7
I,es prêtres ont changé les églises en
théâtre, ils amusent, et c’est le moyen
le plus facile de couvrir tous les frais.
Le protestantisme ne fait pas de
(¡estes, il n’amuse pas. Ses temples sont
nu.s: point d’autels, point de cierges,
point de tableaux, point de fleurs,
pas un grand nombre d’officiants au
costume varié, même on trouve que
1a robe et le rabat sont déjà de trop;
point de cérémonies, l’on se lève pour
prier, l’on s’assied pour écouler, et
voilà tout. Et s’il y a quelque part;
l’une ou l'autre des choses que nous
venons de nommer, elle s’y trouve de
telle façon qu’elle n’a plus la force
d’amuser.
Le protestantisme ne voulant pas
amuser, où chercberait-il sa prospérité?
11 la cherche dans l’intelligence, l’activité et la fidélité de ses membres, non
seulement pasteurs mais laïques. Il
demande à tous de l’instruction et
plus il y en a, mieux il s’en trouve,
il y a là une grande occupalion. Ecoles
sur semaine à organiser et à faire
prospérer; écoles du Dimanche, qui
doivent èlre tout spécialement dirigées
par les membres laïques de l’église,
le pasteur ne pouvant suffire à tout,
catéchismes, qui demandent beaucoup
d’attention de la part des pasteurs,
des parents et des enfants; et la lecture
delà Bible faite en famille, voilà une
occupalion importante , non seulement
inconnue maisdéfendueaux catholiques.
Du plus, le pi’Oteslanlisme demande
que le peuple s’occupe directement et
sous tous les rapports de la marche
de l’Eglise. Non seulement il doit
s’occuper des locaux de culte , de leur
construction et de leur entretien , mais
il doit élire les pasteurs, les anciens,
les diacres* et par conséquent ouvrir
les yeux pour voir sur qui il porte son
choix. Il doit penser à venir au secours
des pauvres et des malheureux, et
faire annoncer l’Evangile à ceux qui
ne le connaissent pas encore. Voilà
bien de l’occupation et nous ne sommes
pas sûr d’avoir tout dit.
Les vaudois n’ont jamais cherché
ni pu trouver l’amusement dans leurs
églises ; ils ont à peu-près tout Ce
qu’il faut pour être occupés, et s’ils
ne le sont pas, c’est qu’il n’ont pas
assez bien compris leurs devoirs envers
l’Eglise, et ils se font en cela un grand
mal, car, comme le dit Vinel. «Il
est mauvais de rester enlièremenl passi f,
incompétent, éternellement mineur,
dans une église qui s’est refusé la
grande ressource ae l’amusement. Si
l’on veut que les troupeaux s’intéressent
à l’Eglise, il faut ¡es sortir de la
passivité, et quand ils s’intéresseront
à leur église, ils seront plus près
qu’on no croit de s’intéresser à la
réiigion#.
Un vandois et un prêtre.
Le 19 mars 1866 il y eut à Barleüa
une émeute contre les chrétiens évangéliques de cette petite ville. Un vaudois avait acheté un feuillet contenant
les détails du massacre qui avait eu
lieu. Tandisqu’il se rendait à Pignerol
et qu’il lisait avec émotion et avec
étonnement ce récit navrant, il vit arriver un prêtre; il se dit aussi-tôt:
voici un représentant de l’intolérance
et de la persécution, il faut voir quelle
mine il va faire à ce récit. Il lui présenta la feuille, feignant de ne pas
savoir lire, et lui demandant de bien
vouloir lui en expliquer le contenu.
Le prêtre, soit par curiosité , soit par
complaisance, lut quelques lignes, puis
il rendit l’écrit au Vaudois en lui disant: II s’agit de quelques ivrognes,
qui ont eu une querelle et qui sont
venus aux mains. — Rien que ça àh
le curé, j’ai cependant lu que quatre
ou cinq prêtres et quelques moines
étaient de la partie pour diriger l’assaiil contre les protestants et qu’ils
criaient: - Yiva la chiesa eallolica ,
morte ai 'proiesianii ». Voilà ce que
sait faire votre Eglise: honte aux auteurs de ces massacres ! bêtes voraces
et sanguinaires, un jour le sang versé
demandera vengeance et Dieu exercera
sa justice; alors Rome devra rendre
compte de ses iniquités. Le prêtre,
confus et plein de colère, s’éloigna dn
vaudois, mais celui-ci fît en sorte de
le rencontrer, landisqn’it se trouvait
8
..„348^
au inüieu de plusieiiis autres personnes
et lui réitéra sa demande.’ Naiureilement le pt'êlre refusa de lui faire une
telle lecture, car i| s’élait aperçu d’avoir à faire avec un protestant qui
n’était point timide, aussi se hata-t-il
de s’en aller. Les personnes présentes
voyant qu’un prêtre n’osait pas faire
conversation avec un paysan , s’étonnèrent extrêmement. Elles manifestèrent
le désir de savoir le contenu du feuillet en question , et noire vaiidois ¡le
leur lut et expliqua avec la plus grande
liberté, de sorte que l’un des assistants
lui demanda où il avait fait des études
pour savoir parler si franchement et
si clairement. Il leur répondit; chers
amis, nos conducteurs spirituels, nous
recommandent toujours de lire et de
sonder les Ecritures, et si nous rife
savons pas comprendre, ce que nous
lisons, c’est avec le plus grand plaisir
¡qu’ils nous l’expliquent, tandisque vos
prêtres vous défendent de les lire, afin
de. pouvoir d’autant mieux vous mener
à. leur guise; C’est par la lecture que
je puis connaîtrei . quelque chose, des
évènements du monde, et,si vous voulez
je puis vous raconter bien des faits
inleressants, et vous verrez quel avantage il y a, à savoir lire. i
îReiïwe, yalitiquc
: M$aUe. — Les Chambres étant, encore en vacances, les ministres.iisont
dispersés, Cairoli dans son château de:
Belgirate, Déprélis à Slradella. Le rohnsie vieillard a prononcé dernièrelemenL un discours dans un banquet
d’une société ouvrière où if a accentué
son prsogramme dît. de Slradella, èl:
fait une confession de; fQi»poliliqiie très
libérale, surtout en ce qui ¡concerne
la liberté deculte et:d’âssoQialion, Les
ministres qui semblent les plus, occupés soniicelui des finances, et des,,travaux pubjlics, J’hon, Daccarini,i, qui
après .avoir: inspecté les travaux du
St. Gûlhard;, a voulu s’assurer., luimême, de la convenance de plusieurs
tracés de voies ferrrées.
Les ovations,. les illuminalions ont
continué à Gènes en honneur de
Garibaldi et de Ganzio, et des principes qu’ils représenienl. On allertd le
héros des deux mondes, un peu partoiil, à Milan , h Rome, à Palerme ,
même et surtout à Paris.
W'i'unce. — L’exécution de la loi
sur les corporations religieuses a commencé. On assure que les évêques des
villes où les maisons religieuses seront
fermées iront excommunier solennellement les préfets coupables d’obéir
au gouvernement
Les Chambres françaises seront ouvertes le 9 novembre.
AUeunagne. — Bismark, qui ces
dernieres années menaçait périodiquement de sé. retirer’ dès affaires, vient
de se charger encore du rainisléfe du
commerce de Prusse. Il semblait que
le Grand Chancelier voudrait favoriser,
autant que faire se peut, les ouvriers
et faire leurs intérêts afin d’arrêter
les progrès effrayants du socialisme et
dû communisme en Allemagne.
Muggie. — La Russie ne fait pas
beaucoup parler d’elfe. Les journaux
ont parlé d’un nouvel alleniat contre
t'èmpereur, comme aussi ils Ont donné
dès, détails sur le mariage de ce prince
qui aurait épousé déjà éri' juillet
dernier la princesse Dolgorpuld avec
laquelle il sè irpiive dans Cè moment
à Livadia en Crimée. '
— L’Angleterre a
beaucoup de bois au feu. ,L’Irlande lui
d.o.pne des inqniétu.de.s. Des.’ meetings
nombreux rev.endiquenl aux fermiers
la possession des terres qu’ils cuHÎvent
________ ___ . inquiétées et, poussées
bout par leiGouvernemnht du .Cap s.ont
en révolte et menacent même l’existance de, l’Etal de jNatal, Cependant
la métropole se l’efuse ,à ,envoyer encore des troupes anglaise^ dans ces
pai'ages, et laisse ap gpuv,ei;neur du
Cap le soin de se tirer d’affaire.
Ebnest Robert, Gérant et Administrateur
piguerol, lmp, Çhiatilore et :MasçarelU-