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Annéfc Cinquième.
26 J U Hie I i879
N. 31
TÉMOIN
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Totfrs mç. serez tétnoins. Actes 1» 6. jS'wtuaiîi la 'oéritè avec la charité. Ep. ], 16.
PRIX D'ABBOXNEMBNT PAR AN Italie . , ■ ■ L. 3 Tous IsB paye de rUnioa de poste . . . ■ 6 Amérique . , . ■>9 On s'ftbDpoe : Pour VIntérieur chez MM. les pasteurs et lês libraites de Tprrô Peliice. P our r.^£i:iérieîir au Bureau d’Ad- ministration. Un fin pliisieura numéros sépa- rés, demandés avant le ti- rage ]0 cent, chacun. Annonces: 25 centimes par ligne. É-es envois d'argent se font pap, lettre Yeccmmdndée ou pat mandats sur le Bureau de Pe~ ^asa Argentina.
Pour la Rédaction adresser ainsi: A la Direction du Témoin, Poniaretfo (Piiiotolo) Italie. Pour ,r administration adresser ainsi : ArAdministration du Témoin, F om&mtto ( Pineroloj Italie.
SomnoalT’e.
Le respect pour la liberté de tous. —
ÇQrnspondan$e. — Comraent oo peut
quaqd pa la, vent serieusemept se suiBre
à soi-même. — üoe page merveilleuse do
rhistoire moderue. — üu songe. — Nécrologie. -- Nouïfelles religieùsei et faits divers.
— Revue pnlUique. , ^
Le respect pour la liberté de tous
C’est sans la moindre restriction que nous demandons la liberté
pour iows, pour autant qu’ils sont
capables d’en jouir ou que par
l’abus qu’ils en ont fait ils n’ont
pas mérité d’en être privés pour
un temps plus ou moins long:,
pour les enfants la liberté est tout
autre chose que pour l’homoie fait
et c’est avec une incontestable justice que le maifaiteur est mis hors
d’état de nuire à la société. Nous
n’avons jamais su comprendre que,
à propos de n’importe quelle réjouissance publique, les prisons
fussent entr’ouvertes pour rendre,
avant le temps , la liberté à une
foule de mauvais sujets qui ne
devaient pas tarder à y rentrer.
— Nous vouions la liberté pour
chaque citoyen qui ne se place
pas lui-même hors la loi, ou au
dessus de la loi commune , pour
le prêtre et le rabin, ni plus ni
moins que pour le pasteur, pour
celui qui a le ¡bonheur de connaître
et d’aimer l’Evangile, comm© pour
celui qui l’ignore et le déleste ,
pour celui qui croit un Dieu vivant, comme pour celui qui n’admet de réalité que dans la matière. L'Etat qui, dans l’ensemble
de ceux qui le composent, peut
appartenir, à l’une on à l’autre
de ces catégories, ou à toutes à
la fois, n’a absolument rien à voir
dans les convictions religieuses
des citoyens qu’il gouverne et s’il
témoigne tout naturellement une
bienveillance particulière à la
classe de citoyens ou à la dénomination religieuse qui lui suscite le moins d’embarras, ou lui
est d'un plus grand secours , il
doit, à toutes, sans' distinction, j ustice ett protection. Nous parlons.,
cela va de soi, de l'Etat moderne,
tel que l’influence bienfaisante de
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l’Evangile l’a fait, lentement mais
irrésistiblement. Car quant à l’Etat
ancien , il ne connaissait ni ne
pratiquait la liberté, pas plus lorsqu’il était le maître et parfois le
tyran de l’Eglise que lorsqu’il en
était l’esclave et l’exécuteur de
ses volontés.
Mais que de progrès restent encore à faire avant que dans les
grands Etats de notre Europe la
liberté soit comprise et pratiquée,
conformément aux belles théories
que l'on proclame dans les livres,
dans les journaux et dans les Parlements ! Tel homme qui, lorsqu’il
n’était qu’un professeur d’Univerversité, ou simple publiciste, professait à cet égard les principes
les plus corrects, qui les a. soutenus encore, un peu plus faiblement , lorsqu’il était assis sur les
bancs de l’opposition à la Chambre,
les oublie et les renie lorsque
le moment serait venu pour lui
et qu’il serait revêtu du pouvoir
de les mettre en pratique. Ou bien
encore, on s’arrête à une de ces
demi-mesures qui ne contentent
personne et ne remédient à rien.
Nous voulons en citer deux exemples dans notre propre pays
inconnues dans l’Eglise juive,
les processions publiques dans
les rues des villes et dans les
campagnes occupaient une très
grande place dans le culte que,
les romains surtout,„rendaient à
leurs dieux et déesses et à leurs
nombreuses divinités de second
ordre. Le culte en esprit et en
vérité que demande des chrétiens
le Dieu qui est Esprit aurait dû
bannir depuis des siècles ces actes
extérieurs, pompeux quelquefois
et parfois bouffons ( procession de
St. Nicolas à Bari ) auxquels l’esprit n’a aucune part. Mais le peuple en tout pays ne renonce pas
volontiers à ses anciennes coutumes et ici il y a chez les organisateurs de ces processions un
mobile très puissant. Ce sont de
véritables revues de leurs compagnies et il est important de
constater publiquement si le nombre de leurs fidèles s’accroît. À
cela nous n’aurions absolument
rien à objecter, si ces revues
avaient lieu dans quelque localité destinée spécialement à cela,
comme les revues et exercices des
soldats seront sur la place d’armes.
Mais tout comme aucun ministre
de la guerre n’ordonnerait et qu’aucune municipalité ne permettrait
que les manœuvres se fissent dans
les rues d’une ville, il nous a
toujours paru qu’elles ne devaient
pas davantage être encombrées
par une procession. Un simple
particulier ne le peut pas, plusieurs ne le peuvent pas d’avantage, et si l’administration communale exige rigoureusement de
chacun les impôts et les gabelles,
elle a de son côté l’obligation dé
maintenir aussi libre que possible
la circulation dans les rues, afin
que chacun puisse sans perte de
temps vaquer à ses affaires et
gagner l’argent que le percepteur
exigera de lui. Sans parler des très
graves inconvénients qui peuvent
résulter du fait que la résignation
passive à ce que l’on n'approuve
pas, ou qui vous incommode sans
aucun droit, n’est pas la vertu
de tottt le monde. Voir la récente
prodü||sion de la Madonne du bon
secours, à Turin, et les déplorables
scènes auxquelles elle a donné lieu.
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Libre à cbacan de brûler autant de bougies ou autant de pe'trole qu'il lui plaira , le jour de
la fêle du Statut, ou de la naissance du Roi ou de la Reine, de
Garibaldi ou de Cairoli, du pape
ou d’un cardinal, de la Madone,
de Saint Joseph, que l’on assure
être maintenant l’un des plus efficaces intercesseurs, ou de Saint
Jean, ou de Saint Nicolas, mais
à la condition que ces manifestations de loyauté, de patriotisme,
de pieté ou de superstition ne troublent pas l’ordre public et ne pré
judicient en rien les intérêts de
ceux qui ne sont pas disposés à
s’y associer. Les temples pour les
actes du culte , les rues d’une
ville ou d’un village pour l’usage
de tout le monde.
Le gouvernement n'a jamais osé
prendre une bonne fois une mesure' énergique à cet effet, — mais
pour donner satisfaction aux mécontents et ne pas assumer luimême une responsabilité dont ii
avait peur, il a laissé aux autorités locales, c’est-à-dire, aux conseils ou syndics de chaque commune la faculté de défendre ou
de permettre les processions. En
apparence la mesure peut sembler
dictée par le respect de la liberté;
en réalité elle est une source permanente de troubles. Ici l’on défend , là on permet ; ou encore ,
dans la même localité, l’on défend
aujourd’hui et l’on permettra demain, parceque dans les élections
communales, l'on a donné une
grande importance auxdisposilioua
ou aux principes professés par tel
candidat et combattus par tel autre.
Les inconvénients sont toujours
exactement les mêmes, les plaintes
également, mais M. le Syndic doit
quelque chose à ceux qui l’ont
fait élire et il paye sa dette par
une complaisanee désagréable et
nuisible à une partie de ses administrés. — Les processions publiques en pays libre sont une
grave atteinte portée à la liberté
de plusieurs et ne profitent réellement à personne.
(Kortesfotibancc
( V. iV. S9).
Monsieur le Directeur,
Ma dernière lettre était déjà assez
longue et j'ai pensé qu’il valait mieux
répondre plus lard à l’objection de
mon ami J. tvoir le N. 23), qu’il a
exprimée à peu près en ces termes;
« L’inconvénient que je vois à la
formation d’un fonds donnant un revenu perpétuel ce n’est pas seulement
d’endormir ceux qui viennent après
nous, c’est bien plutôt celui de ne
pouvoir jamais compter avec certitude
que le vœu des fondateurs et d mît uii’s
sera scrupuleusement et toujours respecté 11.
Ce que nous donnerions maintenant
pour le maintien de la saine doctrine
pourrait, pense-l il, être employé plus
tard à la combattre et à propager les
erreurs les plus funestes.
Hélas 1 oui, il en est ainsi pour les
choses les meilleuies d’ici bas, et il
n’est au pouvoir d aucun homme, ni
du plus puissant, ni du plus sage, de
prévenir de pareils accidents. Le brave
coûleüer du coin façonne un mignonne
paire de ciseaux qui, dans les mains
légères d’une habile couturière feront
merveille. Quelques mois après être
sortis de l’atelier, ces ciseaux mignons
se sont vus sur la table, en cour d'Assises, non plus brillanls et polis, mais
ronillés déjà d’une rouille de sang;
dans un accès de rureur aveugle et
jalouse, une pauvre ouvrière s’en était
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servie pour défigurer, si non pour
tuer, une compagne. — Que n’a-l-il
pas sué et gémi le misérable X pour
arriver à la fortune! Privations, humiliations, bassesses, infamies, il a
tout subi ou pratiqué, se proposant,
peut-être, d’effacer, par des actes tardifs, ou posthumes de charité, les taches de boue et de sang qui souillaient
son or. Ce n’était pourtant pas là sa
préoccupation principale; il visait à
mieux que cela ; il voulait fonder
une famille, j’allais presque dire une
dynastie, tant il se donnait une solennelle importance en parlant de ses
projets et de ses espérances. Ses fils
devaient être placés très haut dans la
société, sa fille faire un brillant mariage; tout avare qu’il était, notre
homme dépensait largement pour réaliser ses rêves ambitieux, et il faut
dire que ses aigles de fils l’aidaient
de toutes leurs forces à dépenser. Mais
voilà, l’abondance d’argent qui est un
piège à tout âge, l’est surtout dans la
jeunesse. Bref, je pourrais presque
appliquer à ces jeunes hommes, s’ils
avaient été trois au lieu de deux, la
lin d’une lable de La Fontaine. La
main des Parques blêmes les arrête
impitoyablement au début de leur carrière', l’un affaibli par les excès de tout
genre, mais l’autre dans toute la vigueur
de ses vingt ans. Dire la désolation
du père est impossible. Destitué de
consolations meilleures, il concentra
toute son affection, ou pour mieux
dire toute son ambition et ses projets
de grandeur, sur la fille qui lui restait.
Vanité des vanités 1 Ce n’élail qu’une
fille ; et comme elle aurait un jour une
riche dot, lil n’y avait pas lieu de se
mettre en frais pour lui faire donner
H;H0 éducation soignée. Ses goûts sont
demeurés plébéiens, si bien que, un
beau jour, persuadée qu^ jamais son
père ne donnerait spn conseniemenl à
l’union qu’elle veut contracter, elle
s’enfuit de la maison paternelle avec
un jeune homme qiii'a ¡réussi à l’ensorceler. Célait plus que ce pauvre
homme rfen pouvait porter. Ecrasé
sous les ruines de toutes ses espérances,
il iraina quelques semaines encore sa
misérable existence, puis il expira au
milieu des angoisses d'une âme qui a
vécu sans Dieu, qui ne peut rien emporter de ce trésor laboiirieusement
entassé, et qui n’a rien à espérer
après la mort que l’attente terrible du
jugement et l’ardeur d’un feu qui doit
dévorer les adversaires.
Si ou avait demandé à cet homme
la veille de la mort: et lesbiens que
tu a amassé à qui seront-ils? peut-être
aurait-il exprimé le pres.sentiment très
fondé, qu’il faudrait moins de temps
pour les dissiper, qu’il n’en avait mis
à les accumuler. El c’est bien là ce qui
a commencé d’arriver et qui arrive
encore, car en règle générale « ce
qui vient par la tlûlo s’en retourne par
le tambour v.
Celle, triste bisloir,e est bien plus
longue, j’ai vainement essayé de l’abréger pour qu’elle ne remplît pas à
elle seule une lettre à un petit journal.
Si vous jugez qu’elle est de trop,
relranchez-la sans scrupule. S’il ne
m’est pas permis de dire même à vous
le nom du personnage que j’ai pris à
lâche de ne pas faire deviner, je puis
garantir l’anlhenlicilé des détails.
,1e reviens à mon sujet. Mon ami
J. sait très bien qu’il n’y a ici ^bas
rien de stable, rien absolument, ni
panni les choses les plus mauvaises ,
ni parmi les plus excellentes, puisque
même au dire d’un poète « les plus
belles choses (dans ce monde), ont
le pire deslin ». Des temples chrétiens
sont devenus des mosquées, par contre
l’église de S. Paul à Londres, celle de
S. Pierre à Genève, une foule d’édifices élévès par les catholiques, sont
depuis des siècles affectés au culte réformé. Le Quirinal est devenu la, résidence des Rois d’Italie. — Comme
les fameuses Tuileries de Paris vont
être converties en jardins publics.
11 est triste, sans doute, de penser
que ce que les Vaudois donneront
maintenant pour assurer à eux et à
leurs enfants, la prédication fidèle du
pur Evangile, pourra être détourné de
ce but et employé à détruire plutôt
qu’à édifier les âmes; — mats je dirai
à M'’ J. et à tous ceux qu’agitent les
mêmes craintes ou les mêmes scrupules: Mes chers amis, il n’existe pas
5
-.245.
de moyen meilleur el plus sûr de prévenir ce que vous redoutez pour vo^
-enfants, ou pour vos petils enfanls,
que celui-là précisément qu’on voiis
propose d’employer, comme iamais
jusqu’ici on pe l’o pratiqué parmi nous,
Vpuleï-vous sincèrement que rEvangile
tel que vous l'avez goûté, tel qu’il
vous est maintenant précité, grâce à
Dieu, du haut de toutes vos chaires,
dans vos écoles el dans vos maisons,
continue de l’être en faveur de ceux
qui viendront après nous? Ençourageons nos pasletirs en leur lémoignpnt
de la confiance et de l'intérêt, en leur
épargnant pour aulani que cela est
raisonnable et possible, ces soucis
matériels qui sont tou jours nuisibles à
leur œuvre spirilueile.
Que les jeunes gens qui en auraient
la capacité et la voealion, ne soient
plus éloignés de la carrière du ministère par la craipte des privations qui
les y allendraienl. Qu’il sachent qu’on
ne ma>’Çhândera pas avec eux, qu’on
ne les prendra pas au labais, donnant
¡a préférence à celui qui se conleiilera
de irçs peu, ou peut-être aussi à celui
de qui on pourra aileudre plus de
générosité à donner. A ces conditiotis
j’ose .vous promellre, mes chers amis,
que nous ne manquerons jamais de
pasteurs fidèles, prêchant la parole ep
temps el hors de temps et ne la falsifiant pas, même pour complaire a
ceux qui leur demanderaient une nourriture plus maderna.
Au reste, qu’il existe, ou non, un
fonds spécial, pour l’entretien des
pasteurs, il est sûr que te jour où la
masse des vaudois voudrait un chi>
stianisme plus commode que celui qu’on
lui offre., elle n’aurait aucune peine à
« s’assembler des docteurs selop son
cœur», et ce ii’esl pas l’absence d’un
fonds qui la relieudrail.
Agréez etc.___________________________
Gomment on peut
qiiapd on le vent sérieuseméjit
se suliire â soi-ménie
Sous le ililre de: A Neuçhâlel et à
Genève, la Semaine fifçiîjfieuse publie
sur la question de la séparation de
fEglise et de l’Etal, un article fort
intéressant auquel nous empruntons
le fragment suivaiU :
ï Dans celle Eglise ( l’Eglise indépendante de Neuchâtel ) les contributions des fidèles sont toutes anonymes.
Les souscripteurs déposent leurs offrandes pour le culte dans les troncs
des temples à l’issue des services du
premier dimanche du mois; s’ils préi'èrent les remettre directement au
’frésorier de la paroisse, ce dernier
les inscrit dans son régisire de caisse
sons cette rubrique ; cmirièutim anonyme. Personne ne sachant de la
sorte, ce que son voisin peut donner
pour les dépenses de l’Eglise, grands et
petits souscripteurs se trouvent siéger,
dans l’assemblée de paroisse, sur un
pied de parfaite égalité ».
• D’un autre côté, les honoraires des
pasteurs sont fixés, non par leurs
paroissiens, mais par le Synode, ël
ces trailements leurs sont servis, non
par les caisses locales, qui ne subviennenl qu’aux frais de culte proprement dits , mais par un fonds central
alimeiilé par les contributions de toutes
les paroisses du Canton. Ancnn pasleur n'éia’ul’.salarié dueclenieni. par
ses ouailles, les conducteurs de l’Eglise conservent à l’égard de leurs iroupeanx, toute l’indépendance nécessaire
à l’exercice de leur ministère ».
- » En fait, les membres de l’Eglise
indépgndanle neucbâlelaise sont pour
le plus grand nombre, des ouvriers
ou des paysans qui n’apparliennenl
nullement à l’aristocratie de naissance
ou d’argent du Cftnlop. Le 10 octobre
1873, \e National. Suisse de la Chauxde-Fonds insérait mônre ces lignes
triomphantes: « les familles les plus
riches de Nencliâtel ont déclaré neltet
nient qu’elles restaient nationales, La
nouvelle Eglise n’a encore que peu
d’adhérents fortunés. » Et ce joqrr
nal ajoutait d’un ton assez narq.uo.,is;:
comment la. caisse centrale entreiiendra-l-e|!e el togera-l-elle 25. pasteqi'S
à 4000 f'fancs, ce qui ne serait pasi
exagéré? Cela fera 100.000 francs,;
sans complet les frais de culte
6
~-24ë
>> Eh bien! oe queïla feuille radicale
ne croyait pas possible s’esl montré
possible. Malgré les difficultés exceptionnelles qui résultent, pour nos frères
de Neuchâtel, de la crise prolongée
qui pèse sur l’industrie et sur le commerce de notre pays, la nouvelle
Eglise a pu, depuis six ans, faire face
à toutes les dépenses nécessaires, sans
jamais voir s’ouvrir sous ses pas le
gouffre du déficit. La caisse centrale
reçoit chaque année plus de 100.000
francs, pour entretenir 27 pasteurs,
5 subsides et 8 professeurs ordinaires
et extraordinaires; les paroisses subviennent , en outre, aux frais du culte
de 21 églises, et déposent dans les
sachets destinés aux pauvres, jusqu’à
30.000 francs par année. Par dessus
tout cela l’Eglise avait su trouver, de
janvier 1874' à mai 1877, la somme
de 700.000 francs pour l’érection de
7 à 8 chapelles. — Soutiendra-t-on
encore , en face de cet exemple, que,
dans nos cantons romands, l’église de
Jésus-Christ est incapable de vivre et
de prospérer sans le secours du budget
de l’Etat?»
mî PAGE MËK\EiLLEl]$E
de i'hisloire moderne
Eu' 1778, le célèbre Cook chercliait,
au travers des glaces polaires, le passage si cher h la science et trouvé
enfin par Mac Cliire. C’est au retour
de cette infrnclneuse expédition qu’il
découvrit le groupe des Iles Sandwich,
Il décrit ainsi la contrée : le sol y produit, sans culture, le cocotier, l’arbre
k pain, l’oranger, la vigne, le liguier.
Aucun reptile ne s’y gli.sse sous les
fleurs, aueune »bêle fauve ne l'ugil
dans les bois. Un printemps éternel
règne dans ces îles, et leur langue
n’a pas même d’expression pour le
changement de température.
Par une association d’idées bien ,nalurelle au temps, le temps de J.-J.
Rousseau , Cook se plut à croire que
les habitants ressemblaient à leur pays,
et qu’il avait découvert un nouveau
paradis terrestre... Hélas! deux ans
après, il revint et fut massacré ! Bientôt
on sut à quoi .s’en tenir sur ce peuple
si doux; son idolâtrie était odieuse et
sanguinaire; les divinités des volcans
réclamaient incessamment des victimes
humaines, et n’en faisaient cas qu’immolées avec d’affreuses tortures ; des
guerres continuelles pourvoyaient à ces
sacrifices. L’abandon dés vieillards
mourants, l’infanticide pratiqué avec
des raflinements inouïs, des mœurs
abominables , complétaient ce tableau.
Les choses demeurèrent dans cet état
jusqu’en 1820, qn’abordèrerït aux îles
Sandwich des missionnaires américains.
Je ne saurais décrire ici leurs travaux;
je me bornerai à dire qu’il y a quelques années une fêle immense, à laquelle la nation entière prenait part,
célébrait le jubilé mi-sécidaire de leur
arrivée. Certes, si jamais jubilé a eu
sa raison d’être, c’est bien celui-là.
Aujourd’hui toutes les îles Sandwich
ont embrassé la foi chrétienne. Plus
de sacrifices humains, plus de gueri'cs
d’extermination , plus d’infanticides ,
cela va sans dire. Ce qui ne va pas
sans dire et doit être dit, c’est le d&ir
louchant de communiquer à d'autres
les bienfaits reçus. Les Sandwichais
ont envoyé depuis quelques années
dans les îles Marquises et dans la Micronésie 23 missionnaires de l’Evangile.
Fort généreux , ils paient Margement
leur culte et entretiennent toutes sortes
d’œuvres de bienfaisance. A la nouvelle
des désastres de la France, ils collectèrent une somme considérable. C'èlail
semonii'er fidèles au précepte de JésusClirisl: rendre le bien pour le mal;
car la France, par un traité qu’on
peut bien qualifier d’inique , et qui
n’a jamais élé aboli, a exigé l’entrée
en franchise de ses eaux-de vie...
Ce pays a pris rang parmi les nations civilisées. Ils ont d’excellentes
écoles, une université, des hôpitaux,
des journaux. L’Eglise est absolument
séparée de l'Etal; l’instruction est obligatoire et laïque; les pères de famille
s’entendent pour faire donner, à l’école
même, l’enseignement religieux par
l’ecclésiastique de leur choix. — Les
îles Sandwich ont un roi constitutionnel
7
et deux Chambres. Là se délibèrent
de sages lois, pleines de bon sens, et
qui sont le développement de la Charte.
Dans l’un de ses articles, celle Charte
proclame que les lois du pays seront
toujours conformes à la Pai ole de Dieu.
Je citerai deux mots du discours d'ùii
député à l’occasion du budget de l’instruction publique; • quoi, messieurs,
» vous hésiteriez à voler l’augmenta» lion demandée ! Pour moi, je l’eusse
» volée plus forte encore. J’aime mieux
» payer l’insliluteur que l’agent de
» police. Prévenons le mal ! cela vaut
» mieux que d'avoir à le réprimer... »
Le roi a présidé lui-même le banquet qui, sous les beaux ombrages
d’Honolulu, réunissait plus de 7000
personnes. Partout flottait la bannière
sandwichaise avec sa devise : La pistice conserve la vie du pays.
Ce roi est un homme d’intelligence
et d’esprit, et qui ne se laisse nullement imposer par les phrases sonores
des européens ennemis de l’Evangile.
Un jour, impatienté du verbiage d’un
officier de marine: «capitaine, » lui
dit-il en i’inlerrompant, « avez-vous
D remarqué, il y a un instant, que
> votre ombre se projetait en entier
» sur mon corps ? — C’est possible,
» mais qu’importe ? — Il importe peu
* aujourd’hui, mais sachez que , nat guère, couvrir le roi de son ombre
» était un crime impardonnable, et
» que, si cela vous fût arrivé il y a
» quelques années, avant que nous
» connussions l’Evangile, vous n’auriez
» pas eu pour une heure de vie •,
J’ai trouvé une preuve louchanle de
la solidité des principes religieux de
ces braves sandwichais dan.s le témoignage d’un voyageur en Californie.
La Californie n’est pas éloignée d’eux
et les mines d’’or en ont attiré plu
sieurs. — C’était un dimanche. Le
voyageur passait devant des campements anglais, mexicains, américains.
Partout on buvait, on jouait aux caries
ou l’on lavait sa poudre d’or. De.s
chants d’une autre nature l’ont attiré
vers une lente en feuillée ; il a reconnu
avec émotion la mélodie de nos cantiques chrétiens. Il est entré respectueusement. Trente sandwichais, ayant
chacun leur Bible, célébraient le culte,
et quelques américains, quoiqu’ignorant leur langue , étaient venus , faute
d’autre ressource, s’édifier à leur
ombre.
Dira-t on que le christianisme est
une religion sans force et qui a fait
son temps ? Non , le christianisme est
toujours jeune et vigoureux. Et si, ce
qu’a Dieu ne plaise, il avait vieilli pour
notre Europe, il vit, plus jeune et plus
fécond que jamais, dans les îles'dé la
Mer du Sud , comme aux Groenland,
comme en Afrique, comme aux Indes !
Le Petit Glaneur.
Un songe
Il est bien vrai de dire que les voies
de l’Elernel .sont merveilleuses, et qu’il
se sert pour sauver les hommes de
moyens auxquels nous n’aiirions jamais
songé. Voici d’après The Smrd and
Trowei ce qu’un homme converti écrit à
M. Spurgeonjau sujet de sa conversion.
«11 y a dix-sept ans, il a plu au
Seigneur de permettre que j’eusse un
songe dans lequel je voyais que la fin
du monde était venues et que les saints
montaient au ciel avec Jésus pour y
habiter éternellement dans la gloire. Je
fus laissé en arrière et je vis près de
moi sur une grande quantité de paille
une de mes anciennes connaissances qui
me dit : On nous disait dans l'autre
monde que nous serions dans le feu ,
mais je vois qu’il n’en est rien. Toiilà-coup les flammes nous entourèrent
de toutes parts, et dans ma grande
frayeur je m’éveillai.
• Quelques jours après je vous entendis prêcher, et jugez de ma grande
surprise lorsque je vous enlendis lin;
du haut' de la chaire le texte snivnnl ;
« Voici ils .“ioni devenus comme/de
• la paille, le feii les a bnilés ; ils ne
délivreront point leur âme de la juiissance de la flamme • ( Esaïe xlvii, ).
Dans le conrani du mois d’août 1876
une grande épreuve vint s’ajouter au
songe'et an sermon, qui furent, dam
les mains du Seigneur les insiruments
de la conversion de la personne qui
a écrit la lettre que vous venez de lire.
8
NÉCROLOGIE
Il vient de se faire un nouveau vide
dans nos rangs ; M™® Nancy Rollier ,
Glle de M“' P. Bert, ancien modérateur,
est entrée dans son repos,, dimanche
soir, sans que rien fit prévoir un si
prochain départ. Elle avait assisté le
malin au culte public, et avait suivi
avec t plaisir et avec édification l’explicalion que le prédicateur a faite
du çhap. i7 du If Livre des Rois ; et
prêoeoupée de ce qu’elle avait entendu
le malin,, elle passa une grande partie
de son après-midi é lire dans sa Bible
que sa famille trouva ouverte au chapitre 11 et 12 de St, Jean.
Par son aimable enjouement, M“®
Nancy Bert avait conti-ibué é rendre
agréable la maison hospitalière^ de son
père, â Saiple Marguerite, qui recevait
dans son sein nos amis anglais et allemands; par son affabilUej, ses; manières affectueuses, et par lesmombreux
services qu’elle ren(;lait, elle .avait conquis l’amour des paroissien^ dq son
mari, soit é Massel, soit à Rorà. Aussi
plusieurs de ces derniers ne l’avaientils pas oubliée, même après 29 ans
d’absence, et oni-ils voulu se joindre
au long convoi qui l’accompagnait
hier é sa dernière demeure terrestre,
à, la suite de son mari, M. le prof.
Rollier, de ses eefenls et d’une foule
de parents, et. d’amis.
On a fait ressortir avqç raisop s,es
excellentes qualités .d’èpousè et de
mère de|famillé., qui ont eu Iqur rér
compense dans le respect et r'affeclion
de tous les siens.
En no'is associant à la douleur et
aux regrets de $a famille, nous disons
avec elle Je me. suis lû,, péfceque
c’est Toi qui l’as fait» (Ps. xxxix, 10).
Nous apprenonm'instanl la mort
de Adèle Revel, Veuve du docteur
J, P, Revel, professeur dq théologie
à Florence.
Üouoetles teltigteuoee
Les petits cadeaux entretiennent l’at
mitié. La Semmne religieuse d’Arras
(qui n’a rien de commun avec la Semaine reh'eîettse de Genève) mentionne
un exemple original de procédés de
ce genre entre deux évêques. Nous
citons : t Lors de la cérémonie du douzième centenaire du martyre de SaintLéger, faite à Autun, Mgr. Lequelte
avait remis à Mgr. Perraud un fragment du crâne de Saint Léger extrait
de la châsse de l’évêque d’Arras. En
reconnaissance Mgr. Perraud apportait
et a remis à Mgr. Lequelte un fragment d’une des côtes de Saint Lazare,
premidr évêque de Marseille , extrait
de la châsse que garde la cathédrale
d’Autun». i
Voilà certes un genre de présents
auxquels des évêques seuls pouvaient
songer : un morceau de crâne, une
parcelle de côte ! Peul-fon pousser jusque là la profanation desirestes humainst H est vrai que ces ossements
ne sont pas authentiquas ; mais pour
3uoi ne pas laisser a la terre les os
e ces pauvres inconnus ? Il est vrai
3lie Romeja longtemps faille commerce
e pareils; débriCf C’est;l’excuse de nos
évêques ; ils otrt*j»Bnsé que Ce qui s'achelail pouvait bien aussi se donner.
, ( Eglise Libre ).
îJcüwc pUtiquç
La Chambre des députés ne s’élanl
plus trouvée en nombre, a dû suspendre'ses séances. Le Sénat a voté,
an . pas de charge les lois déjà approuvées par les députés, enti\utres le
projet des chemins de fer.
• Le roi Humbert' partira de Rome
pour Gênés, Turin et Monza, dès que
le Sénat aura terminé ses travaux,
Anfftetefre. —- Les Zoulous ont
été si complètement battus, que le
général anglais a fait savoir qu’il fallait
suspendre l’envoi de tous rqnforls ultérieurs On espère que la paix se
fera prochaineroeqt.
JltfMi«. On signale des incendies
sur plusieurs point de l’empire.
Èrnkst Robert, Gérant et Administrateur.
Rigaerol ,Impr. Chiantore et Mascarelli.