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■ V» année
25 Juin 1869.
N- ti.
L’ECHO DES VALLÉES
FEUILLE HEBD03IADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
(le la Famille Yaiidoise.
Que toutes les choses qui sont véritables........ •ccupeni
vos pensées — i Philippiens., IV. 8.)
PRIX D ABONNEMENT I
Italie, h. domicile (un an) Fr, 3
Suisse..................5
France................» 6
Allemagne.............» 6
Angleterre, Pays-Bas . • 8
Un numéro séparé : 5 cent.
Un numéro arriéré : 10 cent.
BOREAUX d’aBONMEHENT
Torri'-Pei.mce ; Via Maestra,
N. 42. (Agenzia bibliografica)
PioNRRoE : J. Chiantore Impr.
Turin :J.J. Tron, via Lagrange
près le N. 22.
Fi.orencr : Libreria Evangelica, via de'Panzani.
ANNONCES t 5 cent. la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S* adresser pour l'administration
au Bureau cl Torre-PelHce ,
via Maestra N. 12. — pour la
rédaction : A Mr. A. Revel
Prof, h Torre-Pellice.
SOMMAIRE — Ce qui nous manque comme église; — Dons en faveur des hôpitaux. — Variétés: Le future Concile. — Correspondanc». — Chronique
locale, — Chronique politique.
CE QUI NOUS MANQUE COMME EGLISE.
f Voyez notre .V.
S’il suilîsait d’un mot pour répondre à la question (¡uo nous avons posée en
tête de cet article et du précédent, — il serait bien vite dit: « ce qui nous
manque, c’est de faire caloir ce que nous avons, on si vous le voulez, ami
lecteur, c’est de réaliser, d’une mauière plus complète, les conditions de vitalité qui nous sont faites, — ne craignons pas do le répéter, — par la fidélité
de Dieu ».
Or comment usons-nous de ce que nous avons ?
I. La Bible est, chez nous, très-répandue; s’ensuit-il qu’elle exerce, sur
notre foi, sur notre vie, l’influence et la domination auxtjuelles elle a le droit
de prétendre ? AiTêtons-nous à ce qui frappe davantage les yeux : quelle est
la place qu’elle occupe dans le culte public et au foyer domestique? — Dans
le culte public, on choisit, pour la lire, le moment le plus ingrat, celui où l’assemblée se forme, et où par conséquent, il y a le plus de bruit et moins de
recueillement. Bien peu de personnes prennent à cette lecture, ainsi, une part
active; bien peu, lorsque le pasteur annonce et développe son texte, sont préparés, comme les Juifs de Bérée, à « recevoir la parole avec empressemeut.
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et à coafronteravec som les Ecritures » avec le couteau île la prédication. Notre
attitude est esseatielleineut passive; et cette passivité, ou mieux cette inertie,
nous la portons avec nous au foyer domestique, oîi le culte de famille est rarement pratiqué dans des conditions propres à assurer son efficace. Quoi donc!
sait-on même partout, dans nos Vallées, quelle est la signification du culte
domestique? Le Rapport de la Table au Synode { p. 5. ) signale le cas d’un
ancien affirmant que « l'agriculture est elle-même un culte rendu au Créateur l»
— Mais de ceci une autre fois ; nous ne voulons, pour le moment, qu’une
revue sommaire.
II. Notre Confession de foi, avons-nous dit, est l’expression scripturaire des
doctrines bibliques, mais elle est en outre la voix de la conscience de l’Eglise,
à tel point qu’une Eglise qui ne confesserait pas sa foi, prouverait par là
même qu’elle n’en a point. — Or notre Eglise, considérée dans chacun de ses
6000 membres admis à la Communion, a-t-elle vraiment conscience de la foi
qu’elle professe? Pour no pas parler des pasteurs et ministres, qui tous sont
censés l’avoir étudiée puisqu’ils y ont apposé leur signature, combien y a-t-il
d’Ânciens qui aient fait de notre Confession de foi l’objet d’une méditation un
peu approfondie? Ils ne sont pas obligés de la connaître; pensez donc où
peuvent arriver parmi nous, l’indifférence pour la doctrine, le vague, l’ignorance, la confusion, et combien nous sommes exposés à mériter le reproche
de r.àpétre; « Ne soyez pas comme des enfants, ballottés çà et là à tout vent
de doctrine ».
III. Notre CosTiTUTioN repose sur le principe: gomeniemmt de l’Eglise par
elle-même. Mais combien l’application de ce principe est encore défectueuse I
Les troupeaux sont trop passifs; il faut les sortir de cette passivité et faire
des dssm&Wesprtroissiaies une institution vraiment sérieuse, fonctionnant d’une
manière régulière. Les différentes paroisses ou églises particulières, quoiqu’obéissant toutes au même gouvernement ecclésiastique, n’ont pas une cohésion
véritable; elles s’ignorent les unes les autres jusqu’à ce moment précis de
l’année où leurs députés se rassemblent pour traiter, fort à la hâte quelquefois, des intérêts généraux et de tous les intérêts locaux. Elles ne se touchent
vraiment qu’au Synode, quatre jours dans l’année, et c’est tout. Ah ! que ne
songe-t-on à multiplier ces points de contact, en rétablissant nos anciens colloques ! — Nous avons des Consistoires où le principe de la division du travail
est ou complètement méconnu, ou fort imparfaitement appliqué : — le pasteur
y est tout; des Anciens-Régidors dont parle notre histoire, plus de trace. —
Enfin nous avons, depuis 1839, introduit dans notre Eglise presbytérienne
une étrange anomalie, le Corps ecclésiastique, auquel, à l’exclusion de l’élément la’ique, est commis le maintien de la pureté de la doctrine, et sont même
dévolues certaines attributions purement administratives. C’est un résidu de
cléricalisme contre lequel protestent à la fois notre principe presbytérien elle
passé de notre Eglise.
IV. Nous jouissons, vis-à-vis de l’Etat, d’une complète Indépendance; mais
il n'eu est pas de même vis-à-vis des petites corps politiques appelés « corn-
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iniines ». Ici, l’église s’appuie sur la commune; là, la commune fait irruption
dans l’église. Cette confusion, plus ou moins grande suivant les localités, est
la cause d’un fait singulier: taudis que l’Eglise, laissée à elle-même dans ses
Synodes, se fraie lentement, mais sûrement, une voie de plus en plus indépendante, les paroisses demeurent en quelque sorte inertes et rivées à la
matière.
V. Nous avons un système complet d’iNSTRUC.TiON : mais dans ses couches
inférieures, l’instruction de qui relève-t-elle? De l’Egli.se ou de la Commune?
Des deux à la fois. Que peut devenir en ce cas l’unité d’impulsion nécessaire,
l’unité de tendance, l’harmonie du développement? La société civile et la société religieuse ne pourront pas, du reste, poursuivre longtemps en commun
des buts qui ne sont pas identiijues.
VI. Nous avons une Prédication évangélique, exerçant en général son action
sur un peuple avide d’entendre. Mais celte prédication est-elle partout édifiante, ou simplement intéressante? — L’Evangile n’est nulle part systématiquement repoussé; y a-t-il là progrès? C’est plutôt un fait ancien, et il n’a
de valeur que dans la mesure où nous savons nous en emparer. Or la prédication pourrait certainement être mieux préparée, mieux travaillée ; ce qui
nous manque c’est le travail, la méditation méditée, intense, le soin apporté
à la forme et au fond. Je sais bien i(u’on répondra par le refrain ordinaire:
« il fait bon dire, mais où voulez-vous que le pasteur trouve le temps nécessaire [)our bien soigner sa prédication ? Il a tant d’atfaires sur les bras ! » Vraiment! Et qu’cst-ce donc qui l’oblige à être le factotum do la paroisse ? -\-t-il,
ou n’a-t-il pas des collègues sur lesquels il puisse et doive se décharger des
principaux soucis de l’administration et du gouvernement? .4h I qu’il ne croie
pas abdiquer si, à l’exemple des Apôtres, il leur disait tout simplement:
« Amis et frères ! Il n’est pas juste que nous négligions le ministère de la parole pour nous laisser absorber par les détails de l’administration. Veillez vous
mêmes au service, et nous nous fortifierons pour la prière et la prédication ».
Nous en avons dit assez pour aujourd’hui ; notre conclusion prochainement.
Dons en faveur dLes Hôpitaux.
Trois mille et trois cents francs, ou tout près, telle est la réponse qui a été
faite à la circulaire du 7 février 1838 de la Commission des hôpitaux.
S’il en est ainsi, avons-nous entendu dire, pourquoi ne pas recourir plus
régulièrement à la circulaire ? Pourquoi ne pas porter plus souvent à la connaissance du public la situation de l’Hôpital?
A ces observations que nous retrouvons en partie dans le procès-verbal
d’une visite pastorale, nous aurions à faire plus d’une réponse : la première
c’est que notre public à nous c’est avant-tout le Synode ; la seconde c’est que
la remarque porte complètement à faux pour 1868; la troisième, c’est que les
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appels rie ce gearo risquent d’ôtre entendus à l’étranger avant de l’être aux
Vallées, et que l’Hôpital reçoit déjà trop de ce côté-là pour ne pas se faire
ijuelque scrupule de frapper encore à cette porte.
Ce qui vaudrait encore mieux que toutes ces excuses, ce serait de voir les
paroisses, sinon faire autant qu’elles ont fait cette année, du moins donner
régulièrement leur pite à rilôpital, ainsi que c’est déjà le cas pour plusieurs.
On ne verrait plus alors sur nos listes ces lacunes ou ces misères de collectes
(|ui impressionnent péniblement nos amis, et qu'ils trouvent «étranges et peu
édifiantes ».
Mais parlons plutôt de ceux qui sont venus à notre secours. Voici d’abord
notre vénérable ami M'' Bracebridge qui, non content de payer de sa bourse,
s’est concerté avec ses amis, l’hon. Evèiiue de AVinchester, M*'Josiah Forster,
et un troisième dont nous ignorons le nom, pour nous faire ensemble la
somme de fr. 1201, 50; —voici encore Miss Warne qui s’impose en notre
faveur uii nouveau sacrifice de fr. 262; — ajoutez à cela un don de 20 fr. de
Afr Mouro-Binning, et vous aurez de ce chef seulement une somme égale au
loyer de notre forme.
Ce n’est pas tout : si trop souvent il arrive que les Vaudois se contentent
de regarder faire, il n’en a point été ainsi eu cette occasion. D’abord ce furent
les Vaudois de Lyon qui', par l’intermédiaire de l’un d’eux, Mr David Albarin,
nous firent passer une cimp'antaine de francs (51,30); puis vinrent cinquante
francs aussi de la part de Mr Félix Mustou de Turin, puis quelques autres
dons qu’on peut voir au tableau qu’en publie la Table dans son Rapport ;
enfin Joseph Malan couronna l’œuvre en nous remettant la somme toute
ronde de 500 francs. — Cette promptitude nous a réjouis autant que l’abondance des dons, et c’est de tout notre cœur que nous en exprimons ici
notre reconnaissance à ceux qui nous ont entendus de près aussi bien qu’à
ceux (|ui nous ont entendu de loin.
Nous n’avons rien dit de nos paroisses ; et pourtant, à côté de quelques-unes
qui estiment probablement qu’il faut à l’hôpital du régime, plusieurs nous
ont remis une belle collecte, et, çà et là, même une très-belle. C’est d’abord
Rodoret, Massel et Périer qui, avec peu de malades, nous envoient 25 ou 30
francs. C’est Pomaret, qui fait accompagner les siens de fr. 1792,90; c’est
Prarustin et Rochepl.ate , qui nous font tenir cette fois 7 hectolitres de leur
vin avec 30 myr. de pommes de terre. C’est la paroisse de S* Jean , qui se
distingue cette année en signant pour fr. 234, 30 ; c’est Bobi surtout qui pour
SOS deux malades, nous remet fr. 71,99. C’est La Tour’, c’est S‘ Germain , qui
témoignent de leur regret de nous avoir oubliés en 1867, par une contribution
raisonnable ; c’est encore la paroisse de Turin qui se venge du même oubli
en donnant pour deux fois. Enfin c’est presque tout le monde, puisqu’entre
toutes, nos 16 paroisses nous ont fait, tant en argent qu’en nature', la jolie
somme de fr. 1197,14. On ne se remercie pas soi-même ¡.cependant ici encore
nous sommes persuadés que le Synode ne fera pas difficulté de partager notre
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renonnaissanco et envers ceux qui ont pris la peine de collecter et envers ceux
(jui ont pris la peine de donner.
{ Extrait du Ilappart de la Commission des Hôpitaux
au Si/node de 4X69J
fflarutc0.
Le futur Ooiicilo. On écrit de Rome à la Correspondance italienne
que les diflîcultés et les embarras augmentent à mesure qu’on approche de
l’épocpie présumée de la réunion du Concile. Ce no sont plus seulement les
cours catholiques qui manifestent de la défiance ou font de l’opposition , ce
sont aussi les évêques eux-mêmes. Ils sont eft'rayés de ta prépondérance des
jésuites dans les travaux préparatoires. Devant certaines questions soulevées
inopportunément, ils hésitent et finissent par déclarer l’un après l’autre qu’ils
ne viendront pas à Rome. C’est ainsi (|ue les évê(|ues de Hongrie, à l’exception
de deux ou trois, ceux d’Espagne, presque sans exception, une partie de ceux
d’Allemagne, et d’autres encore, dont le nombre va en augmentant, vont
briller par leur absence à cette réunion soi-disant universelle. La Cour de
Rome en est très-inquiète au fond, malgré les airs d’assurance que prennent
ses porte-voix.
L’attitude du clergé bavarois est digne d’être notée. Il est avéré que cinq
sur les huit évêques ou arcbevêijues de la Ravière sont plus ou moins dévoués
au parti des jésuites; ce sont; l’archevêque de Munich, et les évêques de Ratisbonne, d’Augsbourg, de Wurtzbourg et de Spire, tous champions de l’ultramontanisme. Viennent ensuite l’archevê({ue de Bamberg, trop âgé pour pouvoir entreprendre un voyage à Rome, et les évêques de Passau et d’Eichstadt,
qui se disposent, dit-on , à combattre, au sein du Concile, toutes les propositions tendant à envahir le domaine du pouvoir civil.
Outre les évê(|ues, la Bavière peut envoyer au Concile les quatre abbés mitrés
des couvents de Bénédictins existant dans le royaume, et l’abbé Dôllinger , le
célèbre théologien, grand aumônier de la Cour. Mais celui-ci, dit-on, est décidé à ne pas intervenir à cette réunion, afin de n’avoir pas à approuver,
même tacitement, les délibérations qui y seront prises. Quant aux quatre autres abbés, qui professent des opinions fort modérées, il n’est pas douteux
que, s’ils se rendaient tous au Concile, ils pourraient contrebalancer, avec
l’aide des évêques de Passau et d’Eichstadt, l’influence des cinq évêques ultramontains. Il est à craindre cependant que , sauf une exception , les abbés ne
disposent pas de moyens pécuniaires suffisants pour faire le voyage de Rome.
Quoiqu’il en soit, on peut prévoir que les idées réactionnaires rencontreront
dans la représentation bavaroise au Concile une opposition très-respectable.
Cette opposition puise sa force dans le pays lui-même, oli la partie la plus
intelligente et la plus considérée du clergé, ainsi que l’immense majorité des
catholiques appartenant aux classes éclairées, ne cachent point leur désapprobation des prétentions exagérées de la Cour romaine.
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L’oppositioD au Concile ne fait du reste que grandir. La France ne le désire
pas, la Bavière le combat, l’Autriche se montre indifférente , l'Espagne reste
neutre et l’Italie n’est certainement pas favorable. La prorogation du Concile
pourrait donc devenir de plus en plus probable, si le travail actif dirigé de
Rome dans ces différents pays ne devait pas amener des résultats assez satisfaisants.
Il pourrait arriver par conséquent aux inventeurs de cette nouvelle machine
ce qui est advenu de l’artificier dont parle le grand poète national de l’Angleterre ; « il a sauté avec son propre pétard ».
Nous parlerons une autre fois des manifestations que la convocation du Concile a provoquées dans le sens protestant
(Üomsponbiattce.
i Retardé J. — On nous écrit de Tvirin;
La mort du Chevalier Obermann, Directeur de la Société du Gymnastique,
décédé le 9 juin dans sa 57<= année, a laissé d’universels regrets. Le 10, un
cortège nombreux, composé des counaissances, des amis et du corps tout entier de ses élèves, a accompagné le défunt jusqu’à la Chapelle, d’où ces
restes mortels ont été transportés ensuite pour être déposés, au de là des Alpes,
dans le tombeau de la famille.
Venu en Italie dès l’âge de 21 ans, Mf Obermann, on peut le dire, a consacré toutes ses forces et sa vie toute entière à l’éducation physique et morale
de notre jeunesse. C’est à son initiative ainsi qu’à la constante affection qu’il
portait à la population de notre ville, devenue pour lui une seconde patrie,
(|ue nous sommes redevables des divers établissements de gymnastique dont
Turin est pour ainsi dire le centre. Grâce à ses efforts persévérants, l’on a
enfin compris chez nous combien est important pour la jeunesse le dévelopjiement complet des forces physiques au moyen de salutaires exercices corporels, si l’on veut exiger d’elle une somme majeure de vigueur intellectuelle et
morale.
Le chevalier Obermann aura l’éternel mérite d’avoir, en grande partie,
comblé chez nous une aussi grave lacune de l’éducation. La mort a fait taire
les battements de son cœur généreux ; mais il nous restera un reconnaissant
et ineffaçable souvenir de cette noble individualité qu’honorent tant d’années
d’un travail dirigé vers le bien de la nouvelle génération.
On nous écrit de La Haye, 13 juin 1869.
Monsieur,
Les grands événements de la semaine, dans ce pays, ce sont les élections des
députés aux Etats généraux. Chaque député est élu pour quatre ans: mais les
élections sont organisées de telle manière que chaque deux ans, la moitié
des membres sort de charge. On a donc mardi dernier 8 juin, procédé à l’éleclion d’une moitié des députés aux Etats généraux. Il y a ici, comme partout,
un parti conserrateur et un parti libéral', jusiju’ici le premier avait le dessus,
mais les dernières élections ont été favorables aux libéraux sans leur donner
toutefois uue victoire très-éclatante. Sans se remuer autant qu’en France on
s’est cependant donné beucoup de mouvement; une question, entr’autres, a
surtout préoccupé les esprits. Les conservateurs voudraient à ce qu’il pa™">
modifier, si non abolir, la loi actuelle sur l’instruction dont jo vous ai déjà
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parlé clans nnn précédente lettre, cVst-ù-dire remettre la relinioii nu nomlire
des branches d’instruction dans les écoles du gouvernement; les libéraux au
contraire s’y opposent formellement.
— Jeudi dernier, 10 juin, a eu lion dans le temple luthérien de cette ville
une assemblée des plus intéressantes. On y avait conduit les sourds-muets de
l’institut de Kotterdain pour les examiner devant le public et le résultat a ¡larfaitement répondu à l’attente. Après i|ueli]ues paroles du directeur sur la marche de ¡’établissement dont il est le chef on fit avancer les plus jeunes enfants,
c’est à dire ceux de 6 à 8 ans ; ils ne peuvent pas encore faire de longues
phrases, mais iÎs articulèrent assez bien f|uel(pies mots; et cependant le directeur ne leur parlait pas autrement qu’il ne parlerait è une personne (pielconque; c’est donc par le momemml mil des lèrres que ces pour res enfants
comprement ce qu’on leur dit. Itieutôt arrive la classe moyenne; ici déjà on
est frappé d’admiration à l’ouïe des réponses plus ou moins longues ou nettes
qui sont faites aux questions des maîtres. Mais tous ne sont pas également
avancés: tel articule bien une assez longue phrase, tel autre ne réussit guère;
alors le maître lui pince le cou à la pomtw' à'Adam et le voilà <jui se fait comprendre. Mais votre étonnement est au comble quand vous entendez un sourdmuet de 13 à 1-5 ans vous raconter un trait de l’histoire de sa patrie ou vous
indiquer oralement la route que vous devez suivre pour aller do La Haye à
Paris etc. On se croirait pres(|ue au temps des miracles, quand on eniend
une jeune sourde-muette de 16 ans qui remercie gracieusement l’assemblée
et promet que jamais elle n’oubliera, non plus que ses conqiagnons , la bonne
journée qu’elle a passée à La Haye; puis elle récite aussi avec grâce une pièce,
de vers Hollandais.
Agréez.
F*otite .Boîte mi.v ijottres.
MM. F. B Cliieti', — (î. M. Cavour ; AH right
(?rhronic|ue iocalc.
Tox-re-BollIee. Dimanche, 20 juin, le Rév. Wall a fait une nouvelh!
prédication en plein air, à l’heure de midi, sur la Piazza municipale; entouré
d’une centaine de personnes, tant protestants que catholiques, il a été écouté
avec une attention soutenue, avec beaucoup de respect, et lorsqu’il termina
par la prière, tous, à son exemple, se découvrirent.
Gflovaixul-Bellico. Ce même jour, à 6 h. pom. ont eu lieu
trois baptêmes par immersion dans les eaux du Pellice. La cérémonie a été
présidée par MM. Govett et Wall (de l’Eglise Baptiste); les néophytes étaient;
MM. O. Coucourde, pasteur de l’Eglise Indépendante de S. Jean, Ferraris charpentier, et Tourn agriculteur du quartier des Boër (S. Jean ). La ((uestion du
baptisme semble donc posée chez nous, comme elle l’a été ailleurs; nous
devons dire néanmoins qu’on ne l’envisage, en général, que comme une
étrangeté. On a de la peine à comprendre, si le fait est exact, qu’un des
Baptistes se soit écrié au moment de l’émersion des néophytes. « Voilà des
enfants nouvellement nés ! » Viendrait-on, par hasard, nous prêcher la régénération baptismale?— Que les pasteurs, à qui incombe le devoir de veiller
au maintien de la saine doctrine, veuillent bien s’en préoccuper un peu.
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CKrotttquc |)ûUttque.
Le Gouvernement et les Chambres et avec eux la Nation toute entière se
sont hautement préoccupés et se préoccupent encore de l’attentat par lequel
une main inconnue et probablement soudoyée chercha, avant l’aube du 16
courantj, d’ôter la vie au député Lobbia, le courageux dénonciateur des corruptions de la Régie. On se demande à qui ou à quoi doit remonter la cause
de ce crime odieux. Sur le champ brûlant de la politique les luttes et les
discussions passionnées de nos publicistes vont se déchaînant dans tous les
sens. Is fecit cui prodest, disent les uns; non: disent les autres, la passion
obscurcit votre entendement, et vous .soutenez erronément le propter hoc
quia post hoc. Ne tranchons pas pour le moment ce conflit sérieux, mais abstenons-nous de juger jusqu’à ce que les révélations de l’enquête et du procès
puissent autoriser notre jugement. Il est en tous cas, foi’t heureux que les
blessures de l’honorable député du collège de Thiene ne soient pas graves et
qu’elles lui permettent de recevoir chez lui la Commission d’enquête pour lui
communiquer ses documents et ses dépositions.
Le Ministre des finances a retiré les trois conventions que le Comité de la
Chambre avait repoussées. — Par un décret royal, daté de Valdieri 1.5 courant,
le Ministère a prorogé jusqu’à nouvel avis la session actuelle du Parlement.
Des démonstrations publiques mais sans importance ont eu lieu à Milan,
Rergame , Vérone, Bologne. Reggio, Turin et Naples contre le Ministère et
la presse qui le soutient.
Le Général Cialdini e.st tombé malade à Pise, à la suite de la réouverture
d’une blessure. Son état est assez inquiétant.
S. A. la Duchesse d’Aoste est aussi retenue à la Spezia par une sérieuse
maladie. Le prince Humbert, et pour le Roi le Ministre de sa Maison se .sont
hâtés de l’aller voir.
On ne parle plus du remplacement du baron de Malaret par le général
Fleury, maintenant que l’on sait que M^ Conti le chef du cabinet de l’Empereur
est à Florence.
France. Une lettre de l’Empereur au député de Mackau a mis fin aux
suppositions interminables de la presse parisienne au sujet de l’attidude présente du Gouvernement en face des nouveaux élus de la nation. Napoléon
conservera tout simplement le statu quo. — Le conflit sanglant survenu à la
Ricamarie, près de S‘Etienne, entre les ouvriers mineurs et la troupe a causé
la mort à 12 personnes, parmi lesquelles on compte deux femmes et un enfant.
Angleterre. — La seconde lecture du bill de l’Eglise d’Irlande a été
admise à la Chambre des Lords par 179 voix contre 146. La discussion à
laquelle grand nombre des dignitaires de l’Eglise Anglicane ont pris part, a
été particulièrement intéressante. Nous tenons à transcrire ici quelques mots
de l’excellent discours prononcé en faveur du bill par le Dr Therewal évêque
de St Davids ; — Il est bon, a-t-il dit, que le papisme nous tienne en éveil, et
et la suprématie des protestants sur les catholiques ne serait guère souhaitable si elle n’était pas due à des causes morales... D’autre part les façons
arrogantes et les préventions des papistes ne servent qu’à démontrer la faiblesse de la papauté. Et en effet dans les pays oîi elle prédominait autrefois
n’existe-t-il pas des symptômes qui annoncent son déclin? — L’influence
du clergé catnolique sur l'Irlande a pris de l’accroissement côte à côte avec
cette autre anomalie, l’existence d’un établissement ecclésiastique officiel. Il
y a là des relations de cause et d’effet ; ôtez l’Eglise établie et le peuple Irlandais obéira moins au clergé catholique et sera plus accessible aux vérités de
l’Evangile. _______________________
Pignerol, J. Chiantore Impr.
A. Revel Gérant.