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Huitième année.
Pi. 18.
9 Mai 1873.
L’ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spéciaiemenl consacrée aux intérêts nslériels et spiritnels
de la Famille Yandoise.
Que toutes les choses qui sool véritubles.......oooupent
vos pensées ^ { Phiîippiens., IV. 8.)
PBix d’iborhemeht ;
Italie, à, domicile (i/rt on; B'r. 3
Suisse...................» 5
France.......................
Allemagne................> d
Angleterre . Pays-Bas . » 8
Vn numéro separé : 10 cent.
Un numéro arriéré : U) cent.
BUKEiüX 0 ABONIIEHENT
Torkk-Peu.ice : Via Maestra,
N.42. (Agenzia hihliografica}
PioNERoT. J. Clìiantore Impr.
TnniNtJ./. 7’»*on, via T-agrauge
près le N. 2?.
Ki.orbncb ' Libreria Evangelica. via de'panzani.
ANNONf'KS : 5 cenA. la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S'adresser pour radministratioD
on Bureau Tarre-PelUee,
via Maestra N. 42 — pour la
rédaction : à Mr. E. Alala^
Prof* à Torre-Pellice.
O ni ma l ne.
Lhs conférences de Florence. — Une
page d’histoire. — Missions Evangéliques.
— Nouvelles religieuses. — Chronique locale. — Chronique Politique. — Annonce.
LES GO.WÊRE^CES DE FLORENCE
M. Ilamilton pense que l’Eglise
des Vallées va se trouver, si l’on
n’e.st pas sage sur les rives du Pélis,
aussi isolée qu’avant 1848; ce n’est
pas la première fois que nos amis
nous font de semblables menaces.
Mais elles ne nous émeuvent que
très njédi<>8Ôlnièiît. Aussi longtemps que tous ou presque tous
les élèves de notre école de théologie sortent des Vallées et du
Collège de la Tour; aussi longtemps
que le plus grand nombre de nos
évangélistes viennent du milieu
de nous et que nous en fournissons
même de temps en temps à l’Eglise
dite libre et aux Méthodistes, nous
ne craignons pas eet isolément. H
faudrait, pour que la menace eût
son effet, on bien que l’-^glise vau
dois« ne voulû^pai évangéliser ,
■' s H;
ce qu’elle ne fera jamais, nous l’espérons ; ou bien qu’elle ne pût
évangéli.ser à cause du retour des
temps d’oppression, qui, nous en
avons la confiance, sont passés
pour jamais.
Cela dit, pas.sons encore à l’e■xamen des sujets traités dans les
conférences elles-mêmes. Outre la
question de l’organisation des
églises, les conférences .se sont
occupées des formes du culte, des
écoles et de la prédication. L.a question des formes du culte et de la
convenance d’introduire dans les
diverses églises der l'Evangélisation une certaine uniformité a déjà
été traitée dans plusieurs de nos
synodes, mais d’une manière accidentelle. Dans les conférences de
Florence ce sujet a été traité &xprofesso, en suite d’un travail de
M. Ribet qui a, paraît-il, épuisé
la matière.
On a été généralement d’avis
qu’il est à désirer que le culte de
notre église en Italie ait sa physionomie caractéristique, de sorte
qu’il soit possible à un frère veau
2
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d’une autre congrégation se de
trouver partout, comme dans sa
maison et dans sa famille.
L’assemblée a déconseillé l’usage
des liturgies dans le culte ordinaire, mais l’a recommandé pour
la célébration de la Sainte Cène,
du baptême et de l’admission de
nouveaux frères. Et, pour le culte
en général, on a senti le besoin
d’avoir, sinon une liturgie, une
norme à l’usage du pasteur et de
la congrégation. Une commission
a été chargée de préparer cette
norme, de la transmettre aux diverses églises, pour que celles-ci
émettent leur avis sur ce sujet.
La question de la prédication a
été introduite par uu travail de
M. Weitzecker qui a parlé de la
prédication en général, de sa substance, de sa forme, de ses espèces.
Deux avis opposés ont été énoncés , le premier est celui de la convenance d’étudier les grands prédicateurs de l’Eglise romaine qui
font une étude assidue de l'art
oratoire et qui préparent avec soin
leurs discours; l’autre avis, auquel se sont rangés la plupart des
évangélistes et des délégués, c’est
celui de s’en tenir plutôt à l’homélie ou à l’explication de la parole de Dieu. Nous nous rangeons,
nous aussi volontiers à ce dernier
avis, pourvu toutefois qu’on ne
se dispense pas de travailler et
que la méditation, comme on l’appelle, ne soit pas, ainsi que le
disait un éminent orateur chrétien,
de tous les discours le tnoins médité.
Nous attendons, pour parler des
écoles, de connaître, de plus près,
le travail de M. J. D. Prochet instituteui' à Turin. L’assemblée paraît
avoir porté tout particulièrement
son attention sur l’enseignement
biblique, sur les rapports entre
l’école de la semaine et l’école du
dimanche, sur la discipline, ainsi
que sur beaucoup d’autres questions qui se rattachent à ce sujet.
La discipline dans l’école est tout
particulièrement un sujet digne de
fixer notre attention; de tout côté,
nous entendons des plaintes à cet
égard de la part des instituteurs
et de la part des parents. C’est
sur ce point que viennent bien
souvent échouer les efforts des
maîtres les mieux intentionnés.
U\E PAGE D’HISTOIRE
Je suis toujours avec vous.
Je veux aujourd’hui , chers lecteurs , simplement rappeler à votre mémoire une page d’histoire.
La voici. Sous le cruel et débauché Tibère, Ton voit se répandre tout-à-coup, dans les contrées du vaste empire romain ,
une poignée d’hommes. Une poignée d’hommes... c’est bien le cas
de le dire, ils étaient douze seulement. Quel est leur but? Quelle
,est l’idée qui préside à leur marche ? Ont-ils le dessein de fonder
une nouvelle école de philosophie
pour remplacer celles qui étaient
alors en pleine décadence? Non ;
— et d’ailleurs le peuvent-ils? La
jeunesse de ces hommes obscurs
qui se montrent ainsi au monde
d’une manière inattendue, s'est, en
grande partie, écoulée, non pas
3
-139
dans les lieux d’instruction, mais
sur les eaux du lac de Génézareth
qui fournissait i\ ces pauvres pêcheurs un modeste gagne-pain.
Etrangers à la culture d’alors, ils
n’ont qu’à ouvrir la bouche pour
que les personnes qui les entourent s’écrient avec un geste de
mépris: Ce ne sont que des Galiléens I
N’importe; ils vont en avant
quand même. Ils pi ennent le b<àton
du pèlerin et, soutenus par une
force invisible, ils marchent à la
conquête spirituelle du monde. Ils
veulent, sans avoir reçu l’autorisation de personne ici-bas, sans
avoir derrière eux une force quelconque pour donner du poids à
leur parole, renverser toutes les
erreurs et abattre, — chose incroyable ! — aux pieds d’un certain Jésus,
mort qu’ils disent être ressuscité,
tous les genoux et tous les cœurs.
Ce qu’ils enseignent, ce ne sont
pas des idées déduites logiquement des données primitives de la
raison ; ce qui fait le fonds de leur
doctrine, ce sont des choses qui
confondent la raison, la heurtent.
Ils prêchent, à ces âmes, que la
volupté retient dans ses perfides
enchantements, la colère de Dieu
enveloppant le monde entier; devant ces hommes qui ne comptent
que sur eux-mêmes, ils proclament
hautement le pardon de Dieu enlevant la condamnation. A cette
génération amollie par l’épicuréisme, ils assurent qu’il faut êtré né
de nouveau,
A la voix de ceS"apôtres qui,
sans aucune fleur de rhétorique,
mais avec toute la chaleur de la
oie et de l’amour, annoncent une
doctrine si terrible et si consoante à la fois, les âmes sont saisies et profondément remuées.
Dans les ateliers, à l’armée, dans
es 'classes élevées comme çarmi
es pauvres , dans les prisons et
dans les tribunaux, partout se forment, à l’ouïe de ces dogmes étranges, de nombreux et hardis confesseurs. Les conversions suivent
les prédications des apôtres comme le coup de tonnerre suit l’éclair.
Est-ce là tout? Que les faits répondent. Le monde, toujours irrité quand on le dérange de son
sommeil, s’empresse d’oppo’ser à
cette révolution religieuse une vive
résistance. Les apôtres sont poursuivis sans relâche. On veut les
réduire au silence par des menaces,
Çar des voies de fait. Vains efforts;
ils parlent, ils agissent avec plus
de fermeté encore. Ces mômes hommes qui, lorsque Jésus fut traîné
au supplice, s’enfuirent lâchement
et le renièrent, affrontent maintenant la mort sans crainte. Les
agneaux d’hier sont devenus les
lions d’aujourd’hui. Enfin , pour
tout dire en un mot, le paganisme est renversé, de nombreuses
églises qui reconnaissent Jésus
comme leur Sauveur sont fondées,
et â Rome môme, la ville souveraine, se trouve une congrégation
de fidèles dont la foi est célèbre
dans tout le monde.
Quellejbelle histoire I Quelle magnifique conquête I Tout ce changement incompréhénsible, s’il n’est
pas divin, se fait uniquement au
^nom de Jésqs-Christ. N’est-ce pas
4
-m
là, partoflS si'û'cèremeiit, une splendide 'démoû'sti^tion et illustration
de ces mots tombés de la bouche
du Sauveur dans le cœur de ses
disciples : •«( Je suis toujors avec
vous »? Oui, nous le croyons, vous
le croyez avec nous. L’histoire et
le bon sens nous forcent à l’admettre. Jésus dans le cœur, Jésus.,
et non pas un souvenir plus ou
moins fidèle; Jésus dans le cœur,
Jésus— et non pas un enthousiasime plus ou moins fort ; Jésus
dans le cœur, voilà, chers lecteurs,
ce qui explique d’une manière satisfaisante., la fondation diJ Christianisme par les dou^e pécheurs
de la‘Galilée , voilà ce qui a fait
leur force d’airain , leur courage
indomptable. La magnifique déclaration : « Je suis toujours avec
vous » est devenue pour eux le
mot d’ordre avec lequel ds ont
volé au combat et à la victoire.
Chrétiens faibles et découragés,
petite armée de Jésus-Christ ne
craignez rien ; le grand Capitaine
sera sans cesse avec vous. Il saura
maintenir sa précieuse promesse.
Au milieu des épreuves, dans l’ardeur de la lutte, un regard, un
seul pointé sur notre Chef invisible, mais tout puissant, remplira
notre âme d’une joyeuse espérance et la réchauffera par un
saint amour.
H. Selli.
HISSIONS ËV4MÊUQVE8
{Suite Y. JVi. 1TJ.
Ein Afridiia©. Nous trouvons tes
amérioaias è l'œuvre eu Egypte. Ils y sont
depuis 1855, et leur ioflueace, exercée dans
)• silence et dans robscorité, o'a cessé
de s’étendre, surtout par le moyen de leurs
écoles. '
Ils ont des missionaires au Caire, à
Alexandrie, à Masourah (datis la basse
Egypte), dans la province de Fagoum
(Egypte moyenne), enfin à Osuit et à Kous,
(haute Egypte). Déjà plusieurs églises indigènes ont été organisées, et chaque
jour la parole de Dieu est expliquée dans
les écoles qui eu dépendent. Le premier
pasteur indigène que l’Egypte ait fourni
viént de recevoir la consécration. Ce sont
là les prémices de l’œuvre missionnaire
en Egypte.
La communauté arménienne catholique
d’Alexandrie a suivi l’exemple que lui donnait celle de Turquie, en se séparant de
Rome. Elle a même été plus loin, puisqu’elle a convoqué les missionnaires américains à une conférence fraternelle et décidé de passer au protestantisme sous leur
direction.
Miss Whately a établi, depuis quelques
années, des éeoles au Caire; ces écoles
n’ont jamais été plus florissantes qu’âujourd’hui ; des centaines de jeunes filles
y reçoivent une éducation chrétienne et
une solide instruction.
Eu partant d’Egypte pour faire le tour
de l’Afrique nous trouvons l’Abyssinie que
la guerre civile ne cesse de désoler. L’œuvre des missions y est stationnaire.
La côte de Zanzibar se trouve dans les
mêmes conditions.
Allant vers le Sud , nous trouvons l’île
de Madagascar où le christianisme s’est
répandu si rapidement, extérieurement
du moins. Les rapports sur l’œuvre à Madagascar sont assez divergents. Les uns
se plaignent de l’invasion du monde païen
dans l’église; le culte chrétien devient à
la mode , mais on le célèbre avec légèreté; les prédicateurs indigènes font des
discours peu édifiants, peu évangéliques,
semés d’anedoctes et de jeux de mots du
plus mauvais goût. Ailleurs , on se félicite
de.là grandeur des résultats obtenus: ta
ferVéur augmente, l'instrtiction se répaUd,
ainsi que l’esprit' de libéralité ; le séminaire médicàl d’Antananariva a déjà formé
plusieurs médecins missionnaires , qui
réussissent également bien commé médeéitis et Qûiuxù» ffiissiouDàtres, là Uttérà-
5
-141
ture Ihéologique s’enrichit de livres-, dont
les éditions s’épuisent rapidement. Ces
rapports divergents étant les uns et les
autres écrits pâr des hommes sérieux et
compétents, il faut croire i]U'ii Madagascar
comme ailleurs, et plus qu’ailleurs peutêtre , l'ivraie se mêle au bon grain. Quand
une population , qui se chiffre par des
centaines de millliers d’âmes, passe aussi
rapidement de l'idolâtrie la plus abjeclo à
une religion aussi élevée que le chrislianisrae , il n'est pas étonnant (|ue la transformation ne se consomme pas en un jour,
ni même en un an. C’est déjà beaucoup
que des foules naguère païennes, c-’est-àdire indifférentes ou hostiles, en soient
venues à accepter, même à rechercher
la prédication évangélique. L’exemple de
la reine y est peut-êire pour heaucouj).
N’importe! nous aimons mieux voir ces
milliers d’auditeurs au pied de la chaire
chrétienne qu’au pied de idoles; et, sur
le nombre, il y en a ijui se convertissent
et qui font honneur â leur profession de foi.
Au Sud de rel ique, la mission épiscopale chez les Zoulous, la mission écossaise en Cafrei'ie, celle de l’église hollandaise parmi les nègres de Transwaal,
celle de la société do Paris dans le
Lessouto, continuent leurs travaux de
charité avec des succès et des revers;
leurs progrès sont lents mais apréciables.
Le fait le plus important, c'est l’arrivée
dans le pays de milliers d’aventuriers attirés par l’or et les diamants de Transwaal.
Leurinfluencesur les tribus esldésastreuse;
l’eau de vie , qui les accompagne dans
leurs tournées et leur sert à nouer des
relations amicales avec les indigènes , fait
à ceux-ci un tort incalculable. L’ivresse
amène le libertinage , les rixes, l’abandon
d’un travail honnête et régulier, la désorganisation.
Sur la côte occidentale de l’Afrique, les
innombrables stations mis.sionnaires entretenues par la chrétienté presque tout entière, cootinuentàtravailler avec harmonie
à leur œuvre immea.se. Les églises indigènes tendent à se rendre indépendantes
de secours matériels^ ce .qui Jeur fait encore défaut, c’est un clergé iadigène.
Il faudra du tenaps pour que leur émancipation soit cumpièto et pour que leur
influence. frauchissanl les barrières élevées par l’hostilité récipro(|ue des tribus,
parvienne à se faire sentir dans l’intérieur.
Les missionnaires bâlois, prisonniers depuis trois ans chez les ,\chantis expriment
l'espoir qu’une mission pourra s’établir
■bientôt dans ce royaume, qui deviendrait
ainsi pour le christianisme un avant-poste
précieux.
Plus au Nord , les stations fondées sur
le Niger et visitées sans cesse par l’évêque
nègre Crowther, s’avancent lentement dans
l’intérieur. Ce n’est que pas â pas que les
intrépides pionniers do l’Rvangile parviennent â faire leur chemin vers les plateaux
populeux du centre; mais pour èlro lente
leur marche n’en esl peut-être que plus
sûre.
En q[\iG. — A son arrivée
an pouvoir, il y a trois ans, le président
Grant avait annoncé itu’il s’occuperait des
indiens, uon point pour achever d'exterminer ces anciens possesseurs du sol ,
mais au contraire pour les civiliser. Il a
tenu sa parole en invitant les sociétés
mis.sionnaires à lui présenter des hommes
recommandables pour en faire ses agents.
Celles-ci s’étant empressées de répondre
â cet appel, le gouvernement choisit parmi
les candidats présentés soixante quinze
fonctionnaires , qu'il chargea de lui servir
d’intermédiaifes avec les tribus iudieunes.
A l’époque où cette mesure fut prise,
il n’y avait pas une seule tribu qui no fût
en révolte ouverte contre la société. Dépouillés, malmenés, ces pauvres indiens
vivaient dans l’amertume et la colère ,
cherchaut sans cesse à se venger, et leur
haine, pour tout ce qui portait le nom de
chrétien, rendait fort difficile le travail des
missiounaires.
Actuellement, grâce aux dispositions conciliantes des agents de l’état, la paix règne
daos toute l’étendue dos territoires de
chasse, et des milliers de Peaux-Rouges,
abaudonnaut la vie sauvage du désert,
vieunent s’établir sur les terres ferliles
que le Gouvernement leur a assignées.
Dans les trois ans qui se sont écoulés dépUis l’accession de Grant à là présidence,
130,000 de ces pauvres indiens ont écüaagé
teMrs armes de guerre contre la bôche el
6
-142
la charrue. Des chrôtieus dévoués se sont
établis au milieu d’eux pour leur apprendre
a vivre en société; ils ont fondé des écofes,
des asiles pour les orphelins; ils ont bâti
d’éléganlps chapelles et des maisons de
ferme, (|ui font le (dus grand contraste
avec tes anciennes habitations de la forêt.
On calcule qu'il n’y a plus guère que
50,000 indiens errant à la mode antique
de lieu en lieu à la poursuite d’uu gibier
incertain , et ce nombre diminue tous les
jours. Dans quelques années la question
indienne aux Etats-Unis sera définitivement
résolue dans le sens de la justice et de
la paix. La pacification qu'un siècle de
guerre n’avait pu achever, aura été l’œuvre de 8 à 10 ans de bous traitements et
d'équité.
Un mouvement très remarquable s’est
produit au Mexique, depuis l’avènement
de la république sous la présidence de
Juarès. La liberté de conscience a été proclamée , ainsi que la séparation de l’Etat
d’avec l’Eglise; les couvents ont été fermés,
les biens de main-morte sécularisés, les
communautés religieuses dissoutes.
Cette révolution s’est accomplie sans
bruit; et ce qui est plus remanjuable et
plus réjouissant encore ; c’est que des milliers de mexicains abandonnent la tradition
romaine pour se former en communautés
évangéliques, sous la présidence d’anciens
prêtres convertis et de quelques pasteurs
américains venus à leur secours.
Ce mouvement semble avoir eu pour
origine la conversion d’un prêtre nommé
Aguillar, que la lecture de la Bible avait
éclairé. Il se mit à répandre la connaissance des vérités scripturaires et rassembla
à Mexico même une humble congrégation.
Il mourut en combattant pour l’Evangile
et le mouvement qu’il avait inauguré s’est
propagé avec tant de rapidité qu’il y a
maintenant plus de cinquante congrégations évangéliques à Mexico et dans les
environs. Un autre prêtre converti. Palacios, s’est mis à prêcher l’Evangile; son
éloquence attire des foules immenses partout oii il se fait entendre. Un dominicain
nommé Aguas, professeur de théologie
romaine, s’e.st joint récemment aux évangéliques. C’est un orateur distingué, un
véritable tribun, pour qui tous les locaux
sont trop petits. L’Eglise de San Francisco,
qu’une société américaine a achetée et
fait aménager pour la prédication, se
remplit chaque dimanche d’un auditoire
qu’on évalue à trois mille personnes pour
entendre l’éloquent dominicain. Une école
du dimanche, dirigée par des jeunes gens
de l’union chrétienne de Mexico, rassemble
des centaines d’enfants autour de la Parole de Dieu. Enfin la presse travaille à
répandre dans la ville et dans les campagnes des Nouveaux-Testaments, des
traités, des écrits de controverse qu'on
lit beaucoup.
Dans plusieurs villes, des chapelles
évangéliques se sont élevées comme par
enchantement; et la terre, si longtemps
ingrate du Mexique, semble vouloir refleurir
comme la rose, aux rayons du Soleil de
justice. Même en faisant la part de la mobilité d’impressions, delà facilité d’enthousiasme qui caractérise la race hispanomexicaine , on peut encore s’écrier : « .Mon
âme magnifie le Seigneur , car il a ' fait
de grandes choses.... Il a renversé les
puissants de dessus leurs'trônes, et il a
élevé les petits ».
Extrait du Chrétien éoangélique.
AouiDcUee reUgteusee
Italie. En Italie, comme en France,
les cléricaux se donnent du mouvement
soit pour inventer de nouveaux miracles,
soit pour pousser leurs fidèles à des pèlerinages. On parlait, il y a quelque temps,
de celui de la madone de Loreto; dernièrement on en a fait un à Cioidale dans
le Friuli, on en annonce un autre pour
le 12 mai à la Madonne de Vlmpriineta,
dans les environs de Florence.
Oenève. Le nouveau culte catholique, inauguré le jour de Pâques, par M.
Hyacinthe a continué le dimanche suivant.
Ctafiluonce était encore plus grande que
la première fois, et l’on a dû constater
l’insuifisance du local.
M. Hyacinthe a parié de la paix que
l’homme pécheur ne peut trouver qu’en
Jésus-Christ et qui s’étend de l’individu
à la famille, et de la famille à la société.
7
-143
11 est question à Genève de céder au
culte vieus-calholiqoe, ou catholique réformé, la cathédrale de Notre-Dame, bâtie
avec les deniers « mendiés sur tous les
chemins rie l’Kurope» par M. Mermillod.
Constrniie. aux abords de la gare du chemin de fer, elle a semblé dire jusqu’ici
aux voyageurs arrivant do la France, de
l’Italie et de l’Allemagne que la Rome protestante avait vécu. Mais d’après les statuts de la fondation de Notre-Dame, celte
fondation doit être régie par cinq membres, dont le choix appartient aux électeurs catholiques de la ville de Genève ;
or, il se trouve que, des cinq membres
nommés à l’origine, un seul vit encore,
l’ne réélection devient donc nécessaire et
l'on croit que la majorité des électeurs
de la ville appartient au catholicisme libéral. Il est donc probable que, jlaos (pielques mois l’Eglise, dont le vicaire du pape
avait fondé son boulevard , passera aux
mains de ses plus violents adversaires,
et que l’ancien prédicateur de Notre-Dame
de Paris pourra faire entendre sa grande
parole dans Notre-Dame de Genève. Ce
serait un spectacle bien saisissant et bien
instructif que celui-là, et une preuve nouvelle que tout édifice bâti sur le mensonge
est destiné à disparaître et à écraser ceux
qui l’ont élevé.
f Chrétien évangélique. — Correspondance
de Genève).
— Un avertissement a été lu à toutes
les messes dans les quatre églises catholiques de Genève, de Carouge et de Chêne,
« par lequel il est défendu d’assister à la
messed’un prêtre schismatique, d’un prêtre
qui n’est pas en communication avec le
Saint Siège, avec levicairede Jésus-Christ».
« Celui qui, est-il dit. par faiblesse ou curiosité, se laisserait aller à cet acte coupable , commettrait un péché grave et
s’exposerait aux censures de l’Eglise». ■
France. La circulaire par laquelle
M. de Goulard, ministre de l’intérieur,
rappelle à ses administrés les sévérités
législatives contre le colportage a produit
son effet. Trois pasteurs proteslauts de
IHe (Drôme) ont été assignés devant le
juge d’instruction dé cette ville sous l’inculpation d’avoir fait don à un passant
d’une Bible et d’un traité intitulé Le mal
et son remède. Les trois pasteurs, ainsi
mis sur la sellette , ont déclaré qu’à la
date indiquée, ils n’ont pas eu l’occasion
de faire la distribution incriminée, et que,
par consétjuent, cette bonne action doit
être imputée à un autre qu’eux.
AllejnasrK?’. Nous lisons dans la
Semaine religieuse : D’après les derniers
renseignements sur les dispositions des
vieux-catholiques eu Allemagne, on peut
dire que deux courants se manifestent de
plus en plus: <lans l’un, sont les liommes
qui, tout en s’opposant aux prétentions
de la curie romaine et en repoussant l’infaillibilité papale, veulent éviter tonte rupture avec l’Eglise à laquelle ils appartiennent, et, par conséquent s’appliquent a
user do modération , soit dans leurs discours, soit dans leurs actes. L’autre courant est pins prononcé, et l’on y trouve
des hommes plus décidés à suivre les
convictions qui les animent; tout en se
disant encore cathOli(|ues, ils travaillent
à fonder un nouveau culte et à créer une
nouvelle organisation ecclésiastique. Dans
l’assemblée qui a eu lieu dernièrement à
Bonn, et (|ui réunissait une centaine de
vieux-catholiques, délégués de ditl'érentes
parties de l’Allemagne , c’est le dernier
courant qui l’a emporté: sur la proposition
du président M. Schulte, il a été décidé
de convoquer pour le 4 juin, à Cologne,
une réunion électorale dans laquelle on
nommera le premier évêque vieux-catholique qui sera consacré par l’arcbevê(|ue
janséniste d’Utrecht, et à l’entretien duquel il sera pourvu par des contributions
volontaires.
Aiig;loter*r‘o. La liberté religieuse
a fait un pas en Angleterre. M. Gladstone
vient de faire passer un bill (|ui abolit le
Test, le serment imposé à tous les étudiants do l’I'niversiié de Dublin et t|ui,
par ses clauses religieuses, excluait de
cette Université tous les calboli(|ues ».
Un-liomme d’Etat anglais, le comte
Russel, vient de publier sur l'histoire du
Christianisme en Occident un livre dont
la préface se termine par ces paroles :
«Il faut que les nations du monde regardent, pour leur religion, au Christianisme;
pour leurs institutions politiques à la
liberté ; abjurant la superstition , la persécution, Inntolérance dans leur religion,
l’injustice, l’inégalité, le despotisme daus
leur mari’he polilique».
Paris. Durant celte semaine, les
diverses sociétés religieuses du protestantisme français tiennent àSParis leurs assemblées. Elles ont assez bien traversé
8
44ít
les mauvais jours, et les rapports accuseot
en général un état pro>jpèrp ; mais elles
ne grandissent pas et ne pèsent pas d’un
poids bien lourd dans tes destinées générales du pays. Si le protestantisme reste
honoré, son action eiBcace semble aller
se rétrécissant; son œuvre de propagande
va toujours se heurter è des interdictions
de police, à des tois préventives, à de
vieux préjugés de l’administration' dout
on est encore plus humilié qu’affligé.
Comment le protestantisme français conserverait-il d’ailleurs quelque force d’expansion , quand il épuise ses meilleures
forces dans des luttes ioteslines qui rbnaissent toujours et ne se dénouent jamais?
On avait parlé d’une session nouvelle
du Synode reformé x|ui devait s’ouvrir
dans le courant de l’eté. J’apprends de
bonne source que le Gouvernement se
refuse à le convoquer et ajourne toutes
les questions. Il ne sait évidemment comment trancher le dilfétent qui met aux
prises la majorité orthoiioxe et la fraction
libérale. Il ne veut point prendre parti
dans une discussion oh il seul bien sa
parfaite üicompétence. Que va faire la
majorité du Synode devant celle attitude
qu’elle aurait dil peut-être prévoir et qui,
sous prétexte d’impartialité, annule toutes
les décisions et maintient le xtalu- quo
dont on voulait sortir à tout prix.
fCorrespondance du Journal de Génère i.
CKrontque locale.
Jeudi dernier la Compaqnie Alpine est
arrivée de Pignerol à buseroe ou elle a
été reçue par les autorités locales. Qès
qu’elle aura fini l’école du tir, elle se dirigera vers la montagne pour en étudier
les passages et y faire les exercices particuliers auxquels elle est destinée.
(ITIxroniquc |)oitttque.
I talle. Nous avons eu, la semaiine
dernière, une crise ministérielle tou,t-à-fait
inattendue.
Le Gouvernement avait proposé à ta
Chambre des députés un projet île loi pour
la conslrucllon d’un Arsenal à Tárente
et avait demandé un crédit de 6 milhons
et demi. Il avait déclaré par l’orgaue du
ministre de la marine Ribotty et du ministre des finances Sella que cette somme
était suffisante, et quq la condition des
finances ne permettait pas, pour le moment , une plus forte dépense. Cependant
la gauche de la Chambre, soutenue par
les députés napolitains el vénitiens, à la
tète desquels s’était placé l’hon. Pisanelli,
député de Tárente, a adopté è quelques
voix de majorité la proposition de !a Commission qui avait porté à 23 millions la
somme nécessaire pour celle coestructîon.
Le ministre. Sella, à t’onïe du ré.sultat de
celle, votation, a prié la Chambre de suspendre l’exameu de ce projet de loi, jusqu’à ce que le ministère eût délibéré sur
ce qu’il y avait à faire dqns celte circonstance ; et, le jour suivant, le président du
Conseil des miuistres aundnça à la Chambre
et au Sénat que le Ministère eu masse
avait donné sa démission entróles mains
du roi. et que les séances étaient suspendues jusqu’à lundi dernier. — Le roi a
appelé auprès de lui Pisanelli et plusieurs
des hommes politiques les plus importants.
Mais il paraît qu’aucun parti n’a pu assumer
dans les circonstances présentés, la responsabilité el la charge des ministres démissionnaires. L’opinion publique en géuéral considérait aussi cette crise comme
désastreuse et pour les finances et pour
l’organisation de l’armée et comme impoliljque à la veille de la discussion de la
loi sur les corporatioes religieuses. —
Enfin, lundi dernier, le Ministère a porté
à la connaissance des deux Chambres que
le roi n’avail pas accepté sa démission ,
qu’il l’avait en conséquence retirée et qu’il
restei-ait au pouvoir. Sans doute je Ministère s’est assuré que la loi snr les corporations religieuses, telle qu’il l’a présentée,
avait chance d’être adoptée ; en même
temps le ministère a retiré là loi sur l’Arseiwl de Tárente, tout en .s’engageant à
la présenter sous une autre forme et à
faire exécuter tous les travaux indispensables, pour autant que les ressources
de l’Etal et les autres besoias le permettraient. La loi sur les corporations religieuses était la première à l’ordre du jour.
— Ainsi ce ministère qui est de toutes les
administrations la plus durable', depuis
la mort de Cavour, reste encore au pauvoir; nous croyons que c’est un bien f)our
notre pays.
Ànnono©
En rente chez M' J. Bbnbcu d i» Tmr:
LA BIBLE, traduction de Lausanne, Fr. 6
LE NOUVEAU TESTAIENT id. - » 1
E. MiLAN Directeur-Gérant.
Pigoerpil, Impr. CbvAatore.