1
Compte-courant avec la Poste
PRIX D’ABONNEMENT PAR AN
Italie............... L. 3
Tous les pays de l'Union
de poste............6
Amérique du Sud .... v 9
On s’abonne;
Au bureau d’Administration;
Chez MM. les Pasteurs;
Chez M, Ernest Robert (Pignerol)
et à rimprimerie Alpina k
Torre Pollice.
L'abonnement part du 1. Janvier
et se paye d’avance.
Année XX. N. 19.
10 Mai 1891.
Numéros séparés demandés avant
le tirage, 10 centimes chacun.
Annonces: 20 centimes par ligne
pour une seule fois — 16 cen»
tunes de 2 à 5 fois et 10 centimes pour 6 fois et au dessus
S’adresser pour la Bédaction àM.
le Past. E. Bonnet Angrogne,
(Torre PelUcé), et pour V Administration à M. Jean Jalla,
proL, Torre Pellice,
Tout changement d’adresse est
payé 0,25 centimes.
LE TÉMOIN
ÉCKO DES TALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Jeudi
Vouo'jae serez témoins. Aot. 1,8. Suivant la vérité avec la charité. Eph. IV, 15. Que ton règne vienne. MaUli. VI, 10
' Si «> m ni aire:
Le bapt^lRe do feu. — Hospice des catéchumènes. — Evangélisation (AncôneSipiie - Confécencè de Mr, J. Pons).
— Nécrolo'^"(May Riddall). — Les
coulisses du B|dutismô. —Faits divers.
— Revue Pôiitique. — Annonces.
LE BAPTEME DE FEU
Les chrétiens, même les plus simples, comprennent aisément cette
expj'ession biblique: être baptisé du
Saint Esprit. Chacun se rappelle
qu’avant dg monter au ciel Jésus
commanda à ses disciples de ne
point partir de Jérusalem, mais d’y
attendre l’eflét de la promesse du
Père. Jean a baptisé d’eau, leur disait-il; mais vous serez baptisés du
Saint-Esprit dans peu de jours (Actes I, 5). Mais ce que tous ne comprennent plus si facilement c’est
comment on puisse être baptisé de
feu selon que le dit Jean Baptiste
(Matth. III, 11). Ici on ne discute
pas pour savoir si cela sera par as
persion ou par immersion, mais
chacun de ceux qui n’ont pas en
core saisi la valeur de cette exprès.siouj prend une attitude quelque
peu craintive en présence de cé
mystère. x-'
Si, la pensée se porte par inadvertence sur le feu qui tomba sur
Sodome (comme ce fut, nous dit-on,
le cas pour quelques frère» dissidents qui méditaient ensemble ce
passage) c’esi peut-être parceque
l'on commet l’erreur de n’envisager
le feu que comme un élément destructeur. L’on ne pense pas assez
que ie feu est un élément très utile
duquel nous ne saurions guère nous
passer. Si nous pensons que l’Elternel apparut à Moïse dans une flamme de feu et du milieu d’un buisson qui était tout en feu et ne se
consumait point; si nous pensons
qu’en Sinaï la gloire de l’Elernel
était comme un feu consumant (Ex.
XXiy, 17) nous ne serons pas étonnés en voyant le feu devenir l’un
des emblèmes du Saint Esprit. Nous
comprendrons alors qu’être baptisés
de feu revient à dire avec une ex pression figurée être baptisé par
l’Esprit saint.
Aussi voyons-nous le jour de la
Pentecôte les disciples être baptisés;
de feu, — des langues de feu s’étant
posées sur chacun d'eux, — et ne
s’en plaindre aucunement. Bien au
contraire, — remplis comme ils sont*
de la vertu du St. Esprit, — ils parlent tout à coup des langues qu’ils
'D^ont jamais étudiées et donnent
gloire à Dieu en proclamant son
p:
Evangile.
2
— 146 —
II n’est pas difficile de découvrir
quelques unes des analogies qui
permettent de faire du feu un symbole du St. Esprit. Le feu possède
une puissante vertu purificatrice.
Les vases d’or, d’argent et de cuivre
étaient purifiés en passant par le feu
(Nomb. XXXI, 22,23). C^est aussi
dans le creuset que les métaux précieux s’épurent. Le fourneau est
pour éprouver l’argent, et le creuset
l’or; mais l’Eternel éprouve les
cœurs (Prov. XVII, 3). C’est aussi
par le feu qu’on passait ce qui avait
servi aux lépreux dans le but de le
purifier (Lév. XIII, 52). C’est ainsi
que le St. Esprit descendant en nos
cœurs consume le péché qui s’y
trouve et nous purifie au point qu’il
fait de nos cœurs même son temple. Le médecin a brûlé la plaie afin
d’éviter la gangrène et la corruption.
O S.t Esprit, administre-moi chaque
jour ce précieux baptême de feu
afin que mon cœur devienne entièrement pur et que mes yeux puissent. te voir !
Le feu nous éclaire et par ce fait
il est le symbole du S.t Esprit qui
remplit nos cœurs de la lumière céleste. Comme la colonne de feu
éclairait Israël dans le désert, le S.t
Esprit éclaire nos pas et nous dirige
en toute chose. C’est Lui qui peut
nous faire comprendre l’Ecriture,
nûus dire où nous devons aller où
nous ne devons pas aller, ainsi que
tout ce que nous devons faire.
C’est encore le feu qui nous réchauffe. Nous sommes si souvent
froids en présence de l’immensité
de l’amour de Dieu, insensibles à
ses appels, indifférents dans ce qui
concerne nos rapports avec lui. Que
le St. Esprit descende en nous et
nous apporte une étincelle du feu
sacré et voilà aussitôt nos cœurs
pleins d’amour pour Dieu et pour
nos semblables. Que cet Esprit qui
se mouvait au commencement sur
le dessus des eaux pour faire sortir
du chaos la merveilleuse harmonie
de la création, se meuve aussi sur
nos cœurs remplis de passions dé sordonnées et nous y verrons bientôt régner l’ordre, la pureté et la
sainteté. Qu’il souffle sur les ossements désséchés et répandus dans
les déserts, et tout-à-coup la vie
reparaîtra là ou dominait la mort.
Qu’il accorde à nos églises son baptême de feu et nous les verrons
animées d’une nouvelle vie. Qu’il se
répande dans les cœurs de tous
ceux qui se réunissent pour adorer
l’Eternel, et les assemblées religieuses seront édifiées, les lèvres purifiées chanteront les louanges de
Dieu, et les cœurs réchauffés par
sa divine influence battront à l’unisson et seront en communion
chrétienne.
Comme le feu réjouit le cœur
lorsque le froid nous a saisis, comme la flamme est belle à voir pendant les journée.s d’hiver, ainsi l’Esprit Consolateur entrant en nos âmes
leur apporte une grande joie. Enfants de lumière, nous devons aimer
la lumière et la désirer de tout notre
cœur — nous serions trop tristes,
assis seuls dans les ténèbres. — C’est
précisément l’Esprit de lumière qui
nous réjouit ain.si. Quand le doute
descend dans nos âmes pour y apporter l’amertume et la défiance
quand d’épais nqages nous ont voilé
l’horizon, c’est le St. Esprit qui vient
l’éjoüir nos cœurs en écartant le voile
qiii [nous cachait le Sauveur et en
témoignant à nos esprits que nous
lui appartenons.
Oh I qu’il soit mille fois le bienvenu ce précieux baptême de feu,
car il n'est autre chose que le baptême du St. Esprit que le Seigneur
accordera à tous ceux qui le lui
demandent!
E. B.
ospîce
des caiéchatnènes
(Voir N.O 17.)
Les enfants de nos montagnards
devaient en effet renoncer à tout
espoir de sortir de l’iiospice, du mo-
3
- 147
ment que même l’enfant d’un personnage haut placé ne fut plus rendu
à ses parents qui la réclamaient à
grands cris. Une demoiselle de 17
ans, fille d’un chevalier, fille d’un
ambassadeur fut réclamée en vain
par son père en 1844; son père désolé dut quitter Turin sans sa fille
qu’il ne revit jamais après qu’elle
eut franchi le seuil du monastère de
Santa Croce.
Il ne faut donc pas s’étonner si
4S38 l’Intendant de Pignerol supplié de faire rendre à sa famille une
jeune fille entrée à l’hospice, répondit que comme l’enfant avait 11 ans
c’était légitime de fy garder d’après
les^ réglements alors en vigueur. Le
prêtre cherchait alors, à sa manière,
à consoler les parents affligés en
leur disant que leurs enfants étaient
en lieu sûr, qu’ils pouvaient se tranquilliser et se rassurer à leur endroit. Qui d’entre nous aurait pris
pour consolation des paroles qui signifiaient que l’enfant étant entré à
l’hospice, il n’en sortirait pas?
Pour comble de cruauté, les familles étaient encore forcées de payer
l’entretien de leurs enfants retenus
à Pignerol contre leur volonté. C’est
ainsi que dans un temps qui n’est
pas fort éloigné le géomètre E. A.
fut obligé /e payer 300 fr, par an
pour la pension de sa fille enfermée
dans l’hospice des catéchumènes.
Mais de meilleurs jours allaient
arriver et faire cesseiypour un temps
au moins, cette traite des blancs pour
cause de religion.
Le 28 brumaire, an 9 (19 Novembre 1800), la Commission Exécutrice
siégeant à Turin prenait la délibération suivante signée par son président Charles Bossi et par son secrétaire Marocchetti :
« Considérant que de toutes les
rnesures adoptées par l’ancien gouvernement pour violenter la conscience des habitants de ces Vallée.s.
la plus exécrable sans doute fut cell^
d’avoir fondé à Pignerol un vaste
hospice où l’on attirait leurs enfants
par toutes sortes de moyens illicites
et où ils étaient soigneusement gardés, pour les faire élever dans un
culte différent;
Considérant qu’il est juste et convenable que cet édifice qui a été
pendant tant d’annés un sujet de
crainte et d’afiiiction pour ces Vallées soit transformé en un établissement utile pour elles et qui atteste,
la reconnaissance du Gouvernement
républicain envers leurs habitants;
Arrête:
Les Vaudois sont déclarés dignes
de la reconnaissance nationale;
Les Modérateurs Vaudois auront
l’administration de la maison dite
de l’Hospice, située à Pignerol, ainsi
que de ses dépendances ».
Par une délibération subséquente
prise le 13 nivôse an 9 (3 Janvier
1801) cette même Commission Exécutrice du Piémont arrête que les
biens fonds et les revenus confiés à
r Administration des modérateurs
vaudois par l’arrêté du 28 brumaire
an 9, appartiendront définitivemenh
en pleine propriété aux communes
des vaudois.
Cet arrêté signé par Charles Botta,
président et Marocchetti secrétaire
général est approuvéq par le général
Jourdan, ministre extraordinaire du
Gouvernement français en Piémont.
Après la chûte de Napoléon (1815)
et la cessation de la domination
française, les affaires vaudoises furent rétablies sur l’ancien pied par
Victor Emanuel I rentré en possession de ses états, L’hospice des catéchumènes redevint aussi ce qu’il
était auparavant, c’est-à-dire un édifice dans lequel on attirait et l’on
catéchisait les personnes que l’on
voulait catholiser.
J.es soi-disant catéchumènes qui
y entraient un à la fois, et y faisaient adhésion individuelle à l’eglise
de Rome n’étaient pas’ poussés par
hx conviction, mais seulement par la
misère et par de brillantes promesses d’avenir.
b»’
4
Î48
Pour la pompeuse cérémonie de
leur abjuration dans la. cathédrale de
S. Donat, on leur donnait pour parain quelque comte ou marquis et
après avoir été bien repus pendant
la durée de leur catéchuménat, ces
pauvres gens venaient chez eux le
ventre vide. Le bruit a couru qu’on
donnait 60 fr. pour chaque abjuration, c’est-à-dire un peu plus que
la valeur d’une grosse chèvre et pas
la moitié de celle d’une petite vache.
Les sages délibérations des autorités civiles ont pu clore l’hospice
des catéchumènes; mais qui pourra
empêcher les idiots et les imbéciles
de se livrer pour peu d’argent?
Toujours est-il qu’une perversion
n’est pas une conversion.
E, B.
ÉVANGÉLISATION
Cher Monsieur,
Deux mots aujourd’hui sur l’Eglise
d’Ancône et sur l’œuvre qui se poursuit dans ce sol si ingrat pt stérile;
j’en aurai vite fini à cet égard. Si
cette Eglise n’a jamais été bien florissante, elle est maintenant réduite
à sa plus simple expression, après
que la colonie étrangère a cru devoir se séparer. C’est beaucoup lorsque le nombre des auditeurs, le
dimanche matin, atteint le chillre de
10 à 12 personnes!
Mais n’y a-t-il pas moyen d’attirer
du monde, en dehors des quelques
membres de la congrégation? Tous
les pasteurs qui se sont succédé à
Ancône ont fait leur possible pour
cela, mais aucun n’a jamais réussi
à avoir un auditoire un peu suivi,
ni à augmenter sensiblement le
nombre des fidèles avec des éléments indigènes. Ils auront obtenu
des assemblées plus ou moins nombreuses pendant quelque temps;
ensuite tout s’est dispersé et le résultat positif, visible a été nul, la
population étant trop indilîérente et
trop incrédule pour cela. A plus
d’une reprise, et cette année encore,
le cas s’est reproduit pour moi-même.
Le journal quotidien de l’endroit
avait annoncé, gratis pour la première fois, que j’aurais donné une
série de conférences sur quelques
questions sociales. Le premier soir
il ne vint personne, et je m’en retournai chez moi avec mon discours
rentré. Ensuite, pendant 10' dimanches, j’eus un auditoire assez régulier et, sauf quelques exceptions,
plutôt nombreux, sinon sympathique..
Savez-Vous, en elfet, de quels éléments il se composait? d’Anarchistes de la plus belle eau! Ce n’était
pas un auditoire facile, je vous en
réponds.
D’abord, aucune idée des convenances : ils entraient dans notre lieu
de culte comme ils seraient entrés
au cabaret, le chapeau sur la tête,
parlant à haute voix et frappant des
talons. Pendant que je parlais, un
soir, n’y avait-il pas un jeune homme qui fumait tranquillement sa cigaiette! Ensuite'c’était des chuchotements, des conversations à voix
basse, des dénégations ou des ap probations suivant le cas, et plus
d’une fois je devais m’interrompre
pour rappeler à l’ordre quelque individu un peu trop turbulent, Ayec ça,
athéisme complet. C’est bien vrai
que christianisme et éducation marchént ensemble.
Un soir, pendant que je descendais de l’estrade, ün_ pauvre sire à
demi aveugle et méchant comme
quatre, m’intei'pelle: « Vous parlez
toujours de Dieu; l’avez-vous jamais
vu »? Et là-dessus commença une
discussion qui dura trois quarts
d’heure environ, mon frère pérorant
d’un côté et moi de l’autre.
s Existence de Dieu! sornettes que
tout ça. On le faisait accroire autrefois, mais maintenant que les gens
sont instruits, personne n’y croit
plus. En effet, ici, ’ tous tant que
nous sommes, combien y en a-t-U
qui y croient? Vous n’êtes queideux.
D’ailleurs, personne ne l’a jamais vu
votre Dieu ». Et mon intérlecuteui’
5
— i4si
croyait avoir là deux arguments
sans réplique! Ce qui est triste et
effrayant c’est que tous ces individus ne croient réellement à rien, et
toute la population ouvrière d’Ancône, pour ne pas dire d’Italie, est
dans le même cas.
Mes étranges auditeurs aimaient
bien discuter; mais, après deux ou
trois essais, j’y renonçai, vu que
leur conclusion inévitable était toujours : « la révolution sociale est le
seul remèdeI vive l’anarchie! » Même des gamins de 10 à 14 ans le
criaient dans la rue au sortir de la
conlérence! « Santi scapaccioni! »
dirait Carducci. Toutefois ils continuaient à venir et ils, écoutaient
jusqu’à la fin. Mais il n'est pas toujours possible d’avoir des sujets spéciaux; aussi lorsque j’entrai dans un
domaine plus franchement religieux,
plusieurs se levèrent avec ostentation et sortirent; ensuite ils ne sont
plus revenus. Et voilà à quoi aboutissent, ici, tous les efforts pour
évangélivser le peuple. Mais toute la
semence répandue pendant tant d’années sera4-elle perdue?. Dieu 1e sait,
maisrje ne puis y croire.
Anûône, Mai i894.
E. R.
üicile, 1 Mai 1894QÎer Monsieur,
On n’est jamais trahi que par les
siens, aussi ne faut-il pas que mon
confrère Onésime à mon retour d’.lidone me mette sous les yeux une
petite note de la Rédaction du Témoin? Cf est un peu à votre adresse
me dit-il, tout autant qu’à la mienne!
Vraiment? Eh! chers Messieurs si
« vous désirez nous lire » qu’à cela
ne tienne, permettez-nous alors de
délier la gerbe d’anecdotes et de
souvenirs récents que nous venons
de recueillir à votre intention.
Aidone est bien connu déjà de
vos lecteurs, voulez-vous bien y remonter? Je vous servirai de Cicerone:
vous voyez là haut Valguariymf?
Les soi-disant eivili y relévenx leur
cercle, le Municipe son palais brûlé
à Noël, pendant que nous célébrions
la Sainte Gène à Vittoria. Là bas,
bien loin, distinguez vous ces clochers? Ce sont ceux de Caltagirone,
célèbre pour ses porcelaines, presque aussi fines que celles de S. Second.
Nous traversons Eaddusa au risque d’écraser quelques uns des animaux que nous savons chers à S.
Antoine, Ne les dédaignons pas puisque l’illustre Colaianni lui même les
mentionne fort honorablement, dans
son dernier ouvrage: In Sicilia,
éooutons-le : Bisogna vedere con quale
tenerezza, che suscita l’indegnazione
0 lo scherno di chi non sa valutare
la ragione del fatto, la buona moglie
del contadino guarda a quelVanimale immondo, che dorme sotto il
suo misero lettuccio, é che sinanco
gratta colle proprie mani e quasi
accarezza a preferenza dei figli. »
C’est juste cela qui nous agace : a
preferenza dei figli! » Pensez donc.^
Montons toujours, nous distinguons
d’autres localités où n’a pas encore
été annoncé l'Evangile.. Quels beaux
champs de travail, pardon, de bataille, pour VArmée du Salut !
Nous voici ' enfin à Aidone. Une
magnifique enseigne frappe nos regards : Chiesa Evangelica Valdese •—
noi predichiamo Cristo crocifisso.
Elle a toute une histoire cette enseigne. Le digne maire d’Aidone sachant qu’on la voulait arborer envoie
quérir notre Evangéliste, M. Gollosi,
et l’interpelle rudement~ J’ai entendu dire que vous voulez
élever à vos balcons un écriteau
pour désigner votre culte!
-^Monsieur a été fort bien renseigné,
c’est là en effet notre intention!
— Et vous croyez peut-être que je
vais vous permettre d’afficher cela?
Détrompez-vous!
Nous n’avons rien à croire. Vous
êtes bien aimable, Monsieur, aussi
je tiens à vous assurer que nous ne
pensions pas du tout vous demander
une permission dont nous n’avons
6
' ' ■'S
- 150
i
aucun besoin et dont nous comptions
bien nous passer!
-Savez-vous, s’écrie le fonctionnaire,
que je m’en vais écrire au Sous-Préfet de Piazza Armerina et au Préfet
de Gallanissetta?
— Qui songe à vous en empêcher ?
— Je vous dénoncerai comme provocateurs de l’ordre public.
— Vous êtes trop bon pour cela:
vous n'en ferez rien.
Il n’en fit rien en effet, une crise
municipale inattendue culbuta le
maire et on passa outre.
Ce n’est pas fini. On était convenu
du prix avec un artiste villageois
heureux de montrer son savoir: il
devait fournir l’enseigne au jour fixé.
Notre ami est assailli de scrupules, il prétexte je rie sais quelles
piètres excuses et, au bon moment,
déclare qu’il n’en veut plus.
L’Evangéliste reconnaît là lo zampino d’un confesseur et lui dit: C’est
bien égal, on va faire faire cela à
vos frais, car c’est ainsi qu’il faut
agir avec ceux qui,; comme vous,
trahissent leur parole.
Saisi d’une crainte salutaire, le
peintre met bien vite la main à
l’œuvre, et livre son travail au jour
établi.
Nous célébrons un baptême, renvoyant la réception des catéchumènes à la première occasion, et nous
présidons une conférence qui rap pelle celle des premiers temps.
Notre œuvre qui avait un peu
souffert s’est, grâces à Dieu relevée.
Nous avons une vingtaine d’élèves
à notre école du Dimanche et quelles intelligences I On me montre un
tout petit gamin qui a mis, en Carême dernier, dans le sac un chanoine.
L'enfant croquait un gros morceau
de pain au grand scandale du prélat
qui le tança vertement: « Tu ne
jeûnes pas toi? — Ehl mon révérend père, « lasciarre perdere », je
ne jeûne que trop souvent, du reste
voua savez ce qu’on lit dans la Bible? « Ce n’est pas ce qui entre dans
la bouche ce qui souille l’homme;
mais ce qui sort de la bouche, c’est
ce qui souille l’homme!»
Ah canaille! grommela le prêtre
comme si un frelon l’eût piqué.
{A suivre). SOSTHÈNE.
(^onjêî ■ence de M Æ ^ons
Introduite par quelques mots de
M, le past. Roehrich, qui a fait
aussi chanter un de nos hymnes et
prononcé la prière d’ouverture, Texposition de M. le past. Pons conduit
d’emblée ses auditeurs sur le terrain
où s’accomplit le travail des évangélistes que l’Eglise des Vallées
emploie à son service depuis longtemps déjà. Si le mot de Machiavel:
« Les Italiens sont sans religion »,
exprime une réalité tristement vraie,
on n’a nulle peine à en déduire la
nécessité de l’œuvre entreprise par
les Vaudois. Pas de religion, ou religion apparente, voilà le fait, et M.
Pons donne à l'appui des preuves
irréfragable^ Il constaté aussi un
état moral qui n’est pas pour réjouir les amis de la véracité, de
la délicatesse et des principes de
conduite en harmonie avec le respect
des dix Commandements, Les exception ne manquent pas, toutefois;
des besoins spirituels se font jour,
et c’est à les nourrir, à les encourager que s’appliquent les chrétiens,
animés d’un saint zèle, qui se répandent du nord au midi de la Péninsule, Ce labeur trouve sa récompense, quelque imparfait, quelque
incomplet qu’il soit, puisque 318
lieux de culte ont été fondés, puisqu’en moyenne l,m Italiens, presque
tous sortis de l’Eglise papale, y
viennent chercher, chaque dimanche,
le pain de vie que leur offrent les
ouvriers de la Mission. Les encouragements abondent: écoles prospères, Unions chrétiennes, fruits bénis
de toute espèce, sympathies ouvertes
ou cachées, M. Pons n’a que l’embarras du choix, lorsqu’il veut prou-
7
f
— 151
ver, par des exemples tirés de la
vie religieuse en Toscane ou dans
les Abruzzes, que les moyens dont
se servent les évangélistes, prédications, cérémonies funèbres, entretiens
privés, exercent sur les sentiments
du peuple une influence des plus
salutaires. Il raconte tout cela avec
un entrain, une bonhomie, un relief,
qui captivent et charment son auditoire. Il termine en insistant sur
la visite, si douce aux cœurs des
Vaudois, du monarque italien à Torre
Pellice (notre journal a parlé de
ce fait dans son numéro du 23
septembre 1893) et en demandant
aux chrétiens de Genève de prendre
note du déficit (40,000 fr. environ)
qui grève le budget de l’Evangélisation. Nous aimons à croire que
son appel chaleureux aura été entendu.
(Semaine Religieuse).
Le 11 Avril dernier s’éteignait à
Glasgow la jeune existence de
Mademoiselle May Riddali
, „T., étudiant en médecine
a 1 Université de cette ville.
M.lle Riddali naquit [à Turin où
son père, le Révérend Riddali, actuellement «pasteur à Relfast, exerçait le ministère dans la colonie anglaise. Elle fut bapti.see par M. Jean
Pierre Meille, circonstance pour laquelle elle aimait à se dire: la Vaudoise. On la désignait même toujours
ainsi dans sa nombreuse famille, que
son départ prématuré vient de plonger dans le deuil.
Très bien douée, et encore meilleure par le cœur qu’elle n’était distinguée pari esprit, M.lle Riddali aurait certainement fourni une carrière
utile et bénie.
Mais, en chrétienne fervente et
désireuse de faire quelque chose pour
son Maître, elle a bien employé le
temps, si court, qu’elle a passé sur
la terre,
La pensée seule qu’elle a été recueillie dans les tabernacles étemels.
quelle n’est pas perdue mais qu’elle
n a fait que les devancer, peut être
un baume pour le cœur ulcéré de
ses parents et amis dans les larmes.
Qu’il nous soit permis de leur
présenter l’expression de notre profonde sympathie chrétienne, et, d’une
manière toute spéciale, à M. et M.me
Riddali de Relfast, ainsi qu’à M. et
M.me E. P. Riddali, bien connus
pour l'intérêt qu’ils témoignent à
notre Eglise et aux œuvres qu’elle
poursuit.
Torre Pellice, Mai 1894.
J.-P. P.
Les coulisses du salutisme
en France et en Suisse
Tel est le titre d’un livre d’environ 450 pages annoncé par l’Eglise
Libre et que l’auteur met dès aujourd’hui en souscriptions. Ce livre
paraîtra dés que des adhésions en
nombre suffisant auront été recueillies.
L’auteur connaît l’Armée à fond,
il a été officier salutiste pendant
plusieurs années. En prenant la
plume pour conabattre le salutisme,
il s 6st attaché à dire Ici vévité duTus
la charité, il désire faire connaître
au^ public religieux et aux âmes
qu abuse l’Armée, les dessous de
cette organisation qui certainement
fait au fond, plus de mal que de
bien,
L auteur nous est connu depuis
un certain temps et il nous inspire,
comme à tout le milieu où il se
meut aujourd’hui, la plus entière
confiance. Il a quitté l’Armée de son
plein gré depuis plusieurs années
déjà, et il ne s’est décidé à publier
^s pages que sous le regard de
Dieu et pour servir la vérité.
On souscrit chez M.r le pasteur
Lortch, 6, Rue Porte d’Alais, Nîmes,
B^rance.
Prix de souscription (frais de port
compris)_L. 1,50, payable après réception, à la même adresse.
(Eglise Libre.)
8
152
Mr. le pasteur G. Appia a donné Dimanche dernier à Paris (Eglise de la Rédemption) une Conférence sur Jérôme Savonarole.
Les églises des diverses dénominations
dans les Etats Unis peuvent contenir
43,000,000 de personnes assises, et elles
sont desservies par 111,036 pasteurs.
Le Dr. Talmage pasteur de l’Eglise du
Tabernacle de Brooklyn a donné sa démission à cause des difficultés pécuniaires
dans lesquelles se trouve son église. Les
dépenses ont dépassé de L, 250,000 les revenus. La crise financière se fait donc
aussi sentir en Amérique.
Le Conseil sanitaire de Berna refuse la
permission d’étourdir avec des boissons
fortes les animaux que l’on mène à la
boucherie, disant que cela est cruel.
— D'accord. Mais alors, n’est-ce pas
cruel que de permettre à certains aubergistes d’étourdir par des boissons fortes
certains êtres que l’on ne mène pas à Ja
boucherie, mais dont on aplatit la bourse,
ruine la santé, épaissit l’intelligence, compromet la moralité, ruine la famille? etc.
Samedi dernier l’on enterrait à Luserne
avec le concours des autorités, de nombreuses associations et d’une foule considérable le comte Emmanuel Luserne d’Angrogne. ,
E. B.
I'.
Revue Poli tique
■' T"’ '*
Italie. La dette publique (lu royaume d’Italie s’élevait au 31 Mars
écoulé à L. 579,172,279,00 de rente,
soit à L. 12,841,248,305,00 de capital. Depuis le 1'' Janvier au 31
Mars, cette dette avait diminué dé
L. 1,714,670,00 de rente, correspondant à L. 68,417,743,00 de capital.
. ~ Le l'^'Mai, Edmondo De Amicis
lut à Turin, devant un immense auditoire, les deux premiers chapitres
de son nouvel ouvrage intitulé: Il
Primo Maggio, auquel il travaille
depuis longtemps. Cette lecture dura
1 ll2 heure et fut chaleureusement
applaudie.
— Milan est en fête à cause de
l’inauguration des Expositions Ilé
unies faite par le^ Roi, la Reine et
les Princes.
Londres. La Chambre des Communes approuve en première lectui'c
le MU qui consacre la séparation de
l’Eglise d’avec l’Etat dans le pays de
Galles.
— Elle a approuvé en outre le
bill relatif aux Conseils de paroisse
pour l’Ecosse, Ce consacre l’éligibilité des femmes.
L’on va vite en Ecosse, encore
plus que chez nous ; les femmes n’y
sont pas seulement électeurs, mais
éligibles. Il y a dans la paroisse telle
charge qui est faite pour la femme.
— La Chambre des Communes a
aussi approuvé en seconde lecture, le
MU qui fixe à 8 heures par jour la
durée du travail des ouvriers dans les,
raine.s de houille. L’on sait que ce.s
ouvriers là travaillent dans des galeries souterraines et que leur santé et
même leur vie .sont en danger.
E. B.
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J. P. Malan, Gérant
Torre Pellice — Imprimerie Alpina