1
Hu-ltlème année.
IST, 13.
28 Mars ISTS.
L ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBOOMADAIRE
Spécialcmciil consacrée aux inléréls matériels et spirituels
(le la Famille Yaudoise.
Qua toutes las choses qui sont véritables.occupent
vos pensées — ( Philippiens., IV. 8.)
PRIX d’abonnement :
I talie, h domicile ( un ) Kr, 3
Sîiijsse...................»5
Krance.....................»6
Allemagne..............» 6
Angleterre, Pays-Bas . » 8
Vn numéro séparé : 10 cent
Un numéro arriéré : ÎUcent.
BUREAUX d’abonnement
Tourb-Peli.iok ; Via Maestra,
N . 42, (Agenzia hibÎiOffrnrii a)
PintiKRoL : J. Chlanfore
Tuuin :J.J. Trou, via Lagrange
près le N. 22.
Fi.orbnob 1 Libreria Rvangefica, via de’Pauzani.
ANNONCES ; f> cent, la ligue
ou portion de ligne.
Lettres et envois framo. S’adresser pütjr l'adinini.sirai;on
au Pureau â Ton e-f’t'flirr .
via Maestra N. 42 — pour la
rédmUion ; à Mr. F. Mulnit
Prof, à Torre-Pellice.
Sommaire.
Premier rapport do la Société Biblique
italienue. — Correspondance. — L’universaliste mourant. — Poésie. — Nouvelles
religieuses. — Chronique Vaudoise. — Chronique Politique.
HmU RAPPOBT
de la Société Biblitiue italienne
Nous venons de recevoir ce premier rapport qui rend compte des
opérations de la Société jusqu’à
tout février dernier.
Les entrées, y compris francs
10.000 donnés par les écoles du
dimanche des Etats-Unis d’Amérique , par l’intermédiaire de M.
Van Weter, s’élèvent à fr. 19403 32;
les sorties à’francs 8116 06, dont
6836 12 pour l’impression du Nouveau-Testament.
Le Comité se propose de publier,
l’année prochaine, une édition de
la Bible qui, par sa beauté artistique, puisse «voir entrée dans les
classes les plus élevées et qui, pour
son bas prix, puisse être achetée
par le plus humble ouvrier »•
.Aiusi, est-il dit, la famille terrestre, comme la famille céleste, aura
pour son centre le Livre qui unira
les cœurs divisés, calmera les consciences troublées. Il faudra pour
cette œuvre une forte sommo,
mais le comité met sa coniianco
dans le Père, dont la famille enlivre esl nommée dans le ciel cl sur
la lerre, et il espère (ju’Il lui accordera les moyens nég(?ssaijPH.^
pour fournir aux faiuill|
nés les Saintes Ecritun
Déjà l'année dernière ni
exprimé notre ' regret dé
Comité entrer dans cette voie. M.
Ribet était alors (l’un avis contraire. Nous avons- été content de
voir dans l’Eglise libre, que l’idée
exprimée par M. Wall au nom du
Comité, n’est qu’un vœu et que M.
Ribet cette fois ne s’y range pas,
mais espère, comme nous, que le
Comité qui vient d’ètre élu se limitera pour le moment à envoyer
des colporteur? chargés de répandre les nombreux exemplaires
des Saintes Ecritures de la Société
2
-(90)
Biblique Britannique dont les dépôts sont remplis.
Le Comité pour l’année courante
est composé comme suit:
Le comte P. Guicciardini, Président
honoraire; ^
L’amiral Fishbourne, Président.
Vice-Présidents :
MM. Th. Bruce, A. Gavazzi, P.
Lantaret, P. Geymonat, marquis
P’speco, Bon, Mazzarella,VanMeter,
J. P. Meille. — Ces MM. sont les
présidents des Comités auxiliaires.
Les membres du Comité sont :
MM. Ribet J. , Fr. Sciarelli, L.
Conti, J. Wall, Waite, Burtchaell,
Jeter, V. Ravi, Th. Hamilton,
D. Miller, Revelli J., Meille H.
Secrétaires :
J. Wall, Sciarelli, H. Meille.
(Îomspottbftncc
éV. N. if J.
Je viens directement à la question du
débat concernant les rapports respectifs
des administrations qui s’occupent des
écoles vaudoises. Je ne parle pas du proviseur gouvernemental qui n’est pas une
cause d’embarras administratif. Les Municipes et les Consistoires ont une ingérence directe dans l’école. Les uns et les
autres ont contribué à leur érection. Ils
contribuent à leur entretien et chacune de
ces administrations compte des dépendants
qui en jouissent. Quelle que soit la nature
du débat, puisqu’il existe quelque part,
elle doit provenir d’une diversité de vues
dans la marche de ces'établissements et
les résultats qu’on en attend. Dans ce
cas laquelle de ces deux administrations
vise plus directement au but assigné à
ces écoles et possède les moyens les plus
efficaces pour l’atteindre?
La formation d’un Municipe constitué
et régi par une loi du Gouvernement,
présidé par un syndic nommé par décret
royal, en suite de recommandations et de
renseignements que ne connaît pas le public, ne peut être le gardien fidèle de la
pensée religieuse qui a présidé à la fondation de chacune de nos écoles. Elu par
une population catholique , protestante ou
incrédule, dont il devra également soutenir
les intérêts sans « froisser les convictions
de personne,» il ne pourra pas consulter
séparément les portions d’électeurs qui
professent quelque croyance religieuse ou
les repoussent toutes comme également
mauvaises; encore moins pourra-t-il se
rendre arbitre dans les débats religieux,
puisqu’il doit donner raison à tout administré qui Ini présente ses réclamations
pourvu seulement qu’il ne blesse pas la
moralité publique et ne tran.sgresse pas
les lois sociales. Les diverses personnes
qui le composent entrent en charge sans
rien promettre aux électeurs, et en sortent en n’ayant d’autre obligation que celle
de présenter un compte financier régulier
à l’approbation d’une Autorité supérieure.
Ces diverses raisons en disent assez pour
qui sait les pondérer.
Des circonstances bien différentes nous
font croire que le Consistoire a le inandat
de conserver aux écoles vaudoises leur
caractère particulier. Il est élu uniquement
par des vaudois qui professent la foi de
l’église. Chacun de ses membres promet
publiquement, avec solennité, de maintenir
les principes qui régissent nos institutions.
Le Consistoire a l’obligation de présenter
à la population vaudoise entière, sur laquelle il exerce sa surveillance, un rapport
annuel sur sa gestion, et de provoquer les
observations de ceux qui, au besoin, voteront sur des mesures nouvelles, dans l’intérêt de l’œuvre. Huit jours lui suffisent
pour convoquer régulièrement en assemblée ceux dont il administre les intérêts
et eu.obtenir tous les renseignements désirables. Il y a plus : lés divers administrés
sont convoqués périodiquement, et invités
à apprécier la conduite des membres du
Consistoire par une administration supérieure qui prend acte de toutes les plaintes,
et prononce, en vertu de l’autorité qui lui
3
------------------------------------------(91)
est confiée, des censures et des suspensions,
provoquant même la destitution d’anciens,
ou de pasteurs infidèles. Si une administration ainsi constituée ne répond pas au but
de nos écoles, nous serons reconnaissants
à tout ami du progrès civil et religieux
qui nous en indiquerait une meilleure ;
mais, tant qu’il ne l’aura pas trouvée, il
devra reconnaître qu’elle est la seule capable de sauvegarder les droits des particuliers relativement aux écoles en question;
tenant compte encore de ce fait, qu’elle est
connue et respectée par nos Autorités gouvernementales.
I,e devoir du Consistoire sera donc, avant
tout, de chercher rasseutimeot et la coopération des personnes appelées à jouir
de l’école dans la réalisation du butdevaut
lequel il ne devra jamais reculer. Sans
elles, il serait une télé privée de membres.
Cédera-t-il devant une majorité gontraire? Nullement. Le but de l’école étant
déterminé, celui qui ne veut pas le respecter perd toute ingérence dans son administration. C'est une question de droit
que ne doivent pas lâcher ceux qui savent
qu’ils soutiennent une l)onne cause. Fort
de l’appui de ses administrés, le Consistoire
arrêtera le programme de l’école et tra
cera sa marche. Il recevra de la part de
ceux qui les approuvent les secours qu’ils
voudront bien fournir, et reconnaîtra à
ceux-ci toute l’ingérence compatible avec
le but de l’école. Il en coûte quelquefois
au Consistoire de prendre cette position
décidée. Le Municipe peut lui dire qu’il ne
veut plus payer les impôts ni contribuer
aux réparations des bâtisses qui ne lui appartiennent pas. Que le Consistoire se garde
bien alors, sous prétexte de conciliation,
dans la pensée, de se débarrasser des frais
que nécessite leur entretien, de signer un
contrat dangereux qui assurerait à un adversairo'l’usage absolu de l’objet contesté
Le Municipe n’approuvera peut-être pas
la marche et le but des écoles. Si l’on
prend M. Bert au pied de la lettre, il fant
! une rupture immédiate.Il dit: «Les écoles
civiles communales doivent être ouvertes
aux enfants' de tous les citoyens sans distinction quelconque de symboles religieux.
Les écoles publiques gouvernementales
sont pour tous, et dès lors, on ne peut
on ne doit y enseigner les dogmes et pratiquer les rites d’aucune église, secte ,
confession religieuse ».'On peut y arriver,
mais nous n’en sommes pas encore à ce
point. Les horaires que les Proviseurs du
Gouvernement vieunenl de transmettre aux
régents de toutes nos écoles accordent des
acances en l'honneur des saints fêtés par
’Eglise romaine. Les registres remis par
eux à nos régents paroissiaux et à nos
maîtresses d’école réclament l’inscription
dos punti merilali in Calcchismo e Sloria
Sacra ( Biblique]; ces mêmes registres, une
fois remplis, porteront, avec la signature
de l’instituteur, celle du SopraiiUendente
municipale, et seront transmis aux autorités scolaires nommés par le Gouvernement.
Si les Municipes ne veulent pas faire
preuve d’un zèle exclusif, ils reconnaîtront
les écoles vaudoises d’utilité publique, d’autant plus, qu’aucun des enfants qui s’y
présentent n’est renvoyé pour des motifs
religieux. Ils continueront à leur accorder
un concours, d’autant plus volontiers, qu’ils
trouveraient autrement lourde la tâche s’ils
devaient en assumer tonie la responsabilité. En cela ils suivront la marche du
Gouvernement lequel est loin de voir dans
ces écoles uu élément nuisible à son action, où que ce soit qu’elles se trouvent.
Ils feront preuve d’un vrai libéralisme qui
ne craint pas'le libre examen ni la Bible,
puisqu'en formant des citoyens des cieux,
celle-ci ne crée pas un état dans l'état,
mais dépose en eux les principes de la
vraie liberté qui, faisant sentir à l’homme
sa dignité et sa responsabilité, le maintient
dans l’ordre et le respect aux lois établies.
Je ne continue pas parce que j’entrerais dans une nouvelle série d’idées. —
Je tiens à exprimer ma conviction, en
finissant, que si les Municipes, représentants de la loi civile au milieu de nous,
savent, dans les limites de leur activité,
s’imposer la règle énoncée par un puissant
monarque « l’empire des lois cesse là où
commence celui de la conscience », ils
auront droit à tous les égards dûs aux
amis de l’instruction chez-nous. Leurs propositions , ainsi que leur concours, tendant au progrès de cette œuvre, seront reçus
avec empressement et avec reconnaissance
par tous ceux qui ne se font pas une gloire,
4
-(92)
mais UD bonheur, de travailler au relèvement intellectuel, moral et religieux de
la population vaudoise.
Recevez, monsieur, avec ces lignes, les
salutations de votre dévoué
D. Gat Pasteur.
i.e récit dont j’offre au lecteur la libre
traduction . et que je tire des esquisses
d’nn pasteur (A Pastor’s Skclchfisjdu docteur Spencer de New-York, n’est pas une
histoire faite à plaisir, giais la relation
tidèle et exacte de ce dont le narrateur
lui-méme fut témoin. En le lisant, je me
suis senti pressée de le faire connaître à
d'autres, espérant que la lecture n’en serait pas sans fruit. — Puisse la crainte ,
' ou mieux , l’horreur dont on se sent sai.si
en présence d’un pareil tableau, être salutaire pour beaucoup d’âmes prêtes à
s’endormir dans l’indifféreoce ou rendurcissement. C. G. P.
ltni\ërs4listë mmm
Plus de seize ans se sont écoulés depuis
que la rencontre tpie je vais retracer fit
sur moi sa première impression; cepen
daot il m’est impossible de rappeler cette
scène â mon esprit sans éprouver les plus
pénibles émotions. Il y a, dans l’onsomble
de cette scène, quch|ue chose de trop horrible pour être décrit ; et si je ne consultais
([ue mon sentiment, j’aimerais bicm mieux
la passer sous silence et la laisser pour
toujours couverte d’un voile que d'en faire
revivre le souvenir ep cofiiant les notes
qne j’en pris alors. Mais plusieurs de mes
amis en ont sollicité la publication et je
cède à leur jugement.
Je fus un jour appelé à me rendre en
toute hâte auprès du lit d’un malade,
par les pressantes sollicitations de éa mère.
C’était un homme jeune encore. Il pouvait
avoir ejvviron vingt-six atts ; il était marié
et père d’un petit enfant ; je ne lui avais
janfèis parlé, mais sa mère qui était membre de l’Eglise, m’avait sout'énl fait mention de lui, et sa femme,- personne d’nn
esprit plus sérieux en même teiw^ -que
très modesite et rêservéeq m’avait quelquefois parlé do sou atari i dé fiiatriire à
me laisser voir que ses dispositions à l’é-,
gard de la religion, étaient pouf elle Un
sujet dé chagrin. Mais jé n’avais aucune
relation personnelle avec- lui. Chaque fois
que je visitais la famille, ou il était absent
de la mai.son, ou il se tenait exprès loin
de ma vüe. Quelquefois, mais très rarement, je l’avais vu à l'église sans savoir
alors qui il était. Je ne crois pas qu’il y
soit retourné depuis des années;itontefois,
lorsque je lé vis sur son lit de maladie,
je le reconnus pour quelqu’un que j’avais
vu au temple et que j’avais pris pour uu
étranger. C’élait un homme industrieux ,
fort bien dans ses affaires et, comme
homme du monde, jouissant d’une bonne
réputation.
.Son père était universaliste , (on donne
ce titre à ceux qui professent de croire à
l’universalité du salut, c’est-à-dire que
tou% les membres de l’humanité, seront,
à la fin, également sauvés), et le fils avait
été imbu de ces principes. J’avais su cela
auparavant; sa mère m’en avait entretenu
avec beaucoup de tristessê. Elle m’avait
aussi prié de parler au vieillard, .sou mari,
et j’avais essayé plus d’une fois de le faire;
mais bien vile il s’excusait en prétextant
des affaires urgentes qui ne lui laissaient
pas de temps, à dépenser^ J’avais appris
aussi iju'il quittait la maison et sé rendait
dans les cliamps lors qu’il savait que j’étais venu pour visiter la famille, afin de
ne pas me voir.
Son fils , qui maintenant était malade ,
m’avait sans doute aussi évité de la même
manière. Il demeurait chez ses parents qui
avaient un autre fils, garçon d’envirou
douze ans. Ges personnes avec l'enfant du
malade composaient toute la famille.
En approchant de la maison, je tressailllis en entendant les gémissements du
malade. On (xtuvail les entendre distinctement depuis la rite. Comme j’allais en^
trer, sa mère vint à ma rencontre, calme
-en son maintien, mais évideiUlnent en
'proie à ta ffiils déchirairte détre.sse. Elle
me dit brièvement comment était son fils,
et il éltfif tfisé de voir qu’elle s’altendait
à le Voir mourir. Elle désirait qu’il ne
sût pas que j’étais venn à sa demande,
mais elle me pria d’entrer aus.sUôt et de
parler et de prier avec lut.
5
-(93)
Comme j’enlrais dans la chambre du
malade, et que sa mère me présentait é
lui en' lui disant que j’étais venu pour le
voir, il jela sur moi un rapide regard,
parut tressaillir et tourna sou visage vers
la muraille sans dire un mot comme s’il
m’avait vu avec horreur. — Je m’approchai de lui avec bonté et lui tendis
familièrement la main qu’il prit avec
répugnance, et, seulant son pouls iiévreux , je lâchai de le calmer aussi bien
que je le pus. Il avait élé pris soudainement d’une lièvre accompagnée de violentes douleurs dans la poitrine , le dos
et la tête. Il était excessivement tourmenté,
s’agitant de tous côtés, et ses gémissements et ses cris perçaient lous les cœurs.
Cétait uu homme grand et robuste, dont
toute l’apparence annonçait une vigueur do
constitution assez rare. Sa personhe gigantesque était dans toute la plénitmle de
sa force, et en le voyant se tordre dans
les spasmes de la douleur , je me disais
que je n’avais jamais vu un exemple aussi
frappant du pouvoir de la maladie. Cet
homme puissant était secoué et ballotté
comme une feuille abandonnée.
Lorsqu’il fut un peu plus calme, je m’informai de ses souffrances et tâchai de
l’encourager, lui exprimant l’espoir qu’il
serait bientôt soulagé.
Avec l’accent d’une indicible agonie il
s’écria: — «Oh! je vais mourir! je vais
mourir !
« J’espère que non , lui dis-je, du moins
pas de celte maladie. Je ne vois pas de
raison pour que vous n’en releviez pas ;
et j’espère que, par les soins du docteur,
vous serez bientôt rétabli.
« Le docteur a fait ce qu’il a pu, dit-il,
mon temps e.st venu. Je ne puis vivre. —
Oh ! je vais mourir ! ».
Se levant soudainement et s’accoudant
sur son oreiller, il se rejeta en arrière sur
son lit, et tira les couvertures sur son
visage les y tenant avec ses deux mains.
J’essayai de, nouveau de calmer son agitation , le priant de rester aussi tranquille
que possible-et l’assurant que je ne croyais
pas que le docteur regardât sou cas cornine
désespéré. S’il (H quelque attention â mes
paroles, je ne puis le dire, car il laissa
sa tête enfoncée sous les Couvertures, et
résisla obstinément aux douces tentatives
de sa femme et de sa mère pour l’en dégager. Il resta quelques minutes danscetio
attitude, gémissant lonjonrs. Je lui lis
quelque, questions, mais il ne donna aucune réponse.
Pensant (lue penl-êtro il se sentait embarrassé de ma présence, a|)rès lui avoir
parlé encore un moment, j'allai m’asseoir
dans un auire. endroit de la chambre ,
afin de lui ôter toute gène, s’il en ressentait, et m’entretins avec sa femme et sa
mère, leur proposant (|uelqne chose qui
put le soulager , cl je le faisais de maniiu-o
à ce (|u’il pût me regarder comme nu
ami. Cette tentative eut l’ellèt désiré. Peu
à peu il retira les draps de dessus son
visage enflammé, et écoula atlentiveineut
notre conversation. D’un regard snpfiliant
et désespéré il lixail tantôt sa mère, tantôt
sa femme, les regardant'Iour à tour l’une
et l'autre p mais j'observais que ses yeux
no s’arrêtaient jamais sur moi. Il [laraissait éviter de me regarder. Si sa mère ou
sa femme parlaient, il tournait vers elles
son regani au son de leur voix, mais s’il
entendait un mot ilo moi. il n’y faisait
aucune attenlion
Je m’élais retiré de son chevet et m’étais
assis près de la fenêtre, pensant agir ainsi
avec plus do délicatesse (|u’en restant près
de lui; du moins pour (|uclqnes instants.
Il se calma et devint très tranquille. Jo
m’approchai alors de lui. Sa mère, connaissant la répugnance ipi’il avait à me
parler, me prévint, et l’appelant alfectuensement par son nom , elle lui dit que
j’étais venu pour le voir, et elle lui demanda s'il n’aimerait pas que je priasse
avec lui. Aussitôt étendant g,es deux mains
vers le ciel, il se leva sur son lit, et tenant ses mains aussi élevées (¡ne possible,
aussi loin qu’il pouvait atteindre , il prononça cette seule exclamalion.- « Oh! »
avec un accent si elîrayant et un son si
proiongé que je sentis mon sang se glacer
da'ns mes veines. Sa femme et sa m^re
pâlirent; la première relomba sur la chaise
qu’elle venait do quitter. Cette soudaine
et singulière action de la part de cet homme,
me fit penser qne son angoisse était e.ssentiellemenl morale, et non pas l’effet d’une
souffrance corporélle; c’était tout différeut.
6
-(Ô4)
Pensant que c’étail le meilleur moyen de
l’amener à me faire part de ses sentiments
je luidis ; « Vos douteurs sont-elles revenues?». Tenant toujours ses maioS'élevées
et sans me regarder il s’écria d’un ton d’horreur: «01)1 Oh! Oh!». «Souffrez-vous beau
coup, demandai-je? ». Un autre gémissement fut sa seule réponse. Je suis peiné de
vous voir si mal, lui dis je. Il gémit encore'
et poussa un cri effrayant. Sa femme sanglotant tout haut quitta la Chambre. Je lui
dis alors: « Dieu est miséricordieux. Il
écoute les prières; et si vous êtes....
Il m’interrompit par un ohi affreux sorti
de ses lèvres frémissantes; ce fut un cri
qui résonna dans toute la maison et qui
fit accourir toute la famille dans la chambre du malade. Du nombre se trouvait
son jeune frère, qui parut seul attirer son
attention. 11 le regarda une ou deux fois,
et croyant qu’il allait lui parler, je restai
silencieux. Ainsi soulevé dans sou lit, les
mains élevées aussi haut qu’il le pouvait,
le regard fixé sur rien, et ses lèvres n’articulant que son effrayant monosyllabe,
qui n’était apparemment qu’un cri d’horreur, il était l’objet le pins digne de pitié
que mes yeux eussent jamais rencontré.
« Puis-je prier avec vous, demandai je? ».
Il se renversa violemment sur spn lit,
tourna sa figure rie l’aiitre côté , et tira
de nouveau les couvertures sur sa tête.
Nous nous agenouillâmes autour de son
lit et continuâmes ((uelque temps à prier.
Il ne m’avait,pas encore parlé. Convaincu
que sou eogoisse était plus morale que
corporelle, je tâchai de prier de manière
à le calmer et à l’encourager par la pensée
do la miséricorde de Dieu envers les pécheurs par notre Seigneur Jésus-Christ.
Pendant la prière il demeura tout-à-fait
tranquille; mais je pouvais dislinctemeut
entendre ses profondes aspirations et sentir,
son lit secoué par sa respiration haletante.
Je continuai à prier pendant huit ou dix
minutes, plus longtemps que je ne l’aurais
fait, s’il ne m’avait semblé que cela le
tranquillisait; d’ailleurs,, c’était le seul
moyen par lequel je pouvais faire arriver
quelque idée religieuse à son esprit. Quand
nous nous relevâmes , sou visage était
découvert; tournant ses yeux vers moi,
puis vers sa mère, puis de nouveau vers
moi. il parut sur le point de me parler,
et je restai silencieux près de lui. Avec un
regard et un ton de décision il s’écria :
« Cela ne fera aucun bien de prier pour
moi, monsieur ». fà suivre).
I*0ÊSIË
(Air: Bonne nuit).
Maintenant
0 pécheur, c’est le moment
Où le Dieu de toute grâce
T’invite à chercher sa face;
Cherche-la diligemment
Maintenant.
Invoquez
L’Eternel quand II est près;
Dans une humble confiance
Recourez à sa clémence ;
Demandez, cherchez, heurtez,
Invoquez.
« A demain ».
C’est le propos du mondain
Qui sera cité, peut-être,
Par la mort, à comparaître ,
Au tribunal souverain
Dès demain.
Aujourd’hui ,
Délaissant tout va>n appui
Suis le Seigneur qui t’appelle;
« Saisis la vie étemelle »
Tourne ton âme vers Lui
Aujourd’hui.
Que ton cœur - *
A la voix de ton Sauveur,
Oh ! jamais tu n’endurcisses
Mais dp tous les sacrifices
Présente Lui le meilleur;
Tout ton cœur.
Dans la paix
Passant tes jours désormais
Embellis par l’espérance.
Leur fin sera l’assurance’
De ton entrée à jamais
Dans la pajx. J. d.
c.
7
-(95).
flouwelke religieuses
IVioe. Le 18 couraet a eu lieu, dans
le temple évangélique, la consécration
de M. Al/.as, élève de la Faculté libre de
Lausanne et pasteur auxiliaire à Nice, et
de M. Bird évangéliste à Vence et environs. M. le pasteur Delapierre, de Menton,
a prononcé le discours et M. le pasteur
Pilatte a fait la prière de consécration.
( Fgline librçj.
F'ar'isi. On compte à Paris trente-sept
cultes orthodoxes de toutes dénominations;
les soi-disant libéraux , qui avaient ouvert
trois lieux de culte, u’en ont plus que
deux mainlenaut.
; Eglise libre J.
Oenève. Le père Hyacinthe a eu
sa conférence dans la salle de la réforinalion devant un auditoire de 3000 personnes qui ont admiré l’éloquence du
célèbre orateur et ne lui ont pas épargné
les applaudissements. - L’idée principale
de sou discours est que le salut <le la
Société dépend de la réforme de l’Eglise
Catholique, elle-même, (dans son chef
et dans ses membres comme on disait
déjà du temps de Gerson et du concile de
Bâle). — Quatre mille personnes ont été
privées de l’avantage d’entendre cette
première conférence que M. Lhoysou a dû
répéter à leur intention.
Ou assure que il. Mermillod, élevé à
la charge de cardinal, a été relevé de
ses fonctions de Vicaire apostolique dans
le Canton de Genève. Si cela se confirme,
M. Mermillod ne tardera pas à être réin.tégré dans tous ses droits de citoyen suisse.
On assure aussi qu’au Vatican on ne se
félicite pas d’avoir poussé les choses à
l’extrême à Genève et dans l’évêché de Bâle.
— Le produit des vieux papiers a été
pour la dernière année de 2218 francs qui
ont été employés à des œuvres de bienfaisance. — üu de nos correspondants avait
fait, l’année dernière, la proposition de
fonder une société semblable aux Vallées
et à Turin. Personne n’a relevé cette idée
qui est tombée dans le vide de l’indifférence et de l’oubli, comme tant d’autres.
Rome. Les Journaux publient des
détails sur la séance de la Société Biblique
Italienne. Le correspondant de la Semaine
religieuse s’exprime en ces termes: » Le
plus sympathique des orateurs a été MCombe. Sa parole digne, sobre et élégante
tout à la fois nous a tous gagnés»; et
plus loin : « il a gagné tout le monde en
racontant simplement l’élonnanle régénération des îles Sandwich par la seule influence biblique ; ses allusions aux sociétés modernes si on retard , auxquelles des
sauvages d’hier donnent l’exemple de l’instruction gratuite et obligatoire, ont trouvé
un écho bruyant dans l’auditoire». —
L’argument, non le plus neuf, mais le
pins impressif qui a été développé par
les différents orateurs, est bien celui-ci :
« Le monde périt, faute de foi ; la foi
papalinn est morte ou elle tue. Il faut
choisir ; ou mourir, ou revivre par le
souffle divin émané de la Bible. La patrie est en danger: l’ultramontanisme la
travaille, en de-ça comme au delà les
monts. Bible ou pape, il faut choisir. Vouloir fonder la société moderne sans le
Dieu de la Bible,'c’est un songe suivi
d’un abîme ».
Le correspondant de la Semaine reproche à M. Gavazzi d’exagérer la mimique
italienne et d’avoir été trop violent dans
sa façon de parler de rinfaillibilité pafiale
qu’il a opposée , du reste , avec raison ,
à l’infaillibilité divine révélée dans la Bible. « Nous sommes habitués à Homo à
bien des hardiesses de langage, mais ce
n’est pas sans émotion que j’ai entendu
applaudir par cet immense public les
mordantes épigrammes de Gavazzi contre
ce faux prisonnier qui, dans le Vatican,
veut mettre sous clef la parole de Dieu ,
bien plus que sa propre personne. C’est
à peine si de telles choses pourraient se
dire sur le même Ion ailleurs qu’à Rome,
oh règne décidément la plus absolue liberté de discussion. Ce n’est ici qu’on
peut se faire applaudir en comparant la
papauté à l’ange des ténèbres terrassé de
Dieu et jeté dans l’abîme».
Comme M. Gavazzi est plus puissant,
quand il peut prendre sur lui do s’inter-
8
-{06)
dire ces intmperanze de langage, qui ne
convertiront jamais personne , au con-r
traire...
— Le mouvement vers l’Evangile s’est
un peu ralenti, à cause de l’indifTérence
et du morcellement des forces. Trop de
communions différentes à l’oenvre, 8 à 10
réunions microscopiques et peudegrandcs.
Bamicia. Il existe, depuis quelques
années, dans la Prusse rhénane, et tout
particulièrement à Barmen et à Elberfeld,
un comité dit du Wiipperlhal qui recueille
des fouds pour l'Evangélisation d'Italîe et
d’Espagne. En 1872. ce comité a transmis
pour diverses œuvres en Espagne environ
5300 frs,, et pour diverses œuvres eu
Italie 4030. Les secours envoyés en Italie
ont été partagés, en parts inégales, entre
les Ecoles do Naples, l’Evangélisation par
l’Eglise. Vaudoise et l’Ecole Normale de la
Tour.
CkroniC|ue fflauboiee
I£:migration.. Les délégués nommés par les aspirants à l’émigration en
Itniie, sont partis. Leur but, nous assuret-on , est tout spécialement de visiter les
terrains offerts par le chevalier Ferrerò,
et d’autres terrains environnants, ensuite
de trouver les capitaux pour les acheter,
(car M' Ferrerò veut les vendre), pour
pouvoir transporter les colons, les pourvoir du nécessaire, soit en outils, soit en
denrées [lour la première année au moins,
enfin d’assurer aux émigrants, auprès des
autorités, tous les avantages, toutes les
facilitations et les garanties de sécurité
possibles. Immense tâche !
Clirontque politique.
JJ _____
Italie. Au milieu de la discussion du
projet de loi sur la réorganisation de l’armée , la Chambre a entendu l’exposition
financière du ministre Sella. Nous approchons lentement de l’équilibre {pareggio'il
grâce à la rente paajeu;re de plusieurs
impôts, cependant cent et quelques millions de déficit pour 1873 sont bien un
point noir. Il est juste de remarquer que
ces millions sont employés pour les chemins de fer siciliens et pour le rachat de
la rente, c.-à-d. pour l’extinction d’une
partie.de la delte. L'hon.' Nicolera, soutenu surtout par Corte et Finzi ont proposé
à la Chambre un projet de loi pour l’armement de la nation. — Après que ces
députés eurent développé,leurs idées à ce
sujet, l’hon. Sella a pris la parole et par
une improvisation éloquente, il a combattu
ce projet et a montré qu’il allait à l’eucoutre de ses vues financières. Comment
arriver à l’équilibre si on veut augmenter
les dépenses à mesure que les entrées
s’accroissent? Ob trouver les 50 millions
annuels rendus nécessaires par cette nouvelle loi ? La Chambre, tout en se montrant
disposée à demander à la uation les sa-,
crifices indispensables à sa propre sécurité,
a cependant repoussé la motion de Nicotera par 153 voix contre 100.
France. En suite de la convention
signée le 15 mars entre la France et l’Allemagne, le quatrième milliard sera payé
du 1' au 5 mai prochain, et le cinquième
du r juin au 5 septembre, et ce même
jour Verdun , la dernière place occupée
par les armées allemandes, sera évacuée.
La nouvelle de la complète^ libération du
territoire a été reçue avec des tonnerres
d’applaudissements, par l’Assemblée de Versailles qui a déclaré que M. TTiiers a bien
mérité de la patrie et qui a chargé une
députation d’apporter, séance tenante, au
président de la république ce vote de la
Chambre.
Aixgl©ter*r*e. M. Disraëli a décliné
l’honneur de former un ministère tory;
M. Gladstone a été rappelé par la reine et,
selon toutes les probabilités, l’ancien ministère, sans modifications essentielles,
restera au pouvoir. Mais on prévojl que
la Chambre des Communes sera prochainement dissoute et que la nation sera
appelée à nommer d'autres représentants.
Ê, MalaiI Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Cbiantore.