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Cinquième Année.
6 Février 1879
N, S
LE ^
ÉCHO DES VALLÉES VAUBOISES
Paraissant chaque Vendredi
Tow5 me serez témoins, Actrs 1, S.
Su^^ant la vérité avec la charité. Ep. 1, Ifj.
PRIX D’ABBONNEMENT PAR AN Italie . . . . L. 3 Tona las pays rUnioD de poete ... >6 Amérique ... » 9 Oq g*»ibornie : Pour Vlniérieìfr chez MM. les pasteurs et ies libraires de Torre PeUice. Pour VEcetérievr au Bureau d’Ad- ministiaiion. Un ou plusieurs numéros sépa- rés, demandés avant le ti- ra^îe 10 cent chacun. Annonces: 25 centimes par ligne. 'Les §«Vt)is d'argent se font par ■ lettre reC'mmandee ou par mandats sur le Bureau de Pe- . yosc* Argentina.
Pour la RÉDACTION adresser ainsi : A la Direeti‘'n du Témoin, Pomaretto ^Pinerolo) Italie. Pour l'ADMiNISTRATION adresser ainsi : A T Atlministraiiqn du 7'ewoi«, Poinaretto ( Pinerolo) Italie.
^oinmali?e.
Pierre VaPio et les pauvres de Lyon.
— David Lanlaret. — Ecoles vaudoises.
— Nowelles reiiÿienses et faüs dicers. —
Revue politique. — .\mionces.
mm VALDO
et les panvres de LyoD
Le Marchand (Suite).
Qnoqu’il en soit de son origine et
de son nom , Pierre, arrivé à Lyon ,
seul ou avec ses parents, dès avant
l’année 1150, avait fixé sa derheure
dans cette ville et y avait amassé ;les
plus grandes richesses. On parle des
revenus immenses qu’H relirait de ses
champs , de ses vignobles et de sj^s
prairies, de ses eaux et l'orêls, de sts
fours et de ses moulins,' ainsi que des
maisons qu’il louaiI. Qu’on ajoute à
tant de bien ce que devait lui rendre
un commerce étendu, et l’oH verrîi si
les historiens ont sujet de l’appeler
• l’opulent bourgeois de Lyon » et d’en
faire l'im des citoyens les plus considérés de, ceue ville.
C’est au niilieu de celte opulence et
de celle considération, et disons-le
aussi, au milieu du tourbillon des affaires, que vivait Pierre de Lyon, vers
l’année 1170. ■— Il s’élail marié de
puis quelque temps, et déjà deux jeunes
filles faisaient ses délices, et .couraient
SC jeter dans ses bras lorsqu’il rentrait après un voyage.
Jusqu’ici , cependant, il n’y avait
chez le riche bourgeois rien q“ui l’ait^
/ait remarquer au point .de vue religieux, et H ne faut point s*en étonner.
Ne sail-’on pas bien que lorsque les
lèrres d’un homme ont rapporté en
abondance, il faut qu’il soiige à bâtir
des greniers ptüs grands,*'eh attendant,
qu’il puisse dire à sou âme : « reposetoi, mange et bois et te réjouis ». La
prospérité, les affaires, furent toujours
un assez, faible moyen d’amenèr les
âmes h Dieu , et Pierre de Lyon dut
y rencontrer les mêmes difficultés qu’y
rencontrent ions les riches.
Sans doute qu’en fidèle catholique
du temps, il s’acquittait scrupuleusement de tous les devoirs de religion ,
puisque sa famille vivait dans les meilleurs termes avec les plus hauts dignitaires de l’église ; mais cela n’est point
incompatible avec une certaine mondanité, et* n’empêcha pas en tout cas,
notre marchand de dire un peu plus
lard de lui-même : « Mon souci était
alors bien moins de chercher Dieii que
d’amasser de l’argent, et j’adorais la
créature plus que le Créateur».
D’un autre côlé, ce n’était pas de
ce qui s’appelait alors « l’Eglise» qu’on
pouvait espérer quelque impulsion salutaire. Savoir qui l’importerait des
2
trois papes, Victor IV, Alexandre III
ou Pascal 111, qui serait le plus grand
du pape ou de l’empereui'; qui serait
le prerriier de l’abbé ou de l'évèque ,
d^uioine ou du prêtr^ séculier ; qui
saingiit tirer le meilleur prii'ti des péebèê du peuple et de sa peur de Dieu
pour s’enrictiir et pour dominer; i'onder
des couvents et y faire affluer tout l’or
qu’on pouvait; soumettre les hérétiques en les réduisant au silence pour
maintenir à (oui prix l’unité : c’était
dans ce temps, la grande préoccupation du monde catholique et de ses
conducteurs. Quelles liimières les âmes
auraient-elles pu recevoir de ce côté ?
L’église de Lyon n'offrait pas plus de
ressources que les autres. Le clergé
de celle ville passait pour un des plus
corrompus même en ces temps ou le
le dérèglement était général; pendant
tout ce siècle la grande ambition de
1 archevêque fui de soumettre à sa
‘primalie, comme on disait, tous les
évêques de France , pour n’avoir au
‘dessus de lui que le pontife de Rome;
■Æl à l’époque ou Pierre le marcliana
aiu’ait eu besoin « d’un messager entre
mille s { Job. BS) l’ai’chevèque Giiicbard était essentiellement occupé d’-ajouler à s&i]j£om(é de la ville de l.yon
celui du Lyonnais tout entier, qui lui
fut en effet vendu vers 1173 par le
comte de Forez. Tant de piiis.sance
pourra bien servir un peu plus tard
fl entraver ht prédication de l'Evangile
mais pour réveiller les âmes, pour les
faire passer de la mort à la vio , il
faudra toujours d'autres moyens.
l ieiie de Lyon était ainsi engaoé
dans le tourbillon des affaires et la
séduction des richesses sans qu’on
pût rien attendre de lui ni de son
église , lorsqu un événement imprévu
vint ébranl^er sa conscience
Un jour que le fiche négociant se
trouyaiL avec les principaux de la ville,
rminis pour un festin ou pour quelques
allaites communes, l’un d’eux tomba
raide à leurs pied.s, frappé de moi t
suDite. Chacun demeura stupéfait. —
Mais ce qui ne fut pour les autres que
la cause d’une frayeur passagère pioduisit sur l’esprit de Vaido une impression profonde. Emu de la perle
de son ami, saisi de la manière islanlanée dont il avait dû passer de ce
monde dans l’élernilé , il se demanda
ce<-qu’il serait devenu s’il avait été
liii-mêrac ainsi soudainement transporté , avec tous ses péchés, devant
le tribunal de Dieu. Colle pensée jette
le trouble dans sou âme, et tremblant
comme Luther lorsque la foudre vint
éclater à côté de lui, Pierre de Lyon
sentit, pour la première fois peut-être,
que lors-même que les richesses abondent à quelqu’un, il n’a pourtant pas
la vie par ses biens. Plein d’inquiétudes, il songe au saint de son âme ,
et il est résolu à ne plus .se donner
de repos qu’il n’ait trouvé la paix qu’il
désire. Que va-t-il faire?
Deux grands moyens de salut étaient
alors à la mode : vendre ses biens,
fonder un nouvel ordre religieux, ou
tout au moins un monastère, puis se
placer sous l’enlièie dépendance du
pape, c’élail la ligne de conduite que
traçait l’épilapbe même d’un archevêque fie Lyon ( Raynaud ) mort il
n’y avait pas longtemps. Ou bien , si
l’on préférait ne pas quitter le siècle,
il restait comme ressource assui'ée
pour gagner le ciel, de taire force aumônes. Notre marchand choisit ce dernier parti. U Aussitôt, dit un auteur
ancien , Pierre mit une forte somme
d'argent à la disposition de.s pauvres »
et dès ce jour il ne cessa d’ouvrir largement son cœur et ses mains à l’indigence. Déjà l’on parlait avec admiration de lani de libéralité, les panvi’es
affluaient de tous les quartiers de la
ville et la réputation de leur bienfaiteur allait de jour en jour grandissant,
•«Seulement son inquiétude ne diminuait pas en proportion. Toutes les
aumônes du riclie Lyonnais n’avaient
pu faire naiiie au dedans de lui lien
qui ressemblât à la paix, que mettait
autrefois au cœur du péclieur cette
simple parole de Jésus-Christ: « Prends
courage, mon fils, les péchés le sont
pardonnes«. ,
Une circonstance, alors bien commune , mais évidemment aussi providentielle que l’accident dont nous avons
parlé, vint mettre sur la voie notre
honnête négociant.
3
43.
G’étail, si nous en croyons un clironiquûur de ces temps, vers la fin de
Tan 11.73, et un jour de dimanclie.
Comme Pierre traversait les rues de
Lyon, il s’arrêta un instant pour écouler
un troubadour qui, entouré de la foule,
chantait sur la place publique les gloires de la pauvreté voimilaire. 11 suiïil
d’une étincelle pour enllammer un bois
déjà échauffé. - Pi'appc par quelque
parole sérieuse et touché peuL-êlre par
l’air grave du poêle ambulant, Pierre
ie fil venir en son palais. Que lui importe ce qu’on en clii'a? Il a soif de
justice et de sainteté, penl-êlre sans
s’en rejidre compte, a-t-il soifde'pardon,
le plus humble des hommes peut lui enseigner quelque cliose.
Ces iroubadoui’s, il le savait, éiaieni
parfois des hommes d’une grande piélé,
qui sur les places ou devant les châteaux allaient chanlani des poésies religieuses, telles que la Barca, la Nabla
Leyçonou la mort d’on S^Alexis, comme
ce fut ici le cas. Ils employaient ce
moyen moins encore pour gagner leur
vie, que pour attirer l’auenlion du
monde sur des vérités qu’il eût élé
difficile, ou dangereux de prêcher auIremenl. Nous ignorons quel fut l’eutretien qui eut lieu, ce dimanche soir,
entre l’humble ménestrel de la nie et
Popnlenl seigneur. Qui sait que le poète
populaire ne lui aîL point récité quelques strophes dans le genre de celles
que nous trouvons dans le Novel Sermon. Traduisons du roman:
Sî donc nous sommes humbles et chastes et temiié’
( raiils»
Si noue suivons Jésus-Chrîst dans la voie de [tauvretd
Nos eniieiïiis seront tous vaincus ,
Etnous aurons pour Seigneur Celui qui pour nous
i. fut vendu
Bien le devons noua a'm r et craindra et servti,
Lui qui noua a tant aimés que pour nous j1 voulut
(mourtr.
Qui pour nous enrichir a voulu se faire pauvre.
Et pour que nous soyons honorés se laissa tant
( mépriser ;
Lui enfin qui pour nous donner les plaisirs et la
( g)uJie du ciel
A pour nos pécitéa, subi une mort si cruelle
Ce qu’on peut as,«tirer, c’est que l'entretien ne fui pas de ceux qiu endorment la conscience en disant : paix !
paix! là où il n’y a poini de paix. Le
U'ouhadour s'en alla , mais Pierre lut
troublé toute la nuit, n’ayant pas encore, paraît-il ,foblemi entièrement ce
que son cœur désirait. ( A suivre }.
DAVID LAIVTARET
Val Pellice, 2 iùvrier 1879.
Je suis de reloiii' du cimetière de
St. Jean où vient d’être déposée la dépouille moflelle de notre bien-aiiné
iVère David Lantaret'qui est entré
dans son repos le 31 janvier à 8 b.
du malin. Voilà un bomine de Dieu
qui va nous attendre au ciel où if nous
a dit tant de fois d’aller le rejoindre
en suivant le cliemiti étroit que nous
montre Jésus-Clirisl.
A la maison dti défunt, M. le Pasteur A. Gay Int quelques solemnelles et
consolantes déclarations de la Parole de
üien et prononça une prière. La nombreuse assemblée cbanta deux versel.s
du beau Cantique 112 dont chaque
strophe termine par ces mots : « Iis
ne sont pas perdus, ils nous ont devancés n.
Nous avons rarement v\i tant de
monde à nnej sépnllnre. La foule ,
déjà très nonibrease à ta maison du
défunt, s’augmenta encore en route
ei an cimetière même où elle fut en
soi'lanl évaluée' à plus d’un millier
de personnes. C’est pourtant vrai que
l'Evangile est une puissance , puisque
des multitudes se pressent pour honorer la mémoire d’un homme dont la
convei'siori , la vie et la mort ont élé
nn témoignage évident rendu à cet
Evangile qui est puissance à salut pour
tous ceux qui croyenl.
Sur le bord de la tombe M. le pasleur de St Jean lut Philip ii, 1-12
et adressa à rassemldée prolbndéiuent
recueillie des exiiorlaiions pivssaiiles
résumées fiar ce.s [laroles de l'a|)ôli’e
de.s Gentils: E>npbyeî~vous. à voire
salut avec crainte et trernblemenl. Le
hienlieiii'enx Barba David, — c’est de
ce nom affectueux et respectable que
chacun aimait l’appeler, a travaillé
à son salut cl au salut de ses semblahies avec t’ardeiii', la charité, la
simplicilé euiauline et la constance
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qui lui venaient d’en liant. Aussi un
gi'and nombre d’âmes réveillées à salut,
par sa parole louclianle et IValernelle
comme pair l’exemple de sa vie consacrée au service de Dieu', bénisseiUelles aujourd’hui sa mémoire. El avec
quel amour parlait-il de sa chère Eglise
Vaudoise à laquelle il a toujours appartenu! La moisson est grande, disaitil souvent, prions le Seigneur pour qu’il
envoie des ouvriers dans sa moisson.
M. Bonnet , pasteur d’Angrogne ,
ajouta son témoignage à celui de son
collègue de St. Jean et releva enlr’autres choses que l’école du dimanche
qui existe depuis plus de vingt ans au
Martel a été fondée par ce vénérable
vieillard qui gravissait'chaque dimanche
malin la longue montée de Castelhiz
pour aller parler de l’amour de Jésus
à ceux qui le voyaient arriver avec
tant de plaisii’.
Que n’avons-nous un grand nombre
d’hommes désintéressés, de vrais enfants de Dieu qui, .comme le regretté
David Lanlai'elt travaillent humhlemenl
à conduire les ârnesjà Christ sans faire
du bruit dans le monde et sans cet
orgueil spirituel qui pousse à former
des sectes pour rompre l’union de
l’église el à se laisser transporter à
tout vent de doctrine. David Lanlareta tonjours été avec nous et des nôtres,
el personne mieux que lui n’a aidé
les pasteurs dans leur ministère pour
l’assemblage des saints. Aussi sommesnous assurés que tous nos collègues
dans le ministère seraient bienheureux
d’avoir dans leur"paroissc el dans leur
consistoire bon nombre de personnes
comme cet humble el bienfaisant di.scipie de Christ.
Contentez-vous pour le moment de
ces quelques lignes ti'acées en grande
hâte el que je ne relis pas pour qu’elles
arrivent à temps pour votre plus prochain numéro, en attendant des données plus complètes qui nous sont
promises par un collègue el vous seront envoyées prochainemenl.
Un pasteur vaudois.
ECOLES ymmi
Otili'e les deux lettres que nous pu
blions ci>après, nous en avons reçu
une autre datée de Pignerol, conlenanl
certains curieux délails qui seraient
inléressanls à communiquer, s’ils n’étaient pas fournis sous le voile de l’anonyme. Oi” si nous n’avons aucune
difiîcullé, et si même nous pensons
qu’il y a quelquefois avantage à garder
le nom pour nous seuls, nous ne prendrons jamais la responsabilité d’une
publication qui serait anonyme pour
nous, aussi bien que pour nos lecteurs.
i^errera J janvier IS'/Q.
Très honoré Monsieur,
Le dernier numéro du Témoin nous
annonce une lettre de M. l’inspecteur
Troncone el c’est avec une ccj'taine
curiosité que nous l’allendons. Ignorant
tout-à-fa il ce qu’il aura à vous communiquer, je puis en toute liberté rectifier quelques fausses idées contenues
dans une correspondance de Pinerolo,
à la Gmzetta di Torino, n.® 24.
Le correspondant qui, n’est pas,
j’espère, un Vaudois, a pris à lâche
de nous noircir, tout en essayant de
soutenir les trois thèses suivantes, qu’il
résume en ces mots :
Il faut bannir de l’Ecole Vaudoise:
a) Le français ;
b) La Bible;
c) Le pasteur.
Je suis bien loin d’être français, el
je ne désire nullement le devenir, mais
est-il logique de vouloir bannir de
l’école une langue nniqiiemenl pareeque ce n'est pas notre langue nationale? Jusqu’ici dans mon ingénuilc
j’avais toujours cni que plus l'on savait et mieux c’élail, mais if paraît
qu’avec le progrès moderne c’est l’inverse qui doit avoir lieu.
Jaloux peut-être de ta supériorité
des Vaudois, on voudrait, s’il était possible, leur ôter la langue dans laquelle
se célèbre leur culte, rompre toutes
relations avec leurs frères en la foi,
et enfm les priver du grand moyen
qui leur est si utile pour gàgner leur
pain à l’étranger où un grand nombre
5
45.
de nos ouvriers sont obligés d’aller le
chercher. Ne vous en déplaise, .\1. le
correspondant anonyme, voire charité
à noire égard est un peu irop suspecie,
et vos arguments trop l'aihles, et rouillés
pour nous pei'suader, puisque nous
pourrons devant un juge impartial ,
quand vous le désirei-ez monli'ei' que
les enfants des vaudois possèdent leur
üalieit aussi bien et mieux peut-être
que ceux qui ne sont pas embarassés
par l'étude d’une autre langue.
Décidément M. l’Inspecteur a l'ait
une concession trop large en accordant
deux jours entiers à l'enseignement de
la Bible-. C’est trop, beaucoup trop,
car au lieu de douze tieures par semaine lions nous contentons de einq.
D’ailleurs, ce n’est pas le Catéchisme,
ni les doctrines chrétiennes, mais purement [’Histoire Sainte., que nous désirons faire connaître. Voudrait-on nous
trouver à redire là dessus, quand on
permet aux écoles non vandoises de
passer une partie de la journée a
s’occuper du credo, du rosaire et des
Ave Maria‘1 II est. vrai qu’à ces dernières nos libéraux n’onl rien à redire
et que tout leur est permis.
Quant au pasteur vouloir le mettre
à la porte et le comparer au prêtre
et au rabin, c’est un peu fort.
Je comprends qu’en théorie le prêlre
n’ait rien à faire|dans l’école f'quoique
on l’y laisse) puisqu’on l’accuse d’avoir
ôté l’ennemi déclaré de rinstrnclion
et de la patrie. Mais quoi ! M. le correspondant, vous croyez équitable de
melire à la porte, celui qui a presque
tout fait pour l’inslruclion dans nos
vallées avant et après le 1848? Quoi!
vous voulez bannir de nos écoles celui
qui s’est toujours efforcé de dissiper
le voile des ténèbres, eu faisant connaître aux enfants leurs devoirs envers
Dieu, envers le prochain et envers la
patrie? Vous voulez malgré nos proteslulions nous mettre au môme niveau
et nous comparer a celui qui par le
fait môme de rinstitulion et en vertu
de l’obéissance aveugle qui lui est imposée est forcément l’ennemi de tous
les progrès acquis et conquis avec tant
de peine ? Quoi vous voulez donner
congé, à celui par le canal duquel,
nos écoles sont létribuées et qui dépense son argent et sa vie pour préparer une génération pieuse , instruite
et patriotique? Merci, M. le correspondant, quoiqu’anonyme nous n'avons pas de peine à vous reconnaît l'e, et votre charité à jeet égard
est à.......qu’il est jyroiwÉùï/c. Vous
êtes trop généreux et nous refusons
noblement voire offre en répétant le
mol célébré de noire bon Victor-Emmanuel, qui disait, les vaudois ce sont
mes meilleurs sujets : < Nous y sommes
et nous y resteions ». Nous resterons
dans nos éeoles malgré vous pour tirer
une éclatante vengeance'en dépen.sanl
plus que jamais nos forces pour le
progrès de nos enfants vaudois, malgré vos calomnies et votre irritation
mal dissimulée.
Croyez Monsieur à l’affection sincère
de votre dévoué
G. A. Tron , pasteur.
rhez' moi le l' Février li?79.
Monsieur le lîédaeteur,
La réclamation de M. l’Inspecteur
Troncone a fait surgir en nous les considérations suivantes de l’opporlunilé
de la pubblicalion des quelles nous
vous laissons juge.
Nous ne venons pas discuter les
mérites de l’Inspecteur, nous ne pourions le faire avec connaissance de
canse. Nous admettons d’emblée que
ces mérites sont hors de discussion ;
comme nous admettons que les bien
heureux qui ont reçu sur sa recommandation des gratiticalions ou d’autres bienfaits, disent merci dètns les
journaux. C’est de la reconnaissance
et la reconnaissance n’est pas inséparable de l’admiration. Qu’il soit permis
cependanl à ceux d’entre nous qui
n’onl rien reçu, d’avoir un peu moins
d’enthousiasme. Ne sufïit-il pas après
tout d’avoir accompli consciencieusement son devoir?.... 11 nous reste
néanmoins assez de courtoisie pour
souhaiter à M. Troncone un bon voyage
et toute espèce de bonheur dans son
nouveau ciiamp de travail.
Ce qui est à notre avis beaucoup
plus contestable c’est le prétendu droit
6
-.¡ÌB ■
que semble s’arroger l’inspocleur —
non pas'de bannir" la Bible de l’école
cela serait par trop fori, mais (ce qui
i-evienl an même à peuprès ), de l’adminisLrer à irès pelile dose aux enfants vaudois. Ce sérail prendre par
la faim la forteresse que les persécuteurs de jadis n’onl pu renverser avec
le fei' et avec le leu. Il ne faul pas
oublier que iio.s écoles dans la plupart
des cas u’appartiemienl ni au gonvernemenl ni à ta commune, mais qu’elles
sont, la propriété de l’église et partant
sous la dii'ection de celle dernière.
Lors même qu’il sei'atl prouvé que les
Autorités civiles ont le droit de bannir
le bon Dieu et sa religion des écoles
qui leur apparticiinonl et de fonner
ainsi des citoyens, des citoyens rilliées
et mauvais, nous contesterions ce droit
pour ce qui concerne des écoles confessionnelles comme les nôtres qui sont
la pj'opriélé de l’égli-se.
iM. Troncone invoque l’appui du calendario scolaslico qui ne donne que
deux pcMiles heures pai' semaine là la
religion. Mais il ne labi pas oublier
que le calendrier sc place au point de
vue des écoles de la Commune et de
l'Etat., et non à celui des écoles confessionnelles et privées qui sont l'égies
par des lois tout autres. Obéissons cà
toutes les prescfiption.s du caléndriei',
pour àutatll qu’elles ne sont pas con
iraires aux lois ; niais Là où il ehlre
en pléin dans la sacristie Calliollque
romaiilô pour nous imposer des vacances nei giorni in cui cade la festa
‘patronale della Diocesi e della Parrocchia, évidemment il ne parie plus
pour des vaitdois. Nous avons. Dieu
merci, la liberté de conscience en
Italie, et nul proviseur, nul inspecteur,
nul almanach n’a le droit de nous imposer des vacances lors des fêles d’Ognissanli, Corpus Domini, Epifania,
Concepimenlo éi Maria Vergine, Assunzione di Maria Vergine, San Pietro e
Paolo , Le Ceneri, Nalivilà di Maria
Vergine. Tool cela est contraire à la
Bible qui est notre règie de foi et de
conduite , et eti bon vandois nous nous
en défendons envers cl contre tous. Si
vous voulez bannir l’instrucliou religieuse dé l’éôole, pourquoi imposez vous
dos fêles religieuses dans le calendrier?
Nous ne voyons point eu cela de logique; mais si l’on vise à ôter des
écoles vamloises la religion de la Bible
pour y siibsliliic-r celle du prêtre, nous
y verrions de l’abus et de la persécution.
M. Troiicone veut que le pasteur
ne s’occupe ni des matières, ni de la
méthode d’enseignement , ni de la nomination des insliluteurs....
Excusez du peu. El quand l’écOle
doit son existence au pasteur, quand
elle est propriété exclusive de l’église,
quand i’iiisliliiteur est payé en lolalilé
ou en partie par l’église, a-l-oii le
droit de melire à la porte les fondateurs, les propriétaires et les directeurs légitimes de l'école pour se substituer à eux? Y a-t-il en Italie une
lui aussi draconienne, ou cela est il
simpiemenl un pieux, désir de M. Troncone ? Nous ne demandons ni privilèges ni disliticlions, mais uniquement
le droit de rester chez nous, où nous
sommes disposés à recevoir Irès convenablement l’inspecteur, si pourtant
il n’entre pas à l’insu des propriétaires
de la maison. Là où la Commune, la
Province on l’Etat possèdent dès écoles
bâties à leurs frais , et des instituteurs
payés avec leur.s deniers, qu’ils les
dirigent à leur guise, nous ne les géiierons pas, mais il est juste qu’on
nous rende la pareille.
Quant à la nomination des insliluleurs que M. Troncône voudrait, semble i-il , enlever aux propriétaires des
écoles'. Ou nous a dit en effet que ce
zélé fonctionnaire aurait essayé d’imposer un mailre catholique romain de
son choix à la population proleslanle
de Rorà qui, il va sans dire, ne l’a pas
voulu. En ceci nous ne mettons pas
M. T roncone al disoUo des inspecteurs
qui l’on précédé. Il est évideminenl
al disopra, cai'avant liu une énormité
semblable n’avail jamais été mentionnée
parmi nous que nous sacbioii.s, Dans
le choix des instituleui's et des institutrices, les pasteurs vaudois regardent (le très près aux convenances,
aux garanties do capacité et de moralité que l’on ne trouve pas toujours
dans les plis d'un diplôme pour le quel
7
.47
nous avons du reste beaucoup de respect et qtie nous voudi ious voir entre
les ipains de tous nos instituteni's.
Italien de ni^issancc et de cœur, nous
ad mêlions que la Unrjua del si doit
cire placée en pi’cruière liqne dans nos
écoles. Mais où est elle la loi qui aulorise iVl.'.. Ti’oncone à iinpedire affallo
l'insegnatlifinto del, fraacese? .Dn renseigne ponriant dans un grand nombre
d’écoles d’Italie, nolanimenl dans la
vallée d’Aosle, qui est lonl aussi italienne que les vallées Vaiidoises. Ne
vaut-il pas rnieuK avoir deux cordes à
notre are, ou deux (angues dans notre
bon elle ? Un Vaudois.
itou\)elles teUi^icwoes
et faits divers
Itali e. L’Evangile fait des joro,^
lenlemenl mai.« sûreinent. Vo,i,là ce (fui
ressort des nouvelles délaillée-s et parfois très iniéressantc.s que publie dans
chacun de ses numéros notre confrère
le Cristiano Evanijelico. Aussi sans renoncer à en parler nous-même ne saurions nous mieux faire que d’engager
tons ceux de nos lecteurs qui s’intéressent a l’oeuvre d’évangélisation en
général et spécialement à celle qui se
fait par notre Eglise et qui connai.«seril sulïisamment la langue italienne
à s’abonner à ce journal. Nous sommes
persuadés qu’ils y troiiveronl tout ce
qu’ils peuvent raisonnablement désirer.
AüTmciiE. Une double slatistigue relative, l’une a.\'Instructim élémentaire
dans les divers pays de l'Europe, l’autre
à la consommation qui se fait de papier
à écrire dans les principaux pay.s de
l’Europe et dans les Etats-Unis d’Amérique,— vient d’être publiée dans les
journaux d’Allemagne el reproduite par
la presse des autres pays.
ü’aprés la première de ces slatisliques, la proportion des écoliers de
chaque Etal , par rapport à la popiir
lalion serait: pour l’Angleterre de 21
pour 100 habitants, pour ¡’Allemagne
de 14, pour la Suède, le Dannemark,
la Suisse el la France de 13; pour la
Belgique de 12; pour la Norvège el
la Hollande de 11 ; pour l’Espagne de
9; pour l'Autriche-Hongrie de 8; pour
l’Italie de 7 ; pour la Grèce de 0 ; poulie Portugal de 5; et pour la Russie
de 1.
D’après la seconde, la quanlité de
papier à écrire consommée annuellejnepi el par /éte serait : pour l’Aniériqùe de 14 cliilogr. ; pour la Suisse
de 6,3; pour l’Allemagne de 6; pour
l’Angletei're el la Belgique, de b environ; pour la France de 3,6; pour
l’Aulriclie-Hongrie de 2,5; pour l’Italie
d’un peu plus d'un chilogr,
Framçe. Le projet de loi relatif à
l'Eglise Luthérienne de Francr , a été
adopté, par le Sénat, tel qu’il avait
été proposé par une Commis.sion pré.sidée par M. pellelan , c’est-à-dire ayeç
des disposilions gravement allentaioires
à ta liberté de l’Eglise.
— Un exemple bien digne d'être
imité nous est offert par une demoiselle américaine. Celle demoiselle âgée
de 16 ans seuiem.eni. venue à Paris,
l’ail dernier, fut lellcmenl réjouie du
bien qu’y font les réimions de M. MacAll, qu’elle résolut |||| contribuer de
tout son pouvoir au B^'eloppement de
celle œuvre. Pour cela, elle renonça
aux plaisirs dispendieux et aux toilettes
coûleu-ses, et mil à part l’argent économisé pai- ce moyen. Au bout d’un
an ces économies s’élaieiil élevées à
3000 francs qu’elle envoya à M. MacAil qui put, grâce à celle somme,
ouvrir un nonvean local où l’Evangile
sera , chaque semaine , annoncé à do.s
cenlalne.s de personnes.
îScüUC politti|U0
Min fie. — Lu Chambre des députés
a continué l’examen de,s biulgeis.
Comme le Sénat, elle a eu aussi son inleipellalion au sujet de la politique
extérieure. Visconli Venosin, ancien
ministre, l’tin des hommes les plus
compétents dans celle matière, a fait
un discours remarquable où il a exposé le programme de la droite. Peirucelli délia Gatlina, de la gauche,
a confirmé les assertions de Visconli
Venosin et a exprimé l’opinion que la
politique étrangère de l’Italie était
plus fej-tue, ;plus liabile el de meUleiualoi sous les ministères des hommes
8
.48.
de la droite modérée, — Les princi- |
panx chefs de ropposition consliiutiori'
»elle se sont entendes pour prier
Thon. Sella de retirer sa démission de
président de celle associalion. Sella
doit avoir adhéré celle demandc.de
ses collègues, à la condition qh’on
tînt ferme le résnllal acquis, ou presque acquis , en ce qui concerne 1ers
finances, c’esl-à-dire l’équlibre entre
les entrées et les sorties.
JFranee, — C’est en France que
se sont passés les grands évènements.
Après les élections du 5 janvier qui
ont apporté une forte majorité républicaine au Sénat, les deux chambres
ont demandé au ministère une marcheplus franchement démocralique et lout
spécialement une épuration dans la
magistrature et dans l’armée. MacMahon avait consenti à signer des décrets concernant le renvoi d’employés
et de magistrats ennemis de l’actuel
ordre de chose; mais lorsqueDufaure
lui a présenté un décret de révocation
de quelques ci^tvandanls supérieurs
dan* les rangsTfe l’armée, de ^Bourbaki, de Bataille et de quelques autres
le président s’est réfusé à tes signer,
sa conscience ne lui permeUanl pas
d’accomplir un acte qu’il savait contraire aux vrais intérêts de rarméejelpar conséquent du pays. — Dufaure
étant revenu à la charge , Mac-Mahon
a envoyé aux deux Chambres sa lettre
de démission. Ce dénouement était
prévu. Le maréchal aurait pu renvoyer'
le ministère, mais celui qui lut aurait
succédé, sorti des i-angs de da majorité républicaine lui aurait proposé les
mêmes décrets et d’autres encore. En
homme d’honneitr, il ne voulait pas
sacrifier des frères d’armes dont il partageait les opinions politiques. Il ne lui
restait qu’à remet Ire aux mains des
représentants de la Nation les pouvoirs
dont il avail„élé inverti. Il l’a fait avec
dignité. Se soumettre on se démettre:
telle avait élé,ralteruative qui lui avait
posée Gambetta, il y a plus d’un an.
Àlor’s il s’était soumis ; maintenant il
s’est démis. — Aussitôt après la lecture
de la lettre de Mac-Mahon , les membres du Sénat et de la Chambre des
députés ont été invités à se réunir
ensemble en congrès ou en a,ssemblée
nationale et dans cette même journée,
ils ont, élu avec 563 voix sur 700 votants et proclamé président de la Bépnblique M, Grévy qui a accepté celle
éharge. M. Gambetta a été nommé
président de la Chambre des députés
■à la place de M. Grévy. — Le ministère Dufaure a présenté en ..masse sa
démission. Invité à continuer, Dufaure
maintient sa résolution de rentrer dans
la vie privée, disant qu’à une situation
nouvelle il faut des hommes nouveaux.
— Le ministère Dufaure appartenait
au centre gauche et était composé de
républicains ci devant royalistes constitutionnels, ou conservateurs modérés.
— La France est maintenant vraiment
une république. Le parti libéral qui a
la majorité saura-t-il rester uni ? Se
souviendra t-il du mol de Thiers : la
république sera modérée ou conservatrice ou ne sera pas ? Nous le souhaito1*!s pour le repos et la prospérité de
la France et des nations voisines.
II Consiglio Scolastico Provinciale
avendo deliberato di provvedere d’ufficio una Maestra al Comune di Pramollo, il R. Ispettore invila le maestre
proleslanti, patentate , che volessero
concorrere per quel posto a fargliene
domanda quanto prima. , o;,;;
Pinerolo 5 Febbraio fS79.
A.V1S
Monsieur M, Procbel, président du
Comité vaiidois d’évangélisation * nous
prie d’annoncer que le temps utile
pour lui remettre les réponses aux
questions que nous avons énumérées
flans notre n® 31 de l’année dernière,
prorogé d’abord au 31 janvier, l’est
une dernière fois jusqu’au 20 févj'ier
courant. I! espère que les' élèves des
écoles du dimanche des vallées ne voudront pas que ceux des écoles de notre
mission soient seuls à concourir aux
q\ielques prix qu’un artii a bien voulu
propose)’ pour aide)'à la piospéi'ilé de
ces écoles.
Ernest Robert, Gérant et Administrateur.
Pigaerol, Impr. Chiantore et Masoarelli.